LE PIED DIABETIQUE

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LE PIED DIABETIQUE
LE PIED
DIABETIQUE
Expert: Dr Agnés VAIDIE
Animateur: Dr Pierre DUPONT
Marcelcave, le 11 avril 2006
E.P.U. PEGASE
Cas clinique n° 1
Madame C. PALPIED, 62 ans diabétique de type 2 vous consulte pour suivi de
son diabète.
Elle est en surpoids modéré (IMC=29kg/m2).
Sa TA est bien contrôlée < 13/8.
Son dernier bilan retrouve une HbA1c à 6.2%, un bilan lipidique dans les
objectifs et une fonction rénale conservée.
1) Vous décidez de lui examiner les pieds.
A quoi vous intéressez-vous plus particulièrement ?
• Recherche de déformations
• Recherche de signes de neuropathie
• Recherche de signes d’artérite
• Recherche de lésions
 Reconnaître les pieds à risque
2) Mme L est habituellement chaussée d’escarpins. Quels conseils de chaussage
lui dispenser vous ?
• Chaussures en matériau souple, adaptées au volume du pied, sans couture,
équipées de semelles antidérapantes, avec un talon de moins de 4 cm
suffisamment large
• Chaussettes ou bas obligatoires
• Pas de tongs, mules ou espadrilles…
• Achat des chaussures en fin de journée (œdème maximal)
3) A l’examen vous découvrez que Mme P. est à haut risque de développer un
trouble trophique. Quels conseils généraux lui dispenser vous ?
• Lavage quotidien des pieds suivi d’un séchage soigneux
• Hydratation sauf entre les orteils
• Examen soigneux quotidien des pieds
• Pas de marche pied nu même à la maison
• Coupe prudente des ongles
• Pas de coricide, Pas de chirurgie de salle de bain
• Changement quotidien des chaussettes
• Vérification de l’intérieur des chaussures avant leur mise
• CAT en cas de plaie
Le pied diabétique
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Cas clinique n° 2
Mr G. MALOPIED, agent de sécurité vous consulte en raison de l’apparition
d’une plaie du pied.
Il a en fait été chez son podologue; Ce dernier en ôtant l’hyperkératose a
dégagé une lésion.
Le diabète de Mr M est traité par biguanide et glitazone. La dernière HbA1c
est à 6.7
1) A quoi correspond cette lésion ? Comment apparaît-elle ?
= mal perforant plantaire
Lésion typique du diabétique atteint de neuropathie
La neuropathie
-
Troubles de la sensibilité tactile, thermique, algique et profonde les
traumatismes passent inaperçus
- Déficit moteur déformations, troubles de la statique du pied entraînant des
points d’appui anormaux
- Atteinte végétative à l’origine d’une sécheresse cutanée et de shunts
artério-veineux formation d’œdème, fragilisation de la peau et des os avec
fractures indolores, oestéonécroses
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2) Quels examens paracliniques faites vous réaliser ?
- Aucun
- Si la plaie devient traînante ou est ancienne  un bilan complet
vasculaire, biologique et radiologique devient indispensable assorti d’une
consultation spécialisée
3) Quelle(s) prescription(s) faites vous ?
- Soins locaux quotidiens par IDE avec par exemple un tulle
- Arrêt de travail
- Chaussure de décharge
Diabétiques, prenez vos pieds en main … vos
chaussures aussi
Soins locaux
- Soins locaux quotidiens des 2 pieds
- Soins d’hygiène +++ :
- toilette du pied
- Pas de bain de pied
- Détersion prudente (attention chez l’artéritique)
- Utilisation modérée des antiseptiques en cas de plaie chronique non infectée
- Choix du topique
- Changer le pansement tous les jours : le patient est diabétique !!!
- Éviter de changer trop souvent le type de produit appliqué
- Lequel ?
