«Il a le potentiel pour jouer en équipe de France »

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«Il a le potentiel pour jouer en équipe de France »
SPORT
IGOR ANIC
Un défi colossal
Après cinq années passées en Allemagne, le handballeur Igor Anic est de
retour en France. Ce colosse a choisi le club de Cesson-Sévigné pour se
relancer sportivement et tenter d'atteindre l'équipe de France.
S
a démarche est lente, mais sûre. Du
haut de son mètre quatre-vingt-treize,
survêtement légèrement troué, crâne
rasé, Igor Anic s'étonne de la présence
du photographe. « Ah merde, si j'avais su, j'aurais mis des vêtements plus classes. » Le ton est
donné. Ce pivot puissant et technique tient à
son image. Sa venue à Cesson-Sévigné est tout
sauf un hasard.
Le colosse de 25 ans a débarqué en juin pour
se relancer après cinq années passées en
Allemagne, où son « temps de jeu n'était pas au
rendez-vous ». Un choix de carrière outre-Rhin
qu'il ne regrette pourtant pas. Il est le premier à
l'admettre : son « parcours est différent ».
Né à Mostar, en Bosnie-Herzégovine, il a suivi
dès son plus jeune âge son père, Zeljko Anic,
légende vivante du handball bosnien. « Un
modèle » pour le fiston. L’homme fut le premier
capitaine de l'équipe nationale de Bosnie. De
la carrière de son paternel est né ce besoin de
voyager. « Bordeaux, Saint-Raphaël, Marseille,
Lyon… On accompagnait mon père au fil de ses
clubs. » C'est ainsi qu'il a appris le français.
Très vite, le jeune Igor adopte ce style de vie et
change régulièrement d'écoles et de copains.
Une situation qu'il ne voit pas comme un handicap : « Grâce à ça, j'ai des contacts partout en
France et en Europe. Je ne pourrais pas vivre
autrement. » Le hand a toujours été une évidence pour lui. Et si son père n’était, à l’origine,
« pas trop chaud » pour que junior s’attaque à la
petite balle ronde, il est aujourd’hui « le premier
conseiller de sa vie personnelle et sportive ».
Une fois sa carrière lancée, Igor n'a pas traîné
à suivre les traces de Zeljko : Montpellier, Kiel,
Gummersbach et Cesson-Sévigné. Une vie marquée par les voyages qui a fait de lui un polyglotte. Il parle le français, l'allemand, l'anglais et
le serbo-croate. En ce moment, il apprend le Slovène, la langue maternelle de sa copine.
Un artiste caché
Igor Anic est un handballeur aux multiples
facettes. Il aime l'art, un virus transmis par
sa mère, propriétaire d’une galerie de papier
mâché à Saint-Raphaël. Lui a décliné cette passion par le dessin, auquel il s'exerce depuis toujours. Au point d'avoir créé un blog, en anglais,
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dans lequel il caricature des personnalités
diverses, dont ses coéquipiers. Le club a vu le
travail du colosse et a décidé d'utiliser ses talents
pour les affiches de présentation des matches. Un
honneur pour ce nouvel arrivant qui a tendance
à baisser les yeux lorsqu'il parle de lui. Volontiers
déconneur, il est rare qu’il prononce un mot plus
haut que l'autre.
Le terrain, en revanche, le transfigure. Son palmarès le prouve : trois championnats d'Allemagne
et une Ligue des Champions. Cette maturité
transpire également par ses hobbies. Il aime se
« balader aléatoirement dans les rues de Rennes,
aller au cinéma et découvrir la région ». Des
moments partagés avec sa copine qui l'a suivi
en France. Ils passent le plus clair de leur temps
ensemble. « Normal, justifie Igor. A part mes coéquipiers, dont certains sont mes amis, je n'ai pas
encore rencontré grand monde. » Une Bretagne
inconnue pour le binôme mais qui ne lui déplaît
pas. Igor Anic aime la découverte et le bouillon
de culture.
Cesson pour se relancer
« Il a le potentiel pour jouer en équipe de France,
explique David Christmann, son nouvel entraîneur à Cesson-Sévigné. Sa marge de progression est immense. » Ça tombe bien : il est venu
pour ça. Progresser, encore et toujours, voilà le
leitmotiv d'un Igor Anic conscient de ses forces
comme de ses faiblesses. Une vision partagée par
le coach, qui souhaite en faire « un joueur important de l'équipe ».
