Fernando Botero au Musée Würth Erstein

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Fernando Botero au Musée Würth Erstein
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Fernando Botero au Musée Würth Erstein
Les beautés comestibles de « Fernando Botero. Collection Würth
et prêts » au Musée Würth d'Erstein
du 21 septembre 2015 au 15 mai 2016
Fernando Botero Musée Würth Erstein©VB
Samedi 24 octobre 2015, 15h. Visite guidée par Catherine Koenig. Entrée en sus, passmusée
accepté / [email protected]
Le Musée Würth présente une riche sélection d’œuvres du peintre et sculpteur colombien
Fernando Botero. Cet ensemble, issu de la Collection Würth et de l’atelier de l’artiste, couvre
une période allant des années 1960 jusqu’à aujourd’hui.
C’est suite à l’abandon de sa formation dans une école taurine colombienne que le jeune
Fernando Botero s’oriente vers la peinture et le dessin à la fin des années 1940. La décennie
suivante sera marquée par des séjours d’étude à Madrid, Paris et Florence, durant lesquels il
copie sans relâche les grands maîtres de la peinture espagnole et de la Renaissance italienne.
Il trouve dans les peintures et les fresques de Fra Angelico, Piero della Francesca, Uccello ou
encore Raphaël, des aspects qu’il intégrera dans ses recherches artistiques : une régularité
des formes épurées et simplifiées, le rôle central joué par la figure humaine dans la
composition, une représen- tation presque statique des personnages. Un tournant décisif
intervient en 1956 avec Nature morte à la mandoline : Botero découvre l’importance de
communiquer le volume de l’objet et n’hésite pas à lui donner un caractère monumental. Dès
lors, son style unique se révèle dans des formes rondes et généreuses, ses personnages
acquièrent une volupté toute baroque et ses natures mortes aux fruits surdimensionnés une
extravagante opulence.
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L’exposition aborde différentes thématiques chères à l’artiste : la tauromachie, le cirque,
l’Amérique Latine, la nature morte ou les références à l’histoire de l’art. Dans toutes ses
œuvres, le comique, voire la satire, le dispute à la tristesse. La sérénité apparente qui s’en
dégage est fragile et souvent empreinte d’une signification sociale et culturelle.
Boterosutra -section déconseillée aux moins de 14 ans-
Botero Würth Erstein©VB
La série intitulée Boterosutra aujourd’hui exposée au Musée Würth, est, comme le révèle non
sans humour le titre, inspirée du Kâma-Sûtra, recueil d’aphorismes sanscrits sur le désir. Dans
cet ensemble peu conventionnel, Botero reste fidèle à son style figuratif naïf et voluptueux,
représentant dans plus de 80 dessins, peintures et sculptures un couple faisant l’amour dans
une grande variété de positions. Boterosutra évoque, de façon paisible et contenue,
l’interaction rythmique entre deux corps. Le corps, le nu et la sen- sualité ayant toujours occupé
une place importante chez Fernando Botero, on ne s’étonne pas de voir abordé ici le thème de
l’érotisme.
SUR LE TRAMPOLINE DE L’AMOUR par Werner SPIES Extraits :
C’est la seconde fois que la Collection Würth consacre à Fernando Botero une exposition qui
présente un ensemble inédit de ses travaux. Il s’agit aujourd’hui de son cycle Boterosutra. Les
variations de l’artiste colombien évoquent le titre du plus ancien traité hindou d’amour érotique,
le Kâma-Sû- tra composé en sanskrit au III? siècle par Vâtsyâyana Mallanâga, alors qu’il vivait
à Bénarès et se vouait à l’étude de la tradition védique […]
Fernando Botero s’est toujours intéressé au nu et l’on ne saurait s’en étonner. Le corps, dans
sa pleine dimension de sensualité, forme le thème majeur de son art et le trait caractéristique
de ses peintures et de ses sculptures, au point d’être devenu sa marque de style, parfaitement
reconnaissable et impossible à confondre […] Il dit qu’il fait enfler les formes pour les doter de
plénitude. En revanche, l’épaisseur, la corpulence ne l’intéressent pas du tout comme telles
[…]La série regorge d’allusions à l’histoire de l’art, à Jacob Jordaens, Peter Paul Rubens,
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Degas ou Picasso par exemple, et l’on ne saurait manquer de voir qu’ici ou là, une tête rejetée
en arrière renvoie à la ferveur que Jean-Auguste-Dominique Ingres a su exprimer dans son
tableau de Jupiter et Thétis (1811) […]
Ce sont également des plaisirs anti-platoniques qui nous attendent à chaque pas dans les
romans de Vargas Llosa. L’écrivain ne renvoie-t-il pas lui-même à l’équation, courante dans le
monde hispanique, qui associe le beau (hermoso) avec les formes pleines d’une personne bien
nourrie ?
