Les métiers du conseil sont plus que jamais condamnés à se

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Les métiers du conseil sont plus que jamais condamnés à se
Tous droits réservés - Les Echos 20129/7/2012P.20Services
CONSEIL
A 6 % de croissance à la fin de 2011, le marché du conseil a renoué avec son niveau
d’avant la crise de 2008. En revanche, les prévisions pour l’année 2012 s’orientent
vers une stagnation du marché. De nouveaux relais de croissance restent à trouver.
Les métiers du conseil sont plus que
jamais condamnés à se singulariser
L
e syndicat professionnel Syntec conseil en management
s’attend à une stagnation du
marché et donc à une croissance
zéro en 2012, après une croissance
de 6 % en 2011 (contre 5 % en
2010). L’insécurité économique et
fiscale l’incite à la prudence,
compte tenu de la forte incertitude
qui plane sur les services financiers (28 % du marché du conseil)
et le secteur public (13 %).
« Ce qui a changé, c’est la visibilité
ducarnetdecommandes,quiesttrès
courte, deux mois maximum. Autre
nouveauté de ces dernières années :
les entreprises clientes qui veulent
aller vite, selon un programme bien
cadencé qui leur permet de demander aux consultants tantôt d’accélérer leurs travaux tantôt de les arrêter
puis de les reprendre », souligne
Pascal Cotte, « senior partner » et
« managing director » au Boston
Consulting Group Paris. « Une
donne qui pousse les cabinets de
conseil tout à la fois à se réinventer et
à aider les entreprises à innover »,
poursuit-il. Une conclusion que
partagent aussi Chiheb Mahjoub, le
président du cabinet Kurt Salmon,
en parlant « de manière différente
d’être et de faire le conseil », ainsi que
l’ensemble du syndicat professionnel Syntec conseil en management
(plus de 60 % du marché du conseil) dans sa dernière étude annuelle sectorielle 2011-2012.
Forte valeur ajoutée
Résultat : nombre de consultants
se retrouvent désorientés. Mais
quand certains cabinets misent
sur le volume et la standardisation
de leur offre, d’autres estiment que
seul un service à forte valeur ajoutée les aidera à tirer leur épingle du
jeu. « Nous travaillons sur des
sujets plus opérationnels tout en
restant positionnés sur des problématiques de direction générale »,
explique Pascal Cotte. De son côté,
sur le marché de l’assurance et de
la banque exclusivement com-
merciale, le cabinet de conseil en
stratégie et management Exton
Consulting mise sur « l’artisanat
de luxe ». « Nous ambitionnons de
nous placer au nombre du Top 5 en
Europe sur le terrain des services
financiers et de faire passer nos
effectifs de 65 à 80, voire 90 consultants », précise Philippe Derambure, le président du directoire
d’Exton Consulting. Autre exemple, chez SIA Conseil, où Matthieu
Courtecuisse, le président, promeut un modèle de conseil en
management « pure player »,
indépendant de l’industrie informatique. « Le cabinet agit comme
un studio de cinéma qui produit
des scénarii, sauf que lui offre des
idées, comme celles sur la problématique des liquidités des établissements bancaires », explique-t-il.
Autre axe susceptible de donner
un sérieux avantage compétitif : la
recherche et l’innovation dans lesquelles nombre de structures
investissent, des grands de la stratégie (McKinsey & Company ou
BCG) aux cabinets tels que Eurogroup Consulting, Kurt Salmon ou
encore Exton Consulting.
Il n’empêche. Le secteur n’est
pas à l’abri de délocalisations de
certains pans du métier vers des
pays à bas coûts, ou de l’arrivée de
consultants européens aux tarifs
plus compétitifs. Toutefois, le conseil continue d’apporter « une contribution essentielle au plan aussi
bien économique que social », rappelle Hervé Baculard, le président
du Syntec conseil en management. Le secteur est en effet le premier recruteur de diplômés de
grandes écoles (3.000 en 2011).
MURIEL JASOR