Jorge Amado - Bibliothèque de Maisons
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Jorge Amado - Bibliothèque de Maisons
Octobre 2015 PO D’ RT ÉC R RI AIT VA IN Jorge Amado (1912-2001) Tous les titres en gras peuvent être empruntés à la bibliothèque municipale Bibliothèque Municipale de Maisons-Laffitte 01.34.93.12.91 [email protected] Jorge Amado est né dans l’état de Bahia (nord-est du Brésil), dans une plantation de cacao. Il a quatorze mois quand la crue du fleuve ravage la plantation de son père. Ce dernier mettra plusieurs années avant de pouvoir se racheter un morceau de terre et se relancer dans cette culture. Toute l’enfance d’Amado, c’est le cacao, les luttes et les violences de cet univers. Dès le collège, un père Jésuite remarque les talents d’écriture du jeune Jorge. À quinze ans, Amado est déjà journaliste et fonde avec de jeunes intellectuels l’Académie des rebelles. Son premier roman Le pays du carnaval est publié en 1931. Appartenant à la jeunesse communiste depuis longtemps, il n’adhère réellement au parti qu’en 1940 mais, dès 1936, son second roman Cacao est saisi par la police de la dictature de Getulio Vargas et Jorge Amado est mis en prison. Après son emprisonnement, il s’exile en Argentine et en Uruguay, puis revient au Brésil en 1945. Il y est élu député fédéral communiste mais son mandat sera interrompu en 1948 quand le parti communiste est, à nouveau, déclaré illégal. Amado se réfugie alors en France, puis en Tchécoslovaquie, en Union Soviétique puis dans d’autres pays. Il regagne définitivement le Brésil en 1952 et, progressivement, s’éloigne du parti. Gabriela, girofle et cannelle (écrit en 1958) est le roman qui marque un vrai tournant dans l’œuvre de l’auteur. À partir de ce momentlà, le souffle romanesque de ses histoires l’emporte sur le discours politique et militant. Ses romans, de plus en plus populaires, lui valent d’être élu à l’Académie brésilienne en 1961. En 1984, il est nommé commandeur de la Légion d’honneur et dix ans plus tard, il est lauréat du Goncourt brésilien, le prix Camões. Grâce au charme envoûtant de ses récits exotiques et à la vision politique qui la sous-tend, l’œuvre de Jorge Amado, traduite en quarante-neuf langues, a su communiquer au monde le quotidien, les combats et les croyances des populations majoritairement noires ou mulâtres de Bahia, région de son enracinement et source principale de son inspiration. Au sujet de son œuvre, il a écrit : « Aucun de mes livres n’est à proprement parler autobiographique. En revanche, je ne peux écrire qu’à partir de mon vécu ». Il se décrit luimême comme « l’anti-docteur par excellence ; l’anti-érudit, trouvère populaire, écrivaillon de feuilletons de colportage, intrus dans la cité des lettres, un étranger dans les raouts de l’intelligentsia ». En tout cas, Jorge Amado est considéré comme l’un des plus grands écrivains brésiliens, un de ceux qui a su incarner l’extraordinaire richesse de la culture du Brésil. Cacao Cacao raconte l’histoire d’un jeune homme de bonne famille qui, par nécessité, se fait engager dans une plantation. Il partage le travail et le quotidien des ouvriers agricoles et la dure et injuste loi du patron propriétaire des lieux surnommé le Colonel. Un court roman de jeunesse (écrit à vingt et un ans) que l’auteur présentait ainsi : « J’ai essayé de raconter dans ce livre, avec un minimum de littérature et un maximum d’honnêteté, la vie des travailleurs des fazendas de cacao du sud de Bahia ». La boutique aux miracles Les deux morts de Quinquin-La-Flotte Quinquin-La-Flotte n’a pas toujours été cet ivrogne notoire. Au départ, c’était un bourgeois, marié et père de famille. Las de son existence mortellement ennuyeuse, il avait décidé un jour de tout quitter pour vagabonder et profiter de sa liberté. Dans