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plaies
Exsudat
important
Exsudat modéré
Plaies sèches
NOIRE =
nécrose
Alginate +/charbon
Hydrogel
(Hydrocolloïde)
Hydrogel
Hydrogel
Hydrogel
JAUNE =
détersion
Alginate
+/- Charbon
ROUGE =
Hydrocellulaire (Hydrocolloïde ) (Hydrocolloïde )
bourgeonnement +/-ALGINATE
Hydrogel
Interface
(Attention à l’hyper
Interface
Facteurs de
bourgeonnement)
croissance
ROSE
Hydrocellulaire (Hydrocolloïde)
Interface
Interface
Marcelcave 11/04/2006
Le pied diabétique
Attention aux BMR
•  Isolement de la lésion / Port de gants / Lavage des mains ou … /
Désinfection…
Prise en charge d’une plaie
=
M métabolique
I infection
D décharge
A artérite
S soins locaux
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Cas clinique n°3
Mr Ilo STAPH, 56 ans diabétique se présente en urgence, un soir, pour plaie
du 4ème orteil droit.
La plaie est apparue, il y a une semaine suite à un coup : Mr D a reçu une
bûche de bois sur le pied.
L’orteil est inflammatoire, douloureux. Il existe un écoulement de pus.
La température est notée à 38°3.
1) Quelle(s) prescriptions faites vous ?
- Mise sous ATB pour une infection des parties molles pour une durée de 10
jours (après prescription d’examen bactériologique)
- Soins quotidiens à domicile par IDE /Type soins bétadinés
- Arrêt de travail
- Décharge
- Nouvelle consultation pour surveiller l’évolution
2) Quels examens paracliniques faites vous réaliser ?
- Un prélèvement bactériologique
. Direct, culture, antibiogramme
. Attention ! Au type de prélèvement
- Un bilan inflammatoire avec notamment une CRP
- Une radiographie de pied
- Un bilan vasculaire
3) En fin de consultation, Mr D vous montre son carnet de surveillance. Les
glycémies oscillent entre 2 et 3 g/l. Que faites vous?
-Vérification de l’absence de retentissement clinique : Sd
polyuropolydipsique, AEG…
- Vérification de l’absence d’acétonurie
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- Majoration du traitement hypoglycémiant pour obtenir des glycémies
normales avec par exemple introduction d’une insulinothérapie vespérale
(insulatard, lévémir ou lantus)
4) Une semaine après, Mr D revient vous voir. Le diabète est en voie
d’équilibration. La lésion s’est nettement améliorée. Malheureusement, la
radiographie retrouve une ostéite de la 2ème phalange. Que faites vous ?
- Avis spécialisé précédé du bilan vasculaire
- Question : traiter pendant 6 semaines par une biantibiothérapie une ostéite
d’orteil ou envisager un geste chirurgical ?
L’infection
•
•
•
•
complique la prise en charge et aggrave le pronostic de la lésion
superficielle ou profonde vers structures sous cutanées, muscles, tendons,
articulations et os.
très souvent polymicrobienne et de diffusion rapide.
favorisée par le déséquilibre glycémique qu’elle aggrave.
Cliniquement :
- fièvre
- écoulement purulent
- douleur
- inflammation péri lésionnelle
- gangrène gazeuse
- déséquilibre glycémique
Biologiquement :
- NFS
- CRP
- Prélèvements bactériologiques
Traiter l’infection :
1/Infection aiguë cutanée « banale » d’une ulcération
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ATB en monothérapie, documentée si possible, pdt 10 jrs
Svt augmentin*, dalacine*, orbénine*
2/Surinfection « banale » d’une lésion associée à une dermite
Si streptocoque = erysipèle
ATB en monothérapie, documentée si possible, pdt 15 à 21 jrs
Svt augmentin*, dalacine*, orbénine*+/- aminosides si sepsis sévère
3/Infection des parties molles étendues et graves
. pdt 15 à 21 jrs
. Svt chirurgicale
. ATB empirique adaptée secondairement en fonction des résultats des
prélèvements
. Adaptée au terrain (ATCD d’hospitalisation avec risques de bactéries
multi résistantes)
4/ Infection osseuse ou ostéoarticulaire
parfois chirurgicale
ATB documentée en fonction des résultats des
prélèvements
pdt 6 semaines si ostéite aiguë
pdt 3 mois si ostéite chronique
Un prélèvement avant toute
antibiothérapie, c’est capital !!!
Méfier vous d’une plaie même minime
: le diabétique peut tout faire sur
tous les modes
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Cas clinique n°4
Mr Jean PUTE, 72 ans, diabétique insulinotraité en raison d’une insuffisance
rénale (clairance de la créatinine à 32ml/min) vous consulte pour une lésion du
4ème orteil droit, traînante, douloureuse.
