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SOCIALISTES N ° 8 9 o c to b r e - n ov e m b r e 2016 M e n s u e l d u pa r t i s o c i a l i s t e vau d o i s SOMMAIRE E D I TO R I A L © Avemario point VD p. 2-3 Grand conseil p. 3-4 Séminaire d’été du PSV p. 7 AVIVO point d’orgue p. 5 Votations du 27 novembre point CH p. 6 Le point sur l’AVS point d’exclamation p. 8 Perliculture en eaux troubles Primes LAMal : trop, c’est trop ! Stéphane Montangero JAB 1000 Lausanne 1 Président du PSV « Ces chiffres sont faux Monsieur le Conseiller d’Etat ». « Ce sont les vôtres Monsieur le Conseiller fédéral ! » Depuis cet échange musclé historique, à chaque automne nous avons droit à la même ritournelle concernant la hausse des primes. Chaque automne ? Non. Comme par hasard les automnes précédant une votation sur une caisse unique ou publique sont des années où la hausse des primes est modérée. Et santésuisse nous assure alors que « tout est sous contrôle, que les primes vont désormais stagner, etc. ». Or l’an d’après : patatras ! La spirale haussière est repartie. Et la faute est imputée à tous les acteurs à tour de rôle. Mais les premiers coupables sont toujours les mêmes : nous, les patient-e-s ! Retour sur image : lors de l’introduction de la LAMal, en 1996, la prime moyenne s’élevait à 173 francs, contre 447 francs pour 2017. Ces dix dernières années, les primes standard ont ainsi augmenté en moyenne de 3,6 % chaque année. L’accumulation des augmentations des primes de ces 20 dernières années représente une hausse de près de 159 %. Tournis. Nausée. Non remboursés. Mais selon les pharma « le marché va s’autoréguler ». Tous ces coûts ont des impacts forts sur notre société. A commencer par les hausses des budgets nécessaires à absorber ces montants supplémentaires, à commencer par les subsides. Les hausses constantes décriées par le PLR sont la résultante directe de la politique néo-libérale voulue par ces mêmes PLR, aidés par les UDC sous la coupole fédérale. Ce fut par exemple le cas lors de l’abandon du moratoire sur l’ouverture de cabinets médicaux. Aveuglés par leur dogmatisme, PLR et UDC n’ont que faire des conséquences concrètes de leurs votes, tant que ceux-ci servent leur clientélisme. Pire, sans vergogne aucune, ils vont attaquer les hausses du « social » de notre canton, ne voulant pas y voir la résultante de leurs décisions fédérales depuis de nombreuses années et pas que dans le domaine de la santé. Alors, il y a un moment où il faut expliquer clairement que la ligne rouge a été franchie. Et tendre à nouveau le rapport de forces. Cela tombe bien : notre base a donné il y a plusieurs mois le mandat à la direction de notre parti de préparer le lancement d’une ou plusieurs initiatives pour enfin avancer dans ce dossier. Et aujourd’hui, nous disons haut et fort : trop c’est trop ! POINT VD 2 – Points forts socialistes N ° 8 9 – o c to b r e - n ov e m b r e 2 0 1 6 G r a n d co n s e i l Muriel Thalmann Députée Pully Jessica Jaccoud Députée Vice-présidente du PSV Nyon point V D Points forts socialistes – 3 N ° 8 9 – o c to b r e - n ov e m b r e 2 0 1 6 G r a n d co n s e i l - s é m i n a i r e d ’ é t é d u psv Brigitte Crottaz Députée Epalinges Chiara Storari Secrétaire générale adjointe Crissier Qui frappe part … et se soigne PLR ET UDC : notaires et petits copains VIH : Le test sauve des vies et limite l’épidémie l’occasion de revenir aux fondamentaux La violence conjugale touche tous les milieux, âges et nationalités. En 2015, elle a fait 36 victimes en Suisse, dont 5 dans notre canton. Comparativement à d’autres cantons, Vaud enregistre un grand nombre d’infractions, un nombre important d’auteur-e-s, pour un faible taux d’expulsions du domicile. « L’avocat que je suis se dit parfois que c’est peut-être son frère notaire qui a choisi le bon métier ». C’est sur cette phrase que Marco-Olivier Buffat, avocat et chef du groupe PLR au Grand conseil vaudois, a enterré et fait enterrer la motion socialiste tendant à une révision du tarif des notaires. Cocasse n’est-ce pas ? Dans les années ‘80, au début de l’épidémie de sida, 3’000 cas étaient diagnostiqués chaque année. Avec les mesures de prévention, ce chiffre s’est abaissé à 2’000 dans les années ‘90. L’arrivée des traitements a ensuite permis de diminuer la contagiosité, mais, à ce jour, 500 à 600 nouveaux cas sont encore diagnostiqués chaque année, dont 10 % dans notre canton. Le dépôt d’une interpellation demandant l’instauration de mesures plus coercitives envers les auteur-e-s de violences domestiques coïncide avec la mise en consultation