Les grandes formes de la musique instrumentale baroque
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Les grandes formes de la musique instrumentale baroque
Les Clés de la musique classique Résumé de la 6ème séance (27 mars 2013) Š LES GRANDES FORMES de LA MUSIQUE INSTRUMENTALE BAROQUE : suite de danses, sonate, concerto La musique ne se limite plus désormais aux cours ou aux églises, mais gagne les salles lyriques, les académies et les salons, touchant un plus vaste public, permettant aux musiciens de gagner leur indépendance de créateurs. Certaines formes musicales de la Renaissance perdurent : le motet, le madrigal…. D’autres, en dehors de la cantate vocale en 4 parties (récitatif lent, aria rapide, second récitatif lent, aria final rapide) de l’opéra et de son corollaire sacré l’oratorio, apparaissent ou se développent : la suite de danse, la sonate pour soliste ou en trio, qui toutes deux ouvrent les voies de la musique de chambre et du concerto sous ses deux déclinaisons, grosso (à l’allemande) ou de soliste (à l’italienne). Š Suite de danses Audition : « Suite n°2 » en si mineur de JS BACH Ouverture à la française (pointé majestueux, fugato rapide, retour du pointé majestueux), alternance de caractères, de tempi et de rythmes différents, dans une « tonalité » unique). -rondeau binaire (C barré), tempo modéré (départ sur second temps) -sarabande à trois temps, tempo modéré, départ sur 3ème temps -bourrée binaire, tempo rapide (départ en anacrouse sur premier temps à C barré) -polonaise à trois temps décomposés, tempo modéré ou lent -menuet à 3 temps, tempo modéré -badinerie binaire, tempo rapide (départ sur second temps) La suite de danses, destinée au concert, fait alterner des danses stylisées de tempi et de caractères différents, toutes écrites dans la même tonalité. Page 1 Médiathèque Jean-Louis-Curtis, Orthez Texte : Emmanuel Lemouton Š Sonate Audition : Sonate en trio de Corelli Forme : Introduction lente en mi bémol mineur. Deux grandes parties répétées deux fois AABB, la seconde étant une ornementation libre (diminution) de la première, dans l’esprit baroque. Allegro (rapide) en mi bémol mineur. Deux parties principales qui se répètent AA puis BB. Andante (lent) en mi bémol mineur. Deux parties qui se répètent AABB, avec diminution dans chacune des secondes parties. Allegro final (rapide) en mi bémol mineur. Deux parties qui se répètent AABB. Chacune d’entre elles est constituée de trois sous parties (A=abc, B=def). NB : La sonate, contraction de la suite de danses, subit une réduction progressive à 4 puis 3 parties, sans introduction lente. Son pendant instrumental, la cantate, suit le même processus. Cette forme désormais établie va, par amplification, donner naissance au concerto. Š Concerto Audition : « Concerto brandebourgeois n°5 » en ré majeur de J.S. Bach Concerto grosso, à l’allemande, pour 3 solistes (flûte, violon, clavecin) et orchestre de chambre. 3 mouvements de tempi et caractères différents (équivalents de l’aria, du récitatif et du dernier aria pour la cantate ou de l’allemande allegro, de la sarabande largo puis de la gigue allegro de la sonate). Alternance de tutti et soli. Audition : « L’hiver » concerto extrait des 4 saisons de Vivaldi, en mi mineur Concerto de soliste, à l’italienne, pour violon et orchestre de chambre. 3 mouvements de tempi et caractères différents. Les allegro sont précédés d’introductions lentes. Alternance de tutti et soli. NB : Grande époque du luthier Stradivarius (1644-1737). A l’attention des plus curieux d’entre nous, des matheux, des passionnés….. LE TEMPERAMENT EGAL, MODES MAJEUR et MINEUR La période baroque constitue un moment important pour l’élaboration de la théorie musicale. On y passe progressivement des tonalités de la polyphonie (tons ecclésiastiques du plainchant) à la gamme tempérée et aux deux modes majeur et mineur légués à la période classique. On aura entre-temps inventé et expérimenté de nombreux tempéraments et posé les bases de l’harmonie classique. Entre 1698 et 1709, le facteur de clavecin italien Bartolomeo Cristofori met au point le pianoforte (qui, contrairement au clavecin, permet de jouer « piano » (doucement) et « forte » (fort). Page 2 Médiathèque Jean-Louis-Curtis, Orthez Texte : Emmanuel Lemouton Le tempérament égal pour l'accord des instruments à sons fixes permet aux musiciens de retrouver en Europe des conditions semblables d'exécution et ouvre la voie au classicisme Viennois par les nouvelles possibilités