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REVUE DE PRESSE Reportage TV France 3 « Culture Box » 12 mai 2015 « Musicales de Colmar : fes4val de musique de chambre entre amis » Reportage : O.Stephan / S.Gaudry / M-­‐E.Beauclair France 3 « Journal 19h » 11 mai 2015 « A Colmar, un fes4val à la carte » Reportage : Olivier Stéphan, Stéphane Gaudry, Marie-­‐Eve Beauclair L’alchimie de la musique de chambre – Colmar -­‐ 05/16/2015 et 17 mai 2015 16 mai, Colmar (Eglise Saint-­‐MaQhieu) Jean Sibelius : La Tempête, suite pour violoncelle et piano (*) Johannes Brahms : Quinte8e avec piano en fa mineur, opus 34 Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 29 en la majeur, K. 186a [201] MarSn Beaver, CharloQe Juillard (violon), Alexander Zemtsov (alto), Marc Coppey, Jan-­‐Erik Gustafsson (*) (violoncelle), Peter Laul (*), Lise de la Salle (piano), Orchestre du fesSval, Marc Coppey (direcSon musicale) 17 mai, Wintzenheim (Domaine Josmeyer) Johann Sebas4an Bach : ParLta pour violon n° 2, BWV 1004: Chaconne (arrangement Ferruccio Busoni) (*) Johannes Brahms : Zwei Gesänge, opus 91 Robert Schumann : Fantasiestücke, opus 73 Jesús Guridi : Seis canciones castellanas Carlos Guastavino : Mélodie Maurice Ravel : Don Quicho8e à Dulcinée: «Chanson à boire» Anna Reinhold (soprano), Alexander Zemtsov (alto), Marc Coppey (violoncelle), Peter Laul, Lise de la Salle (*) (piano) 17 mai, Turckheim (Eglise Sainte-­‐Anne) Johannes Brahms : Quinte8e avec clarine8e en si mineur, opus 115 Felix Mendelssohn : Octuor à cordes en mi bémol majeur opus 20 (*) Ronald van Spaedonck (clarineQe), CharloQe Juillard, Liana Gourdjia, Philippe Lindecker (*), MarSn Beaver (*) (violon), Alexander Zemtsov, Naoko Shimizu (*) (alto), Jan-­‐Erik Gustafsson, Marc Coppey (*) (violoncelle) La ville de Colmar peut s’enorgueillir d’accueillir pas moins de deux fesSvals majeurs. Si, en juillet, la musique symphonique a sa tribune avec la manifestaSon organisée par Vladimir Spivakov, le répertoire de chambre est mis à l’honneur par la plus ancienne des deux, les Musicales, en mai, dirigée depuis plusieurs années par Marc Coppey, qui y insuffle le plus pur esprit d’un genre où prévaut une amicale collégialité, enjambant pour chaque concert les formaSons consStuées pour imaginer des alchimies uniques et éphémères. CharloQe Juillard pourrait en être l’un des plus beaux exemples: premier violon du Quatuor Zaïde et du Philharmonique de Strasbourg, elle se joint à MarSn Beaver, Alexander Zemtsov, Marc Coppey et Lise de La Salle pour un Quinte@e avec piano de Brahms d’une admirable intensité. Dès l’Allegro non troppo iniSal, la cohérence complice entre les partenaires s’avère évidente, convergeant vers une ferveur recueillie dans l’Andante, quand l’énergie du Scherzo annonce l’incomparable Finale, où se confirme un dosage subSl entre densité sonore et intelligence de la forme: en ce moment d’excellence, perfecSon et émoSon se sont donné rendez-­‐vous. La soirée du samedi en l’église Saint-­‐
MaQhieu permeQait par ailleurs de goûter, en ouverture, une Suite pour violoncelle et piano de Sibelius inspiré par Shakespeare, La Tempête, où Jan-­‐Erik Gustafsson et Peter Laul s’allient pour en faire ressorSr l’inspiraSon d’une noble intériorité, avant de se clore par la Vingt-­‐neuvième Symphonie de Mozart, dans laquelle Marc Coppey, à la tête d’un orchestre composé pour l’occasion avec les solistes du fesSval auxquels se joignent des membres du Symphonique de Mulhouse, communique un indéniable plaisir de jouer ensemble. Le lendemain, c’est au domaine Josmeyer que l’on se rend pour un récital illuminé par la profonde musicalité de Lise de la Salle. Il est à peine onze heures, quand retenSt la Chaconne de Bach, dans sa transcripSon éminemment pianisSque de Busoni. ConcentraSon et sens de la construcSon magnifient l’inimitable courbure ellipSque d’un des sommets de la liQérature musicale, sans jamais altérer un lumineux naturel qui irradie la parSSon. Peter Laul prend ensuite le relais au clavier, aux côtés d’Alexander Zemtsov pour accompagner Anna Reinhold dans Zwei Gesänge opus 91 de Brahms, où la soprano française fait affleurer la mélancolie voilée du texte. Avec un Marc Coppey d’un remarquable équilibre entre retenue et senSment, le pianiste russe rend jusSce aux Fantasiestücke opus 73 de Schumann, avant de retrouver Anna Reinhold pour des espagnolades de Guridi et des chansons à boire de Guastavino et Ravel – où elle se montre davantage dans l’idiome que lors de la parenthèse hispanophone – en prélude à la dégustaSon qui suit le concert. La dernière escale se Sent à Turckheim, et ne quiQe point les cimes de l’art. Le Quinte@e avec clarine@e de Brahms met en évidence Ronald van Spaedonck, tandis qu’au sein de la paleQe d’instrumenSstes déjà notés plus haut s’ajoute la non moins délicate Liana Gourdjia. L’Allegro augural surprend par la modéraSon de son tempo, pour mieux s’accommoder de la réverbéraSon acousSque, tout autant que ménager une progression vers un Adagio mesuré, avant un AndanUno allant et coloré, et un Finale vibrant. L’Octuor de Mendelssohn offre comme une mise en miroir de deux quatuors – Philippe Lindecker et Noako Shimizu rejoignent les noms déjà cités au fil des concerts –, et l’on appréciera le solaire Allegro moderato qui l’ouvre. L’Andante ne fait pas l’économie de l’affect, tandis que les savoureux rythmes et pizzicaS du Scherzo en font un irrésisSble bis, après un beethovénien Presto conclusif. Gilles Charlassier 63èmes Musicales de Colmar – Au bonheur de la musique de chambre – Compte-­‐rendu « Colmar est tout simplement la plus belle ville du monde », écrivait Georges Duhamel en 1931. On peut affirmer en 2015 qu’outre sa beauté piQoresque et la prodigieuse richesse de son patrimoine arSsSque -­‐ qui peut s’enorgueillir de conserver le Retable d’Issenheim de MaQhias Grünwald, l’un des chefs-­‐
