agences de voyages - Veille info tourisme
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Agences de voyages AGENCES DE VOYAGES Par Marie-Françoise Delpal – direction du Tourisme EVOLUTIONS LEGISLATIVES ET REGLEMENTAIRES L’organisation de la vente de voyages et de séjours est régie par le titre Ier du Livre II du Code du tourisme Il comporte quatre régimes juridiques : la licence d'agent de voyages, l'agrément pour les associations, l'autorisation pour les organismes locaux de tourisme et l'habilitation pour les hébergeurs, transporteurs et gestionnaires d'activités de loisirs qui vendent des produits touristiques en plus de leurs propres prestations. Des éléments de contexte au niveau européen rendent nécessaire une réforme de la vente de voyages et de séjours.. Il s’agit notamment de la transposition de la directive 2006/123/CEE du Parlement européen et du conseil du 12 décembre 2006 relative aux services dans le marché intérieur qui doit intervenir avant la fin de l’année 2009 et impose des modifications significatives du droit de la vente de voyages en France et du projet de révision de la directive 90/314/CEE sur les voyages à forfait. Outre la suppression de l’exclusivité, la transposition de la directive services impose la suppression de l’intervention des commissions départementales d’action touristiques (CDAT) –chargées de donner un avis sur les demandes d’autorisation- partant du principe qu'un professionnel ne peut être juge et partie Les quatre régimes existants seront fusionnés en un seul régime administratif. Les professionnels qui se livrent ou apportent leur concours à des opérations consistant en l’organisation ou la vente de voyages ou de séjours devront être inscrits sur un registre public. Les dispositions relatives à la réforme de la vente de voyages et séjours ont intégré dans le projet de loi tourisme qui devrait être déposé sur le bureau de l’assemblée nationale début 2009. LES AGENCES DE VOYAGE EN LIGNE Internet est devenu un canal de distribution majeur, en particulier pour les vols secs et les forfaits entrée de gamme. La moitié des personnes qui s’informent sur le Web réservent aussi en ligne. Le taux de transformation s’améliore fortement grâce à la conjonction de deux phénomènes : des sites de plus en plus performants et une plus grande confiance dans les achats en ligne. Les sites des agences en ligne (pure players) sont plus utilisés en France que dans le reste de l’Europe où les sites des transporteurs représentent près de 70 % des transactions (Grande-Bretagne et Allemagne). Néanmoins les agences en ligne, françaises comme européennes, sont de plus en plus menacées : d’un côté par une multitude de nouveaux intermédiaires spécialisés par segments Tourisme de A à Z - Direction du Tourisme Agences de voyages (aérien, hôtellerie…) ou par destination, et, de l’autre par les sites Internet de leurs propres fournisseurs (transporteurs, chaînes hôtelières, tour-opérateurs…) qui vendent leur offre en direct, voire commercialisent des forfaits. Au niveau européen, la part de ces grandes agences en ligne (Expedia, Lastminute, Ebookers) est ainsi passée de 57 % à 38 % du marché entre 2004 et 2006. Depuis 2005, la part de la billetterie (vol sec) dans le chiffre d’affaires des grandes agences en ligne est passée de 90 à 70 %. Mais en 2007, la croissance de ces agences a été encore plus fortement tirée par la billetterie que par le développement des forfaits, forfaits sur lesquels les agences placent leurs espoirs d’atteindre un seuil de rentabilité acceptable. Pour effectuer des bénéfices, les grands distributeurs en ligne doivent jouer sur l’effet de volume et automatiser toujours plus leurs ventes de billetterie (vendre sans intervention autre qu’en ligne). Il s’agit surtout d’inciter l’internaute à remplir son « panier » électronique avec des offres plus rémunératrices pour les distributeurs. Le vol sec devient plus que jamais un produit d’appel, dans un contexte où le critère du prix reste déterminant dans le choix des internautes. Les agences accélèrent leurs stratégies de diversification (forfaits dynamiques) et de fidélisation-client. Elles développent, à l’instar des grands opérateurs mondiaux comme les réseaux d’agences traditionnelles, des stratégies « multi-canal », en ouvrant ou en s’associant avec des réseaux d’agences physiques, pour donner la possibilité à leurs clients de s’informer et d’acheter les prestations indifféremment via un site Internet, un call center ou en agence physique. Le développement d’offres en « marque blanche » constitue un autre mode croissant de commercialisation pour les agences en ligne, mais également pour d’autres acteurs tels les fournisseurs. Ces outils technologiques permettent – via un moteur de recherche - de « greffer » l’offre d’un prestataire sur le site d’un partenaire, bénéficiant