Impact de trois stratégies de traitement antituberculeux empirique
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Impact de trois stratégies de traitement antituberculeux empirique
INT J TUBERC LUNG DIS 18(11):1340–1346 © 2014 The Union Impact de trois stratégies de traitement antituberculeux empirique pour les personnes débutant une thérapie antirétrovirale A. Van Rie,* D. Westreich,* I. Sanne †‡ *Department of Epidemiology, University of North Carolina, Chapel Hill, North Carolina, USA; †Clinical HIV Research Unit, Department of Medicine, University of the Witwatersrand, Johannesburg, ‡Right to Care, Johannesburg, South Africa _______________________________________________________________________________RÉSUMÉ CONTEXTE : Les personnes qui débutent un traitement antirétroviral (TAR) ont encore une mortalité élevée. Des stratégies thérapeutiques empiriques de la tuberculose (TB) tentent de réduire cette mortalité en initiant le traitement de la TB chez des personnes à risque élevé de décès d’une TB non diagnostiquée. MÉTHODES : Grâce à des données émanant de 16.913 patients démarrant un TAR dans le cadre d’un programme, nous avons simulé l’impact de trois stratégies empiriques de traitement (deux essais cliniques et une approche pragmatique), supposant que 50% des décès précoces et 100% des cas de TB étaient évités chez les patients éligibles. RÉSULTATS : Par comparaison à la mise en route du traitement antituberculeux sur des arguments cliniques ou cytobactériologiques, 4,4% à 31,4% de patients supplémentaires ont été éligibles au traitement de la TB, 5,5% à 25,4% de décès ont été évités et 10,9% à 57,3% des cas de TB ont été prévenus grâce à ces stratégies empiriques de traitement de la TB. La proportion de patients recevant un traitement de TB pendant les 6 premiers mois du TAR est passée des 24,0% observés à une estimation de 27,5%, 40,4% et 51,3% à travers les stratégies PrOMPT, REMEMBER et l’approche pragmatique, respectivement. CONCLUSION : L’impact des stratégies empiriques de traitement de la TB dépend essentiellement des critères d’éligibilité choisis. La pression supplémentaire exercée sur les structures de traitement de la TB et l’impact relativement limité de certaines stratégies empiriques de la TB posent la question du rapport bénéfices-risques au niveau de la population. MOTS CLÉS : VIH ; systèmes de santé ; impact de la population ; Afrique du Sud LA MORTALITÉ chez les personnes qui débutent un traitement antirétroviral combiné (TARc) en Afrique subsaharienne reste élevée, surtout pendant les premiers mois du TARc.1 Des autopsies réalisées en Afrique ont montré que la tuberculose (TB) était la cause du décès chez 32–45% des personnes infectées par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) dans la période qui a précédé le TAR et chez 42–87% depuis l’ère du TARc,2–4 avec la majorité des cas non diagnostiqués avant le décès ou diagnostiqués trop tard pour éviter le décès à cause de la sensibilité médiocre de la microscopie de frottis et de l’absence de symptômes suggestifs de TB chez près de 25% des individus ayant une TB à culture positive.5,6 Les stratégies de traitement antituberculeux empirique visant à réduire la mortalité précoce sont basées sur l’hypothèse qu’un sous-ensemble de personnes vivant avec le VIH courent un grand risque de TB non diagnostiquée, si bien que le bénéfice d’un traitement empirique de la TB l’emporte sur les risques.7 Il est important de noter que le terme de traitement antituberculeux empirique ou clinique se réfère à un traitement initié sur une suspicion clinique, alors que les stratégies de traitement empirique débutent le traitement antituberculeux chez des personnes à risque élevé sans suspicion clinique de TB. Deux essais cliniques randomisés (RCT) et un essai randomisé en grappe des stratégies de traitement antituberculeux empirique ont été agréés.8–10 Le but de cette étude de simulation est de prédire l’impact sur la population et les systèmes de santé des stratégies de traitement antituberculeux empirique dans une population sous TAR dans un centre de santé. MÉTHODES Site de l’étude et données cliniques Depuis 