Dossier de presse - Archives municipales de Lyon

Transcription

Dossier de presse - Archives municipales de Lyon
Il y a trois jours que
Cer
cle
les Turcs sont
entrés
dans
Vourla. Les
femmes,
les enfants
et
les
vieillards
ont
été
regroupés
sur
la
place Douba.
Nous avons eu
le droit de partir
e n c ol on ne s ve rs
C e s mé
et
la
me r.
Les Turcs ne s’y sont pas
opposés, parce que les Anglais
ont intercédé en notre faveur.
La
vei l le,
nous
avons vu au loin monter
fumée noire de Smyrne qui brûlait.
la
Les Anglais nous ont abandonnés, alors ils ne
pouvaient pas faire autrement que de sauver
un peu la face. Mon père s’est réfugié avec des
voisins dans la montagne. Enfin, plutôt dans
les collines. Durant deux nuits, ils sont restés
cachés, ils ont tué un mouton mais ils le
mangeaient cru pour que la fumée n’attire
pas l’attention des Turcs. Il fallait se méfier
de tout. [...] Je ne t’ai jamais dit comment
est mort mon pauvre père. Nous avions été
regroupés sur la place de Douba et les Turcs
avaient laissé partir les femmes et les enfants.
Mon père avait enfilé à la va-vite une
robe noire de sa femme. Il avait noué un
foulard sur la tête, il cachait sa moustache
avec un mouchoir, comme s’il pleurait.
Tu vois. Nous sommes partis en colonne.
Je crois que les Anglais avaient obtenu
des Turcs qu’ils nous laissent partir.
Enfin, bref, ces Anglais, il vaut mieux ne
pas en parler. C’est à cause d’eux qu’on en
est là !
C’est eux qui nous ont vendus aux
Turcs, comme à Chypre. Et la France
non plus n’a rien fait … [...] Ah oui!
… nous avancions en colonne, nous
marchions vite, pour gagner la plage
où nous attendaient les bateaux pour
Samos. Vite, car on avait peur que les
Turcs changent d’avis.
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création
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interprétation
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Allain Glykos, Parle-moi de Manolis
exposition
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Après une première collaboration en 2010-2011, les
Archives de Lyon sont à nouveau partenaires de la
compagnie de danse Anou Skan pour leur nouvelle
création «Cercle !».
Ce spectacle mêlant danses, textes et chants se fonde
sur l’histoire du déplacement des populations d’Asie
Mineure suite à la guerre greco-turque (1919-1922),
au traité de Lausanne (1923), ainsi que sur la mémoire de cet exil et la naissance du Rebétiko, mouvement artistique majeur.
Cette création est intégrée à un projet global qui
interroge la mémoire de l’exil et les capacités de
résilience des populations confrontées collectivement
à des événements tragiques.
Elle est ainsi accompagnée d’une exposition-installation mêlant documents historiques et créations
artistiques et proposant au public une découverte
de l’épopée des réfugiés à travers une immersion
sensible dans la réalité de l’exil.
Exposition
Installation
du 28 novembre
au 30 janvier 2014
ENTREE LIBRE
du mardi au samedi de 13h à 18h
Fermeture les jours fériés et pendant les
vacances scolaires de Noël (du 23
décembre au 5 janvier 2014)
SOMMAIRE
UNE HISTOIRE.................................... 3
UN SPECTACLE.................................. 4
UNE EXPOSITION............................... 5
UNE MEMOIRE VIVANTE................... 7
- Le rébétiko
Archives de Lyon
1, place des Archives - 69002 Lyon
tél : 04 78 92 32 50
www.archives-lyon.fr
LES ARTISTES.................................... 8
AUTOUR DE L’EXPOSITION............ 12
LES PARTENAIRES.......................... 13
CONCEPTION.................................... 14
Accès
métro ligne A (arrêt Perrache)
tram T1 (arrêt Suchet)
tram T2 (arrêt Perrache)
UNE HISTOIRE
Après les guerres gréco-turques et la «Catastrophe de Smyrne» en 1922, les deux états décidèrent
d’une politique d’homogénéisation à l’intérieur de leurs frontières respectives : 1 200 000 Grecs,
appartenant à la minorité religieuse orthodoxe de l’Empire Ottoman furent rapatriés d’Asie
Mineure en Grèce, et 350 000 musulmans, appartenant à la minorité turque en Grèce furent
envoyés en Anatolie.
