CancerOfficine® 2014 Compte-rendu du congrès mondial
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CancerOfficine® 2014 Compte-rendu du congrès mondial
Congrès J Pharm Clin 2014 ; 33 (3) : 143-69 CancerOfficine® 2014 Compte-rendu du congrès mondial de cancérologie, par des officinaux pour des officinaux® Chicago, 30 mai-3 juin 2014 Jérôme Sicard 1,2,3 , Fabrice Veron 4 , Vincent Launay-Vacher 2,5 , Jean-Baptiste Rey 1,2,6 1 Association francophone pour les foins oncologiques de support (Afsos), Groupe de travail spécifique : thérapeutiques (GTS Thérapeutiques), Paris, France 2 Européenne de formation pour les pharmaciens : officine et oncologie (EFPO ), Paris, France 2 3 Pharmacie principale Sicard, Châlons en Champagne, France <[email protected]> 4 Pharmacie du Rouret, Le Rouret, France 5 Service Icar, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris, France 6 Département de pharmacie, Institut Jean Godinot, Reims, France Éditorial Après les deux premières éditions de ce compte-rendu par des pharmaciens d’officine, pour des pharmaciens d’officine, nous sommes heureux de vous présenter le troisième volet de ce CancerOfficine®. Alors que le premier numéro de cette saga fut « expérimental » dans l’idée que nous nous en faisions, le Grand prix reçu du Syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé nous avait poussé à renouveler l’expérience l’an dernier. La croissance constante des taux de lecture constatés, nous a poussé à rendre ce rendez-vous incontournable et à nous lancer dans la 3e édition de ce compte-rendu du congrès américain de cancérologie, la grand-messe mondiale des actualités en la matière. Nous espérons que ce nouveau « numéro » répondra toujours aussi bien à vos attentes et que vous saurez y trouver toutes les informations nécessaires à votre pratique quotidienne, mais aussi qu’il sera utile à votre formation, dans le cadre du DPC. La formation continue passe évidemment par ce type de documents, mais aussi par la formation à distance, communément appelée aujourd’hui le e-learning. Avec notre partenaire, In Vivo Veritas, nous vous proposons régulièrement des modules adaptés à votre pratique, qu’il s’agisse de formations « complètes » nécessitant de prendre un peu de temps ou de ce que l’on appelle, dans le jargon, des « flash learning », modules destinés à retrouver une information en 5 minutes environ. N’hésitez pas à consulter le catalogue d’offre de formation sur HYPERLINK “http://www.invivoveritas.fr” \t ”_blank” www.invivoveritas.fr. En attendant, nous vous souhaitons une agréable lecture ! 2014, une année exceptionnelle pour les organisateurs puisqu’il s’agit du 50e anniversaire du congrès de l’American society of clinical oncology (Asco). Ainsi, nous avons eu droit à un ensemble de rétrospectives couvrant un demi-siècle de progrès en oncologie sur les principales tumeurs. Cette édition n’a pas failli à ses habitudes avec un nombre impressionnant de communications parmi lesquelles une présence conséquente de la communauté scientifique française (plus de 400 communications présentées), ce qui place la France en 2e position après les US. Cela montre le dynamisme de la recherche clinique dans notre pays depuis plusieurs années. Comme pour l’année précédente, nous avons noté un niveau accru de technicité pour les molécules en développement, qui intègrent de plus en plus de génomique et d’immunologie afin de personnaliser chaque étape de la prise en charge thérapeutique du patient. De grandes tendances se dessinent pour les prochaines années. Ainsi, de nouvelles stratégies de dépistage pour des populations à risque émergent en marge des programmes de dépistage généralisés de quelques tumeurs dans certaines tranches d’âge. Des chercheurs se focalisent de plus en plus sur les stades très précoces de développement cellulaire qui mènent aux cancers avec l’objectif d’utiliser les molécules disponibles très en amont. Alors que de nombreux cancers apparaissaient, il y a quelques années encore, relativement homogènes, voilà Pour citer cet article : Sicard J, Veron F, Launay-Vacher V, Rey JB. CancerOfficine® 2014 Compte-rendu du congrès mondial de cancérologie, par des officinaux pour des officinaux® Chicago, 30 mai-3 juin 2014. J Pharm Clin 2014 ; 33(3) : 143-69 doi:10.1684/jpc.2014.0287 143 J. Sicard, et al. que grâce à la biologie moléculaire, au sein même d’une localisation tumorale, les chercheurs arrivent à définir un nombre croissant de sous-types génétiquement différents. Ces sous-types de cancer ne répondent pas de la même manière aux traitements. C’est le cas notamment, dans les cancers du poumon, du digestif et de la peau. Ainsi, afin d’être le plus efficace possible avec des thérapeutiques qui ont un coût important pour la société, l’objectif est de définir des critères prédictifs de réponse ou de non-réponse les plus précoces possibles pour éviter des impasses thérapeutiques coûteuses. Autre aspect en pleine évolution, il s’agit des critères d’efficacité permettant d’évaluer la réponse aux traitements dans les essais cliniques. On s’aperçoit qu’avec l’avènement de molécules issues de l’immunothérapie, les critères standards utilisés jusqu’à présent ne permettent plus une analyse pertinente et une évaluation de l’efficacité de ces molécules. Il faut donc s’accorder sur de nouveaux critères de jugement. Enfin, comme chaque année, la biologie fondamentale et le développement de nouvelles molécules évoluent conjointement avec, en fonction des localisations tumorales, des percées du fondamental permettant de découvrir de nouvelles cibles moléculaires pour lesquelles de nouvelles thérapeutiques apparaîtront dans un proche futur ou bien une profusion de molécules en essais cliniques avec des résultats plus ou moins prometteurs ou bien encore des résultats cliniques décevants sans alternative en attendant que la biologie identifie de nouvelles cibles. Désormais, fréquemment, les essais cliniques de molécules en développement n’arrivent plus à atteindre les critères d’efficacité pour de grandes populations de malades hétérogènes. Par contre, des résultats très prometteurs sont atteints pour des sous-groupes de patients présentant des tumeurs avec des caractéristiques bien particulières. C’est un des challenges de la recherche clinique actuelle. Pour nous, pharmaciens d’officine, les données issues d’un tel congrès sont importantes, non pas dans le détail, mais dans ce qu’elles apportent en terme de vision globale de la prise en charge thérapeutique du cancer. Nous y sommes impliqués quotidiennement, notamment dans la délivrance des traitements et nous avons la possibilité de transmettre dans une certaine mesure cette vision globale à nos équipes, aux professionnels (de santé ou autres), aux patients et aux aidants. C’est en ce sens que nous vous invitons à découvrir les temps forts de cette 50e édition 2014. Thrombose et cancer : notre rôle mieux défini Les liens entre thrombose et cancer sont connus depuis la fin du XIXe siècle. C’est un sujet d’importance qui a donné 144 lieu à de nombreuses communications au cours de cet Asco car les thromboses veineuses profondes (phlébites) et les embolies pulmonaires (EP) représentent la 2e cause de décès chez les personnes atteintes d’un cancer. Les études qui ont été présentées, nous apportent des informations dans différents domaines de la thrombose comme le coût de la prise en charge hospitalière, l’intérêt de la thromboprophylaxie, l’épidémiologie de la thrombose en milieu ambulatoire et les facteurs prédictifs de risque de thrombose. C. E. Steuer et al. Predictors and outcomes of venous thromboembolism (VTE) in hospitalized lung cancer patients: a nationwide inpatient sample (NIS) database analysis. Abst e17632. I. Borget et al. The cost of thromboembolic events in French hospitalized patients with breast or prostate cancer. Abst 6553. Ces deux analyses rétrospectives, dont l’une française, mettent en exergue le surcoût engendré par la prise en charge des incidents thromboemboliques en milieu hospitalier. C.E. Steuer nous rappelle que les patients qui présentent des évènements thromboemboliques ont significativement un taux de mortalité plus élevé, plus de comorbidités, une durée d’hospitalisation plus longue et par conséquent ont un coût plus important. Cette analyse chez des patients atteints de cancer du poumon est retrouvée dans le cancer du sein et de la prostate avec un suivi de 2 268 patients sur 2 ans par I. Borget et al. Même conclusion avec un coût important lié à la prise en charge d’un premier évènement thromboembolique mais également un surcoût lorsqu’une récidive intervient. L’estimation du coût de prise en charge sur 2 ans des incidents thromboemboliques dans ces deux localisations tumorales sur la base des données d’activité hospitalière française (base PMSI) est supérieure à 3 millions d’euros. Les recommandations existent. Cependant, en 2010, l’étude CARMEN a montré que 58 % des patients français atteint de thrombose et cancer étaient traités selon les recommandations. En 2011, l’étude ENDORSE a montré que 55 % de patients français atteint de cancer et à risque de thrombose ont reçu un traitement prophylactique. Le chemin est encore long pour une prise en charge optimale. Comme bien d’autres communications, ces deux abstracts mettent en évidence l’importance d’identifier les populations à risque de thrombose afin d’en diminuer l’incidence. Pour cela il existe un score (Score de Khorana – Khorana et al. Blood 2008) permettant d’évaluer le risque de thrombose chez un patient atteint de cancer avant la mise sous chimiothérapie. Ce score tient compte de 7 critères, en particulier l’IMC, le taux d’Hb, les plaquettes et leucocytes, la prise d’EPO et la localisation tumorale. À partir du calcul du score, on classifie les patients entre bas risque J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 Congrès (0,3 % de risque), risque modéré (2 % de risque) et haut risque (6,7 % de risque). C. Cella et al. Risk factors for cancer-related venous thromboembolism in ambulatory patients. Abst e20625. Une équipe italienne a publié un abstract sur le sujet. Il s’agit d’une étude observationnelle, prospective incluant 544 patients suivis en ambulatoire atteints de diverses tumeurs solides. 51 % des patients étaient de bas risque, 44 % en risque intermédiaire et 6 % en haut risque. Les résultats confirment le caractère prédictif du score de Khorana sur cette population en identifiant d’autres facteurs (pour certains déjà connus) permettant de l’affiner : – antécédents d’évènements thromboemboliques, – œdèmes aux extrémités, – compression tumorale veineuse/lymphatique, – maladie métastatique, – acte chirurgical dans les 6 derniers mois. S. Barni et al. Survival benefit with low-molecularweight heparin in patients with advanced solid tumors: a post hoc analysis of PROTECHT trial. Abst 9640. Autres sujets d’intérêt dans le domaine de la thrombose et cancer, il s’agit d’évaluer si les héparines de bas poids moléculaire (HBPM) ont une activité anti-néoplasique en tant que telle. Plusieurs études ont déjà été publiées avec des résultats controversés en termes de bénéfice sur la survie globale. Cette équipe italienne a réalisé une analyse en post hoc (c’est-à-dire réalisée après que les résultats de l’étude PROTECHT aient été publiés) pour évaluer l’impact sur la survie globale d’une HBPM (nadroparine - Fraxiparine®) versus placebo chez des patients avec un cancer localement avancé ou métastatique. De nouveau, les résultats ne sont pas convaincants avec un trop faible échantillon et une analyse statistique discutable. À la rencontre de deux experts de la thrombose et cancer pour un échange engagé Une récente enquête déclarative, réalisée auprès des pharmaciens de la région Champagne-Ardenne (publication en cours – Journal de pharmacie clinique) montre qu’environ 30 % des patients atteints de cancer qui se présentent à l’officine, sont également pris en charge pour une maladie thromboembolique veineuse. Cette prise en charge est encadrée par des recommandations. Quoi de mieux que de profiter de notre voyage à Chicago pour rencontrer deux experts dans le domaine ! Quand vous mettez autour d’une table deux spécialistes de la thrombose (Pr. Ismail Elalamy – Hématologue J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 – Tenon – Paris et le Dr. Francis Cajfinger – Président du Groupe Francophone Thrombose et Cancer (GFTC – http://www.thrombose-cancer.com), Oncologue – PitiéSalpétrière – Paris) avec deux pharmaciens d’officine, la discussion peut facilement s’envoler sur les contributions respectives et interactives au service d’un parcours de soins plus sécurisé du patient cancéreux. Voici le contenu de nos échanges animés. Pourquoi une telle incidence de la maladie thromboembolique ? 