bulletin conjoint d`information sur les marches au tchad tchad

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bulletin conjoint d`information sur les marches au tchad tchad
 BULLETIN CONJOINT D’INFORMATION SUR LES MARCHES AU TCHAD N°1 du mois de juin 2014
TCHAD Points saillants •
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Les marchés des céréales sont bien approvisionnés Les prix des céréales sèches bien qu’en baisse demeurent élevés Les termes de l’échange sont défavorables aux éleveurs dans les zones pastorales Les crises régionales affecteraient les échanges transfrontaliers avec la RCA, le Libye, le Cameroun et le Nigeria La situation alimentaire est difficile pour les m énages non bénéficiaires des assistances de l’ONASA et des acteurs humanitaires 1. Approvisionnement des marchés Les marchés céréaliers tchadiens sont suffisamment approvisionnés en dépit de la période de soudure en cours. En effet, les transferts de céréales des zones excédentaires (régions du Sud, du Salamat et du Lac) vers les zones déficitaires (Kanem, Bahr-­‐El-­‐Gazal, Wadi Fira) se poursuivent. De plus, les commerçants incités par les niveaux élevés des prix des céréales (mil, sorgho, maïs) libèrent des stocks au profit des ménages demandeurs. Aussi, les paysans qui doivent s’approvisionner en intrants agricoles libèrent une partie de leur stock résiduel sur les marchés. Enfin, les ventes subventionnées de l’ONASA dans certaines régions au cours des mois d’avril et mai contribuent à augmenter l’offre céréalière pendant cette période. 2. Evolution des prix des denrées alimentaires de base sur les marchés locaux En mai, les cours des céréales sèches sont restés globalement stables avec une tendance à la baisse par rapport au mois dernier, autant sur les marchés soudaniens que ceux de la bande sahélienne. Toutefois, cette situation globale cache des disparités entre les régions ou entre les différentes zones de moyens d’existence. En effet, en mai 2014, sur certains marchés de la bande sahélienne, les prix observés lors de cette campagne de consommation sont élevés comparés aux mêmes mois en 2013 et à la moyenne quinquennale. Suite à la baisse locale de la production agricole de 2013/2014, les marchés sahéliens (Abéché, Biltine, Goz Beida) s’approvisionnent normalement dans les zones de production parfois éloignées telles que le Salamat, le Lac et certaines régions du Sud, engendrant des coûts d’approvisionnement élevés qui sont répercutés sur les prix aux consommateurs de la zone sahélienne. Sur les marchés de la zone soudanienne (Goré, Bongor) les prix observés (mil, sorgho) sont restés stables, voir en-­‐ dessous de ceux de l’année dernière depuis les récoltes. Des hausses ont été observées en mars et avril mais, les prix ont été stabilisés grâce à la libération des stocks commerciaux et paysans et les ventes subventionnées (10000 FCFA/sac de 100 kg) de l’Office National de Sécurité Alimentaire (ONASA). Toutefois, les prix se situent au-­‐dessus de la moyenne des cinq dernières années comme à Sarh (+10%) et à Kelo (+8%). 1 Le différentiel de prix, en particulier ceux du mil et du berbéré à l’avantage des zones de production devrait assurer l’approvisionnement des marchés sahéliens. Le prix du riz local et importé est resté stable au même niveau que celui de l’année dernière et la moyenne des cinq dernières années en raison d’une transmission probable de la baisse des prix internationaux en mars et avril et de leur stabilité en mai. Evolu`on du prix de détail à la consomma`on de mil à Mao 400 350 350 300 300 250 250 FCFA/Kg FCFA/Kg Evolu`on du prix de détail à la consomma`on de mil à Abéché 400 200 150 200 150 100 100 50 50 0 0 Moy. 5 ans Année 2012/2013 Moy. 5 ans Année 2013/2014 400 350 350 300 300 250 200 250 200 150 150 100 100 50 50 0 0 Moy. 5 ans Année 2012/2013 Année 2013/2014 Année 2013/2014 Evolu`on du prix de détail à la consomma`on de sorgho à Sarh 400 FCFA/Kg FCFA/Kg Evolu`on du prix de détail à la consomma`on de sorgho à N'Djamena Année 2012/2013 Moy. 5 ans Année 2012/2013 Année 2013/2014 Graphique : Evolution des prix nominaux des céréales sur certains
marchés
Source : données Groupe thématique suivi des prix