de l’avant-projet de la loi cadre d’organisation de la lutte contre la violence domestique (LOVD). Ce dernier propose, notamment, de renforcer les mesures d’éloignement des responsables, ainsi que d’introduire une première séance de suivi obligatoire pour les personnes expulsées. Pour rappel, à la rentrée 2015, le groupe socialiste a soutenu une motion qui visait à réviser les émoluments prélevés par les notaires lors de transactions immobilières, inchangés depuis 1997. Ceux-ci, fixés en pour mille de la valeur de la transaction, ont augmenté entre deux et six fois plus que l’indice suisse des prix à la consommation entre 1997 et 2013. À l’heure du copier-coller et de la cyber-administration, cette augmentation est tout simplement insoutenable. Samedi 3 septembre s’est tenu à Vevey le traditionnel séminaire d’été du PSV. Une occasion de discuter des valeurs et des objectifs qui nous rassemblent. La matinée a été organisée autour des fondamentaux socialistes. Nous avons eu le plaisir d’assister à deux présentations, intitulées « À quoi sert le PS ? Les conquêtes du PS d’hier et d’aujourd’hui », présentée par Pierre Jeanneret, et « Où va le PS : quels sont sa vision et ses idéaux ? », par Dan Gallin. Les deux intervenants ont parlé de la nécessité de revenir aux fondamentaux, afin d’éviter le déclin du projet socialiste et limiter les dégâts du capitalisme. Actuellement, les entretiens et la fréquentation des groupes thérapeutiques sont volontaires. Cependant, en 2015, sur les 126 hommes orientés vers un service par la police, seuls 54 ont participé à un premier entretien, 16 ont bénéficié d’une évaluation et quatre d’un suivi. Les résultats ne sont guère plus réjouissants chez les femmes. Alors que l’on sait que seule une prise en charge dans le cadre d’une approche intégrée permet de diminuer fortement la récidive. Enfin, le rapport sur la lutte contre la récidive, établi en 2016 sur mandat du Conseil d’Etat, relève : •le manque de procuratrices et de procureurs formé-e-s et donc sensibilisé-e-s à cette problématique et •l’importance d’expulser du domicile l’autrice ou l’auteur-e de violences. Les mesures proposées jusqu’à présent vont dans le bon sens, mais sont fort timides. Pour lutter efficacement contre la récidive il faut obtenir : • une meilleure sensibilisation de tous les acteurs de la chaîne pénale (cf. engagements pris pas le Conseil d’Etat en juin 2012 en réponse au postulat Freymond Cantone), avec notamment plus de procuratrices ou de procureurs formé-e-s aux cas de violences domestiques ; • une expulsion du domicile systématique des auteur-e-s de violence et ; •l’obligation, pour ces dernières et ces derniers, de fréquenter les groupes thérapeutiques spécialisés ! Par ses élu-e-s au Grand conseil, le PS veillera à ce que ces mesures soient appliquées pour diminuer le nombre de victimes de violence domestique. Entre le dépôt de la motion et le traitement de celle-ci par le Grand conseil, le Conseil d’Etat a adopté une réformette des tarifs en proposant des baisses de 0 % à 16 % : manifestement insuffisante, lorsque l’on sait que les notaires de la région lausannoise ont vu, en 15 ans, leurs émoluments pour acte de vente augmenter de 59 % pour le logement en propriété par étage ! Mais cela était bien sûr sans compter sur le PLR et l’UDC qui ont farouchement défendu les privilèges des quelques 105 notaires installée-s dans notre canton. Par 60 voix contre 53 oui, la motion, préalablement transformée en postulat par la majorité bourgeoise, a été classée ! Il n’y aura donc pas de baisse substantielle des tarifs et encore moins une réflexion globale sur la structure tarifaire du notariat. L’objectif de cette motion n’était pas d’abandonner le notariat privé au profit d’un notariat public, comme le pratiquent certains cantons. Mais à force de se barricader de leurs privilèges et de leur arrogance, les notaires et leurs représentant-e-s ne pourront plus retenir le ras-le-bol généralisé des consommatrices et des consommateurs, las de se faire plumer au profit de nanti-e-s. Dès la prochaine législature, nous remettrons l’ouvrage sur le métier afin qu’une véritable réflexion s’opère sur ce qui reste, au demeurant, la délégation d’une tâche publique exercée par une profession libérale. Grâce aux médicaments, cette maladie est passée de maladie mortelle à maladie chronique. Toutefois, c’est une maladie que l’on ne peut encore pas guérir et dont le traitement est onéreux, tant au niveau financier (25’000.