15 à 20 % des personnes atteintes de cancer auront un évènement thromboembolique au cours de leur prise en charge lié à différents facteurs qui potentialisent le risque : – La chirurgie, – Le cathéter central, – Le cancer lui-même, – L’activité de la maladie (notamment en phase métastatique), – Les traitements comme la chimiothérapie ou l’hormonothérapie. Autant de facteurs qui rendent la prise en charge nécessaire. Pour cela, de nombreuses recommandations (inter)nationales existent et notamment celles de l’Afsos (www.afsos.fr). Quelles sont les recommandations dans le cadre du traitement d’une maladie thromboembolique ? Durant les 10 jours qui suivent un accident thromboembolique, toutes les molécules sont recommandées à savoir les HBPM, les héparines non fractionnées (HNF) et le fondaparinux (Arixtra®) Ensuite, il est recommandé de poursuivre le traitement par une HBPM (sauf si contre-indication). En France, deux molécules ont une AMM dans cette indication : – Tinzaparine sodique : Innohep® – Daltéparine sodique : Fragmine® La durée de traitement recommandée est de 3 à 6 mois et elle sera prolongée tant que la maladie est jugée « active » ou bien si traitement par chimiothérapie. Pourquoi seules ces deux HBPM sont indiquées ? Tout simplement parce que dans les essais cliniques, elles ont montré leur supériorité par rapport au fondaparinux, aux AVK et aux HNF. Quel rôle doit avoir le pharmacien d’officine lors de la délivrance d’une prescription d’HBPM ? Le tout premier rôle que l’on attend du pharmacien est la sécurisation de la dispensation. En quelque sorte, avoir un 145 J. Sicard, et al. rôle de pharmacien « profiler ». Pour cela il faut vérifier cette dispensation sur la base d’une check list : – Dose Dalteparine sodique : 200 UI/kg pendant 1 mois puis 150 UI/kg pendant 2 à 5 mois Tinzaparine sodique : 175 UI/kg – Durée de traitement 3 à 6 mois voire plus si la maladie est « active » ou si traitement par chimiothérapie. – Le contexte de prescription – Le choix de la molécule Pour ces deux aspects, il est clair que la position du pharmacien d’officine est principalement dans la déduction à partir des éléments de l’ordonnance, de l’historique de traitement et des échanges avec le patient ou l’aidant. L’objectif pour le pharmacien est de contrôler l’absence d’aberration dans la prescription. Néanmoins, c’est à l’officinal de ne pas hésiter à contacter le médecin spécialiste à la moindre interrogation par rapport à ces différents éléments qui constituent votre check list. Dans pharmacien, il y a « phare », celui qui rassure et qui avertit. En effet, le Pr Ismail Elalamy insiste sur l’importance de rassurer le patient sur l’intérêt de la bonne prise du traitement sur une longue période. Un pharmacien convaincu, c’est un patient convaincu. • Rôle actif dans l’optimisation thérapeutique. • Rôle dans les domaines de la pharmacocinétique et la pharmacodynamie avec la vérification de l’absence d’interactions médicamenteuses. • Rôle dans la compréhension du traitement par le patient. Ne pas oublier que le malade concerné est une personne fragile atteint d’une maladie « chronique » et qui a des organes « fatigués ». • Importance de demander le protocole de traitement du patient. Le pharmacien est un partenaire de santé. Il doit se positionner ainsi vis-à-vis des autres professionnels. Il fait partie d’un puzzle, « la bonne pièce, la bonne taille au bon endroit » avec une vision « hors-mur » par rapport à son officine. Il doit renforcer le conseil vis-à-vis des partenaires notamment sur les interactions et la gestion des effets indésirables. Pour jouer pleinement son rôle, le pharmacien doit être un éducateur informé et par conséquent bien formé. Impact sur l’observance : – Suivi des renouvellements (notamment la fréquence), – Réassurance sur l’intérêt du traitement, – Importance du duo avec les infirmières notamment par rapport aux bonnes pratiques d’injection, Rotation des points d’injection Temps d’injection de 60 s et non de 3 secondes Injection à 90◦ et non en tangentiel Bien insister sur le fait qu’il n’y a pas d’obstacle aux HBPM 146 Pas d’heure précise d’injection mais toujours au même moment, tous les jours Le traitement par HBPM est incontournable pendant quelques mois. Il n’y a pas de possibilité de substitution. Si un switch vers AVK est nécessaire, il ne doit être réalisé que par le médecin spécialiste. Au final, la vision du pharmacien d’officine par Ismail et Francis reprend largement les missions « régaliennes » de l’officinal et pourrait être transposée facilement, à d’autres maladies chroniques. Nous avons abordé le traitement curatif des évènements thromboemboliques, nombreuses sont les communications sur la prévention des patients à risque. Qu’en est-il de la thromboprophylaxie ? On peut utiliser un score prédictif, le score de « Khorana » qui a le mérite d’exister. Cependant, il n’y a pas d’AMM sauf cas très particulier : – Post chirurgie lourde pendant 1 mois (avis d’expert), – Myélome. Les recommandations de janvier 2013 de l’ISTH proposent également deux autres indications : – Cancer du poumon localement avancé à métastatique, – Cancer du pancréas localement avancé à métastatique. Les HBPM ont-elles une efficacité propre anti-néoplasique ? Il n’y a aucune évidence clinique Quelle est la place de la tinzaparine (Innohep®) ? L’Innohep® fait partie des deux molécules avec l’AMM dans le cancer. L’intérêt réside dans l’absence de modification de doses après le premier mois de traitement. Quelles sont les contre-indications des HBPM ? Il existe principalement deux CI majeures aux HBPM : – L’insuffisance rénale sévère soit un débit de filtration glomérulaire (DFG) < 30 mL/min, – L’allergie aux HBPM. Quelle utilisation dans le cadre des soins palliatifs ? Dans ce cadre particulier de la fin de vie, nous recherchons la non-souffrance physique et psychologique. Il faut « Parler juste, Voir juste, Prescrire juste ». Nous tenons à remercier le Pr Ismail Elalamy et le Dr Francis Cajfinger pour le temps qu’ils nous ont consacré et leur implication dans cet entretien. Leur regard sur notre rôle de pharmacien est très rassurant, ce qui doit J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 Congrès renforcer nos efforts pour créer des partenariats avec les autres professionnels de santé. Espérons que ce premier échange débouchera sur des actions communes. En pratique pour l’officinal Comme pour nombre de sujets, l’amélioration de nos pratiques passe d’abord par une meilleure connaissance des recommandations sur la thématique en question. Vous pouvez trouver les recommandations sur le site de l’Institut national du cancer (www.e-cancer.fr) ou bien sur le site de l’Afsos (www.afsos.fr). Elles sont didactiques avec des arbres décisionnels ce qui permet d’être facilement compréhensible pour une profession généraliste comme la nôtre. De plus, une série d’enquêtes sont menées à travers toute la France (notamment via les URPS en partenariat avec le laboratoire Léo) avec deux objectifs : effectuer un état des lieux puis former les pharmaciens d’officine à une bonne prise en charge par des échanges ville-hôpital. Par exemple, en ChampagneArdenne, les résultats de l’enquête donnent lieu à une publication et à des communications lors de congrès (inter)nationaux sur les soins de support et sur les soins palliatifs. Autre particularité de notre profession, afin d’appréhender le parcours thérapeutique du patient et en l’absence d’information sur son dossier médical personnel (pathologie), l’équipe officinale s’adapte et fonctionne très souvent sur un mode déductif. Ainsi, notre réflexion peut ressembler à l’assemblage d’un puzzle en tenant compte des interactions que nous avons avec le patient ou l’aidant au fil du temps et de l’historique des dispensations sur les dernières années dont nous disposons dans nos « disques durs ». C’est d’ailleurs un excellent exercice de formation pour les étudiants et d’entraînement pour les professionnels que de reconstituer la chronologie des événements pour un patient à partir des données d’un historique de délivrance. Une sorte de « Retour vers le futur ». Pour vous aider à une prise en charge optimale, nous vous proposons d’alimenter une fiche-patient que vous pouvez ajouter à son dossier, dans laquelle on résume en quelques points l’évolution du patient au fil du temps. Elle est adaptable notamment sur le choix des items et peut être utilisée à la fréquence voulue (figure 1). En bref, 10 ans de tamoxifène et cancer du sein : un an après aTTom ASCO panel expert: ASCO guideline update recommends tamoxifen for up to ten years for women with non-metastatic hormone receptor positive breast cancer. 2014. J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 Patient X Délivr 1 Délivr 2 Délivr 3 Délivr 4 Délivr 5 Données de base Dose Durée Indication Molécules Réassurance maladie/médicament Effets secondaires “attendus” Thromboses Cutanés Buccaux Fatigue Douleurs musculosquelettiques Dénutrition Interaction médicamenteuses Millepertuis Amphotéricine B Soins de support EPO/G-CSF Médecine complémentaire et/ou alternative Adaption de dose / fonction rénale Observance Figure 1. Proposition de fiche officinale de suivi d’une personne atteinte de cancer. Dans le CancerOfficine® 2013, nous vous avions relaté les données de l’étude aTTom (UK) présentées par R. G. Gray. “aTTom : long-term effects of continuing adjuvant tamoxifen to 10 years versus stopping at 5 years in 6,953 women with early breast cancer.” Pour rappel, les données de l’étude ont montré la supériorité d’une stratégie de traitement en situation adjuvante par tamoxifène sur une durée totale de 10 ans. Néanmoins, les résultats prêtaient à discussion puisque la supériorité en terme de survie globale n’étaient atteinte qu’en poolant les résultats d’aTTom avec la partie internationale de l’étude (appelée ATLAS). L’ensemble des données disponibles ont permis à un panel d’expert de l’Asco de réactualiser les recommandations de prise en charge des patientes atteintes d’un cancer du sein non métastatique (Stades I à III) avec des récepteurs hormonaux positifs. 60 à 75 % des femmes atteintes d’un cancer du sein ont des récepteurs estrogéniques positifs (ER+) et 65 % sont également récepteurs progestatifs positifs (PR+). Ces patientes sont éligibles à une hormonothérapie par tamoxifène (Nolvadex®) ou bien par inhibiteurs de l’aromatase (IA) (Arimidex®–anastrozole/ Femara®–letrozole/Aromasine®-exemestane) en fonction, notamment de leur statut ménopausique. Recommandations Asco 2014 Chez la femme en pré/péri-ménopause, un traitement par 5 ans de tamoxifène est recommandé. Puis, en fonction 147 J. Sicard, et al. du statut ménopausique, soit la patiente poursuit un traitement par tamoxifène 5 ans de plus (pré-ménopause), soit elle bénéficie d’un traitement de 5 années par inhibiteur de l’aromatase (post-ménopause) pour un total de 10 ans d’hormonothérapie (figures 2 et 3). Chez la femme post-ménopausée, plusieurs options sont possibles en fonction du patient (observance, effets secondaires, contre-indications. . .) : – TAM 10 ans (Total 10 ans), – IA 5 ans (Total 5 ans), – TAM 5 ans - > IA 5 ans (Total 10 ans), – TAM 2-3 ans - > IA 5 ans (Total 7-8 ans). Chez la femme post-ménopausée et intolérante au TAM ou à l’IA : – IA moins de 5 ans - > TAM 5 ans (Total 5-9 ans), – TAM 2-3 ans - > IA 5 ans (Total 7-8 ans). C. Wu et al. Identification of patients with hormone receptor-positive breast cancer who need adjuvant tamoxifen therapy for more than 5 years. Abst 539. Une autre étude réalisée par une équipe taïwanaise a évalué quelles populations de femmes atteintes d’un cancer du sein non métastatique pouvaient bénéficier d’un traitement par tamoxifène pour une durée supérieure à 5 ans. L’étude porte sur une analyse rétrospective d’une cohorte de 1 104 patientes suivies dans un établissement. La population de patientes < 40 ans et celles qui ont un envahissement ganglionnaire, ont un risque de progression de la maladie et une survie globale significativement inférieures et par conséquent, devraient bénéficier d’un traitement par tamoxifène pour une durée supérieure à 5 ans. E. Lee et al. Characteristics of recurrence after completing adjuvant tamoxifen therapy for 5 years : retrospective analysis. Abst e11507. Non-ménopausée Tamoxifène 5 ans Tamoxifène 5 ans * IA : inhibituers de I’aromatase IA 5 ans Ménopausée 10 ans Figure 2. Stratégies d’hormonothérapie chez la patiente en situation pré/périménopausée RH+. 148 Tamoxifène 10 ans Inhibituer Aromatase 5 ans TAM 5 ans TAM 2-3 ans Inhibituer Aromatase 5 ans Inhibituer Aromatase 5 ans Figure 3. Stratégies d’hormonothérapie chez la patiente ménopausée RH+. Cette analyse coréenne sur 1 633 patients conclut sur l’importance de poursuivre un traitement par tamoxifène pour une durée supérieure à 5 ans chez les patientes surexprimant les récepteurs HER 2. Pour mémoire, HER2 est une protéine naturellement présente dans l’organisme. Il s’agit d’un récepteur transmembranaire impliqué dans la régulation de la prolifération cellulaire. Quand une cellule devient cancéreuse, il peut arriver que le nombre de récepteurs HER2 présents à sa surface augmente anormalement. Cette augmentation favorise la croissance des cellules cancéreuses. On dit alors que ces cellules « surexpriment » HER2 ou qu’elles sont HER2 positives. Ces études essaient d’identifier des sous-populations de patientes chez qui la question du tamoxifène au-delà de 5 ans peut se poser nonobstant tous les autres facteurs à prendre en compte pour une telle prescription (cf. CancerOfficine® 2013). À ce jour, en France, il n’y a pas de recommandations concernant l’utilisation du tamoxifène au-delà de 5 ans. Nouvelle technologie d’information et l’oncologie : ne pas louper le train. . . A. Girault et al. Current use and attitudes toward the use of information technologies in health care among cancer patients. Abst e20652. En juin 2013, une enquête auprès des patients de 7 départements de l’Institut Gustave Roussy a été réalisée avec l’objectif d’évaluer les outils d’informations les plus pertinents permettant d’améliorer le parcours de soins coordonné entre patients, établissements et professionnels de ville. 85 % des patients interrogés ont participé à l’enquête. 