2 3. Evolution de l’offre et de la demande de bétail et des termes de l’échange bétail/céréales L’épuisement du stock céréalier des ménages sahéliens et les obstacles à l’exportation du bétail sur pied, ont engendré une hausse de l’offre de bétail, notamment les petits ruminants, sur les marchés locaux comparée à la même période l’année dernière. Combinés à un déficit fourrager qui met à mal l’embonpoint du bétail, les prix du bétail, notamment ceux des petits ruminants, sont en baisse. Ces deux facteurs, associés à un niveau élevé de prix des céréales, contribuent à une détérioration des termes de l’échange pour les ménages éleveurs, plus marquée dans les régions du Sahel Centre. En effet, en mai 2014, l’on observe sur le marché de Mongo qu’un mouton rapporte 83 kg de mil contre 105 à la même période de l’année dernière. De même à Ati, un mouton rapportait 155 kg de mil en mai 2013 contre 79 kg actuellement. La baisse du pouvoir d’achat des éleveurs limite leur accès à un nourriture suffisante, riche et variée surtout dans les zones pastorales touchées par l’insécurité alimentaire, notamment à Wadi Fira, Guera, Kanem et Barh El Gazal. Kg de mil/mouton
Evolution des termes de l'échange mouton/mil
200
150
100
50
0
Mao
Ati
MAI 2013
Mongo
Abéché
Moundou
MAI 2014
4. Evolution des prix internationaux L'Indice FAO des prix nominaux des aliments s'est établi en moyenne à 207,8 points en mai 2014, soit une baisse de 1.2% par rapport à avril 2014 et 3.2% par rapport à mai 2013. L’indice a chuté en avril, puis en mai, sous l'effet de la baisse des cours des produits laitiers, des céréales et de l'huile végétale. La baisse des cours des céréales de mai a été déclenchée principalement par un fléchissement des prix du maïs, tenant aux conditions de croissance favorables et aux bonnes perspectives de l'offre en 2014/2015. Les cours mondiaux du riz sont restés relativement stables. 3 5. Echanges transfrontaliers et leurs conséquences sur les marchés locaux Les échanges commerciaux entre le Tchad et ses voisins, en particulier la RCA, le Nigeria et la Libye seraient limités en raison de la situation sécuritaire précaire dans ces pays. Du côté du Soudan, il a été observé une dépréciation du Pound soudanais (-­‐26.9%) par rapport au franc CFA entre mai 2013 et mai 2014. En dépit de cette dépréciation, la différence de prix du mil entre El Geneina et Abéché reste d’environ 4000 FCFA pour un sac de 100 Kg en faveur d’Abéché. Par ailleurs, cette appréciation du FCFA vis-­‐à-­‐vis du livre soudanais devrait favoriser les importateurs des produits manufacturés du Soudan. Toutefois, plusieurs autres facteurs pourraient entraver l’effectivité de ces échanges. En revanche, la stabilité des prix au Cameroun et le niveau relativement bas des prix des céréales sèches reste des facteurs incitatifs pour les commerçants tchadiens pour les échanges entre le Tchad et le Cameroun. A titre d’exemple, entre la ville de N’Djamena et le marché frontalier camerounais de Kousseri, les différences de prix sont d’environ 2 000 FCFA pour le maïs et 1 300 FCFA pour le sorgho au cours du mois de mai en faveur de Kousseri. Par contre, l’arachide, le sésame et bétail sont des produits achetés par les commerçants camerounais à partir des grands marchés de regroupement du sud du Tchad ainsi qu’à N’Djamena. 6. Marchés et sécurité alimentaire Les ventes subventionnées réalisées par l’ONASA et l’offre commerciale élevée des céréales ont entrainé une stabilité avec, localement, des tendances à la baisse des prix. Cela a permis aux ménages dépendant des marchés et disposant des revenus suffisants d’accéder à la nourriture en début de la soudure. Par ailleurs, les programmes de transferts monétaires mis en place en faveur des réfugiés/retournés de la Centrafrique au sud du pays et au profit des populations vulnérables dans certaines régions de la bande sahélienne combinés à la baisse des prix ont amélioré le pouvoir d’achat et la situation alimentaire des bénéficiaires de ces programmes. Toutefois, malgré la stabilité avec la tendance baissière observée sur les prix des céréales, le niveau des prix des céréales sèches reste élevé, ce qui continue de limiter l’accès à la nourriture à de nombreux ménages pauvres, quasi-­‐dépendant des marchés. Les programmes d’atténuation engagés par l’Etat et ses partenaires et qui sont en cours (transferts monétaires, distributions alimentaires gratuites, ventes à prix modérés) permettront à certains ménages bénéficiaires de renforcer leur accès alimentaire et passer une soudure moins difficile. En revanche, pour les ménages pauvres non bénéficiaires de ces assistances, la situation alimentaire et nutritionnelle reste très préoccupante. Pour plus d’information, veuillez contacter Dreni-­‐Mi Mahamat Djime (Directeur de la Production & des Statistiques Agricoles, [email protected]) Hassanty Oumar Chaib (Coordonnateur National du SISAAP, [email protected]) Salif Sow (CTP SISAAP, [email protected]) Yacoub Abdelwahid (Coordinateur national de FEWS NET, [email protected]) Ollo Sib (VAM officer, [email protected]) Elise Ponson (Chargée de Programme, [email protected]) Redacteur : Madjioudal Allarabaye (VAM assistant, madjioudal. [email protected]) 4