-/an par patient), que humain (la personne doit suivre un traitement très contraignant pour toute sa vie). Environ 25’000 personnes vivent en Suisse avec le VIH, dont près de 20 % ignorent leur séropositivité et sont responsables de la plupart des nouvelles infections. Il convient donc de trouver un moyen rapide et efficace de dépister la maladie, afin d’interrompre la chaîne de transmission et lever tous les obstacles qui s’opposent à l’identification de la maladie. Dans notre canton, le test de dépistage anonyme coûte 70.- pour les adultes et 30.- pour les moins de 20 ans. Ce coût peut être un obstacle pour certaines personnes pour faire le test, surtout chez celles de condition modeste, chez les jeunes ou chez les personnes ayant un comportement à risque et qui doivent effectuer le test plusieurs fois par an. Dans la plupart des pays européens, le test de dépistage est gratuit, mais, au niveau fédéral, aucune décision n’a encore été prise dans ce sens. Le prise en charge idéale des patient-e-s infecté-e-s par le VIH dépend du diagnostic précoce et du traitement efficace. Ces 2 mesures résultent en une réduction significative de la transmission de la maladie, ce qui a un impact majeur en termes de santé publique. La motion déposée le 20 septembre dernier, acceptée à l’unanimité du plénum, demande au Conseil d’État de proposer la gratuité des tests anonymes de dépistage VIH, ce qui ferait donc de notre canton le premier à mettre en œuvre des mesures efficaces pour enrayer l’épidémie. Chaque présentation a été suivie d’une discussion, animée par notre présidenct, qui a mis en évidence la volonté des présent-e-s de renforcer les valeurs du PS, ainsi que les avancées concrètes de la majorité de gauche au gouvernement. Malheureusement il ne m’est pas possible de présenter les interventions dans leur intégralité, mais je vais essayer d’en résumer les points saillants. En guise d’introduction, Pierre Jeanneret (membre du POP et spécialiste dans l’histoire du mouvement ouvrier) a proposé une réflexion sur l’idée de progrès. D’après lui, à l’origine du socialisme le « progrès » était un progrès au sens large, qui visait une amélioration au plan matériel, spirituel et culturel. Selon Pierre, petit à petit, cette notion s’est réduite à celle de progrès matériel. Par exemple, l’amélioration des conditions de travail ne doit pas se résumer à une augmentation de salaire, mais il doit également inclure la question du temps de repos pour se ressourcer et d’organisation d’activités extra-professionnelles de loisir. Pierre considère que le PS doit revenir à cette idée de progrès au sens large. En parlant donc de progrès au sens large, Pierre estime qu’une des grandes conquêtes du socialisme a été l’essor du féminisme. Bien qu’en 1921 les militant-e-s les plus engagé-e-s adhèrent au Parti communiste, le PS reste une force authentiquement féministe, même s’il ne faut pas idéaliser cet engagement. Il faut attendre les années ‘60 pour que les femmes, et notamment les socialistes, sortent de leur léthargie. Les années ‘70 seront les années de leur rébellion, du mouvement de libération de la femme, du droit à l’avortement, du régime du délai. Mais il faudra beaucoup de temps pour que les mâles qui gèrent le parti s’ouvrent à leurs camarades du sexe opposé. À ce sujet, Pierre rappelle 4 – Points forts socialistes N ° 8 9 – o c to b r e - n ov e m b r e 2 0 1 6 P O I N T vd s é m i n a i r e d ’ é t é d u psv POINT D’ORGUE Points forts socialistes – 5 N ° 8 9 – o c to b r e - n ov e m b r e 2 0 1 6 votat i o n s d u 2 7 n ov e m b r e Roger Nordmann Conseiller national Lausanne Initiative « pour sortir du nucléaire » : Le complément judicieux de la stratégie énergétique 2050 (suite de la page 3) qu’une conquête n’est jamais définitive : le recul est toujours possible et le militantisme doit rester en éveil. Au niveau de l’évolution du parti, selon Pierre un aspect important vient modifier son action au début des années ‘20. Le PS est en proie à un débat interne. Eclate la grève générale et le PS passe des idéaux révolutionnaires à l’échelle mondiale à une dimension plus « régionale ». Ce glissement est lié à la conquête des municipalités, qui porte avec soi un socialisme « communal », plus centré sur la vie quotidienne des gens. À cela s’ajoutent des influences étrangères, notamment allemandes. De plus, dans les années ‘50 on assiste à un affaiblissement de la culture socialiste, avec la semaine de travail de 5 jours, la TV et l’embourgeoisement de la société. Selon Pierre, il devient nécessaire de trouver d’autres formes d’être ensemble pour que le parti reste une entité vivante et ne devienne pas uniquement