ainsi de l’audience du site de ce partenaire. Les réseaux d’agences de voyages traditionnelles (Sélectour, Afat, Cediv..), mais également les sites des gestionnaires de destinations touristiques incorporent de façon croissante, ces marques blanches que leurs proposent des spécialistes tels que Expedia, Go Voyages, Opodo… Les agences en ligne concentrent leurs efforts sur l’amélioration de la qualité de la relation client, pour accroître leur taux de transformation (de visiteur en acheteur) qui serait de l’ordre de 1 % seulement. La Fédération du e-commerce et de la vente en ligne a publié les chiffres du marché au premier trimestre 2008 : pour le seul secteur des agences de voyages, le chiffre d'affaire est en hausse de 25%. En moyenne sur le 1er trimestre 2008, plus d'un internaute sur 4 (26,6% - soit en moyenne 7 252 000 visiteurs chaque mois) a consulté chaque mois au moins un des sites du « Top 5 » des agences de voyages en ligne. Tourisme de A à Z - Direction du Tourisme Agences de voyages L’audience des principaux sites de vente de voyages au 4e trimestre 2007 (sources : Médiamétrie NetRatings et Benchmark GrouP 6 avril 2007 ) hors compagnies aériennes à bas prix (low cost) Top 5 des sites des agences de voyages en ligne les plus visités en France au premier trimestre 2008 (source : TourMag, 15/05/08) Visiteurs uniques par mois, en millions * Voyages-sncf.com 5,0 Voyagessncf.com Lastminute.com 1,4 Lastminute.com Network Network Promovacances 1,1 Promovacances Expedia 1,3 Expedia Opodo 1,1 Nouvelle Frontières Visiteurs uniques par mois, en millions * 5,142 1,858 1,642 1,267 1,169 * Visiteurs uniques : le nombre total d’individus ayant visité une brand au moins une fois pour la période concernée. Les individus ayant visité la même brand plusieurs fois ne sont comptés qu’une seule fois. (Brand : agrégat de domaines, de sites uniques et/ou de pages rattachées à une même marque) ASPECTS JURIDIQUES DE LA VENTE EN LIGNE 1-Dispositions relatives au commerce électronique : Le commerce électronique est visé par le titre II de la loi n°2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance de l’économie numérique. L’article 15 II de cette loi codifiée à l’article L.21-20-3 du code de la consommation instaure une responsabilité de plein droit à la charge des commerçants électroniques : « le professionnel est responsable de plein droit à l’égard du consommateur de la bonne exécution des obligations résultant du contrat à distance, que ces obligations soient à exécuter par le professionnel qui a conclut ce contrat ou par d’autres prestataires de services, sans préjudice de son droit de recours contre ceux-ci. Toutefois, il peut s’exonérer de tout ou partie de sa responsabilité en apportant la preuve que l’inexécution ou la mauvaise exécution du contrat est imputable, soit au consommateur, soit au fait, imprévisible et insurmontable, d’un tiers au contrat, soit à un cas de force majeure». Les dispositions du code du commerce étant apparues comme insuffisantes pour sécuriser le commerce électronique, on a estimé qu’il était indispensable de renforcer la sécurité juridique de l’acheteur en posant le principe de la responsabilité de plein droit du vendeur en ligne, prenant comme référence le régime de la vente de voyages. DEFAILLANCES La suppression des commissions des compagnies aériennes en avril 2005 a instauré un nouveau modèle économique pour la profession. Depuis cette date, les transactions simples (la billetterie en France en particulier) ont basculé en partie sur Internet. Les agences réalisent en fait moins de transactions, mais elles sont plus complexes, avec un panier moyen plus important (billetterie loisirs ou affaires internationale). Le passage aux frais de service a obligé les agences à mieux définir la rentabilité de leurs activités, pour développer les plus profitables. Ainsi, le changement a poussé les agences Tourisme de A à Z - Direction du Tourisme Agences de voyages à développer la vente de produits annexes rémunérateurs (hôtels, locations de voiture, assurances…), par ailleurs synonymes de valeur ajoutée de l’agence vis-à-vis de ses clients. La croissance du marché "affaire "depuis 2004 a pu également pour partie rééquilibrer l’activité ; l’émergence sur ce segment des Self Booking Tools (SBT, outils de réservation directe pour les entreprises) a également obligé les agences de voyages a élargir leurs gammes de services et de conseil aux entreprises. Au total, il n’y a pas eu, comme certains pouvaient le craindre, de disparitions massives d’agences du fait de la commission zéro. Une plus grande transparence a également été introduite avec les clients. Le changement de rémunération est donc jugé positif par la plupart des distributeurs, qui appréhendent de façon plus sereine la baisse des commissions ferroviaires en cours. En effet, les