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Bien comprendre le R∴ E∴ R∴
Tous les rites de la Franc-Maçonnerie régulière sont, à l'évidence, justiciables d'une réflexion
permanente destinée à toujours mieux comprendre ce qu'à travers le voile des rituels des différentes
réceptions, des secrets des grades ou des textes normatifs ou édificateurs, ils veulent dire ou plutôt
faire sentir en vue de la transformation intérieure de ceux qui les pratiquent.
Si la rencontre délicate mais essentielle entre rites, en quelque sorte parole verbale ou gestuelle venu e
de l'extérieur, et intuition intime, ne se produit pas ou pire produit des malentendus, le sens caché du
rite sera pauvrement ou mal perçu par les Maçons. A leur tour ils en transmettront le contenu sans
grande capacité opératoire pour la transformation des quêteurs de l'initiation, ce qui pourra même
conduire à un certain mal-être chez les Maçons qui le pratiquent ou auprès de leurs Frères qui les
côtoient, tout en étant fidèles à d'autres rites.
En ce qui concerne le Rite Écossais Rectifié, cette réflexion est de toute première importance, car il
présente une complexité spécifique et des particularismes qui peuvent, tant de l'intérieur que surtout de
l'extérieur, rendre sa compréhension difficile et sa pratique malaisée. Cette situation l'expose ainsi à
des risques d'interprétation incorrecte. Il est en effet, constitué par trois composantes (classes)
successives :
- la première, maçonnique, dite " symbolique ", consacrée à l'initiation proprement dite, en quatre
grades, à partir de la source du Métier (très spiritualisé) de Maçonnerie (dans le sens de spiritualité
médiévale, le ministerium}.
-
la seconde dite " Ordre Intérieur ", conférant une initiation à la spiritualité chevaleresque sur la
base d'un Ordre de chevalerie (le regnum).
-
la troisième, dite " classe secrète ", ou encore " Profession et Grande Profession " d'inspiration
spirituelle sacerdotale (le sacerdotium}.
Le R∴ E∴ R∴ est, de plus, doté d'une doctrine profonde très formalisée, dont la connaissance par ses
membres est indissociable des actes rituels et des discours édificateurs tant elle imprègne l'esprit du
rite. Enfin il est adossé à une organisation particulière, le Régime Écossais Rectifié dans lequel les
trois composantes sont traitées distinctement mais s'interpénètrent de façon subtile, souvent invisible,
aux yeux de ceux qui n'ont pas encore eu accès aux autres.
Deux difficultés principales se présentent d'emblée :
- La prise en charge de l'intégralité du rite, dans sa partie maçonnique en quatre grades, par les
juridictions régulières de la Franc-Maçonnerie.
Les constitutions d'inspiration anglaise, imposent une organisation en trois grades sans plus (y
compris l'Arche Royale) ce qui a pour effet de faire apparaître le quatrième grade du R∴ E∴ R∴ , Maître Écossais de Saint-André -, comme un haut grade ce qu'il n'est pas ni dans son esprit, ni dans sa
lettre. Il est l'aboutissement du parcours maçonnique du Maçon rectifié, et nullement un grade de
perfectionnement ". Cette impression est renforcée par l'existence d'une juridiction distincte de la
Grande Loge pour le régir ; de là peut naître une difficulté de compréhension sur le statut de ce
quatrième grade dans l'économie générale du rite.
- L'exigence de profession de la religion chrétienne imposée à ses membres.
La Maçonnerie Régulière et universelle impose, dans sa perspective universaliste
fondamentale, la pluralité de confessions, sans exclusion aucune dès lors que ses membres croient en
Dieu, alors que le R∴ E∴ R∴ ne reçoit en son sein que des membres chrétiens (ou bien décidés à le
devenir)
Le R∴ E∴ R apparat de ce fait comme un Rite -  part " dans le concert des Rites de la
Maonnerie universelle.
Ces deux questions, souvent mal résolues au cours de l'histoire du rite, ont quelquefois conduit des
Maçons à se positionner comme adversaires ou partisans du R∴ E∴ R∴ .
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Elles ont eu pour effet de diviser les Frères qui le pratiquent, en poussant les uns vers des positions
d'un particularisme extrême, en totale opposition tant avec la lettre qu'avec l'esprit du Rite et donc à
marginaliser le R∴ E∴ R∴ au sein de la Franc-Maçonnerie universelle, les autres a l'inverse, vers des
orientations édulcorées d'un " standard maçonnique ", qui affaiblissent les spécificités du rite et lui
font perdre de l'intérêt pour les Frères qui s'y sont engagés.
Le R∴ E∴ R∴ , même dans sa classe maçonnique en quatre grades (sans parler des deux autres classes),
présente ainsi le risque d’être ressenti, tant par ses membres que par les autres, comme une source de
problèmes au sein de la Franc-Maçonnerie universelle. Mais c'est surtout le risque que le R∴ E∴ R∴
soit mal compris, mal transmis et mal vécu de l'intérieur, qui est élevé.
Le propos de cet exposé est de tenter de démontrer que lorsque le R∴ E∴ R∴ est bien compris par ses
propres membres, bien transmis par ceux qui en ont la charge et bien vécu par ceux qui le pratiquent et
le visitent, il est, tout au contraire, une source de richesse spirituelle initiatique et il a toute sa place
dans la Franc-Maçonnerie universelle.
L'approche proposée pour traiter le sujet n'est pas une approche historique, ni politique, ni même
doctrinale, mais spirituelle, comme il sied à ce rite.
Pour ce faire, l'approche s'appuiera sur un fil directeur, présent dès les premiers pas des postulants à la
réception dans le rite : les trois questions dites " d'Ordre ", données en méditation dans la chambre de
préparation. L'usage qui est fait de ces questions dans la Maçonnerie symbolique jusque dans
l'achèvement de la réception au quatrième grade de Maître Écossais de Saint-André (et au-delà), donne
une idée de leur statut important tout au long de la progression des grades du R∴ E∴ R∴ . Elles
permettent, pour le propos de cet exposé, de traiter la triple question de la compréhension, de la
transmission et du vécu, à la faveur des interrogations fondamentales qu'elles induisent.
Bien comprendre le Rite Écossais Rectifié
Rappelons les trois questions d'ordre, si importantes et si structurantes pour l'économie spirituelle du
rite :
Première question :
Quelle est votre croyance sur l'existence d'un Dieu créateur et principe unique de toute chose, sur la
Providence et sur l'immortalité de l'âme humaine, et que pensez-vous de la religion chrétienne ?
Deuxième question :
Quelle idée vous êtes-vous formée de la vertu considérée dans ses rapports avec Dieu et avec la
religion, avec vous-même et avec vos semblables ?
Troisième question :
Quelle est votre opinion sur les vrais besoins des hommes, et en quoi croyez-vous que vous puissiez
leur être le plus utile ?
En appui de ces questions d'Ordre, il est utile de rappeler le texte des deux cartons placés sur la table,
devant elles. Ils méritent toute l'attention tant est dense, déjà à ce stade, au-delà de l'allure exhortative
des sentences, la leçon ésotérique profonde du rite.
Le premier :
« Si vous désirez sincèrement être dirigé et éclairé par le secours de l'Ordre dans lequel vous
demandez d'être admis, descendez en ce moment en vous-même et par les questions qu'il vous
présente dans cette retraite, sachez apprécier le travail que vous avez à faire. »
Et le second qui le complète :
« Dans la solitude où vous êtes, méditez sérieusement sur ces objets si vous voulez sincèrement
connaître ce qui est vrai et pratiquer ce qui est bon et juste. On vous y laissera le temps nécessaire,
sachez en profiter. »
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« Quoique vous soyez environné des ombres de la mort, ne craignez rien puisqu'il vous reste encore un
rayon de lumière. Méditez donc sur ces trois points essentiels pour vous mettre en état d'y répondre un
jour de manière satisfaisante, si vous ne le pouvez dans cet instant même. Vos progrès dépendront
toujours de votre constance dans la route pénible et salutaire que vous allez entreprendre. »
Une première interrogation : comment comprendre le terme « ordre » dans l'expression " question
d'ordre " ? Ce mot ne paraît pas ici faire référence à l'Ordre maçonnique proprement dit ni à un
commandement donné par un supérieur, à l'obligation de répondre.
Si l'on se réfère à l'usage du mot ordre, dans la langue du XVIIIe siècle (cf. Dictionnaires de Furetière
et d'Alain Rey), le terme serait à prendre dans le sens de " trame fondatrice " ou de " méthode
d'investigation ". Les questions d'ordre sont ainsi des sujets de fond, exigeant réflexion, à examiner
dans une succession signifiante. Ces sujets constituent le fondement spirituel de l'Ordre Rectifié, la
méthode de développement initiatique propre au R∴ E∴ R∴ , questions que le Maçon Rectifié se doit
de se poser à lui-même, depuis le stade de " postulant " en devenir jusqu'au terme de son parcours
initiatique.
Bien comprendre le R∴ E∴ R∴ , c'est d'abord faire œuvre de discernement pour les pistes de réflexion
ouvertes par ces premières interrogations.
PREMIÈRE QUESTION D'ORDRE :
LA CROYANCE EN L'EXISTENCE D'UN DIEU CRÉATEUR ET PRINCIPE UNIQUE
DE TOUTE CHOSE.