71 % utilisent un téléphone portable chaque jour et J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 Congrès 68 % se connectent à internet quotidiennement avec des disparités importantes en fonction des critères socioéconomiques. La possibilité de prise de rendez-vous et de pouvoir communiquer avec son médecin via l’email sont les deux aspects qui paraissent les plus utiles. Médecines intégratives et complémentaires : vers la fin du courant alternatif B. Cassileth. Integrative Oncology: the evidence base. Nous avons débuté notre Asco 2014 par cette session de formation sur l’intérêt, la place et les données cliniques des médecines intégratives. Actuellement, le taux de rémission du cancer toute localisation confondue est supérieur à 66 %. Ce résultat est en progression constante depuis les dernières décennies mais il ne doit pas cacher les difficultés physiques et psychologiques que la maladie et les traitements entraînent pour le patient et les aidants. C’est dans ce contexte qu’interviennent les médecines intégratives définies comme des thérapies complémentaires non pharmacologiques (à différencier des médecines complémentaires à composante pharmacologique comme l’homéopathie). Parmi les effets secondaires les plus fréquents, on retrouve les douleurs, les bouffées de chaleur, les troubles digestifs et par effet rebond la perte de masse, les troubles sexuels, les problèmes urinaires, la fatigue, la sécheresse buccale, l’anxiété, le stress, la dépression, le lymphœdème et les troubles musculo-squelettiques. Il existe plusieurs pratiques alternatives utilisées pour réduire ces symptômes comme les thérapies de relaxation (méditation, hypnose, tai-chi, qi-gong, yoga), les massages, la musicothérapie, l’acupuncture et l’activité physique. Parmi celles-ci, certaines sont soutenues par une évidence clinique robuste, comme par exemple l’acupuncture. Les données sont suffisamment robustes pour dire que l’acupuncture est très bénéfique pour le soulagement des douleurs et dans la réduction des nausées et vomissements. Le bénéfice est plus modéré dans la prise en charge des bouffées de chaleur, de l’insomnie, des troubles digestifs et des sécheresses buccales. Enfin, très peu de données existent pour supporter l’utilisation de l’acupuncture dans la gestion du stress, de l’anxiété et des syndromes dépressifs. À noter que tout cela est vrai à partir du moment où le patient est entre des mains compétentes, formées et entraînées. L’autre exemple majeur et reconnu de tous, est l’impact de l’activité physique adaptée. Plus de 70 études montrent une baisse de 25 % du risque de cancer du sein (prévention primaire) chez la femme qui pratique une J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 activité physique (3 séances de 45 minutes par semaine d’intensité modéré). Même résultats pour d’autres localisations (rein, poumon, côlon) et également dans la réduction du risque de récidives de cancer (prévention tertiaire). Pour rappel, la prévention secondaire est le fait de déceler une maladie qui n’a pas pu être évitée par la prévention primaire afin d’en diminuer la prévalence (durée d’évolution de la maladie), le dépistage précoce rentre dans cette catégorie. L’activité physique permet d’améliorer les paramètres de qualité de vie tels que qualité du sommeil, stress et anxiété, fatigue, risque de nausées et vomissements. M. Harvie. An evidence-based approach to special diets and supplements. La place de la nutrition et des compléments alimentaires est également un sujet d’actualité. Comme pour les médecines intégratives, il ne faut pas se tromper de place. L’apport de la complémentation et du régime alimentaire permet d’agir indirectement sur le contrôle de la maladie par le traitement anticancéreux, de réduire sa toxicité et d’améliorer l’état de santé globale du patient. Cependant, les données qui nous sont présentées ne permettent pas de conclure sur l’intérêt du gain ou de la perte de poids pendant le traitement. De même, la complémentation multivitaminée contenant des antioxydants (Vit C, Vit E et Sélénium) peut même s’avérer néfaste. Il faut donc de nouvelles études pour pouvoir conclure. L. Cohen. Mind-body practices in cancer. Lorenzo Cohen aborde les effets néfastes du stress et de la dépression au niveau génétique (impact sur les télomères). Le stress agit à divers niveaux dans la tumeur, en diminuant l’activité immunitaire, en augmentant la réplication cellulaire, l’angiogenèse, la migration et la prolifération des cellules tumorales. Dans ce contexte, l’intérêt des techniques de relaxation afin de réduire les effets du stress est démontré. Par exemple, les données cliniques montrent que la pratique quotidienne du yoga par un professionnel compétent, agit sur le cortisol, l’inflammation (IL-6, TNF-␣) et la fatigue en améliorant le bien-être. Des résultats similaires sont retrouvés avec d’autres techniques comme la méditation ou l’hypnose. En pratique pour l’officinal Chaque année, l’Asco se fait l’écho de la médecine intégrative et complémentaire dans le cadre des soins de support. On le sait, 40 % à 80 % des patients prennent des compléments alimentaires ou bien ont recours à des médecines alternatives. Le pharmacien d’officine peut identifier de telles pratiques en dialoguant avec le patient ou son entourage. L’objectif n’étant pas de dénigrer mais plutôt d’évaluer, dans la mesure du possible, si elles 149 J. Sicard, et al. n’interagissent pas avec le traitement du cancer et surtout si elles ne le remplacent pas ! La communauté scientifique se bat pour que disparaisse la notion de médecine alternative au profit de la médecine intégrative et de la médecine complémentaire, notamment pour endiguer les déviances dont la promotion ne cesse d’augmenter auprès d’une population « fragile ». Certains centres mondialement connus dans la lutte contre le cancer, comme le MD Anderson – Texas, ont un département dédié aux médecines intégratives. De belles expériences existent en France, avec de nombreux services qui proposent des accès à l’artthérapie, la musicothérapie. . . en lien avec le milieu associatif. Il est important pour nous de se renseigner sur l’existence de tels ateliers ou compétences au niveau local. Toute la problématique réside dans la formation des professionnels compétents à la maladie cancéreuse et aux financements de telles activités. Une nouvelle fois cette année, les spécialistes des médecines intégratives attirent notre attention sur le fait que certains compléments nutritionnels, notamment vitaminiques, peuvent avoir des effets délétères sur la maladie et sur l’efficacité des traitements. Au comptoir, notre questionnement auprès du patient et nos conseils doivent tenir compte de ces aspects. Pour cela, parmi les outils disponibles au comptoir, voici un site gratuit à investiguer. Il s’agit du site d’un grand centre de lutte contre le cancer aux US, le Memorial Sloan Kettering Cancer Center qui propose une base de données très fournies sur les compléments alimentaires principalement à base de plantes. http://www.mskcc.org/cancer-care/integrativemedicine/about-herbs-botanicals-other-products. Elle s’ajoute à d’autres outils d’analyse mais payant comme par exemple le site du Natural Standard disponible à l’adresse suivante : http://www.naturalstandard. com/index.asp. De même sur le site de la Natural Medicines comprehensive database disponible à l’adresse suivante : http://naturaldatabase.therapeuticresearch.com/ home. Pour cette base il existe une version papier que l’on peut obtenir directement auprès de l’organisme et une version patient. dité d’obtention du bénéfice d’un programme APA en 18 semaines (May A. et al. Abst 9535), l’intérêt du yoga (Cohen L. et al. Abst 9539) ou bien encore de la pratique du qi gong (Byeongsang O. et al. Abst e20712). D’autres études ont cherché à mieux comprendre les mécanismes sous-jacents et notamment l’étude HOPE dont nous vous avions fait la présentation dans CancerOfficine® 2012 (Irwin M. et al. Abst 9536). M. Irwin et al. Effect of exercise on weight, body fat and serum inflammatory biomarkers in breast cancer survivors with aromatase inhibitor arthralgias: the hormones and physical exercise (HOPE) study. Abst 9536. L’objectif de cette analyse est d’évaluer le lien entre exercice, arthralgies et marqueurs de l’inflammation. Les auteurs montrent qu’un programme APA sur 12 mois chez 60 patientes atteintes d’un cancer du sein permet d’améliorer les arthralgies chez les femmes traitées par un inhibiteur de l’aromatase, mais sans toutefois pouvoir démontrer que cet effet est lié aux modifications des marqueurs de l’inflammation. Le bénéfice observé sur les arthralgies serait donc lié à un autre mécanisme qui reste à déterminer. K. Mustian et al. Exercise-induced changes in gene expression, muscular strength, and cancerrelated fatigue in older prostate cancer. Abst 9538. Parmi l’ensemble des communications portant sur la pratique d’une activité physique, celle-ci nous a paru intéressante, car elle ouvre des perspectives sur la compréhension des mécanismes génétiques permettant de renforcer la force musculaire. Il s’agit d’une étude américaine de phase II randomisée incluant 58 patients atteints d’un cancer de la prostate répartis en deux bras (un bras control et un bras exercice (figure 4). L’objectif est d’évaluer au bout de sept semaines, l’impact de l’exercice physique sur la force musculaire et la fatigue en analysant 4 825 gènes via des biopsies musculaires. STUDY SCHEMA Study Week 1 (Baseline) • Eligibility En bref, activité physique et cancer : et un. . . et deux. . . et trois. . . La promotion de l’activité physique adaptée (APA) est un message que nous devons porter dans le cadre du suivi des personnes atteintes de la maladie à l’officine. Un nombre important de publications a été présenté cette année sur des thématiques diverses comme la rapi- 150 • Arm 1: Standard Care • Consent • On-study forms • Assess • Fatigue • Muscular strength • Muscular biopsy (Separate day) • Randomize Study Week 2-7 (Intervention) Study Week 7 (Post) • Assess • Fatigue • Muscular strength • Muscular biopsy (Separate day) • Radiation Therapy • Androgen Deprivation Therapy • Arm 2: Exercise plus radiation or androgen deprivation therapy • End study Figure 4. Schéma de l’étude. J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 Congrès Les résultats montrent une amélioration de la force musculaire et de la fatigue. Ils montrent également une modification de l’expression de certains gènes impliqués dans la contraction et la régénération musculaire. De même, les auteurs montrent une modification de l’expression de certains gènes au niveau de la fonction mitochondriale (lieu de la production énergétique) et de la fonction immunitaire. En pratique pour l’officinal L’activité physique doit être adaptée en fonction de l’état général du patient. Il ne s’agit pas de sport puisqu’il n’y a pas de notion de compétition. L’intervention d’un éducateur médico-sportif (EMS) est nécessaire pour réaliser un bilan médico-sportif (BMS) qui va comprendre notamment les éléments suivants : – Un questionnaire de recueil d’information auprès du patient comprenant des renseignements généraux, des éléments sur le cancer (localisation, rémission, typologie des traitements, présence d’une chambre implantable), les effets secondaires ressentis, l’état physique général (fatigue, douleur, dyspnée), l’emploi, la pratique d’une activité sportive avant et pendant le parcours de soin ; – La synthèse de ce recueil est présente dans un outil appelé le « Pass Bien-être » mis en place par les réseaux Sport Santé et Bien-être (RSSBE) dans les différentes régions pour servir de fiche de liaison ; – La motivation à pratiquer une activité physique ; – Le niveau d’activité physique (questionnaire Ricci & Gagnon) ; – L’évaluation de la condition physique du patient (test de marche de 6 minutes, test de souplesse, test de tonicité des membres inférieurs). En fonction des résultats et des attentes du patient reçus lors du BMS, l’EMS peut avoir plusieurs propositions possibles pour orienter le patient : – Intégrer un créneau sport pour tous ; – Intégrer un créneau sport santé encadré par un Educateur Sportif Sport Santé (E3S) qui aura suivi une formation « Sport après cancer » (par exemple celle délivrée par la CAMI – association sport et cancer) ; – Intégrer un atelier passerelle encadré par un EMS. Différents objectifs pour cet atelier : améliorer la condition physique, réadapter le patient à l’effort, stimuler la confiance et l’estime de soi pour qu’il puisse aller in fine vers un créneau sport pour tous ou sport santé afin d’y pratiquer une APA. Normalement le patient se voit remettre un « Pass bien-être » qui lui permet de faire le lien entre les différents protagonistes (EMS, E3S et le médecin traitant). C’est le médecin traitant ou le médecin spécialiste qui peut établir le certificat médical de non contre-indication à la pratique de l’activité physique proposée dans le « Pass ». L’EMS envoie un courrier au médecin traitant ou au médecin J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 spécialiste pour lui spécifier le choix du patient dans sa reprise d’activité physique (remerciements au RSSBE Champagne-Ardenne). Le bénéfice de la pratique d’une activité physique adaptée par une personne atteinte du cancer n’est plus à démontrer. Cependant, elle doit se faire de manière encadrée afin d’éviter tout risque pour le patient. En France, il n’existe malheureusement que trop peu de formations pour les E3S dans le domaine du cancer. En pratique, sur le terrain, on essaie de faire avec les moyens disponibles. Il existe notamment des structures qui proposent des programmes clés en main en lien avec les structures locales (exemple l’association Siel Bleu et en particulier l’expérience de l’Institut Curie, ou bien la plateforme V@SI. . .). Le nerf de la guerre reste l’obtention de financements. Des appels à projets sont lancés par les Agences régionales de Santé, permettant ainsi de financer localement certains projets. Nombreux sont les acteurs intervenant dans le sportsanté, ce qui vu de l’extérieur, peut rendre la lecture de l’offre sport-santé locale complexe à appréhender avec souvent un nombre limité de places. Il est donc important pour nous, pharmaciens, de recueillir auprès de l’ARS ou bien du RSSBE les informations nécessaires pour orienter et intéresser les patients à la pratique d’une activité physique. Le dernier mot revient au médecin généraliste ou au médecin spécialiste et passe par la délivrance d’une ordonnance de non contre-indication à l’activité physique. Activité physique et cancer : question de faisabilité A. May et al. Effects of equivalent weight loss, with or without exercise, on sex hormones related to breast cancer risk in postmenauposal women SHAPE2 trial. Abst 1504. Une étude hollandaise qui nous permet de revenir sur l’intérêt de l’activité physique adaptée pour la personne atteinte d’un cancer. Anne May nous rappelle le mécanisme d’action qui sous-tend l’efficacité de l’APA (figure 5). On retrouve tous les facteurs impliqués dans l’inflammation, et dans l’insulinorésistance en miroir de ce que nous vous avions présenté l’année précédente sur l’impact de l’obésité. L’étude SHAPE-2 est prospective, multicentrique et regroupe 243 patientes. Elle fait suite à une première étude (SHAPE-1) qui avait évalué l’impact d’un programme APA chez 183 femmes atteintes de cancer du sein. L’impact sur les marqueurs hormonaux n’était significatif que chez celles qui avaient perdu plus de 2 % de masse grasse. 