050411 jeunes fonction publique
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050411 jeunes fonction publique
Note de veille, 5 avril 2011 Les jeunes et la fonction publique : quelques enseignements à tirer des sondages d’opinion Les jeunes apprécient la fonction publique et, pour nombre d’entre eux, apprécieraient de la rejoindre. C’est l’enseignement, qui n’est en rien contre-intuitif, de la reprise d’une série de sondages réalisés ces 10 dernières années. Entre 15 et 30 ans, pour reprendre la fourchette large des différentes enquêtes, une large part de jeunes (qui sont toujours d’anciens enfants…) rêvent encore de devenir pompiers, maîtresses, policiers ou infirmières… Plus sérieusement, il apparaît un attrait marqué pour la fonction publique, au sens large. Cet attrait peut s’expliquer, d’une part, par la sécurité de l’emploi attachée au statut et, d’autre part, par la valorisation des valeurs et des missions du service public. Depuis une dizaine d’années, la faiblesse de l’activité économique et la persistance d’un taux de chômage élevé, malgré les « trois glorieuses » de la fin de la décennie 1990, conduisent assurément les jeunes à privilégier un secteur dont l’avantage premier reste la sécurité de l’emploi. L’engouement pour la fonction publique ne saurait seulement se limiter à son caractère protecteur dans un contexte de crise de l’emploi. Ce n’est pas seulement le statut (de fait probablement méconnu dans ses déclinaisons possibles), mais aussi les missions, les idées et les valeurs du service public qui motivent les futurs et les tout nouveaux actifs. Les personnes sondées, et notamment les jeunes, apprécient, globalement, la fonction publique. Celle-ci exerce incontestablement un attrait sur les jeunes, certainement pour les protections qu’elle procure et pour les missions qu’elle assure. Si un tiers des jeunes marquent une nette préférence et une vocation pour la fonction publique (en général), la majorité d’entre eux souhaitent tout de même plutôt se tourner vers le privé. Ce sont probablement leurs parents qui sont les plus intéressés par la perspective d’une intégration de leur enfant à la fonction publique, certainement là encore en partie en raison de l’adhésion aux fondements et aux valeurs du service public, mais plus encore dans un souci de protection. Les Français apprécient la fonction publique et les fonctionnaires Depuis une trentaine d’années, et avec une accélération poussée depuis le développement de la vague de la qualité de service et des théories du New Public Management, les enquêtes auprès des citoyens, des habitants, des ressortissants des divers pans des politiques publiques se sont multipliées. Il existe des batteries de questions régulièrement renseignées sur la qualité perçue des services de La Poste, de la Préfecture de police de Paris, des Caisses d’allocations familiales, de l’ANPE, et certainement de toute institution publique engagée dans la voie de la modernisation. En revanche, il n’existe pas d’enquête barométrique sur la fonction publique en général. On doit donc passer par la reprise des sondages épars qui ont pu être réalisés sur la question. Le dernier en date, réalisé par CSA pour la FSU en décembre 2006, indiquait que 77 % des sondées ont une bonne image de la fonction publique. Ceci ne déguise en rien les © Futuribles, Système Vigie, 5 avril 2011 1 appréciations différenciées qui peuvent exister sur les performances de telle ou telle institution publique (la Justice, l’Éducation nationale et le service public de l’emploi étant souvent les plus mal « notés »). Mais cette information confirme que les personnes interrogées, en France, se déclarent toujours majoritairement satisfaites des fonctionnaires, en général. C’était le cas de près de deux tiers des Français (65 %) qui jugeaient en juillet 2004 que les fonctionnaires « remplissent très bien ou assez bien leur rôle », selon un sondage Sofres réalisé à l’occasion d’un colloque organisé au Sénat par l’association des anciens élèves de l’ENA. En septembre 1995, les Français, à travers une enquête Sofres, se déclaraient déjà globalement satisfaits de leurs fonctionnaires et de leurs services publics. À un jeune qui voulait réussir sa vie professionnelle, 44 % des personnes interrogées alors conseillaient la fonction publique plutôt que le privé (41 %). L’attrait de la fonction publique sur les jeunes Selon un sondage réalisé en janvier 1994 auprès de 3 000 lycéens et étudiants, pour l’ONISEP, 40 % des jeunes plébiscitaient la fonction publique, avant les grandes entreprises (25 %) et les professions libérales (20 %). Le constat n’est pas neuf : les jeunes envisagent positivement la perspective d’entrer dans la carrière publique. De la lecture de diverses enquêtes, on peut tirer ce constat solide : plus de trois jeunes sur cinq sont d’accord, s’ils en ont la possibilité, pour intégrer la fonction publique. Ceci ne veut pas dire pour autant que cette option a leur préférence immédiate. Mais elle peut toujours être évaluée favorablement. Une étude, réalisée par l’IFOP à l’occasion du premier salon de l’emploi public en 2004, montre qu’exercer un métier dans l’une des fonctions publiques est « attirant » pour les trois quarts des jeunes. 70 % des personnes interrogées affirment même souhaiter y travailler, si elles en ont « personnellement la possibilité ». Ces résultats ont été confirmés l’année suivante lors du deuxième salon de l’emploi public. En termes de motivation, c’est bien la question de la sécurité de l’emploi qui apparaît au premier rang. Mais il serait erroné ou fallacieux de ne pas citer les motivations qui relèvent plus de l’engagement au service des autres que du souci de protection personnelle. 