d’œuvre de l’art occidental -­‐ Colmar est la plus accueillante des villes pour offrir à la musique l’écrin de son théâtre, le silence de ses églises. CeQe tradiSon musicale remonte à 1953, année où naissent en accord avec le goût pour les manifestaSons culturelles, Les Jeudis du Vieux-­‐Colmar qui proposent aux amateurs concerts et acSvités axées sur les arts. En 1983, l’aménagement de nouveaux espaces acousSques permet une programmaSon exigeante qui balaie les siècles du Moyen Âge à la musique contemporaine en invitant orchestres, ensembles, arSstes de renom internaSonal tel Pierre Boulez et l’Ensemble Intercontemporain, sans oublier de jeunes talents promeQeurs. Depuis 2004, date de la nominaSon du violoncelliste Marc Coppey à la direcSon arSsSque des Musicales, l’idenSté vivace du fesSval s’est trouvée renforcée en résonance avec l’évoluSon des praSques musicales. Une poliSque de commandes à des compositeurs contemporains est engagée. Une programmaSon variée se déploie en un cycle de concerts donnés pendant la semaine de l’Ascension, centré sur une thémaSque. Les arSstes en résidence partagent, sans hiérarchie, ni préséance, répéSSons et concerts dans une ambiance chaleureuse. Ainsi s’instaure une véritable complicité arSsSque percepSble dans la qualité harmonieuse et l’équilibre sonore de l’exécuSon des parSSons préparées par le travail d’une équipe soudée. Les musiciens comme le public fidèle des Musicales sont parSculièrement sensibles à cet état d’esprit d’ouverture et de convivialité qui lie l’art et la vie. Pour l’édiSon 2015, Marc Coppey a laissé carte blanche aux musiciens. « Les arSstes invités, tous solistes et chambristes de réputaSon internaSonale, ont suggéré une liste des œuvres qu’ils souhaitaient jouer. J’ai pris plaisir à les associer librement pour réaliser un programme parSculièrement fesSf qui nous a permis d’entendre nombre de chefs-­‐d’œuvre du répertoire connus ou certains à découvrir », confie avec jubilaSon le directeur arSsSque. Les concerts se sont déroulés dans différents sites, hauts lieux du patrimoine alsacien. A Colmar, l’église Saint-­‐MaQhieu, qui bénéficie d’une remarquable acousSque, a été le cadre de moments intenses. Vendredi 15 mai, le Quatuor Takács donne du Quatuor en sol majeur op.76 de Joseph Haydn une lecture limpide et homogène, tout en subSles nuances, empreinte d’une sensibilité au plus près du texte musical pour en valoriser la forme et les registres contrastés. Les Histoires naturelles de Ravel suivent, chantées avec un sens du texte humorisSque de Jules Renard par Anna Reinhold, soprano espiègle à la voix claire et lumineuse, et commentées par le piano de Peter Laul. Le Quinte@e "La Truite" de Schubert unit Peter Laul, CharloQe Juillard, Alexander Zemtsov, Marc Coppey et à Niek De Groot avec une vitalité mélodique et une délicate et belle alliance des Smbres. Le lendemain, MarSn Beaver et CharloQe Julliard, Alexander Zemtov, Marc Coppey et Lise de la Salle offraient une vision vigoureuse et véhémente du Quinte@e avec piano en fa mineur op.34 de Brahms. Dans le charmant théâtre municipal, la musique de chambre est aussi à l’honneur avec des œuvres majeures. Les Takács valorisent avec une grande justesse stylisSque l’unité à travers une mosaïque de moSfs, de sonorités et de couleurs du Quatuor à cordes de Debussy. Liana Gourdjia, Marc Coppey et Peter Laul signent pour leur part une interprétaSon aussi finement expressive qu’abouSe du Trio de Ravel. Le voyage musical se double d’un voyage travers des lieux pleins de charme : à l’église du village de Horbourg-­‐Wirh des duos font alterner instruments et interprètes avec brio et parfois avec humour : violoncelle et contrebasse (Rossini), deux violons (Prokofiev), clarineQe et violoncelle (Hindemith), violon et alto (Mozart). Le domaine viScole Josmeyer à Wintzenheim est l’occasion de marier le plaisir de la musique et la dégustaSon du vin local. La Chaconne de Bach/Busoni est servie par le jeu tout à la fois sensible et puissant, à la technique impeccable de Lise de la Salle. Ravel a célébré le plaisir du vin dans sa Chanson à boire dont Anna Reinhold, accompagnée de Peter Laul, resStue toute la saveur. Dans l’église du ravissant village de Turckheim, deux sommets de la musique de chambre referment les Musicales, réunissant MarSn Beaver, Liana Gourdjia, CharloQe Juillard, Philippe Lindecker, Naoko Shimizu, Alexander Zemtsov, Jan-­‐Erik Gustafsson, Marc Coppey. Avec Ronald Van Spaendonck à la clarineQe, le Quinte@e op. 115 de Brahms montre une intensité lyrique empreinte de subSles nuances, entre ombre et lumière, avant que le juvénile Octuor op. 20 de Mendelssohn ne conclue avec une fluidité et une simplicité purement poéSques. Marguerite Haladjian Colmar et ses environs, 15-­‐17 mai 2015 Carte blanche -­‐ 20 mai 2015 | Par Jérémie Szpirglas Parmi les nombreux fesSvals de musique, les fesSvals « de musiciens », c’est-­‐à-­‐dire dirigés et animés par les musiciens eux-­‐mêmes, comptent incontestablement parmi les plus riches et les plus intéressants pour un mélomane. Emmenées depuis 2004 par le violoncelliste Marc Coppey, Les Musicales de Colmar en figurent un sommet d’excellence et de bonne ambiance. Au contraire d’une grosse machine, c’est un fesSval à taille humaine, qui réunit chaque année un public toujours plus fidèle. Tout simplement parce que les arSstes y jouent ce qu’ils ont envie de jouer, avec les gens avec qui ils ont envie de jouer. Ils font partager leurs coups de