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DANS L’AIR
PHÉNOMÈNE • 09
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Photo Sonia Desprez
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17 h 28 : Audrey, douce amatrice, coincée près d’une fenêtre, mais
tout sourire, se déclare ainsi à nous « fan de Will.I.Am, que ce soit de ses
projets persos ou du groupe. Et pareil pour Fergie. » On apprécie la
justesse de son commentaire sur l’opportunité, pour la formation,
d’être « passée du hip hop à l’électro : tout le monde aime ça ! » Les
BEP (par esprit pratique, nous emploierons désormais cet acronyme
pertinent pour désigner le groupe) sont donc mainstream. Bon, ça, ok.
17 h 40 : Ophélie et Jonas kiffent grave : tirés au sort en couple, c’est
pas beau la vie ? En plus, ils sont venus spécialement de Marseille pour
le concert. « On avait acheté des places, mais on a gagné, et les nouvelles places sont bien meilleures, donc on a donné les nôtres. » Ça se
voyait tout de suite qu’ils étaient sympas, ces deux-là. Grosse fan de
dancefloor, les bras en l’air en train de chanter, Ophélie s’interrompt pour
estimer que « les BEP, ils anticipent toujours ce qui va marcher. » Tu
m’étonnes, John. Et ils savent embaucher, par exemple, David Guetta,
ce qui leur a réussi. « On l’adore aussi ! » Eh oui, ça va ensemble.
17 h 52 : Charles, étudiant en prépa HEC, et Jonathan, étudiant en
pharmacie, respectivement 19 et 20 ans, visages d’anges, sont en train de
devenir copains. Ils sont moins expansifs que les poulettes déchaînées au
fond du bus, mais trop contents d’être là. Ils ont du Black Eyed Peas
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Photo Sonia Desprez
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nant commercial du groupe. Bah, oui, c’est « hyper fédérateur », dit
Bérangère en pointant le bus entier en train de brailler dans la joie.
18 h 28 : A l’avant du bus, une histoire extraordinaire. Aurélien,
lycéen, est arrivé ce matin de Belfort pour voir ses oncles parisiens.
Quand Benoît, son tonton de 37, ans lui avait textoté « Qu’est-ce qui
te ferait plaisir pendant son séjour ? », il avait répondu : « Le concert
des Black Eyed Peas ! », parce qu’il est gros fan : « Ils produisent bien. »
David Guetta est son modèle, il veut devenir DJ. Mais bon, plus de
tickets en vente ; alors ils jouent, et gagnent ! Aurélien ne danse pas,
il se réserve pour plus tard. On sent que ça va bouger. Ses tontons
avouent préférer les chanteurs français qu’on entend sur Nostalgie ou
même le classique et le jazz, mais bon, les BEP pourquoi pas, sourientils en scandant Boom Boom Pow de la tête.
18 h 40 : Il faut que Maryline, Flora et Nedal, 18 ans, se calment :
elles vont exploser d’excitation. Grosses ambianceuses, les “kidzettes”
confient, sans arrêter leur danse boostée au beat de Shut Up, être grosses fans d’Usher et Beyoncé. Pas non plus du pointu, mais du moment
que ça bouge. On sent que c’est, dans leur cas, la priorité.
19 h 03 : On a bien parlé (sur fond permanent de BEP puis, une fois
plein leurs MP3, et ils trouvent que c’est super à écouter les tubes épuisés, sur leurs petits et grand collègues commerciaux des
« aussi bien dans les transports qu’en soirée. C’est com- dancefloors). C’est intéressant, ce que disent ces fans. On remarque
mercial, mais avec un fond artistique. » Enfin bon, ils n’au- que chacun, même ceux qui ont des goûts par ailleurs sagement poinraient quand même pas payé leur place : « Pour le même prix, tu as trois
jours complets à Solidays ! » Car ils aiment des trucs plus rock et “indie”
aussi : Arctic Monkeys, MGMT, les Housse de Racket, et même Cassius ou
Memphis Bleek, « du hip hop pas commercial ». Bilan d’étape : le fan BEP
est peut-être mainstream, mais pas que.
18 h 12 : On n’a presque pas le cœur à interrompre les “chorés” endiablées d’Elsa, Bérangère et Anne-Sophie, toutes trois étudiantes à l’école
du barreau. « J’ai toujours aimé le hip hop, hurle Elsa pour couvrir le sample tarantinien de Pump It. Quand j’ai découvert les BEP, je suis allée
fouiller dans leur passé, ils faisaient du hip hop super, mais rien à voir avec
maintenant. » Mais bon, elle n’a pas l’air gênée plus que ça par le tour-
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© Virgin Radio
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tus, a ses raisons d’aimer les Black Eyed Peas et que personne n’est dérangé par le virage ultra-commercial négocié par le groupe depuis quelques albums. Ils sont peu à avoir connu les BEP à leur époque hip hop
puriste, avant Fergie. Maintenant, les vocoders et autres beats mixtes
ratissent large. Et le mainstream, ça peut épuiser, à voir les cinquante
kids et leurs aînés se reposer sur les banquettes avant la grande arrivée.
19 h 25 : On est à Saint Denis ! On descend du bus, laissant les fans,
impatients, fous d’enthousiasme et d’excitation, courir vers le Stade de
France. Il y aura de la musique, du show, et des larmes. Peut-être pas un
grand moment d’humanité, mais quelque chose de « fédérateur», comme
ils disent, quelques heures efficaces et joyeuses. Pourquoi pas ?
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1_ L’arrivée des premiers gagnants, accueillis par
les hurlements de joie des jeunes hôtes(ses)
vêtus de T-shirts “Tu viens avec moi au Stade
de France ?”.
2_ Le bus attend les gagnants devant un certain
monument parisien.
3_ Jonathan, étudiant en pharmacie, l’un des
premiers arrivants. Il écoute les Black Eyes Peas,
mais aussi des groupes un peu plus pointus.
4_ Des gagnants présentent le précieux sésame :
une place pour le “carré or pelouse”, près de
la scène.
5_ Une haie d’honneur pour les gagnants avant
leur montée dans le bus.
6_ Maryline, Flora et Nedal, 18 ans, grandes fans
des Black Eyed Peas et de r’n’b.
7_ Une invitation à la fête qu’on ne peut refuser…