une machine électorale. Pendant son exposé, Pierre a évoqué quelques luttes importantes du passé, dont entre autres (la liste n’est pas exhaustive): la lutte pour des élections à la proportionnelle (condition pour une représentation équitable des forces politiques), la lutte pour l’AVS (la plus grande conquête sociale du 20ème siècle en Suisse), l’internationalisme prolétarien (avec notamment la lutte antifasciste), ainsi que des luttes qui n’ont pas connu un succès immédiat, mais qui ont marqué une étape vers des améliorations, notamment sur le plan social, comme l’engagement pour des investissements importants de la part de l’Etat sur le long terme (par exemple, le CHUV). Pour ce qui concerne le présent, Pierre considère que, au vu de la montée du néolibéralisme et des offensives générales de la droite, il faut reconnaître que les luttes actuelles ne sont pas des luttes de conquête, mais plutôt des combats de résistance contre le démantèlement des acquis sociaux. Jamais la notion de « résister » n’a été si pertinente ! Pour ce qui touche à la deuxième présentation, Dan Gallin (membre du PS Genève et directeur du Global Labour Institute) nous a parlé plus dans le détail de la « crise de la social-démocratie » dont nous sommes témoins dans la plupart des pays européens. Cet effondrement fait suite à un effondrement idéologique et politique. Le socialisme a en quelque sorte « intériorisé » le néolibéralisme : c’est-à-dire qu’il a intégré quelque part dans sa pensée l’idée que le néo-libéralisme est « inévitable » et qu’il faut travailler dans ce cadre pour obténir des résultat (par exemple, la Loi sur le travail proposée par le grouvernement socialiste en France). Selon Dan, il s’agit donc d’une crise de l’identité socialiste,du contenu politique, du sens même du terme «socialiste». Pour comprendre comment nous en sommes arrivés là, Dan a parcouru avec nous l’histoire du mouvement, de la chute de l’Internationale socialiste à l’écroulement du bloc soviétique. Selon lui aussi, il faut revenir aux fondements de la pensée socialiste. Il considère que ce mouvement est une forme de l’histoire millénaire de la lutte de l’humanité pour une société libre et juste. C’est de là qu’il faut repartir. C’est de là qu’il tire sa légitimité et sa force, malgré la répression, malgré toutes les défaites, reniements et trahisons. Le socialisme a été le mouvement de libération de l’humanité. Il doit le redevenir. Le contenu fondamental de l’identité socialiste - idéologique, politique et morale - doit s’appuyer à nouveau sur les notions de justice et de liberté : justice et liberté sont les notions de base qui fondent la démocratie, et de la justice découle l’idée d’égalité entre les personnes. Dan nous a également parlé de la classe ouvrière. Certain-e-s affirment que la classe ouvrière est en voie de disparition, alors que ce n’est de loin pas le cas : la classe ouvrière n’a jamais été aussi nombreuse. Bien sûr, elle a changé. La nouvelle classe ouvrière comprend beaucoup de femmes, très présentes dans le secteur informel. C’est le travail non réglementé, sans protection sociale. C’est là qu’on assiste aux abus les plus graves. Dan observe qu’une grande partie de cette nouvelle classe ouvrière n’est pas syndiquée. Si nous voulons changer le rapport de forces dans le monde, il faut syndiquer au moins entre un quart et un tiers de la classe ouvrière mondiale, tout en réinventant le syndicalisme. À ce sujet, Dan a présenté quelques exemples de syndicalisation qui démontrent qu’il n’existe pas de travailleurs ou travailleuses « inorganisables » et que la combativité se montre souvent là où on l’attend le moins. Pour finir, Dan a recommandé aux participant-e-s deux organisations qui offrent des tribunes de discussion sur la vision et les idéaux du socialisme démocratique : le Global Labour Institute (www.global-labour.org/fr) et Pages de Gauche (www.pagesdegauche.ch). Vous y trouvez également l’intégralité de son intervention. La discussion s’est ensuite prolongée avec quelques camarades autour d’un repas convivial. Nous vous attendons nombreuses et nombreux au séminaire de l’année prochaine ! Le 27 novembre, nous votons sur l’initiative constitutionnelle des verts « pour la sortie programmée de l’énergie nucléaire ». Par ailleurs, le 30 septembre, le Parlement a définitivement adopté la stratégie énergétique 2050. Si le référendum annoncé aboutit, une seconde votation populaire aura lieu, vraisemblablement le 21 mai 2017. Décryptage des enjeux. Fondamentalement, la stratégie énergétique 2050 et l’initiative pour la sortie