cœur, et font entendre ce que les autres fesSvals ne proposent pas, par frilosité ou par ignorance. La qualité des prestaSons y gagne neQement. Ces arSstes portent en effet sur la musique un regard différent de celui des autres directeurs de fesSval, quand bien même ceux-­‐ci seraient acteurs du monde musical. Ils la vivent de l’intérieur et ont pour elle des senSments plus profonds et familiers, une oreille de technicien esthète doublée d’un regard d’amoureux, toujours curieux et surpris par ceQe amante généreuse. Les programmes que Marc Coppey conçoit avec ses amis sont ainsi audacieux et riches en surprises. Plus encore ceQe édiSon 2015, pour laquelle Marc Coppey a abandonné l’idée de donner un thème qui guiderait toute la programmaSon (on a eu droit à des magnifiques édiSons monographiques Schubert ou Beethoven, ou d’autres, autour de thèmes plus vastes et polymorphes tels que Guerre et Paix ou InvitaSon au voyage), préférant l’idée d’une « Carte blanche » donnée à tous ses musiciens. Prenons le concert du jeudi 14 mai à 17h30, dans l’église immaculée (au sens propre : l’édifice, moderne, est blanc et remarquablement lumineux) de Logelbach. Un concert de trio d’anches (le hautbois de SébasSen Giot, la clarineQe de Ronald van Spaendonck et le basson de Guilhaume Santana) — ce qui figure déjà, en soi, un fait extrêmement rare sur la scène musicale française : quel programmateur ose consacrer un concert enSer à ceQe formaSon si peu idenSfiable aux yeux du grand public, et aux allures parfois un peu « légères » aux oreilles des mélomanes ? Le programme de ce concert, ensuite, ne parcourt pas véritablement des senSers baQus puisqu’on y entendra une SonaUne d’André Jolivet et un DiverUmento d’Erwin Schulhoff. Certes, un peSt bijou de Mozart vient se glisser entre les deux, mais c’est le DiverUmento no. 2 K.229/439B (sans doute composé en 1783), là encore si rarement joué et entendu. Une peSte sucrerie galante, fraîche et pleine de charme, un trio jubilatoire où s’épanouit, dans cet exercice pourtant purement instrumental, le génie opéraSque du compositeur. Si le basson y joue souvent le rôle de basse conSnue, c’est un véritable ensemble vocal que l’on peut entendre, chaque instrument prenant tour à tour le devant de la scène dans de jubilatoires mélismes emmêlés. Le troisième mouvement, Larghe@o, n’est d’ailleurs pas sans rappeler l’ouverture du deuxième acte de la Flûte enchantée — pourtant de près d’une décennie postérieure... Mozart n’est pas un inconnu, loin de là. On ne peut pas en dire autant d’André Jolivet (1905-­‐1974), dont le langage, d’une radicalité délicate dans le prolongement de la musique française (de Debussy à Poulenc), l’a mis, sa vie durant, au ban de la scène contemporaine française, dominée qu’elle était par le pseudo-­‐dogme post-­‐sérialiste. Ainsi sa SonaUnepour hautbois et basson (1963) est-­‐elle une très jolie surprise, même pour quelqu’un qui connaît l’œuvre de Jolivet. Se déclinant en trois mouvements qui sont autant de plaisantes et éloquentes miniatures, elle donne à entendre le talent formidable dont Jolivet était doté dans le domaine de l’écriture pour vent, et parSculièrement pour bois, mais aussi l’admiraSon qu’il nourrissait pour l’univers musical de Béla Bartók — autant du point de vue de l’harmonie que de l’énergie. Erwin Schulhoff, quant à lui, a dû aQendre près de 70 ans après sa dispariSon pour connaître une part infime de la postérité qu’il mérite. Sa mort prématurée, et les circonstances qui l’ont entourée, n’a certainement pas aidé : il fait parSe de ces arSstes qui ont été persécutées par le régime nazi d’abord, puis, après guerre, oubliés par une intelligentsia déterminée à tout prix à jeter ses regards vers l’avant. Né en 1894, ce pragois de langue allemande est remarqué très jeune par Antonin Dvořák. D’enfant prodige, il devient compositeur curieux de toutes les avant-­‐gardes : il praSque le jazz qui vient de naître, étudie avec Claude Debussy et Max Reger, se passionne pour la seconde Ecole de Vienne comme pour Dada, pour Stravinsky comme pour Scriabine, sans oublier ses racines tchèques et ses maîtres Dvořák et Janacek. Lorsque l’Europe sombre dans le chaos, sa situaSon est peu enviable. Il réunit en effet aux yeux des nazis toutes les tares possibles et imaginables : juif, militant communiste, homosexuel — et, bien sûr, musicien « dégénéré ». Se décidant enfin pour l’exil, il obSent un visa d’émigraSon pour l’URSS en juin 1941 (donc avant la rupture du pacte germano-­‐soviéSque), mais est capturé avant d’avoir pu en profiter. Arrêté sous un faux nom pour ses acSvités communistes, il échappe aux chambres à gaz, ce qui ne l’empêche pas d’être déporté au camp de Wülzbourg où il meurt d’épuisement le 18 août 1942. Il nous laisse une œuvre intelligente et sensible, pleinement ancrée dans la modernité de l’entre-­‐deux-­‐