Il faut remarquer d'emblée que la première partie de la question donne à entendre au postulant qui se
présenterait à l'admission dans l'Ordre maçonnique sans croire à l'existence d'un dieu créateur et
principe unique de toute chose, à la Providence ni à l'immortalité de l'âme, qu'il ne tirera aucun
bénéfice de la voie initiatique rectifiée (ni d'aucune autre voie maçonnique régulière d'ailleurs), aussi
respectable, aussi sage, ou aussi intellectuellement élevé soit-il. Il ne pourra, en aucune manière,
parvenir à la découverte de cet ordre sublime, secret, primitif et fondamental indiqué dans les textes
doctrinaux du régime, ou en abrégé : Haut et Saint Ordre. La finalité spirituelle de la Maçonnerie
Rectifiée a pour objet la découverte, pour ceux qui peuvent y parvenir, de ce " Haut et Saint Ordre ",
secret, caché, fondateur. Les clés données au fur et à mesure de la progression initiatique pour le
découvrir, constituent l’ésotérisme particulier du R∴ E∴ R∴ .
Par ésotérisme, il ne faut pas entendre ici les connaissances secrètes qui donneraient des pouvoirs à
ceux qui les possèdent pour agir sur le cours du monde (alchimie, magie, divination, guérisons
miraculeuses, astrologie, parasciences...) au moyen de pratiques occultistes. En Maçonnerie Rectifiée,
ce terme désigne tout autre chose, à savoir les choses cachées aux yeux du monde depuis la chute de
l'homme, qui donnent à entendre les mystères de la création, suggèrent les moyens de la réconciliation
des hommes avec Dieu, la nature et l'univers et tendent à la réintégration des êtres dans l'avènement de
la Cité Sainte.
Ce type d'ésotérisme se transmet (la Tradition), en Franc-maçonnerie régulière rectifiée, à une petite
élite spirituelle. Elles se composent des élus, séparés de la foule des mortels qui végètent à la surface
de la terre, partageant la discipline spirituelle appropriée (la règle au sens large), par la voie de
l'initiation au moyen du langage secret, muet, inépuisable des symboles (outils de métier, tableaux
mystérieux, blasons et héraldique, etc.). La transmission se fait dans le cadre de rituels de réception,
d'ouvertures et de fermetures de Loge, consacrés à la Gloire de Dieu, révélé par sa propre volonté dans
la Bible, le « Grand Architecte De L'Univers », dans un temps et un espace particuliers, permettant
cette transmission. L'initiation, dans ce champ particulier de l'ésotérisme, a but de permettre d'atteindre
le lieu secret, le centre caché, l'Ordre Intérieur situé au plus profond de l'être, où rayonne l'Ordre
sublime, secret, primitif et fondamental et son Grand Maître, Dieu.
Dans la première question d'ordre. Il est dit de Dieu qu'il est Créateur, c'est-à-dire créateur « de » et
« dans » l'univers. Cette désignation est de toute première importance pour la Maçonnerie Rectifiée.
Mais avant d'aller plus loin, il importe de se rappeler que la Bible révèle Dieu à la fois comme
Créateur et Rédempteur, sans jamais cesser, et cela est capital, d'affirmer son unité. Cette double
révélation structure toute l'économie des classes du Régime Écossais Rectifié.
Dans l'unité ! Car dans le cas contraire, il y aurait hérésie. Cette dérive semble s'être produite assez tôt
dans l'histoire du christianisme.
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Cette conception gnostique, dans laquelle le monde présent serait régi par des puissances mauvaises
issues de la création, donc du Créateur, et de ce fait, en liaison avec lui, est totalement étrangère au
christianisme (et à la Maçonnerie rectifiée). Elle a même conduit certains à l'hérésie grave consistant à
dissocier l’Ancien Testament du Nouveau Testament et à distinguer des époques différentes dans
l'activité de Dieu, vision dualiste selon laquelle Dieu créateur de l'univers, juge et architecte, inflexible
et insensible, serait distinct de Dieu rédempteur, le Père miséricordieux. Les Evangiles, et
singulièrement celui de Jean (dont l'importance capitale dans toute la Maçonnerie régulière, et en
particulier dans la Maçonnerie rectifiée, est bien connue), ne nous disent pas que ces puissances
n'existent pas au contraire, elles vivent en hostilité avec Dieu et troublent l'ordre sur la terre et entre les
hommes.
L'apôtre Paul, pour combattre cette grave erreur d'interprétation, déclare catégoriquement (Ep. 3, 1415) :
« Je fléchis les genoux en présence du Père qui tire son nom de toute paternité, au ciel et sur la terre. »
Enfin, il faut souligner que l’Évangile de Jean, entremêle création et rédemption en faisant appel au
concept " d’œuvre " ; il désigne la création comme non achevée dans le temps et la rédemption comme
le bénéfice au profit de l'homme tiré de l'accomplissement (la conduite au perfectionnement) de la
création par le Fils (Jn. 5, 17, cf. également Jn. 4, 34 et Jn. 5, 36; Jn. 17,4) :
" Mon Père œuvre jusqu 'à présent ; moi aussi j'œuvre. "
Pour revenir à la première question d'ordre, c'est bien parce que la Franc-Maçonnerie envisage Dieu
sous cet angle de Créateur qu'elle l'a dénommé Grand Architecte De L'Univers, dénomination par
ailleurs acceptable par tous. Il ne s'agit donc pas d'un vague concept philosophico-religieux, peu
signifiant et peu engageant pour la vie de l'homme et du Maçon :
" Dieu m'a créé. "
Comprendre le R∴ E∴ R∴ , c'est réaliser que dans le périmètre spirituel qui leur est propre, les
Francs-Maçons réguliers n'envisagent Dieu, en particulier dans les trois premiers grades (le quatrième
faisant le pont avec l'Ordre Chevaleresque) essentiellement que sous cet aspect de créateur, et non pas,
par exemple, sous son aspect de juge, de guérisseur, de libérateur, de rétributeur, ni même de
rédempteur. Et c'est en se laçant sous ce seul aspect de Dieu en action créatrice qu'ils conçoivent leur
rôle particulier et leur activité spirituelle de Maçons. Comme indiqué, il ne faut pas y voir là une
conception gnostique ; la référence fondamentale à l’Evangile de Jean doit suffire à écarter
définitivement cette idée si elle se présente.
La Franc-Maçonnerie régulière, et singulièrement le Rite Ecossais Rectifié, apporte un éclairage
particulier à la vision chrétienne de la construction du plan de salut. Par la voie de l'initiation, tel un
midrash, c'est tout un commentaire rituel, qui place le postulant, tout au long de la chaîne des grades
(au sens d'étapes de progressivité initiatique, et non de distinctions d'apparat). Le postulant traverse
des espaces spirituels, se construit tantôt par le symbole tantôt par le mythe (comme l'a vu si finement
Jean-François Maury qui ensuite en tire une riche réflexion sur le sens de l'Initiation et sur la méthode
initiatique) en passant par la raison des gestes et les rituels, dans des mises en situation personnelles et
langagières d'altérité (comme tous les autres rites maçonniques).
La progression intérieure peut produire en lui des fruits spirituels et des pistes ésotériques sur les
traces du Haut et Saint Ordre (évoqué dans le seul Rite Écossais Rectifié), si le postulant est capable
d'entendre ces chemins de l'initiation et de les vivre en plénitude, et si l'Ordre maçonnique en général
ou l'élément juridictionnel en particulier qui lui confère l'apport d'initiation est en réelle capacité
spirituelle, morale et institutionnelle de le lui assurer.
A ce stade, il convient de retenir, pour la bonne compréhension du rite que Dieu. Dans le R∴ E∴ R∴ ,
est invoqué sous le seul aspect du Dieu créateur de l'univers. A ce titre, les Maçons rectifiés sont
appelés à accomplir l‘œuvre du Père créateur, à l'instar du Fils dont l'œuvre est désignée dans
l’Évangile de Jean comme l'accomplissement de l'œuvre créatrice du Père. Christ est à la fois créateur
et rédempteur. Au titre de créateur, il œuvre à combattre les puissances mauvaises qui troublent l'ordre
du monde et entre les hommes.
Par imitation (cf. Pierre cubique parfaite}, cela est le travail du Maçon rectifié, dans la Maçonnerie
symbolique rectifiée. Au titre de rédempteur. Christ œuvre à chasser l'hostilité entre les hommes et à
refonder la paix, sa paix sur la terre et entre les hommes (Jn. 14, 27) :
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" Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. "
et :
" Je vous ai dit ces choses pour que vous ayez la paix en moi. "(Jn. 16, 33)
Par imitation (cf. Cité Sainte), cela est la mission du chevalier Maçon.
Pour le Maçon rectifié comme pour les autres. Dieu est aussi le principe unique de toute chose. Il est
l'origine primordiale de tout, du plus minuscule germe d'où naîtra la vie à l'immensité insondable du
cosmos. L'homme ne peut rien taire de bon ni de beau sans Lui, source de tout bien et de toute
perfection.
Être Maçon rectifié, c'est se perfectionner (c'est-à-dire accomplir l'œuvre pour la mener à la
perfection) pour remonter à cette source de sainteté et de perfection par la voie de l'initiation. Grâce à
l'apport de matériaux ésotériques qu'elle distribue ou plutôt rend accessibles tout au long de la
progression des grades ; c'est reconnaître dans le Créateur le fondement et le principe de tous les
principes, de toutes les lois et de tous les rapports entre les choses et les êtres, la source unique du vrai,
du bon et du juste.
Sur la providence (l'action de Dieu dans le monde) et sur l’immortalité de l’âme
humaine
Comment comprendre ce concept si particulier de providence dans le Rite Écossais Rectifié ?
