profil de secteur : l`industrie pharmaceutique et médicale

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profil de secteur : l`industrie pharmaceutique et médicale
PROFIL DE SECTEUR : L’INDUSTRIE
PHARMACEUTIQUE ET MÉDICALE
Capsule d’information pour les parlementaires
TIPS-47F
Bibliothèque du Parlement
Le 7 décembre 2000
Description
Au Canada, l’industrie pharmaceutique et médicale se
compose :
de l’industrie de la fabrication : les fabricants de
médicaments de marque déposée, les fabricants de
médicaments génériques, les sociétés travaillant à
l’élaboration de produits biopharmaceutiques, les
fabricants de médicaments en vente libre et les
sociétés qui effectuent de la recherche sur une
base contractuelle;
de l’industrie des services pharmaceutiques : la
vente en gros et au détail de produits
pharmaceutiques par l’entremise des pharmacies.
L’industrie pharmaceutique canadienne compte
essentiellement deux grands types de fabricants : les
filiales de fabricants multinationaux de médicaments
de marque et les fabricants de médicaments
génériques, qui appartiennent, en grande partie, à des
intérêts canadiens. Un troisième groupe, plus petit,
commence à se constituer; il est composé de firmes
biopharmaceutiques de taille petite à moyenne qui
appartiennent à des intérêts canadiens.
Le marché canadien est dominé par les grandes
multinationales appartenant à des intérêts étrangers,
dont aucune ne contrôle plus de cinq à six pour cent
du marché.
Un trait distinctif de l’industrie
canadienne est la présence d’une industrie vigoureuse
des médicaments génériques, dominée par deux
entreprises canadiennes, Apotex et Novopharm, cette
dernière étant désormais connue sous le nom de
Viventia Biotech Inc.
Les sociétés pharmaceutiques tendent à se regrouper
dans les grandes zones métropolitaines disposant des
réseaux de distribution et de l’infrastructure
scientifique et technique nécessaires, c’est-à-dire dans
le centre du pays. En 1995, les deux premières
régions pour ce qui est de la production étaient
l’Ontario (2,7 milliards de dollars) et le Québec
(2,6 milliards de dollars).
Selon Statistique Canada, l’effectif total de l’industrie
était de 10 482 personnes en 1997. La même année,
148 établissements étaient à l’œuvre dans diverses
parties du Canada :
provinces de l’Atlantique – presque 3 p. 100;
Ontario – 50 p. 100;
Québec – plus de 32 p. 100;
provinces de l’Ouest – presque 14 p. 100.
Rendement de l’industrie
En 1995, les ventes totales de médicaments
d’ordonnance ont dépassé les 200 milliards de dollars
américains. Les États-Unis occupent en ce moment la
plus grande partie du marché des médicaments
d’ordonnance : ils détiennent environ 40 p. 100 du
marché mondial des ventes, suivis du Japon et de
divers pays européens. La participation du Canada au
marché mondial est très modeste, sa part de marché se
chiffrant à quelque 2 p. 100 des ventes mondiales.
Le marché nord-américain est dominé par les
entreprises pharmaceutiques basées aux États-Unis.
Toutes les grandes sociétés ont des filiales canadiennes
afin de contourner les barrières réglementaires et
d’accroître l’efficacité de la mise en marché de leurs
produits. Même si l’Accord de libre-échange et
l’Accord de libre-échange nord-américain ont
Ce document est la version papier d’une capsule d’information Web consultable en ligne à
http://intraparl/36/map_sv_lib-f.htm
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progressivement éliminé les barrières tarifaires entre
les États-Unis et le Canada, des obstacles substantiels
au commerce des médicaments demeurent,
notamment dans le domaine de l’approbation
réglementaire des médicaments et de la durée de la
protection conférée par les brevets. Les efforts actuels
d’harmonisation des règlements devraient réduire
davantage les entraves au flux des échanges
commerciaux et favoriser des investissements plus
importants en R-D (recherche-développement) entre le
Canada et les États-Unis, mais il faudra un certain
temps avant que cette harmonisation soit
complètement mise en œuvre.
Entre 1990 et 1998, les expéditions canadiennes de
produits pharmaceutiques sont passées de 3,6 à
5 milliards de dollars, ce qui représente un taux de
croissance annuel de 4,6 p. 100. Les expéditions par
employé – un indice de la productivité de la maind’œuvre – sont passées de 180 117 $ en 1990 à
233 899 $ en 1998, soit une croissance annuelle de
3,9 p. 100. Par contraste, la productivité de la maind’œuvre américaine a augmenté presque trois fois plus
vite, à un taux de 9,7 p. 100 par an.
moyen de rémunération est inférieur d’environ
30 p. 100 au taux observé dans l’industrie
pharmaceutique américaine;
les filiales pharmaceutiques canadiennes se
concentrent davantage sur des activités à fort
coefficient de main-d’œuvre, comme le
développement des marchés et les activités de
R-D, et elles recourent moins que les firmes
américaines aux technologies de fabrication à
forte densité de capital;
la faible part des expéditions et la proportion
d’emplois élevée de l’industrie pharmaceutique
canadienne indiquent que la productivité de la
main-d’œuvre (la production manufacturière par
employé) est beaucoup plus basse au Canada
qu’aux États-Unis;
les prix des médicaments sont nettement plus bas
au Canada qu’aux États-Unis (ce qui contribue à
une part mesurée moins élevée des achats des
consommateurs).
