Eclats de cendre et de sang

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Eclats de cendre et de sang
Eclats de cendre et de sang
Une introduction au recueil poétique de Léon Gontran Damas
Pigments, Névralgies
Roun dòkò di Liniversité Lézantiy-Lagwiyann fè savé sa yé ka aplé « jenn litératir » a marké ki
ganyen bokou palòfontchò, porenm. Lò nou gadé sa ki ja marké atè Lagwiyann jouk jodla nou ka wè
palòfontchò pa dèrnyé.
Atò, ounlo moun ki kontan litératir ka pran yé tan pou yé marké istwè, a sa yé ka aplé « roman »
oben « nouvelle », men li pa té konran anvan.
Liv nou té ka mété pi douvan a té liv palòfontchò.
Atò li té ganyen dé ran : sa ki té ka di bèlté, pavwézé péyi a, « kouran réjyonnalis »
épi rounòt ran a té pou briga, militantism, « kouran militan »
Dépi lannen 1930 moun té ka marké pou palé di lidantité yé té ka sasé , moun té ka marké pou
dénonsé katibaj (lèstrvay), moun té ka marké pou voyé-ròch-dèyè (kritiké) kolonyalizm ké
lasimilasyon.
Léon Gontran Damas a té roun chèf annan sa ran-an. Annan sa i marké a, sasé lidantité ké ganm i té
ka briga pou défann so lidé té pouvé entérésé tout kalité grangrèk di so koté men di ròt péy osi.
Lò li té Paris pou so létid tout enjistis li té ka siporté pas i té diféran, ronyen so lèspri jouktan li
désidé marké. I pa té ka siporté sa nou ka rélé jodla « diskriminasyon », anplis di sa i té ka wè
Lafrans té annan menm larèl i té ganyen atè Lanmérik-nòrdé ké « Lalwa Jim Crow » (lynchages et
émeutes sur fond de luttes pour les droits civiques menées par la NAACP)
Sa sitiyasion-a té ka troumanté li, atò li désidé marké ankò pi bokou pou li pouvé dénonsé sa, pou li
pouvé fè moun savé ki li pa té paré pou asepté fronmen so wéy asou rasism ké « tabous » li té
ganyen lò moun té ka palé di sa a sa tan-an.
Yé di ki fason i té ka marké a té ka sanblé sa di Frantz Fanon anvan li menm té koumansé so
réflèksyon annan sa domenn-an : moun ka imité moun, moun ka santi yé gen mwens valò ki ròt
moun. Li koumansé roun kozé séryé asou tousa ki soti di mové ké kolonyalism.
Sa ki té ka bay li plis fòrs a té di savé ki li pa té li rounso ka palé di sa.
Atè Lanmérik-nòrdé Claude Mac Kay, Countee Cullen, Langhston Hugues ké Richard Wright, dé
grangrèk militan, té ka briga annan sa yé té ka aplé mouvman « Négro Renaissance ».
Si a pou gadé rounso asou istil Damas, ganm i té ka marké a, nou ka wè i pasé tout so lavi-a ka sasé
bon « frazaj »-a pou moun vé konprann kouman sa té ka fè li mal, kouman sa té ka anrajé li, angwé li
lò li té ka wè ki annan lèspri bokou moun, sa té pi enportan fè distenksyon ké divizyon antr pèp ké
rabésé roun divan ròt.
Atò, li té benzwen raplé ki li menm té sa roun « wonm », ki li té gen drwa èzisté épi ki li té « nwè »,
ki li té sa roun « nèg ». Dèyè sa li té ganyen roun lidé pi enportan ankò : konsékans di Katibaj
(Lèsklavaj) fè nèg ki té anba fwèt té ka sasé yé plas, yé té ka santi yékò déchouké, dérasinen é sa, a
té roun djopopo, roun vrè tromatiz pou yé.