2004, plus de 21.000 personnes ont débuté le TARc au centre de santé de Themba Lethu à Johannesburg, Afrique du Sud, un centre public de prise en charge du VIH chez l’adulte.11 Les clients reçoivent des soins en fonction des directives d’Afrique du Sud. Le dépistage symptomatique de la TB est réalisé lors de chaque consultation en demandant aux patients s’ils présentent une toux prolongée (>2 semaines), une fièvre, des sueurs nocturnes et une perte de poids. Pendant la période d’étude, le diagnostic initial a reposé sur la microscopie de frottis, quelquefois complétée par une radio pulmonaire, une culture, un examen anatomo-pathologique ou une décision clinique de prescrire un traitement antituberculeux. La proportion de personnes mises sous traitement sans confirmation bactériologique est d’environ 40%.12,13 Stratégies de traitement antituberculeux empirique Nous avons identifié les caractéristiques principales des essais REMEMBER (Réduction de la Mortalité précoce et de la Morbidité précoce par protocole de traitement antituberculeux empirique)8 et PrOMPT (Prévention de la Mortalité précoce par Traitement présomptif de la Tuberculose)9 et une stratégie pragma- Auteur pour correspondance : Annelies Van Rie, Department of Epidemiology, University of North Carolina, 2104F McGavran Greenberg Hall, Chapel Hill, NC 27599-7435, USA. Tel: (+1) 919 966 1420. Fax: (+1) 919 966 8260. e-mail: [email protected] [Traduction de l’article : « Impact of three empirical anti-tuberculosis treatment strategies for people initiating antiretroviral therapy » Int J Tuberc Lung Dis 2014; 18(11): 1340–1346. http://dx.doi.org/10.5588/ijtld.14.0153] 2 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease tique suggérée par Lawn.7 Les différences majeures d’éligibilité entre les stratégies sont liées au degré d’immunodépression (nombre de CD4 <50 cellules/mm3 pour REMEMBER et PrOMPT <100 cellules/mm3 pour la stratégie pragmatique) et à l’indice de masse corporelle (IMC <18 kg/m2 pour PrOMPT, tout IMC pour REMEMBER et la stratégie pragmatique). Toutes les stratégies limitent l’éligibilité aux patients qui n’ont pas eu un diagnostic bactériologique ou clinique de TB active, qui n’ont pas d’antécédents de traitement antituberculeux, pour éviter un traitement antituberculeux de première ligne chez des personnes à risque élevé de TB pharmacorésistante ; et les patients sans maladie hépatique connue, afin de réduire le risque de toxicité hépatique. De plus, chaque stratégie a ses propres critères d’inclusion et d’exclusion (Tableau 1). Pour la simulation de l’essai REMEMBER, nous avons fait trois modifications : 1) limité l’essai aux personnes âgées de ≥ 18 ans ; 2) pas exclu les individus en contact avec une TB multirésistante, car cette information n’est pas recueillie en routine ; et 3) exclu les individus avec une neuropathie périphérique initiale documentée, sachant que seulement les stades 214 ou plus élevés sont enregistrés en routine. Les modifications des critères d’éligibilité pour la simulation de l’essai PrOMPT ont été 1) « absence d’allaitement maternel », ce qui a été traduit par l’absence de grossesse au cours des 12 derniers mois ; 2) l’hypothèse selon laquelle l’absence de documentation de maladie cryptococcique, de sarcome de Kaposi, de lymphome ou de toxoplasmose signifie l’absence de maladie ; et 3) l’hypothèse pragmatique d’absence de signes de danger chez les clients initiant le TARc dans le cadre d’une consultation externe. Pour simuler l’impact de l’approche pragmatique, nous avons sélectionné un seuil de CD4 <100 cellules/mm3, défini une pathologie hépatique comme un test de fonction hépatique (alanine amino transférase) >2,5 fois la limite supérieure de la normale et, en accord avec les autres stratégies, exclu les femmes enceintes. Hypothèses et analyse de sensibilité Nous avons appliqué deux hypothèses clés pour l’analyse principale. En premier, tous les patients mis sous stratégie de traitement antituberculeux empirique sont adhérents au traitement antituberculeux, ce qui permet de prévenir 100% des TB. Deuxièmement, 50% des décès précoces (dans les 6 premiers mois du TARc) sont évitables