le recrutement de personnes handicapees dans la fonction publique
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le recrutement de personnes handicapees dans la fonction publique
LE RECRUTEMENT DE PERSONNES HANDICAPEES DANS LA FONCTION PUBLIQUE COMPTE-RENDU - REUNION DU 26/05/2015 Participants : Nom BERAUD BOISSON BOTTERO Prénom Elisabeth Cecile Marie-Pierre Organisme Conseil départemental des Pyrénées Orientales Centre Hospitalier Universitaire de Nîmes Plateforme d'appui interministériel à la gestion des ressources humaines CARTHERY CASSE HAMMADI Christine Fabienne Malika Conseil départemental du Gard Centre hospitalier de Béziers Conseil départemental des Pyrénées Orientales JACQUET KOUBI LADEUIX LEGOUSSOUART LLORCA MAMOU Medhi Daniel Guy Karl Amandine Gérard Ville de Montpellier Synergie Handicap Centre hospitalier de Béziers Ville de Montpellier Centre de gestion de la Lozère Centre de rééducation et d'insertion professionnelle de Castelnau Le Lez MAURY MERCIER ODDON RASPAIL SAMMUT SAUVAGE SEGEON VERNOUX VIALARD VOLLAND Michel Ludovic Jérôme Thierry Jean-Pascal Samuel Yamina Claire Marie-Thérèse Nicolas Cap emploi / SAMETH 66 et 30 FIPHFP Adeo Conseil - Handi-Pacte Conseil départemental du Gard CNFPT Adeo Conseil - Handi-Pacte Conseil départemental du Gard Ville de Nîmes / Nîmes Métropole Université de Montpellier Conseil départemental de l’Hérault La réunion s’est ouverte sur un mot d’accueil de Christine Carthery, directrice générale adjointe aux ressources internes du Conseil départemental du Gard. Elle s’est particulièrement réjouie de cette occasion d’échanger entre employeurs à partir de retours d’expériences. Introduction Le recrutement et de l’apprentissage dans le contexte du Handi-Pacte Languedoc Roussillon Si le maintien dans l’emploi a fait l’objet d’une attention prioritaire du Handi-Pacte jusqu’alors, plusieurs paramètres nécessitent aujourd’hui de se préoccuper du recrutement et des parcours permettant l’accès à l’emploi des demandeurs d’emploi bénéficiaires de l’obligation d’emploi : - - La croissance exponentielle du taux de chômage des BOETH qui est aujourd’hui le double des demandeurs d’emploi toutes catégories et en hausse de 76% dans la région entre 2010 et 2014 L’âge des personnes en situation de handicap dans les établissements publics et le vieillissement de la population des DEBOETH qui suggèrent d’anticiper la chute du nombre d’unités bénéficiaires autant que les besoins en compétences futurs (la pyramide des âges dans la fonction publique montre une surreprésentation des BOE dans les effectifs allant partir à la retraite d’ici 2020) Cette réflexion menée avec les DRH doit aussi préparer le contenu du Conseil des employeurs publics qui devrait se tenir le 9 octobre prochain. Les enjeux pour le FIPHFP Pour le FIPHFP, le recrutement est une priorité car : - C’est l’objet même de la politique de l’emploi des personnes handicapées, La hausse du taux de chômage des personnes handicapées est dramatique et la fonction publique doit être solidaire autant qu’exemplaire pour participer à lutter contre ce fléau, les représentations évolueront aussi et surtout à travers de nouveaux recrutements de TH, ce qui servira in fine la cause du maintien, Le recrutement de TH accroit la diversité dans les collectifs de travail, La possibilité, à travers les recrutements, d’agir également sur les représentations et de faciliter in fine le maintien dans l’emploi. Tour de table des participants Résumé des principaux constats lors du tour de table : - - - Le niveau de qualification requis pour intégrer la fonction publique est en constante augmentation, alors que les personnes handicapées sont généralement peu qualifiées. Des compétences de plus en plus pointues sont recherchées. Les employeurs publics doivent nouer des contacts plus étroits avec des partenaires comme les Cap emploi et les CFA pour faciliter les recrutements. Des besoins réguliers sont parfois identifiés. Exemple : secrétaires de mairie. Si le maintien dans l’emploi a effectivement été une priorité pour les employeurs publics, il est nécessaire aujourd’hui d’élargir le spectre d’intervention au recrutement. Ces deux actions sont de toute façon en interaction et parfois même en concurrence dans la mesure où le maintien peut influer sur les besoins et sur les postes disponibles. - - Des stéréotypes forts contre l’embauche de TH perdurent, notamment la croyance selon laquelle leur productivité est moindre. Les engagements des employeurs en matière d’apprentissage peinent à être honorés. En revanche, beaucoup de recrutements sont réalisés via les emplois aidés. Il existe des obstacles juridiques au recrutement de personnes handicapées (interdiction des discriminations). Ainsi, la solution des emplois réservés est jugée nécessaire par certains participants. Les contraintes budgétaires sont aussi un argument de poids qui limite le recrutement. Certains profils sont difficiles à