Ces gens sur les bateaux emportaient avec eux non seulement leurs propres vies, mais aussi une
culture, un bien commun... Que leur arrive-t-il ensuite ?
Comment la difficulté de les accueillir, le refus de leur intégration va-t-elle pousser certains
d’entre eux à se regrouper, à faire cercle et à « brûler » par la musique, le chant et la danse les
blessures de leur épopée ?
Cette frustration, cette colère, cette tristesse, cette nostalgie deviennent ainsi ritualisées et se
transforment alors en éléments révélateurs d’un mouvement artistique majeur, le Rébétiko (voir
p 7).
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Départ des populations grecques suite à l’incendie de la ville Smyre - 1922
Centre d’Etudes d’Asie Mineure
Presqu’île de Samanli-Dag. Embarquement d’un groupe de réfugiés à bord des bateaux,
sous la direction du Croissant-Rouge turc - 1923 - Photothèque CICR (DR)
UN SPECTACLE
Six artistes alternent parties chantées, textes en grec et en français et parties dansées sur des
musiques jouées en direct.
Le spectacle se distingue par un dispositif scénique particulier. Le public est disposé en cercle,
artistes et spectateurs assis côte à côte. Une connivence s’installe, l’énergie est communicative,
l’épopée de l’exil se raconte, se danse, se chante en une dédicace à ces artistes rébètes «qui portaient fiers et beaux».
Les textes du spectacle sont tirés de l’œuvre d’Allain Glykos, « Parle moi de Manolis », avec
l’aimable autorisation de l’auteur, un poème de Yannis Ritsos, ainsi que des textes de chants du
répertoire du Rébétiko.
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Les représentations du spectacle seront données 4 fois, les 28/29/30 novembre 2013 et
le 30 janvier 2014 à 20h.
Pendant la durée de l’exposition, une restitution en images du spectacle sera projetée en continu
au centre de l’espace scénique.
UNE EXPOSITION
Par un cheminement symbolique matérialisé par un labyrinthe hanté par l’ombre des exilés,
l’exposition conduira le visiteur du récit de cette histoire, des traces de la mémoire, sous formes de
documents issus des collections grecques mais aussi de la région, à l’espace scénique de «Cercle !».
Les matériaux (documents numérisés et archives sonores) ont été pour partie collectés en Grèce,
auprès du Centre d’études d’Asie Mineure.
Les sources locales relatives aux exilés d’Asie Mineure (photographies et fiches du personnel),
proviennent surtout des Archives de l’Usine Grammont conservées aux Archives départementales
du Rhône ou au Musée de Bourgoin-Jallieu (en provenance du fond de l’ancien Eco-Musée du
Nord-Isère).
S’y ajoutent les recensements lyonnais et des témoignages des personnes de la région lyonnaise
porteuses de la mémoire de la catastrophe d’Asie Mineure.
Employés grecs d’Asie Mineure de l’usine Grammont - Pont de Chéruy
Photographies des fiches du personnel
Archives départementales du Rhône
Illustration de la bande-dessinée «Manolis» par Allain Glykos et Antonin
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En préambule, le visiteur prend connaissance de l’action de
Melpo Merlier, fondatrice et directrice du Centre d’études
d’Asie Mineure (CEAM) à Athènes, dans la collecte des
témoignages des réfugiés, entre 1930 et 1970.
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Ensuite, il découvre divers repères historiques (photographies, vidéo, imprimés…) évoquant le contexte politique
du conflit entre les deux nations, et leur politique d’homogénéisation qui a conduit à d’importants mouvements de
populations, avant même le traité de Lausanne en 1923.
Ce mouvement a poussé les réfugiés sur les chemins de l’exil
juque dans la région. De nombreuses familles d’ouvriers
grecs sont venus travailler notamment dans les usines
Grammont, à Pont-de-Chéruy - Charvieu.
Avant d’atteindre le Cercle ! lieu d’exécution de la création
d’Anou Skan, le visiteur traverse un dédale d’expressions
artistiques : romanesques et plastiques. Loin des images des
conflits dont la précision est essentielle aux discours historiques, les romanciers Chrystèle Ravey et Allain Glykos, les
artistes, Marie Maniga, Antonin Dubuisson, et Arnaud Alins,
captent et traduisent ces émotions qu’engendre l’exil, en
tags, en traits ou en mots.