1) Que pensez vous de cette lésion ?
Lésion nécrotique d’orteil chez un diabétique probablement porteur d’une
artérite
2) Quels examens paracliniques faites vous réaliser, si le patient refuse toute
hospitalisation ?
• Echo doppler artériel des MI en urgence
• +/- TcPO2
• Avis vasculaire secondairement
3) Mr P. est pris en charge en CCV. Il bénéficie d’un geste de revascularisation
et d’une amputation en transmétatarsienne. Vous le revoyez à distance,
l’amputation est parfaitement cicatrisée. Quel(s) examen(s) complémentaire(s )
prévoyez vous ?
• Un doppler des TSA
• Un dépistage de l’ischémie myocardique silencieuse
• Une consultation de rééducation fonctionnelle pour la réalisation de
chaussures orthopédiques
4) Quelles thérapeutiques sont désormais indispensables au patient?
• Traitement antiagrégant
• Statines
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•
Traitement hypoglycémiant adapté permettant le meilleure équilibre
glycémique possible
L’artérite
•
•
•
Fréquente, diffuse, distale chez le diabétique
D’évolution grave
Parfois indolore si neuropathie associée et donc révélée par des troubles
trophiques
1/Dépister l’artérite
• La clinique : aspect du pied, pouls périphériques…
• L’écho-doppler artériel des membres inférieurs
• La mesure de la TcPO2
• L’artériographie des membres inférieurs
2/Traiter l’artérite
Avis vasculaire pour :
- éventuel geste de revascularisation : pontage ou dilatation endovasculaire
- Ttt Vasodilatateur
- Ilomédine
Pensez aux TSA et au cœur !!!
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Que faire et ne pas faire
Conseils pratiques
Un certain nombre de conseils pratiques peuvent être donnés aux diabétiques ayant des
pieds à haut risque de plaie, pour maintenir leurs pieds en bon état.
La toilette des pieds
Elle doit être quotidienne, et respecter certaines conditions :
• Avec de l'eau tiède à 36-37° en contrôlant la température avec le coude et non la main qui a
tendance à sous-estimer la température (même chez les non diabétiques) et qui de plus peut
aussi avoir une sensibilité à la chaleur diminuée (chez les diabétiques). En cas de perception
erronée, l'utilisation d'un thermomètre de bain est recommandée. Une eau trop chaude peut
brûler la peau (sans douleur en cas d'atteinte des nerfs) ou favoriser la gangrène (en cas
d'atteinte des artères) même si la température de l'eau n'est trop élevée que de quelques
degrés.
• Avec un gant de toilette et un savon non irritant (le mieux est le savon de Marseille). Ne pas
utiliser brosses, gant de crin, et tous produits irritants ou agressifs. Ils peuvent entamer la peau
sans que vous vous en rendiez compte.
• Lavez tout le pied, sans oublier les espaces entre les orteils.
• Le bain de pieds ne doit pas durer plus de 5 minutes. Les bains de pieds de plus de 5
minutes ramollissent la peau saine et les callosités, facilitent la macération entre les orteils et
favorisent la pénétration des microbes de la peau dans les fissures et sous les callosités (=>
mal perforant).
• Rincez bien tout le pied dans une bassine d'eau propre, ou sous une douchette mais en
contrôlant bien la température de l'eau (la plupart des brûlures pendant la toilette proviennent
de l'utilisation d'une douchette non équipée d'un robinet thermostatique).
• Séchez bien tout le pied et particulièrement entre les orteils, avec une serviette ou même
un sèche-cheveux réglé sur air froid s'il n'y a que deux réglages possibles, ou sur air tiède s'il
y a plus de deux réglages possibles. L'absence de séchage soigneux entre les orteils est source
de macération et d'infection.
• N'utilisez pas de spray déodorant, ni de talc. Ils sont irritants pour la peau ou favorisent la
macération.
Comment examiner vos pieds
Après avoir lavé vos pieds, il faut les examiner : dessus, dessous et entre les orteils.
Pour cela, il faut être bien assis, disposer d'un bon éclairage, et si vous n'êtes plus très souple,
utiliser un miroir pour mieux voir la plante de vos pieds.