du nucléaire partagent les mêmes objectifs : construire un approvisionnement énergétique fondé sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Mais les deux démarches sont totalement différentes, ce qui les rend complémentaires. La stratégie énergétique 2050, lancée par le Conseil fédéral, est un véritable plan d’action pour développer l’électricité renouvelable ainsi que réduire les émissions de CO2 des bâtiments et des véhicules. C’est une nouvelle politique énergétique qui va clairement dans la bonne direction et libère les moyens nécessaires. Si elle entre définitivement en vigueur, elle permettra de remplacer grosso modo la moitié de la production nucléaire actuelle. Lorsqu’une partie de ce chemin aura été parcourue, il faudra décider d’une étape ultérieure. Sur le plan du nucléaire, la stratégie énergétique ancre dans la loi l’interdiction de construire des nouvelles centrales nucléaires. Il a fallu plus de 40 ans de lutte pour obtenir une majorité au Conseil fédéral et au Parlement en faveur de cette position. C’est une percée majeure. De mon point de vue, on ne saurait reprocher à la stratégie énergétique de ne pas résoudre l’entier de tous les problèmes jusqu’à la fin des temps. Elle permet de faire une partie importante du chemin dans la bonne direction, et mérite à ce titre d’être fermement soutenue. La stratégie énergétique 2050 comporte cependant une lacune : elle ne règle pas la date d’arrêt des anciennes centrales nucléaires et omet de renforcer le dispositif de sécurité pour ces machines. De ce fait, la Suisse risque de devenir un véritable EMS pour centrales nucléaires. Le plus vieux réacteur du monde sensé être encore en service se trouve être Beznau 1. Depuis un an et demi, il est cependant « provisoirement » à l’arrêt en raison de graves défauts du métal de la cuve de pression. Si l’on prend également en considération l’arrêt imprévu de Beznau 2 au cours de la deuxième moitié de l’année passée et celui de deux mois non programmé pour Leibstadt cette année, on mesure combien ce parc vieillissant constitue un risque non seulement pour la population, mais pour la sécurité de l’approvisionnement énergétique également. L’initiative populaire « pour la sortie programmé de l’énergie nucléaire », qui a été lancée par les Verts après Fukushima, se place au niveau des grands principes : sortie du nucléaire, énergies renouvelables et efficacité, via un article constitutionnel générique, mais sans mesures concrètes. On ne saurait d’ailleurs lui reprocher ce dernier point, dans la mesure où les détails des lois n’ont pas à figurer dans la Constitution. La véritable plus-value de l’initiative ne se trouve donc pas au niveau des mesures concrètes, mais plutôt dans les dispositions transitoires, qui prévoient une durée d’exploitation maximale de 45 ans pour les centrales nucléaires existantes. De ce fait, l’initiative apporte précisément le complément nécessaire à la stratégie énergétique 2050, à savoir un délai de fermeture des centrales, indispensable pour garantir la sécurité publique. Le groupe socialiste aux Chambres fédérales a par ailleurs commandé au professeur Riva un avis de droit très fouillé sur la question d’une éventuelle indemnisation consécutive à l’arrêt des centrales nucléaires. L’expert parvient à la conclusion suivante : si l’on considère que l’arrêt des centrales nucléaires est demandée pour des raisons de sécurité, aucune indemnité n’est due. Si la justice finissait malgré tout par considérer que la mise hors service est imputable à des considérations politiques, une indemnité pourrait être due. Toutefois, il faut que les exploitants puissent prouver qu’ils auraient pu vendre leurs centrales nucléaires ou en retirer un bénéfice sans leur arrêt forcé. Or, il se trouve que ces deux conditions ne sont pas remplies : les centrales nucléaires sont de plus en plus déficitaires, et la tentative du groupe Alpiq de se débarrasser de ses participations nucléaires a fait long feu . Malgré des contacts pris dans toute l’Europe, aucun acheteur n’a pu être trouvé. Pour toutes ces raisons, le PS soutient à la fois la stratégie énergétique 2050 et l’initiative « pour la sortie programmée de l’énergie nucléaire » en votation le 27 novembre. point c h 6 – Points forts socialistes N ° 8 9 – o c to b r e - n ov e m b r e 2 0 1 6 LE P OINT S UR L’AVS Retraites : massacre à la tronçonneuse Au cours des débats, tous les votes cruciaux ont été perdus d’une grosse dizaine de voix. Cela correspond précisément aux sièges gagnés par l’UDC et le PLR lors des élections fédérales d’octobre 2015. Parmi