Dans ce rite, l'initiation maçonnique est considérée comme un secours accordé par la Providence pour
réparer les effets de la chute.
Bien comprise, bien transmise et bien vécue, l'initiation maçonnique perpétue, au plan ésotérique, les
leçons de sagesse et de science qu'Adam, se souvenant de l'Éden et de sa proximité d'alors avec le
Créateur, transmit à sa postérité.
Lorsque les hommes vinrent à se multiplier et à se disperser après Babel, cette mémoire fut recueillie,
pour notre consolation, par un petit nombre d'élus et ils se la transmirent ainsi d'âge en âge, par la voie
ésotérique de l'initiation, telle qu'elle avait été reçue, conservée dans sa pureté et dans sa perfection.
Ceci est Providence que rien de la sagesse et de la science des origines ne soit perdu, mais se soit
transmis de génération en génération, à des hommes dignes de les conserver (les élus), s'ils sont
d'authentiques cherchant(s) de la rencontre avec Dieu, dans l'humilité de l'écoute.
L'homme, créé à l'image du Grand Architecte De L'Univers, a de ce fait une âme immortelle. Car si
depuis la chute, l'homme s'est corporisé et est donc entré dans le pouvoir de la mort, il lui reste
toujours un corps de lumière, " corps de gloire ", comme créature de Dieu. Et cela aussi est
providence, car la mort n'a pas le dernier mot, seule la constitution matérielle reste sa proie, pas le
corps de lumière, immortel et glorieux.
L'âme immortelle est pour le Maçon Rectifié l'empreinte unique et personnelle du Créateur, le plan "
en creux " du dessein du Dieu créateur, la promesse du salut individuel conjugué avec la rédemption
collective du genre humain et de l'univers entier. Conserver, par l'effet de l'Esprit, le souvenir ou la
conscience de cette empreinte, révélé par les Saintes Écritures, cela aussi est providence. Et cela est
révélé par l'initiation rectifiée.
L'initiation maçonnique est providence en ce sens qu'à travers la métaphore symbolique de la
construction du temple de Jérusalem, elle donne au Maçon rectifié une lecture secrète de l'histoire de
la création du monde, c'est-à-dire de la terre et du ciel, et de sa propre création, abîmée, rendue
imparfaite, par suite du mésusage de sa liberté. Il peut ainsi construire, ou plutôt reconstruire, son
propre rapport à Dieu, à ses semblables – en commençant par ses Frères Maçons - et redécouvrir le
mystère de l'origine, de la fondation et des buts de l'Ordre et de la destinée de l'Univers.
Bien entendu, cette révélation immense n'est guère qu'entrevue au grade d'Apprenti. Mais elle
constitue néanmoins le message central du grade, que l'instruction morale précise :
" Dès aujourd'hui vous formez avec nous une classe distincte d'hommes voués par goût et par devoir à
l'exercice des vertus et à l'étude des connaissances qui y conduisent. Vous voyez la lumière, mon cher
Frère, mais elle ne paraît luire que pour vous reprocher votre ignorance [...] le voile qui couvre nos
mystères ne pourra être levé devant vous qu'à mesure que votre intelligence le percera, le premier
instant de votre entrée dans l'Ordre ne peut y suffire.
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Le Maçon ne peut parvenir seul à la révélation de cet Ordre sublime, secret, primitif et fondamental,
sans l'aide de l'Ordre lui-même qui lui délivre des nouveaux grades et par le jugement favorable de ses
supérieurs dans la Loge symbolique. C'est cela le processus initiatique dans la Maçonnerie rectifiée, la
révélation des mystères sera complète au terme de l'initiation maçonnique, au IVe grade, en ce sens
qu'elle sera pleinement vue.
Il restera au Maçon à la vivre en esprit et en vérité dans le cadre d'un autre projet spirituel, différent
mais complémentaire, celui porté par l'Ordre Chevaleresque. Mais cela est un autre sujet.
A ce propos, une autre erreur doit être corrigée :
« Le Rectifié, c'est de la Chevalerie qui se cache sous le voile de la Maçonnerie aux quatre premiers
grades. »
Si les instituteurs du Rite ont pris tant de soin à séparer les deux Ordres, maçonnique et chevaleresque,
c'est bien parce que ceux-ci ont une finalité et un fonctionnement radicalement différents et ils doivent
le rester. Même si certains éléments annoncent l'Ordre Intérieur (la chevalerie) dans la Maçonnerie
symbolique, amalgamer les deux parties serait une grave erreur de compréhension du R∴ E∴ R∴ . Il
n'est pas possible d'accéder à la classe chevaleresque sans être devenu un Maçon complet et être
reconnu comme tel. Car cela reviendrait à prétendre agir pour construire la charité et la concorde
fraternelle dans le monde sans avoir au préalable œuvré à se construire soi-même, ce qui est le but de
la Maçonnerie dite symbolique.
A supprimer donc, des réunions maçonniques, toutes les postures inventées ou ajoutées par certains
Maçons rectifiés pour donner à la Loge symbolique une allure ou une étiquette chevaleresque ; à
conserver et respecter strictement en revanche les postures indiquées par le rituel qui ne correspondent
guère à des pratiques de " Maçons de métier ", notamment les postures d'épée dont le sens ne se révèle
que progressivement.
Les deux Ordres ont toutefois un point commun : leur chef spirituel : Dieu.
Et que pensez-vous de la religion chrétienne ?
Cette dernière partie de la première question d'ordre conduit, semble-t-il, la réflexion sur deux terrains:
- l'engagement chrétien du postulant
- les relations entre la Maçonnerie rectifiée et l'Eglise
L’engagement chrétien du postulant.
Les premiers éléments présentés jusqu'ici pour aider à la compréhension du R∴ E∴ R∴ ont déjà donné
à entendre que les aspects religieux, qui foisonnent dans la Maçonnerie rectifiée, n'ont pour but ni de
catéchiser le Maçon rectifié, ni de vérifier son niveau de chrétienté, ni de lui proposer une
interprétation originale de la religion. Les questions religieuses, d'ailleurs liées avec insistance aux
questions humaines, visent à faire comprendre au profane le fondement, le sens et le but particuliers de
l'initiation maçonnique rectifiée.
Il importe de bien réfléchir à cette exigence particulière. Elle ne résulte pas de la volonté des
instituteurs du rite d'imposer une ségrégation quelconque entre les enfants de Dieu en général ni entre
" les Fils de la Lumière " en particulier.
Historiquement la Maçonnerie était dès l'origine fondée sur un christianisme explicitement affirmé.
Dans sa forme opérative, l'exigence de christianisme est présente dans tous les Anciens Devoirs et si
les Constitutions d'Anderson - tant celles de 1723 que celles de 1738 - semblent se colorer de déisme
ou de noachisme, c'est dans le but d'ouvrir les Loges aux différentes confessions et dénominations
chrétiennes et non chrétiennes, et non pour en chasser la nature chrétienne, essentielle à la
compréhension des rituels, et à celle de la finalité de la Franc-Maçonnerie.
C'est pourquoi, dans cette vision des mystères de l'univers et dans le programme initiatique qui lui est
associé, mis en place en 1778 au Convent de Lyon et confirmé en 1782 au Convent de Wilhelmsbad,
le Maçon rectifié est historiquement chrétien.
La déchristianisation des rituels, entreprise quelque cinquante années après les Constitutions
d'Anderson, puis amplifiée vigoureusement à partir de 1813 par le duc de Sussex sans altérer pour
autant les fondements spirituels judéo-chrétiens, a pu donner à penser le contraire dans un XIXe siècle
français en proie à la laïcisation de la société, puis à l'anticléricalisme. Ces deux caractéristiques du
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siècle avaient en effet progressivement mais puissamment pénétré dans les Loges, à la faveur de la
diffusion des idées des Lumières de la fin du XVIIIe siècle, diffusion plus tardive en réalité qu'on ne le
pense souvent, car les Loges, tout à leur esprit de l’Enlightment, les Lumières anglaises, demeurent
profondément théistes sous différentes formes. Pour les Maçons anglais ou français du XVIIIe et
jusqu'au milieu du XIXe siècle, et plus encore avant la Révolution française, Dieu, trinitaire, révélé
dans la Bible, était toujours identifié au Grand Architecte De L'Univers.
Il devint peu à peu chez certains Maçons un concept, une idée, une référence de pensée, un symbole,
pour finir par n'être qu'une référence étrangère chez certains, qui exclurent même sa référence en
Loge, ce qui conduisit la Maçonnerie française en 1877, dans le sillage de la Maçonnerie belge un an
plus tôt, à entrer dans l'irrégularité maçonnique et à perdre sa reconnaissance internationale jusqu'en
1913.
Mais pour le Maçon rectifié, chrétien de par son rite même, formalisé en 1778, le Christ n'est jamais ni
un symbole ni une métaphore ; il est toujours resté Fils de Dieu révélé et personnel. Ne pas porter en
soi cette croyance rendrait la démarche initiatique rectifiée incompréhensible et non productive pour
qui s'y engagerait tout de même.
Or, même au sein d'une FRANC-MAÇONNERIE régulière, composée par construction de membres
croyant en un Dieu révélé, l'immutabilité des repères spirituels chrétiens du Rite Écossais Rectifié
contraste avec les aggiornamentos de la FRANC-MAÇONNERIE en général, destinés à faire d'elle
une société ouverte à toutes les confessions, chrétiennes ou non.
