LES INSTRUMENTS FINANCIERS DÉRIVÉS SELON LA SWISS
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LES INSTRUMENTS FINANCIERS DÉRIVÉS SELON LA SWISS
SWISS GA AP RPC Le traitement des instruments financiers dérivés dans les états financiers n’est pas une discipline simple étant donné la complexité de ces instruments. Malgré cette complexité, la Swiss GAAP RPC 27 prévoit des principes d’évaluation et de présentation aussi simples que possibles, principes que l’auteur présente dans cet article. THIERRY KENEL LES INSTRUMENTS FINANCIERS DÉRIVÉS SELON LA SWISS GAAP RPC 27 Une norme simple et facile à appliquer 1. INTRODUCTION La Commission pour les recommandations relatives à la présentation des comptes a réussi, avec les nouvelles Swiss GAAP RPC édition 2007 [1], à présenter un cadre conceptuel qui est applicable à la fois aux petites et aux grandes entités, en proposant une structure modulaire. Les petites entités soumises aux Swiss GAAP RPC respectent en tout cas les RPC fondamentales. Une entité dépassant au cours de deux exercices successifs deux des trois seuils définis qui sont a) le total du bilan de CHF 10 millions, b) le chiffre d’affaires de CHF 20 millions et c) l’effectif de 50 personnes, appliquent en plus des RPC fondamentales les autres normes RPC, dont la norme Swiss GAAP RPC 27 concernant l’évaluation et la présentation des instruments financiers dérivés. Cette dernière prévoit la présentation de ces instruments obligatoirement dans le bilan alors qu’une présentation hors bilan était suffisante dans les normes antérieures (Swiss GAAP RPC 10 éditions 2005/06 et précédentes) [2]. La présentation des instruments financiers hors bilan reste cependant obligatoire pour les entités qui ne dépassent pas le seuil décrit ci-dessus et sont de ce fait dispensées de l’obligation d’application de la Swiss GAAP RPC 27. Le traitement des instruments financiers dérivés dans les états financiers n’est pas une discipline simple à cause de la complexité que ces instruments peuvent revêtir. L’objectif de cet article est dès lors de ne traiter que les principes d’évaluation et de présentation prévus par la norme Swiss GAAP RPC 27 sans approfondir les traitements complexes. Nous nous limitons donc à ne présenter ci-après que les éléments THIERRY KENEL, DR SC. ÉC. HEC, RECHERCHE ET ENSEIGNEMENT EN MCCF HEC UNIL, LAUSANNE/VD, THIERRY.KENEL@ BLUEWIN.CH 5 | 2008 L’E X P E R T- C O M P TA B L E S U I S S E essentiels de la norme, à savoir la définition, l’évaluation et le traitement des instruments financiers dérivés dans les états financiers selon le type d’opération. 2. QU’EST-CE QU’UN INSTRUMENT FINANCIER DÉRIVÉ? Les instruments financiers de base (utilisés comme sousjacents à un instrument dérivé) sont de simples papiers-valeurs comme les actions, les obligations, les taux d’intérêt ou des devises donnant des droits aux détenteurs. Ces instruments de base, qui nécessitent normalement un investissement initial conséquent pour pouvoir les acquérir, sont des contrats qui représentent un actif financier pour une entité et un passif financier, ou un instrument de capitaux propres, pour une autre entité. Mais au lieu d’acquérir des instruments financiers de base, il est possible de s’engager contractuellement dans une opération d’acquisition conditionnelle différée dans le temps, sans ou avec une fraction d’investissement financier initial par rapport à l’acquisition d’un instrument financier de base. Un exemple très simple est un contrat à terme dans lequel l’acquéreur s’engage à acheter à une date fixée à l’avance et à un prix prédéfini une certaine somme dans une devise étrangère. Ces notions sont reprises dans la norme Swiss GAAP RPC 27 sous chiffre 1 qui définit un instrument financier dérivé comme un instrument financier, dont a) la valeur découle prioritairement du prix d’un ou plusieurs actifs sous-jacents (la valeur de référence), b) qui