les élu-e-s de droite qui ne ratent pourtant pas une occasion de se dire « modéré-e-s », « romands » ou « agrarien-ne-s », aucun-e n’a osé (ou n’a voulu) s’écarter, même en s’abstenant, des consignes des états-majors zurichois. Le PS a fait bloc avec les Verts et le PDC et av i vo Président de l’AVIVO-Vaud Lausanne Conseiller national Riex Le Conseil des Etats avait pourtant montré la voie en cherchant à présenter un projet équilibré de réforme de la prévoyancevieillesse. Et, lors de son discours d’entrée en matière, Isabelle Moret (PLR/VD), rapportrice de la majorité UDC-PLRVert’libérale de la commission du National, a brandit cette évidence : un projet déséquilibré n’aura aucune chance devant le peuple. Mais, alors qu’elle aimait naguère à se présenter en « radicale modérée », elle a aussitôt négligé son propre avertissement pour promouvoir des propositions de majorité toutes plus extrémistes les unes que les autres. Elle ne s’est écartée des décisions de la commission que pour soutenir des propositions de dernière minute, bricolées sur un coin de table de stamm de votation et, défense de rire, concoctées par des membres de la commission qui a pourtant étudié le projet pendant plus de 55 heures. Points forts socialistes – 7 N ° 8 9 – o c to b r e - n ov e m b r e 2 0 1 6 Roland Rapaz Jean Christophe Schwaab Le glissement du Conseil National vers la droite dure aura des conséquences difficiles pour les retraité-e-s et futur-e-s retraité-e-s modestes et de la classe moyenne. Retour sur des débats qui ont vu l’idéologie battre l’équilibre à plates coutures. point V D n’a pas ménagé sa peine pour défendre un projet équilibré et viable, mais nous avons dû nous incliner face à l’arithmétique. S’il ne fallait qu’un seul exemple des dégâts que le glissement à droite du Conseil national fait subir aux classes moyenne et modeste, ce serait à coup sûr la réforme « prévoyancevieillesse 2020 ». L’AVIVO : une association engagée d’intervention », c’est-à-dire une hausse automatique de l’âge de la retraite à 67 ans. • « Dépolitisation de la LPP », c’est-à-dire l’interdiction faite au Parlement, et donc au Peuple, de se prononcer sur les rentes du deuxième pilier, tâche désormais confiée à des « experts ». Les dindons de la farce ? Les jeunes ! Qu’a décidé exactement le Conseil national ? La droite dure de la chambre du peuple n’a pas fait dans la dentelle. Toutes les propositions anti-sociales du Conseil fédéral ont été adoptées : • Hausse de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, et tant pis si les retraitées touchent en moyenne 200’000 Fr. de moins que les retraités et que cette mesure nécessiterait de trouver un emploi pour environ 20’000 femmes. • Baisse du « taux de conversion », donc de toutes les rentes du 2ème pilier, et tant pis si la plupart des assuré-e-s subit aujourd’hui déjà des hausses constantes des cotisations… pour des prestations qui fondent comme neige au soleil. • Baisse des rentes de veuves, qui ne seront plus versées qu’aux femmes qui, au moment du décès de leur mari, ont encore des enfants à charge. Mais l’UDC, le PLR et les Verts’libéraux ont encore aggravé les choses : • Refus d’augmenter la « legal quote », c’està-dire la part des bénéfices que les assureursvie doivent reverser aux assuré-e-s. • Suppression de l’augmentation des nouvelles rentes AVS de 70.—Fr./mois voulue par les Etats. • Mise en place d’un « mécanisme Pendant toute la campagne sur « AVSplus », les opposant-e-s à l’initiative n’ont eu de cesse de prétendre qu’augmenter les rentes AVS serait coûteux pour les jeunes. Certains n’ont pas hésité à attiser la guerre des générations, dépeignant les retraité-e-s comme des paresseuses et des paresseux vivants au crochet de jeunes générations accablées et précaires, allant même jusqu’à parler d’« expropriation », voire de « cochons ». Même si elles ne reposent sur aucun élément concret, ces attaques ont malheureusement laissé des traces et mis à mal la cohésion nationale. Ces attaques sont devenues plus choquantes encore quand on sait que la droite à imposé une « compensation » de la baisse du 2ème pilier par une hausse des cotisations, qui coûtera… plus de 5 fois plus cher aux travailleur-euse-s en début de carrière que ne coûterait une augmentation des rentes AVS comme le souhaitait le Conseil des Etats. Bref, après les avoir instrumentalisés, la droite s’est bien moqué des jeunes, en leur fourguant une mesure que l’on peut résumer par « cotiser plus pour toucher moins ». En l’état, la réforme des retraites ne fait que des perdant-e-s, à part peut-être les