L’espace scénique de « Cercle ! » sera également le lieu des
rencontres proposées pendant la durée de la manifestation
en décembre 2013 et en janvier 2014 (voir p12).
Illustration de Marie Maniga
UNE MEMOIRE VIVANTE : LE REBETIKO
Musique rhizomatique, empruntant à l’héritage musical d’Istanbul et de Smyrne, des îles
grecques et des musiques continentales, le Rébétiko a connu un développement foisonnant tout
au long du xxe siècle.
Son épanouissement au port du Pirée, dans la banlieue pauvre et désaffectée d’Athènes, fut la
conséquence de la rencontre, dans les années 1920, des réfugiés d’Asie mineure et des émigrés de
la Grèce des îles et du continent venant chercher à Athènes une vie meilleure que celle des campagnes. L’orientalité des uns et la pauvreté des autres ont vite fait de les exclure en marge des
mœurs grecques du continent comme de la « bonne société » se dirigeant vers le modèle d’un
«Occident imaginé».
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Bientôt apparaissent des chansons faisant l’apologie du mode de vie « rébète », basé sur l’honneur, un mélange de bonté de cœur et de malice où le marginal s’érige en modèle. On appelait
Rébétes ceux qui vivaient une vie de marginaux, d’anarchistes, artistes et chômeurs à la fois.
La danse du Rébétiko est intimement liée aux chants et à l’histoire qu’ils portent.
Ces mouvements dansés, passés de corps en corps, se sont transformés petit à petit sans jamais
perdre l’ADN qui les constituent : celui qui danse exprime non pas une image mais l’authenticité
absolue de son être au moment où il danse.
C’est donc un tel trésor culturel qu’apportèrent dans leurs valises les immigrés jusque sur les quais
du Pirée, où rien d’autre que leurs souvenirs les attendaient.
Ils ont apporté une substance qui s’est révélée à travers de grands artistes (Tsitsanis, Vamvakaris, Toundas...) qui malgré, ou à cause de leur condition d’exclus ont su composer des morceaux
d’anthologie.
Le Rébétiko est donc bien un courant artistique particulier, qui transcende la condition humaine
et redonne à «l’homme désolé» (sans sol) une identité nouvelle.
DES ARTISTES
Sophie Tabakov (Compagnie Anou Skan)
Pourquoi un spectacle de danse inspiré du déplacement
des populations d’Asie Mineure ?
En 2007 lorsque j’ai commencé à m’intéresser à la danse grecque, je ne connaissais rien de
l’échange des populations de 1923, ni ce qu’était l’Asie Mineure, encore moins le Rébétiko.
Mais au cour d’un stage, mon professeur, Yannis Benetto, me parla d’une danse qui se dansait en
cas de malheur ou de bonheur extrême, toujours en solo, le corps penché vers la terre, bras écartés comme un grand oiseau. Je m’élançai à mon tour, timidement, mais ce fut un choc…
J’ai immédiatement adoré cette danse, le Zeibekiko.
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Ayant eu l’occasion de pratiquer le tournoiement des Derviches Tourneurs quelques années avant
ma rencontre avec le Zeibekiko, je fus très vite interpellée par les connivences entre les deux pratiques :
Il était évident que l’une (le zeibekiko) était la suite de l’autre (le tournoiement), mais qu’elle
était adoucie, plus libre, prête à épouser les aspirations du danseur, en tout les cas complètement
débarrassée du cadre religieux. Si le derviche tournoie pour prier, le danseur de zeibekiko prie
pour continuer de tourner, jusqu’à l’oubli (ce qui revient au même !).
J’apprendrai par la suite qu’il existe dans cette danse la rémanence d’une cérémonie au dieu
Apollon, que l’on pouvait encore pratiquer dans les montagnes d’Anatolie à la fin du 19ème
siècle. Qu’en des temps encore plus éloignés se sont croisés là de grands courants philosophiques
et mystiques : l’Alévisme, le chamanisme des tribus nomades de l’Altaï, les rituels de l’antiquité
apportés par Alexandre lors de son avancée vers l’Asie (on trouve des statues d’Apollon jusqu’en
Afghanistan)… Que l’on appelait Zeibek ceux qui vivaient hors la loi dans les montagnes, du
temps de la domination Ottomane.