requiert un investissement initial minime ou nihil par rapport à l’acquisition directe du sous-jacent et qui c) est dénoué (donc exercé) dans le futur. Les trois conditions doivent être cumulées pour constituer un tel instrument. Les contrats à terme et les futures, les options, sous forme d’achat ou de vente de calls ou de puts, et les produits composés sont explicitement cités par la norme comme étant des instruments financiers dérivés. Les actifs sous-jacents peuvent être des taux d’intérêts, des cours de change, des cours d’instruments de capitaux propres, (actions, indices) ainsi que d’autres actifs sous-jacents (risques de crédit, métaux précieux, matières premières) par exemple, cependant pas les instruments de capitaux propres de l’entité. 345 SWISS GA AP RPC LES I N STR U M EN TS F I N A N C I ERS D ÉR I V ÉS S ELON L A SW I S S G A A P R P C 27 Tableau 1: VALORISATION DES DÉRIVÉS Juste valeur Coût d’acquisition amorti 1. Cours coté (marked to market), et à défaut d’un cours coté prendre le 2. Benchmark sur transaction similaire, et à défaut de ce dernier appliquer un modèle mathématique s’appuyant le plus possible sur les conditions du marché 3. Modèle mathématique s’appuyant le plus possible sur les conditions de marché Achat titre + coûts y relatifs = coût d’acquisition – amortissement financier – dépréciation (impairment) = valeur comptable nette La permanence des méthodes est requise La valeur comptable nette ne doit pas dépasser la juste valeur Approche valable pour tous les instruments financiers Méthode alternative pour instruments financiers à des fins autres que le négoce et la couverture de juste valeur ou les instruments financiers dont la juste valeur n’est pas déterminable avec fiabilité 3. QUELS SONT LES TYPES D’OPÉRATIONS? Les instruments financiers dérivés étaient développés à l’origine pour couvrir les risques en général, mais entre-temps ils sont évidemment très souvent déployés pour alimenter la spéculation. La norme Swiss GAAP RPC 27 cite donc ces deux types d’opérations classiques. Le troisième type d’opération retenu par la norme est donné par une définition négative par rapport aux deux premiers types d’opérations, soit «toute opération à des fins autres que le négoce ou la couverture». Les trois types d’opérations prévus par la norme sont présentés ci-après. 3.1 Opérations de couverture. Les opérations de «couverture» (le hedging) visent à couvrir complètement ou partiellement des positions financières ou des flux financiers soumis à un risque de variation de valeur. Si l’objectif est de protéger une position financière, donc un actif ou un passif hors capitaux propres déjà constatée dans les états financiers, on parle de couverture de juste valeur (fair value hedge). En revanche, si l’objectif est la couverture de transactions à terme, il s’agit alors d’une couverture de flux de trésorerie futur (cash flow hedge). Dans ce dernier cas, les positions financières n’ont pas encore été constatées dans les états financiers vu que les engagements pris n’auront un effet sur ces derniers que dans une période ultérieure. Un exemple typique est l’acquisition d’un investissement dans une monnaie étrangère qu’il s’agit de protéger contre une variation du montant à débourser suite à la fluctuation du cours de change. 3.2 Opérations de négoce. L’opération de «négoce» (le trading) est utilisée pour tout placement financier spéculatif ou d’arbitrage dans l’objectif d’en tirer un profit financier par la reprise d’un risque d’une autre entité. Nous pouvons citer par exemple la vente d’un droit de vente (short put) dans l’objectif de l’encaissement de la prime. 