Pigments
En 1937, Léon Gontran Damas publie Pigments à compte d'auteur en 500 exemplaires : une
plaquette de poésie, illustrée d'un bois gravé par un pacifiste gantois1, Franz Masereel. Le recueil
paraît le 20 avril. Mais, l'ouvrage est jugé subversif. En 1939, par commission rogatoire venue de la
Côte-d'Ivoire, le recueil est saisi par le gouvernement français pour atteinte à la sûreté intérieure de
l'Etat. On crut y voir une tentative de démoralisation ou de sédition de la part du poète qui exhortait
les Noirs à s'expurger "des voies assimilationnistes et des querelles européennes" pour s'occuper à
être des "envahisseurs de leur propres territoires"2. Damas a alors 27 ans.
Les trente deux poèmes qui constituent le recueil sont de longueur variable sans forme fixe
prédéfinie. Toutefois, les thèmes qu'ils mettent en relief sont récurrents et concourent à illustrer de
manière très explicite les poncifs de la littérature de la Négritude. En effet, reliés par une sorte de
"hoquet" lyrique, ils sont le reflet des sentiments amers, violents et authentiques d'un poète qui
rejette le colonialisme, dénonce avec véhémence le commerce d'esclaves, la traite des noirs, et
revendique son appartenance à un peuple:
"[…]
Ma haine grossit en marge
de la culture
en marge
des théories
en marge des bavardages
dont on a cru devoir me bourrer au berceau
alors que tout en moi aspire à n'être que nègre
autant que mon Afrique qu'ils ont cambriolée. "
(Blanchi).
L'observation de l'ordre de présentation des poèmes révèle une constante : la récurrence de thèmes
qui se recoupent :
-La réminiscence de l'exil pour l'esclavage, le déracinement dans Ils sont venus ce soir, Le vent,
Limbé, La complainte du nègre.
-La révolte, le mal être et la "nausée" du poète dans Il est des nuits, Hoquet, Un clochard m'a
demandé dix sous, Solde, Si souvent, Bientôt, Shine, Réalité Névralgie, Rappel.
-Le pays natal, les souvenirs d'enfance amers dans Hoquet, Trêve, En file indienne, Savoir-vivre.
-La dénonciation de la colonisation et de l'assimilation dans Trêve, Hoquet, S.O.S, Pour sûr, Nuit
blanche, Blanchi, Pareille à la légende, Savoir vivre, Un clochard m'a demandé dix sous, Ils ont,
Sur une carte postale, Et Cætera, Regard
-Le cri d'appartenance au peuple noir africain dans Et Cætera, Ils ont, Réalité, Limbé, Position, Si
souvent, Blanchi, Shine
L’étude de l'organisation du recueil révèle une progression dans l'intensité expressive du poète. Cette
progression s'effectue en trois temps :
1- Ils sont venus ce soir
Evoquant un retour dans le passé, ce poème est lieu d'une réminiscence du commerce d'esclaves.
Une atmosphère joyeuse et vivante
"[…] ce soir où le
tam
tam
1
2
De Gand en Belgique.
Daniel Racine, Léon Gontran Damas, L'homme et l'œuvre, p 58.
roulait de
rythme
en
rythme
la frénésie […]
est soudainement interrompue par l'arrivée d'agresseurs étrangers. "Ils sont venus" pour arracher des
gens de leur village et de leur pays, semant la mort à leur passage : c'est le début de la traite négrière.
[…] DEPUIS
combien de MOI, MOI, MOI
sont morts depuis qu'ils sont venus ce soir […]
La disposition décalée des vers suggère une déflagration de la pensée du poète en accord avec
l'atmosphère désordonnée de panique qui est dépeinte. C'est le temps des tractations. Un rappel de la
traite négrière. A l'image d'une désagrégation, le poème est le reflet, tant par son thème que dans sa
forme, d'une déconstruction et d'un déracinement.
A travers ce retour dans le passé, ce poème met en relief la genèse d'une révolte sourde qui traîne
chez Damas et qui correspond au point de départ de sa lutte "nègre".
2- La complainte du nègre
Placé au centre, il apparaît comme une pièce d'ancrage qui alimenterait, de l'intérieur, tout le reste du
recueil. En effet, comme le suggère explicitement le titre, il pourrait s'agir d'une sorte de chanson
triste et langoureuse, la complainte étant définie comme une "chanson populaire dont le thème est
tragique."
