3J`aborde ensuite les verts en choisissant un ton

Transcription

3J`aborde ensuite les verts en choisissant un ton
Étienne Cendrier
au pastel sec sur papier népalais
L’ART ET LA MANIÈRE
Sujet
Même si je ne représente
qu’un seul fruit trônant
majestueusement, il me
semble toujours plus riche de
m’inspirer des formes, des
couleurs et des jeux d’ombre
et de lumière de deux fruits
placés côte à côte.
Tel un monarque dont on
dresse le portrait sur fond
noir, une mangue révèle
toute sa majesté dans le
patient traitement au pastel
des nuances subtiles de
sa peau charnue. Exotisme
oblige, un papier népalais,
dont la surface irrégulière
est intéressante à travailler,
lui sert de faire-valoir.
la forme de la mangue au crayon
Puis je place un rouge
1fruitJenoir.dessine
J’esquisse la queue et le renflement du
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plus vif, intermédiaire, qui
à cet endroit. Je débute par les tons les
apporte déjà l’expression du
plus foncés, en réservant les lumières. Un rouge
carminé puis un vert foncé, estompés aussitôt,
indiquent la partie la plus ombrée du fruit.
volume, en prenant soin de lier
les couleurs entre elles pour
obtenir des fondus délicats.
Matériel
I Papier népalais assez épais,
Guide pratique n° 80
À DÉCOUPER SELON LES POINTILLÉS
Mangue charnue
dimensions 28 x 28 cm
I Crayon HB Staedtler
I Petit bout de fusain
I Pastel Schmincke :
rouge carminé
I Pastels Unison Colour : vert
foncé A 43, rouge 7, BG 3, vert
9, vert 2, vert 25, vert 10, BG 4
I Pastel Art Works :
brun Reynolds
I Pastels Daler-Rowney :
laque cramoisie, bleu de
cobalt
I Pastel Sennelier : blanc
I Artist Soft Pastel (Art
Spectrum) : outremer clair,
tasman blue
I Carré Raphaël : vert olive
clair, vert olive foncé, brun,
ocre-jaune
I Carré Conté : vert 51
I Pastel Kohinoor Hardtmuth :
noir
I Fixatif pour pastels Lascaux.
Un bleu vient
griffer légèrement
la partie ombrée du
fruit, l’enrichissant
ainsi de nuances
subtiles.
J’aborde ensuite les verts en choisissant un ton moyen
3précédemment.
et un ton plus foncé, puis je les mélange aux tons posés
Avec un troisième vert plus froid, je reprends
rouge franc posé sur
4servirUnla rondeur
du fruit va
de faire-valoir. Les verts
la base du fruit pour lui donner plus d’assise en saturant
la couleur. Puis je l’assombris aussitôt pour faire disparaître
les contours et donner l’illusion de la profondeur.
clairs appliqués par la suite
seront vivifiés par cette teinte
complémentaire.
PRÉPARER LE PAPIER
Pour changer des papiers habituellement utilisés pour le
pastel, j’ai choisi un papier népalais dont j’aime la teinte
parchemin et la surface irrégulière. Avant de commencer,
je prends soin de pulvériser du fixatif sur l’ensemble de sa
surface pour que la poudre de pastel s’y accroche bien.
Pratique des Arts n° 80 / Juin-Juillet 2008
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Par Catherine Desvé. Photos Thierry Mercier.
Pour mener à
bien ce travail
tout en
précisions,
n’hésitez pas
à jouer des
différentes
duretés de pastel.
pose les impacts de lumière sur le
5purJesommet
du fruit en utilisant un blanc
que je cerne aussitôt de rouge carminé
je réduis l’intensité des points
6leurPuis
lumineux en fondant progressivement
couleur blanche avec un outremer
sur la droite et de vert clair sur la gauche.
clair qui joue le rôle d’une estompe.
ajoutant du brun, de la laque cramoisie,
L’ajout de couches de pastel successives
Après avoir encore affiné la peau du fruit de
7quiEndufavorisent
vert olive, j’explore de nouvelles nuances
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nécessite de changer de dureté de bâton.
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nuances de bleu pour rompre le rouge dans l’ombre
le passage des verts aux rouges.
Un carré Conté, plus sec, de consistance plus
et retravailler les clairs, je donne au fond un aspect brut
Je reprends le vert vif et travaille les matières
sur le fruit. La seconde mangue, qui présente plus
d’accidents sur sa surface, me sert de modèle.
dure, me permet d’inscrire sur la surface
poudreuse des pointillés, grains de peau sur
lesquels se réfléchit la lumière.
TRAITEMENT DU PÉDONCULE
Avant de former le pédoncule, j’indique avec des teintes
foncées le renfoncement du fruit en creusant l’ombre
avec un brun. Puis je dessine la queue en respectant
les ombres et les lumières, expression du volume. En
tout dernier lieu, un petit fusain dessine l’ombre portée du pédoncule sur la peau du fruit.
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Pratique des Arts n° 80 / Juin-Juillet 2008
en enveloppant le sujet de pastel noir. Mais dans sa partie
inférieure, le noir est fondu pour déborder sur la mangue
et l’intégrer au fond.