Commerce international
En 1997, l’industrie pharmaceutique et médicale
canadienne représentait 0,4 p. 100 de tout le produit
intérieur brut industriel et 1,2 p. 100 de tout le produit
intérieur brut du secteur de la transformation (au coût
des facteurs de 1992). Bien que son apport global soit
modeste par rapport à l’ensemble de l’économie
canadienne, l’industrie a crû rapidement au cours des
dernières années. De fait, sa croissance économique a
dépassé les taux nationaux moyens. De 1986 à 1998,
la croissance de l’industrie a augmenté de 60 p. 100
(voir l’annexe).
Le rendement de l’industrie pharmaceutique
canadienne soutient la comparaison avec celui de
l’industrie
pharmaceutique
américaine,
plus
importante, mais il s’en distingue néanmoins sur
certains points :
l’industrie pharmaceutique canadienne affiche une
proportion d’emplois relativement élevée par
rapport à son marché intérieur – mais ces emplois
sont, dans l’ensemble, de qualité moins
intéressante qu’aux États-Unis – et son taux
Les importations et les exportations des fabricants
canadiens de médicaments croissent rapidement.
Entre 1990 et 1998, les exportations ont augmenté de
26 p. 100 par année, pour atteindre un total de
1 491,9 millions de dollars en 1998. Le secteur des
médicaments génériques tend à exporter davantage
que celui des médicaments de marque.
Bien que leur valeur soit considérablement plus
élevée, les importations ont connu une expansion plus
modeste – 15,7 p. 100 –, passant de 1 110,2 millions
de dollars en 1990 à 4 155 millions de dollars en
1998. Les produits importés sont en majorité des
produits chimiques fins destinés à la fabrication des
médicaments.
L’industrie a été un importateur net dans ses échanges
avec la plupart de ses partenaires commerciaux,
principalement les États-Unis. Entre 1990 et 1998, le
déficit commercial a gagné du terrain dans le secteur,
passant de 859,8 à 2 663 millions de dollars. Cet
accroissement tient davantage à l’expansion du
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commerce qu’à l’érosion de la position concurrentielle
canadienne. On s’attend à ce que le marché intérieur
canadien croisse moins rapidement au cours des cinq
prochaines années et, par conséquent, à ce que les
fabricants de produits pharmaceutiques de marque et
génériques se tournent vers les marchés d’exportation
pour soutenir leur croissance.
La libéralisation des marchés et la levée graduelle des
barrières commerciales devraient entraîner une
augmentation des exportations canadiennes de
produits pharmaceutiques. Les filiales canadiennes de
sociétés multinationales exportent à l’heure actuelle
moins de 10 p. 100 de leur production, tandis que les
fabricants canadiens de médicaments génériques
exportent 40 p. 100 de leur production totale.
Pour ce qui est du commerce des services, les
industries pharmaceutiques canadiennes font souvent
appel à des consultants en gestion étrangers. En
revanche, les fabricants canadiens de produits
pharmaceutiques exportent leur expertise en
technologie, leurs essais cliniques et leurs études
pharmacoéconomiques.
En ce qui concerne les mouvements de capitaux, les
multinationales étrangères qui fabriquent des
médicaments de marque font d’importants
investissements directs dans leurs filiales canadiennes.
Celles-ci remettent à leurs sociétés mères respectives
des dividendes et des redevances pour l’utilisation de
leurs brevets.
Les sociétés canadiennes de
médicaments génériques font certains investissements
directs à l’étranger.
Fusions et restructurations
L’industrie pharmaceutique mondiale traverse une
période de regroupements et de rationalisation
motivée surtout par les coûts énormes de la mise au
point de nouveaux médicaments et par les pressions
des gouvernements et des assureurs privés en faveur
du contrôle des prix.
On compte parmi les
regroupements récents la fusion Glaxo-Wellcome, qui
a donné naissance à la plus grande société
pharmaceutique au monde, suivie de l’union de
Ciba-Geigy et de Sandoz.
Les fusions et
rationalisations récentes se sont traduites par des
réductions sensibles de l’effectif.
Technologie et innovation
L’industrie pharmaceutique étant tributaire de la
découverte et de la mise au point de nouveaux
médicaments, elle fait de forts investissements dans
les activités de R-D. Les sociétés pharmaceutiques
canadiennes profitent de l’infrastructure scientifique et
technologique et de l’expertise spécialisée en
pharmacologie présentes au pays.