La « beauté selon Botero serait-elle comestible »comme chez Salvador Dalí et Luis Buñuel qui
ont célébré l’exaltation de la chair, avec le bio- morphisme à couper le souffle qui éclate dans
les sculptures réalisées par Picasso à la fin des années 1920, quand Marie-Thérèse Walter
posait pour lui […].
L’ABONDANCE SOMPTUEUSE par Mario VARGAS LLOSA Extraits :
Botero Würth Erstein©VB
Lorsque Fernando Botero était enfant, la tradition qui assimile l’abondance à la beauté était
très vive en Amérique latine […] Les formes exubérantes des artistes coiffées d’un chignon haut
qui chantaient des boléros, dansaient la huaracha et portaient des vêtements serrés qui
gonflaient leur poitrine et grossissaient leurs fesses avec une vulgarité étudiée […] ont dû rester
ancrées dans le subconscient de l’enfant de Medellín. Plus tard, elles se mêleraient dans une
alliance insolite, aux vierges et madones du 15e siècle italien, aux pieds desquelles Botero
atteignit la maturité artistique […] Tout, dans l’art de Botero, résulte de la même alchimie entre
la tradition esthétique occidentale, qu’il étudia avec passion en Italie, et l’expérience de
l’Amérique latine provinciale, exubérante et vitale, de sa jeunesse […]
À la différence de ce qui se passe avec l’existence humaine, le monde de Botero est un monde
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gelé, un temps devenu espace. Ses fruits, ses êtres humains, ses animaux, ses arbres, ses
fleurs sont arrivés à pleine maturité, avant de commencer à pourrir, s’oxyder, moisir ou mourir.
Ce moment de surabondance est celui que la peinture de Botero fige dans l’éternité,
l’arrachant au temps, c’est à dire à la dégradation. Ce temps suspendu est celui de la mémoire
et de la nostalgie, un passé […]
Le monde de Botero est américain, andin, provincial, parce que ses thèmes inventent une
mythologie à partir des images emmagasinées dans sa mémoire depuis l’enfance […] Un
monde de gens bien habillés, de routines strictes, de messieurs, des avocats à n’en pas
douter, à lunettes et aux cheveux gominés, qui se coupent la moustache au millimètre près,
portent un gilet et ne quittent jamais leur cravate. Les jeunes filles adorent les uniformes
d’opérette des militaires et les vieilles femmes les habits mordorés des curés et des
religieuses. Les distractions sont rares […] Ce monde réprimé, machiste, aux instincts bridés par
la religion et le qu’en dira-t-on, se déchaîne dans cette institution maudite et désirable, aussi
solide que la famille, son alter ego, où l’on se rend la nuit en cachette : le bordel.
Là, l’avocaillon pointilleux et le fonctionnaire ponctuel, le dévot rentier et le militaire autoritaire
peuvent laisser sortir les démons qu’ils occultent devant leurs familles et en journée, et jouer
de la guitare, raconter des cochonne- ries, s’enivrer jusqu’à perdre tout discernement et
forniquer comme des crapauds […] Sa fascination pour le 15e siècle italien ne fut pas due
uniquement à la générosité artistique offerte à son admiration mais aussi au fait qu’à travers
cette richesse lointaine, il découvrait et valorisait sa propre richesse. En d’autres termes, une
forte disposition pour le « réalisme » et contre l’abstrait, pour « le concret » et « le précis », pour
un monde dans lequel la « quantité » jouerait un grand rôle et où les thèmes et les motifs
constitueraient une mythologie dont la filiation et les racines sont typiquement de la classe
moyenne […]
Botero peint comme s’il faisait l’amour ou dégustait un mets.
Tout ce qu’il dessine, peint ou sculpte, par le fait d’être dessiné, peint ou sculpté, réveille sa
solidarité et son affection et est exalté. La célèbre expression de Saint John Perse, « je parle
dans l’estime », pourrait être sa devise. « Je peins dans l’estime », autrement dit dans
l’enthousiasme et la ferveur pour les êtres et les choses du monde […]
Lima, le 26 août 1984 Mario VARGAS LLOSA
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BIOGRAPHIE Fernando Botero
Nait le 19 avril 1932 à Medellín en Colombie. Son père, David Botero, décède quatre années
plus tard.