Dans cet environnement familial, qui lui sied à
merveille, Igor voit les choses en grand : « Terminer dans les huit premiers et réaliser une saison
complète au niveau personnel, ce serait génial. »
Pour mieux rebondir dans un plus grand club ?
Que nenni ! « Je vis le moment présent. J'ai un
contrat de deux ans dans une équipe ambitieuse : aucune raison pour moi de penser à autre
chose. » Ce retour dans le championnat français
est « un bon moyen pour lui de taper dans l’œil
du coach national », décrypte David Christmann.
Sous le regard enjoué de son nouveau protégé,
qui espère sans doute un jour rejoindre son père
au panthéon du handball international.
Nicolas Mangeard
[email protected]
Le Mensuel
Mensuel/novembre 2012
www.LeMensuel.com
« Il a le
potentiel
pour jouer
en équipe
de France
»
David Christmann, entraîneur
ÉCHOS SPORT
LES TÊTES D’AFFICHE DÉSERTENT
L’OPEN DE RENNES
R. Joly
12 juin 1987. Naissance à
Mostar (Bosnie-Herzégovine)
Septembre 1989. Arrivée en
France avec sa famille
2003. Premier contrat
professionnel avec Montpellier
2007. Départ pour Kiel en
Allemagne
Juin 2012. Arrivée à
Cesson-Sévigné
C
oup dur pour le tournoi de tennis rennais. Le 24 septembre,
le programme est annoncé à la presse. Nicolas Mahut, Steve
Darcis ou encore Björn Phau… Sept joueurs du top 100 mondial
figurent à l’affiche. Trois semaines plus tard, lors du tirage
au sort des premiers matches, c’est la surprise : cinq d’entre
eux manquent à l’appel. Chaque année, des désistements de
dernière minute surviennent. Une fois inscrit, un joueur peut
annuler jusqu’au dernier moment sa venue à deux tournois de
niveau challenger dans la saison. Pour cette édition 2012, c’est
l’hécatombe.
Floués, les fans de tennis rennais ? « Les joueurs annoncés étaient
des inscrits et non des participants », prévient d’emblée Thibaud
Serre, coorganisateur du tournoi. Aucune annonce prématurée,
donc. Mais l’Open rennais pâtit peut-être de la concurrence.
« Cette année, deux autres tournois des séries Challenger se
déroulaient juste avant l’Open de Rennes, à Mons et à Orléans. Et
ils étaient mieux dotés (Rennes proposait 42 500 € contre 64 000 en
2011, NDLR). Les joueurs qui ont obtenu ce qu’ils voulaient dans
ces compétitions ont finalement décidé de ne pas venir », estime
Thibaud Serre.
La défection de ces pointures n’a, de manière surprenante, pas
affecté la fréquentation. Les organisateurs affirment que l’on frôle
les 16 000 spectateurs, contre près de 15 000 l’année dernière.
Le vainqueur, Kenny de Schepper, a d’ailleurs bénéficié des
désistements de dernière minute.
Le colosse Igor Anic
dans son nouvel
antre du Palais
des Sports de
Cesson-Sévigné
EN BREF
CHANGER LE NOM DU STADE N’EST
PAS UNE PRIORITÉ POUR LA VILLE
L’idée a été formulée dans Ouest-France fin septembre par le président du Stade rennais,
Frédéric de Saint-Sernin : pourquoi ne pas renommer l’équipement de la Route de
Lorient ? « Une consultation peut être intéressante », répond Sébastien Sémeril, prudent,
dans le quotidien. Interrogé mi-octobre par Le Mensuel, l’adjoint aux sports ferme plus
nettement la porte à un changement de nom : « Ce n’est pas à l’ordre du jour. Savoir que
je me rends dans le stade qui porte le même nom qu’à l’époque de mes grands-parents,
ça marque une continuité du patrimoine. »
L’UNION FAIT LA FORCE EN HAUT NIVEAU
Volley, handball, kayak, athlétisme… Rennes compte de nombreux athlètes de haut
niveau, bichonnés par les clubs avec la plupart du temps de petites ressources financières.
A l’initiative du Stade rennais athlétisme, plusieurs clubs pros vont se réunir pour
réfléchir à une mutualisation des compétences et des moyens. Logement, formation,
externalisation de certaines tâches non sportives feront partie des sujets abordés à
l’Institut de gestion de Rennes, le 6 décembre.
R. Joly
l
IGOR ANIC
Le Mensuel/novembre 2012
www.LeMensuel.com
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