tour-opérateurs envisagent également de supprimer le système de commission aux agences (prix nets), qui représenterait 10 % de leur chiffre d’affaires. Un scénario impliquerait un changement complet de modèle économique, avec la liberté laissée au revendeur de déterminer le prix de vente au client. L’APS (association professionnelle de solidarité), organisme de garantie financière a dégagé en 2007 un excédent net global de 380 022. Le fonds de garantie de l’association se consolide ainsi pour atteindre 5,9 millions d’euros en capitaux propres. Si le nombre de défaillances des professionnels du tourisme a reculé à 85 (contre 95 en 2006), le montant global des sinistres était toutefois en hausse atteignant 2,4 millions d’euros, contre 1,9 million d’euros en 2006. Parmi les défaillances enregistrées en 2007, 32 concernaient des entreprises encore adhérentes à l’APS au moment de leur liquidation. Parmi les plus coûteuses, on note celles des producteurs des groupes La Compagnie des métiers (577 000 €), Concept Voyages (500 000 €) et celle du distributeur Magellan Voyages des Mureaux (441 000 €). D’octobre 2007 en septembre 2008, les défaillances d’agences chez les adhérents de l’APS ont doublé par rapport à la même période l’année précédente. REGROUPEMENT DES AGENCES DE VOYAGES Pour faire face aux évolutions, le regroupement des agences de voyages indépendantes se poursuit : • Alliance T (Sélectour, Protravel, CWT, Tourcom Havas Voyages, et d’autres agences européennes) : volume d’affaires de 4 milliards d’euros en France, avec 1 300 agences ; • G4 Voyages (Thomas Cook, AEVA, Afat Voyages, Manor…), 4,5 milliards d’euros et 1 300 points de vente en France ) Ces regroupements s’accompagnent d’un mouvement de rationalisation de l’offre et de recherche de partenariats exclusifs avec les tours opérateurs ; ainsi que de la montée de la distribution directe (agences à l’enseigne d’un voyagiste, en franchise par exemple). Les agences indépendantes non regroupées (de 1 200 à 1 500 en 2005 selon les estimations), sont particulièrement exposées face à la montée en puissance des agences en ligne et des stratégies de vente directe des producteurs, surtout si ces agences n’ont pas de capacités fortes de différenciation. Tourisme de A à Z - Direction du Tourisme Agences de voyages Les agences intégrées (Kuoni, Fram, Nouvelles Frontières, Club Med) poursuivent de leur côté une extension lente mais continue. La grande distribution (E Leclerc Voyages et Voyages Carrefour principalement) est stabilisée à environ 5% de la distribution française. Elle a surtout développé les ventes de produits France et démocratisé certaines destinations « soleil » lointaines (République Dominicaine). PERSPECTIVES La direction du Tourisme ne dispose pas d’analyse comparative de l’attractivité des entreprises de voyage européennes et internationales. Dans le cadre de l’élaboration d’un tableau de bord de suivi de l’activité des agences de voyages, en liaison avec la profession, il est envisagé d’étudier le positionnement des entreprises françaises dans le contexte international. D’ores et déjà cependant, on peut évoquer plusieurs changements structurels qui vont bouleverser l’approche économique du métier de producteur et de distributeur de voyages: Selon l’étude « Les mutations et restructurations des opérateurs français du voyage » réalisée par Eurostaf pour la direction du Tourisme (juillet 2008), les distributeurs de voyages doivent faire face à un défi d’expertise important, le client étant de plus en plus à la recherche d’informations sur des destinations insolites ou des circuits spécialisés (culturels, sportifs, etc.). Le développement généralisé d’Internet représente un enjeu crucial pour les agences physiques, car il touche principalement la clientèle la plus rentable. Pour continuer de la capter, les agences physiques vont devoir adopter un mode bi-canal, tant pour la diffusion d’informations que pour l’acte de vente. La convergence des métiers et le développement des technologies ont modifié le processus de distribution, la valeur ajoutée pour le client se déplaçant vers le conseil et le suivi. Or, rémunérer ces services n’est pas aisé, surtout quand, comme mentionné précédemment, l’industrie touristique s’ancre dans l’univers Web 2.0. La distribution de voyages s’oriente ainsi vers un modèle de plus en plus immatériel, se traduisant par une valorisation incorporelle. Cette évolution nécessite une réflexion quant aux nouveaux modes de financement : création d’outils de conseil et suivi innovants (conseil juridique, production multimédia tant pour le conseil que pour l’accompagnement du client en voyage — développement de fonctionnalités Internet mobile —…), régies publicitaires pour financer les sites Internet et les contenus multimédia, etc. Tourisme de A à Z - Direction du Tourisme