Le plus pratique est de prévoir un endroit réunissant les éléments nécessaires : par
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exemple, siège confortable près d'une commode sur laquelle est posée une lampe de chevet
munie d'une ampoule de 60 ou 75 w, et dans le tiroir de laquelle est rangé un miroir d'une
vingtaine de centimètres, de préférence grossissant et muni d'une lampe interne (miroir que
l'on utilise pour se raser la barbe).
Si votre vue n'est pas bonne, demandez à quelqu'un de regarder régulièrement vos pieds en lui
expliquant ce qui doit être recherché.
Que faut-il rechercher ?
• Des lésions entre les orteils, dues le plus souvent à des champignons (mycose) et favorisées
par la macération.
• Des callosités sous les pieds et des cors (durillons, «oeil de perdrix») sur les orteils. Ils sont
le résultat d'une compression ou d'un frottement de la peau contre la chaussure. Ils fragilisent
la peau et favorisent l'infection.
• Des fissures ou des crevasses dans les callosités ou les cors.
• Une plaie que vous n'avez pas sentie.
Les mycoses, les callosités et les plaies nécessitent des soins particuliers (voir paragraphes
suivants).
Si vous trouvez une petite plaie, examinez immédiatement vos chaussures à l'endroit
correspondant, à la recherche d'une cause de plaie.
Faites attention aux ongles
Des ongles trop longs, trop courts, ou mal coupés peuvent vous blesser et s'infecter.
• Coupez vos ongles avec des ciseaux à bout rond, ou avec un coupe-ongle, en restant à
distance de la peau. Les ongles doivent être assez longs pour protéger les orteils.
• N'utilisez jamais : ciseaux pointus, pinces coupantes en tout genre, lames de rasoir,
couteaux, limes métalliques... Ces objets peuvent vous blesser.
• Coupez le bord «au carré» mais arrondissez les angles de l'ongle avec une lime en
carton (éviter les limes métalliques qui peuvent vous blesser si vous appuyez trop fort).
• Si vous ne voyez pas bien, faites vous aider pour la coupe des ongles.
• Si vos ongles sont cassants, friables, épais, ou si leur pourtour est infecté, consultez votre
médecin.
Comment choisir de bonnes chaussures
Les chaussures du commerce suffisent le plus souvent, mais vous devez observer les
précautions suivantes :
• Achetez-les en fin de journée car c'est à ce moment que le pied a tendance à être le plus
«gonflé», et avec des chaussettes bien adaptées à votre pied et au type de chaussures que vous
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voulez acheter : chaussettes ou bas épais pour des chaussures d'hiver ou de marche,
chaussettes ou bas fins pour des chaussures de ville.
• Une bonne chaussure doit être souple et légère. Elle doit être en cuir sauf pour la semelle qui
doit être antidérapante et pas trop épaisse (il faut sentir le sol). Seule la semelle ne doit pas
être en cuir.
• Evitez les chaussures en matières synthétiques (genre chaussures de tennis) car elles
favorisent la transpiration et la macération, et n'ont habituellement pas une semelle assez
rigide pour bien maintenir le pied.
• L'avant de la chaussure doit être suffisamment large et haut pour que l'avant-pied ne soit ni
serré ni trop à l'aise.
• L'avant de la semelle doit être souple, mais la partie moyenne de la semelle doit être
suffisamment rigide pour ne pas se tordre lorsque l'on effectue une torsion entre entre l'avant
de la chaussure et le talon, ni s'enrouler lorsque l'on essaye de plier l'avant de la chaussure sur
le talon.
• Le talon doit être compris entre 20 et 25 mm pour les hommes et 30 à 50 mm pour les
femmes. L'absence de talon ou un talon trop haut déséquilibrent la marche.
• La partie enveloppant l'arrière du talon ne devrait idéalement pas comporter de couture
interne médiane, mais deux coutures latérales.
• De même, moins il y aura de coutures internes, mieux ce sera.
• Si vous avez des supports plantaires (semelles), il est nécessaire de les placer dans chaque
chaussure que vous essayez.
• Vous devez être «tout de suite bien dans vos chaussures». Il ne faut pas compter que la
chaussure se fera progressivement à votre pied lorsqu'elle sera moins neuve. Le plus souvent,
c'est votre pied qui va s'abîmer, et non la chaussure qui va se faire à votre pied.
• Au début ne gardez pas vos chaussures neuves plus de deux heures par jour. Les
chaussures doivent être «brisées» progressivement, sinon ce sont vos pieds qui seront blessés.