84 % des jeunes considèrent ainsi en 2005 que « la fonction publique offre la garantie de l’emploi », qu’elle est « au service des citoyens » (72 %), qu’elle « défend l’intérêt général » (66 %), qu’elle « fournit des prestations de qualité » (62 %). Pour 65 % des jeunes, « faire carrière dans la fonction publique n’est pas anodin, c’est un véritable engagement ». L’attractivité de la fonction publique est la plus élevée lorsque les jeunes l’envisagent d’une manière générale, sans que référence soit faite à l’une des trois fonctions publiques en particulier. C’est la fonction publique territoriale, probablement synonyme de proximité, qui attire le plus les jeunes : 55 % des sondés se déclarent prêts à y travailler s’ils en avaient l’opportunité, contre 52 % pour la fonction publique d’État et 48 % pour l’hospitalière. © Futuribles, Système Vigie, 5 avril 2011 2 Les jeunes et la fonction publique : attrait et souhait (en %) ATTRAIT « Exercer un métier dans … est attirant » Fonction publique en général Fonction publique territoriale Fonction publique d’État Fonction publique hospitalière 76 65 63 60 SOUHAIT « Si vous en aviez personnellement la possibilité vous travailleriez dans » 70 55 52 48 Source : Les jeunes et la fonction publique. IFOP pour la Gazette des Communes et Le Monde, mars 2005. Un constat tout de même à relativiser… Les sondages ont cet intérêt d’être nombreux, et parfois apparemment ou véritablement contradictoires… Ce qui permet des analyses qu’on peut tenter fines. Il serait ainsi hasardeux ou présomptueux de seulement rappeler que trois cinquièmes des jeunes déclarent apprécier la fonction publique au point, le cas échéant, de se proposer d’y entrer. La réalité est que les jeunes ont le choix. Et qu’à ce titre, par rapport à leurs contraintes et à leurs aspirations, ils continuent à privilégier l’entreprise. S’ils ont le choix entre la fonction publique, une PME (petite ou moyenne entreprise), une multinationale et une grande entreprise nationale, ils préfèrent la fonction publique. Il s’agit là de l’enseignement principal d’une enquête Ipsos réalisée en quatre vagues depuis 2003 pour le compte de la CGPME (Confédération générale du patronat des PME). Une majorité relative des jeunes de 15 à 25 ans privilégie bien la fonction publique comme cadre de travail, révèle ce sondage. « Dans l’idéal », 35 % des jeunes interrogés en 2006 (contre 28 % en 2003) préféreraient travailler comme fonctionnaire, contre 32 % qui privilégieraient un poste dans une PME, 15 % dans une multinationale, 14 % dans une grande entreprise… Cependant, au total, si un tiers des jeunes marquent leur préférence pour la fonction publique, les deux tiers se prononcent en faveur de l’entreprise (quelle que soit la taille de celle-ci). Dans l’idéal, vous personnellement, souhaiteriez-vous plutôt travailler (en %) 2003 28 2004 34 2005 36 Dans la fonction publique Dans une PME (moins 36 31 35 de 250 salariés) Dans une 24 20 15 multinationale Dans une grande 9 11 12 entreprise NSP 3 5 2 Source : La perception par les jeunes et les seniors de l’entreprise – IPSOS/CGPME 2006 35 32 15 14 4 Une autre étude, réalisée par l’IFOP pour le MEDEF, en janvier 2006, durant le Salon de l’étudiant, indique que les 15-24 ans sont plus attirés par l’entreprise (51 %) que par la fonction publique (34 %) ou les associations (13 %). Cette donnée — un tiers des jeunes véritablement prêts à s’investir dans le public — peut se confirmer rétrospectivement par une enquête Sofres de 2001 (pour Le Monde / Le train de l’emploi) auprès non pas des jeunes, mais des futurs diplômés de l’enseignement supérieur et des jeunes diplômés. Pour 34 % d’entre eux, c’est la fonction publique qui est préférée. Mais © Futuribles, Système Vigie, 5 avril 2011 3 les grandes entreprises sont devant (38 %), suivies par les PME (13 %), les professions libérales (7 %) et la création d’entreprise (5 %). Si l’on isolait les seuls étudiants, alors la fonction publique arrivait en tête (41 % des suffrages). Une autre enquête antérieure, réalisée en 2000 par CSA pour Le Parisien, indiquait que 41 % des 16-24 ans souhaitaient travailler dans la fonction publique. On est toujours là dans le même ordre de grandeur, sur plus d’un demie décennie, et à travers différentes périodes, certaines d’euphorie économique (tout début 2000), d’autres de crainte de récession. Un attrait aussi pour les parents des jeunes… Dans une France où le taux de chômage n’a depuis 20 ans jamais été inférieur à 8 % (ce qui fait du pays une exception de la zone OCDE), les parents sont inquiets pour l’avenir professionnel de leurs enfants. La fonction publique s’en trouve érigée non pas en valeur refuge (comme on dit dans le monde de l’épargne) mais en statut refuge. L’attrait des Français pour la fonction publique a été mesuré en trois vagues (1998, 2006 et 2007) par l’Ipsos pour Le Monde et La Gazette des Communes. Cet attrait est particulièrement élevé lorsqu’il se mesure à l’aune de la proportion des Français qui encourageraient leur enfant à devenir fonctionnaire si celui-ci le souhaitait. En mars 2007, plus de trois Français sur quatre (77 %) iraient dans ce sens. Imaginez que votre enfant souhaite devenir fonctionnaire, l’encourageriez-vous ? (en %) Mars Février Mars 1998 2006 2007 OUI 77 82 77 NON 17 15 19 NSP 6 3 4 Source : Les Français et la fonction publique – IPSOS/La Gazette des Communes/Le Monde – février 2006 Julien Damon Champ de veille : Valeurs, croyances, cultures Mots clefs : Sondage d’opinion publique / Fonction publique © Futuribles, Système Vigie, 5 avril 2011 4