par les stratégies de traitement antituberculeux empirique.2–4 Dans les analyses de sensibilité, nous avons exploré l’hypothèse selon laquelle 30% et 70% des décès précoces pouvaient être évités grâce aux stratégies de traitement antituberculeux empirique. Dans ces simulations, nous avons ignoré les décès potentiels et la survenue d’une TB parmi les individus perdus de vue (LTFU). Dans une analyse de sensibilité du « scénario optimiste », nous sommes partis de l’hypothèse que les stratégies de traitement antituberculeux empirique prévenaient 50% des décès chez les perdus de vue avec des soins standard (SOC) et 100% des TB, car les patients perdus de vue pour leur traite- Tableau 1 Critères d’inclusion et d’exclusion pour trois stratégies de traitement antituberculeux empirique Critères d’inclusion Age, années Nombre de CD4+, cellules/mm3 Indice de masse corporelle, kg/m2 Critères d’exclusion Diagnostic de TB active Antécédents de traitement antituberculeux TPI pendant >30 jours dans les dernières 48 semaines Exposition à une TB-MDR Insuffisance rénale Anomalie de la fonction hépatique Hépatite B Femme enceinte Femme allaitante Patient gravement malade Score de performance de Karnofsky <30 Maladie grave (sarcome de Kaposi disséminé, lymphome malin, toxoplasmose) Signes de danger (fréquence respiratoire > 30/min, pouls >120/min, température >39°C) Neuropathie périphérique de degré > 2 Méningite cryptococcique (CrAG-positive) REMEMBER8 PrOMPT9 ≥13 <50 ≥18 <50 <18 ✓ Dans les 96 semaines précédants ✓ ✓ A un moment quelconque ✓ ✓ Clairance de la créatinine <30 ml/min >2,5 LSN ✓ Antigène HbS négatif ✓ ≥5 LSN Lawn et al.7 <100 or <50* ✓ A un moment quelconque Pathologie hépatique aigüe connue ✓ ✓ ✓ ✓ ✓ ✓ ✓ 3 * Dans l’étude de simulation, nous avons utilisé <100 cellules/mm . REMEMBER = Reducing Early Mortality & Morbidity by Empiric Tuberculosis Treatment (réduction de la mortalité et de la morbidité précoces par traitement antituberculeux empirique) ; PrOMPT = Prevention of Early Mortality by Presumptive Tuberculosis Treatment (prévention de la mortalité & de la morbidité précoces par traitement antituberculeux présomptif) ; TB = tuberculose; TPI = traitement préventif par isoniazide ; TB-MDR = TB multirésistante ; LSN = limite supérieure de la normale ; CrAG = antigène cryptococcique dans le sérum. Stratégies de traitement antituberculeux empiriques Ment du VIH peuvent néanmoins continuer leur traitement antituberculeux dans leur centre de santé. Nous avons basé le risque de décès parmi les patients perdus de vue sur une étude réalisée dans le même centre de santé, qui a observé le risque de décès pendant les 6 mois suivants parmi les perdus de vue : 33,0% si le nombre des CD4 était compris entre 0 et 50 cellules/mm3, 6,4% entre 51 et 100, 8,6% entre 101 et 200, et 24% parmi les patients sans numération des CD4.15 Le risque de TB pendant ces 6 mois parmi les perdus de vue a été estimé à 10%. Simulation de l’impact des stratégies de traitement antituberculeux empirique sur la population et les services de santé Nous nous sommes servis des données relatives à tous les adultes débutant le TARc au centre TLC entre le premier avril 2004 et le 30 septembre 2011, et nous avons d'abord estimé la proportion d’individus débutant le TARc qui étaient éligibles aux stratégies de traitement antituberculeux empirique en fonction des critères d’inclusion et d’exclusion spécifiques de ces stratégies. Nous avons ensuite comparé la proportion de décès prévenus (premier résultat des RCT) et la proportion de cas de TB prévenus (deuxième résultats des RCT) par chaque stratégie de traitement antituberculeux empirique par rapport à ce qui était observé avec le traitement standard. Nous avons ensuite estimé le nombre de clients recevant un traitement antituberculeux quelconque dans les premiers 6 mois du TARc, y compris les cas de TB préexistante (individus sous traitement antituberculeux au moment de la mise en route du TARc), les cas de TB pendant les 6 premiers mois du TARc et les patients ayant débuté le traitement antituberculeux dans le cadre de stratégies de traitement antituberculeux empirique. Enfin, nous