guerres. Oscillant entre les diverses pensées qui agitent alors le monde musical, tout en préservant son indépendance face à ses dogmes, on le découvre ici, dans un DiverUmento pour hautbois, clarine@e et basson, conscient de la nécessité d’un renouvellement du langage musical et des modes expressifs qui en procèdent, mais surtout friand de jouer avec les codes dont il a hérités. L’œuvre se présente sous la forme d’une suite de danses alors plus ou moins à la mode (on y entend un « Charleston » inévitablement endiablé, mais aussi une « Burlesca » et un « Florida » sauSllant). Si chaque mouvement semble commencer de manière très innocente, Schulhoff détourne très vite le discours de manière inaQendue — dans l’Ouverture, on a parfois le senSment que le matériau musical se promène dans une galerie foraine de miroirs déformants. Mais que ces rythmes enlevés et ces mélodies légères enjouées ne nous trompent pas, le langage de Schulhoff joue constamment sur un clair obscur expressif qui traduit le pessimisme désenchanté, ironique et distancié du regard qu’il porte sur le monde. Guilhaume Santana (basson) et Ronald van Spaendonck (clarineQe) © Jean-­‐Nicolas Schoeser/les musicales Toutefois, au-­‐delà des œuvres au programme, si rares soient-­‐elles, la véritable surprise de ce concert n’est pas là : elle est dans l’alchimie formidable qui unit les trois musiciens. Si deux d’entre eux (Giot et Santana) se connaissent déjà, jouant fréquemment ensemble, c’est le premier concert qu’ils font avec le troisième (van Spaendonck). À les écouter, on ne croit pas un seul instant qu’ils se connaissent depuis si peu de temps, tant ces trois musiciens sont en harmonie. Les couleurs, l’homogénéité des Smbres, la souplesse des aQaques, les dynamiques, la précision des arSculaSons : tout est parfait, relevant d’un esprit chambriste exemplaire, qu’on pourrait légiSmement croire le résultat d’un long travail commun, à l’instar de ce que peut faire un quatuor à cordes, des années durant. Le seul indice suscepSble de trahir la fraîcheur de ce trio ne transparait que dans le Mozart : parfaitement interprété, on peut en effet y deviner une aQenSon extrême, un manque de confort tout relaSf, mais peu propice à une prise de liberté. Ce manque de « fantaisie » — comme ces « diverSssements » peuvent parfois le permeQre — est toutefois rapidement oublié, tant leur lecture est intelligente, limpide et agréable. Rares sont les pépites chambristes de cet acabit, mais force est d’avouer que les Musicales de Colmar en sont un filon d’une excepSonnelle richesse… Musicales de Colmar : carte blanche à Marc Coppey Le 20 mai 2015 par Joseph Thirouin Une semaine intense de musique de chambre au milieu des beautés d’une pe4te ville alsacienne : voilà ce que propose, depuis 63 ans maintenant, le fes4val des Musicales de Colmar. Les Musicales de Colmar ont une longue histoire. Seul fesSval de musique de chambre en Alsace, légataire spirituel, si l’on peut dire, de l’ancien Concours internaSonal d’interprétaSon de Colmar, ces Musicales ont acquis, au fil des ans, leur légiSmité arSsSque, grâce à une programmaSon des plus soignées. C’est d’ailleurs bien la grâce de ce fesSval de parvenir à concilier un haut niveau d’interprétaSon, et un ancrage local : les concerts, toujours assez courts, se succèdent à bon rythme, disséminés dans les églises des villages environnant Colmar, mais principalement abrités par le théâtre municipal d’une part, qui est une peSte salle à l’italienne du XIXe siècle, joliment restaurée, et d’autre part, l’église Saint-­‐MaQhieu – un temple protestant en réalité, un lieu qui porte la marque des douloureuses péripéSes de la guerre de Trente Ans. Autant de foyers de musique qui connaissent, pendant ces quelques jours de mai, une effervescence inaccoutumée. Le directeur arSsSque du fesSval, le violoncelliste Marc Coppey, est pour beaucoup dans la réussite de la formule. Sa ténacité et son invenSvité, ainsi que, chose peut-­‐être rare chez un musicien de renommée mondiale, son dévouement, permeQent au fesSval de tenir bon, en ces périodes où chaque subvenSon est un combat, et où les souSens se font rares – « struggle for life », dirait Darwin. Pour les invitaSons, carte blanche est laissée ceQe année à Marc Coppey. De son choix de faire venir des musiciens qu’il a côtoyés au cours de sa carrière, avec pour seule consigne un généreux « quod libet », il résulte un programme varié, et assez neuf dans ses rapprochements. Rapprochement d’œuvres, grâce à la souplesse du format des concerts, qui n’interdit pas que se succèdent des formaSons à la géométrie contrastée. Mais rapprochement d’arSstes, surtout, avec la belle idée de mêler deux catégories de musiciens trop souvent tenues éloignées l’une de l’autre : celle des « gens d’expérience » (le quatuor Takács, Lise de la Salle, etc.), et celle des « noms à retenir » (la violoniste CharloQe Juillard, ou la soprano Anna Reinhold, pour ne citer qu’elles). En somme, seul aura manqué, ceQe année, l’habituel tribut à la créaSon contemporaine. Marc Coppey, dans cet univers qu’il façonne, endosse ses différents rôles avec grâce et naturel : musicologue, lorsqu’avant que chaque concert ne débute, il prend la parole pour présenter au public, en quelques mots enjoués, les œuvres du moment musical qui va suivre – sympathique rituel, qui vaut mieux que toutes les notes de programme réunies – ; pater familias, quasiment, auprès des musiciens, ses collègues, amis, ou élèves qu’il a fait venir du monde enSer et qui se réunissent, à l’occasion du fesSval, souvent pour la première fois ; violoncelliste, est-­‐il besoin de le dire, lorsqu’il prend sa place parmi eux pour bâSr tantôt le trio, tantôt le quinteQe, et parfois même l’octuor ; chef d’orchestre, enfin, au moment de rappeler tous les instrumenSstes invités, et d’autres encore, pour les fondre en un « orchestre du FesSval » – dont nous n’avons pu, hélas, entendre la prestaSon pourtant promeQeuse. Le public, dans un fesSval ainsi conçu, se doit d’être assidu, car les deux lieux principaux, le théâtre et l’église, ont chacun leur alchimie. Les mêmes interprètes peuvent s’y produire avec un bonheur variable ; c’est le cas du quatuor Takács, dont le Debussy, par un effet d’acousSque propre au théâtre sans doute, paraît mat, touffu, manquant de vie, tout au contraire du quatuor « L’Empereur » de Haydn, dont les quatre musiciens livrent, à peine quelques heures plus tard à l’église Saint-­‐MaQhieu, une interprétaSon