Mondialisation et éthique des échanges

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Mondialisation et éthique des échanges
Mondialisation et éthique des échanges
Dirigé par Jean-Yves Naudet
Actes du IXe colloque d’éthique économique
Aix-en-Provence, 4 et 5 juillet 2002
Centre de Recherche en Ethique Economique et des Affaires et Déontologie Professionnelle
Librairie de l’Université d’Aix-en-Provence
Collection Ethique et Déontologie
juin 2003, 334 pages, 39 € ([email protected])
Voici les actes de l’édition 2002 du colloque d’éthique économique d’Aix-en-Provence. Elle était
consacrée à la mondialisation. Le ton fut donné par le Professeur Jean-Yves Naudet, dans son rapport
introductif : il ne faut pas craindre la mondialisation car l’échange, dont elle repousse les limites aux
frontières du globe, est le propre de l’homme et la source de tous ses progrès. Et il fut confirmé, en
conclusion, par Pascal Salin, professeur à l’Université Paris-Dauphine : la mondialisation représente
réellement un espoir pour tous les spoliés car de la suppression des obstacles à l’échange, notamment
des obstacles que les puissants dressent aux frontières des Etats, surgit mille opportunités d’améliorer
son sort. Comme d’habitude, la part belle fut donnée à l’interdisciplinarité : économistes, juristes,
philosophes. C’est à ces derniers que nous allons nous intéresser.
Jean-François Mattéi, professeur de philosophie à l’Université de Nice, analyse la mondialisation
comme le processus d’extension au monde entier de la civilisation occidentale, notamment de
l’économie de marché. Les causes en sont bien connues : les innovations technologiques dans les
communications et la suppression de la plus part des obstacles légaux favorisent la multiplication des
échanges. Cette mondialisation de la civilisation occidentale est comme l’achèvement de la
démocratie : ne se prétend-t-elle pas universelle ? Elle le devient, effectivement. Même ceux qui le
déplorent manquent d’un point d’appui extérieur pour la critiquer. Ils ne peuvent saper en les
fondements mais tout au plus en épingler les excès : s’il se garde des OGM pour mitonner son
roquefort, José Bové, quand il téléphone, utilise son portable ! La mondialisation est l’horizon de notre
civilisation, indépassable par définition. Est-ce pour autant la fin de l’histoire ? Non pas car nous ne
savons pas ce que sera l’avenir. Faut-il en désespérer ? Non plus car, si une civilisation nouvelle doit
naître, ce sera de l’intérieur de la mondialisation et nous pouvons accoucher celle que vivrons nos
descendants.
Après dix communications tantôt techniques, tantôt engagées, Paul Dembinski, professeur à
l’Université de Fribourg, Directeur de l’Observatoire de la Finance, apporte comme une réponse à la
communication du Professeur Mattéi. La mondialisation est un horizon indépassable ? Certes et il est
important de la faire fonctionner. Mais il est bien plus important de l’améliorer, pour que les bienfaits
de la mondialisation profitent à tous. En bref, il faut se soucier du bien commun, du bien de la
communauté que le monde commence à former. Mais encore faut-il le connaître ce bien commun. Les
points de vue sont nombreux et tout autant légitimes : les communautés territoriales, représentées
démocratiquement, les experts, plus que jamais, les acteurs économiques, du fait même de leur
existence, les médias, bien sûr, et tous ceux qui tiennent un discours prophétique. Ce bien commun vat-il de soi ? Ne serait-il pas plutôt une construction sociale ? La transparence acquise par l’explicitation
des points de vue permettrait d’articuler ce que la loi naturelle aurait déposé dans les consciences de
chacun. Une ethos du bien commun remettrait l’efficacité économique à sa place, celle d’un moyen en
vue d’un bien. En bref, il s’agit de perfectionner les comportements afin que les bienfaits de la
mondialisation profitent à tous.
Arnaud Pellissier-Tanon