avons calculé le nombre de patients traités requis pour prévenir un cas de TB (NNT) ou un décès au cours des 6 premiers mois du TARc pour chaque stratégie de traitement antituberculeux empirique. Ethique L’étude a été approuvée par les Institutional Review Boards de l’Université de Witwatersrand, Afrique du Sud et l’Université de Caroline du Nord, Chapel Hill, NC, Etats-Unis. Les patients ont donné un consentement informé écrit à l’utilisation des données de routine dans un but de recherche. RÉSULTATS Caractéristiques de la cohorte des TLC Entre le premier avril 2004 et le 30 septembre 2011, 16.913 individus ont débuté le TARc, parmi lesquels 2856 (17%) ont reçu leur traitement antituberculeux lors de la mise en route du TARc (TB prévalente) (Tableau 2). La majorité étaient des femmes (62%) ; l’âge médian était de 36 ans (intervalle interquartile [IIQ] 31–43) ; 52% avaient un nombre de CD4 < 100 cellules/mm3 et l’IMC médian était de 21,6 kg/m2 (IIQ 19,1–24,9). Au total, 1019 décès ont été enregistrés au cours des 6 premiers mois, correspondant à 6,0% de ceux ayant débuté le TARc. Le risque de décès sur 6 3 mois a diminué avec l’augmentation du nombre des CD4, comme suit : 11,3% si les CD4 étaient entre 0 et 50 cellules/mm3, 5,7% pour 51–100, et 3,0% pour 101– 200. Parmi les 14.057 individus ne recevant pas de traitement antituberculeux lors de la mise en route du TARc, 1194 cas de TB ont été enregistrés, correspondant à un risque de 8,5% sur 6 mois. Le risque de TB a diminué avec l’augmentation du nombre des CD4 : 13,8% pour des CD4 compris entre 0 et 50 cellules/mm3, 9,6% entre 51 et 100 et 5,3% entre 101 et 200. Dans l’ensemble, 94,7% sont restés sous traitement pendant les 6 premiers mois du TARc, 95,2% de ceux ayant une TB lors de l’initiation du TARc et 94,6% de ceux n’ayant pas de TB. Impact des stratégies de traitement antituberculeux empirique Sur les 16.913 individus initiant le TARc, 5311 (31,4%) étaient éligibles au traitement antituberculeux empirique par la mise en œuvre de la stratégie pragmatique, 3205 (19,0%) selon la stratégie REMEMBER et 736 (4,4%) selon la stratégie PrOMPT (Tableau 3). Sous traitement standard, 1019 décès ont été enregistrés au cours des 6 premier mois du TARc : 198 parmi ceux qui avaient une TB et 821 parmi ceux qui n’en avaient pas lors de la mise en route du TARc. Sur les 1019 décès, 518 (50,8%) sont survenus chez des patients éligibles au traitement antituberculeux empirique selon la stratégie pragmatique, 346 (34,0%) chez ceux éligibles à REMEMBER et 112 (11,8%) chez ceux éligibles à PrOMPT. En se basant sur l’hypothèse que 50% des décès précoces chez les patients éligibles peuvent être prévenus par un traitement antituberculeux empirique basé sur ces stratégies, la proportion de tous les décès observés parmi les 16.913 individus débutant le TARc qui seraient évités serait de 25,4% pour la stratégie pragmatique, 17,0% pour REMEMBER et 5,5% pour PrOMPT (Figure 1). En conséquence, 74,6% (n = 760) de tous les 1019 décès observés sous traitement standard surviendraient quand même sous la stratégie pragmatique, 83,0% (n = 846) sous REMEMBER et 94,5% (n = 963) sous PrOMPT. La proportion de décès évités sous l’hypothèse alternative que 30% de la mortalité précoce peut être évitée par des stratégies de traitement antituberculeux empirique serait de 15,3% pour la stratégie pragmatique, 10,2% pour REMEMBER et 3,3% pour PrOMPT. Quand 70% de la mortalité précoce peuvent être évités par un traitement antituberculeux empirique basé sur une de ces stratégies, 35,6% des décès précoces seraient évités par la stratégie pragmatique, 23,8% par REMEMBER et 7,7% par PrOMPT. Sous traitement standard, 1194 cas de TB ont été enregistrés au cours des 6 premiers mois du TARc parmi les 14.057 individus jugés indemnes de TB au démarrage du TARc (Tableau 3), dont 684 (57,3%) sont survenus chez des patients éligibles pour le traitement antituberculeux empirique sous la stratégie pragmatique, 431 (36,1%) sous REMEMBER et 130 (10,9%) sous PrOMPT. En se basant sur l’hypothèse que 100% de tous les cas nouveaux de TB sont prévenus, la proportion des 1194 cas de TB enregistrés évi- 