3-"Et cætera".
C'est le poème qui conclut le recueil. Il révèle l'intérêt de Léon Gontran Damas pour la politique
intérieure française mais aussi son refus de voir les africains (les noirs) s'occuper des affaires
françaises (les blancs). C'est d'ailleurs un des motifs de censure du recueil. Les tirailleurs sénégalais
promettent à la France un attachement indéfectible. Le poète s'insurge, et en adresse directe
Aux anciens combattants sénégalais,
aux futurs combattants sénégalais",
il exprime sa colère et son mépris pour un engagement qu'il juge totalement déplacé.
La mode littéraire et poétique de l'époque est au surréalisme. Un atout pour Damas qui se
fond dans un style libre qui laisse une grande part à l'inspiration et à la re-création du monde.
Par delà, il s'agit aussi d'une introspection qui va agir comme une forme de catharsis qui
dépasse Damas lui-même pour s'appliquer aux afro-guyanais et antillais en général : "Dans le
surréalisme, il y a une fascination pour l'âme primitive." 3 En effet, mieux que dans n'importe
quel autre courant littéraire, l'art des poètes surréalistes repose sur une expression poétique
qui devient une "dictée de la pensée en l'absence de toute préoccupation esthétique ou
morale" 4 imposée par d'autres comme un art établi. Ainsi, comme dans un moment de
libération totale "l'homme, en proie à une émotion particulière est soudain empoigné par ce
plus fort que lui qui le jette, à son corps défendant dans l'immortel"5.
Et pour Léon Gontran Damas, ce "plus fort que lui" correspond sans doute à la Négritude".
Selon une définition littérale du Petit Robert, (1981), la négritude correspond à "l'ensemble
des caractères, des manières de penser, de sentir, propres à la race noire". C'est aussi
"l'appartenance à la race noire."
Toutefois, en matière d'histoire littéraire, la Négritude évoque aussi un mouvement culturel
français né dans les années trente et porté par ceux qu'on appelle communément "les chantres
de la Négritude" : Léopold Sedar Senghor, Aimé Césaire et Léon Gontran Damas. Le
mouvement naît d'une prise de conscience et d'une revendication de la différence des noirs.
Sur les traces de la Harlem Renaissance (mouvement littéraire et culturel aux Etats Unis entre
les années 1920 et 1930), il tire ses principales lignes de force d'un manifeste 6 de Langston
Hughes :
"Nous, créateurs de la nouvelle génération, nous voulons exprimer notre personnalité noire
sans honte ni crainte. Si cela plaît aux blancs, nous en sommes fort heureux, si cela ne leur
plaît pas, peu importe. Nous savons que nous sommes beaux. Et laids aussi. Le tam-tam
pleure, le tam-tam rit. Si cela plaît aux gens de couleur nous en sommes fort heureux. Si
cela ne leur plaît pas, peu importe. C'est pour cela que nous construisons nos temples, des
temples solides, comme nous savons en édifier et nous nous tenons dressés au sommet de la
montagne, libres de nos mouvements."
Léon Gontran Damas, Aimé Césaire et Léopold Sedar Senghor souhaitaient retenir le sens
profond de cette déclaration afin de souscrire à la définition concrète donnée au terme
"Négritude" en 1934-1935 à savoir que:
"[…] le Noir cherchait à se connaître, qu'il souhaitait devenir un acteur historique, un acteur
culturel et non point simplement un objet de domination ou un consommateur de culture."7
Pour synthétiser et selon Damas :
"[…] On pourrait donc définir la Négritude en disant que c'est le point de jonction, le point
d'impact peut-être, de la civilisation européenne et de la prise de conscience artistique des
hommes de nos pays, des hommes de nos continents."8
3
Lire la poésie française du 20ème siècle, p 26 : Citation de Philippe Soupault in Nègre blanc, 1927.
Ibid. p 73.
5
Ibid. p 74.