Après quelques jours, examinez attentivement vos pieds à la recherche d'une rougeur
témoignant d'un conflit entre le pied et la chaussure.
Un examen régulier des chaussures est indispensable
Vérifiez tous les jours l'intérieur des chaussures avec la main à la recherche d'aspérités, de
décollements du revêtement interne, d'une usure anormale du cuir, de corps étrangers... :
• avec la pulpe de l'index à l'intérieur de la chaussure, suivez le trajet des coutures et les
bords de la semelle interne,
• avec la pulpe des quatre doigts, «ratissez» le fond de la chaussure, mais aussi le toit de
l'avant-pied et la partie enveloppant l'arrière du talon.
Lorsqu'on a des pieds à risque de complications «il faut mettre la main dans sa chaussure
avant d'y mettre le pied» ;-)
Si vous avez des supports plantaires (semelles) :
• Ils doivent également être contrôlés régulièrement. Le cuir peut être endommagé par la
transpiration : il apparaît presque noir, très dur et craquelé.
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• La durée de vie d'un support plantaire porté tous les jours est en moyenne de 6 mois.
• Il faut sortir tous les soirs les supports plantaires des chaussures, pour qu'ils s'aèrent.
• Si leur surface est en cuir, il faut les enduire d'une très légère couche de crème transparente
une fois par mois (moins il y aura de crème mieux ce sera, mais il en faut quand même un
peu).
Un entretien régulier des chaussures est essentiel
• Cirez-les régulièrement pour nourrir le cuir et pour qu'il reste souple.
• Surveillez l'usure du talon. Normalement la pose du talon sur le sol se fait par le bord
postéro-externe du talon, et il est normal que le talon s'use progressivement à ce niveau. Par
contre, une usure du bord externe du talon témoigne souvent d'une altération de la statique du
pied (varus talonnier) de même qu'une usure trop postérieure ou postéro-interne (valgus
talonnier).
• Toutes déformations ou usures anormales d'une chaussure peuvent être la conséquence d'un
trouble de la statique du pied ou d'un trouble de la marche, et cette usure anormale contribue à
accentuer le trouble qui l'a provoquée. Si vous avez une paire de chaussures dans lesquelles
vous vous sentez bien, et qu'elles sont de qualité, il est le plus souvent possible de faire
ressemeler les parties usées, et c'est d'ailleurs souvent préférable plutôt que d'acheter une
nouvelle paire de chaussures de mauvaise qualité. Ne faites pas mettre de fers, ils
déséquilibrent la marche.
• Consultez votre médecin avec vos chaussures habituelles «de tous les jours» afin qu'il puisse
les examiner et confronter les constatations de l'examen de vos pieds avec les constatations de
l'examen de vos chaussures.
• Il est fortement conseillé d'avoir au moins deux paires de chaussures et d'alterner
chaque paire chaque jour :
. d'une part, pour les laisser reposer et s'aérer un jour sur deux,
. d'autre part, car cela permet d'alterner les points de pression de la voûte plantaire (=> évite le
mal perforant) ; cette alternance des points de pression est bien évidemment réalisée au mieux
si les deux paires de chaussures ne sont pas du même modèle.
Faites attention pendant les vacances
• Bien souvent «vacances» est synonyme de «pieds en danger».
• Même s'il fait chaud, il faut éviter le port de chaussures sans chaussettes. Il faut mettre des
chaussettes, et de préférence en coton ou en fil de lin qui exposent moins aux complications
de la transpiration que les chaussettes en matière synthétique (qui n'absorbent pas la
transpiration).
• A la plage, ne marchez jamais pieds nus, une simple égratignure peut s'infecter,
déséquilibrer votre diabète, et mettre des mois à cicatriser après le retour des vacances. Pour
éviter les plaies causées par les tessons de bouteille, les boîtes de conserves, les cailloux, les
clous et les épines... cachés dans le sable, il faut toujours protéger vos pieds par de légères
sandales. Le sable et l'eau salée sont agressifs pour la peau. Rincez et séchez fréquemment
vos pieds. En dehors de l'eau, il ne faut pas marcher longtemps avec des sandales en matière
plastique. Elles peuvent blesser la peau.