De ce fait, le Rite Écossais Rectifié est peu à peu apparu, sous les effets de l'évolution, une sorte de
segment étroit dans le concert des rites maçonniques et sous les coups de boutoir de ses détracteurs,
tant du dehors que, malheureusement, du dedans, une sorte de défi à la Maçonnerie universelle, une
anomalie de l'histoire, voire une secte quasiment religieuse et para-maçonnique. Or l'exigence de
religion chrétienne doit se comprendre dans la perspective globale du Régime. Sans s'attarder sur la
classe chevaleresque à laquelle aspire tout Maçon rectifié " de vrai désir ", il importe de souligner, qu'à
l'instar des vœux professés au Moyen Âge par le chevalier avant de recevoir l'adoubement soit :
- servir et défendre l'Église,
- défendre la veuve,
- protéger l'orphelin.
Le Maçon rectifié, pour devenir Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte, doit prononcer la profession
de foi des chevaliers dont l'un des articles cardinaux est de " servir et de défendre la religion
chrétienne ", cette dernière ayant été substituée, par souci d’œcuménisme et de non confusion, à
l'Église.
Il en résulte que si un candidat Maçon quelle que soit sa qualité humaine, ne pressent pas la notion de
servir et défendre la religion chrétienne, il se trouvera nécessairement au moment d'achever son
parcours initiatique rectifié, soit mal à l'aise avec cette obligation essentielle du régime, soit en tension
avec sa conscience, ce que le Rite Écossais Rectifié veut lui éviter en lui présentant l'exigence de
religion chrétienne à son entrée éventuelle dans ce Rite. Mais cette exigence n'est pas automatique
pour les candidats chrétiens. Ils devront, tout au long de leur progression dans la classe maçonnique,
faire la preuve de cette disposition pour accéder à la classe chevaleresque si et quand le moment sera
venu.
Certes la clarté de cette perspective n'est pas toujours expliquée au moment de l'entrée dans la
Maçonnerie rectifiée, ni connue des autres Francs-Maçons pratiquant d'autres rites. De ce fait
l'exigence de religion chrétienne peut être mal comprise et devenir, par malentendu, une source de
problèmes.
Le christianisme auquel la Maçonnerie rectifiée fait référence n'est autre que le christianisme
évangélique, le plus fidèle aux Saintes Écritures, donc le plus accueillant :
« Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. » {Sï}. 14,2.)
C'est bien pour cela que toutes les confessions chrétiennes peuvent y trouver une alimentation
spirituelle commune, sans chocs et l'éclairer chacune de leur tradition patristique ou doctorale
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spécifique, pour son plus grand profit. Mais il n'y a pas de place, dans le R∴ E∴ R∴ bien compris, pour
des conceptions particulières, déviantes et hérétiques du christianisme. Que des Frères qui fréquentent
des Églises en marge des Églises institutionnelles aient leur place au R∴ E∴ R∴ , cela ne doit pas être
contesté. Mais il faut bien veiller à ce que leurs engagements particuliers ne soient source de
gauchissement du rite et n'induisent auprès de Frères une compréhension sectaire du R∴ E∴ R∴ .
Cette spécificité chrétienne du Rite Écossais Rectifié ne doit pas cependant conduire à exclure de ses
Loges, ou à entraver leur progression dans le rite, s'ils s'y trouvent déjà, des candidats ou Frères non
chrétiens qui auraient le désir sincère de vivre la Franc-Maçonnerie par la voie du R∴ E∴ R∴ et d'y
remplir les engagements particuliers exigés des Frères chrétiens. Car les Francs-Maçons rectifiés sont
à la fois Francs-Maçons et chrétiens.
Chrétiens : ils ne peuvent admettre aucune concession sur le caractère chrétien incontestable de la
doctrine rectifiée mais l’Évangile prêche l'accueil (cf. la pluralité des demeures auprès de Dieu) ;
Francs-Maçons : ils s'inscrivent dans la Maçonnerie régulière universelle qui donne droit à chacun,
quelle que soit sa confession, chrétienne ou non, d'entrer en Franc-Maçonnerie et d'y progresser, s'il
souhaite sincèrement vivre l'initiation sous les formes rituelles spécifiquement chrétiennes, donc
également par la voie rectifiée.
C'est pourquoi, l'accueil de postulants ou de Frères non chrétiens, s'ils sont sincèrement dans les
dispositions du cœur et de l'esprit inhérentes à la spiritualité rectifiée, peut et doit être fraternel, plein
et entier.
Cette affirmation de leur pratique maintenue dans la lettre des rituels d'origine et dans son esprit
permet de se prémunir :
- Contre toute exclusion ou entrave, incompatibles avec la doctrine évangélique du rite et avec la
" constitution-règlement général ".
- Contre toute dérive de type ecclésial, contraire à l'esprit du R∴ E∴ R∴ et toujours préjudiciable à
notre Régime, sans que les Maçons rectifiés cessent de rester pleinement ce qu'ils sont : des FrancsMaçons chrétiens.
Un passage d'un texte rectifié pose un problème à cet égard : l'instruction finale du quatrième grade.
Une phrase y affirme l'exigence d'exclusivité chrétienne des membres en termes précis, solennels,
redondants et quelque peu péremptoires. La rédaction de ce texte n'a pas été l’œuvre commune des
Frères strasbourgeois et lyonnais, comme convenu à l'issue du Convent de Wilhelmsbad (au cours
duquel ne furent présentées que des esquisses de rituels). Elle fut achevée en 1809 par le seul
Willermoz, comme il l'indique lui-même dans la correspondance qui la commente (lettre au prince
Charles de Hesse du 10 septembre 1810).
Quelle valeur doctrinale faut-il accorder, dans ces conditions, à cette phrase ?
Un point de vue a été présenté ci-dessus.
Un autre point doit être relevé pour la bonne compréhension du rite : l'influence de la doctrine de
l'Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l'Univers sur les rituels du R∴ E∴ R∴ . Cette doctrine a
fait l'objet de réflexions sur son caractère chrétien, et notamment sur son caractère trinitaire.
Fondé par un personnage aussi énigmatique qu'intéressant, Martinès de Pasqually, l'Ordre des Élus
Coëns, présente des similitudes avec le Régime Ecossais Rectifié.
C'est un régime (para-maçonnique) à très fort contenu spirituel, se référant à une doctrine profonde et
charpentée. Cette doctrine, sorte de lecture cabalistique chrétienne de la Bible, raconte l'histoire de la
création du monde, de la chute, de la réconciliation et de la réintégration des êtres élus (initiés).
Elle est décrite en détail dans l'ouvrage (inachevé) du Maître, Le traité sur la réintégration des êtres.
Par son sujet, sa transposition rituelle, son dramatisme doctrinal, son organisation en classes dont une
secrète et la personnalité de son auteur, l'Ordre des Élus Coëns a de fait intéressé les instituteurs du
Rite Ecossais Rectifié qui s'y firent tous recevoir (au début des années 1770) ;
Certains, dont Willermoz, Saint-Martin entre autres, atteignirent le grade le plus élevé, celui de RéauCroix. Mais s'il est vrai d'affirmer que les instituteurs du R∴ E∴ R∴ s'y investirent beaucoup,
manifestant pour son fondateur, ses idées, sa doctrine de la réintégration des êtres, un très grand
intérêt, il serait faux de dire que le R∴ E∴ R∴ est en quelque sorte la face maçonnique de l'Ordre des
Elus Coëns.
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Son influence sur le Rectifié est incontestablement perceptible dès le premier grade :
- des conférences tenues à Lyon entre 1774 et 1776 par les Frères déjà cités, auxquels se joignit
Hauterive, prouvent que les instituteurs, en l'absence de Martinès de Pasqually alors en voyage (à
Saint-Domingue ; il devait d'ailleurs mourir dans l'île en 1774), cherchèrent à trier, ce qui, dans la
doctrine et les pratiques de cet Ordre, pouvait entrer dans le R∴ E∴ R∴ en cours de construction
Il n'est pas possible ici d'entrer dans le débat sur la conformité chrétienne de cette doctrine. On se
contentera de souligner ce qui en est entré dans le Rite Rectifié.
C'est principalement la numérologie, la division des grades en classes, certains tableaux autres que
ceux apportés par la Stricte Observance, et peut-être (ce serait là un sujet de recherche) une certaine
dose de théurgie, strictement réduite au R∴ E∴ R∴ au seul plan symbolique, il est très important de le
souligner.
Elle expliquerait certaines postures d'épée, l'allumage rituel des bougies dites " lumières
d'Ordre " (allumait-on d'ailleurs rituellement des bougies antérieurement dans toute la FrancMaçonnerie ? Ce n'est pas sûr), certaines dispositions de la Loge.
Tout Maçon rectifié s'interrogera avec profit sur le sens des choix des éléments martinésiens introduits
dans le Rite Écossais Rectifié, dont le nombre, la portée et la présence de la source d'initiation
particulière s'accroît avec la progression dans le Rite.
Mais en Franc-Maçonnerie rectifiée, aucune évocation de la doctrine de Martinès de Pasqually ne
justifie l'introduction dans le rite de postures particulières de pieds ou de mains pour faire circuler des
fluides mystérieux ou favoriser des passes, pour reprendre des termes martinésiens.