3.3 Autres opérations. Un exemple très typique est celui d’une opération à terme pour s’assurer des droits de vote, voire une majorité dans une entreprise associée. L’acquisition n’est donc faite ni dans l’objectif de négoce ni dans l’objectif d’une couverture. Cette «autre» opération ne correspondant 346 pas aux deux types d’opérations présentées dans les sections précédentes, la Swiss GAAP RPC 27 définit de ce fait cette troisième catégorie simplement comme des opérations «à des fins autres que le négoce ou la couverture». 4. COMMENT ÉVALUER LES INSTRUMENTS FINANCIERS DÉRIVÉS? 4.1 L’évaluation à la juste valeur. Tous les instruments financiers dérivés sont en principe évalués à leur juste valeur. Les anglophones utilisent le terme «marked to market», ce qui signifie tout simplement «valorisé au cours du marché» en prenant donc le cours coté en bourse pour évaluer l’instrument financier dérivé en question. À défaut d’un tel cours, l’estimation d’une juste valeur pour un instrument financier dérivé peut devenir un exercice difficile voire impossible. La norme a prévu pour ce cas les approches suivantes. Comme première approche, elle propose d’estimer la juste valeur par rapport à un instrument similaire, ce que l’on appelle «le benchmark». Si cette manière d’évaluer un instrument financier dérivé s’avère impossible à cause de l’inexistence d’instruments similaires par exemple, la norme propose alors d’utiliser un modèle mathématique avec des paramètres s’appuyant sur les conditions du marché. Cependant, cette dernière méthode s’avère toujours difficile pour deux raisons. La première est celle du choix d’un modèle mathématique approprié. Les modèles les plus utilisés sont le modèle de «Black & Scholes Tableau 2: PRÉSENTATION INITIALE ET SUBSÉQUENTE DES DÉRIVÉS Type d’opération Swiss GAAP Hors bilan RPC 27 ch. Négoce 4 Couverture 5 À des fins autres que le négoce et la couverture de juste valeur 6 Présentation initiale Dans le bilan Présentation subséquente L’E X P E R T- C O M P TA B L E S U I S S E 2008 | 5 LES I N STR U M EN TS F I N A N C I ERS D ÉR I V ÉS S ELO N L A SW I S S G A A P R P C 27 Tableau 3: VALORISATION INITIALE ET SUBSÉQUENTE DES DÉRIVÉS Type d’opération Négoce Couverture À des fins autres que le négoce et la couverture de juste valeur Swiss GAAP Valorisation? RPC 27 ch. 4 5, 15 6 Enregistrement de la variation de la juste valeur? Juste valeur Gains et pertes à enregistrer avec effet sur le résultat Comme l’opération de base; juste valeur ou autre Gains et pertes comme l’opération de base; résultat ou bilan Juste valeur ou au coût amorti Impairment dans le résultat, gain néant 1970» [3] ou encore le «modèle binomial de Cox, Ross et Rubinstein 1979» [4]. Les deux modèles ne peuvent être appliqués que dans les limites de leur hypothèses de travail. L’évaluation n’est donc possible qu’à certaines conditions pour l’évaluation des options européennes, dont l’exercice est déterminé à une date fixée à l’avance, alors que ce même exercice s’avère impossible pour l’évaluation des options américaines où l’exercice est possible durant une période. D’autres modèles mathématiques doivent donc être retenus pour les options dites américaines. La deuxième difficulté réside dans l’estimation des paramètres qui devraient refléter au plus proche les conditions du marché. Compte tenu des difficultés d’utilisation d’un modèle mathématique approprié, la norme prévoit heureusement l’approche de la comptabilité classique, c’est-à-dire l’évaluation par le coût d’acquisition amorti. Cette dernière approche est à utiliser à chaque fois si aucune autre méthode ne permet de déterminer la juste valeur avec fiabilité. 