4 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease Tableau 2 Caractéristiques de départ de 16 913 individus initiant l’ART, dans l’ensemble et par résultats en termes de décès et de nouveaux cas de TB au cours des 6 premiers mois d’ART Décès précoce (n = 1019) n (%) Nouveau cas de TB (n = 1194) n (%) 6.385 (38) 473 (46) 584 (49) 9.852 (58) 474 (4) 36 [31–43] 535 (53) 11 (1) 38 [32–45] 596 (50) 14 (1) 36 [31–42] 5.066 (32) 3.133 (20) 5.545 (35) 1.971 (13) 1.198 572 (59) 179 (19) 166 (17) 49 (5) 53 540 (49) 235 (21) 254 (23) 69 (6) 96 2.487 (16) 13.228 (84) 1.198 288 (35) 537 (65) 194 266 (26) 776 (74) 152 7.400 (47) 7.329 (46) 1.069 (7) 1.115 198 (21) 601 (62) 163 (17) 57 263 (24) 696 (63) 147 (13) 88 8.149 (56) 4.375 (30) 1.963 (14) 2.426 317 (36) 328 (37) 242 (27) 132 329 (32) 444 (44) 247 (24) 2.856 (17) 14.057 (83) 198 (19) 821 (81) 0 1.194 (100) 1.945 (12) 14.968 (88) 110 (11) 909 (89) 118 (10) 1.076 (90) 16.177 (95) 736 (4) 129 (1) 909 (89) 109 (11) 18 (2) 1.089 (91) 105 (9) 19 (2) 16.875 (100) 38 (0) 1.015 (100) 4 (0) 1.189 (100) 5 (0) 100 (1) 16.813 (99) 14 (1) 1.005 (99) 7 (1) 1.187 (99) 29 (0) 16.884 (100) 4 (0) 1.015 (100) 3 (0) 1.191 (100) Tous n (%) Sexe Masculin Féminin Non enceinte Enceinte Age, années, médian [IQR] Nombre CD4 (cellules/mm3) ≤50 51–100 101–200 >200 Manquante Indice de masse corporelle, kg/m2 <18,0 ≥18,0 Manquante Hémoglobine Normale* Basse Très basse (<8 g/dl) Manquante Stade OMS I ou II III IV Manquante TB prévalente Oui Non Antécédents d’un traitement antituberculeux Oui Non TPI dans l’année précédente† Oui Non Fonction hépatique Normale ou manquante LFT > 2.5 x LSN LFT > 5 x LSN Fonction rénale Normale ou manquante Clairance de la créatinine <30 ml/min Neuropathie périphérique Oui Non Maladie grave‡ Oui Non Inconnu* * Limite inférieure de la normale définie comme 12.35 g/dl chez l’homme, 11.35 g/dl chez la femme, 10.35 g/dl chez les femmes enceintes. Le TPI n’était pas encore systématiquement mis en œuvre ni enregistré. Défini comme une preuve de maladie cryptococcique, de sarcome de Kaposi, de lymphome ou de toxoplasmoses. TAR = traitement antirétroviral ; TB = tuberculose ; IIQ = intervalle interquartile ; OMS = Organisation Mondiale de la Santé ; TPI = traitement préventif par isoniazide ; LFT = tests de fonction hépatique ; ULN = limite supérieur de la normale. † ‡ tés sous SOC serait de 57,3% pour la stratégie pragmatique, 36,1% pour REMEMBER et 10,9% pour PrOMPT (Figure 2). En conséquence, 42,7% (n = 510) de tous les 1194 nouveaux cas de TB observés sous SOC surviendraient quand même sous la stratégie pragmatique, 63,9% (n = 763) sous REMEMBER et 89,1% (n = 1064) sous PrOMPT. La proportion de patients recevant un traitement antituberculeux quelconque pendant les 6 premiers mois du TARc a été la plus faible pour le traitement standard (24,0%), est passée à 27,5% pour PrOMPT, à 40,4% pour REMEMBER et à 51,3% pour la stratégie pragmatique (Figure 1). Pour chaque groupe de 100 patients mis sous les stratégies de traitement antituberculeux empirique pragmatique, REMEMBER ou PrOMPT, on estime que 4,9, 5,4 et 7,6 des décès respectivement seraient évités, ce qui correspond à un NNT de 20,5, 18,5 et 5311 3205 736 259 (50) 173 (50) 56 (50) 760 846 963 Décès dans toute la population du centre de santé (n = 16 913) n 1019 25,4 17,0 5,5 Décès évités dans la population du centre de santé % 20,5 18,5 13,1 NNT pour prévenir un décès N 684 (100) 431 (100) 130 (100) TB incidente évitée parmi les patients éligibles n (%) Survenue de TB 510 763 1064 TB incidente dans la population du centre de santé indemne de TB au début de l’ARTc (n = 14 057) n 1194 15,2 10,2 3,3 34,2 30,9 21,9 684 (100) 431 (100) 130 (100) 510 763 1064 57,3 36,1 10,9 * Hypothèse conservatrice selon laquelle les patients perdus de vue sous traitement standard bénéficient du même effet protecteur du traitement empirique que ceux restant en traitement pendant 6 mois sous traitement standard, et que les perdus de vue non éligibles au traitement antituberculeux empirique ne débutent pas un traitement antituberculeux. † Nombre de patients sous traitement standard incluant les décès estimés et