Elle ne justifie pas plus des invocations de nature ecclésiale à l'allumage des bougies du chandelier à
trois branches entre Vénérable Maître et Surveillants, dans un lieu écarté. Toutes ces pratiques sont
totalement à proscrire dans les Loges rectifiées. Il s'agit là de déformations graves, se situant entre
l'occultisme sévèrement réprouvé par les instituteurs du rite (dont certains pratiquaient peut-être
certaines formes mais ailleurs, pas dans le R∴ E∴ R∴ ) et des pratiques de substitution au Rite Rectifié
qui, en France tout au moins, auraient totalement disparu (ce point reste à étudier sérieusement) à la
fin du XIXe siècle. Ces pratiques, étrangères au R∴ E∴ R∴ , seraient ainsi apparues dans une FrancMaçonnerie décadente, en quête d'elle-même, après la perte de nombre de ses repères.
Les relations entre la Maçonnerie Rectifiée et l'Eglise.
Bien comprendre le R∴ E∴ R∴ et ses rapports avec la religion chrétienne, c'est d'abord percevoir la
parfaite cohérence du christianisme trinitaire avec ce rite. Sans entrer dans des considérations
théologiques, il convient de rappeler que pour la religion chrétienne, la Trinité n'est pas trois dieux, ni
un dieu triple dans son être, ni une essence simple partagée, mais un Dieu en trois hypostases ou
Personnes, réalités résidant dans l'essence unique de Dieu : le Père, le Fils et l'Esprit-saint. Chacune
des trois - résidences " est liée aux autres mais s'en distingue par ce qui lui est propre que l'on perçoit
intuitivement par leur action dans le monde. Lors du baptême de Jésus-Christ, Dieu se manifeste pour
la première fois et en toute lumière au monde comme une Unité en trois personnes : la voix du Père se
fait entendre au ciel, le Fils est dans les eaux baptismales et l'Esprit Saint descend sur le Fils. Dans
plusieurs passages du Nouveau Testament. Le Fils révèle son unité avec le Père et envoie, de sa
personne, l'Esprit Saint, qui procède du Père, sur ses disciples.
Dans la Bible, tant dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau Testament. Dieu, comme déjà
indiqué, source de tout, agit dans le monde par le Verbe (le Fils) qui le révèle (ou plutôt, dans l’
Évangile de Jean. révèle non pas la paternité de Dieu mais la divinité du Père) et par l'Esprit (qui
procède du Père et se transmet dans le monde par le Fils), consubstantiels et co-éternels. L'action du
Verbe est ainsi inséparable de celle du Père et de celle de l'Esprit. Inséparable, conjuguée dans leur
unité essentielle, mais distincte, car le Verbe construit (cf. la création du monde dans la Genèse par
l'effet de la Parole de Dieu) et l'Esprit vivifiant (de Dieu par l'action du Fils) sanctifie. Le R∴ E∴ R∴
donne à entendre que la Maçonnerie relève essentiellement de l'action du Verbe.
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L'Eglise universelle (visible ou invisible) relève, elle, essentiellement du domaine de l'Esprit, de
l'esprit de sanctification, transmis aux hommes par le Fils-Verbe. C'est bien pour cette raison qu'il ne
peut y avoir, à nouveau, de confusion entre Franc-Maçonnerie et Eglise, et que les serments
maçonniques sont pris sur le prologue de l'Évangile de Jean qui proclame le Verbe pré-existant à la
création du monde. Verbe créateur et aussi Verbe incarné. Autrement dit, la Franc-Maçonnerie, selon
la doctrine rectifiée, se rattache au Verbe en tant qu'il pré-existait à la création du monde.
Ceci signifie que la Maçonnerie elle-même, selon la vision rectifiée, pré-existait à la création du
monde (le Haut et Saint Ordre sublime, secret, primitif et fondamental). Elle pré-existait donc à
l'Eglise (" Tu es Pierre, et sur cette pierre... "), créée par et pour le Verbe en tant qu'il s'est incarné dans
l'histoire des hommes. Toutes deux. Maçonnerie et Église, selon cette vision particulière, ont le même
chef, la même pierre angulaire, la même clé de voûte : Christ,
« Fils de Dieu pur lequel il [Dieu] a [...] créé le monde, qui, étant le reflet de sa gloire et
l'empreinte de sa personne, soutient l'univers par sa parole puissante. » He., 1,2-3
Il n'y en outre aucune confusion, selon la vision rectifiée, entre la Franc-Maçonnerie " métahistorique " et la Franc-Maçonnerie historique, organisée (et non créée) lors de la construction du
Temple de Salomon.
Cette unification spirituelle " par le haut " a une autre conséquence pour le R∴ E∴ R∴ . Elle explique
clairement le point commun aux deux ordres constitutifs du Régime Ecossais Rectifié : Christ, Verbe
en tant qu'il est Créateur, est le Chef de l'Ordre Maçonnique ; Christ, Verbe en tant qu'il est incarné,
est le Chef de l'Ordre Chevaleresque.
Sans ce lien naturel avec son chef spirituel vivifié à chaque Tenue, les travaux des Loges rectifiées ne
seraient que simples lieux de sociabilité, de philosophie, voire de convivialité, comme il en existe
d'autres.
Ces précisions s'imposent car elles permettent de bien caractériser la Franc-Maçonnerie régulière et de
la différencier de l'Église, à laquelle elle ne s'oppose évidemment pas ni ne s'y substitue. Si
quelquefois des Frères chrétiens paraissent s'investir davantage dans la Maçonnerie rectifiée que dans
la vie de leurs églises, c'est peut-être pour les raisons conjuguées de l'attrait durable de la première et
d'une certaine insatisfaction, d'un dessèchement spirituel, si ce n'est d'un vide que les secondes ont
laissé s'installer auprès de leurs fidèles, en nostalgie de l'absolu. Au-delà d'une espèce de courtoisie, de
convenances, voire de réflexes occasionnels ou de pure forme, ils ne perçoivent parfois plus l'apport ni
l'essence de leurs Églises en termes de perception de la justice, de sens de la vie et de l'histoire des
hommes, des rapports entre le corps et l'esprit, du rôle du savoir dans la conduite morale, pour
reprendre une analyse intéressante du professeur George Steiner.
Or la Maçonnerie ne vise pas à compléter l'Eglise. Car pour le chrétien, l'Église, assemblée des
disciples visibles ou invisibles du Christ est complète, ayant reçu de lui le souffle de l'Esprit-Saint,
royaume du Christ acquis au prix de son sang, métaphoriquement corps avec Christ en tant que tête,
espace dans le monde qui reconnaît la primauté de Christ sur tous les éléments de l'univers. Elle n'a
nul besoin d'un quelconque complément de quelque nature spirituelle que ce soit.
Dans le R∴ E∴ R∴ , il est beaucoup question de vertus. La deuxième question d'ordre d'ailleurs porte
ce sujet dans son texte même.
DEUXIÈME QUESTION D'ORDRE :
QUELLE IDÉE VOUS ÊTES-VOUS FORMÉE DE LA VERTU CONSIDÉRÉE DANS SES
RAPPORTS AVEC DIEU ET AVEC LA RELIGION, AVEC VOUS-MÊME ET AVEC VOS
SEMBLABLES ?
Comme vu précédemment, la Maçonnerie se rapporte, dans la vision rectifiée, à l'action constructrice
de Dieu, en tant qu'il est Verbe, Créateur de l'Univers. Il résulte de cette vision que le Verbe, créateur à
l'origine (et créateur de l'origine) est, pour le Maçon rectifié, également l'origine de l'Ordre
maçonnique, qui perdure tant qu'il continue de se rattacher au mystérieux " Ordre sublime, secret,
primitif et fondamental ", déjà mentionné. 11 s'ensuit que l'Ordre, dans l'absolu, préside à
l'agencement, au fonctionnement et au devenir de l'Univers, dans toutes ses parties et dimensions, du
microcosme au macrocosme.
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Or la chute originelle a introduit une faille, une brèche (le péché) dans l'ordre harmonieux de la
création, par laquelle le mal sous toutes ses formes (souffrance morale ou physique, maladie, violence,
injustice, et sa forme suprême, la mort) a fait irruption dans le monde.
Il s'en est suivi un dérèglement général de la création car la chute n'a pas seulement abîmé l'homme
dans ses relations avec Dieu et avec son prochain ; le mal a aussi déréglé la nature, qui est devenue
violente dans tout l'univers. C'est là un mystère des origines. Le mal ne trouve pas sa source en Dieu,
mais dans l’orgueil, la méfiance et la jalousie de l’Homme, causes fondamentales de la chute.
L’Univers entier est traversé, meurtri par le mal.
La Bible nous donne à entendre que dans cette « vallée de larmes »
Le maintien de l'alliance de Dieu avec sa création, par pure grâce, permet au monde de subsister
jusqu'aux temps derniers par un certain équilibre des choses, une sorte d'ordre naturel, précaire :
- Extérieur : un meurtrier est racheté par un saint.
- Intérieur : l'homme peut créer en lui un certain niveau d'harmonie en soumettant sa volonté
empoisonnée par ses passions mauvaises à celle de Dieu, modèle de la perfection.
Le devoir du croyant est ainsi de se sanctifier pour porter en lui et devant Dieu le péché des autres et
de maintenir, par cette conduite exemplaire, l'ordre naturel des choses, pour les temps présents (en
hébreu biblique Olam hazé ‫) הזה ולם‬.