4.2 L’évaluation au coût amorti. Pour les instruments à des fins de couverture ou à des fins autres que le négoce et la couverture, une évaluation alternative peut être retenue, celle de la valeur la plus basse entre le coût d’acquisition et la juste valeur. La valeur la plus basse est celle qui correspond initialement aux coûts d’acquisition du titre, corrigée par la suite de toute diminution de valeur, soit l’amortissement financier et/ou la dépréciation de valeur (impairment) si nécessaire. La valeur comptable nette ne peut pas dépasser la juste valeur, évidemment sous condition que cette dernière soit déterminable avec fiabilité. Le tableau 1 résume l’évaluation des instruments financiers dérivés. La norme Swiss GAAP RPC 27 permet donc un choix de méthodes pour l’évaluation initiale. En revanche, la norme demande pour les évaluations subséquentes le respect du principe de la permanence de la méthode. Ce dernier veut que 5 | 2008 L’E X P E R T- C O M P TA B L E S U I S S E SWISS GA AP RPC la méthode d’évaluation de l’instrument financier dérivé pris initialement soit également retenu pour les évaluations subséquentes jusqu’à la cession ou l’extinction du dérivé, ceci pour éviter toute comptabilisation opportuniste à la guise de l’entité préparant les états financiers. 5. COMMENT ENREGISTRER LES INSTRUMENTS FINANCIERS DÉRIVÉS DANS LES ÉTATS FINANCIERS? 5.1 L’enregistrement initial des instruments financiers dérivés. L’enregistrement initial des instruments financiers dérivés est le même pour tous les types d’opération. Au moment de la conclusion des contrats réciproques, ceux-ci se compensent par l’écriture comptable «contrat à recevoir» à «contrat à payer» pour ce qui est d’un simple contrat à terme par exemple. Du fait de cette compensation, il n’y a pas de naissance d’un actif ou d’un passif net, dit «valeur de remplacement positive ou négative». La valeur de remplacement positive est celle qui serait perdue par l’entité dressant le bilan en cas de défaillance de la contrepartie; il s’agit donc d’un actif financier. La valeur de remplacement négative est par opposition à la première un passif financier. Il s’agit de la valeur qui serait perdue par la contrepartie en cas de non-exécution de la transaction par l’entité dressant le bilan. L’enregistrement comptable au bilan n’est pas requis tant qu’il n’y a pas une valeur de remplacement positive ou négative. Les instruments financiers dérivés sont cependant à enregistrer dès la conclusion du contrat, et ceci jusqu’à échéance, en tout cas hors bilan en donnant toutes les informations relatives à l’opération. La présentation doit s’effectuer par type d’actif sous-jacent comme le taux d’intérêt, les devises, les instruments de capitaux propres et indices y relatifs et les autres actifs sous-jacents. L’annexe doit en outre informer sur le total des valeurs portées à l’actif et au passif en montants bruts ainsi que sur le type d’opération utilisé. 5.2 L’enregistrement subséquent des instruments financiers dérivés. L’évaluation subséquente des éléments de l’instrument financier dérivé se base en général sur le principe de «Les instruments financiers dérivés sont toujours à présenter dans les annexes et dès naissance d’une valeur de remplacement positive ou négative, obligatoirement au bilan.» la juste valeur. Puisque les contrats réciproques ne s’annulent probablement plus, il y a naissance d’une valeur de remplacement positive ou négative à enregistrer au bilan. La comptabilisation de la variation des justes valeurs doit se faire d’une manière très générale selon le principe de la réalisation des produits et selon le principe de l’imparité. Le premier principe veut qu’un produit ne soit constaté dans le compte de résultat que lorsque le produit a effectivement été réalisé, et pas avant. En revanche, le principe de l’imparité 347 SWISS GA AP RPC LES I N STR U M EN TS F I N A N C I ERS D ÉR I V ÉS S ELON L A SW I S S G A A P R P C 27 demande qu’une charge soit enregistrée dès qu’elle est connue, même si elle n’a pas encore été réalisée. Avec une telle approche, tous les instituts traitant des instruments financiers dérivés ne pourraient enregistrer des gains spéculatifs que si réellement réalisés et devraient déclarer les pertes dès que connues. La Swiss GAAP RPC 27 prend cependant comme principe de base une autre approche. Les instruments financiers dérivés