attirer dans des zones géographiques particulières. Les offres des acteurs de l’emploi des personnes en situation de handicap sont parfois peu lisibles. Travailler en cohérence avec les commissions de réforme et les comités médicaux est complexe. Les soutiens possibles pour les employeurs publics Témoignage de Michel Maury, ADRH1 Il a tout d’abord été rappelé qu’ADRH regroupe diverses structures : 2 Cap emploi, 2 SAMETH, 1 organisme de formation, 2 samsah psychiques, 1 centre de bilan de compétences, 1 cabinet de conseil et des PPS handicap psychique et mental. Pour ADRH, l’enjeu principal en matière de recrutement est la capacité à anticiper les besoins. La pyramide des âges actuelle dans la fonction publique présente le risque d’une baisse du taux d’emploi. Recruter doit faire face à des freins externes (nombre d’interlocuteurs, complexité des dispositifs, caractéristiques des candidats…) et internes (méconnaissance du handicap, représentations, nécessité de pilotage, technicité des adaptations…). Le réseau Cap emploi au niveau régional gère 7000 personnes handicapées. En LanguedocRoussillon, il existe un Cap emploi dans chaque département. Le taux d’intervention auprès des employeurs publics augmente mais est encore inférieur aux pratiques d’autres régions. Réussir un recrutement nécessite d’actionner plusieurs leviers : qualifier les besoins, connaitre les lieux de sourcing, veiller à la qualité des candidatures, agir sur l’adaptation et l’intégration des personnes sélectionnées. Au regard du décalage entre l’offre et la demande de compétences, Cap emploi intervient de plus en plus sur la mise en œuvre de parcours préalables de formation. Il est cité le cas d’une entreprise dont la convention collective nécessitait de recruter à Bac + 2 au minimum et pour laquelle il a fallu imaginer et mettre en place une stratégie pluriannuelle de sélection et de formations de DEBOETH. 1 NB : pour plus de détails concernant les témoignages, le support de présentation est à la disposition des participants. Témoignage de Ludovic Mercier, FIPHFP En préambule, le délégué interrégional au Handicap a reconnu la nécessité de simplifier les aides du FIPHFP, chantier justement en cours. Il a rappelé que le FIPHFP accompagne le recrutement de personnes handicapées à chaque étape du processus avec les aides et prestations suivantes : Formation des demandeurs d’emploi travailleurs handicapés: - Cofinancement avec l’AGEFIPH (près de 24 M€ à la charge du FIPHFP en 2014) ; Rendre accessibles les écoles de la fonction publique. Repérer les travailleurs handicapés susceptibles de répondre aux besoins des employeurs publics : - Cofinancement avec l’AGEFIPH des CAP emploi (près de 16 M€ à la charge du FIPHFP en 2014) ; Mise à disposition des aides techniques et humaines du FIPHFP pour favoriser l’accueil d’élèves et d’étudiants en situation de handicap devant effectuer un stage obligatoire dans le cadre de leur formation, prise en charge des indemnités des étudiants de l’enseignement supérieur en stage, accueil de jeunes en service civique. Soutenir financièrement certaines formes de recrutement de travailleurs handicapés : lors des embauches en CUI-CAE, en contrat d’avenir et en contrat d’apprentissage (prise en charge de 80% du coût salarial chargé dans ce dernier cas). Enfin, il a été rappelé que le FIPHFP s’engage dans l’accessibilité numérique : un appel à projets a été lancé à cet effet en 2015. Témoignage de Daniel Koubi, Synergie Handicap Synergie Handicap est un dispositif régional qui a pour mission de renforcer l’accès à l’apprentissage des personnes en situation de handicap. La plateforme permet de mutualiser l’ensemble des ressources et des compétences territoriales concourant à cet objectif. Elle intervient en interface des différents acteurs de droit commun et participe à l’élaboration de parcours personnalisés cohérents intégrant l’ensemble des composantes du projet afin de garantir l’égalité des chances en matière d’accès à l’emploi et à la formation professionnelle des publics handicapés quelle que soit la nature de leur handicap, leur âge et leur niveau de qualification. Dans cette perspective, la plateforme Synergie Handicap collabore avec les opérateurs de l’insertion, de l’accompagnement et de la formation et vient en soutien des employeurs (publics et privés), en partenariat avec Cap emploi, Pôle emploi et les missions locales, pour la mise en œuvre de contrats d’apprentissage. Par cette voie, 93% des employeurs ayant recruté par ce biais une personne en situation de handicap se sont déclarés satisfaits. En outre, on constate de faibles taux de rupture de contrats d’apprentissage pour ces stagiaires. M. Koubi a précisé que l’apprentissage était un dispositif sans limite d’âge pour les personnes bénéficiaires de l’OETH (Obligation d’Emploi de Travailleurs Handicapés). Dans la fonction publique, les rémunérations des apprentis varient en fonction du niveau de diplôme, de