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• En montagne, pour éviter les ampoules, il est fortement conseillé d'enfiler deux paires de
chaussettes : une paire de chaussettes fines en coton et une paire de grosses chaussettes en
laine. En cas d'ampoule, il ne faut pas les percer. Une peau intacte est la meilleure défense
contre l'infection.
• Ne vous y prenez pas trop tard pour acheter une nouvelle paire de chaussures pour vos
vacances, surtout si ce sont des chaussures de marche. Elles doivent être portées un certain
temps avant vos vacances. Bien souvent, il vaut mieux avoir en vacances les chaussures dont
vous avez l'habitude, plutôt que de porter des chaussures neuves achetées au dernier moment,
qui risquent de vous blesser.
• Si vous transpirez beaucoup, il faut vous laver les pieds plusieurs fois par jour, bien les
sécher et changer de paire de chaussettes (pour éviter la macération).
• De façon générale, il faut également déconseiller le port, prolongé ou permanent, de
chaussures en matière synthétique (genre chaussures de tennis), en raison de la macération
qu'elles entraînent, avec risque d'érosion de la peau et de mycose.
Que faire si la peau est sèche
Si la peau est sèche (par suite d'une diminution de la sécrétion sudorale normale des pieds),
elle devient moins souple et il y a un risque d'apparition de fissures qui peuvent être le point
de départ d'une infection sous la peau.
• Utilisez une crème simple en application très fine, avec très peu de crème, en massant
légèrement (lanoline, vaseline simple ou crème à base d'eau de type cold cream).
• Attention :
- Mettez le moins de crème possible (moins il y aura de crème mieux ce sera, mais il en faut
quand même un peu).
- Ne mettez jamais de pommade entre ou sous les orteils, et n'utilisez jamais de talc ou toute
autre poudre, cela favoriserait une macération de la peau et le développement d'une mycose.
Que faire en cas de transpiration excessive
Si vous transpirez beaucoup, il faut éviter toute macération :
• Lavez vos pieds plusieurs fois par jour si besoin, et surtout séchez les bien en n'oubliant pas
entre et sous les orteils.
• Utilisez au moins une paire de chaussettes par jour.
• Examinez particulièrement les espaces entre les orteils, et sous les orteils, notamment dans
les plis plantaires des orteils déformés «en marteau», à la recherche d'une mycose.
• Evitez tout produit agressif ou allergisant : talc, poudres, spray, déodorants...
• Placez des semelles anti-transpiration dans vos chaussures (par exemple Semelles Sikoped
commercialisées par Tracy).
Que faire contre les mycoses
Les mycoses des pieds sont une infection superficielle de la peau dues à des champignons.
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Elles sont courantes lorsqu'il y a macération ou lorsque le pied n'a pas été bien séché après
lavage. Elles sont dangereuses parce qu'elles créent un point d'entrée pour l'infection sous la
peau.
Les mycoses sont plus fréquentes de nos jours à cause de l'utilisation de chaussettes et de bas
en matière synthétique que l'on lave à une température inférieure à celle nécessaire pour
détruire les spores de ces champignons.
Pour soigner les mycoses, il existe de nombreux produits, mais il faut éviter les pommades
(qui favorisent la macération) et préférer les aérosols de poudre qui ont l'avantage de pouvoir
être utilisés au niveau de la peau, mais aussi dans les chaussettes et dans les chaussures.
Pendant le traitement, il faut continuer à laver, rincer et sécher soigneusement la peau pour
éviter la macération. D'autre part, il faut laver les chaussettes à 60°, ou mieux à plus haute
température si le tissu le permet, afin de détruire les spores.
Pour éviter les mycoses, il faut :
• une bonne hygiène quotidienne, en veillant à bien sécher la peau entre et sous les orteils
après rinçage (éventuellement avec un sèche-cheveux réglé sur air froid ou tiède),
• lutter contre la transpiration et la macération,
• éviter les chaussettes en matière synthétique.
Gardez en mémoire qu'«un pli reste sain s'il reste sec».
Maintenir la peau aussi sèche que possible entre et sous les orteils est beaucoup plus efficace
que l'utilisation préventive quotidienne de crèmes, pommades ou poudre contre les mycoses.
Que faire en cas de pieds froids
Si vous avez les pieds froids, il faut faire très attention à la peau :
• Portez des chaussettes de laine (même au lit) et placez éventuellement des peaux de mouton
dans vos chaussures.