mémorable. Vivacité, finesse, noblesse du ton – voilà les qualités du quatuor Takács, telles que les voûtes gothiques les auront mieux mises en valeur. Il n’en va pas de même pour le Trio de Ravel, dont l’interprétaSon par Liana Gourdjia au violon, Peter Laul au piano, et Marc Coppey au violoncelle, est ceQe fois servie par le cadre du théâtre. La proximité entre les interprètes et l’audience a pour effet de rendre à la musique sa dimension palpable, physique, et donne à voir ce qu’aucun enregistrement ne peut transmeQre : la bataille pour le son, la sueur dépensée, et enfin le plaisir de la difficulté vaincue. Et si « La Truite », contrairement à « L’Empereur », semble un peu pâSr du grand volume de l’église, si quelques passages manquent de relief, cela n’empêche pas de goûter la remarquable contribuSon de CharloQe Juillard. La violoniste, qui, malgré sa jeunesse, est déjà super-­‐soliste de l’orchestre de Strasbourg, emmène le quinteQe avec un aplomb, une aisance, et une justesse d’intenSon qui lui promeQent, à n’en point douter, une grande carrière. Colmar a tout à gagner, soulignons-­‐le, à poursuivre l’aventure des Musicales. Actuellement, la survie du fesSval repose sur le dévouement d’une équipe de bénévoles, fiers que leur ville accueille cet évènement unique. Il reste à espérer que sa notoriété croissante l’ancre toujours plus solidement dans les mœurs musicales françaises et, pourquoi pas, européennes. Ces Musicales le méritent. trop déficitaires malgré de
nombreuses opérations de
relance ces dernières années »,
affirme Carole Dhorme, responsable de la communication. Au total, onze magasins
ont été fermés en France. L’an
passé, ceux de Munster et
Horbourg-Wihr, près de Colmar, avaient déjà fermé. Et des
inquiétudes existent au sujet
de celui de Barr. « Il n’y aura
aucune autre fermeture, les
rumeurs sont totalement infondées, affirme Carole Dhorme. Par contre, à la rentrée, on
investit dans un nouveau et
plus grand magasin à Sélestat. » Elle n’a pas précisé le
nombre de salariés concernés
par les fermetures, ni le sort
qui leur sera réservé.
De son côté, l’alliance nouée
entre Auchan et Super U au
niveau national ne devrait pas
l’enseigne Auchan. Celui de
Gertwiller, près de Barr, a pour
l’heure décliné. Le projet prévoit par ailleurs le passage de
l’ensemble des Simply Market
— le format supermarché du
groupe Auchan — sous l’enseigne Super U dans toute la
France. « Mais vous n’aurez
aucune réponse de notre part
sur le sujet, car l’Autorité de la
concurrence doit d’abord se
prononcer sur le projet. On a
fait une demande d’entrer en
négociation exclusive », indique-t-on chez Simply Market.
L’autre nouveauté dans le
paysage de la distribution,
c’est la reprise de Dia par Carrefour, qui concerne sept magasins en Alsace. Aucune décision n’a encore été prise sur
l’avenir de ces magasins, indique-t-on chez Carrefour.
G. MULLER
DÉCIDEURS
FORMATION
Dominique Schwach,
Afpa Grand Est
Dominique Schwach, directeur
régional depuis 2013 de l’Association nationale pour la formation
professionnelle des adultes (Afpa)
en Ile-de-France, vient d’être
nommé directeur de cet organisme pour la région Alsace Champagne-Ardenne Lorraine. Il succède dès lors aux trois directeurs
régionaux Gabriel Danino (Alsa-
HRH-RTE 05
ce), Frédéric Vicquery (Champagne-Ardenne) et Patrick Van
Keirsbilck (Lorraine). Titulaire
d’un diplôme d’administration et
de gestion des entreprises de l’IAE
Strasbourg, M. Schwach a exercé
depuis 1985 des responsabilités
territoriales et fonctionnelles au
sein de l’Afpa. Cette organisation
compte 22 centres de formation
dans les trois régions concernées,
avec 900 collaborateurs, totalisant plus de 20800entrées en
formation par an.
la durée du travail, la modulation horaire et modifie le système d’attribution des primes destinées désormais à encourager le « présentéisme ».
En dépit des avancées obtenues
au terme de deux mois et demi
de discussions et des concessions arrachées en dernière minute, les deux syndicats ont jugé les efforts demandés aux
salariés inacceptables. « La direction veut, sous la pression,
imposer la suppression de nombreux acquis sociaux », dénoncent-ils. « Devant cette attitude,
nous avons deux solutions : accepter la misère et la prochaine
fois, ce sera encore pire, ou continuer à nous battre pour maintenir nos acquis et obtenir
plus. » Soutenues par une partie du personnel, les déléguées
CGT et CFDT ont donc choisi la
deuxième option.
Risque de fermeture
du site
« Nous avons écouté leurs demandes jusqu’au bout et nous
avons même accepté l’une des
trois propositions formulées
par les déléguées CGT et CFDT
dans la matinée pour arriver à
une signature », raconte Emmanuel Romary, le directeur du
site. Malheureusement, constate-t-il, « ça n’a pas suffi ».
Le syndicat Force Ouvrière s’est
donc retrouvé seul, en fin de
journée, pour valider l’accord. Il
a beau être majoritaire dans
l’entreprise, ce n’est pas satisfaisant pour la direction générale du groupe agroalimentaire
Sans investissements, l’usine Delpierre de Wisches, qui produit essentiellement du saumon
fumé d’entrée de gamme, pourrait fermer d’ici trois ans. PHOTO ARCHIVES DNA
qui avait fait de « l’engagement
plein de tous les salariés » un
préalable pour engager les investissements indispensables
pour sauver le site. Confronté à
la concurrence de pays à bas
coût, celui-ci perd de l’argent
depuis deux ans.
Delpierre est prêt à transférer à
Wisches une partie de la production de saumon frais mariné, assurée aujourd’hui par
l’usine de Fécamp, dès que
l’atelier-relais (financé par
l’État et les collectivités locales)
destiné à abriter cette nouvelle
activité sera construit. En principe au printemps prochain.
