23/O2 22h19
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23/O2 22h19
#27 FÉVRIER 2014 Pleasure Pleasure 1982 Où placer le curseur entre ce qui est regardable et ce qui ne l’est pas dès lors que l’on vise à satisfaire la libido du spectateur ou de la spectatrice ? Question délicate. Surtout à la télé. Certains rétorqueront qu’il y a déjà des cases prévues à cet effet comme Le Journal du hard. Nonobstant, Mickrociné réagit et aborde le sujet à sa façon, spécifiquement cinématographique, avec Pleasure de la Suédoise Ninja Thyberg. Un court métrage au titre plus qu’éloquent, qui rend compte davantage en mots qu’en images des coulisses d’un tournage de film pornographique. Il n’empêche, il reste interdit aux moins de seize ans… Cette question du curseur est moins badine qu’elle en a l’air à l’heure où des débats biaisés et tendancieux ne cessent de bousculer notre société. Des débats qui n’hésitent pas agiter devant les médias le chiffon éculé de la dictature et à réclamer que soient réinstituées dans les écoles des valeurs à proprement parler réactionnaires, c’est-à-dire faisant retour à une morale préhistorique datant de l’ORTF. Fort heureusement, 1982, le court du Turc Yildiray Yildirim remet les pendules à l’heure en nous rappelant que la tyrannie est une peine-à-jouir et que, là, où il y a réellement une dictature, il n’y a définitivement pas de plaisir. FOCUS! Ninja Thyberg a un prénom qui lui va comme un gant. C’est une fille au caractère bien trempé et qui n’hésite pas à aller au devant de sujets qui fâchent. Il suffit de l’entendre : « J’ai choisi de consacrer ma vie au cinéma. C’est pour moi un moyen de parler des choses qui m’importent et qui sont souvent centrées sur des thèmes sensibles et tabous, liés aux stéréotypes tels qu’ils sont reproduits dans les films. » Le fait que Pleasure ait été sélectionné à Cannes dans le cadre de la Semaine de la Critique est sa plus grande surprise : « Je savais que, malgré son aspect fascinant, on pouvait trouver mon histoire détestable, des gens ayant quitté la salle pendant la première. Aussi, je n’en reviens pas que le milieu intellectuel cannois ait pu accepter ainsi un film explorant la pornographie hardcore. » Et, surprise supplémentaire, y décrocher un prix remis par Canal+ ! Pleasure / Ninja Thyberg 23/O2 22h19 Canal+Cinéma