6
Cité lors de l'intervention de Damas au Symposium sur "l'Influence Africaine sur la Littérature Antillaise" qui
se tenait à Las Villas (Cuba) du 9 au 14 décembre 1968.
7
Léon Gontran Damas, l'Homme et l'œuvre, p 189
8
Intervention de Léon Gontran Damas au Symposium sur "l'Influence Africaine sur la Littérature Antillaise" à
Las Villas (Cuba) du 9 au 14 décembre 1968.
4
Cette définition plaçait donc la Négritude non plus seulement sur un plan physique et racial,
mais l'élargissait à une notion intellectuelle et artistique. Il s'agissait alors pour des poètes et
des intellectuels noirs afro guyanais et antillais de montrer leur différence avec les armes dont
ils disposaient, (et dans leur cas il s'agissait de la langue française...) en mettant en exergue de
toutes leurs forces leur particularité "nègre". Il y avait là un paradoxe mais plus encore
comme le rappelle Damas, "le mot Nègre (ils) l'avaient accepté comme un défi" 9 . C'est
d'ailleurs une des idées majeures reprise avec force par Robert Desnos dans la préface qu'il
consacre au recueil :
"Damas est nègre et tient à sa qualité de nègre"10
Pour toutes ces raisons le premier recueil de Damas est considéré comme le "monument
littéraire initial de la Négritude", la pièce maîtresse en quelque sorte.
Névralgies
Recueil publié en 1966 aux éditions Présence Africaine. Cinquante neuf poèmes d'une toute
autre facture. Léon Gontran Damas a, depuis 1937 (date de parution de Pigments) approfondi
et affiné sa recherche sur la Négritude. En 1966, il est délégué de la SAC (Société Africaine
de Culture) à l'Unesco et consultant pour les contacts culturels entre l'Afrique et l'Amérique
latine. Aussi, Névralgies apparaît comme le recueil de la maturité. Il ne traite plus de manière
aussi violente et ostentatoire des thèmes chers aux étudiants rebelles des années trente. Entre
échanges culturels, vie politique, vie littéraire, et vie privée, Damas a mûri et s'ingénue
désormais à faire bouger les choses autour de lui en s'impliquant autrement : il est devenu un
homme public. Et, créant une rupture entre la vie, riche, foisonnante et mouvementée de
Damas, Névralgies semble véhiculer un message d'espoir clairement exprimé dans les
premiers vers du poème Il n'est point de désespoir :
Il n'est point de désespoir si fort soit-il
Qui ne trouve au carrefour sa mort à l'aube
Car, à l'image de la lutte sans relâche menée par Damas pour la réhabilitation de "son peuple
noir" l'idée est effectivement centrée sur un désir du poète. Celui d'un aboutissement de luttes
et de négociations qui semble enfin prendre forme dans le "rêve du dormeur éveillé".
[…] jour après jour
pierre à pierre projetée
à partir de la première pierre posée
de main de maître d'œuvre
voici
voici que s'étire
voici que s'étage
voici que prend forme
dans la nuit des temps perdus proches
(Pour que tout soit en tout)
9
Ibid.
Robert Desnos : Pigments, Guy Levis Mano, 1937, p1
10
Et le rêve de Damas apparaît comme un élément nécessaire et indispensable à sa paix
intérieure :
Grand comme un besoin de changer d'air
Pour le plaisir d'en finir avec un dilemme
(Grand comme un besoin de changer d'air)
Les poèmes du recueil sont aussi des témoignages de la vie privée et intime de l'homme Léon
Gontran Damas. Ils mettent en relief des pensées et images de femmes vues par Damas. Des
images qui révèlent ses expériences heureuses ou malheureuses. La femme est d'ailleurs
l'interlocuteur privilégié dans ce recueil. Tantôt "ELLE"(Avec un rien même de dédain)
tantôt "TOI" (Par la fenêtre ouverte à demi),
Les femmes de Damas réveillent ses sens :
"[…] Dieu que tu es belle
mais longue à être nue
(Par la fenêtre ouverte à demi)
se jouent de lui :
"[…] tu m'as dit en me quittant hier
tu m'as dit ne pas pouvoir me voir
avant dix à treize jours
(Soudain d'une cruauté feinte)
et semblent, dépeintes dans toute leur complexité, versatiles et insaisissables.