Le groupe a décidé aussi d’étendre, dans un deuxième temps,
la capacité de fumage de l’usine
pour fabriquer du saumon fumé sous marque Labeyrie,
aujourd’hui uniquement produit dans les Landes.
Ces transferts, qui devraient se
traduire aussi par des créations
d’emplois, ne seront possibles
que si les coûts de production
de l’usine de Wisches sont ramenés au niveau de ceux des
autres usines françaises du
groupe, explique M. Romary.
C’est l’objet - et l’enjeu - de cet
accord sur la « réadaptation du
statut social du site ».
Initiatives individuelles
Comme il n’a pas été signé, c’est
donc la pire des issues qui se
profile, à savoir « la fermeture
du site dans les trois ans »,
avait averti M. Romary. Car faute d’investissement, l’usine
spécialisée dans le saumon fumé d’entrée de gamme n’est
plus viable.
Concrètement, avait-il précisé,
« nous allons d’abord mettre fin
aux contrats qui ne sont pas
rentables » - l’entreprise avait
en effet accepté des commandes à perte pour maintenir l’emploi. « Il risque donc d’y avoir
un PSE dès l’année prochaine. »
Face à cette menace, « nous de-
7 mai 2015
vons nous serrer les coudes
pour que ce projet se fasse,
qu’on puisse garder nos emplois et faire revivre le site de
Wisches », estime Louise Laxenaire, déléguée FO.
Au terme d’un sondage effectué
dans l’usine, elle affirme avoir
recueilli 90 noms de salariés
qui se sont déclarés favorables
au projet. Par ailleurs, de nombreux employés, pas forcément
syndiqués, ont, de leur propre
initiative, « fait une lettre à la
haute direction pour dire qu’ils
sont prêts à faire des sacrifices », rapporte-t-elle.
Ces éléments ont été transmis
dès hier à l’état-major de Delpierre. S’il n’est pas sûr qu’ils
suffisent à faire pencher la balance, ils constituent en tout cas
des arguments pour « essayer
de convaincre la direction générale d’engager les investissements nécessaires pour sauver
le site », estime M. Romary.
ODILE WEISS
R
8 mai 2015
10 février 2015
Q MARDI 10 FÉVRIER 2015
Festival "entre amis"
COLMAR Les Musicales
L’édition 2015 des Musicales de Colmar fourmille de belles surprises autour du (non) thème
« Carte blanche à Marc Coppey et ses amis ».
P
our le violoncelliste,
qui est depuis une décennie directeur artistique d’une « manifestation rare, comme il en existe
peu dans le monde dans le domaine de la musique de chambre », c’est le principe même du
festival qui est à l’origine de la
programmation. « Même si le
public n’en est pas toujours
conscient, les Musicales accueillent chaque année de très
grands musiciens, chacune/
chacun star de son instrument… et aucun ne donne de
concert entre deux avions, mais
séjourne à Colmar quelques
jours et souvent toute la durée
du festival. Cette proximité,
que peu de manifestations en
Europe peuvent offrir, suscite
des amitiés musicales (si elles
n’existaient pas déjà en amont)
et des envies de jouer ensemble
en abordant un répertoire inhabituel […] Si la programmation
n’est pas exclusivement faite
des choix des musiciens invités
et si leurs vœux n’ont pas tous
été exaucés puisqu’il faut tenir
compte de la logique (programmatique) interne d’un concert,
les découvertes sont réjouissantes… comme l’est le fait que
les musiciens aient rarement
proposé des œuvres mettant
leur propre jeu en évidence
mais plutôt celui/ceux de leurs
compère-s ! ».
Aux côtés de quelques habitués
des Musicales, à l’image du pia-
Liana Gordjia, Marc Coppey (également directeur artistique du festival) et Niels de Groot, trois
des piliers des Musicales de Colmar. PHOTOS DNA-B.FZ.
niste Peter Laul, du contrebassiste Niel de Groot ou de la
violoniste Liana Gourdjia, qui
retrouvent Colmar du 10 au
17 mai prochains, le public
pourra entendre pour la première fois dans ce contexte le
quatuor Takacs, la pianiste Lise
de la Salle, la soprano Anna
Reinhold, ou les violonistes
Charlotte Julliard et Martin Beaver… entendus eux lors d’éditions précédentes au sein de
leurs quatuors respectifs, Zaïde
GUEBWILLER Lycée des métiers Joseph-Storck
Trophée des vins du Jura
et Tokyo. Seront également présents l’OSM (Saint-Matthieu,
10 mai) p our le concert
d’ouverture avec la symphonie
n°5 de Ludwig van Beethoven
et le concerto pour violoncelle
(Marc Coppey en soliste) et orchestre de Dimitri Chostakovitch, ainsi que le chœur Mission Voix Alsace (S aintMatthieu, 16 mai) que dirigera
Catherine Fender pour la Fantaisie chorale de Ludwig van.
Côtés compositeurs, le XXe siè-
cle (Schulhoff, Nino Rota, Prokofiev, Hindemith et Sibelius
notamment) et la musique
française (Ravel, Debussy,
Franck, Chausson, Fauré) seront en bonne compagnie aux
côtés de Mozart, Haydn, Brahms Schumann ou Mendelssohn-Bartholdy… mais toujours
avec des pièces hors des sentiers battus.
B.FZ.
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Q Les Musicales, que préside
La pianiste Lise de La Salle, une nouvelle venue dans l’univers
amical des Musicales de Colmar.
Michel Spitz, se déroulent du 10
au 17 mai à Colmar (SaintMatthieu et théâtre) mais
également à Turckheim (17 mai,
15 h), Logelbach (14 mai, 17 h 30),
Horbourg-Wihr (16 mai, 11 h) et
chez Josmeyer à Wintzenheim
(17 mai, 11 h).
Q Le programme complet est en
ligne sur www.lesmusicales.com/fr/edition2015/programme. Le service de
billetterie et de réservations ouvre
début mars.
COLMAR Caisse Primaire d’Assurance Maladie
Renouvellement
du conseil
Les locaux de la CPAM du
Haut-Rhin à Colmar ont été
le cadre de la présentation
officielle des membres du
nouveau conseil de l’Assurance Maladie du département.
Marc Lacroix (à gauche) aux côtés de son professeurentraîneur, Frédéric Simon. PHOTO DNA-B.FZ.
