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No 73. 3e TRIMESTRE 2015 Entre nous... 3 LES SCPI DE DÉMEMBREMENT Primonial, en partenariat avec PERL1, a lancé Patrimmo Croissance, première SCPI à capital variable de nue-propriété. Quelle est la genèse de cette SCPI, comment fonctionne-t-elle et quelles sont ses ambitions ? Sur la base du démembrement de propriété, d’autres formes de SCPI sont-elles envisageables ? © PERL INTERVIEW DE LAURENT MOGNO ET LAURENT FLÉCHET Laurent Mogno Directeur général, PERL réalisée par Christian Micheaud Laurent Mogno. Le bilan est très positif. L’évolution profonde entre l’usage et la propriété des biens trouve une illustration pertinente dans le modèle PERL qui consiste à produire maintenant des logements à loyer abordable en les adossant à un investissement immobilier de moyen terme. Ce partage temporel de la propriété répond à deux enjeux forts : la préparation financière de leur retraite par les Français et le logement des actifs dans les zones en forte tension foncière. La dynamique du schéma PERL s’exprime par une appétence renforcée des investisseurs et des professionnels du patrimoine qui les accompagnent ainsi que par sa reconnaissance par les collectivités locales et les bailleurs sociaux. À ce jour, plus de 100 villes et 60 bailleurs sociaux ont eu recours à l’usufruit locatif social (ULS, voir encadré page 2). 5 300 logements ont été réalisés ou sont en cours de production. Près d’un milliard d’euros d’épargne privée a été mobilisé par PERL depuis quinze ans et, en 2015, PERL dépassera les 1 000 lots commercialisés. Enfin, en 2014, l’ouverture des véhicules collectifs aux seuls actifs détenus en nue-propriété a élargi notre périmètre d’intervention auprès des institu- 1. Pierre Épargne Retraite Logement. tionnels, qui retrouvent ainsi sur des actifs résidentiels une capitalisation performante et sans risque locatif (puisque assumé par l’usufruitier). 2 Primonial vient d’ajouter, à son offre de fonds immobiliers, Patrimmo Croissance, première SCPI de nue-propriété, élaborée en partenariat avec PERL. Pourquoi seulement maintenant ? Avez-vous rencontré des difficultés techniques particulières ? Laurent Fléchet. La création de la SCPI Patrimmo Croissance est née de deux opportunités : d’une part, notre conviction qu’il est pertinent de revenir aujourd’hui sur le marché résidentiel ; d’autre part, l’élargissement de l’objet social des SCPI à la nuepropriété d’actifs immobiliers, avec la loi Alur de mars 2014. Il existe aujourd’hui un consensus autour du cons tat que les principaux bassins d’emploi français connaissent un déficit d’offre de logements. Ce déséquilibre est massif en Île-de-France. Il touche particulièrement les biens dits « intermédiaires » destinés aux familles actives dont les revenus sont supérieurs aux conditions d’attribution de logements sociaux mais qui rencontrent des difficultés pour accéder au parc locatif privé. Qui plus est, ce déficit de logements intermédiaires dans les zones les plus attractives alimente une hausse des prix dont chacun perçoit les conséquences sociales. Les pouvoirs publics ont pris la mesure de ce phénomène. Ils reconnaissent la nécessité de soutenir © Primonial 1 PERL a imaginé, il y a une quinzaine d’années, appliquer le démembrement de propriété à l’investissement, en rapprochant des investisseurs privés nus-propriétaires et des bailleurs sociaux usufruitiers. Quel chemin a été parcouru en quinze ans ? Quel est votre bilan à ce jour ? Laurent Fléchet Président, Primonial REIM 4 IEIF RÉFLEXIONS IMMOBILIÈRES Entre nous... la construction de logements dans les territoires en tension foncière. Avec des loyers plafonnés, inférieurs en moyenne de 15 à 20 % à ceux du marché privé, le segment du logement intermédiaire est un outil stratégique pour améliorer le taux de rotation des locataires dans le parc social et pour relancer le secteur de la construction. La Loi Alur du 24 mars 2014, complétée par son décret d’application de septembre 2014, permet aux SCPI d’investir dans la nue-propriété d’immeubles « destinés à la location ». D’où l’opportunité de développer une offre inédite facilitant le retour des investisseurs institutionnels et des épargnants sur le logement intermédiaire. Patrimmo Croissance permet de capitaliser la valeur de la nue-propriété de logements en restituant à la fois la valorisation « mécanique » de la nue-propriété, au fur et à mesure de l’extinction de