151 J. Sicard, et al. ↓ Sex hormones i.e. estrogens & androgens (2-fold increased risk in women with high level of sex hormones) ↓ inflammation (CRP, IL-6, IL-1, TNFα) Physical activity Mechanisms of action Prevent obesity i.e. accumlation of (abdominal) adipose tissue ↓ Insulin (resistance) ↓ leptin, ↑ adiponectin Figure 5. Mécanisme d’action de l’activité physique. Dans SHAPE-2, les patientes sont réparties en 3 groupes : Diet 16 sem./Exercise 16 sem./ Bras contrôle. L’objectif principal est d’évaluer l’impact de ces trois stratégies sur les concentrations en hormones sexuelles avec une perte de poids de 5 à 6 kg en 16 semaines. Les conditions demandées notamment dans le bras « Exercise » sont bien plus contraignantes que ce qui est accepté dans les recommandations internationales. En effet, une baisse d’apport en 250 Kcal par jour et surtout 4 heures d’activité physique modéré à intensive par semaine pendant 6 semaines sont bien loin des recommandations. À l’inclusion, la moyenne de poids des patientes est d’environ 80 kg. Ainsi l’objectif de perte de poids en 4 mois est de 6 à 7.5 % avec un programme très relevé. Les résultats sont significatifs sur tous les critères dans le groupe « Exercise » et « Diet » mais avec un bénéfice plus important lorsqu’un programme d’APA est ajouté à un régime alimentaire notamment sur la VO2 max (Volume maximal d’oxygène), la composition corporelle et sur les hormones androgéniques. En conclusion, une action combinée entre régime alimentaire et APA semble bénéfique. Rien d’exceptionnel à cela si ce n’est, dans cette étude, le niveau d’intensité et la fréquence des séances d’activité physique qui rendent ce programme difficile à proposer aux patientes. M. Irwin et al. Effect of weight loss intervention on inflammatory and metabolic markers in breast cancer survivors: the lifestyle, exercise, and nutrition (LEAN) study. Abst 1505. Une autre étude (LEAN) avec un design différent, a démontré des résultats similaires mais avec un seuil de significativité atteint seulement pour les patientes ayant perdu plus de 5 % de leur masse durant les 6 mois de l’étude. 152 Compléments alimentaires et cancer : savoir lire entre les lignes C. G. Lis et al. Effect of evening melatonin on the survival of patients with advanced non-small cell lung cancer (ANSCLC). Abst e19068. Voici une étude prospective américaine randomisée en aveugle sur 84 patients atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules au stade avancé. L’objectif principal est l’impact de la mélatonine sur la survie globale en fonction de l’heure de prise. Un peu exotique non ! Et je ne vous parle pas de la dose : 80 mg ! Soit 40 à 60x la dose que l’on retrouve dans les compléments en vente en France mais nous sommes loin de la dose toxique (DL50 chez le rat > 3 200 mg/kg). Les 84 patients traités par une chimiothérapie, ont été séparés en 3 groupes : – Placebo 8h et 20h, – Mélatonine 80 mg à 8h et placebo 20h, – Placebo 8h et mélatonine 80 mg 20h. 49 patients ont été évalués. Les patients devaient remplir un questionnaire sur la qualité de vie et la qualité du sommeil à T0 et tous les 3 mois. Au final, seul le groupe Mélatonine PM (le soir à 20h) a un bénéfice significatif sur tous les critères. En pratique à l’officine Comme on l’a dit plus haut, cette étude paraît un peu décalée avec un objectif ambitieux et une dose de mélatonine très importante. La question que l’on peut se poser, est la suivante : Que vient faire la mélatonine dans le traitement du cancer ? On pourrait l’imaginer comme une option pour les troubles du sommeil liés à l’anxiété en tant que soins de support ou bien pour la gestion de la fatigue. Cette communication est une étude d’efficacité de la mélatonine. En fait, quand on s’attarde sur les données de la littérature, on s’aperçoit que diverses études ont été réalisées avec la mélatonine seule ou en association à la chimiothérapie, à la radiothérapie ou bien à l’hormonothérapie ou encore à l’immunothérapie (IL2). Il semblerait que les personnes qui travaillent de nuit ou bien en trois-huit ont un sur-risque de cancer qui serait expliqué par une baisse des taux de mélatonine. En 2013 nous avions vu des posters sur ce sujet à l’Asco. Enfin, des données in vitro montrent une efficacité de la mélatonine sur des lignées cellulaires. Il existe donc un rationnel à l’utilisation de la mélatonine dans le cancer. Reste la question de la dose et de la tolérance de la mélatonine en fonction de la durée d’exposition (non précisée dans l’abstract). La mélatonine a des propriétés anti-oxydantes. Des précautions sont à prendre quant à J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 Congrès une utilisation concomitante avec la radiothérapie ou bien avec la chimiothérapie. Peu de données d’interactions sont disponibles. Pour la France, il existe de nombreux compléments vendus en OTC avec une dose max de 1,5 mg de mélatonine et sur ordonnance, il existe un médicament contenant 2 mg de mélatonine. Il existe également le Valdoxan®(egomelatine), agoniste des récepteurs mélatoninergiques et indiqué dans les états dépressifs majeurs. Vous pouvez retrouver l’avis de la HAS sur la mélatonine dans le cadre du médicament Circadin LP® à l’adresse suivante : http://www.hassante.fr/portail/jcms/c_727179/fr/circadin-melatonine-lphypnotique, médicament dosé à 2 mg de mélatonine et indiqué dans les troubles du sommeil primaire chez le patient de plus de 55 ans. Voici la fiche de Bon usage du médicament : http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/ pdf/2009-11/bat_web_fbum_circadin_cv_101109.pdf D’autres informations sont disponibles « in english » sur le site de l’American Cancer Society : http://www.cancer.org/treatment/treatmentsandside effects/complementaryandalternativemedicine/pharma cologicalandbiologicaltreatment/melatonin C. L. Palma et al. Relationship of Guarana (Paullinia cupana) on anorexia in pts with advanced cancer. Abst e20532. Une étude brésilienne sur 30 patients en stade avancé du cancer qui avait perdu plus de 5 % de poids pendant les 6 derniers mois. 18 patients ont terminé l’étude. La posologie était de 50 mg d’extrait sec de Guarana 2 fois par jour pendant 4 semaines. Les résultats montrent que le Guarana a permis d’augmenter la sensation de faim pour plus de 40 % des patients mais seulement 2 patients ont atteint l’objectif de l’étude (augmentation du poids de plus de 5 % par rapport à l’inclusion). De même, un bénéfice significatif sur la somnolence. Nous n’avons pas le rationnel permettant d’expliquer les propriétés supposées du Guarana sur l’anorexie. Le Guarana est une plante brésilienne et largement utilisée dans les compléments alimentaires notamment pour la perte de poids, l’amélioration des performances athlétiques, la réduction de la fatigue et comme stimulant. . . L’activité pharmacologique de la plante vient de sa forte concentration en caféine puisqu’elle en contient entre 3,6 % et 5,8 % comparativement au café qui contient 1 % à 2 % de caféine. Globalement, aucune des propriétés du Guarana n’est supportée par des preuves cliniques solides. Son utilisation par voie orale est bien tolérée sur le court terme. Il est difficile de trouver la dose recomman- J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 dée, variable en fonction de la durée de traitement et de l’objectif. Elle se situe entre 250-300 mg/jour (fourchette basse), en particulier si l’administration se prolonge dans le temps. Chez la femme enceinte, cette consommation doit être inférieure à 150-200 mg/j. À l’opposé, on trouve des doses élevées notamment dans le monde sportif. La dose létale de caféine est estimée entre 10 et 14 grammes (150-200 mg/kg). Comme pour toute la phytothérapie, il est important de bien vérifier les risques d’interactions avec les traitements. C’est le cas avec le Guarana, pour lequel de multiples interactions médicamenteuses existent (amiodarone, antiplaquettaires et anticoagulants. . .). Compte tenu de la population de patient, le principe de précaution doit s’appliquer quant à l’utilisation du Guarana chez la personne atteinte de cancer. Vous pouvez retrouver ces informations sur la base de données très fournies du Memorial Sloan Kettering Cancer Center : http://www.mskcc.org/cancer-care/integrative-medicine/about-herbs-botanicals-other-products Omega-3 : des résultats contrastés Les études qui évaluent l’intérêt des omega-3 (3) dans le cancer sont nombreuses. Nous avions relaté dans le CancerOfficine® 2013 une session dédiée à ce sujet. Pour cette année, nous avons choisi de vous présenter deux études (une américaine et une iranienne) qui portent sur la gestion des troubles musculo-squelettiques avec les inhibiteurs de l’aromatase et des neuropathies périphériques chimio-induites dans le cancer du sein. D. L. Hershman et al. Omega-3 fatty acids for aromatase inhibitor-induced musculoskeletal symptoms in women with early-stage breast cancer (SWOG S0927). Abst 9532. Cette étude américaine en traitement adjuvant du cancer du sein, a évalué 249 femmes traitées par un inhibiteur de l’aromatase depuis plus de 3 mois et qui présentaient des douleurs musculo-squelettiques. Les résultats, après 12 semaines, montrent que l’apport en omega3 à la dose de 3,3 g/jour améliore les symptômes mais ne fait pas mieux que le placebo (huile de soja/ maïs). A. Esfahani et al. The effects of omega-3 fatty acids on chemotherapy-induced neuropathy and inflammation in patients with breast cancer. Abst 1039. Voici une autre étude randomisée en double aveugle versus placebo incluant 59 patientes traitées pour un cancer du sein avec un envahissement ganglionnaire. 153 J. Sicard, et al. L’objectif était d’évaluer l’effet d’une complémentation orale par omega-3 (640 mg pris 3/j) en parallèle de la chimiothérapie à base de taxane (paclitaxel – Taxol®) sur les neuropathies périphériques chimio-induites et les marqueurs de l’inflammation. La prise d’oméga-3 améliore significativement la fréquence d’apparition des neuropathies (p = 0,029), mais n’a pas d’impact positif sur leur sévérité comparativement au placebo. De même, il n’y a pas de différence pour les marqueurs de l’inflammation entre les deux groupes. En pratique pour l’officinal Nous reprenons ici, une partie de notre discussion présentée dans CancerOfficine® 2013. Une fois de plus, au travers de ces deux études, nous avons l’illustration des difficultés que rencontrent les chercheurs pour démontrer le bénéfice des compléments alimentaires. Beaucoup de facteurs peuvent expliquer cela, notamment la qualité des 3 utilisés, le nombre de patients inclus, le choix du placebo, les capacités d’absorption des patients etc. . . Compte tenu de nos carences dans les pays occidentaux, il est bon de rappeler que l’équipe officinale peut facilement aborder cette thématique dans le cadre de son rôle de prévention pour de nombreuses maladies chroniques et notamment le cancer. Avant tout, un retour sur les habitudes alimentaires du patient et notamment sur les ingesta lipidiques est important tant sur le plan qualitatif (typologie des graisses à privilégier) que sur les apports caloriques. On retrouve les dérivés à longue chaîne (DHA/EPA) notamment dans les algues comestibles, le colza, la noix, la graine de lin, les poissons gras (saumon, sardine, hareng, anchois, maquereau), les légumes (cresson, laitue. . .). Attention à la cuisson des huiles polyinsaturées, certaines ne supportent pas la chaleur. Dans un second temps, on peut proposer une complémentation en 3 si cela est nécessaire et adapté au patient. On constate que les doses proposées et recommandées dans la prévention du risque du cancer du sein et du côlon sont de 500 mg/j soit 6x moins que la dose utilisée dans les deux études commentées. C’est la différence entre la prévention primaire pour laquelle nous proposons sur des doses nutritionnelles et les doses thérapeutiques telles que prescrites dans les essais cliniques. Au final, on doit se souvenir que dans le cadre de la prévention du risque, la stratégie nutritionnelle doit avant tout équilibrer les apports et les dépenses énergétiques. L’effet bénéfique des lipides sur la santé passe par la diversification des sources animales et végétales garante de l’équilibre entre les différents acides gras. 154 Cancer du sein chez la femme pré(péri)ménopausique : un espoir de conservation de la fertilité H. C. Moore et al. Phase III trial (Prevention of early menopause study [POEMS]-SWOG S0230) of LH-RH analog during chemotherapy (CT) to reduce ovarian failure in early-stage, hormone receptor-negative breast cancer: an international Intergroup trial of SWOG, IBCSG, ECOG, and CALGB (Alliance). Abst LBA 503. Cette présentation a fait partie de l’actualité chaude de l’édition 2014. En effet, POEMS avait pour objectif d’évaluer le bénéfice d’une castration par agoniste de la LH-RH (Luteinizing Hormone Releasing Hormone) au cours de la chimiothérapie adjuvante pour préserver la fertilité des patientes jeunes. En effet, environ 25 % des cancers du sein apparaissent chez des femmes < 50 ans. L’impact des traitements sur la fonction ovarienne est important et va dépendre du type de chimiothérapie, de la durée, de l’âge de la patiente et de son activité gonadique. Cette étude a inclus 257 patientes (sur 416 prévus initialement) de moins de 50 ans, recevant une chimiothérapie adjuvante, et présentant une tumeur avec des récepteurs hormonaux négatifs. Les patientes étaient randomisées pour recevoir ou non 3,6 mg de goséréline (Zoladex® un agoniste de la LH-RH) toutes les 4 semaines. La goséréline entraîne une forte baisse de la LH hypophysaire et de la testostérone plasmatique. Ce médicament est indiqué dans le cancer de la prostate métastasé, ainsi qu’en adjuvant à la radiothérapie externe dans le cancer de la prostate localement avancé. Enfin, il est également indiqué dans le traitement du cancer du sein métastatique hormono-dépendant chez la femme en préménopause quand une suppression de la fonction ovarienne est nécessaire. Dans cette étude, nous sommes en situation adjuvante chez des patientes présentant un cancer du sein non hormono-dépendant. Le traitement était instauré 1 semaine avant le commencement de la chimiothérapie et poursuivi jusqu’à 2 semaines après la fin de celle-ci. Le critère de jugement principal était l’insuffisance ovarienne à 2 ans, définie comme l’absence de règles au cours des 6 mois précédents et un taux d’hormone folliculostimulante (FSH) dans les valeurs de la ménopause. Le critère secondaire était le nombre de grossesses, et l’insuffisance ovarienne évaluée à 1 et 2 ans. 218 patientes étaient évaluables pour la survenue d’une grossesse, et 135 patientes pour l’insuffisance ovarienne, du fait de dosages de FSH et de données J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 Congrès manquants. Les patientes ont présenté plus d’effets indésirables dans le bras goséréline du fait de la privation hormonale, comme les bouffées de chaleur ou la sécheresse vaginale. Par contre, l’étude montre une différence significative sur le taux d’insuffisance ovarienne à 2 ans avec seulement 8 % dans le bras goséréline, contre 22 % dans le bras chimiothérapie seule. De même pour le taux de grossesses obtenues de 11 % le bras chimiothérapie seule, contre 21 % dans le bras avec goséréline (p = 0,03). Les données de survie sans progression et de la survie globale montrent que la goséréline présente un avantage proche de la significativité. Malgré les limites de cette étude, et notamment la difficulté de recrutement, les résultats montrent qu’il existe un avantage à prescrire aux patientes un agoniste de la LH-RH pendant la chimiothérapie adjuvante ou néoadjuvante pour la préservation de la fertilité. En pratique, nous verrons si les résultats positifs de cette étude vont entraîner un changement de stratégie de traitement chez les patientes ayant une tumeur RH négative. Par contre, les experts semblent dire qu’en cas de tumeur RH positive, l’éventuelle interaction de la chimiothérapie avec l’hormonothérapie ne conduit pas à recommander cette attitude. Au final, la goséréline permet, pour les femmes traitées par chimiothérapie pour le cancer du sein, une meilleure préservation de la fonction ovarienne avec de réelles preuves d’amélioration de la fertilité, des grossesses à terme réussies et une sécurité d’emploi intéressante. Inhibiteurs de l’aromatase en pré-ménopause : pour aujourd’hui ou pour demain O. Pagani el al. Randomized comparison of adjuvant aromatase inhibitor (AI) exemestane (E) plus ovarian function suppression (OFS) versus tamoxifen (T) Plus OFS in premenopausal women with hormone receptor-positive (HR+) early breast cancer (BC): joint analysis of IBCSG TEXT and SOFT trials. Abst LBA 1. Les inhibiteurs de l’aromatase sont des traitements qui ont démontré leur intérêt dans le cancer du sein hormonodépendant (RH+) chez des patientes ménopausées. Chez la femme non ménopausée, RH+, le traitement de référence en adjuvant du cancer du sein est le tamoxifène 5 ans +/- en association à une suppression ovarienne (agonistes LH-RH). Deux études ont été mises en place il y a quelques années, pour évaluer le bénéfice de l’association d’un inhibiteur de l’aromatase (Aromasine® - exemestane) et d’un agoniste LH-RH (Decapeptyl ® - triptoréline) avec comme critère principal la survie sans récidive à 5 ans. J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 TEXT (n = 2 672) comporte 2 bras : agonistes de la LHRH (triptoréline 1 IM/mois) avec soit tamoxifène 20 mg/j, soit exemestane 25 mg/j. SOFT (n = 3 066) comportait 3 bras : soit tamoxifène seul (traitement de référence), soit triptoréline + tamoxifène, soit triptoréline + exemestane (figure 6). L’analyse des résultats s’est faite en poolant les deux bras comparables de chaque étude (agoniste LHRH avec tamoxifene ou exemestane) soit 4 690 patients. La comparaison, dans l’étude SOFT, avec le bras tamoxifène seul mais sans blocage ovarien n’a pas été présentée. Les résultats montrent une amélioration significative de la survie sans récidive à 5 ans dans le bras exemestane 91,1 % vs 87,3 % (HR : 0,72 p < 0,0002). De même, le bras exemestane améliore significativement la survie sans récidive locale (HR : 0,66 p < 0,0001) et la survie sans récidive à distance (HR : 0,78 p = 0,02). En revanche, avec un recul médian de 5,7 ans, on n’observe aucune différence de survie globale, celle-ci étant d’environ 96 %. Chez les patientes qui n’avaient pas reçu de chimiothérapie (patientes de meilleur pronostic), la survie globale est de plus de 97 %. La tolérance est globalement comparable dans les 2 bras avec des profils différents (plus de douleurs articulaires, d’ostéoporose, de sécheresses vaginales et de douleurs pendant les rapports avec exemestane, plus d’évènement thrombo-emboliques et de bouffées de chaleur avec tamoxifène). En pratique pour l’officinal Malgré ces résultats significatifs, la préconisation des cliniciens ne s’oriente pas vers une utilisation large d’exemestane en pré-ménopause. Il y a des effets secondaires sur le long terme, il n’y a pas d’avantage en survie globale (il faudra attendre encore un peu), et nous TEXT and SOFT Designs Enrolled: Nov03-Apr11 • • • • Premenopausal ≤ 12 wks after surgery Planned OFS No planned chemo OR planned chemo R A N D O M I Z E R A N D O OR M I • Remain premenopausal Z ≤ 8 mos after chemo E • Premenopausal • ≤ 12 wks after surgery • No chemo TEXT Tamoxifen+OFS × 5y Exemestane+OFS × 5y SOFT Joint Analysis (N=4690) Tamoxifen+OFS × 5y Exemestane+OFS × 5y Tamoxifen x 5y Median follow-up 5.7 years Tamoxifen+OFS × 5y Exemestane+OFS × 5y OFS= ovarian function supression Presented by: Olivia Pagani, MD Figure 6. Protocole SOFT et TEXT. 155 J. Sicard, et al. n’avons pas l’analyse du bras tamoxifène seul dans l’étude SOFT. Aromasine® en association avec un agoniste LH-RH est une option chez les patientes non ménopausées qui présentent une contre-indication au tamoxifène et chez les patientes à haut risque. Ces résultats sont également à mettre en perspective par rapport à la discussion autour de la prolongation du traitement par tamoxifène (au-delà de 5 ans). En ce qui concerne la gestion des effets indésirables, plusieurs solutions existent. Pour le tamoxifène, nous voyons fréquemment au comptoir des ordonnances avec tamoxifène 10 mg en deux prises par jour afin de minimiser les inconforts liés aux bouffées de chaleur. Une approche homéopathique peut être proposée soit en travaillant sur les symptômes en s’aidant de l’excellent ouvrage de Jean-Claude Karp et de François Roux (Collection CEDH - Traitements de support homéopathiques en cancérologie) ou bien en orientant le patient vers un homéopathe avec l’accord de son médecin spécialiste. De même pour les arthralgies sous exemestane, avec également un bénéfice de l’acupuncture et de l’activité physique adaptée. Il existe également des gammes de soins de support dermatologiques (Laboratoire Evaux et Véa) permettant d’apporter des solutions en particulier pour les inconforts gynécologiques (par exemple EvoComfort®). Cancer bronchique métastatique non à petites cellules : un nouvel entrant D. Costa. Educational session. Epidermal growth factor receptor–mutated disease: management and future directions in non-small cell lung cancer with known activating mutations. Developmental therapeutics track. Une belle présentation synthétique qui nous a permis d’observer combien l’univers du cancer du poumon a beaucoup évolué depuis ces 15 dernières années. En effet, on ne peut plus parler du cancer du poumon mais désormais des cancers du poumon tant l’histologie (2000s) et la génomique (2010s) ont permis d’identifier de nombreux sous-types ayant des caractéristiques très diverses. De même pour le choix des protocoles thérapeutiques tout aussi large. Seulement, malgré la découverte de nouvelles cibles thérapeutiques et le développement intense de nouvelles molécules, le pronostic reste sombre. Les chiffres parlent d’eux-mêmes avec 39 495 nouveaux cas estimés de cancer du poumon en 2012 en France métropolitaine et 29 949 décès sur la même période. C’est la première cause de décès par cancer en France et dans le monde (Inca – Les cancers en France en 2013). 156 Le tabac est de loin le premier facteur de risque de cette pathologie. Les données épidémiologiques sont explicites puisque la courbe de la prévalence du cancer du poumon suit parfaitement la courbe de consommation de tabac pour un pays donné avec 20 ans de décalage. Parmi tous les cancers du poumon, le cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) représente près de 85 % de tous les cancers. Un autre facteur explique le pronostic si sombre de la maladie, il s’agit du diagnostic qui est trop souvent tardif (stade localement avancé (III) ou métastatique (IV)) dans deux tiers des cas. Pour ce qui nous concerne, l’objectif n’est pas de revenir sur toutes les possibilités de traitement qui existent pour la prise en charge du CBNPC en situation métastatique, d’autant que l’histologie et la génétique ont permis également d’identifier au sein de la famille des CBNPC, différentes catégories. Nous allons plutôt nous focaliser sur une classe de molécules de plus en plus utilisées dans cette indication et de plus en plus tôt dans la chronologie de la prise en charge en situation métastatique. Il s’agit des inhibiteurs de la tyrosine kinase (TKI). Jusqu’à cet été, nous avions deux médicaments disponibles en officine dans cette indication : erlotinib (Tarceva® - Roche) et gefitinib (Iressa® - Astra-Zeneca). Depuis août 2014, une molécule de « 2e génération » afatinib (Giotrif® – Boehringer Ingelheim) est mise à la disposition des pharmaciens pour une délivrance officinale. Les TKI sont apparus il y a une dizaine d’année dans la prise en charge de CBNPC avec l’indication suivante : le traitement des formes localement avancées ou métastatiques du CBNPC après échec d’au moins une ligne de chimiothérapie (souvent une association contenant des sels de platine) c’est-à-dire en 2e ligne de traitement. Puis les données cliniques ont permis aux TKI d’obtenir deux autres indications plus précoces : le traitement des formes localement avancées ou métastatiques du cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) chez les patients présentant des mutations activatrices de l’EGFR (géfitinib et erlotinib) ; et le traitement de maintenance, en monothérapie, des formes localement avancées ou métastatiques du CBNPC chez les patients avec une maladie stable après 4 cycles d’une première ligne de chimiothérapie standard à base de sels de platine (erlotinib). On voit apparaître dans l’intitulé de l’indication des TKI la notion de mutations activatrices de l’EGFR (Epidermal growth factor receptor). Les TKI agissent en inhibant la tyrosine kinase du récepteur du facteur de croissance épidermique humain de type 1 (EGFR également connu comme HER1). Ce sont de puissants inhibiteurs de la phosphorylation intracellulaire de l’EGFR. L’EGFR est exprimé à la surface de cellules normales et cancéreuses. Des mutations de J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 Congrès l’EGFR peuvent conduire à une activation constitutive du récepteur avec pour conséquence une action antiapoptotique et une prolifération cellulaire (figure 7). La puissante efficacité des TKI sur le blocage de cette voie de signalisation est la conséquence de la liaison étroite du TKI au site de liaison de l’ATP dans le domaine de la kinase mutée de l’EGFR. En raison du blocage en aval de la signalisation, la prolifération des cellules est arrêtée, et la mort cellulaire est induite par la voie intrinsèque de l’apoptose. Ainsi nous avons l’explication du fait que les TKI fonctionnent sur les cellules tumorales qui présentent des récepteurs mutés. Pour terminer cette introduction, qui nous paraît nécessaire, tant le domaine est complexe, il est important d’avoir connaissance d’une autre information. En effet, il existe plusieurs mutations du récepteur. Les TKI disponibles sur le marché sont efficaces sur les récepteurs qui présentent certaines mutations notamment des délétions sur l’exon 19 et la substitution L858R (leucine par arginine). Nous verrons plus loin que cela peut avoir un impact significatif sur l’efficacité des traitements. Enfin, les patients sous TKI échappent à leur traitement. Parmi les raisons invoquées, deux mécanismes ont été découverts comme l’apparition d’une mutation de résistance sur le récepteur, la T790M (60 % des mécanismes de résistance aux inhibiteurs de l’EGFR) ou bien malgré le blocage de l’EGFR par le TKI, une voie de signalisation parallèle est active et by-pass l’effet du TKI, il s’agit de la voie MET (5-10 % des situations). Ainsi la présence de mutations sensibles aux inhibiteurs de l’EGFR est un facteur prédictif de réponses aux TKI et constitue un élément clé dans la prise de décision thérapeutique du clinicien. Les perspectives thérapeutiques résident en particulier dans l’identification d’inhibiteurs de l’EGFR de 3e génération susceptibles d’être efficaces après l’utilisation d’erlotinib, géfitinib ou afatinib. Qu’en est-il également de l’utilisation des TKI dans les formes plus précoces ou bien dans les CBNPC présentant des récepteurs avec des mutations moins fréquentes, autant de questions auxquelles les chercheurs devront répondre dans un futur que l’on espère le plus proche possible. Ligand (EGF,TGFa, amphiréguline épiréguline...) Domaine extracellulaire Dimérisation Domaine transmembranaire Membrane Cellule tumorale P P Phosphorylation P P Activation Domaine intracellulaire Autres voies Voie RAS/RAF/MAPK Voie PI3K/AKT Noyau Prolifération Migration Adhésion Survie cellulaire Angiogenèse Transcripton de gènes Figure 7. Voie de signalisation EGFR. J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 157 J. Sicard, et al. J. Yang et al. Overall survival (OS) in patients (pts) with advanced non-small cell lung cancer (NSCLC) harboring common (Del19/L858R) epidermal growth factor receptor mutations (EGFR mut): pooled analysis of two large open-label phase III studies (LUX-Lung 3 [LL3] and LUX-Lung 6 [LL6]) comparing afatinib with chemotherapy (CT). Abst 8004. Depuis août 2014, en France, Boehringer Ingelheim met à disposition un nouveau TKI de 2e génération appelé afatinib-Giotrif®. Il est désormais disponible à l’officine. Giotrif® est indiqué en monothérapie dans le traitement des patients adultes naïfs de TKI anti-EGFR atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) localement avancé ou métastatique qui présente une (des) mutation(s) activatrice(s) de l’EGFR. Afatinib peut donc être prescrit dès la 1re ligne de traitement dans cette indication. Contrairement au géfitinib (Iressa® ) et à l’erlotinib (Tarceva® ) qui sont des molécules dites « TKI réversibles » c’est-à-dire qu’ils ciblent exclusivement l’EGFR, l’afatinib présente un mécanisme d’action différent, car c’est un inhibiteur oral dit irréversible de l’activité tyrosine kinase qui se fixe à d’autres récepteurs. Des données complémentaires ont été présentées à l’Asco. L’afatinib fait l’objet d’un grand plan de développement international par le biais de toute une série d’essais cliniques appelés Lux-Lung. Ainsi, nous avons assisté à la présentation des données poolées de deux études ; Lux-lung 3 (Afatinib versus Pemetrexed (Alimta®) + cisplatine en 1re ligne métastatique) et Lux-lung 6 (Afatinib versus Gemcitabine (Gemzar®) + cisplatine en 1re ligne métastatique dans la population asiatique). Cela peut surprendre mais la population asiatique est très sensible aux TKI dans le CBNPC avec des caractéristiques histologiques et génétiques prédictives d’une meilleure réponse aux traitements. C’est dans ce contexte que des essais cliniques sont conduits spécifiquement dans cette population avec