à des fins de négoce sont considérés comme des placements à court terme assimilables à des disponibilités et de ce fait la norme admet toute variation positive ou négative de la juste valeur comme étant réalisée (exemple 1). La variation de la juste valeur, entraînant donc un gain ou une perte, est constatée et enregistrée immédiatement avec effet sur le compte de résultat. L’enregistrement d’un tel gain donne cependant une «illusion» de l’avoir réalisé [5], raison pour laquelle l’évaluation du risque y relatif reste un élément essentiel. Dans les types d’opération de couverture, la variation de la juste valeur doit être présentée avec effet sur le compte de résultat si la valeur de base à couvrir est comptabilisée également de cette manière (exemple 2) et uniquement à cette condition. La norme prévoit explicitement que l’enregistrement de la variation de la juste valeur de la couverture suit la valeur de base couverte. Si la variation de la valeur à couvrir n’est pas constatée avec effet sur le résultat, la variation de valeur de l’instrument de couverture y relatif n’est donc pas non plus à enregistrer avec effet sur le résultat (exemple 3). Pour le dernier type d’opération, à savoir les instruments financiers dérivés à des fins autres que le négoce ou la couverture, qui ne sont pas assimilables à la trésorerie par défini- Exemple 1: INSTRUMENT FINANCIER DÉRIVÉ À DES FINS DE NÉGOCE Le 1er décembre de l’année N-1, une entreprise suisse a conclu un contrat à terme pour l’achat de EUR 100 000 à deux mois, soit au premier février N. Ce contrat à terme est valorisé par le marché (marked to market) le 1er décembre N-1 à deux mois CHF 1.6367 pour un EUR et le 31 décembre N-1 à un mois CHF 1.6738. Au 1er février N, le cours spot (cours de change du jour) de l’EUR est de CHF 1.6622. L’enregistrement initial et l’évaluation subséquente d’un tel contrat nécessitent les écritures comptables suivantes: Date Compte(s) à débiter Débit Crédit à Compte(s) à créditer 1er décembre N-1 date de contrat 31 décembre N-1 date de clôture 1 février N date de réalisation er 1 février N date de réalisation er L’enregistrement à la date de la conclusion du contrat peut être la suivante Contrat à recevoir, EUR 100 000 à 1.6367 = CHF 163 670 à Contrat à payer en CHF 163 670 Les deux contrats s’annulent, raison pour laquelle aucune inscription n’est obligatoire dans le bilan à cette date. Une inscription de l’instrument dans un fichier spécifique hors bilan est cependant nécessaire. – Naissance d’une valeur de remplacement positive, les contrats ne s’annulent plus Valeur de remplacement positive EUR 100 000 à (1.6738 – 1.6367) à Gain sur instrument financier dérivé avec enregistrement dans le résultat 3 710 Enregistrement, si compensation avec la banque et encaissement en espèces lors du dénouement des contrats Trésorerie CHF (166 220 – 163 670) Perte sur instrument financier dérivé (effet sur résultat) EUR 100 000 à (1.6738 – 1.6622) à Valeur de remplacement positive 2550 1160 Détails du dénouement des contrats dans le cas où il n’y aurait pas un dénouement direct avec la banque et un paiement en espèces Valorisation du contrat à l’échéance Perte sur instrument financier dérivé (effet sur résultat) à Valeur de remplacement négative EUR 100 000 à (1.6738 – 1.6622) 3 710 3710 1 160 1160 Réalisation des contrats Contrat à payer pour l’achat des EUR 100 000 à 1.6367 à Banque CHF 163 670 Banque EUR 100 000 encaissés à 1.6622 Valeur de remplacement négative en N 166 220 1 160 163 670 à Contrat à recevoir EUR 100 000 Valeur de remplacement positive Annulation des contrats si non enregistrés initialement au bilan Contrat à recevoir, EUR 100 000 à 1.6367 = CHF 163 670 à Contrat à payer CHF 163 670 348 – 163 670 3 710 163 670 163 670 L’E X P E R T- C O M P TA B L E S U I S S E 2008 | 5 LES I N STR U M EN TS F I N A N C I ERS D ÉR I V ÉS S ELO N L A SW I S S G A A P R P C 27 tion, la norme prévoit les principes comptable de base, c’està-dire en suivant le principe de la réalisation et le principe de l’imparité. 