Mais la Bible nous donne aussi à entendre que l'espérance judéo-chrétienne réside dans un monde d'où
le mal sera enfin extirpé, ce qui traduira la réconciliation finale de l'homme et de tout l'univers avec
Dieu. Chez les prophètes, ce temps se prépare par l'attente messianique ; pour les chrétiens, ce temps
est déjà arrivé ; il correspond à l'annonce et à l'avent du Royaume (en hébreu biblique Olam haba ‫לם‬
‫)ה‬. Les juifs y œuvrent par le respect de la Loi, les chrétiens avec les seules armes du Christ : les
mains nues, les bras ouverts, l'amour du prochain et l'esprit de service envers tous.
Dans cette vision, " maçonner " signifie pour le R∴ E∴ R∴ œuvrer dans l'ha 'Olam hazé déréglé par
l'effet de la chute, à commencer par celui de son monde intérieur, ravagé par les passions de l'orgueil,
de la méfiance et de la jalousie, à la restauration de l'ordre du monde (vers l’ha'Olam haba). Car fidèle
à sa racine chrétienne, le R∴ E∴ R∴ considère qu'il est du devoir et de la destinée de l'homme, racheté
et justifié par la mort et la résurrection de Christ, d'œuvrer à la construction d'un monde meilleur, plus
éclairé par la lumière de Dieu. La justice de Dieu sortira triomphante, éliminera définitivement le
péché et effacera toute trace de la faille des origines, ouverte par l'homme dans la perfection de la
création.
Pour œuvrer à construire et à se construire, le Maçon dispose d'outils d'architecture, symboliques, qui,
pour le Rectifié, ne sont autres que les vertus cardinales, critiques pour cette édification spirituelle.
Pour comprendre le statut des vertus dans l'économie spirituelle du R∴ E∴ R∴ , il convient de se
rappeler qu'à l'origine, l'homme, ayant été créé par Dieu à son image, possédait en perfection toutes les
qualités divines. Grâce à ce don, il pouvait voir son divin créateur et juge face à face. Ces qualités se
sont transformées, du fait de la chute, de grâces en vertus. Mais il lui en reste la nostalgie par l'effet du
don de mémoire qui perpétue le souvenir de l'Éden. Cette métamorphose signifie pour le Maçon
rectifié que l'exercice naturel et spontané de ces qualités données par Dieu par pure grâce en partage à
l'homme, n'est plus automatique. Il implique désormais, pour activer les vertus, lointains et pauvres
souvenirs des qualités divines possédées en pleine puissance, un combat.
Un dur combat car le mal, puissance des ténèbres (orgueil, méfiance, jalousie...), est toujours présent,
tapi dans l'ombre de nos cavernes intérieures, prêt à nous détourner des vertus par la séduction ou la
violence.
Cette œuvre de reconstruction s'appuie, au premier grade, sans surprise, sur un outil spirituel de
première importance, la justice. Comme toutes les autres qualités divines des origines (attributs), la
justice s'est métamorphosée (pétrifiée, cf. la pierre brute) en vertu. Pour bien comprendre son
importance primordiale dans le Rite, il faut entendre par ce terme deux formes distinctes de justice :
- D'une part, la qualité divine de justice, qualité qui n'appartient qu'à Dieu puisque seul Dieu est juste.
- D'autre part, la qualité humaine de justice, souvenir de la nature originelle de l'homme d'avant la
chute.
11
La justice, qualité divine : Seul Dieu est juste, mais l'homme peut recevoir une parcelle de justice
divine. La Bible dit que cette élection lui est accordée par don de pure grâce et non en fonction de ses
mérites, par la seule voie de participation à la vie divine du Verbe Créateur du monde. En termes
symboliques, cette première forme de justice peut être figurée par le fil à plomb (du Second
Surveillant) pour représenter le mode vertical (céleste) de sa transmission.
La justice, qualité humaine : La chute a abîmé, déformé, défiguré la nature humaine, originellement à
l'image de Dieu (pierre brute – pierre cubique). Mais elle n'a cependant pas fait disparaître cette qualité
humaine de justice, non plus que d'autres, car l'âme humaine est, comme déjà mentionné, issue du
dessein de Dieu et immortelle puisqu'elle porte sa marque et son sceau. La justice des hommes
s'exerce dès lors que l'homme manifeste honnêteté et équité. Certes la société doit juger, mais sa
justice est par nature légiste. Cette forme de justice ne s'alimente pas à la justice divine et participe,
avec ou sans référence divine, au maintien de l'ordre dans la société des hommes et donc indirectement
au grand dessein divin. Cette seconde forme de justice peut être symbolisée par le niveau (du premier
Surveillant) pour figurer le mode horizontal (terrestre) de son exercice.
En termes rituels à présent, il est intéressant de remarquer que les épées tournées contre le nouvel
Apprenti, au signe de la justice, signifient, comme souvent en Franc-Maçonnerie, sous couvert de
leçon morale mais à peine voilée, la leçon ésotérique soulignée ici. Et de remarquer aussi la position
naturellement horizontale des épées qui image ce discours.
Cette illusion évaporée, il devient clair pour le candidat pérégrinant que la seule justice parfaite, c'est
celle qui règne symboliquement à l'Orient puisqu'elle est attribut de Dieu. Le monde ne pourrait
exister si, dans son conseil secret. Dieu n'avait, par des alliances successives, inébranlables avec Israël,
son peuple, décidé de faire clémence. C'est là la seule voie pour l'homme de faire justice ici-bas. Plus
précisément, le rituel dit :
« La clémence tempère les rigueurs de la justice en faveur de ceux qui se soumettent
généreusement à ses lois. »
C'est-à-dire ceux qui s'ouvrent (ou ouvrent leur propre Ordre Intérieur) avec résignation et soumission
à la de Dieu. Le devoir de justice que ceux-là ont à exercer envers les autres hommes devient un
complexe indissociable de justice et de clémence. Dans cette perspective, ils reconnaissent que la seule
justice véritable est en Dieu. Rituellement, les épées élevées ensuite vers le ciel portent, à nouveau
sous couvert de leçon morale, cette importante leçon spirituelle. C'est pourquoi, à ce moment du rituel,
après la découverte de la clémence, les épées doivent impérativement être tenues en position verticale.
Si les Frères continuent de les tourner contre le nouvel Apprenti, c'est toute la signification du rituel
qui est faussée.
" Maçonner " au R∴ E∴ R∴ au premier grade, c'est donc œuvrer à réunir la verticale et l'horizontale
qui se sont dissociées, disloquées dans la chute, pour rétablir ici et maintenant l'ordre originel intégral,
le seul qui fasse de l'homme un juste envers ses semblables et un juste devant Dieu. Le Maçon rectifié
verra dans cette réunion de l'horizontal et du vertical une signification particulière du signe de la croix.
Celui qui œuvre à cette réunion sera alors appelé juste de cette justice qui n'est pas seulement agir
moralement au sein de la société pour y faire valoir le droit individuel des personnes (cette forme de
justice se dit en hébreu biblique : michpat), mais aussi coopérer à la totalité du dessein de Dieu, de son
plan global de salut dans l'histoire des hommes, en abolissant toutes les imperfections apparues dans le
cours de cette histoire, d'abord en soi puis en invitant les autres à faire de même, réduisant ainsi les
meurtrissures du péché qui les a provoquées (cette seconde forme de justice se dit en hébreu biblique :
tsédakah).
Le Maçon Rectifié entendra certainement son appel à l'écoute du prophète Jérémie :
« Voici que les jours viennent où j'accomplirai la bonne parole (ou la promesse de bonheur) que j'ai
dite sur la Maison ci 'Israël et sur la Maison de Juda. En ces jours-là, en ces temps-là, je ferai naître à
David un germe de justice, et il pratiquera le droit (michpat) et la justice (tsédakah') dans le pays. En
ces jours-là, Juda sera sauvé, Jérusalem vivra en sécurité dans sa demeure. Et voici comment on
l'appellera : l'Èternel-est-notre-justice. »Jr.33, 14-16
12
Chaque Maçon rectifié devrait sentir le bénéfice de ce germe de justice, et s'il a compris et pratiqué la
leçon avec efficacité, il pourra, le jour de son dernier appel, déposer sans trembler ses outils devant le
Trône et écouter sans inquiétude le jugement du Maître suprême.
TROISIÈME QUESTION D'ORDRE :
QUELLE EST VOTRE OPINION SUR LES VRAIS BESOINS DES HOMMES ET EN QUOI
CROYEZ-VOUS QUE VOUS PUISSIEZ LEUR ETRE LE PLUS UTILE ?
Cette troisième et dernière question d'ordre interroge le candidat sur sa compréhension de la finalité et
l'utilité de l'Ordre maçonnique ainsi que sur la valeur de son propre engagement vis-à-vis de ses
semblables.
Y répondre exhaustivement ferait sortir du cadre imparti ; il sera bon de retenir seulement que le
R∴ E∴ R∴ n'a de sens que s'il satisfait comme les autres, à la première finalité pratique de la FrancMaçonnerie, à savoir la production de la fraternité entre tous les hommes.
Aucun Frère ne pourra prétendre être un bon Maçon rectifié quel que soit son niveau intellectuel ou
son rang maçonnique si sa pratique maçonnique ne le conduit pas à cette production de fraternité, en
esprit et en vérité, en pensées et en actes Dans le cas contraire, et même s'il se sent bien en Maçonnerie
il sera tout au plus un « consommateur » du rite, un « érudit » du rite, un « administrateur civil » du
rite, un « touriste » du rite, un « carriériste » du rite et par le rite ou un « collectionneur de médailles »,
pas un Maçon du rite.