des résultats souvent plus favorables. L’objectif de l’analyse est de démontrer une amélioration de la survie globale dans un contexte métastatique, ce qui est toujours difficile. En effet, la survie globale se mesure en tenant compte de l’ensemble des lignes de traitement qui sont administrées aux patients jusqu’à son décès. Par conséquent, il est souvent difficile de pouvoir démontrer qu’une ligne de traitement a un impact sur la globalité de la prise en charge, puisque chaque traitement impacte cette survie. Par exemple, le patient qui dans l’essai clinique n’a pas reçu l’afatinib en 1re ligne métastatique peut le recevoir en 2e ligne d’où la difficulté d’obtenir une différence significative entre les deux bras dans ce type d’étude. Pourtant, c’est chose faite avec l’afatinib, puisque les données montrent une supériorité de l’afatinib en 1re ligne 158 métastatique versus les deux schémas de chimiothérapie. Comme nous l’avons précisé dans l’introduction de ce chapitre, le CBNPC fait partie des localisations tumorales pour lesquelles l’histologie et la génétique ont beaucoup apporté pour différencier des sous-groupes de cancer arborant des caractéristiques plus ou moins péjoratives et des facteurs prédictifs de réponse au traitement. Afatinib montre que l’avantage sur la survie globale est significatif versus la chimiothérapie que pour les cellules tumorales ayant des récepteurs EGF mutés avec des délétions sur l’exon 19 (DEL 19). La différence de survie globale n’est pas significative pour la population arborant la substitution L858R. L’orateur conclut en préconisant Afatinib comme « standard of care » en 1re ligne métastatique du CBNPC chez les patients arborant la mutation DEL19 sur le récepteur EGF et comme une option de traitement pour les patients arborant la mutation L858R. En bref. . . Y. Zenke et al. Clinical impact of gastric acid suppressing medication use on the efficacy of elrotinib and gefitinib in patients with advanced non-small cell lung cancer harboring EGFR mutations. Poster 8108. Cette étude vise à évaluer sur 130 patients atteints d’un CBNPC EGFR muté au stade métastatique, les interactions potentielles lors d’une prescription concomitante d’erlotinib ou géfitinib et d’un anti-acide de la classe soit des IPP (inhibiteurs de la pompe à proton) soit des antiH2. Les résultats montrent qu’il n’y a pas de baisse d’efficacité ou bien d’augmentation de la toxicité lors d’une prise concomitante. Les résultats obtenus doivent être confirmés dans le cadre d’une étude plus large contenant une analyse pharmacocinétique. En pratique pour l’officinal L’incidence des cancers du poumon en France fait qu’en tant que pharmacien d’officine, nous sommes ou nous serons confrontés à la délivrance de thérapies ciblées orales de la classe des TKI dans le cadre de notre exercice officinal. Voici un rappel concernant la bonne prise du médicament et les interactions avec l’alimentation. Nous vous conseillons de vous reporter au CancerOfficine® 2012 dans lequel nous avions abordé largement cette thématique. En pratique, il est important de se reporter aux résumés des caractéristiques produits (RCP) et de bien souligner auprès du patient, tant à l’instauration du traitement que durant le suivi thérapeutique, l’importance de prendre son traitement à distance du repas si tel est recommandé par les RCP. J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 Congrès Tarceva® (erlotinib) La posologie est individuelle (elle varie habituellement de 100 ou de 150 mg par jour). La prise se fait en une fois par jour, au même moment tous les jours, de préférence le matin, à distance des repas. Iressa® (géfitinib) Le comprimé peut être pris avec ou sans aliment, chaque jour, approximativement à la même heure. Le comprimé peut être entièrement avalé avec un peu d’eau ou après dispersion dans de l’eau plate (sans écraser les comprimés) si l’administration des comprimés entiers n’est pas possible. Dans ce cas, le comprimé doit être mis dans un demi-verre d’eau, remuer le verre jusqu’à dissolution complète (cela peut prendre jusqu’à 20 minutes) et boire la dispersion. Rincer correctement le verre avec un demiverre d’eau qui doit aussi être bu. Giotrif® (afatinib) Le médicament doit être pris à distance des repas. La prise de nourriture n’est pas autorisée 3 heures avant et dans l’heure qui suit l’administration du traitement. Ainsi, le traitement ne pourra pas être administré 1 heure avant un repas ou 3 heures après en raison d’une diminution de l’absorption et de la concentration plasmatique de l’afatinib observée avec la prise concomitante d’une alimentation riche en graisse. En attendant que la fiche Giotrif® soit réalisée, vous pouvez retrouver l’ensemble de ces informations pour Tarceva® et Iressa® sur le site du réseau onco-normand (www.onco-normand.org) au travers des fiches de bon usage des chimiothérapies orales pour les patients et pour les professionnels de santé. De nombreux autres réseaux de soins ou bien de services de cancérologie ont réalisé leurs propres fiches pour les patients (Cf. Réseau onco-limousin ROHLim, http://www.sante-limousin.fr/ professionnels/reseaux-de-sante/rohlim/fiches-conseilsmedicaments). Il ne faut pas hésiter à se rapprocher de vos établissements de référence pour les obtenir. L’Institut national du cancer lance une initiative nationale afin de produire des fiches d’information standards pour les chimiothérapies par voie orale. En ce qui concerne Giotrif®, nous vous proposons une fiche récapitulative qui reprend les éléments essentiels pour bien appréhender cette nouvelle molécule. Cette fiche a été réalisée sur la base des RCP du produit. Vous pourrez retrouver toutes ces informations sur le site de l’EMEA à l’adresse ci-dessous ou bien dans un article sous presse dans un prochain numéro d’Actualités pharmaceutiques. http://www.ema.europa.eu/docs/fr_FR/document_ library/EPAR_-_Product_Information/human/002280/ WC500152392.pdf J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 Bientôt disponible. . .Vismodegib - erivedge® : une nouvelle option dans les carcinomes basocellulaires (CBC) au stade métastatique Le vismodegib ou Erivedge® (Roche) de son nom commercial est un traitement qui devrait être disponible en France dans les prochaines semaines. C’est dans ce contexte que nous avons choisi de vous parler de cette nouvelle thérapie ciblée orale qui sera délivrée à l’officine. Erivedge® s’adresse aux patients atteints d’un cancer de la peau appelé carcinome basocellulaire (CBC) en situation métastatique. Ce cancer très particulier dans sa forme métastatique est relativement fréquent dans sa forme précoce puisqu’il représente 70 % des cancers de la peau, loin devant le mélanome. Ce sont aussi les moins graves, car leur évolution est lente et leur développement reste local. Cependant, leur danger est lié à leur potentiel invasif local qui peut entraîner des destructions des tissus. Ils ont un lien avec une exposition solaire intense et répétée. Le suivi implique souvent des petits gestes chirurgicaux (traitement de 1re intention), pouvant être itératifs situés majoritairement au niveau du visage, de la tête et du cou. Par contre, la forme métastatique est très invalidante. En général, elle est souvent la conséquence d’un manque d’attention du patient pour sa propre personne (et ce quel que soit son niveau social) qui laisse dégénérer un cancer basocellulaire curable en une forme métastatique agressive. A. Sekulic et al. Vismodegib for advanced basal cell carcinoma: duration of response after vismodegib discontinuation and response to vismodegib retreatment upon disease progression. Abst 9081. Suite aux résultats de l’étude ERIVANCE qui a montré un taux de réponses objectives (réponses complètes + réponses partielles) de 45 % chez les patients au stade métastatique et de 60 % chez les patients localement avancés, une enquête a été lancée pour évaluer le devenir des patients qui avaient arrêté vismodegib, alors qu’ils présentaient une réponse au traitement ou bien une stabilisation. 13 patients ont été identifiés. Pour 8 patients, la durée de rémission a été supérieure à 1 an et pour 2 d’entre eux, le vismodegib a été à nouveau prescrit avec une efficacité (stabilisation de la maladie). Enfin, après un traitement par vismodegib et une progression, la chirurgie est possible. En pratique pour l’officinal Nous vous proposons une fiche récapitulative qui reprend les éléments essentiels pour bien appréhender cette 159 J. Sicard, et al. nouvelle molécule sachant qu’à l’heure où nous réalisons ce compte rendu, Erivedge® n’est disponible qu’à l’hôpital. Les onco-dermatologues prennent en charge cette pathologie dans les services de dermatologie. Nombreux sont les patients qui présentent des CBC curables et que l’on voit à l’officine pour tout autre chose. Par contre, la population de patients atteints de CBC au stade métastatique est heureusement beaucoup plus faible. Nous n’aurons donc pas tous l’occasion de délivrer un tel traitement. Par conséquent n’hésitez pas à conserver cette fiche en attendant d’avoir une mise à disposition du vismodegib à l’officine. Nous aurons alors accès à d’autres outils d’information sur le net notamment. Cette fiche a été réalisée sur la base des RCP du produit. Vous pourrez retrouver toute ces informations sur le site de l’EMEA à l’adresse ci-dessous. http://www.ema.europa.eu/docs/fr_FR/document_ library/EPAR_-_Product_Information/human/002602/ WC500146817.pdf Pour conclure dans le domaine des cancers de la peau, nous vous rappelons qu’il existe également un nouveau traitement du mélanome métastatique appelé Vemurafenib, Zelboraf® que nous avons à disposition au sein de l’officine et pour lequel des résultats ont été présentés à l’Asco. Vous pouvez retrouver une fiche complète d’aide à la délivrance pour le pharmacien et une fiche-patient sur le site du réseau d’onco-hématologie du Limousin (http://www.sante-limousin.fr/professionnels/reseauxde-sante/rohlim/fiches-conseils-medicaments/) ainsi que sur le site du réseau onco-normand (http://www.onconormand.org). Obésité et cancer : une priorité pas qu’aux US Cette année encore, une quantité importante de communications ont abordé le sujet de la nutrition et plus spécifiquement les liens entre surpoids, obésité et cancer. En 2013, nous avions présenté un certain nombre de résultats d’études à ce sujet, mais surtout nous avions fait dans CancerOfficine® 2013, le point en détail sur les mécanismes d’action impliqués dans la cancérogenèse L’obésité est un phénomène mondial, et l’Asco a décidé d’en faire une priorité, puisque plus d’un tiers des adultes américains et 17 % des enfants et adolescents sont obèses. Il faudra des années pour comprendre l’impact sur la santé d’une telle épidémie. De très nombreux rapports ont évalué les relations entre le poids au diagnostic et le risque de récurrence et de mortalité dans le cancer du sein. Une méta-analyse publiée avant 2005 à partir de 43 essais avait montré un sur-risque de mortalité de 33 % chez la femme obèse au diagnostic versus non-obèse. De même, des études ont montré un 160 impact négatif de l’obésité sur l’efficacité de certaines chimiothérapies et hormonothérapie dans le cancer du sein, notamment à cause du volume de distribution (adaptation de dose). La même situation est retrouvée dans d’autres localisations tumorales comme la prostate, les données étant plus mitigées dans le domaine du digestif et du carcinome rénal. Par contre, les patients obèses sont susceptibles d’avoir plus d’effets secondaires (notamment au niveau cutané) et de complications post-chirurgicales. Enfin le risque d’apparition d’un second cancer est également significativement augmenté. P. Hongchao P et al. Effect of obesity in premenopausal ER+ early breast cancer: EBCCG data on 80,000 patients in 70 trials. Abst 503. L’équipe d’Oxford a encore frappé cette année avec une large analyse rétrospective sur 80 000 patientes atteintes d’un cancer du sein en situation de préménopause ou péri-ménopause avec des récepteurs hormonaux positifs (ER+). Les résultats montrent que l’obésité contribue à une augmentation de la mortalité parmi ces patientes (IMC > 30 kg/m2 ) avec un taux de 21,5 % de mortalité à 10 ans versus 16,6 % chez les patientes non obèses (20 < IMC < 25 kg/m2 ) et ce quel que soit l’âge de la patiente. De manière plus surprenante, dans cette analyse, la relation entre obésité et mortalité liée au cancer n’est pas retrouvée chez les patientes post-ménopausées. Dans cette population seule les patientes ayant un IMC > 40 kg/m2 ont une plus forte probabilité de mortalité par cancer du sein. De nombreux facteurs peuvent expliquer ces résultats étonnants, notamment le fait qu’il n’y a pas eu d’ajustement de l’analyse en fonction des origines ethniques des patients. De même, les participants aux essais cliniques sont, en général, des patients plus jeunes, mieux éduqués et ayant une attention particulière pour leur propre santé, ce qui peut constituer un biais d’analyse et expliquer pourquoi les auteurs ne retrouvent qu’un taux d’obésité de 23 % dans cette étude en comparaison des 34 % de prévalence dans la population générale. Quoi qu’il en soit, l’obésité pose un problème de calcul de dose pour les chimiothérapies. Le calcul est souvent relié à la surface corporelle. Dans le contexte de l’obésité, les patients peuvent être sous-dosés en traitement, ce qui pourrait expliquer, en partie, la surmortalité dans cette population. En pratique pour l’officinal En France, la question de la prévalence de l’obésité et les liens avec le cancer sont des sujets d’actualité. L’obésité est la deuxième cause évitable de cancer après le tabac. C’est donc un axe majeur de prévention. J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 Congrès Les Professeurs S. Hercberg et A. Basdevant, Présidents du Programme national nutrition santé 2011-2015 et du plan obésité 2010-2013, ont remis, le mardi 28 janvier, à Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, leurs propositions pour un nouvel élan de la politique nutritionnelle de santé publique. Vous pouvez retrouver le document à l’adresse suivante : http://www.sante.gouv.fr/nutrition-programmenational-nutrition-sante-pnns,6198.html Voici le résumé des propositions dans le domaine de la prise en charge des maladies nutritionnelles à partir du rapport du Pr. Arnaud Basdevant. Les actions proposées reposent sur 3 principes : – la déclinaison des mesures proposées doit être