5.3 Cession et décomptabilisation. Le traitement comptable est identique pour tous les types d’opération à la cession, donc à la décomptabilisation de l’instrument financier dérivé. Dès qu’un instrument arrive à échéance, est exercé (pour l’option p. ex.) ou n’a plus de valeur (cession ou défaillance de la contrepartie), il est décomptabilisé avec l’effet de la variation de la juste valeur, donc du gain ou de la perte effectivement réalisés, sur le compte de résultat de la période. Les tableaux 2 et 3 donnent un résumé de la valorisation et du traitement des écarts de valorisation par rapport aux trois types d’opérations prévues par la norme. 5.4 Reclassement et efficacité de la couverture. Contrairement à la norme IAS 32 [6] relative à la présentation des instruments financiers, la norme Swiss GAAP RPC ne traite pas la question du reclassement des instruments. Cependant, SWISS GA AP RPC tout instrument ne servant plus à la couverture d’une opération de base et présentant un risque d’exposition devrait, selon l’auteur, être reclassé comme opération de négoce et être traité comme telle. Dans le cas des opérations de couverture, il est important d’identifier spécifiquement l’élément à couvrir et d’indiquer par quel instrument ce dernier est couvert. De plus, la variation de la juste valeur de l’instrument de couverture doit être «inversement proportionnelle» à la variation de la juste valeur du sous-jacent pour qu’il y ait une couverture parfaite comme souvent proposé dans les exemples (donc variation de valeur de la position à couvrir – variation de l’instrument de couverture = 0). Dans la pratique, une couverture parfaite n’existe cependant pas, raison pour laquelle il serait important de définir à partir de quelle déviation de la couverture parfaite l’opération ne peut plus être considérée comme telle. La Swiss GAAP RPC 27 ne traite pas cette question de l’efficacité de la couverture. Il serait pourtant indiqué de traiter la partie franchement non efficace d’un instrument de couverture d’un flux de trésorerie futur comme un simple instrument de Exemple 2: INSTRUMENT FINANCIER DÉRIVÉ À DES FINS DE COUVERTURE DE JUSTE VALEUR Le 1er décembre N-1, une entreprise suisse reçoit une livraison d’une valeur de EUR 100 000 d’un fournisseur en obtenant un délai de paiement à deux mois. Le cours spot de l’EUR au 1er décembre N-1 est à CHF 1.6311, au 31 décembre N-1 à 1.6698 et au 1er février N à 1.6622. L’entreprise suisse utilise l’instrument présenté dans l’exemple 1 pour la couverture de la position «fournisseur» à payer. L’enregistrement initial et l’évaluation subséquente du contrat de couverture correspondent à celui de l’exemple 1. La position financière «fournisseur» à couvrir évolue de la manière suivante: Date Compte(s) à débiter Débit Crédit à Compte(s) à créditer 1er décembre N-1 date de livraison Enregistrement de la facture à payer dans 2 mois Achats EUR 100 000 à 1.6311 163 110 à Fournisseur EUR 100 000 à 1.6311 1 décembre N-1 date de contrat Date de la conclusion du contrat de couverture, les contrats s’annulent 31 décembre N-1 date de clôture Evaluation de la position fournisseur Perte de change EUR 100 000 à (1.6698 – 1.6311) à Fournisseur (variation de la juste valeur) er 31 décembre N-1 date de clôture 1 février N date de réalisation er Naissance d’une valeur de remplacement positive, les contrats ne s’annulent plus Valeur de remplacement positive EUR 100 000 à (1.6738 – 1.6367) à Gain sur instrument financier dérivé avec enregistrement dans le résultat Paiement au fournisseur Fournisseur EUR 100 000 à 1.6698 163 110 – 3 870 3 870 3 710 3 710 166 980 à Gain de change 100 000 à (1.6698 – 1.6622) Banque EUR 100 000 à 1.6622 1 février N date de réalisation er – Enregistrements, si compensation avec la banque lors du dénouement des contrats Banque CHF Perte sur instrument financier dérivé (effet sur résultat) EUR 100 000 à (1.6738 – 1.6622) à Valeur de remplacement positive 760 166 220 2550 1160 3 710 La variation de la juste valeur de l’instrument de couverture est de CHF (3710 – 1160) et celle de la position financière à couvrir de CHF (760 – 3870), ce qui correspond à une efficacité de couverture de 2550/3110, soit de 122% ou de 82% si l’on mesure le rapport inverse. 