• Veillez bien à ce que les chaussettes ne comportent pas un ruban élastique qui va trop serrer
le mollet, et gêner la circulation du sang, sans entraîner de douleurs en cas de neuropathie.
Une chaussette doit tenir en place par sa surface de contact élastique avec la jambe, et non par
une zone élastique à l'extrémité de la chaussette.
• Ne marchez jamais pieds nus, même chez vous : utilisez des pantoufles ou des chaussures
d'intérieur légères, offrant une protection suffisante des orteils en cas de chute d'un objet sur le
pied.
• N'essayez jamais de vous réchauffer les pieds devant un radiateur, une cheminée, avec des
bouillottes, coussins, chaufferettes ou couvertures chauffantes.
Que faire en cas de callosités
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Il ne faut jamais négliger les callosités, parce que tôt ou tard elles conduisent à un mal
perforant qui n'aura aucune tendance à cicatriser.
Les callosités ont toujours une cause qu'il faut rechercher
• Atteinte des artères, ou surtout des nerfs (diminution de la sensibilité profonde),
• Mauvaise position du pied : pied plat, pied creux, orteil «en marteau», «en griffe»...
• Chaussure ou support plantaire mal adaptés ou détériorés (examinez vos chaussures avec la
vue et les doigts à l'endroit correspondant à la callosité).
Pour préciser cette cause, consultez votre médecin avec vos chaussures habituelles «de tous
les jours» afin qu'il puisse les examiner et confronter les constatations de l'examen de vos
pieds avec les constatations de l'examen de vos chaussures. Ce n'est qu'en traitant cette cause
que la callosité ne se reformera pas.
S'il n'y a pas de cause évidente liée à la chaussure, la prescription de supports plantaires de
décharge pour mieux répartir le poids du corps sur la voûte plantaire, peut être
nécessaire afin de limiter l'hyperpression qui favorise la callosité.
Attention, pour décharger la callosité, il faut charger une autre zone du pied avec risque de
créer une autre callosité. Dans les cas où les pieds sont très abîmés ou très fragiles, il peut être
indiqué de faire confectionner deux paires de supports plantaires avec des points d'appui
légèrement différents, à porter à tour de rôle chaque jour, comme pour les chaussures.
Il est absolument nécessaire de préciser au technicien qui fabriquera vos supports plantaires,
que vous êtes diabétique et quel est le degré d'insensibilité de vos pieds.
Chez les diabétiques :
• Les supports plantaires en matière plastique ou contenant du métal ne doivent pas être
utilisés.
• Le conseil habituel «Voilà vos supports plantaires, portez-les pendant quelques jours et
revenez me voir si cela vous fait mal» est une erreur professionnelle qui peut conduire
rapidement à une plaie étant donné la diminution de la sensibilité à la douleur.
• Après quelques jours, le technicien qui a fabriqué vos supports, ou votre médecin, doivent
examiner soigneusement vos pieds pour vérifier qu'il n'y a pas de conflit pied/chaussure et
notamment pas de point d'appui excessif.
Rappelez-vous que la durée de vie normale des supports plantaires portés tous les jours est en
moyenne de six mois. Les porter plus longtemps vous expose à l'apparition de nouvelles
callosités ou de plaies.
Les callosités doivent être soignées
La résolution du conflit pied/chaussure permet de réduire le risque de mal perforant mais ne
parvient souvent pas à empêcher l'apparition de toute callosité.
Dans les mains d'un spécialiste averti de l'insensibilité du pied du diabétique, les callosités
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Marcelcave le 11 avril 2006 16
Animateur : Dr Pierre DUPONT
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peuvent être meulées ou coupées avec précaution. Si une meuleuse électrique est utilisée, il
faut faire très attention à l'échauffement de la peau, tout particulièrement chez les diabétiques
dont la sensibilité des pieds est diminuée.
Le gros du travail doit être fait par quelqu'un de compétent, et le seul instrument que le
diabétique puisse utiliser lui-même est la pierre ponce pour éviter que la callosité se
reforme.
Dans tous les cas n'utilisez jamais vous-même des instruments pouvant vous blesser (lames de
rasoir, couteaux, ciseaux, râpes, meuleuse électrique...) ni de pommades coricides qui sont
très agressives.