les nouveaux cas de TB parmi les perdus de vue sous traitement standard. TARc = traitement antirétroviral combiné ; TB = tuberculose ; NNT = nombre de patients devant être traités ; REMEMBER = Reducing Early Mortality and Morbidity by Empiric Tuberculosis Treatment (réduction de la mortalité & de la morbidité précoces par traitement antituberculeux empirique) ; PrOMPT = Prevention of Early Mortality by Presumptive Tuberculosis Treatment (prévention de la mortalité & de la morbidité précoces par traitement antituberculeux présomptif) ; SOC = traitement standard ; LTFU = perdus de vue. 1.270 550 816 1.135 56,7 35,8 10,6 864 915 985 Analyse de sensibilité 3 : efficacité pour prévenir la mortalité précoce et la TB incidente étendue aux patients perdus de vue et sous SOC * SOC† 1.234 Pragmatique 5311 319 (50) 1.074 25,9 16,6 720 (100) REMEMBER 3205 212 (50) 1.182 15,2 15,2 454 (100) PrOMPT 736 65 (50) 1.329 5,3 11,4 135 (100) 155 (30) 104 (30) 34 (30) 57,3 36,1 10,9 5311 3205 736 57,3 36,1 10,9 TB incidente dans la population du centre de santé indemne de TB au début de l’ARTc % Analyse de sensibilité 2 : efficacité plus élevée du traitement TB empirique pour prévenir la mortalité précoce, pas de modification de l’efficacité pour prévenir la TB incidente Pragmatique 5311 363 (70) 656 35,6 14,6 684 (100) 510 REMEMBER 3205 242 (70) 777 23,8 13,2 431 (100) 763 PrOMPT 736 78 (70) 941 7,7 9,4 130 (100) 1064 Pragmatique REMEMBER PrOMPT Analyse de sensibilité 1 : efficacité plus basse du traitement TB empirique pour prévenir la mortalité précoce, pas de modification de l’efficacité pour prévenir de la TB incidente Traitement standard Analyse principale Pragmatique REMEMBER PrOMPT Eligibles n Décès évités parmi les patients éligibles n (%) Décès 7,4 7,1 5,5 7,8 7,4 5,6 7,8 7,4 5,6 7,8 7,4 5,6 NNT pour prévenir un cas de TB n 4.126 (24,) 8.717 (51,5) 6.877 (40,7) 4.727 (27,9) 8.677 (51,3) 6.824 (40,4) 4.656 (27,5) 8.677 (51,3) 6.824 (40,4) 4.656 (27,5) 8.677 (51,3) 6.824 (40,4) 4.656 (27,5) Patients sous traitement TB pendant les 6 premiers mois de l’ARTc n (%) 4.050 (24.0) Prédiction de l’impact sur la population et les systèmes de santé des stratégies de traitement antituberculeux empirique au cours des 6 premiers mois d’ARTc parmi 16.913 individus démarrant l’ART dans un centre de santé de Johannesburg, Afrique du Sud Tableau 3 Stratégies de traitement antituberculeux empiriques 5 6 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease 100.0 Pragmatique 90.0 80.0 REMEMBER 70.0 57.3 60.0 PrOMPT 50.0 36.1 40.0 30.0 20.0 10.0 25.4 17.0 10.9 5.5 0.0 Décès évités , % TB incidente évitée, % Figure 1 Nombre de patients recevant un traitement antituberculeux quelconque (pour une TB prévalente, incidente ou la mise en œuvre d’une stratégie de traitement antituberculeux empirique) décédés ou développant une TB au cours des 6 premier mois de l’ARTc, observés sous SOC et prédits pour 3 stratégies de traitement antituberculeux empirique (pragmatique, REMEMBER, PrOMPT). SOC = traitement standard ; REMEMBER = Reducing Early Mortality & Morbidity by Empiric Tuberculosis Treatment (réduction de la mortalité & de la morbidité précoces par traitement antituberculeux empirique) ; PrOMPT = Prevention of Early Mortality by Presumptive Tuberculosis Treatment (prévention de la mortalité et de la morbidité précoces par traitement antituberculeux présomptif) ; TB = tuberculose ; TARc = traitement antirétroviral combiné. 13,1 pour éviter un décès (Tableau 3). Pour chaque REMEMBER ou PrOMPT, on estime que 12,9, 13,4, et 17,7 cas nouveaux de TB seraient évités, ce qui correspond à un NNT de respectivement 7,8, 7,4 et 5,7 pour éviter un cas de TB. 10 000 8677 9 000 8 000 6824 7 000 6 000 4656 5 000 4050 4 000 3 000 1194 1064 2 000 843 1019 760 963 763 1 000 510 0 Patients sous traitement TB Décès TB incidente Figure 2 Proportion de décès et de cas incidents de TB survenant sous SOC au cours des 6 premiers mois de traitement antirétroviral qui seraient évités par la mise en œuvre de trois stratégies de traitement antituberculeux empirique. REMEMBER = Reducing Early Mortality & Morbidity by Empiric Tuberculosis Treatment (réduction de la mortalité & de la morbidité précoces par traitement antituberculeux empirique) ; PrOMPT = Prevention of Early Mortality by Presumptive Tuberculosis Treatment (prévention de la mortalité & de la morbidité précoces par traitement antituberculeux présomptif) ; TB = tuberculose. groupe de 100 patients ayant débuté le traitement antituberculeux empirique selon la stratégie pragmatique, Dans les analyses de sensibilité, les proportions de décès évités et le NNT pour prévenir un décès ont été très sensibles à l’hypothèse alternative d’efficacité des stratégies de traitement antituberculeux empirique (Tableau 2). Parmi les 895 individus perdus de vue, on estime qu’il y a eu 215 décès et 76 nouveaux cas de TB. Le fait d’étendre l’estimation de l’efficacité du traitement antituberculeux empirique aux patients perdus de vue pour l’ARTc sous traitement standard a légèrement réduit le NNT requis pour prévenir un décès (16,6, 15,2 et 11,4 pour la stratégie pragmatique, REMEMBER et PrOMPT, respectivement), tandis que le NNT requis pour prévenir un nouveau cas de TB est resté presqu’identique (7,4, 7,1 et 5,5 pour les stratégies pragmatique, REMEMBER et PrOMPT, respectivement). DISCUSSION Le lourd fardeau de la TB et du VIH en Afrique subsaharienne exige des interventions innovantes. Les stratégies de traitement antituberculeux empirique visent à démarrer le traitement antituberculeux sans le délai lié au diagnostic chez les patients qui commencent le TARc et courent un risque élevé de mourir d’une TB non diagnostiquée. Tout en attendant les résultats des RCT, nous avons simulé l’effet au niveau de la population de ces stratégies en utilisant les données émanant d’une vaste cohorte de patients débutant le TARc dans le cadre d’un programme. Nos résultats démontrent que les critères d’éligibilité déterminent en grande partie l’impact des stratégies empirique au niveau de la population, avec la proportion de décès évités allant de 6% à 25% et la proportion de nouveaux cas de TB évités allant de 11% à 57%. Différentes stratégies ont également des effets variables sur le système de soins de santé, avec la proportion de patients des centres de TAR recevant un traitement antituberculeux quelconque pendant les 6 premiers mois de TAR restant similaire (PrOMPT) ou plus que doublée (pragmatique) en comparaison du traitement standard. La proportion de décès évités par les stratégies de traitement antituberculeux empirique restera inconnue jusqu'à la publication des résultats des RCT. L’enrôlement dans l’essai REMEMBER s’est terminé en mai 2014. L’essai PrOMPT a été fermé prématurément en raison du nombre insuffisant de patients enrôlés, conformément à nos résultats qui montrent que seulement 4,4% des patients qui initient le TAR sont éligibles à cette stratégie. Nous avons donc réalisé une analyse de sensibilité afin d’estimer l’efficacité plausible. Comme nous nous y attendions, la proportion de décès évités augmente et le nombre de patients à traiter décroit avec une meilleure efficacité des stratégies de traitement antituberculeux empirique. Cependant, même si 70% des décès précoces parmi les patients éligibles peuvent être évités, 64–92% de tous les décès surviennent néanmoins et toutes les stratégies aboutissent à un nombre élevé de patients mis sous un traite- Stratégies de traitement antituberculeux empiriques ment antituberculeux « inutile », puisque la majorité d’entre eux ne serait pas décédée et n’aurait pas développé une TB sous traitement standard. Nous avons simulé un scenario optimiste des stratégies de traitement antituberculeux empirique, avec 100% des nouveaux cas de TB prévenus. Notre évaluation des effets sur le système de soins de santé a été limitée à la seule mesure du nombre de patients recevant un traitement antituberculeux. Les données disponibles n’ont pas permis de simuler le risque d’autres effets secondaires potentiels comme un taux accru de toxicité des médicaments, une réduction de l’observance due au nombre élevé de comprimés à prendre, le non diagnostic d’autres infections et le retard à la mise en route du TARc lorsque l’on commence d'abord le traitement