ETUDIANT en "mention complé-
mentaire sommellerie" au lycée
Joseph-Storck, Marc Lacroix
vient de remporter le Trophée
national des vins du Jura.
Organisé à l’occasion de la mythique percée du vin jaune qui
s’est tenu dimanche 1er février à
Montigny-les-Arsures devant
plusieurs milliers de spectateurs-dégustateurs, ce Trophée
comporte deux catégories, celle
des "Séniors", où concourent
quelques grands noms de la
profession, et celle des "Juniors",
réservée aux professionnels et
apprentis âgés de moins de 25
ans.
outre une dégustation commentée d’un vin une argumentation
commerciale, Marc Lacroix s’est
fort brillamment hissé dans le
trio de rescapés pour une finale
face à un jury de professionnels
et en public.
A l’issue d’une épreuve de carafage, d’une dégustation à l’aveugle accompagnée de commentaires forcément pertinents ainsi
que la correction d’une carte des
vins qui avait subi de la part
d’un esprit farceur quelques
"améliorations" incongrues (un
millésime inexistant pour un
domaine, une appellation incomplète…) le verdict a été sans
LE NOUVEAU CONSEIL installé
le 15 janvier dernier est composé de 22 membres. Son président est Jean-Marie Munsch
et il a trois vice-présidents
Pierre-Guy Ouadi (1er), Pierre
Beovardi (2e), et Alain Kaufmann président sortant (3e).
Le directeur Christophe Lagadec, et les intervenants successifs ont expliqué le rôle et
les missions attribués aux
membres du conseil. A souligner le contexte budgétaire
contraignant puisqu’en 2014
le budget de gestion administrative s’est réduit de 2,4 %, ce
qui oblige à réfléchir à des
modalités de fonctionnement
plus performantes.
Actuellement sur un total de
cent feuilles de soins traitées
De g à dr : Christophe Lagadec, Pierre Beovardi, Jean-Marie Munsch, Pierre-Guy Ouadi et Alain
Kauffmann.
du Haut-Rhin 2013).
Les vice-présidents secondent
le président dans toutes ses
fonctions dans les conditions
prévues par le conseil. Sur
fessionnel de santé, un employeur ou un assuré. Les
commissions non réglementaires se rapportent à l’action
sanitaire et sociale et de pré-
française ou à celle de la suisse avant le 1er juin 2015. Un
flux particulièrement difficile
à gérer pour son côté imprévisible ; à ce jour, 7 000 pré-im-
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18 mai 2015
19 mai 2015
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sous forme de question (on se doute
bien que si c’était le cas, ils ne le
diraient pas) pour tester le sens de
l’humour de nos interlocuteurs. Il
faut reconnaître que la majorité
s’est prêtée au jeu, parfois même
avec entrain.
« Là où je paie mes
impôts »
Dans un grand éclat de rire, Marc
Rinaldi qui a ramassé une belle somme (qu’il n’a pas souhaité divulguer) en vendant en 1990 ses
entreprises répond du tac au tac
que des banquiers, à l’époque de
cette juteuse cession, lui avaient
conseillé de placer son argent « en
Suisse, au Luxembourg, en Angleterre ou en Belgique. Mais j’ai fait le
choix de rester en France, où j’ai
mes amis, mes bistrots préférés, là
où je paie mes impôts ». Bien sûr
qu’il paie l’ISF, répond sans ambages l’entrepreneur considéré comme l’un des plus fortunés de la cité
de Bartholdi. « L’appât du gain, ce
Rinaldi, de même que celle d’un
autre Colmarien qui, lui, veut rester
dans l’anonymat parce que pour vivre avec sa fortune, mieux vaut vivre caché… Redevable de l’ISF,
« comme 200 autres foyers à Colmar », paraît-il, ce monsieur d’un
certain âge, qui a fait fortune dans
un secteur où quand le bâtiment va
tout va, fait bien la part des choses
entre les disponibilités en liquide
immédiatement utilisables et les
biens immobiliers par exemple.
« Jamais, je mettrai mon argent en
Suisse. Je les déteste. Rien que traverser ce pays représente un vrai
cauchemar. Je ne suis pas du genre à
placer bêtement mon argent. C’est
de l’argent mort. Ce n’est même pas
de la sécurité. Je ne comprends pas :
ça ne leur sert à rien ». Ce même
Colmarien nous a ensuite faxé un
petit mot, juste pour nous préciser
que sa « fortune » était toute relative. « Qui est riche ? C’est quelqu’un
qui peut confondre les francs et les
euros et mieux encore les anciens
Si la société de Christophe Gryczka
est déclarée en Suisse, ses revenus
le sont en France. « Dans mon cas, il
n’y a aucune possibilité de placer de
l’argent en Suisse sans que la France ne soit au courant. Cela n’a
d’ailleurs pas d’intérêt car les taux
sont inférieurs qu’en France. Ceux
qui font ça, c’est de l’argent pas tout
à fait clair, c’est de la fraude. Et
quand on joue, on finit toujours par
se faire avoir ! »
francs et les euros sans en être gêné
plus que ça. Ça existe mais ce n’est
malheureusement pas moi ».
Bertrand Burger, patron d’entreprise, s’amuse de la question, même
s’il précise d’entrée : « Pour moi,
c’est un sujet sérieux ». S’il affirme
ne pas planquer son argent en Suisse, il confie qu’« on le lui a proposé
indirectement. C’était un bruit qui
courrait à une époque, qu’il était
facilement possible de placer là-
bas, sans même se déplacer. Je m’y
suis refusé, par principe ». Il relativise néanmoins et contextualise :
« C’était une époque. Pour les Alsaciens qui avaient fait la guerre,
c’était un système de sécurisation,
un peu comme du bon sens paysan,
mettre un peu de côté. Je ne pense
pas que c’était forcément dans l’esprit de truander le fisc français ».
Bertrand Burger précise être surpris
qu’on l’appelle : « Je n’ai pas de fortune à placer, l’essentiel est dans
mon entreprise, c’est donc du capital virtuel ».
L’avocat colmarien Thierry Cahn n’a
« jamais eu de compte en Suisse »
et n’a « jamais été sollicité pour cela. Je n’ai sans doute pas suffisamment de fortune pour cela ! » Lui
aussi estime que le placement en
Suisse correspond à une époque,
qu’il pense révolue. « Ça se faisait
beaucoup ; ça se fait de moins en
moins ».
