La trouvaille du buste romain… - Ville de Beaumont-lès

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La trouvaille du buste romain… - Ville de Beaumont-lès
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La trouvaille du buste romain…
Il y a quelques trente trois années de cela, en ce mois
de juin 1977…Vous savez…Presque l’espace – temps de deux générations successives, la mairie de
Beaumont à la tête de laquelle, la municipalité venait d’être confirmée, par l’expression du suffrage
universel…Editait alors le troisième numéro de l’année de sa revue municipale d’informations. Depuis
quelques années, elle avait pour nom : « Notre Village ». En égard aux décennies qui passent
tellement inexorablement, c’était en quelque sorte l’ancienne parente de « La Vie Beaumontoise ».
Cette parution laissait apparaître à sa première page, sur fond de couleur crème, une grande
photographie d’un buste romain sous lequel se trouvait encadré ce petit texte explicatif, à l’intention
du lecteur : « Buste romain en marbre blanc découvert à Laye ( Beaumont ) en 1965 à 80 cm de
profondeur ». Le quartier de Laye étant situé entre la rivière de la Véore au Sud, le domaine de
Lorient, à l’Ouest, la colline surplombant le site, au Nord et le chemin desservant la passerelle de la
Padelle à l’Est. Le haut d’un torse d’homme laissant apparaître les plis ordonnés d’une toge, celle
d’une importante personne telle la tenue d’apparat de cette millénaire époque romaine rayonnante sur
le monde occidental. Une sculpture dépourvue de sa tête humaine sectionnée à sa base, certainement,
l’effet d’une mutilation volontaire et malveillante ou, allez savoir, malencontreuse au gré des
historiques et mutilantes vicissitudes. Il s’agit de ce même buste qui décore la salle des délibérations
du Conseil Municipal telle une partie intégrante du patrimoine culturel attaché à notre village. Installé
sur un piédestal aussi de couleur blanche, il se présente tel un buste d’un dignitaire romain de l’époque
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allégorique du forum avec ses débats, sa clepsy,dre ses rencontres, ses fêtes, ses jeux mais
aussi sa vie de la plèbe constituant la population de la Rome des Empereurs, entre l’arc de Constantin
et le Colisée.
La mémoire locale cite que ce fut un agriculteur qui,
dans l’accomplissement d’un simple labour saisonnier, au contact résistant et inhabituel du soc de sa
charrue, s’aperçut qu’une masse de forme identifiable émergeait depuis la profondeur de la terre
retournée. Ce labour mettait à jour ce buste que son inventeur, Monsieur Fraisse ne se contenta pas
de conserver chez lui…Mais, par générosité, qu’il décida d’exposer à la bibliothèque municipale.
Pensant à justes raisons, que cette découverte s’avérait d’une valeur patrimoniale historique et
éducative, les responsables de la bibliothèque, alors installée au premier étage de l’ancienne mairie en
sa disposition d’alors, le disposèrent tout bonnement sur le rebord de la cheminée de la salle de
lecture…Telle une présence dont les élèves de l’école communale prirent connaissance des fortuites
mais heureuses conditions de sa mise à jour.
De ce temps en fin des années soixante-dix, un lien
relationnel avec le service des Beaux Arts du département de la Drôme porta à la connaissance des
responsables communaux, ce qui fut aussi supposé par les habitants de ce quartier situé aux confins de
la commune, que cet espace agricole supportait des vestiges enfouis d’une villa
romaine…Vraisemblablement en situation alors sous un verger, en un terrain légèrement pentu
disposé en un adret ensoleillé et bien à l’abri du vent dominant. Plus qu’une impression, une
présomption corroborée par le fait que des débris de tuiles, ça et là, se trouvaient disséminés sur cet
endroit campagnard et retiré. Selon les spécialistes, c’étaient autant d’éléments révélateurs et même
probants. Alors, une initiative concertée se fit jour à Beaumont par un groupe de volontaires
sensibilisés par tous les attraits de l’archéologie. Elle consistait à retrouver une fondation vaguement
localisée. Elle pouvait faire remonter les chercheurs en suivant un mur enfoui vers quelque chose de
plus intéressant en gisement. Le conseil municipal fut appelé à donner son avis sur l’achat de pelles,
de pioches et de petit matériel à attribuer à cette équipe de volontaires ne manquant manifestement pas
d’enthousiasme. Elle s’était donc manifestée pour entreprendre ces fouilles et les mener à bien jusqu’à
leur terme. Et puis, le Conseil Municipal retint alors le bienveillant et contributif principe
complémentaire que la pelle mécanique, appartenant alors à l’Association Foncière de Remembrement
de la commune, pourrait venir contribuer à opérer l’amorce de cette mise en place du chantier…Une
entreprise qui devait s’installer dans le temps et même devant entrevoir nécessairement des travaux de
longue haleine.
Alors, un responsable de cette direction
départementale, sur conseil ou injonction de la direction régionale de Lyon, fit connaître à la commune
que l’équipe des initiateurs de ces fouilles ne s’avéraient pas suffisamment qualifiée, des archéologues
jugés peu aguerris et pouvant occasionner des regrettables maladresses risquant de devenir
potentiellement irréparables…Pour mener à bien ces investigations dans les meilleures conditions
requises et selon les règles révélées très strictes régissant ce type de creusement très particulier,
précautionneux et donc pointu. C’est ainsi qu’il fut tout bonnement décidé de laisser en l’état ce site
pourtant potentiellement porteur de richesses archéologiques…En laissant comme en un éternel
gisement à la disposition des lointaines générations futures, ces pourtant non visibles traces de
l’histoire humaine intéressant la territorialité de notre commune : Une page de son histoire se refermait
ainsi avant même d’avoir été ouverte.
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Ces atermoiements ne dissipèrent pas pour autant
les quasi certitudes ressenties par les habitants du lieu, en particulier Monsieur Fraisse me confiant
alors, selon des renseignements transmis de générations éteintes en générations vivantes, au terme
desquels, cet ensemble résidentiel romain constituait vraisemblablement un important lieu constituant
alors une étape entre la ville d’Orange et celle de Vienne, en un lieu de passage rhodanien
certainement très intense. Autant de quasi suppositions, non confirmées mais vraisemblables.
Lesquelles garderont tout leur profond mystère et cela durablement pendant des décennies, voire des
siècles à venir avant qu’une équipe jugée plus compétente ne mettre à jour définitivement ces vestiges
romains…Dont cette significative découverte représente un témoignage concret de grande valeur et à
portée historique…Celle inerte mais hautement symbolique, l’empreinte humaine ornant pour la
postérité la salle des libérations du Conseil Municipal de Beaumont en Valentinois et s’avérant ce qui
constitua, à l’époque de cette découverte encore présente dans la mémoire de beaucoup d’entre nous…
La trouvaille du buste romain…
Jean d’Orfeuille

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