territoriale, pluriprofessionnelle, garantir l’accès aux soins en tenant compte des dimensions médico-sociales ; – la séparation entre curatif et préventif (action sur les modes de vie et l’environnement) n’a pas lieu d’être pour les maladies chroniques ; – le volet outre-mer de ces actions nécessite une impulsion politique spécifique compte tenu de la situation particulièrement préoccupante. Et dix priorités pour les soins en nutrition : – Mesure n◦ 1 : Mettre en place des parcours de soins pour les maladies de la nutrition, inscrire la nutrition dans le parcours de soins des maladies chroniques. – Mesure n◦ 2 : Définir le socle d’information en nutrition pour un dossier médical partagé pluriel. – Mesure n◦ 3 : Lutter contre la malnutrition chez les jeunes et la dénutrition à tous les âges. – Mesure n◦ 4 : Poursuivre le maillage territorial des soins pour l’obésité. – Mesure n◦ 5 : Organiser et valoriser les activités paramédicales dans le cadre de parcours coordonnés. – Mesure n◦ 6 : Garantir l’égalité d’accès aux spécialistes. – Mesure n◦ 7 : Associer soins et promotion de la santé nutritionnelle hors cadre du soin. – Mesure n◦ 8 : Innover dans les missions et les métiers de la nutrition et de l’activité physique adaptée. – Mesure n◦ 9 : Soutenir l’innovation et la recherche. – Mesure n◦ 10 : Informer le public et inclure les associations dans le développement des actions. En parallèle, nous avons toujours la possibilité d’aller visiter le site du réseau NACRe dans lequel vous trouverez de multiples ressources sur le sujet. http://www6.inra.fr/nacre/Actualites/Nouveaudossier-nutrition-apres-le-cancer Surdiagnostic et surtraitement : l’envers du décor Voici un sujet polémique dont la presse s’est emparée il y a de nombreux mois et qui ressort lors de cet Asco. En J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 effet, les organisateurs nous ont proposé une session Pour ou Contre sur cette thématique avec la volonté de faire changer les mentalités autour du dépistage de la maladie. Ainsi L. Esserman (Pour) et R. Pungliaa (Contre) ont présenté leur point de vue en partant de la philosophie actuelle du dépistage et en opposant une vision plus moderne qui intègre les avancées dans le domaine de la biologie tumorale. La vision actuelle est basée sur le fait qu’il y a une évolution inexorable de la cellule normale à un clone cellulaire muté qui se développe pour donner un cancer in situ puis invasif. Le fait de détecter les cancers dès les stades précoces (in situ ou stade 1) permet de diminuer la mortalité du cancer. C’est particulièrement vrai pour les cancers d’évolution lente. Mais qu’en est-il pour les cancers indolents ou bien au contraire les cancers à progression très rapide ? C’est alors que la biologie tumorale rentre en jeu et que l’on peut schématiser une vision plus moderne (figure 8). Pour les maladies cancéreuses à évolution rapide, le dépistage n’est pas un facteur clé pour la réduction de la mortalité, au contraire de la prévention et surtout du développement de nouvelles stratégies thérapeutiques. Le dépistage est important pour les tumeurs de progression lente. Enfin, une frange de tumeurs appelées tumeurs indolentes (c’est-à-dire des tumeurs qui ont un très faible potentiel métastatique et d’excellent pronostic) pour lesquelles le dépistage peut être considéré comme néfaste. Selon les études, les tumeurs indolentes représentent environ 20 % des cancers et 50 % des cancers nonpalpables détectés lors du dépistage. Elles doivent donc être identifiées et surtout traitées en conséquence. Dans ce domaine, nous avons l’exemple du cancer de la prostate et de la surveillance active pour les tumeurs qui répondent à certaines caractéristiques (score de Gleason 3+3). New Paradigm : variable progression INDOLENT or REGRESS SLOW PROGRESSION RAPID PROGRESSION Normal Cell Normal Cell Normal Cell Atypical Cell/CIS Atypical Cell/CIS Stage 1-3 Cancer Stage 1 Cancer Stage 1 Cancer Detectable Metastasis Cancer death Stage 2-3 Cancer Detectable Metastasis Cancer death Early detection will not imapact mortality Early detection can reduce mortality Systematic therapy key to reducing mortality Figure 8. Vision moderne du dépistage en fonction du développement tumoral. 161 J. Sicard, et al. En pratique pour l’officinal L’objectif de cette communication n’est pas de remettre en cause les programmes de dépistage existants car ils ont démontré leur intérêt. Cependant, dans l’état actuel des connaissances, il est difficile de discerner lors du diagnostic, les cancers qui vont évoluer plus ou moins rapidement et ceux qui n’auraient pas évolué en l’absence du dépistage. Ainsi il est proposé, par précaution, de traiter l’ensemble des lésions cancéreuses quand elles sont dépistées. On peut imaginer la difficulté pour un patient de prendre la décision de suivre ou non un traitement dans le cadre d’une lésion indolente. Le Dr R. Pungliaa a présenté un outil d’aide à la décision sur internet que les cliniciens peuvent utiliser à l’adresse suivante www.onlinedecision.org. L’HAS a rappelé l’importance du dépistage organisé notamment pour le cancer du sein chez les femmes de 50 à 74 ans. De son côté, l’Institut national du cancer a publié en septembre 2013 une nouvelle brochure concernant la promotion du dépistage du cancer du sein en intégrant désormais les avantages et les inconvénients d’une telle démarche. Le pharmacien d’officine a un rôle important dans l’éducation pour la santé. Il est l’un des vecteurs de communication auprès du public, en particulier pour soutenir les campagnes de dépistage du cancer du sein, du cancer colorectal, du cancer du col de l’utérus et du mélanome. Pour plus d’information, nous vous conseillons le site de l’Institut national du cancer (Inca) www.e-cancer.fr pour retrouver tous les éléments concernant les calendriers de dépistage. Il existe également des manifestations comme Octobre Rose pour le cancer du sein et Mars Bleu pour le cancer colorectal. Pour ajouter un élément à la discussion, en 2004 l’équipe du Dr Schwartz a réalisé une enquête téléphonique auprès de 500 personnes qui n’ont pas de cancer et qui avaient réalisé un dépistage du cancer du sein, côlon, col de l’utérus ou bien de la prostate. 38% des personnes interrogées ont eu à faire face à un faux positif. 40 % d’entre elles ont estimé avoir eu l’angoisse de leur vie mais malgré tout, 98 % des personnes sont heureuses d’avoir eu un dépistage (Schwartz. JAMA 2004 ; 291 : 71-8). Pharmacogenomics (PGX) : science-fiction ou science appliquée ? Notre curiosité avait été aiguisée à l’annonce de conférences sur la pharmacogénomique (PGX). Et nous n’avons 162 pas été déçus. Est-ce de la science-fiction pour les hyperspécialistes ou une discipline innovante, applicable à un coût abordable pour la communauté ? La balance penche plutôt pour la 2e solution. En effet, l’idée est d’optimiser toujours plus la balance bénéfice risque pour chaque patient et pour chaque traitement, cette approche mixe les données pharmacologiques et génomiques du patient et des thérapeutiques. D. L. Hertz. Application of pharmacogenomics to minimize chemotherapy toxicity. H. L. McLeod. Incidental and unclear pharmacogenomics findings from next-generation sequencing. P. H O’Donnell. Pre-emptive application of PGX optimize therapeutics. Tout d’abord, Daniel Louis Hertz nous démontre que nous allons pouvoir anticiper sur le niveau de toxicité des thérapeutiques : on va retrouver 3 groupes de patients dont les courbes de pharmacocinétique et dynamique montrent 3 niveaux de toxicité en fonction des doses délivrées de médicament. Par exemple, 20 % des patients qui sont des faibles métaboliseurs CYP2C8 vont ressentir une faible neurotoxicité du paclitaxel, contrairement aux 80 % autres forts métaboliseurs. Puis Howard L. McLeod nous explique que pour 319$, l’analyse Pgx va permettre de faire des économies en anticipant les interactions les plus probables en fonction du profil génomique du patient et les sites d’interactions des thérapeutiques aussi bien sur l’efficacité que la toxicité prévisionnelles. Il nous rappelle les données de Walko et al. (Nature Clinical Oncology) sur les nombreux facteurs qui influencent la biodisponibilité et l’efficacité d’un médicament : – les facteurs humains : l’observance du patient, l’adhérence du soignant, l’accès au médicament, – les facteurs pharmacocinétiques : les interactions médicamenteuses, l’induction ou l’inhibition des enzymes du cytochrome P450, les variations génétiques agissant sur les gènes de métabolisation et de transport du médicament, – les facteurs pharmacodynamiques : les variations génétiques sur les cibles du médicament, les interactions médicamenteuses, l’alimentation (ex. apport en acide folique pendant le traitement au méthotrexate). Et les exemples sont nombreux : HER2-neu et trastuzumab, BRAF et vemurafenib, CYP2C9/VKORC1 et la warfarine, CYP2C19 et clopidogrel/voriconazole, J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 Congrès CYP2D6-5HT3 et les antidépressseurs et les dérivés de codéine. Enfin, Peter H O’Donnell nous rappelle que les effets secondaires des médicaments sont la 5e cause des cas de décès des patients aux USA. 56 % des publications sur les thérapeutiques en oncologie utilisent des données de Pgx. Le projet 1 200 patients ! 13 % des médecins à Chicago ont prescrit dans les 6 derniers mois une analyse Pgx. 981 patients ont été recrutés. 736 génotypes réalisés ont une carte CPS custom pannel genomics : le juste médicament au juste dosage pour le juste patient permet une analyse d’une grande part des thérapeutiques. En pratique pour l’officinal Ce dernier projet est celui qui se rapproche le plus de notre pratique, car il répond à une question que nous nous posons régulièrement avec les médecins : quand un patient supporte mal une molécule, quand l’efficacité n’est pas suffisante, quelle alternative choisir ? Le GPS Genomic Prescribing System va nous indiquer par un feu vert que l’alternative pour ce patient au lansoprazole peut être le rabeprazole mais nous déconseille l’omeprazole par un feu rouge. Le point de vue d’une association de patients : des liens à créer Nous avons eu le plaisir d’interviewer Estelle Lecointe, Présidente de l’Association européenne des patients atteints de sarcomes (Sarcoma Patients EuroNet SPAEN) et de l’association Info Sarcomes. Cet échange fut très instructif et révélateur des attentes exprimées (ou pas) des patients et du rôle que nous pouvons jouer dans le cadre des nouvelles missions de soins de support et d’accompagnement (loi HPST). En effet, le patient qui vient d’apprendre de son oncologue le diagnostic d’un cancer et l’inclusion immédiate dans un parcours de soin intensif vient de recevoir un grand choc émotionnel qui bouleverse sa vie. Il vient de se voir privé de son autonomie en découvrant que ses prochains mois vont être rythmés par les rendez-vous pour les analyses, les cures de chimiothérapie, les séances de radiothérapie. . . Ses référents habituels vont être moins présents dans son parcours de soin : le médecin traitant et l’infirmière vont être éclipsés par l’oncologue et les infirmières de son service. Et bien sûr, ce patient est confronté à une solitude et à un besoin d’exprimer ce qu’il ressent. J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 Il naît donc une grande attente de pouvoir se confier, de reprendre le temps d’échanger et d’être accompagné. Nous pouvons y contribuer en terme d’écoute mais aussi de soins de support, nous le savons ; mais le grand public et les patients ne le savent pas forcément. Au grand étonnement d’Estelle, un nombre croissant de pharmaciens officinaux ont mis les moyens humains et médicaux pour fournir des soins de support et remplir ces missions. Ainsi, ces professionnels de santé proposent aux patients un accompagnement personnalisé, dès l’annonce et la dispensation des premières thérapies ciblées, chimiothérapies orales et ensuite des entretiens officinaux réguliers au long cours dès que le besoin est exprimé par le patient. Ils peuvent conseiller des thérapeutiques notamment en homéopathie ou en dermatologie qui soulagent les patients. Pour donner une bonne illustration de cette situation, Estelle a mené, il y a 8 ans, une enquête sur la baisse d’observance voire les arrêts de traitements sous Glivec® pour les cancers appelés Sarcomes gastrointestinaux (GIST). Elle a constaté jusqu’à 25 % d’arrêt de traitement du fait des effets secondaires puissants sans que le prescripteur ne soit systématiquement informé. En pratique pour l’officinal Avec l’aide du DPC et de nos historiques de dispensation, nous pouvons facilement déduire qu’un patient a arrêté sa prise de médicament pour des raisons de motivations, de tolérance ou autre. La loi HPST définit le pharmacien référent, avec des missions d’éducation thérapeutique, de coordination de soins. L’enjeu est d’assurer le métier sur les fondamentaux : – dispensation sécurisée du médicament, – réassurance du patient sur le médicament prescrit, – prévention des interactions médicamenteuses et alimentaires, – prévention et gestion des effets secondaires, – suivi et accompagnement du patient pour une meilleure observance : une gestion de l’observance et une baisse de l’inobservance (jusqu’à 50 % de non-observance dans les pathologies chroniques à 3 ans y compris quand le pronostic vital est en jeu et notamment en cancérologie). Bien sûr, de nombreux progrès restent à faire en termes de référentiels métiers les guidant dans leur démarche d’accompagnement, d’éducation thérapeutique, d’intégration en réseaux de soins, de reconnaissance politique, médicale et financière, mais la reconnaissance humaine des patients est là. 163 J. Sicard, et al. Giotrif® Afatinib Indication AMM L’afatinib ou Giotrif® est indiqué en monothérapie dans le traitement des patients adultes naïfs de TKI anti-EGFR (récepteur du facteur de croissance épidermique) atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) localement avancé ou métastatique qui présente une (des) mutation(s) activatrice(s) de l’EGFR. Conditions de prescription et de délivrance Médicament soumis à prescription hospitalière (Liste I). Prescription réservée aux spécialistes en oncologie ou en hématologie, ou aux médecins compétents en cancérologie. Le statut mutationnel de l’EGFR doit être établi avant l’initiation du traitement. Présentations et caractéristiques Comprimé pelliculé blanc à jaunâtre, de forme ronde, biconvexe, à bords biseautés, gravé