assureursvie, qui touchent les dividendes de leur soutien inconditionnel au PLR et à l’UDC. A moins qu’un référendum… Par son histoire, sa vocation et sa vie associative l’AVIVO se distingue des autres groupements d’aîné-e-s. Depuis plus de 70 ans, « l’AVIVO, association de défense et de détente des retraités », défend l’AVS et se bat pour son amélioration, afin de permette aux retraitées et retraités (actuelle-s et futur-e-s) de ce pays de vivre dignement sans avoir recours à l’aide sociale. En 1943, des militant-e-s créent l’AVIVO (Association des Vieux, Invalides, Veuves et Orphelins), qui luttera avec succès pour l’introduction d’une assurance vieillesse pour toutes et tous. En 1947, le peuple et les cantons acceptent l’AVS, pilier fondamental de notre prévoyance vieillesse. Au fil des ans, les buts et les valeurs qui guident nos actions nous ont conduits à nous impliquer dans d’autres aspects de la vie des retraité-e-s : • en nous opposant à la baisse du taux de conversion du 2ème pilier ; • en relevant les obstacles à la mobilité des aîné-e-s sur l’espace public et dans les transports et en demandant leur disparition ; • en luttant contre les discriminations dans les assurances maladie, dans la santé, les transports et autres domaines ; • en revendiquant des aides à l’adaptation des appartements, des politiques cantonales et communales pour la construction de logements adaptés ou protégés, financièrement abordables ; • en intervenant auprès des autorités judiciaires pour revendiquer une amélioration des pratiques relatives aux curatelles et aux placements, et pour un respect strict des droits des personnes concernées. L’AVIVO s’est également opposée avec succès aux restrictions d’horaire que Mobilis voulait imposer aux utilisateurs des abonnements « AVS » et a initié la pétition pour le remboursement des primes d’assurance maladie perçues en trop. Elle s’est impliquée dans plusieurs initiatives et référendums dont les causes étaient liées aux conditions de vie des retraité-e-s. La dernière en date étant l’initiative AVSplus. Une association structurée au niveau régional AVIVO-Vaud (près de 6’000 membres) est composée de dix sections régionales autonomes pour leur organisation et leurs activités. La section cantonale est animée par un comité composé des représentant-e-s des sections régionales. AVIVO-Vaud est une des huit sections de l’AVIVO Suisse. Au niveau régional, l’AVIVO est également une association de détente, de loisirs. Toutes les activités dans ce domaine sont proposées et organisées par les membres elles et eux-mêmes. Une action bienvenue pour beaucoup de personnes est le repas de Noël de l’AVIVO, organisé dans chaque section régionale avec la participation de nombreuses et de nombreux bénévoles. Bénévolat sociale et Bureau d’information L’AVIVO-Vaud ne se limite pas aux loisirs et elle est active dans l’aide au remplissage de la déclaration fiscale ; ainsi que dans l’information, l’orientation et l’aide aux personnes rencontrant des difficultés administratives, que ce soit avec les assurances sociales, l’assurance maladie, voire dans d’autres domaines. Pour cela, l’AVIVO dispose de deux Bureaux d’information sociale, un lausannois et un cantonal. Avec la collaboration d’une septantaine de bénévoles, formé-e-s par ses soins, l’AVIVO organise entre février et avril des permanences impôts dans 26 localités du canton où se remplissent plus de 5’000 déclarations. Une opportunité de rester un-e citoyenne actif-ve, solidaire L’AVIVO tire sa légitimité et sa force du grand nombre de ses membres, de la pertinence de ses interventions, de l’investissement et de la qualité du travail de ses bénévoles et de ses collaboratrices et collaborateurs. Actif-ve ou retraité-e, adhérer à l’AVIVO, c’est soutenir un mouvement social, solidaire. Retraité-e, adhérer à l’AVIVO, c’est la possibilité de rester actif-ve, d’utiliser ses compétences, soit dans l’organisation des activités de la section régionale ou cantonale, soit auprès de nos Bureaux d’information sociale, comme bénévole « impôts » ou autre. Renseignements : AVIVO-Vaud : [email protected] 021 320 53 93 AVIVO Lausanne : [email protected] 021 312 06 54 P oint d ’ e xclamation Coup de point Philippe Mivelaz Lausanne Perliculture en eaux troubles Une vie d’huitre rend heureuse Nora Illi. Cette Zurichoise déclarait à Mise au point (28.8.2016) que « la femme est une perle dans sa coquille ». Elle aurait pu trouver refuge dans un bénitier – un bivalve géant qui fabrique parfois des perles – mais elle aurait été soupçonnée d’apostasie par son