Les maladies, sexuellement transmissibles, (MST
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Les maladies, sexuellement transmissibles, (MST
ACTUALITÉ Pr. Mohamed Arezki Habel*, à Santé Mag: "Les maladies, sexuellement transmissibles, (MST), sont très fréquentes et occultées, en Algérie" Propos recueillis par Tanina Ait Les maladies, sexuellement transmissibles, font ravage, en Algérie. Pour cause, la prostitution, qui demeure une pratique «sauvage», cachée, fréquente et incontrôlée. Le Professeur Habel tire la sonnette d’alarme sur cet acte, qui est une véritable catastrophe. Tout en expliquant ce que sont ces maladies, leurs conséquences gravissimes… le Pr en gynécologie insiste sur la prévention et conseille de ne pas occulter ces maladies, qui relèvent d’un véritable problème national. Santé mag: Pouvez-vous, professeur, nous expliquer ce que sont les maladies sexuellement transmissibles ? Pr. M.A. Habel: Les maladies sexuellement transmissibles (MST) sont des maladies, qui relèvent d’un problème national; mais, qui, malheureusement, est tabou. Elles se transmettent par voie sexuelle; mais, l’inquiétant c’est que ces pathologies sont occultées dans notre société, particulièrement dans les milieux conservateurs. Et pourtant, les choses sont là. Ce sont des maladies très fréquentes, très graves, voire cer- 22 Santé-MAG N°18 - Mai 2013 taines d’entre elles peuvent entraîner la mort. Lors d’une grossesse, la femme enceinte peut contaminer son enfant. Cela peut infecter les yeux du bébé, provoquer des maladies, graves de la respiration. Ces maladies on les retrouve là où on s’y attend le moins. Peut-on avoir des chiffres ? D’après les chiffres avancés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 250 millions de personnes sont infectées, chaque année, dans le monde et nous faisons partie de ces statistiques. En Afrique, et l’Algérie incluse, bien évidemment, 40% de personnes sont atteintes de la blennorragie, qu’on appelle vulgairement «chaude pisse», la syphilis 20%, le chlamydia 15%, l’herpès génital, qui peut être la cause du cancer du col utérin, 10%; sans parler du sida, qui touche 80% de prostituées et 10 à 15% de femmes au foyer. Chez nous, il faut noter que la prostitution n’est pas contrôlée; elle est sauvage, occasionnelle. Qu’on le veuille ou non, il y a, chez nous, une prostitution cachée et fréquente qu’on ne contrôle pas; ce qui constitue une véritable catastrophe. Vous dites une "catastrophe" chez nous, pourquoi ? Les personnes atteintes n’en parlent pas, ne font pas de diagnostic; d’autant plus que, parfois, ces maladies ne présentent pas de signes apparents. Seuls le gynécologue, le médecin généraliste, ou la sage-femme peuvent les dépister, lors d’un examen. Quelles sont les maladies les plus fréquentes, chez nous ? En Algérie, il y a, d’abord, la blennorragie (chaude pisse)- on l’appelle ainsi, car elle touche les canaux génitaux et donne des sensations de brûlure terribles à la femme et à l’homme, lors de l’émulsion d’urine-. Il y a, aussi, le chancre mou, qui est très fréquent. Il se présente comme un petit bouton, sur les organes génitaux. La syphilis, qui est de retour chez nous, particulièrement dans le Grand Sud, avec les frontières des pays sub-sahariens. On peut citer, aussi, la chlamydia qu’on retrouve partout sur le territoire national et qui peut être la cause de stérilité. L’hépatite B, l’herpès ACTUALITÉ génital qui peut évoluer en condylome et se transformer en cancer du col utérin. Et bien sûr, il y a le "fameux" sida, que tout le monde connaît maintenant, mais trop occulté, alors qu’il existe, malheureusement, chez nous et de manière de plus en plus fréquente. Toutes ces maladies se transmettent par le sang, les secrétions génitales ou le sperme. Comment peut-on prévenir ces différentes et graves maladies ? D’abord, la fidélité dans le couple. Cela diminue les risques de contamination. Sinon, utiliser le préservatif. Contre l’hépatite B, il y a un vaccin. Récemment, on a, également, introduit le vaccin contre le cancer de l’utérus (l’herpès et le condylome), qu’on administre à la jeune fille avant le premier rapport sexuel. Mais, si je vous dis que ces deux vaccins existent cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas prendre des précautions, car leur efficacité n’est prouvée qu’a 80%. Donc, la meilleure façon de se protéger c’est l’utilisation du préservatif, en cas de rapport sexuel douteux, ou l’abstinence. Ces maladies ont-elles un traitement ? Si on prend ces différentes maladies, on peut soigner la blennorragie et la syphilis, dans le cas où elles sont détectées. Pour cela, il suffit de les diagnostiquer, par un bilan sanguin. Pour le condy- lome, qui est aussi un cancer du col, si on fait un diagnostic précoce, on peut le traiter