l’usufruit, et l’évolution de la valeur de marché constatée sur les actifs lors des expertises trimestrielles. Cette SCPI permet ainsi aux investisseurs d’utiliser le démembrement de propriété comme une solution patrimoniale de capitalisation. Et ce via un véhicule collectif, avec les avantages que cela implique en termes de mutualisation des risques et de liquidité. C’est la première fois que l’immobilier résidentiel est accessible pour des mises de fonds modestes, y compris dans le cadre de l’assurance vie. 3 Le partenariat entre PERL et Primonial ne s’est pas arrêté à la création de cette SCPI. C’est le début d’une collaboration dans le temps, probablement. Avec quelle répartition des rôles pour chacun ? Laurent Fléchet. Le retour des investisseurs vers le logement intermédiaire doit s’opérer à la fois du côté des épargnants et du côté des institutionnels. Nous préparons, avec PERL, une offre qui permettra aux grands investisseurs de s’exposer à la nue-propriété résidentielle dans un cadre collectif et régulé. Au total, c’est près d’une centaine de millions par an qui devraient pouvoir s’investir sur ce marché à travers des fonds immobiliers collectifs. Notre partenariat s’inscrit effectivement sur le long terme. PERL est le leader incontesté sur le marché de la nue-propriété avec une part de marché de 70 % au niveau national. Primonial REIM est leader en collecte nette sur le marché des SCPI depuis trois ans. Il y a donc une vraie pertinence à ce partenariat. Laurent Mogno. Dans ce partenariat, PERL joue pleinement son rôle d’opérateur en démembrement de propriété. Le sourcing des opérations immobilières s’effectue selon trois modes d’intervention : immeubles en Vefa, acquisitions foncières et ensembles immobiliers existant. Parallèlement, nous identifions sur chaque opération le bailleur social le L’usufruit locatif social (ULS) Le principe de l’ULS se fonde sur le démembrement du droit de propriété, pour une durée contractuelle de quinze à vingt ans, entre le droit d’usage (l’usufruit qui permet la location du bien) et le droit portant sur le patrimoine (la nue-propriété). Le bailleur social, usufruitier temporaire. Il achète en bloc l’usufruit pour une durée longue de quinze à vingt ans. Il loue les logements à des ménages sous conditions de ressources, moyennant des loyers sociaux ou intermédiaires. L’acquisition de l’usufruit est intégralement autofinancée par les loyers. Ces logements ne nécessitent ni subvention pour surcharge foncière ni immobilisation des fonds propres du bailleur, et sont comptabilisés au titre de l’article 55 de la loi SRU. Les épargnants, acquéreurs de la nue-propriété. Ils se portent acquéreurs de la nue-propriété, appartement par appartement. Ils achètent un bien immobilier de qualité, pour un prix réduit par rapport à sa valeur en pleine propriété. En contrepartie, ils ne perçoivent naturellement aucun loyer pendant la durée d’usufruit. Ces épargnants sont tous des particuliers. Leurs motivations d’investissement sont prioritairement la diversification patrimoniale et la constitution d’une épargne en vue de leur retraite. Les locataires, sous conditions de ressources. Ils sont désignés par les procédures habituelles d’attribution des logements locatifs sociaux. Le bail d’habitation consenti par l’organisme de logement social est encadré par les articles L. 253-1 et suivants du Code de la construction et de l’habitation (CCH). Le locataire est expressément informé du statut particulier de son logement et bénéficie de plusieurs droits d’ordre public qui lui sont rappelés un an avant l’échéance de l’usufruit : uune offre de relogement s’il est toujours sous les plafonds de ressources PLS (maintien dans le parc social) ; ula possibilité d’acheter prioritairement le logement s’il est mis en vente ; ula possibilité de signer un nouveau bail de droit commun avec le nouveau propriétaire. No 73. 3e TRIMESTRE 2015 Entre nous... plus adapté au projet, notamment en fonction de son patrimoine existant sur la commune. PERL se titre, c’est-à-dire acquiert chacune des opérations, afin de garantir une maîtrise complète de la cession des droits démembrés et la définition des conditions d’usufruit et d’entretien des biens. Aucune de nos opérations n’est uniquement dédiée à un canal de distribution, SCPI ou direct. Ce mode de co-commercialisation garantit une équité dans la qualité des opérations proposées et leur diversité. Enfin, à travers notre filiale PERL Invest, nous distribuons la SCPI Patrimmo Croissance auprès de nos partenaires conseils en gestion de patrimoine, proposant ainsi une offre retail en nue-propriété dans le cadre de montants unitaires plus modérés (à partir de 5 000 €). 