de modulations qu’il offre. Š Le tempérament égal - Pythagore, 569 av JC, 475 av JC, observe les rapports entre les sons qu’utilisent les musiciens de son temps et constate qu’ils sont identiques quel que soit le lieu choisi. - Il découvre que ces rapports, qu’il mettra plus tard en fractions, sont induits par la résonnance naturelle des corps sonores. (Rappelez-vous de mon tuyau sonore !!!!). Il théorise la gamme chromatique fondée sur le cycle des quintes naturelles, intervalles de 5 sons (do-sol ; sol-ré ; ré-la ; la-mi ; mi-si ; si-fa dièse ; fa dièse-do dièse ; do dièse-sol dièse ; sol dièse-ré dièse ; ré dièse-la dièse ; la dièse-mi dièse ; mi dièse-si dièse ….qui en principe est égal à do). En ramenant à une octave (intervalle de 8 sons) l’ensemble des sons formés par ces 12 quintes, il obtient la gamme chromatique dont les différentes civilisations font usage en utilisant des gammes ditoniques (2 sons), pentatoniques (5 sons), heptatoniques (7 sons)…. - Ce cycle cependant s’avère « imparfait ». Le retour à la note initiale (octave) ne donne pas une transposition exacte de cette note. La dernière quinte mi dièse-si dièse est plus haute d’un comma syntonique que la quinte fa-do appelée quinte du loup, que notre oreille contemporaine réclame. Cette différence provoque une sensation de fausseté, un fort battement (comme dans les pianos bastringues). Certes, chaque mode aura ainsi une personnalité propre en raison des intervalles particuliers qui le composent mais toute transposition (translation du mode en partant d’une nouvelle note) sera interdite car elle induit des rapports différents entre les sons. Par exemple, un même air ne sonnera pas de manière identique selon que vous le jouez à partir de la première ou de la cinquième note du mode). Le problème ne s’est guère posé durant la période médiévale où les musiques ne dépassent pas la tessiture d’une octave. Il se pose davantage avec le développement de la musique instrumentale durant la Renaissance (extension de la tessiture et apparition d’orchestres mélangeant plusieurs familles d’instruments). Après bien des tergiversations et des propositions de tempérament inégaux (Zarlino, 15171590, mettait déjà l’accent sur les tierces naturelles et proposait un système intéressant Page 3 Médiathèque Jean-Louis-Curtis, Orthez Texte : Emmanuel Lemouton harmoniquement mais non transposable), l’idée du tempérament égal (division de l’octave en 12 demi tons égaux) s’impose progressivement, en particulier avec l’apparition du piano forte (sur lequel il faut pourtant renoncer au tempérament égal dans l’aigu sous peine d’entendre des sons trop bas). Les intervalles seront « ajustés » (octaves justes, quintes et tierces légèrement diminuées). Mais de nombreux compositeurs de la période baroque ont craint que ce tempérament n’appauvrisse la musique en gommant les spécificités de chaque mode. J.S. Bach, qui pourtant usait quotidiennement de ce tempérament inégal, va montrer de manière éclatante, dans son « clavier bien tempéré », que l’on peut écrire désormais non plus en huit tons ecclésiastiques non transposables mais en 24 tons (12 majeurs et 12 mineurs) des pièces de même forme mais de caractère tout à fait différents. L’abandon des modes ecclésiastiques n’est donc pas un appauvrissement mais un enrichissement. On abandonnera progressivement 6 des huit modes ecclésiastiques en conservant le mode de do (mode tritus plagal) et son dérivé, le mode mineur de la, ex éolien, mode protus plagal. (Le mode de do sera préféré aux autres en raison de la structure des intervalles qui le composent, favorisant l’attraction vers sa note polaire do). Ce mode majeur tempéré et son relatif mineur, grâce à leurs intervalles « égaux », permettent la transposition dans tous les tons et vont favoriser le nouveau système classique de modulation par quintes : le système tonal, que nous étudierons en abordant la période classique. Š extraits musicaux écoutés « Suite n°2 » en si mineur de J.S. BACH Sonate en trio de Corelli « Concerto brandebourgeois n°5 » en ré majeur de J.S. Bach « L’hiver » concerto extrait des 4 saisons de Vivaldi, en mi mineur Š Prochaines séances Mercredi 10 avril de 20h à 22h| La période classique (partie 1) Mercredi 22 mai de 20h à 22h| La période classique (partie 2) Mercredi 5 juin de 20h à 22h| La période romantique (partie 1) Mercredi 12 juin de 20h à 22h| La période romantique (partie 2) Page 4 Médiathèque Jean-Louis-Curtis, Orthez Texte : Emmanuel Lemouton