et éviter des complications. L’essentiel et d’en parler à son médecin; il n’y a aucune honte. Le praticien est toujours là, pour écouter, orienter, soigner le malade, sans jugement de valeur. Cela peut, au moins, diminuer le risque de propagation de ces maladies, qui peuvent, mal soignées, provoquer des complications. Quels sont les moyens les plus efficaces dans la prévention ? Il faut expliquer aux gens, communiquer, discuter, pour prévenir. Toujours en parler, à travers les médias, à la télévision, dans les journaux, à la mosquée, dans les écoles. Cela ne relève pas de cours d’éducation sexuelle - qui est un tabou, chez nous- mais, tout simplement d’éducation, d’hygiène. La prévention relève, aussi, de la discussion entre le patient et le médecin traitant. Ce dernier doit connaître les habitudes sexuelles du couple. En outre, des examens, pour la détection du sida, de l’hépatite B, de l’herpès, du condylome doivent être, systématiquement, demandés, lors de la consultation. Quels sont les signes qui doivent pousser une femme à consulter ? Les démangeaisons, les pertes et prurit vaginal, la fatigue, des douleurs lors des rapports sexuels - que ça soit chez l’homme, ou chez la femme - sont autant de signes qu’il ne faut pas négliger. Lorsque ces symptômes sont, déjà, visibles, c’est parce que la maladie a fait du chemin et donc, il faut traiter sans tarder. Un dernier mot… J’insiste sur le fait qu’il ne faut pas occulter ce problème, chez nous. Le seul moyen de sortir de ce marasme est d’en parler. Ne pas faire la politique de l’autruche et se dire que, chez nous, cela n’existe pas. Non seulement c’est fréquent, mais ce sont des maladies très graves. Ne pas se dire que nous sommes de bons musulmans. Ça existe dans tous les pays du monde, musulmans ou non ! Il faut transmettre le message, surtout pour les gens de l’intérieur du pays, des petites villes, des petits villages, de la montagne. Certains hommes sont inconscients. Ils ont des rapports sexuels avec différents partenaires et contaminent leurs épouses. La contamination, en Algérie, est beaucoup plus masculine que féminine, alors qu’en Europe, c’est le contraire * Pr Habel, directeur général de la clinique El-Bordj de Bordj-El-Kiffan, gynécologue-obstétricien, spécialiste de la stérilité et fécondité in vitro. Nouveau test, pour détecter les anticorps contre le VIH Des virologues américains ont créé un nouveau test permettant d’identifier les anticorps contre le VIH, le virus responsable du sida, dans le sang de certaines personnes infectées; ce qui pourrait accélérer la recherche sur un vaccin, selon leur étude publiée. Ces anticorps, qui neutralisent le VIH (virus de l’immunodéficience humaine), sont capables d’empêcher une infection par la majorité des souches du virus dans le monde, expliquent les auteurs de cette recherche, parue dans la revue américaine ‘’Science’’, datée du 9 mai. Les scientifiques de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) étudient, depuis longtemps, des sujets rares infectés avec le VIH, dont le sang montre de puissantes propriétés de neutralisation du virus. Comprendre comment ces anticorps se développent et attaquent le virus peut révéler des indices importants, pour concevoir un vaccin anti-VIH, qui demeure un énorme défi, pour la médecine. Jusqu’alors, les techniques ne permettaient pas de détecter facilement, en analysant les échantillons de sang, les caractéristiques des anticorps du VIH présents, ou les parties du virus qu’ils ciblaient, expliquent les auteurs de l’étude. De plus, il était "extrêmement laborieux" de déterminer où et comment ces anticorps s’attachaient au virus, nécessitant, en outre, de grandes quantités de sang des donneurs. Ce nouvel outil permet aux scientifiques de déterminer, précisément, les anticorps du VIH présents dans un échantillon de sang donné. Appelé "empreinte digitale" des anticorps neutralisant le VIH, cet outil qui est, en fait, un algorithme mathématique, permet d’exploi- ter l’importante banque de données sur les anticorps contre le VIH, constituée ces dernières années. Ce système permet de mesurer quelles souches du virus peuvent être neutralisées par un anticorps donné et avec quelle intensité, précisent les auteurs de l’étude. Les anticorps, qui visent la même partie du virus, ont tendance à avoir la même empreinte. Les échantillons de sang contiennent un mélange d’anticorps du VIH. Ce nouvel algorithme calcule les types spécifiques d’anticorps présents et la proportion de chacun d’eux, en comparant leurs caractéristiques avec celles contenues dans la banque de données. Cette technique peut, aussi, être utilisée, pour l’étude des réponses immunitaires humaines à d’autres pathogènes, comme les virus de la grippe et de l’hépatite C N°18 - Mai 2013 Santé-MAG 23