époux, Qaasim Illi, porte-parole du Conseil central islamique suisse (CCIS). Elle a donc choisi d’être l’hôte d’une huitre, tenant dans son cœur l’impureté originelle sans laquelle la formation d’une perle n’est pas possible. Mme Illi fit les titres de la presse lors de la mise en vigueur de l’initiative contre le port du voile intégral, votée en 2013 au Tessin. Vendredi 1er juillet 2016, elle s’exhiba – si l’on peut dire – le visage caché en compagnie d’un certain Rachid Nekkaz vêtu d’un costume et d’une écharpe de l’équipe nationale d’Algérie. Une faute de goût qui, outre de ne pas s’accorder avec la cravate sombre, rappelait la terrible guerre civile qui ravagea son pays d’origine dans les années 1990. On doit néanmoins saluer le dévouement à la cause salafiste de l’homme d’affaires amateur de jolies femmes – il proposait de payer l’amende de la militante du CCIS et de celles qui l’imiteraient – mais on doit aussi relever que ce n’est pas seulement l’harmonie des couleurs qu’il violait, mais la décence islamique elle-même ! Le mari de Nora, lui, ne manque pas de porter barbe fournie et qamis, sorte de robe qui, pour les plus intransigeants, doit être portée courte pour laisser les chevilles visibles en signe d’humilité. Se couvrir des oripeaux des infidèles, alors qu’aucune loi n’interdit – et c’est un tort – aux hommes de montrer les chevilles, est moralement condamnable. Qu’aucune autorité religieuse salafiste n’ait condamné l’offense faite à la « vraie religion » par cet imberbe narcissique me laisse pantois. Ce qui me désole, c’est que nous, socialistes, nous nous querellions à propos d’une initiative voulant interdire le niqab ou la burqa. Qu’on s’y oppose, en raison de l’idéologie des initiante-s, ou que l’on s’apprête à l’accepter par nos votes, les combats de tous ces guignols ne sont pas les nôtres ! Comme le dit un camarade jeune socialiste sur Facebook à propos d’une « Marche pour la vie » : « L’intégrisme d’hier est mort, et le progressisme vaincra ! » (18.9.2016). L’obscurantisme et les intégrismes ont toujours été nos ennemis. Notre conseillère d’Etat, Anne-Catherine Lyon, a révisé la loi sur l’enseignement privé pour interdire aux écoles évangélistes de dispenser la théorie créationniste en lieu et place de la pensée scientifique. Hommage lui soit rendu et son œuvre poursuivie ! Trois petits points Pierre Aguet, Vevey A l’occasion du séminaire organisé à Vevey par le PSV le 3 septembre, sollicité par Pierre Jeanneret, j’ai rédigé une petite brochure qui, sous le titre « L’Embellie », rappelle, sous formes de notes, la vie du PSV entre 1970 et 1983. J’y affirme avec force que le PSV ne doit pas être une machine à élire mais plutôt une machine à faire progresser la manière de penser du peuple vaudois. Cette période n’a pas encore été étudiée par les historiens. Julien Wicki est allé jusqu’en 1970. Or, c’est précisément en 1970 que les choses ont changé avec la création du secrétariat Impressum Points forts socialistes – 8 N ° 8 9 – o c to b r e - n ov e m b r e 2 0 1 6 Grosse surprise le 5 octobre au congrès du PLR à la Vallée de Joux: les trois candidats au Conseil d’Etat seront les trois sortants, si possible dans le cadre d’une «alliance large». On ne se réunit pas au Chenit pour se laisser aller au désordre. Quant au Sentier vers la majorité… il passe, à lire le communiqué, par «l’écoute des autres formations». Ça n’est pas encore la gloire! Alors que la presse internationale se scandalise des propos de Trump sur les femmes, la Suisse découvre sa fille spirituelle: Andrea Geissbühler. La Conseillère nationale UDC a traité les femmes victime de viol de «co-responsables» et de « naïves ». L’UDC, qui stigmatise constamment les abus dans l’aide sociale ou dans l’asile, démontre une fois de plus qu’il n’y connait rien aux vrais abus. Le PLR se fait mousser à Lausanne en demandant la suspension de David Payot sur la base de ses déclarations dans la presse. On avait moins entendu ces «Champions» de l’Etat de droit lorsqu’un conseiller d’Etat libéral-radical avait très concrètement outrepassé ses compétences pour organiser un grand spectacle en l’honneur du CIO. La critique est facile, l’art est difficile! permanent. Parce qu’il ne s’agit que de notes, la lecture est facile. Ces 14 pages rappelleront de bons souvenirs à certaines et certains. Cette petite brochure peut être commandée au secrétariat au 021 312 97 57 Responsable de parution : Chiara Storari Adresse de rédaction : Chauderon 5, 1003 Lausanne Contact : 021 312 97 57 [email protected] Maquette : Atelier Gétaz Abonnement : 25 francs