Mondialisation et valeurs culturellesG

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Mondialisation et valeurs culturellesG
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Mondialisation et valeurs culturellesG
Guy Sorman
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La mondialisation n’est pas seulement une libération des échanges commerciaux
et financiers ; elle n’est pas uniquement un système économique. Elle est et elle
sera une nouvelle civilisation. Nul peuple n’y échappe ou n’y échappera ; mieux
vaut d’ailleurs en faire partie que de rester à l’écart. Car ceux qui ne seront pas
mondialisés seront destinés à la misère économique et à la marginalisation culturelle.
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Mais, à qui profite la mondialisation ? Toutes les nations en retirent-elles un
avantage équivalent ?
Il apparaît que le grand bénéficiaire, ce sont les USA ; c’est sous leur empire et et
en grande partie au nom de principes qu’ils ont définis que la mondialisation se
déroule. Mais, il n’empêche que les USA, à leur tour, sont transformés par le phénomène qu’ils ont engendré. Leur économie est tributaire des fournisseurs extérieurs en énergie, en biens de consommation et en capitaux. Leur civilisation est
influencée en profondeur par les apports extérieurs, en particulier par les valeurs
que les immigrants d’Asie et d’Afrique véhiculent avec eux. La mondialisation est
américaine, mais l’Amérique est de plus en plus à l’image du monde.
En dehors des Etats-Unis, la mondialisation à la manière d’une sélection darwinienne privilégie les plus adaptés. Qui sont les mieux adaptés ? Ce ne sont pas
nécessairement les plus forts mais les plus souples et ceux dont l’identité culturelle
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est la plus forte. Cette notion d’identité est fondamentale car la mondialisation fonctionne comme une vaste bourse d’échange où les valeurs sont culturelles autant que
marchandes. Je m’explique : lorsque nous achetons sur ce marché mondial un objet,
un service ou un divertissement, nous ne le choisissons pas seulement pour son prix
mais aussi pour l’idée que cet objet ou ce service symbolisent. On ne choisit pas
McDonald’s pour le goût mais parce que le hamburger est un morceau de rêve
américain. De même, un parfum français est cher parce qu’il véhicule une idée du
luxe. Un objet japonais est recherché parce qu’il est supposé, a priori, esthétique et
de qualité. On pourrait ainsi à l’infini décliner les images et constater la coïncidence
entre la puissance économique des nations, le nombre de marques reconnues produites par chacune d’elle et la puissance de l’idée culturelle qu’elles représentent.
Où situerait-on la Corée dans cette échelle ? En 40 ans, sa situation économique a
progressé en même temps que la reconnaissance de sa civilisation s’est améliorée ;
la Corée est progressivement passée du stade de l’objet primitif et bon marché à celui de la créativité reconnue. Qui a tiré la culture et qui a tiré l’économie ?
L’économie suit la culture car seule une civilisation élaborée peut engendrer une
économie sophistiquée. Comme preuve a contrario, on se demandera si l’économie
chinoise parviendra à surmonter le handicap que représente sa civilisation ravagée
par un siècle de révolutions ?
Dans cette mondialisation, rien n’est statique : il ne faut donc pas confondre folklore et culture. Le folklore immuable et répétitif ne produit rien de compétititf dans
la durée. La culture, en revanche, est dynamique dans la continuité et elle est la
seule garantie de la pérennité. Mais, la culture n’est pas une abstraction qui surgit
spontanément de l’âme collective des peuples. Derrière chaque création existe un
créateur ; c’est donc en définitive du statut du créateur dans la société que dé-
pend l’avenir de la nation, sa survie en tant que nation singulière dans la
grande épopée mondialiste.
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