avec le code « T20 » sur une face et le logo de l’entreprise Boehringer Ingelheim sur l’autre face. Quatre présentations sont disponibles sous plaquettes thermoformées 20 mg, 30 mg, 40 mg et 50 mg. Conservez ce médicament à température ambiante, à l’abri de la chaleur, de la lumière et de l’humidité, et hors de portée des enfants. Posologie et mode d’administration La dose recommandée est de 40 mg/jour à raison d’une prise quotidienne en continu et en monothérapie. Le médicament est disponible sous forme de comprimés pelliculés à 20, 30, 40 et 50 mg pour permettre des adaptations de dose, si nécessaire (cf. RCP). Le médicament doit être pris à distance des repas. La prise de nourriture n’est pas autorisée 3 heures avant et dans l’heure qui suit l’administration du traitement. Ainsi, le traitement ne pourra pas être administré 1 heure avant un repas ou 3 heures après en raison d’une diminution de l’absorption et de la concentration plasmatique de l’afatinib observée avec la prise concomitante d’une alimentation riche en graisse. Les comprimés doivent être avalés en entier avec un verre d’eau, si le patient ne peut pas avaler le comprimé, il peut être dispersé dans 100 mL d’eau en agitant de temps en temps pendant au maximum 15 minutes. La dispersion doit être bue immédiatement, le verre doit être alors rincé avec environ 100 mL d’eau qui doivent également être bus. En cas d’oubli d’une prise, le patient devra prendre la dose oubliée dès qu’il s’en rend compte sauf si la dose suivante est prévue dans les 8 prochaines heures. Dans ce cas, la dose oubliée ne doit pas être prise. Le traitement par l’afatinib doit être poursuivi jusqu’à la progression de la maladie ou jusqu’à ce qu’il ne soit plus toléré par le patient. Contre-indications Ce médicament contient du lactose. Les patients présentant des troubles héréditaires rares d’intolérance au galactose, de déficit en lactase de Lapp ou de malabsorption du glucose et du galactose ne doivent pas prendre ce médicament. L’hypersensibilité à l’afatinib ou à l’un des excipients constitue une contre-indication au traitement. Interactions médicamenteuses et autres types d’interactions Avec les inhibiteurs ou inducteurs du CYP3A4 : l’afatinib n’est pas un inhibiteur ni un inducteur des enzymes du cytochrome P450. Par conséquent, il est peu probable que ce médicament interagisse avec d’autres médicaments qui modulent ou sont métabolisés par les enzymes du CYP. Avec les inhibiteurs de la P-gp : les études in vitro ont montré que l’afatinib est un substrat de la P-gp (glycoprotéineP : pompe d’efflux située en particulier au niveau digestif et rénal qui montre une grande variabilité interindividuelle d’expression et de fonction). Les effets d’interactions sont cependant limités. Si des inhibiteurs de la P-gp (ritonavir, nelfinavir, saquinavir, ciclosporine A, tacrolimus, kétoconazole, itraconazole, érythromycine, vérapamil, quinine, amiodarone. . .) doivent être pris, ils doivent être administrés le plus à distance possible de la prise de l’afatinib. Cela signifie qu’il faut respecter, de préférence, un intervalle de 6 heures (pour les inhibiteurs de la P-gp administrés deux fois par jour) ou de 12 heures (pour les inhibiteurs de la P-gp administrés une fois par jour) par rapport à la prise de l’afatinib (14). 164 J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 Congrès Giotrif® Afatinib (Suite) Avec les inducteurs de la P-gp : des précautions d’emploi doivent être prises avec les inducteurs de la P-gp (notamment les puissants inducteurs de la P-gp tels que la rifampicine, la carbamazépine, la phénytoïne, le phénobarbital ou le millepertuis (Hypericum perforatum)), car ils sont susceptibles de réduire l’exposition à l’afatinib (14). Avec l’alcool ou le tabac : le profil pharmacocinétique de l’afatinib n’est pas modifié par la consommation d’alcool et de tabac. Il n’y a pas d’interaction métabolique chez le fumeur. Avec les aliments : ce médicament doit être administré en dehors des repas. Grossesse et allaitement Par mesure de précaution, il doit être recommandé aux femmes en âge de procréer d’éviter une grossesse pendant le traitement. Des méthodes de contraception adéquates doivent être utilisées au cours du traitement et au moins 1 mois après la dernière prise d’afatinib. Les données de pharmacocinétique disponibles chez les animaux ont montré que l’afatinib est excrété dans le lait maternel. Sur la base de ces données, l’allaitement est déconseillé pendant le traitement. Effets indésirables Dans les essais cliniques, des effets indésirables comparables à ceux déjà décrits avec les autres TKI anti-EGFR ont été rapportés. Il s’agit d’effets de classe, liés au mécanisme d’inhibition de l’EGFR. Dans la majorité des cas, ces effets sont prévisibles et gérables, mais ils peuvent être fréquents et variés. Il s’agit principalement de troubles digestifs de type diarrhées et mucites, de lésions cutanées et de lésions des ongles (paronychies). La diarrhée et l’éruption cutanée surviennent en général dans les quatre premières semaines du traitement et dans la majorité des cas dès les deux premières semaines. Les paronychies sont d’apparition plus tardive, 2 à 4 mois après l’instauration du traitement par l’afatinib. La gestion des effets indésirables nécessite une approche pluridisciplinaire. Le rôle du pharmacien a une importance primordiale, en s’assurant de la bonne compréhension par le patient des conseils prodigués, et du bon suivi des traitements prescrits. Bien informé, le patient pourra débuter rapidement les traitements symptomatiques appropriés et ainsi favoriser la poursuite du traitement dans de bonnes conditions. Recommandations particulières – Se laver soigneusement les mains avant et après chaque manipulation des comprimés. – Ne pas laisser à la portée des enfants. – Ne pas jeter les emballages ni les comprimés à la poubelle. Les rapporter au pharmacien. J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 165 J. Sicard, et al. Erivedge® Vismodegib Actuellement disponible à l’hôpital Indication AMM Erivedge® est indiqué pour le traitement des patients adultes atteints de : – carcinome baso-cellulaire métastatique symptomatique – carcinome baso-cellulaire localement avancé pour lequel la chirurgie ou la radiothérapie ne sont pas appropriées Conditions de prescription et de délivrance Médicament soumis à prescription hospitalière (Liste I). Prescription réservée aux spécialistes en oncologie ou aux médecins compétents en cancérologie. Présentations et caractéristiques Le corps de la gélule rose opaque porte l’inscription « 150 mg » et la coiffe de la gélule gris opaque porte l’inscription « VISMO » à l’encre noire. La gélule est de taille « n◦ 1 ». Flacon de 28 gélules. Conservez ce médicament à température ambiante, à l’abri de la chaleur, de la lumière et de l’humidité, et hors de portée des enfants. À la fin du traitement, rapporter au pharmacien, toutes les gélules non utilisées. Posologie et mode d’administration La dose recommandée est de 150 mg/jour à raison d’une prise quotidienne. Avalez entièrement la gélule avec un verre d’eau. Ne pas écraser, mâcher ou ouvrir la gélule, afin d’éviter une exposition involontaire au contenu de la gélule. Erivedge® peut être pris avec ou sans nourriture. Si une dose est omise, les patients doivent être informés de ne pas prendre la dose oubliée, mais de reprendre le traitement à la prochaine dose planifiée. Le traitement par vismodegib doit être poursuivi jusqu’à la progression de la maladie ou jusqu’à ce qu’il ne soit plus toléré par le patient. Contre-indications – – – – Hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients. Femmes enceintes ou allaitant Femmes en âge de procréer qui ne respectent pas le programme de prévention de la grossesse de Erivedge® Administration concomitante avec du millepertuis (Hypericum perforatum) Interactions médicamenteuses et autres types d’interactions Les médicaments qui modifient le pH du tractus gastro-intestinal supérieur (ex : les inhibiteurs de la pompe à proton, les antagonistes des récepteurs H2 et les anti-acides) peuvent modifier la solubilité du vismodegib et réduire sa biodisponibilité. Cependant, aucun essai clinique n’a été conduit afin d’évaluer les effets des agents modifiant le pH gastrique sur l’exposition systémique du vismodegib. Il est peu probable qu’une augmentation de la dose du vismodegib, lorsqu’il est administré de façon concomitante avec ces agents, permette de compenser la perte d’exposition. Lorsque le vismodegib est administré de façon concomitante avec un inhibiteur de la pompe à protons, un antagoniste des récepteurs H2 ou un anti-acide, l’exposition systémique du vismodegib peut être diminuée et l’effet sur l’efficacité du vismodegib est inconnu. Les patients présentant une achlorhydrie (absence de production d’acide chlorhydrique par les cellules pariétales de l’estomac) pourraient être sujets au même effet potentiel. Des études in vitro indiquent que le vismodegib est un substrat de la pompe d’efflux P-gp (la glycoprotéine-P) et que les enzymes métabolisant le médicament sont les CYP2C9 et CYP3A4. Lorsque le vismodegib est administré de façon concomitante avec des médicaments inhibant la P-gp (par exemple clarithromycine, érythromycine, azithromycine, vérapamil, ciclosporine), le CYP2C9 (amiodarone, fluconazole ou miconazole) ou le CYP3A4 (bocéprévir, clarithromycine, conivaptan, indinavir, itraconazole, kétoconazole, lopinavir/ritonavir, nelfinavir, posaconazole, ritonavir, saquinavir, telaprevir, télithromycine ou voriconazole), l’exposition systémique du vismodegib et l’incidence des effets indésirables du vismodegib peuvent être augmentées. Quand le vismodegib est administré de façon concomitante avec des inducteurs des CYP (rifampicine, carbamazépine, phénytoïne, millepertuis), l’exposition au vismodegib peut être diminuée. 166 J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 Congrès Erivedge® Vismodegib (Suite) Grossesse et allaitement La femme en âge de procréer doit respecter le programme de prévention de la grossesse de Erivedge®. Erivedge® peut entraîner la mort embryo-fœtale ou des anomalies congénitales sévères s’il est administré à une femme enceinte. Il a été démontré que les inhibiteurs de la voie Hedgehog tels que le vismodegib sont embryotoxiques et/ou tératogènes chez de nombreuses espèces animales et peuvent entraîner des malformations sévères, y compris des anomalies cranio-faciales, de la ligne médiane et des membres. Erivedge® ne doit pas être utilisé pendant la grossesse. En cas de grossesse chez une femme traitée par Erivedge®, le traitement doit être arrêté immédiatement. Le taux de passage de vismodegib excrété dans le lait maternel n’est pas connu. En raison du risque potentiel d’entraîner des anomalies sévères du développement, les femmes ne doivent pas allaiter durant le traitement avec Erivedge® et pendant les 24 mois qui suivent la dose finale. Effets indésirables Les effets indésirables (EI) les plus fréquents, survenus chez au moins 30 % des patients ont été les suivants par ordre d’importance : spasmes musculaires, alopécies, dysgueusie, perte de poids, fatigue et nausées. Recommandations particulières Surveillance particulière pendant le traitement : – pour tous les patients : la prescription nécessite la signature de l’accord de soins ; – pour les femmes susceptibles de procréer : la prescription est limitée à 1 mois de traitement, un test de grossesse doit être réalisé dans les 7 jours précédant l’initiation du traitement, puis tous les mois durant le traitement ; – la délivrance doit être effectuée au plus tard 7 jours après la prescription et après avoir vérifié la date et le résultat du test de grossesse. J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 167 J. Sicard, et al. Le petit lexique non illustré de la chimiothérapie orale* 168 NOM DE MARQUE DCI LOCALISATIONS DOSAGES RECOS PRISE Afinitor® Everolimus Sein, Rein 5 mg 10 mg Au cours ou en dehors du repas Arimidex® Anastrozole Sein 1 mg Au cours ou en dehors du repas Aromasine® Exemestane Sein 25 mg Au cours ou en dehors du repas Caprelsa® Vandetanib Thyroïde 100 mg 300 mg Au cours ou en dehors du repas Casodex® Bicalutamide Prostate 50 mg Au cours ou en dehors du repas Celltop® Etoposide Nombreuses localisations 25 mg 50 mg Au cours ou en dehors du repas Endoxan® Cyclophosphamide Sein 50 mg A jeun le matin Erivedge® Vismodegib Carcinome Basocellulaire 150 mg Au cours ou en dehors du repas Femara® Letrozole Sein 2,5 mg Au cours ou en dehors du repas Giotrif® Aftinib Poumon 20, 30, 40 et 50 mg 1 h avant repas ou 3 h après Glivec® Imatinib LMC 100 mg 400 mg Au cours du repas, assis Hycamtin® Topotécan Poumon, Ovaire, Utérus 0,25 mg 1 mg Au cours ou en dehors du repas Inlyta® Axitinib Rein 1 mg 5 mg Au cours ou en dehors du repas Iressa® Gefitinib Poumon 250 mg Au cours ou en dehors du repas J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 Congrès NOM DE MARQUE DCI LOCALISATIONS DOSAGES RECOS PRISE Methorexate Bellon® Methotrexate Nombreuses localisations 2,5 mg Au cours ou en dehors du repas Natulan® Procarbazine Hodgkin, Lymphomes, Poumon, Cerveau 50 mg Au cours ou en dehors du repas Navelbine® Vinorelbine Poumon, Sein 20 mg 30 mg Fin de repas léger Nexavar® Sorafenib Rein 200 mg Aprés repas pauvre ou modérément riche en graisse Nolvadex® Tamoxifene Sein 10 mg 20 mg Au cours ou en dehors du repas Stivarga® Regorafenib Digestif 40 mg Aprés repas pauvre en graisse Sutent® Sunitinib Rein, GIST, Pancréas 12,5 mg 25 mg 50 mg Au cours ou en dehors du repas Tafinlar® Dabrafenib Mélanome 50 mg 75 mg A jeun, 1 h avant repas ou 2 h après Tarceva® Erolotinib Poumon 25 mg 100 mg 150 mg A jeun, 1 h avant repas ou 2 h après Temodal® Temozolomide Glioblastome 5, 20, 100, 140, 180, 250 mg A jeun, 1 h avant repas Tyverb® Lapatinib Sein 250 mg Au cours ou en dehors du repas Votrient® Pazopanib Rein, Sarcomes 200 mg 400 mg En dehors du repas Xalkori® Crizotinib Poumon 200 mg 250 mg Au cours ou en dehors du repas Xaloda® Capecitabine Digestif, Sein 150 mg 500 mg 30’ après petit déj. et dîner Xtandi® Enzalutamide Prostate 40 mg Au cours ou en dehors du repas Zelborat® Vemurafenib Mélonome 240 mg Au cours ou en dehors du repas Zytiga® Abiraterone Prostate 250 mg En dehors du repas *Lexique adapté respectivement du site du ROHLim et réseau Onco-normand. Liste non exhaustive et valable à la date de sa rédaction (août 2014). J Pharm Clin, vol. 33 n◦ 3, septembre 2014 169