Aucune partie du corps de la femme n'est épargnée, du "sein bel et bien flasque" sur lequel il
s'est "réveillé au tout petit matin" […] "blême de dépit" (Sur le sein) au corps de celle dont
[…] et les yeux
et les lèvres
et la couleur
et la chair de sapotille"
(D'où vient que)
lui rappelle les attributs de "l'Autre".
Avec le ton de l'apaisement, les mots autour desquels Damas crée l'univers poétique de
Névralgies sont le cœur, la tendresse, l'amour et d'une manière générale tout ce qui concerne
les sentiments et les sensations passées au "blutoir" de la sensibilité du poète. Le recueil laisse
donc transparaître la douceur, la sensualité et la fragilité de Damas.
Une fragilité qu'il reconnaît volontiers quand, parfois dérouté et happé par la jalousie il
"[…] pense malgré (lui)
qu'au bras d'un autre
(elle) dor (t)
(Quand malgré moi)
Et devant les femmes Damas perd toute verve acerbe et virile, il devient timide, quand il sent
qu'elles sont en position de force :
[…]"Il était à prévoir autant qu'à redouter
qu'Elle répondrait
quoi
à la question bien mal posée
de savoir
quand
Alors chien battu
penaud et cois
je me suis bien gardé
de demander "
…
(Il ne fait pas l'ombre d'un doute)
Mais dans ce jeu de l'amour il existe un équilibre et le poète entend bien le faire savoir aux
femmes. C'est un jeu de l'amour dans lequel il peut souffrir mais aussi faire souffrir la femme
et la dominer. Il ne s'agit que d'un
[…] "jeu
jeu de mots
que de croire
un seul instant
l'amour bleui à point sans martinet"
(Jeu de mots)
Et même si certains poèmes du recueil dévoilent le coté machiste de l'homme, le poète n'en
reste pas moins, un chantre de l'amour. Et c'est la simplicité des termes employés qui donnent
force et véracité à ses propos. Aimer sans concessions, c'est quand
[…]"seulement (il) réalise et sai (t)
tout le prix de l'amour
de (son) amour pour (elle)"
(Depuis que te voici)
Et cela même quand il reconnaît ne pas savoir le faire à la perfection :
"Quand bien même
je t'aimerais mal
en est-ce bien sûr
au point d'en avoir mal
pour sûr
tu sais bien que je t'aime
c'est sûr
au point d'en avoir mal
pour sûr… "
(Quand bien même)
Deux femmes, entre autres, ont fortement marqué la vie intime du poète même Sa première
épouse Isabelle Victoire, une martiniquaise fille de son ancien professeur d'anglais. Ils se
marient le 08 janvier 1949 mais divorcent quatre ans plus tard. Lors d'un voyage au Brésil où
il effectue des recherches sur la survivance de la culture africaine dans le Nouveau Monde,
Damas fait la connaissance d'une brésilienne qu'il épousera en 1967: Marietta Campos. On
pourrait supposer que les femmes dont il est question dans Névralgies, opposées et mises en
comparaison l'une et "l'Autre" correspondent aux deux épouses respectives de Léon Gontran
Damas.
Enfin, Névralgies est aussi le lieu de réconciliation pour Damas qui ne semble plus s'attacher
à revendiquer des racines africaines comme uniques sources identitaires. Dans le poème Si
Depuis, il s'affirme
[…] "debout dans sa triple fierté de sang-mêlé",
et reconnaît un métissage qu'il revendique maintenant comme une richesse.
Et on le voit bien, la négritude de Damas prend un tout autre visage.
Le poète a dit sa hargne et sa révolte dans Pigments son recueil de jeunesse. Mais il s'est battu
pour que les idées brandies et "scandées" dans ses poèmes ne soient pas que théories. C'est
pourquoi, plus tard, la lutte de front peut laisser place à l'expression de l'amour et de la
plénitude recherchée par le chantre de la Négritude.