4 Dans PERL comme dans la SCPI Patrim- mo Croissance, le démembrement est temporaire. Comment envisagez-vous la sortie ? Laurent Fléchet. Dans l’usufruit locatif social (ULS), la norme est que le bailleur social restitue au nu-propriétaire, en l’occurrence la SCPI, un bien vide et en l’état dès que la pleine propriété aura été reconstituée, soit en moyenne entre quinze et vingt ans après l’acquisition. Les lots acquis par Patrimmo Croissance seront donc cédés dès l’extinction de l’usufruit. Le produit de la vente sera réalloué à l’acquisition de nouveaux lots en nue-propriété. Par ailleurs, il sera aussi possible à la SCPI de céder un actif avant le « remembrement » total. On est donc en présence d’un vrai fonds ouvert et non d’un fonds qui liquiderait ses actifs à maturité. C’est la grande différence avec les SCPI fiscales traditionnelles. 5 Vos entreprises respectives étudientelles d’autres possibilités de placements directs ou de fonds immobiliers basés sur le démembrement ou sur des formes juridiques voisines, comme le bail réel immobilier relatif au logement (Brilo) ou le viager ? Laurent Mogno. Les conditions de sortie des opérations sont encadrées par la loi depuis 2006. Les droits et les devoirs de l’usufruitier et des nus-propriétaires sont clairement définis. Dans ce contexte, PERL agit à différents niveaux et privilégie l’anticipation du processus légal. Nous avons d’ores et déjà augmenté contractuellement le délai de préparation des fins d’usufruit par l’usufruitier (de un à deux ans). Laurent Mogno. Le démembrement de propriété est un mécanisme très souple qui permet de proposer des produits d’épargne sécurisés et performants et de produire une offre résidentielle à des niveaux de loyer abordable. Ce modèle se déclinerait avec efficience sur les résidences seniors, et PERL a déjà réalisé à Courbevoie un programme immobilier de résidence étudiante. Nous réfléchissons également à l’adaptation du modèle PERL associé à une dissociation foncier/bâti. Identifier en amont la stratégie des nus-propriétaires (vendre, louer, occuper) et du bailleur social est un point clé de la réussite du débouclage. En septembre, nous lançons une plateforme de relations-clients pour informer les nus-propriétaires pendant toute la durée de l’usufruit ainsi que sur son extinction. Parallèlement, PERL accompagne certains bailleurs dans la formulation auprès des nus-propriétaires d’une offre de prorogation de leur usufruit ou de rachat de la pleine propriété. Laurent Fléchet. Nous observons aujourd’hui la compression des taux de rendement sur les actifs immobiliers les plus sécurisés, faisant l’objet d’une demande massive de la part des investisseurs. Dans ce contexte, il est nécessaire de diversifier nos portefeuilles, pour étendre notre offre à des niches spécifiques et innovantes. Nous devons identifier de nouveaux univers investissables en immobilier collectif à l’instar de ce que nous avons fait sur l’immobilier de santé et éducation avec la SCPI Primovie. Concernant la restitution des biens, rappelons que les bailleurs sociaux sont des professionnels de la gestion locative. Les travaux d’entretien et de remise en bon état des appartements sont provisionnés dès l’acquisition. La sélection par PERL de bailleurs disposant de patrimoine sur la commune ainsi que le professionnalisme de ces derniers permettent d’envisager sereinement le relogement éventuellement nécessaire de certains locataires. Nous souhaitons mettre en œuvre toutes les solutions possibles, permettant aux épargnants de revenir sur les actifs liés à l’économie réelle, le logement en fait partie bien évidemment. Le viager constitue clairement une des pistes de réflexion. Il implique des risques et des contraintes, qui pourraient être mutualisés dans le cadre de véhicules collectifs : l’aléa sur la durée de vie de l’occupant et la fin du bail, le risque de marché lié à la localisation du bien, le montant élevé de l’investissement.y Nous avons également conçu, en pleine collaboration avec nos partenaires bailleurs, un dispositif de transition locative pour lisser le rythme des sorties sur les dernières années de l’usufruit. 5 6 IEIF RÉFLEXIONS IMMOBILIÈRES Entre nous...