Mais aussi à un autre niveau, aucune Loge, ni même le régime au sens large ni aucun de ses dignitaires
et dirigeants, ne pourront prétendre a la légitimité spirituelle fondée sur l'utilité envers es vrais besoins
des hommes si leur activité dans les responsabilités qui leur sont confiées ne produit pas autour d'eux
et entre es Frères, des fruits sincères de fraternité. Leur légitimité sera encore plus contestable s'ils
réduisent leur mission spirituelle et initiatique à l'administration ou à la politique interne des eux des
places, des nominations ou des exclusions.
Car le R∴ E∴ R∴ , comme tous les autres rites maçonniques bien compris, possède en lui la puissance
potentielle de produire de la fraternité, variante maçonnique de l'amour entre les hommes, quand il est
compris, pratiqué, transmis et vécu selon les règles.
Et son essence chrétienne évangélique doit y aider et non le caricaturer. On reconnaîtra alors les vrais
Maçons rectifiés à leur capacité de production d'une fraternité franche, simple, généreuse,
désintéressée et profonde, naturelle, strictement orientée sur le bonheur d'autrui, le bien commun qui
est le vrai besoin des hommes.
Bien transmettre le Rite Écossais Rectifié
Le Rite Écossais Rectifié est l'un des rites les plus exigeants en termes de transmission, bien que le
rituel lui-même, à chaque grade, ne soit guère plus difficile que dans les autres rites.
La transmission, dans le R∴ E∴ R∴ , est à la fois complexe, contrainte et sensible.
Complexe, car le rite est, comme déjà mentionné, une synthèse originale, remarquablement
construite par ses instituteurs, comportant rien moins que trois sources différentes, mais
complémentaires et indissociables dans l'économie du rite :
1) la tradition du métier de Maçonnerie, revisité et fortement spiritualisé,
2) la tradition chevaleresque de la Stricte Observance (expurgée des reconstitutions romantiques,
ou de références historiques contestables et compromettantes)
3) et la tradition sacerdotale des Élus Coëns (réduite à l'essentiel signifiant). Les rituels, dans les
différents grades, ont fixé cette synthèse.
Ne pas les respecter dans la transmission pour privilégier une ou deux composantes reviendrait à
gauchir le message spécifique du R∴ E∴ R∴ et à passer à côté de l'essentiel.
C'est pourquoi il ne suffit pas que des Vénérables Maîtres estiment qu'ils ont bien transmis quand la
réception s'est bien passée, quand le récipiendaire est content et quand chacun des Frères préposés à la
réception s'en est tiré sans trop d'erreurs.
13
Cette vision du travail initiatique revient en fait, souvent inconsciemment, à transformer le rituel en
cérémonie, c'est-à-dire à vider la geste maçonnique de sa finalité de transformation intérieure via les
métaphores du ministerium, du regnum et du sacerdotium, en représentation plus ou moins extérieure.
En termes modernes, on pourrait dire que les acteurs à l'œuvre confondent complexité et complication,
en réduisant la richesse et la spécificité d'une complexité qu'ils ne comprennent ni peut-être ne voient
en un processus d'exécution et de simplification de taches cérémonielles qu'ils appréhendent comme
compliquées.
Contrainte, car le temps alloué à nos Tenues de réception n'est plus ce qu'il était au XVIIIe siècle.
Leur durée est devenue insuffisante pour transmettre la totalité des composantes de la réception (et
cela est valable d'ailleurs à chaque grade), d'où des coupures parfois fâcheuses, des raccourcis
hasardeux qui sont autant de blessures faites au rituel. Il importe donc de se contraindre sur l'ordre du
jour pour transmettre la totalité du paquet initiatique du grade, soit d'y remédier en se contraignant à
transmettre ce qui ne n'a pas pu l'être, et en particulier ce qui ne requiert pas l'espace et le temps sacré,
par des séances d'instruction ou de tenues de conférence qui suivront immédiatement la réception au
grade.
Sensible, car la transmission du R∴ E∴ R∴ impose le respect scrupuleux d'équilibres délicats, comme
vu plus haut, entre spiritualité élevée, convivialité fraternelle, références religieuses, maîtrise naturelle
du rituel et du temps du rituel (pour qu'il ne s'appauvrisse pas, pour des raisons matérielles, vers la
représentation cérémonielle). Si l'un de ces paramètres se dérègle, c'est toute la transmission rectifiée
qui est faussée.
Trois points importants pour la transmission du R∴ E∴ R∴ , tant ils sont spécifiques à ce rite : la
préparation, les textes édificateurs et la signification de la qualité de "souffrant" attribuée au candidat
pendant ses voyages initiatiques d'appeler l'attention sur ces caractéristiques, illustreront l'exigence de
bonne transmission et du respect des caractéristiques du rite mentionnées ci-dessus.
LA PRÉPARATION DU POSTULANT
Bien transmettre le R∴ E∴ R∴ , c'est d'abord donner à la préparation du candidat le statut que le rite lui
confère. Le rituel prévoit de toujours la confier à un Frère expérimenté, qui comprend ce qu'il fait et le
fait avec la solennité requise, et non à un Préparateur de circonstance ou de bonne volonté qui
exporterait son angoisse ou bien chercherait à décontracter le candidat.
La préparation du postulant est, en quelque sorte, la décalque " métier " de la veillée d'armes de
l'Écuyer Novice qui, dans les temps médiévaux, devait se préparer en lui-même pour se faire adouber
chevalier à l'aube du lendemain. A cette fin, il passait la nuit seul, en méditation et prière, dans
l'obscurité d'une chapelle, dans l'attente du premier rayon de lumière du soleil où l'on viendrait le
chercher. Avant de le laisser seul, on lui présentait la règle de l'ordre dans lequel il avait le désir
d'entrer et les engagements que cette règle exigeait. On lui présentait aussi la doctrine de l'ordre et il se
préparait à professer ses vœux lors de la réception.
La préparation du candidat à la Maçonnerie rectifiée doit être vécue en équivalence (pas en confusion)
avec la veillée d'armes. C'est pour cela aussi que le Frère préparateur ne doit pas considérer qu'il suffit
de mettre le candidat à l'écart quelque temps, juste ce qu'il faut pour permettre à la Loge de se mettre
en place et d'ouvrir les travaux. Elle doit être conduite dans un esprit de recueillement, certes sans
référence aucune à ce rite médiéval qui serait déplacé ici, favorisé par la présence des trois questions
d'ordre et des autres textes et tableaux.
C'est bien pour cela que l'expression « cabinet de réflexion » (devenue un standard maçonnique), en
usage « uni-rite », est totalement à prohiber au Rectifié : ce lieu, ainsi désigné, ne représente pas la
même signification qu'au R∴ E∴ R∴ . Il convient de se référer au rituel s'assurer que dans cette
« chambre de préparation », seules les pièces édificatrices du R∴ E∴ R∴ sont présentes et non celles
utilisées dans d'autres rites.
LES TEXTES ÉDIFICATEURS.
14
La base de la Maçonnerie rectifiée est, nous l'avons vu, la loi de l'ordre, de l'ordre de l'Univers, de
l'ordre de la création, de l'ordre maçonnique, de l'ordre de l'humanité en pèlerinage vers la fin des
temps, de l'ordre intérieur de chaque Maçon rectifié en quête de la perfection originelle de l'homme
premier.
Pour les Maçons rectifiés, c'est là une réalité unique, surhumaine, accessible, pour les Maçons, par la
voie de l'initiation, voie de réalisation spirituelle sacrée, rendue visible entre ouverture et fermeture
rituelle des travaux, dans le seul contexte d'espace et de temps sacrés bien connu des Maçons (à défaut
d'être toujours pleinement vécu).
Dans cet esprit, bien transmettre le R∴ E∴ R∴ , c'est transmettre au candidat à la Maçonnerie rectifiée
la connaissance et le respect de la règle de l'ordre ; de l'ordre Maçonnique, s'entend.
A l'instar des ordres religieux ou religieux – militaires, la Maçonnerie rectifiée possède sa propre
règle; c'est la règle maçonnique en neuf articles. Elle ne doit pas être traitée comme une annexe de la
transmission, à lire par le candidat - quand il aura le temps ", mais bien comme une composante à part
entière de la transmission rectifiée. Elle décrit les conditions à créer en soi et autour de soi pour
enlever les entraves qui jonchent la route de l'initiation de chacun. Elle doit, dans cet esprit, faire
l'objet de méditations en Loge ou au moins de commentaires en séances d'instruction ou en Tenues de
conférence. Cette lecture, effectuée avec solennité permettra à chacun de s'interroger sur l'état de ses
propres conditions exigées pour progresser sur la voie de l'Initiation. Sa lecture solennelle, en totalité
ou partielle (à renouveler), confère à la Loge maçonnique, un caractère de " chapitre " au sens monacal
du terme, le Maître de la Loge prenant alors pleinement son sens de Vénérable.
Une fois reçu en Loge, il sera lu au nouvel Apprenti, l'Instruction morale, texte de très haute
importance spirituelle et pratique puisqu'elle est un commentaire doctrinal du cérémonial de réception.
Cette lecture tient lieu d'adresse que délivrait autrefois le Prieur d'un chapitre au nouveau chevalier,
dans les temps médiévaux. Elle ne doit jamais être escamotée les soirs de réception. Et le Frère
Orateur, qui la lit, devra toujours avoir en tête que ce n'est pas un texte supplémentaire qu'il présente
mais un véritable complément, une composante à part entière de la transmission. C'est pourquoi ce
texte devra toujours être rendu vivant car il active, en quelque sorte, les éléments ésotériques transmis
au candidat lors du rituel de réception proprement dite.