2012 : Année du centenaire de Damas. Toutes les semaines un poème est publié.
CyberMayouri DAMAS (32/52)
32zyenm simenn- dimanch 5---- sanmdi 11 out 2012
QUAND BIEN MÊME
Quand bien même
je t’aimerais mal
en est-ce bien sûr
au point d’en avoir mal
pour sûr
tu sais bien que je t’aime
c’est sûr
au point d’en avoir mal
pour sûr
de t’aimer mal
en est-ce bien sûr
toi qui m’aimes
toi qui m’aimes mal
c’est sûr
Léon Gontran Damas, Névralgies, p 64, Présence Africaine
KANTMENMSI
Kantmenmsi
Mo té ké kontan’w mo pa fason kokobé
Pitèt asiré-pa-pitèt
Si tèlman, mo lèspri té ké vini kokobé
Asiré-pa-pitèt
Ou byen savé mo kontan’w
Asiré-pa-pitèt
Si tèlman mo lèspri ka vini kokobé
Asiré-pa-pitèt
Mopa fason kokobé mo kontan’w
Pitèt asiré-pa-pitèt
Ou ki kontan mo
Ou ki kontan mo oupa fason kokobé
Asiré-pa-pitèt
(Amorfwazaj kréyol Franck Compper pou Cyber Mayouri DAMAS)
Hermina Duro
oyageuse, Hermina Duro n'a de cesse de dépasser les horizons. Elle navigue
depuis plus d'une dizaine d'années entre différents univers professionnels et
artistiques avec
pour seul mot d'ordre la recherche des mots justes.
Née à Cayenne d’une mère guyanaise, d’un père martiniquais et d’arrière-grands
parents guadeloupéens, elle est plongée dès son plus jeune ge dans le monde
artistique, passionnée par les us et coutumes de la tradition orale, les contes et
légendes racontés dans un petit jardin à la tombée de la nuit par une grand-mère
créole, les bals des grands et les le ons de danse données par les taties...
En 1995, alors qu’elle est en vacances en Guadeloupe, c’est sur la place de la
ictoire qu’elle fait sa première expérience en live avec un petit trio de
musiciens sur l’air de La Guadeloupéenne . Les pianos-bars et salles de bals
deviennent alors lieux de prédilection qui lui permettront de confirmer son goût
pour la scène. ne passion qu’elle n’aura de cesse de faire partager et de nourrir.
Paris, elle fait ses premiers pas en jazz vocal formée par la chanteuse Lydie
alter et s’initie à la guitare. Chroniqueuse durant un temps pour un
hebdomadaire, elle sera enseignante de Lettres Modernes pendant une dizaine
d’années dans le second degré. En parallèle, de solides formations en thé tre,
musique, en chant et technique vocale l’orientent tout
naturellement vers une pratique artistique professionnelle.
ujourd’hui, entre les mondes créoles et l'Europe, entre le chant et la littérature,
entre l’écriture et l'enseignement, entre le jeu et la mise en scène, elle explore de
nouvelles
passerelles entre les Arts, les Lettres et leur transmission. Hermina Duro est
Directrice artistique de la compagnie thé trale az rtistik depuis
11.
Metteuse en scène, comédienne, consultante et formatrice, elle est également
Maître ès Lettres modernes de la orbonne-Nouvelle.
-Voix d
y
Pedro
Leal, Christiane Delanon et Lyne Marie-Stanley, Hermina Duro, Sorbonne 2003
- x
C
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exception
Musique
-La Guyane au Carifesta VIII
-Sur la voie du jazz
-M
(I
w)
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-Quand Cayenne se met au jazz
-
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C
-Ky
f
w
-Yalimapo
-Blues de femmes, Opus thé tral 1 écrit et mis en scène en Mars 1 , Hermina
Duro
-Ruptures
Opus thé tral écrit et mis en scène en Mars 1 ,
Hermina Duro