5 | 2008 L’E X P E R T- C O M P TA B L E S U I S S E 349 SWISS GA AP RPC LES I N STR U M EN TS F I N A N C I ERS D ÉR I V ÉS S ELON L A SW I S S G A A P R P C 27 Exemple 3: INSTRUMENT DÉRIVÉ À DES FINS DE COUVERTURE DE FLUX DE TRÉSORERIE FUTUR Le 1er décembre N-1, une entreprise suisse commande de la marchandise pour une valeur de EUR 100 000 à un de ses fournisseurs avec un délai de livraison à deux mois et un paiement en espèces à la date de la livraison. Le cours spot de l’EUR au 1er décembre N-1 est à CHF 1.6311, au 31 décembre N-1 à 1.6698 et au 1er février N à 1.6622 comme dans l’exemple 2. L’entreprise suisse utilise l’instrument de l’exemple 1 pour la couverture de la livraison prévue au 1er février N. Cet exemple est similaire à l’exemple 2. Cependant, comme il s’agit d’une couverture d’un flux de trésorerie futur, c’est-à-dire pour couvrir des positions financières non encore constatées dans le bilan, la variation de valeur à la date de clôture est dès lors à constater dans les capitaux propres. L’effet dans le compte de résultat n’est constaté que lors de la réalisation des contrats. Les enregistrements sont dès lors les suivants: Date Compte(s) à débiter Débit Crédit à Compte(s) à créditer 1er décembre N-1 date de contrat 31 décembre N-1 date de clôture 1 février N date de réalisation er 1er février N date de réalisation Date de la conclusion du contrat d’achat, rien à enregistrer jusqu’à la livraison de la marchandise; la commande représente une valeur actuelle de CHF 163 110. Date de la conclusion du contrat de couverture Naissance d’une valeur de remplacement positive, les contrats ne s’annulent plus Valeur de remplacement positive EUR 100 000 à (1.6738 – 1.6367) à Gain non réalisé sur instrument financier dérivé, constatation dans capitaux propres Réception marchandise et paiement du fournisseur Achat marchandise à Fournisseur EUR 100 000 à 1.6622 Paiement au fournisseur Fournisseur EUR 100 000 à 1.6622 à Banque CHF Enregistrements, si compensation avec la banque lors du dénouement des contrats Gain non réalisé sur instrument dérivé, capitaux propres Banque CHF (encaissement du gain sur le dérivé) à Gain réalisé (gain 3710 – perte 1160) Valeur de remplacement positive – – – – 3 710 3 710 166 220 166 220 166 220 166 220 3 710 2 550 2 550 3 710 La variation de la juste valeur de l’instrument de couverture est de CHF 2550 couvrant en partie le renchérissement de la marchandise de CHF 166 220 – 163 110 = 3110, ce qui correspond à une efficacité de couverture de 122%. négoce. Cela signifie que la variation de valeur dépassant un certain seuil de la couverture devrait être enregistrée directement avec effet sur le résultat de la période. 5.5 Les instruments financiers dérivés intégrés. Un instrument financier dérivé peut être combiné avec un contrat de base. Dans le cas où le dérivé a deux éléments ou plus, il s’agit d’un instrument financier dérivé intégré (embedded derivatives, hybrides ou dérivés incorporés). L’obligation convertible ou l’obligation à option est un exemple classique de produit dérivé incorporé. Le sous-jacent (contrat de base) est l’obligation pour laquelle il existe un prix du marché. Le produit dérivé est l’option de conversion en actions, détachable de l’obligation, et pour laquelle il existe également un prix du marché. Les deux éléments du produit dérivé incorporé sont dissociables et les deux titres peuvent être transférés dans leur ensemble ou de manière séparée. La norme Swiss GAAP RPC 27 indique que la séparation entre le produit dérivé et l’instrument qu’il contient est autorisée. Cette séparation n’est cependant pas du tout une obligation. La norme laisse donc une certaine flexibilité à l’utilisateur quant au traitement comptable de tels instruments. 