l’âge et de l’année dans laquelle les apprentis se trouvent. Pour faciliter l’apprentissage, les aides proposées par le FIPHFP sont importantes : - Prise en charge à 80 % du cout salarial chargé par année d’apprentissage Financement de la formation : plafond de 10 000 € / an (limité à 36 mois) Prise en charge de la rémunération des heures de tutorat du maître d’apprentissage sur une base moyenne de 3 à 10 heures / semaine dans la limite de 48 mois Financement de la formation à la fonction de maître d’apprentissage dans la limite de 10 jours / an / tuteur (coût maximal de 150 € par jour de formation) Aides spécifiques mobilisables selon les besoins de la personne Aide à la pérennisation suite au contrat d’apprentissage : 1600 € pour un CDI Associées à ces aides financières, les employeurs bénéficient, si besoin, d’aides techniques et humaines pour lesquelles Synergie Handicap peut accompagner la recherche de solutions. Il a été souligné lors des échanges l’importance de la démarche « Certif LR » qui, par sa charte, intègre la dimension « handicap » et incite les organismes de formation à se doter de référents handicap ayant suivi la formation financée par l’AGEFIPH. Il est enfin rappelé l’importance du rôle de Pôle emploi dans l’orientation et l’accompagnement des demandeurs d’emploi. Témoignage de Gérard Mamou (CRIP de Castelnau-le-Lez) Les centres de rééducation et d’insertion professionnelle constituent une réponse intéressante pour trouver les profils correspondant aux besoins des employeurs publics. Avec 470 stagiaires formés en 2014, le CRIP de Castelnau forme chaque année des adultes sur une gamme variée de métiers : « soins infirmiers », « bâtiment », « informatique », « tertiaire administratif »… Orientés par Pôle emploi via la MDPH, les personnes terminent leur parcours au CRIP avec un diplôme – généralement de niveau V ou IV. Des passerelles sont ensuite possibles vers l’apprentissage, afin de d’obtenir les diplômes complémentaires. Avec un taux d’insertion supérieur à 60% à 6 mois, le CRIP répond de mieux en mieux aux attentes des employeurs publics et privés. L’une des clés de la réussite réside dans la construction d’un parcours complet et cohérent : stages en entreprise, accompagnement à la sortie… Un focus a ensuite été réalisé sur le dispositif « Parthage », monté par la caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) avec Pôle emploi et Cap emploi en 2010. Face à la difficulté à trouver des profils Bac +2, un parcours a été construit pour former des personnes au métier de téléconseiller. A partir d’une méthode de recrutement par simulation puis de différentes étapes de sélection, les profils sont mis en relation avec des employeurs pour une future embauche. Après une formation au sein du CRIP et plusieurs périodes de stage en immersion, plusieurs stagiaires ont été embauchés en CDI dans la région. Echanges autour des démarches collectives à mettre en œuvre Suite aux différents témoignages et aux demandes d’éclaircissements qui en ont découlé, et constatant la réalité des besoins, les participants ont réfléchi à la pertinence d’une action collective qui pourrait se décliner en plusieurs étapes : - - Identification des principaux besoins à court et moyen termes des employeurs publics via l’envoi d’un questionnaire mais aussi via un recensement des études menées auprès des différentes fonctions publiques (CCNFPT, plateforme RH, ANFH) ; Analyse et détermination du plan d’action à mettre en œuvre ; Transmission des informations aux partenaires tels les Cap emploi afin qu’ils aient le temps d’accompagner les candidats au niveau de qualification requis ; Formation et accompagnement jusqu’au recrutement par les partenaires, y compris via l’apprentissage (selon la pertinence, mise en œuvre d’actions collectives). Avant de pouvoir s’engager dans une telle démarche, les participants ont cependant tenu à souligner : - - La difficulté, pour les employeurs publics, à avoir une visibilité suffisamment précise des agents sur le départ, au regard notamment des incertitudes sur la retraite et l’évolution croissante de leur mobilité ; La faiblesse (voire, dans certains cas, l’absence) des recrutements à venir, qui invite à être prudent sur les projections en termes de perspectives d’embauches ; La nécessité d’articuler l’approche recrutement avec celle liée au maintien, dans la mesure où le nombre de reclassements influe sur les besoins en recrutement. Pour articuler ces impératifs, une approche souple a été proposée : - Diffusion, par Adeo Conseil, d’un annuaire des acteurs opérationnels, afin de faciliter la réalisation de partenariats ponctuels ou durables ; Envoi d’un questionnaire aux employeurs publics leur demandant, sur la base d’un nombre réduit de questions, de donner une évaluation de leurs besoins potentiels à horizon 3 ans ; Soumission des enjeux, en fonction des besoins notés, au Conseil des employeurs publics prévu en octobre.