SOUFFRANT
Au début de sa préparation, le candidat à l'admission dans la Loge Rectifiée est qualifié de
"cherchant". Introduit en Loge, il devient " persévérant ". Avant d'entreprendre les voyages
initiatiques, il est déclaré " souffrant ". C'est sur cette dernière appellation qu'il importe d'attirer
l'attention. Car la qualification de souffrant peut être à tort comprise dans une acception de dolorisme,
l'état de pénibilité physique dans lequel se trouve quelquefois le postulant, notamment à la fin de sa
réception lorsqu'elle aura duré longtemps. En raison des références chrétiennes permanentes dans le
rite, cette erreur pourrait conduire à des interprétations du plus mauvais aloi. De plus, le risque de
confusion est renforcé par le fait que d'autres rites développent dans leurs rituels des actes visant à
soumettre le candidat à des épreuves physiques et morales.
En fait, dans le Rite Écossais Rectifié, il en va tout autrement. La souffrance de l'impétrant correspond
à deux ésotérismes différents et complémentaires :
- D'une part, une expulsion symbolique, libre et volontaire, hors de son esprit, des passions
nuisibles pour produire des fruits de fraternité et s'avancer sur la voie du Saint-Ordre ; elle fait allusion
à la douleur intérieure provoquée par le rejet, difficile mais nécessaire, hors de soi des esprits mauvais
du monde tels que l'amour-propre, les préjugés, les privations pénibles, tous " résidents intérieurs "
indésirables, incompatibles avec les exigences de l'initiation, avec cet état de grâce suggéré
allusivement par l'expression " amour de la vérité. "
- D'autre part, une parturiente spirituelle du candidat (Jean-François Maury) ; la pérégrination vers
la découverte de la vraie lumière, l'espérance et l'engagement du Maçon pour guérir le monde du mal
et de la violence, exigent pour y parvenir d'abandonner ses propres lumières, enfantement de fruits
spirituels, nécessairement dans la douleur causée par cet abandon et par la naissance de la vraie
lumière en soi :
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« Dans l'attente de la révélation des Fils de Dieu [...] la création tout entière soupire et
souffre des douleurs de l'enfantement. Nous aussi qui avons les prémices de l'Esprit, nous
soupirons en nous-mêmes. "
(Rm. 8, 22-23)
C'est pourquoi, pour rester dans ce registre ésotérique qui seul permet de bien transmettre le message
rectifié et illuminer l'esprit du candidat, il importe que le rituel, dans cette phase, soit conduit avec
solennité, sans ajout d'épreuves hors de propos au regard du sens spécifique du rite.
Bien vivre le Rite Écossais Rectifié
Un chef de l'Ordre rectifié disait autrefois :
" Le Rite Écossais Rectifié, c'est naturel '.
Combien doit-on lui donner raison ! Sous cette formule, il faut comprendre que le Maçon rectifié doit
pratiquer son rite et vivre sa vie en Loge, et à l'extérieur, de manière simple et apaisée. Car pour un
Maître Maçon rectifié, sa force réside dans le calme et la confiance. C'est même à cela qu'on le
reconnaît.
Nous croyons beaucoup au sens profond de cette formule d'allure quelque peu publicitaire. Il ne peut y
avoir de Maçonnerie rectifiée authentique vécue dans les effets de la matérialité, de la vanité, des
vilenies (même élégantes ou référées à l'autorité de " nous sommes un Ordre ! ", détournée pour
imposer des besoins personnels) ou dans la profanation du Temple par l'intrusion des malveillances du
monde. Cela reviendrait à entretenir la meurtrissure de la création, sous toutes ses tonnes, et réduire à
nullité le travail de la Loge.
Réciproquement, bien vivre le R∴ E∴ R∴ , c'est, comme des enfants de la Lumière, se détourner des
œuvres des ténèbres, des propos malséants, des attitudes inconvenantes, des excès de boisson, en
particulier lors des agapes ouvertes par la prière et l'invocation au Grand Architecte De L'Univers.
Bien vivre le R∴ E∴ R∴ , c'est aussi vivre tranquillement son christianisme en Loge, sans la
transformer en un " club privé pour chrétiens " qui voudraient se sentir bien entre eux, loin des autres,
surtout s'ils ne sont pas chrétiens, ce qui donnerait du rite l'image d'une secte maçonnique à part qui
s'estimerait être au-dessus des autres Maçons, forcément moins bons, et détenir la vérité.
De même qu'il y a d'autant plus de christianisme dans le comportement d'un chrétien et plus de
dispositions évangéliques dans son cœur que ses signes extérieurs sont peu apparents, ainsi y a-t-il
d'autant plus de christianisme vrai chez un Maçon rectifié que ses démonstrations extérieures sont
inexistantes devant les autres. Point d'esprit de jugement, de procès d'intention, de jalousie, de volonté
d'appropriation pour compenser ses frustrations, de méchancetés, mais seulement des dispositions
bienveillantes et des élans fraternels, naturels et discrets, envers tous les Maçons et envers tous les
hommes, quelles que soient leurs confessions, même (et surtout) quand ceux-ci ne sont pas chrétiens.
Un autre Frère, fort avancé en Maçonnerie et visitant régulier de Loges rectifiées avait un jour cette
opinion :
" Les bonnes Loges rectifiées se reconnaissent au climat de sainteté qui y règne.
Ici aussi, combien doit-on lui donner raison ! Cette opinion pourrait également s'étendre aux bonnes
Commanderies et Préfectures, et d'une manière générale, toutes les bonnes assemblées et bons
Chapitres des juridictions qui régissent le Régime Écossais Rectifié. Car bien vivre le Rectifié, c'est
contribuer à faire régner, chacun à son niveau, ce climat de sainteté si caractéristique du R∴ E∴ R∴ . Si
ce n'est pas le cas, ce n'est pas la faute du Rectifié mais bien plutôt la responsabilité incombe à ceux
qui en ont la charge. Car ce climat ne s'invente ni ne se décrète : il se vit naturellement.
La bonne pratique de la Maçonnerie rectifiée conduit le Maçon à rejeter hors du chantier de la
construction du Temple, comme autant d'obstacles sur le chemin de la Jérusalem Céleste, son orgueil,
son égoïsme, sa recherche des honneurs et des places, sa lâcheté, son besoin d'imposition d'autorité
(qu'il n'a pas ou pas eu dans ses contextes familiaux ou professionnels), les diverses formes
d'antagonisme, tous défauts qu'il considérera comme des travers graves pour l'édification du monde
intérieur, et chassera comme contraires au climat de sainteté qui distingue les bonnes Loges rectifiées,
et comme opposés à l'esprit chrétien,
Bien vivre le R∴ E∴ R∴ , c'est naturellement avoir l'esprit à éteindre les tensions, à éconduire les
ambitieux et à éviter les conflits.
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Bien vivre le Rectifié, c'est remplacer les procès d'intention par des crédits d'intention, se conduire en
élus, en vrais Fils de la Lumière, fidèles et dévoués à l'esprit de fraternité. Dans la communauté des
Frères, il ne doit et ne peut y avoir nulle méfiance des uns envers les autres, aucune crainte d'être
trompé, manipulé, exploité par son Frère. Car, en Loge rectifiée comme à l'extérieur, la parole,
l'intention, les relations entre les Frères sont placées sous la seule autorité de Dieu, donc de la
fraternité, illuminées par le chemin qui conduit à la révélation du Haut et Saint Ordre et de sa clé de
voûte. Les supérieurs de l'Ordre doivent y veiller avec autorité et bienveillance sauf à perdre leur
légitimité spirituelle. Il restera que si l'union spirituelle et l'amour fraternel viennent à manquer, les
moyens dont dispose le R∴ E∴ R∴ pour produire les effets de l'Initiation, le rituel, les juridictions, les
textes doctrinaux ne parviendront pas à grand-chose sinon à des effets de contre-initiation.
Bien vivre la Maçonnerie rectifiée, c'est orienter toute sa vie de Maçon rectifié vers la charité, la
bienveillance, la bienfaisance sous toutes ses formes, la tempérance, la justice, et c'est œuvrer en
toutes circonstances à produire des fruits de vraie fraternité.
A défaut de traduire naturellement en règles de vie constantes et pratiques le travail en Loge, ces
vertus qu'ils n'hésitent pourtant pas à professer publiquement ou à les asséner à d'autres, sinon à s'en
servir pour accuser leurs Frères, certains ne feraient que dissimuler de noires pulsions sous la
blancheur innocente de leurs tabliers ou la lumière éclatante de leurs blancs manteaux !
Le R∴ E∴ R∴ ainsi bien compris, bien vécu et bien transmis, restera le témoin actif d'une Maçonnerie
proche des origines spirituelle, profonde, puissante par sa capacité édificatrice.
Les pratiquants du R∴ E∴ R∴ pourront, dans cette perspective d'une Maçonnerie rectifiée bien vécue,
voir dans la fraternité construite par l'initiation bien plus qu'une attitude morale ou de convenance.
C'est une nécessité à la fois ontologique et eschatologique pour parvenir au perfectionnement de la
Création et à l'édification spirituelle de la Jérusalem Céleste = la Cité Sainte, signe final de la
Rédemption.
Les Maçons rectifiés auront alors produit, selon les préceptes du rite, des fruits de fraternité
authentique et pourront recevoir en plénitude, tant dans leurs cœurs que dans la cité des hommes,
quand les temps seront venus, le Grand Architecte De L'Univers comme récompense de leur travail.
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