antituberculeux, tous facteurs qui pourraient aboutir à des résultats moins favorables des stratégies de traitement antituberculeux empirique. Nous n’avons pas non plus exploré les défis opérationnels potentiels, l’impact sur la qualité des soins pour les patients tuberculeux VIH négatifs ou sur le traitement préventif par isoniazide. Nous n’avons pas pu simuler l’évolution rapide des diagnostics de la TB. Le test Xpert® MTB/RIF (Cepheid, Sunnyvale, CA, Etats-Unis) réalisé sur un échantillon de crachats peut détecter toutes les TB à frottis de crachats positif, près de 70% des TB à frottis de crachats négatif, la résistance à la rifampicine et, sur un échantillon de sang, près de 20% des cas à hémoculture positive.16,17 Le test urinaire Determine TB-LAM (Alere, Waltham, MA, Etats-Unis) réalisable sur place, non encore approuvé par l’Organisation Mondiale de la Santé, a une sensibilité élevée chez les patients qui ont un nombre de CD4 faible.18 La mise en œuvre de Xpert, Determine TB-LAM et d’autres nouveaux tests diagnostiques de TB à l’avenir pourrait réduire l’impact des stratégies de traitement antituberculeux empirique. Le TB Fast Track (London School of Hygiene & Tropical Medicine, Londres, Royaume-Uni), un essai randomisé en grappes qui utilise un faible IMC et une anémie comme critères de traitement antituberculeux empirique chez des patients qui n’ont pas encore eu de TARc, sera la première « stratégie de traitement antituberculeux empirique de deuxième génération »,10 évaluant l’utilisation du traitement antituberculeux empirique dans un contexte où Determine TB-LAM est disponible pour une prise de décision le jour même et Xpert pour l’évaluation des crachats dans des laboratoires centralisés. En conclusion, les avancées importantes en matière de diagnostic rapide, la pression que les stratégies de traitement antituberculeux empirique risquent d’exercer sur des centres de santé déjà surchargés et l’impact relativement limité de certaines stratégies de traitement antituberculeux empirique sur la mortalité d’ensemble et l’incidence de la TB dans un centre de TAR soulèvent la question de savoir si les bénéfices des stratégies de traitement antituberculeux empirique vont l’emporter sur leurs risques au niveau de la population. Si les RCT démontrent une efficacité élevée, alors les autorités de santé devront soigneusement envisager leurs critères d’inclusion et d’exclusion afin de maxi- 7 miser la réduction des risques au niveau individuel, de limiter les effets d’une exposition potentielle inutile aux médicaments antituberculeux dans une proportion substantielle de la population des centres de TAR et limiter l’impact négatif qu’une stratégie de traitement antituberculeux empirique peut avoir sur des services de traitement antituberculeux déjà surchargés. Remerciements Les activités cliniques du centre Themba Lethu sont soutenues par le South African National (Pretoria) et Gauteng Provincial Department of Health (Marshall Town, Afrique du Sud) avec un financement complémentaire du United States President’s Emergency Plan for AIDS Relief (PEPFAR) dans le cadre d’une subvention de l’USAID à Right to Care et à l’Institution (674-A-00-08-00007-00). Les auteurs remercient chaleureusement le personnel dévoué du centre Themba Lethu et tous ses patients pour les avoir autorisés à utiliser leurs données cliniques à des fins de recherche. Conflit d’intérêt : pas de conflit déclaré. Références 1 Braitstein P, Brinkhof M W, Dabis F, et al. Mortality of HIV-1-infected patients in the first year of antiretroviral therapy: comparison between low-income and highincome countries. Lancet 2006; 367: 817–824. 2 Wong E B, Omar T, Setlhako G J, et al. Causes of death on antiretroviral therapy: a post-mortem study from South Africa. PLOS ONE 2012; 7: e47542. 3 Cohen T, Murray M, Wallengren K, Alvarez G G, Samuel E Y, Wilson D. The prevalence and drug sensitivity of tuberculosis among patients dying in hospital in KwaZulu-Natal, South Africa: a postmortem study. PLOS MED 2010; 7: e1000296. 4 Cox J A, Lukande R L, Lucas S, Nelson A M, Van Marck E, Colebunders R. 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