les bas-fonds, il était enfin heureux. Lorsqu’on le retrouve mort, sa famille originelle souhaite le réhabiliter en organisant un enterrement digne de son rang mais c’est sans compter sur ses compagnons de beuverie qui souhaitent, de leur côté, accomplir la dernière volonté de leur ami : être jeté dans l’océan une fois mort. Beaucoup d’humour dans ce roman qui met en avant l’absurdité d’une société cloisonnée et pleine d’a priori. Pedro Archanjo est appariteur à la Faculté de médecine de Bahia. Passionné par le melting-pot de la population bahianaise, avocat des pauvres et des opprimés et défenseur des cultes afro-brésiliens, il donne des cours et écrit plusieurs livres. Malheureusement, il meurt dans l’anonymat et ses livres tombent dans l’oubli. Quand débarque un jour à Bahia un savant américain nobelisé, spécialiste de l’œuvre d’Archanjo, les journalistes et les notables bahianais sont bien ennuyés… Une fable satirique mais aussi un bel hommage à la culture et au peuple bahianais. Au sujet de ce roman Jorge Amado a écrit : « Si je ne devais garder qu’un seul titre parmi toutes mes œuvres, ce serait La boutique aux miracles ». Tereza Batista Dona Flor et ses deux maris Dona Flor est une jeune et belle femme connue pour ses talents culinaires et son école « Saveur et art » dans laquelle elle donne des cours. Mariée à Vadinho, un joueur et coureur invétéré qu’elle adore, elle se retrouve désespérée lorsque celui-ci meurt brutalement. Jeune encore, Dona se remarie avec un sage pharmacien. C’est alors que réapparaît l’imprévisible Vadinho, réincarné pour la seule Dona Flor et qui n’est visible que par elle. Un roman truculent et très inventif dans lequel il est plaisant de se laisser emporter. L'enfance de Tereza Batista s'arrête lorsque sa tante la vend, encore toute jeune fille, à une brute épaisse collectionneur de virginités. Au bout de deux ans de souffrance, Tereza rencontre un bel étudiant qui lui fera découvrir la douceur mais aussi la trahison. Puis, elle tombe profondément amoureuse d'un homme très bon, qui l'aime également en retour, mais qui mourra dans ses bras très prématurément. Tereza Batista, devenue prostituée, est une de ces héroïnes dont la dignité reste intacte malgré toutes les blessures. La seule capable d'avoir "assez de cœur au ventre pour endurer tant de malheur et continuer à vivre" écrivait Jorge Amado. Peut-être la seule aussi capable d’avoir encore du cœur malgré tout ce qu’elle a vécu. Tocaia Grande Tocaia Grande nous parle de l’émergence d’une cité, Irisópolis, en plein pays du cacao. Comment un espace constitué de quelques cabanes se métamorphose en ville et comment une communauté se forme. Encore une belle galerie de personnages pittoresques et une succession d’épisodes hauts en couleur. Ce roman a bénéficié d’un succès considérable au Brésil. À sa parution, 400 000 exemplaires ont été vendus en trois mois. La découverte de l’Amérique par les Turcs Dans l’état de Bahia, au début du vingtième siècle, une vague de « Turcs », en réalité des Arabes libanais ou syriens, ont émigré au Brésil. Ils pensaient faire fortune dans « l’Eldorado du cacao ». Dans le bateau qui les a amenés, Jamil et Raduan se sont liés d’amitié. Dans le village où ils vivent tous les deux, Ibrahim, un commerçant prospère mais veuf inconsolable, aimerait se débarrasser de son acariâtre et laide fille aînée en la mariant au beau Jamil. Une langue toujours savoureuse et beaucoup d’humour dans ce roman qui sera l’avantdernier de l’auteur. À lire également En section jeunesse : Le chat et l’hirondelle : une histoire d’amour (JRAMA-RES) Et sur l’auteur : Un entretien dans Le Magazine littéraire n°211, octobre 1984 (7 p.) Le numéro spécial Jorge Amado de la revue littéraire Europe n°724/725 - août-septembre 1989 (869-AMARES)