La danse du Zeibekiko porte ainsi en ses gênes une histoire vieille
de plusieurs siècles, qui se laisse deviner au détour d’un rythme,
d’un déséquilibre, d’un élan…
Ces mouvements dansés passés de corps en corps, se sont transformés petit à petit, ont suivi leur voie propre sans jamais perdre
l’ADN qui les constituent : celui qui danse exprime non pas une
image ou une forme codifiée, mais l’authenticité absolue de son
être au moment où il danse.
C’est donc un tel trésor culturel qu’apportèrent dans leurs valises
les immigrés jusque sur les quais du Pirée, où rien d’autre que
leurs souvenirs ne les attendaient.
Même s’ils n’étaient pas conscients des multiples ramifications cet
héritage, et qu’ils se réunissaient sans autre motif que celui de se
retrouver entre eux, que ce n’était rien de bien important, dans
ce rien il y avait tout !
Sophie Tabakov
Si monter un spectacle est un acte de résilience, alors « Cercle ! » serait une forme d’engagement
et d’hommage à ces voyageurs là, qui surent se réunir pour fêter malgré tout une vie difficile.
Sans en connaître aucun, mais les deviner tous, en soi, et les porter dans nos poches à l’instant de
jouer, tout contre le cœur.
Allain Glykos
Pourquoi ai-je écrit Parle-moi de Manolis ?
Manolis, mon père.
Ce petit Grec chassé de sa terre natale et balloté par le vent, tel une samare, pour atterrir en
désordre sur le sol des Charentes. De lui, je tiens en partie les clefs de cette énigme. Ayant lu le
livre censé raconter son histoire, il confia à ma fille :
«Ton père a écrit sûrement un beau livre, mais ce n’est pas de moi qu’il parle, c’est de lui»
A cela, quoi répondre ?
Encore et toujours cette maudite et fâcheuse manie
d’écrire, de batailler avec la langue, nôtre et autre. Faire
surgir à la lumière ce qu’elle aurait à dire de nous.
Comme le déclarait Ingborg Bachmann :
«Le livre doit être la hache qui fend la mer gelée en nous»
Pourtant, dès que nous usons de mots, nous sommes dans
le domaine de l’invention. J’aime l’idée d’Oscar Wilde selon
laquelle il y a plus de réalité dans l’art que dans la nature.
Que le réel n’est qu’une pâle imitation de l’art.
Mon père, m’a souvent dit que les écrivains étaient des «
raccommodeurs de faïence et de porcelaine. » Ainsi ai-je
grappillé pour les assembler, les fragments de vie qu’il m’a
racontés, afin de
fabriquer une histoire, peut-être la sienne. Sûrement, une
interprétation de ses souvenirs. Car les trois livres que j’ai
écrits sur lui peuvent-ils être autre chose que du «mentir
vrai».
La vérité avance masquée et la littérature ne produit
aucun message, seulement des énigmes.
Manolis et sa soeur
La première phrase de Parle-moi de Manolis l’atteste :
«Cette histoire a dû exister. Elle est du souvenir, des soirs où mon père raconte. Fragments trouvés,
inventés. Elle est vraie désormais dans les mots. Vraie comme le sont les histoires des archéologues,
construites à partir de bouts de céramique, d’os, de signes sur un mur.»
Une plongée dans l’énigme. Enigme au sens où la langue masque autant qu’elle dévoile dès lors
qu’on s’en empare.
J’ai écrit sûrement pour transmettre à ma fille, à l’enfant qu’elle porterait.
Ecriture transmission, celle qui permettrait d’assurer le passage entre le dedans et le dehors, entre
soi et les générations futures ?
L’écriture au seuil, hésitante, intimidée par ce qu’elle raconte et ceux qui la liront.
Le miracle de l’écriture se produit aussi, à mes yeux, quand de votre histoire, le lecteur s’empare
et en fait la sienne propre. Parle-moi de Manolis, est celle de tous ceux qui ont eu un jour à faire
avec l’exil, avec la parole d’un ancêtre.
Histoire monstrueuse sans cesse humanisée par la douleur et la sagesse des femmes.
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Antonin Buisson
Pourquoi ai-je dessiné Manolis ?
Voilà quelques années, ma grand-mère m’a donné le carnet de bord qu’a tenu son père Ernest
(mon arrière grand-père donc) quand il a été envoyé en Turquie avec l’armée française en 1919.
