HOMELIE DE NOËL 2015 Frères et Sœurs, La Nativité du Seigneur
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HOMELIE DE NOËL 2015 Frères et Sœurs, La Nativité du Seigneur
HOMELIE DE NOËL 2015 Frères et Sœurs, La Nativité du Seigneur n’est pas seulement l’anniversaire de la naissance de Jésus. C’est une fête de l’accomplissement et de la rencontre : Dieu lui-même vient retrouver les hommes et exaucer leurs désirs les plus profonds. L’Evangile de la Nuit de Noël le signale : si les bergers sont « saisis d’une grande crainte », ce n’est pas parce qu’ils ont vu une espèce d’Ovni, mais parce que « la gloire du Seigneur les a enveloppés de sa lumière. » Les bergers sont gens pieux : ils reconnaissent la présence de Dieu, d’où la crainte qui s’empare d’eux, qui est celle qui s’empare de tout être humain mis en présence de Dieu. Mais Dieu toujours, quand il vient ainsi vers l’homme, le rassure : il n’y a rien à craindre, ce qui est en jeu est « l’annonce d’une bonne nouvelle, d’une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur, le Christ, le Seigneur. » Et comme toujours, Dieu donne un signe de ce qu’il annonce par son ange, son messager : le signe est aujourd’hui celui d’un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire… Et les bergers vont à la rencontre de Dieu qui est venu à leur rencontre. Ce sont des pauvres – dans la société de l’époque, des gens sans grade, peu considérés, à peine mieux traités que leurs troupeaux, des vagabonds. Ils vont à la rencontre d’un autre pauvre, devenu lui aussi vagabond sur la terre, ce nouveau-né couché dans une mangeoire, « car il n’y avait pas de place pour lui dans la salle commune. » Dès sa naissance dans l’humanité, Dieu est ainsi du côté des exclus et des sans grade, des gens non reconnus, non titrés, des gens mis de côté. Ils ne sont pas difficiles à identifier aujourd’hui : ceux et celles, chez nous ou ailleurs, que des systèmes économiques passablement injustes relèguent et laissent sur le bord de la route. Ceux et celles que les guerres et les conflits d’origine ethnique, religieuse ou territoriale jettent en grand nombre sur les chemins du monde, au milieu des eaux de la Méditerranée, ou un peu partout sur la planète, et qui viennent frapper aux portes de nos pays, de nos maisons, pour y trouver une halte et un peu de repos. Ceux et celles que la maladie ou le grand âge isole dans des hôpitaux et des hospices et quelquefois enferme dans la crainte de la mort. Bref, ceux et celles que désigne à notre attention, particulièrement en cette « année sainte de la miséricorde » ouverte il y a peu par le pape, les « Œuvres de miséricorde » - nourrir les affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, visiter les prisonniers et les malades, accueillir les étrangers, enterrer les morts. Oui, quand Dieu naît dans l’humanité, dans la chair des hommes, c’est dans sa détresse qu’il naît, pour qu’on le reconnaisse là, dans cette détresse, et pas ailleurs. 1 Cela suppose, en ces fêtes de Noël, de mettre au jour le vrai désir, le grand désir de nos cœurs et de nos vies. Comment voulons-nous vivre ? Qu’est-ce qui compte vraiment ? La santé, la richesse, le bien-être, « bonne année, bonne santé, meilleurs vœux, c’est surtout la santé qui compte, quand on la santé, etc. », nous savons que ce sont là des choses éphémères : si l’on en jouit quelquefois, tout cela passe et coule comme l’eau sur le sable, et disparaît. Mais la paix du cœur, que l’on soit malade ou en bonne santé, mais la justice entre les hommes, mais la fraternité dans notre monde, mais l’accueil de l’autre comme source de joie pour soi-même : cela accomplit durablement notre humanité, la comble, l’épanouit, lui donne un parfum d’éternité, que vient souligner la venue de Dieu dans la chair humaine, dans la profondeur, dans l’ombre, dans les tourments de cette humanité que l’Enfant de Noël goûtera jusqu’au bout de sa vie, jusqu’à la croix – les langes, déjà, sont un linceul et l’ombre de la crèche, déjà, dessine une croix. Dieu a rejoint l’être humain en la profondeur de son tourment, pour accomplir ce vrai, ce grand, ce beau désir en embrassant l’humanité exclue, la pauvre humanité. Nous célébrons les prophéties réalisées, l’espérance accomplie, le rêve de l’homme rejoint par la puissance muette d’un Dieu-Enfant, qui livre sa faiblesse entre nos mains. Isaïe l’avait aperçu de loin : « Oui, prédisait-il, un enfant nous est né, un fils nous a été donné : Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince de la Paix. C’est l’amour jaloux du Seigneur de l’Univers. » Que ferons-nous de cet Enfant déposé dans nos bras ? Amen. B. Lobet curé-doyen d'Enghien-Silly. 2