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livres L I V R E S Les massacres de la révolution culturelle Textes réunis par Song Yongyi Buchet Chastel, 2008, 300 p., 24 € O N SE RÉJOUIRA D’ABORD que soient publiées les études d’une douzaine d’écrivains chinois sur la révolution culturelle et ses méfaits. Quelques-uns résident en Chine même, mais une grande majorité demeure aux ÉtatsUnis. Il n’est guère possible d’envisager une condamnation aussi radicale de la révolution culturelle en Chine, où le pouvoir communiste, toujours peu soucieux de remettre en cause son passé – glorieux, forcément – a interdit la publication de ces études, obligeant N° 34 127 histoire & liberté ainsi les éditeurs à un repli sur Hong Kong en 2002. Passons sur le temps qu’il a fallu pour éditer en français cet ouvrage, et félicitons au contraire Jean-François Bouthors, son éditeur chez BuchetChastel, de nous le proposer. Le lecteur moyennement informé de ce que fut la soi-disant « Grande révolution culturelle prolétarienne » sera sans doute accablé par la litanie des horreurs commises. La désignation comme « ennemis » de « paysans moyens et supérieurs » – selon la langue de bois maoïste – outre qu’elle rappelle plus la chasse aux koulaks en URSS que la nouveauté prêtée à la révolution culturelle, autorisa d’horribles et très nombreuses exécutions. Mao qui lançait les mots d’ordre, les responsables du parti qui les répercutaient, l’armée qui soutint certains groupes contre d’autres, furent les premiers responsables de ces tueries, de ces viols et de ces humiliations. Mais on a l’impression aussi que ces massacres furent accomplis sans mauvaise conscience et que la lâcheté des uns, qui voulaient se montrer particulièrement réceptifs aux injonctions du « Quartier général de la révolution », et la cruauté des autres, qui profitèrent de cette conjoncture politique pour satisfaire leur sadisme, ont joué un rôle non négligeable. On souffre à la fin du volume d’une overdose d’horreurs. Et l’on range avec soulagement l’ouvrage parmi les documents qui alourdissent le dossier à 128 charge du communisme chinois et du maoïsme. Ce dossier précis et accablant pourra servir au procès de cette époque et de ses crimes, procès que le gouvernement chinois actuel est loin de vouloir entreprendre. En Occident, la cause est entendue. Et depuis longtemps. Entre Les Habits neufs du Président Mao, Le Livre noir du communisme et la récente biographie de Mao par Jon Haliday, le lecteur a eu amplement de quoi s’informer ! L’amnésie ne nous menace donc pas, comme on peut le lire dans la préface. Il manque, non à ce livre – ce n’est pas son objet – mais à notre connaissance, une vue d’ensemble de la révolution culturelle et de sa durée (lancée en 1966, elle est encore active en divers endroits en 1968) une estimation du nombre des victimes, la mise en évidence détaillée des responsabilités. Benoît Villiers Vous avez manqué les précédents numéros de Histoire & Liberté ? (Cahiers d’Histoire sociale) Commandez-les à : Bibliothèque d’Histoire sociale 92 4, av. Benoît-Frachon 92023 Nanterre Cedex 13 € par exemplaire (frais de port inclus) Chèques à l’ordre de ABHS 92 PRINTEMPS 2008