N'utilisez pas non plus des bains de pieds prolongés pour ramollir les callosités. L'idée
apparemment correcte est cependant fausse. En effet, la plupart des callosités sous souvent
fissurées, et les bains de pieds prolongés créent une macération au fond de ces fissures, qui
favorise la pénétration en profondeur, dans les tissus sains, des microbes qui se trouvent dans
le fond de ces fissures.
Réduire très régulièrement l'épaisseur des callosités avec une pierre ponce est
fondamental pour prévenir l'apparition du mal perforant.
Il est de loin préférable d'utiliser la pierre ponce une fois par semaine, ou plusieurs fois par
semaine si cela est nécessaire, que d'aller tous les mois chez un pédicure.
Que faire en cas de plaie
Si vous avez une plaie, il faut la désinfecter, la protéger et consulter votre médecin.
• Désinfectez avec une compresse stérile et un produit antiseptique incolore (Hexomédine par
exemple).
• Ne mettez jamais de pommade, d'antibiotiques locaux, ni de produits colorés. Ils risquent
d'aggraver ou de masquer la plaie.
• L'alcool ne doit pas être utilisé car il est caustique et dessèche la peau.
• Faites un pansement sec avec une compresse stérile sèche maintenue avec un sparadrap en
papier. N'utilisez pas de sparadraps autocollants en matière plastique (type Urgo ou
Hansaplast). Ils favorisent la macération.
• Pour toute plaie du pied, même minime, consultez votre médecin.
• A propos : Etes-vous correctement vacciné contre le tétanos ? Le diabète ne contre-indique
absolument pas cette vaccination, bien au contraire. D'autre part, elle peut être réalisée en
même temps que la vaccination contre la grippe.
Pour toute plaie du pied, même minime,
consultez votre médecin
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Marcelcave le 11 avril 2006 17
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Derniers conseils
• Mis à part les cas de mal perforant plantaire en cours de traitement, la marche est
fortement conseillée, car elle améliore la circulation sanguine.
• Si vous ne voyez pas bien, si vous n'êtes pas assez souple pour laver vous-même vos pieds et
les examiner correctement, ou si la sensibilité de vos mains est également atteinte, faites-vous
aider par un de vos proches en lui expliquant bien ce qu'il doit voir et faire. Faites-lui
également lire ce document.
Disponible sur le site : www.diabsurf.com / le pied diabétique
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Marcelcave le 11 avril 2006 18
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Les clés de la prise en charge
soins locaux
Lutte contre
l’œdème
contrôle
Métabolique
apport nutritionnel
adéquat
décharge
Prise en charge
de la douleur
dépistage de l’artérite
dépistage de l’infection
Marcelcave 11/04/2006
Le pied diabétique
MESSAGES
• Diabétiques, prenez vos pieds en main…vos chaussures aussi.
• Il n’y a pas de petit diabète; tous sont concernés par le pied
diabétique.
• Un prélèvement avant toute antibiothérapie, c’est capital !!!
• Méfiez-vous d’une plaie même minime: le diabétique peut tout
faire sur tous les modes.
• Pied diabétique = Prévention et Prise en charge
pluridisciplinaire
• Mieux vaut prévenir que guérir…
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Marcelcave le 11 avril 2006 19
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POST-TEST
VRAI
1
Un pied déformé chez un patient diabétique est un pied à haut
risque
2 Un pied aminci, froid, sec,violacé, dépilé évoque une artérite
3
Un pied déformé, chaud, moite fait évoquer une neuropathie
4
La zone à explorer par le monofilament est préférentiellement
la voûte plantaire
Le diabétique peut porter tout type de chaussure
5
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10
11
ATCD de lésion d’un pied ayant duré + de 3 mois (ou pied de
Charcot) multiplie par 25 le risque de lésion grave du pied
Un bain de pied quotidien d’au moins 20 minutes est indiqué
chez le diabétique à haut risque
Un prélèvement bactériologique à l’écouvillon est suffisant pour
documenter toute infection du pied ?
Il faut, au mieux, prévenir sinon traiter l’ostéite par une
antibiothérapie adaptée, en association et pour une longue
durée.
Le bon contrôle métabolique et si besoin le recours à l’insuline
est nécessaire pour lutter au mieux contre l’infection.
L’artérite est parfois indolore chez le diabétique
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FAUX
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Marcelcave le 11 avril 2006 20
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