Georges Tischmacher, patron, notamment, de l’Hyper U route de
Rouffach, d’abord méfiant, se lâche
gentiment, rappelant qu’il a commencé sa carrière au Smic. « Puis, je
me suis débrouillé… » D’où la valeur
travail qu’il défend. « Le Capital ? Il
faut oser le réinvestir, le faire fructifier dans le développement économique », estime ce chef
d’entreprise pour qui l’absence de
confiance dans un pays étouffé par
les impôts n’incite pas aux investissements.
11 mai 2015
FESTIVAL
Un puzzle pour Les Musicales
La 63e édition des Musicales, onzième pour le directeur musical Marc Coppey, se déroulera du 10 au 17 mai. Pas de thématique cette année, mais le principe de la carte
blanche offerte à tous les musiciens participants. Chacun a choisi des œuvres ; ce qui donne un puzzle musical.
Le quatuor Takacs
et les autres
Pour leur 63e édition, « Les Musicales » ont offert une carte blanche aux interprètes du festival.
Chaque artiste a indiqué les
œuvres qu’il souhaitait jouer au
directeur musical Marc Coppey. À
partir des souhaits de ses amis, ce
dernier a composé « un programme festif avec beaucoup de chefsd’œuvre du répertoire ».
On pourrait voir là, une réponse
au succès mitigé de la dernière
édition, avec des pièces pointues
sur le thème de la guerre. Un
retour à des œuvres plus consensuelles, plus connues pourrait-on
penser.
Marc Coppey dément : « C’est
pour rendre hommage aux musiciens, les mettre en valeur. On a
des artistes rares, des stars. Les
Colmariens ne se rendent pas toujours compte de l’événement que
c’est ! Peut-être parce qu’on insistait davantage sur la programmation. Donc, là, on met les
musiciens au cœur de la programmation ». Le directeur précise que
le principe du festival ne change
pas : « C’est toujours une réunion
de musiciens d’horizons variés
mais qui ont en commun l’amour
de la musique baroque ».
L’orchestre
du festival
Au nombre des artistes présents,
les festivaliers retrouveront beaucoup d’habitués comme Peter Laul
ou Niek de Groot. Dans les inédits,
citons Jan-Erik Gustafsson, la soprano Anne Reinbold ou le clarin e t t i ste b e l g e Ro n a l d Va n
Spaendonck. Marc Coppey insiste
sur la présence exceptionnelle du
quatuor Takacs : « C’est un événement, vraiment ! Après la fin du
quatuor de Tokyo en 2013, c’est
devenu le plus grand quatuor à
cordes au monde. Cela fait longtemps qu’on essayait de les avoir,
ils avaient invitation ouverte depuis des années et là, ils étaient
libres ». Cette formation se serait
déjà produite une fois du temps ou
le festival se déroulait l’été selon
Un concert des Musicales 2014 à l’église Saint-Matthieu.
Dans la catégorie chefs-d’œuvre,
le public pourra en entendre trois
le 13 mai : Prélude et scherzo de
Chostakovitch, le Quintette en ut
majeur, de Mozart et le Quatuor
n° 1 de Beethoven. Il y aura aussi
La Truite de Schubert ou le Quatuor L’empereur de Haydn le
Gratuit pour les jeunes
Comme tous les festivals de musique classique, les Musicales
tentent d’attirer les jeunes très peu présents dans ce type de
manifestations. Michel Spitz rappelle que la gratuité pour les
moins de 18 ans a été mise en place depuis cinq ans. « Pour
chaque concert (excepté ceux chez Josmeyer et à Horbourg-Wihr),
il y a cent places gratuites réservées aux jeunes. On ne peut pas
les réserver à l’avance, elles se prennent le soir même sur place ».
le président Michel Spitz. Il y aura
aussi Martin Beaver, un ancien,
justement, du quatuor de Tokyo.
Le directeur musical cite encore
Lise de la Salle, « la plus grande
pianiste de sa génération. Elle a
enregistré son premier disque à
14/15 ans. Un phénomène ! »
Comme d’habitude, les concerts
se déploieront dans plusieurs lieux
à Colmar et environs : le théâtre
municipal et l’église Saint-Matthieu bien sûr, mais aussi les églises de Logelbach, de HorbourgWihr et Turckheim.
RÉSERVER, S’INFORMER La billetterie ouvrira en mars. Appeler le
théâtre municipal au
03.89.20.29.02 ou réserver sur
www.les-musicales.com/
Archive Michel Spitz
15 mai, ou encore l’Octuor de
Mendelssohn pour clore le festival
le 17 mai. Le 15 mai sera consacré
à la musique française avec « deux
grands chefs-d’oeuvre littéraires » : le Trio de Ravel et le Quatuor de Debussy. Marc Coppey
évoque encore le Septuor de
Beethoven, « une œuvre festive,
légère où les cordes et les vents se
répondent de façon joyeuse » (jeudi 14 mai).
Dans le « puzzle » constitué des
goûts des différents artistes, une
pièce évoquera la musique du
Nord ave le Quatuor en sol mineur
de Grieg ou la Tempête de Sibelius
(16 mai), choix du violoncelliste
finlandais Jan-Erik Gustafsson.
Dimanche 17 mai à 11 h, le concert se déroulera au domaine viticole Josmeyer à Wintzenheim avec
un programme ad hoc : Chaconne
de Bach-Busoni, Märchenbilder de
Schumann, Zwei Gesänge de Brahms ou encore Chanson à boire de
Ravel.
Cette édition verra encore la création d’« un orchestre du festival »
composé de la plupart des solistes
des Musicales, de professeurs du
conservatoire de Colmar, d’étudiants de Strasbourg et du chœur
Mission voix Alsace de Catherine
Fender. Il interprétera la Fantaisie
chorale de Beethoven « qui préfigure l’Hymne à la joie »
COL02
Parmi les musiciens inédits aux Musicales, les mélomanes décrouvriront le violoncelliste
Jan-Erik Gustaffsson.
DR
11 mai 2015
15 mai 2015
18 mai 2015
18 mai 2015