1944 Fasciné par la corrida et sous l’impulsion de son oncle, entre dans une école taurine.
Interrompt la formation au bout de deux ans pour se consacrer à la peinture.
1951 Séjourne à Tolu (Colombie) pendant neuf mois. Première exposition personnelle à la
galerie Leo Matiz à Bogotá témoignant des influences de Gauguin et Picasso, périodes bleue et
rose.
1952 Obtient le deuxième prix au 9ème Salon des artistes colombiens. Grâce à la récompense,
voyage en Europe (Barcelone, Madrid, Paris) et se confronte aux grands maîtres de l’histoire
de l’art.
1953-1954 Entre à l’Académie San Marco de Florence et étudie la peinture de la Renaissance
italienne. S’initie à la technique de la fresque.
1956 S’installe à Mexico et réalise Nature morte à la mandoline. Cette étude novatrice sur le
volume marque un tournant décisif dans sa carrière, en rupture avec les rapports de proportions
classiques.
1958 Enseigne la peinture à l’Académie des Arts de Bogotá. Illustre la nouvelle Tuesda
Siesta de Gabriel Garcia Marquez et réalise la Camera degli sogni, inspirée de La Chambre des
Epoux de Mantegna, qui reçoit le premier prix du 11e Salon colombien.
1960 Expose au musée Solomon R. Guggenheim à l’occasion du Guggenheim International
Award et s’installe à New-York.
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1967 Séjourne alternativement en Colombie, à New York et en Europe.
1973 S’installe à Paris et crée ses premières sculptures.
1974 Première grande rétrospective de ses œuvres à Bogotá en Colombie.
1976 Grande rétrospective au Museo de Arte Contemporáneo de Caracas au Venezuela, après
laquelle il reçoit la médaille Andrés Bello par le président vénézuélien. Se marie avec l’artiste
Sofia Vari (3ème mariage).
1979–1981 Expositions itinérantes aux Etats-Unis, en Europe et au Japon.
1991 / 1992 Présente ses sculptures monumentales au château du Belvédère à Florence, au
jardin du casino de Monte-Carlo et sur les Champs-Elysées à Paris.
2000 Fonde deux musées en Colombie (Bogotá et Medellín) auxquels il donne plus de
deux cents de ses peintures, dessins et sculptures, ainsi qu’une centaine de chefsd’œuvre de sa collection personnelle (Picasso, Bonnard, Monet, Degas, Miró, Chagall,
Renoir, Corot, Matisse, Toulouse-Lautrec, Matisse, Klimt, Dalí, Moore, Rauschenberg,
Stella, etc.).
2005 / 2006 Rétrospective à la Kunsthalle Würth à Schwäbisch Hall en Allemagne.
2012 / 2013 Rétrospective à l’occasion de ses 80 ans : Una celebración au Palacio de Bellas
Artes de Mexico et au Museo de Bellas Artes de Bilbao en Espagne.
2013 / 2015 Exposition Boterosutra à la galerie Gmurzynska à Saint-Moritz, puis au Forum
Würth de Rorschach en Suisse.
Fernando Botero vit à Paris, New York, Monte Carlo et Pietrasanta (Italie).
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Robert.Jacobsen 1986 Musée Würth ©VB
CATALOGUE de l’exposition :
? Fernando Botero – Boterosutra
«Sur le trampoline de l’amour» de Werner Spies
© 2015 les auteurs, Forum Würth Rorschach,
Musée Würth France Erstein et Swiridoff Verlag, Künzelsau
© Fernando Botero
ISBN 978-3-89929-309-8
Couverture : Fernando Botero, Boterosutra 51 (détail) Format : 24,5 X 16,5 cm - 128 pages
Livret de traduction française
Format : 24,5 X 16,5 cm - 16 pages Tarif : 29,50 €
? «L’abondance somptueuse» Texte de Mario Vargas Llosa
Versions française et allemande éditées à l’occasion de l’exposition
Mario Vargas Llosa. «La suntuosa abundancia»
© Mario Vargas Llosa, 1984
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© 2015 les auteurs, Musée Würth France Erstein, et Swiridoff Verlag, Künzelsau ISBN
978-3-89929-325-8
Format : 16,5 x 24 cm - 56 pages Tarif : 13 €
MUSEE WÜRTH ERSTEIN
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