FR3 Nord-Pas-de-Calais

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Nord Pas-de-Calais
manifestation
"On n'est pas des machines" : les infirmiers en grève pour exprimer le malaise des soignants
Publié le 08/11/2016 à 15:09, mis à jour le 08/11/2016 à 18:55
Lille : la colère des personnels soignants
S. Colaone / B. Bugnicourt / France 3
avec AFP
"On n'est pas des machines, on est des êtres humains" : les infirmiers, en mal de reconnaissance,
mais aussi les aides-soignants et autres personnels hospitaliers, défilent mardi contre la dégradation
de leurs conditions de travail et la rigueur budgétaire. Ils étaient 200 à se rassembler à Lille.
Les fédérations FO, CGT, SUD et CFTC de la fonction publique hospitalière, mais aussi, fait rare, une
vingtaine d'organisations infirmières salariées, libérales ou étudiantes, ont choisi la même date pour
tirer la sonnette d'alarme. Un rassemblement unitaire inédit depuis 28 ans, selon les organisations. Le
taux de mobilisation sur l'ensemble des personnels hospitaliers appelés à la grève était dans la
matinée de 8% (y compris les personnels assignés) et de 12% chez les infirmières, selon le ministère
des Affaires sociales.
Manifestations dans toute la France
A Paris, le cortège composé de plus d'un millier de manifestants et coupé en deux entre intersyndicale
et organisations professionnelles a rejoint le ministère de la Santé. L'intersyndicale devait être reçue
par la direction générale de l'offre de soins. "Infirmiers méprisés, patients en danger", scandent les
manifestants vêtus de blouses blanches ou bleues, masques sur le visage et calot sur la tête. "Les
sous-effectifs, c'est pas automatique", peut-on lire sur une pancarte, tandis qu'une longue
banderole en tête de cortège titre : "#Soigne-toi et tais-toi".
A Strasbourg, entre 500 et 650 salariés des hôpitaux, selon les syndicats et la police, battent le pavé
par un froid glacial, quasiment autant qu'à Orléans où ils sont 500, selon les organisateurs.
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A Rennes, ils sont environ 250 à défiler au slogan de "Ni amendable, ni négociable, retrait de la loi
Touraine" et quelques centaines à Marseille. A Auch (Gers), une centaine de manifestants se sont
rassemblés après avoir bloqué la circulation d'une partie de la ville tandis qu'ils sont quelque 200 à
Lille.
Ras-le-bol
"Les conditions de travail se dégradent, la charge s'alourdit, nous n'avons pas de reconnaissance
salariale et de plus en plus de tâches nous sont déléguées", résume Coline Mayjonad, 23 ans,
infirmière dans un établissement privé à but non lucratif parisien. "On n'est pas dans une entreprise
qui fabrique des boulons, on est sur de l'humain", déplore Chantal Berthélémy, infirmière à l'hôpital
d'Epernay (Marne), en grève mardi.
"Etranglement budgétaire", manque de personnels, augmentation de l'activité, cadences infernales...
Les griefs sont nombreux. Les réformes de ces quinze dernières années, comme l'instauration de la
tarification à l'activité pour financer les hôpitaux "à l'acte", ont déstabilisé les personnels, principale
variable d'ajustement en période de restrictions budgétaires.
'Abandonner' le plan d'économies
"Quand les infirmiers qui soignent les gens commencent à se suicider, il faut vraiment se poser des
questions", s'insurge Lila, infirmière anesthésiste de 52 ans, en référence aux suicides de plusieurs
soignants, dont au moins cinq infirmiers cet été.
Dans ce contexte, l'intersyndicale continue de réclamer l'"abandon" du plan d'économies de "3,5
milliards d'euros" sur trois ans d'ici à 2017, "l'arrêt des fermetures de lits" ou encore l'"abrogation de la
loi santé" et de ses groupements hospitaliers de territoire (GHT), qui font craindre des
restructurations. "Il y a un vrai malaise" dans la fonction publique hospitalière, a dénoncé JeanClaude Mailly (FO) espérant que le gouvernement "desserre" le corset budgétaire.
De leur côté, les 17 organisations infirmières souhaitent mettre en avant leur profession, exercée par
plus de 600.000 personnes en France. Valorisation des salaires, inclusion des infirmières dans les
discussions sur le système de santé ou encore meilleurs droits sociaux pour les étudiants font partie
des doléances.
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a redit lundi soir qu'elle présenterait "d'ici la fin du mois ou
au début du mois de décembre au plus tard (...) une stratégie pour améliorer les conditions de travail,
pour entendre la souffrance ou le mal-être lorsqu'ils sont là" chez les soignants. Et la ministre de
rappeler que "depuis 2012, l'hôpital c'est 10 milliards d'euros de plus".
La candidat à la primaire de droite pour la présidentielle, Alain Juppé, a apporté son soutien dans un
tweet aux grévistes : "Le dévouement, la passion des #infirmiers, personnels soignants ne suffisent
plus ! L'État doit agir pour améliorer les conditions de travail".
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