La France occupait la Cilicie, au centre sud de la Turquie. Lorsque les turcs ont repris leur pays
sous l’impulsion de Mustapha Kémal, de nombreux soldats ont été faits prisonniers. Ce fut le cas
d’Ernest. Sa captivité a duré jusqu’en 1921.
Illustration de la BD «Manolis»
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Après avoir lu ce carnet, j’ai commencé à me documenter sur cette période et ce conflit que
je connaissais assez peu finalement. Lors de mes recherches, j’ai été amené à rencontrer Allain
Glykos, à lire ses livres que j’ai beaucoup appréciés. J’ai découvert l’histoire de son père Manolis
qui est très liée à celle d’Ernest. C’est cette même révolte turque qui, il y a maintenant plus de 90
ans, a marqué la vie de nos deux ancêtres. J’ai été touché par l’histoire de ce petit Manolis, cette
histoire qu’ont vécue les grecs d’Asie Mineure, ces histoires que vivent encore et toujours les exilés,
les réfugiés, tous ceux qui sont bringuebalés par les guerres et les aléas de l’histoire.
J’ai alors eu envie de raconter cette épopée en images. Allain était partant, nous avons travaillé
ensemble à l’adaptation en BD de son roman Manolis de Vourla. Le passage du texte à la bande
dessinée a vraiment été fait en collaboration. Nous nous retrouvions, lisions le récit et choisissions
ensemble ce qu’il fallait garder, enlever, rajouter, comment traduire en image certains mots.
Comment faire passer ce qui n’est pas toujours dit dans le texte, ce que l’on peut lire entre les
lignes de son roman.
Arnaud Allins
Pourquoi ce tag ?
Actuellement étudiant en arts appliqués,
c’est le graffiti et le street art qui m’a introduit à l’art en général. Je continue à titre
personnel d’enrichir ce domaine, sur murs,
toiles, ou autres supports.
Tag par Arnaud Allins
Ce qui m’intéresse particulièrement est le mélange des techniques pour des rendus de matières
et de reliefs... A la demande d’Anou Skan et des Archives de lyon, je développe ici, en grec et en
français, un vers de la poétesse Athena Papadapki :
L’amour ne possède rien, pas même des valises.
Christelle Ravey
Pourquoi ai-je écrit Le tapisseau Byzantin et Fanny V. ?
Le roman Fanny V. est né d’une rencontre.
C’est en accompagnant les recherches généalogique d’une amie que
je découvre l’histoire d’une famille, et plus particulièrement le destin
d’une femme : Fanny. Le roman s’est bien sûr éloigné de la réalité
dont il s’inspirait, mais il m’a emmenée du côté d’Istanbul, de Marseille
et de Lyon.
Fanny V
Archives maritimes, Archives municipales, documents de famille, carnets de photos… Je cherche à saisir une trajectoire d’exil. Je me heurte
aux lacunes des documents, je me soumets au rythme du roman, la
réalité s’en trouve nécessairement griffée, mais j’espère avoir touché
du doigt l’essentiel : les paysages, les odeurs, les émotions.
Le roman Le tapisseau byzantin est indissociable du précédent : pour ne pas délaisser l’univers
que j’avais habité pendant cinq années de recherches et d’écriture, j’ai voulu garder Constantinople, les bateaux, les départs, dire encore et encore ce que peuvent être la fuite et le déracinement.
Fanny V. évoque l’histoire de Jacob et Sérina, contraints de quitter Constantinople à la fin de
l’année 1912, avec l’espoir d’une vie meilleure dans un pays plus accueillant. Arrivés à Marseille, ils
poursuivent rapidement leur route vers Lyon où ils créent une chapellerie…
Le tapisseau byzantin met le jeune Aloxandre face à une curieuse broderie de grosse laine. L’objet
est collé au mur de l’appartement dans lequel il vient d’emménager à Marseille. Sur les traces de
cet objet de l’exil revit peu à peu le périple des Grecs d’Asie Mineure, contraints eux aussi de quitter les rives du Bosphore pour la Grèce ou pour d’autres destinations comme la France.
Marie Maniga
Pourquoi ai-je gravé la série Exil ?
Commande des Archives de Lyon, la série Exil est composée de 12 linogravures. Je l’ai conçue pour constituer le coeur de l’installation, comme
cheminement initiatique, permettant au visiteur de marcher sur les
pas de ceux qui partent, abandonnant un morceau d’eux même sur la
route.