350 6. CONCLUSION La norme Swiss GAAP RPC 27 traite les instruments financiers dérivés selon le type d’opération que sont les opérations de négoce, les opérations de couverture et les opérations autres par rapport aux deux premiers types. Pour tous les types d’opérations, l’évaluation des instruments se fait selon la juste valeur, sauf si cette dernière n’est pas déterminable avec fiabilité, ce qui serait à justifier dans l’annexe. C’est alors «La norme laisse une certaine flexibilité à l’utilisateur quant au traitement comptable de tels instruments.» le coût amorti qui est proposé comme alternative. Les produits dérivés doivent dans tous les cas être présentés hors bilan. Cependant, dès qu’il y a naissance d’une valeur de remplacement positive ou négative, une entité dépassant le seuil de CHF 10 millions au bilan, de CHF 20 millions dans le chiffre d’affaires et de 50 personnes selon les conditions présentées dans l’introduction, doit enregistrer obligatoirement l’instrument financier dérivé au bilan. L’E X P E R T- C O M P TA B L E S U I S S E 2008 | 5 LES I N STR U M EN TS F I N A N C I ERS D ÉR I V ÉS S ELO N L A SW I S S G A A P R P C 27 En principe, les dérivés sont évalués à la juste valeur avec l’enregistrement de la variation de la juste valeur directement avec effet sur le résultat de la période, sauf pour les instruments de couverture qui suivent de ce point de vue la transaction de base à couvrir et sauf pour les instruments autres que Notes: 1) Swiss GAAP RPC, Recommandations relatives à la présentation des comptes 2007, Zurich, 197 pages. 2) Swiss GAAP RPC, Recommandations relatives à la présentation des comptes 2005/06, Zurich, 244 pages. 3) The Black-Scholes Model, cf. Hull John C., Options, Futures, & Other SWISS GA AP RPC le négoce et la couverture qui sont enregistrés en suivant le principe de la réalisation des produits et de l’imparité. Ainsi, l’objectif d’une norme simple et facile à appliquer sur l’évaluation et la présentation des instruments financiers dérivés a pu être atteint par la norme Swiss GAAP RPC 27. n Derivatives, Fourth edition, Prentice Hall, 1999, pages 237 à 248. 4) The Black-Scholes Model, cf. Hull John C., Options, Futures, & Other Derivatives, Fourth edition, Prentice Hall, 1999, pages 201 à 205. 5) Apotheloz Bernard, Stettler Alfred, Dousse Vincent, Maîtriser l’information comptable, Vo- lume 3, 3ème édition, Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne, 2005, page 79. 6) International Financial Reporting Standards (IFRS) 2007, London, 2513 pages. Z USAM M E N FA S SU N G Derivative Finanzinstrumente nach Swiss GAAP FER 27 Der neue Standard Swiss GAAP FER 27 behandelt die Bewertung und Erfassung von derivaten Finanzinstrumenten nach deren Haltezweck. Derivative, welche die Definition von Aktivum oder Verbindlichkeit erfüllen, müssen in der Bilanz erfasst werden. Derivative zu Handelszwecken sind zu aktuellen Werten zu bewerten; Wertver- 5 | 2008 L’E X P E R T- C O M P TA B L E S U I S S E änderungen werden im Periodenergebnis erfasst. Derivative zu Absicherungszwecken und Derivative, die weder zu Handels- noch Absicherungszwecken gehalten werden, können zu aktuellen Werten oder gemäss Niederstwertprinzip bewertet werden. Daraus resultierende Wertänderungen sind im Periodenergebnis zu erfassen. Der Betrag offener Derivative ist im Anhang offenzulegen. Der Ausweis ist zu gliedern in Zinssätze, Devisen, Eigenkapitalinstrument/entsprechende Indizes und übrige Basiswerte. Der Zweck des Haltens des Derivativs ist offenzulegen. TK/RS 351