Le Conseil
d’examen du prix des médicaments brevetés, un
organisme de réglementation de l’industrie, indique
que les détenteurs de brevets pharmaceutiques ont
investi 620 millions de dollars en R-D en 1995, sans
compter les dépenses en capital. Comme le coût de la
mise au point de nouveaux médicaments est très élevé
(environ 400 millions de dollars), les sociétés
canadiennes s’associent souvent à d’autres entreprises
pour ne pas devoir l’assumer seules.
Les activités canadiennes de R-D sont facilitées par :
le degré élevé de protection conférée par les
brevets (20 ans à compter de la date du dépôt);
un système généreux de crédits d’impôts à la R-D;
une infrastructure scientifique et technique bien
développée;
des organismes de financement direct de la
recherche;
la capacité des filiales canadiennes d’amener leurs
sociétés mères à investir dans les activités de R-D
au Canada.
Les fabricants de médicaments génériques investissent
dans des technologies de fabrication de pointe afin de
produire des copies à prix modique de médicaments
dont les brevets sont expirés.
Leurs décisions
d’investissement reposent sur la croissance des
marchés intérieurs et sur l’accessibilité des marchés
extérieurs. Les fabricants de médicaments de marque
investissent également dans l’amélioration de leurs
installations de fabrication au fil de la restructuration
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de leurs activités et de leur passage du statut de filiales
à celui de fabricants exclusifs de certains produits
pour les marchés nord-américains ou mondiaux.
Les investissements directs étrangers que font au
Canada
les
multinationales
pharmaceutiques
dépendent largement de la mesure dans laquelle les
capacités et les possibilités canadiennes s’alignent sur
les stratégies mondiales des investisseurs.
Les
principales considérations qui interviennent dans les
décisions d’investissement sont :
la portée et la durée de la protection conférée par
les brevets;
la croissance des marchés intérieurs;
l’accès et la proximité des marchés étrangers;
la rapidité du processus d’approbation réglementaire.
L’un des grands défis du Canada consistera à
maintenir sa capacité d’attirer des investissements à
un moment où la concurrence des pays récemment
industrialisés se fait plus vive en raison du
renforcement de la protection conférée par leurs
brevets, de leurs salaires peu élevés et de leurs
niveaux d’imposition plus faibles.
Questions de réglementation
Comme la rentabilité des fabricants de médicaments
de marque est liée au degré de protection par brevet
sur tous les marchés où leurs produits sont offerts, les
pays qui offrent une protection de longue durée
tendent à attirer les investissements. Le Canada a
bénéficié de ses dispositions législatives actuelles à ce
chapitre, mais nombreux sont ceux qui croient
qu’elles doivent être renforcées s’il veut maintenir sa
compétitivité face aux grands marchés des États-Unis,
de l’Europe et du Japon.
D’un autre côté, la rentabilité des fabricants de
médicaments génériques dépend de leur capacité de
reproduire des médicaments existants, ce qui les
amène à préférer une protection par brevet réduite.
Une protection réduite leur permettrait de pénétrer le
marché plus tôt et d’augmenter leurs rentrées de fonds
en introduisant des médicaments à prix réduits sur les
marchés intérieur et d’exportation.
La rapidité avec laquelle les organismes de
réglementation approuvent les médicaments constitue
une autre source de préoccupation. Une comparaison
révèle notamment que le Canada met plus de temps
que les États-Unis à approuver les médicaments de
marque et les médicaments génériques. Dans les deux
pays, les organismes de réglementation tentent de
faire abréger la période d’approbation.
Le Canada fournit aussi un environnement fiscal
concurrentiel grâce à la combinaison de ses crédits
d’impôt à la R-D et de ses taux d’imposition des
sociétés relativement modestes. Il favorise également
la recherche en accordant des subventions aux
établissements et chercheurs du secteur médical et en
appuyant des centres d’excellence.
préparé par
Jean Dupuis
Direction de la recherche parlementaire
Pour en savoir plus…
Voir la bibliographie ainsi que les hyperliens internes et externes
de la version Web du présent document à :
http://intraparl/36/map_sv_lib-f.htm
ou composer le (613) 996-3942
ANNEXE
Principales sociétés pharmaceutiques et de biotechnologie du Canada
« Top 1000 Corporations: Canada’s Power Book »
tiré de la revue Report on Business, juillet 2000
(en milliers de dollars)
Société et fin d’exercice
Revenu
Novartis Canada (décembre 1998)
Glaxo Wellcome (décembre 1999)
Extendicare (Canada) (décembre 1999)
BioChem Pharma (décembre 1999)
Biovail Corp. (décembre 1999, en dollars américains)
Phoenix Intl. Life Sciences (août 1999)
Patheon Inc. (octobre 1999)
Technilab Pharma (août 1999)
781 842
610 434
412 801
294 235
179 316
262 800
127 395
114 403
Pourcentage de
changement
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