La technique de gravure sur linoléum, avec ses imperfections, convient
particulièrement à la représentation de l’exil. Les traces laissées par la
gouge jouent avec les traces du passé et l’empreinte des moments douloureux ; le blanc dissimule toutes les pertes et ce profond vide en soi,
suppléé par les appliques de papier imprimé qui renferment des souvenirs heureux et l’espoir d’une vie meilleure.
Si par les couleurs, bleues et blanches, les vêtements et les imprimés
ottomans, les gravures évoquent directement l’exode des populations
grecques d’Asie mineure, elles visent également à l’universel, cherchant
à figurer tous les exils, à travers un geste, une expression, un regard,
évoquant tout ce qu’on laisse derrière soi, ce que l’on enfouit au plus
profond, ce qu’on oublie, ce dont on se souvient, ce que l’on a peur de
trouver et de ne pas retrouver, un doux espoir aussi, un nouveau
chemin.
Illustration de Marie Maniga
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AUTOUR DE L’EXPOSITION
Représentations du spectacle «Cercle !»
Les 28/29/30 novembre 2013 et le 30 janvier 2014 à 20h
Sur inscription
Soirée d’échange autour du «Cercle !»
Le 12 décembre à 18h30
Rencontre avec Christelle Ravey autour de ses romans sur l’exil : Le tapisseau byzatin et Fanny V.
son dernier ouvrage.
Soirée Defkalion
Le 16 janvier à 18h30
Rencontre avec Georges Hassomeris, poète, né dans la région Rhône-Alpes d’une famille originaire d’Asie Mineure, avec la participation de Gislaine Drahy, comédienne.
Rencontre avec l’écrivain Allain Glykos
Le 23 janvier à 18h30
Soirée autour de Parle-moi de Manolis, roman d’Allain Glykos, inspiré de l’histoire de sa famille
grecque, originaire d’Asie Mineure, roman adapté en BD par Antonin (Manolis) et en film par Christian Richard (Des lumières, des Abymes aussi)
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Conférence de Stavros Anestidis, Directeur du Centre d’Etudes
d’Asie Mineure d’Athènes
Le 30 janvier à 18h30
Danse traditionnelle des femmes de Sinanosse, actuel Mustafapaca
Centre d’Etudes d’Asie Mineure
DES PARTENAIRES
Association Defkalion
Defkalion est une association culturelle, franco-hellénique à but non lucratif (loi 1901). Elle existe à Lyon
depuis 1997.
Elle vise à approfondir les liens avec la création et la pensée de la Grèce d’aujourd’hui en proposant des
espaces propices aux échanges avec la population lyonnaise et européenne de la région.
Le travail culturel de DEFKALION est reconnu aussi bien par les responsables des différentes institutions
françaises que par les institutions grecques. La réalisation de nos manifestations permet d’établir un lien
vivant et chaleureux entre les deux pays autour de la culture grecque.
Depuis plus de 16 ans, notre association s’efforce de présenter différentes facettes de la culture et de la
pensée helléniques contemporaines dans différents registres.
defkalion.over-blog.com
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Centre d’Etudes d’Asie Mineure d’Athènes
Le Centre d’Etudes d’Asie Mineure est un institut scientifique crée en 1930 dont l’objectif est la collecte, la
recherche et la documentation d’informations orales ou écrites sur les traditions historiques grecques ainsi
que la publication d’études scientifiques relaitives aux grecs d’Asie Mineure.
Le Centre s’est ainsi engagé dans différentes activités :
- la collecte, la conservation et la diffusion d’Archives concernant le quotidien des grecs d’Asie Mineure,
leur exil et leur réinstallation en Grèce,
- la publication d’un bulletin mettant en lumière les études sur l’Asie Mineure,
- la collection et la préservation de journaux et livres concernant cette période,
- la mise à disposition auprès des scientifiques et chercheurs d’archives;
- l’organisation d’événements autour de la culture des grecs d’Asie Mineure.
www.kms.org.gr
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Contacts presse
Aurélie Chalamel - 04 78 92 32 64 - [email protected]
Hervé Laronde - 04 78 92 32 64 - [email protected]
Archives de Lyon
1, place des Archives / 69002 Lyon / 04 78 92 32 50
Accès : métro ligne A (arrêt Perrache), tram T1 (arrêt Suchet), tram T2 (arrêt Perrache)
www.archives-lyon.fr