il était une fois Hara-Kiri, « journal bête et méchant », et ses

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il était une fois Hara-Kiri, « journal bête et méchant », et ses
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la loi du 16 juillet (...) > il était une fois Hara-Kiri, « journal bête et méchant », et ses (...)
il était une fois Hara-Kiri, « journal bête et méchant
», et ses interdictions
par Christophe Chavdia
[Janvier 1999]
Sous une couverture de Fred, le premier numéro d’Hara-Kiri sort en septembre 1960, fruit des efforts
de François Cavanna et de Georges Bernier (futur professeur Choron). Cabu, Gébé, Reiser, Topor et
Wolinski s’y joindront rapidement. Modestement, ses deux premiers numéros ‒ au tirage de 10 000
exemplaires ‒ sont vendus par colportage sur Paris. À son numéro 3, il s’ouvre aux circuits classiques
de distribution ; sa diffusion ne s’étend alors qu’à une partie des kiosques parisiens. Très rapidement il
couvre l’ensemble des dépositaires de la capitale, puis de la France entière.
Un an et demi plus tard, la Commission revient sur cette position et fait part d’une nouvelle mise en
garde. Mais la revue n’étant « pas vraiment licencieuse », l’article 14 en l’état ne permet toujours
rien. Des protestations d’associations familiales ‒ dont le puissant Cartel d’action morale et sociale ‒
affluent au ministère de la Justice. Il est alors décidé que le service de l’Éducation surveillée
demande à la Direction des Affaires Criminelles et des Grâces d’examiner si l’article R38-9° du Code
pénal ne pourrait être appliqué ; cet article érige en contravention l’exposition « sur la voie publique,
ou dans les lieux publics, d’affiches ou images contraires à la décence » (Loi du 6 juillet 1955). Enfin,
le secrétariat est chargé de contacter la Fédération française de publicité pour vérifier si les
publicités iconoclastes d’Hara-Kiri étaient rémunérées comme l’attestent les renseignements de M.
Finkelstein, représentant du mouvement Cœurs vaillants-Âmes vaillantes [27]. Sur ce dernier point, les
responsables du mensuel incriminé rassurèrent la Commission dans un entretien du 9 novembre 1965.
Dans sa 71e réunion, la Commission considère que le seuil de l’article 14 est franchi. Mais le compte
rendu de cet entretien appuyé par la lecture intégrale d’une lettre en date du 11 décembre 1965
de Cavanna promettant de porter Hara-Kiri « en-deçà des limites dangereuses, dans les eaux
territoriales de la bienséance » permettent de repousser une ultime fois un vote sur l’opportunité de
proposer les interdictions de l’article 14 [28]. L’absence lors de la réunion suivante du rapporteur
d’Hara-Kiri empêche encore ce vote, rendu plus vif par un courrier du 20 décembre 1965 de la
Confédération nationale des associations familiales catholiques. Il est rapporté que le représentant
de l’Intérieur pense qu’« il serait extrêmement désirable de prendre définitivement position en la
matière, la perniciosité pour la jeunesse du magazine venant d’être une fois de plus exprimée à son
département [29] ». Mais, alors qu’il tirait à 210 000 exemplaires, Hara-Kiri est à nouveau atteint par
un arrêté du ministre de l’Intérieur du 23 mai 1966 [30]
1966 : seconde interdiction d’Hara-Kiri
Bien qu’un avis favorable à la mise en œuvre de l’article 14 semble imminent, les circonstances font
que la Commission n’a pas de nouvelle occasion de se prononcer sur Hara-Kiri. Et pour cause : ses
travaux sont suspendus entre mars 1966 et juin 1967. En effet, depuis la mi-1965, l’article 14 est en voie
de réformation sous l’égide résolue de Pompidou. Prioritaire dans les premiers mois de 1966, cette
réforme met entre parenthèses toute mise en œuvre de cette réglementation. Or, l’arrêté du 29 mai
1966 frappant Hara-Kiri est le seul arrêté portant interdictions pris entre février 1966 et juin 1967.
Quelles sont les raisons de ce traitement de défaveur ? Les archives sont muettes et les témoignages
divergent.
La décision est-elle venue de De Gaulle ? Choron rapporte que Lucien Neuwirth [31], mettant en
cause Madame De Gaulle, lui aurait dit : « Ça vient de l’Élysée. C’est passé au-dessus de la tête de
tout le monde [32] ». Mieux, « Tante Yvonne » aurait surpris ses petits-enfants en flagrante lecture
d’Hara-Kiri et s’en serait émue auprès de son mari, qui aurait passé consigne auprès de son directeur
de cabinet. Cela expliquerait-il l’empressement du représentant de l’Intérieur à la Commission ?
Mais, selon le bien informé Christian Bourgois, qui ‒ sur la demande de Cavanna ‒ intercéda auprès
de son ami Pompidou en faveur d’Hara-Kiri, une proche collaboratrice du Premier Ministre,
personnellement choquée par cette revue, aurait soufflé au représentant de l’Intérieur venant
régulièrement à Matignon que Pompidou trouvait Hara-Kiri inadmissible. Cette appréciation aurait
été relayée et l’article 14 réactivé, sans que Pompidou en ait été informé [33].
Hara-Kiri s’interrompt. Une partie de l’équipe rejoint Pilote. Ne restent que Cavanna, Choron et
Wolinski qui « se défoncent comme des enragés pour essayer de lever l’interdiction » et « gueulent,
vitupèrent » au ministère de l’Intérieur [34]. Des maquettes bidon sont envoyées. Alors que la série
d’interdictions de 1961 n’avait rencontré aucun écho dans la presse, quelques rares entrefilets
évoquent la seconde. Très vite, une lettre ouverte au ministre de l’Intérieur (R. Frey) circule et est
signée par de nombreuses personnalités [35]. C’est alors que Cavanna rencontre l’éditeur C.
Bourgois, qui intervient auprès de Pompidou. Choron est convoqué à Matignon. Le 11 novembre
1966, Journiac ‒ chef du cabinet du Premier Ministre, et spécialement chargé de la réforme de
l’article 14 ‒ le reçoit et l’assure que l’Intérieur reviendra sur sa décision [36].
Un arrêté du 26 novembre 1966 lève ces interdictions, de mauvais gré : il indique que les
précédentes dispositions sont « suspendues [37] ». Le Cartel d’action morale s’en plaindra.
Provocatrice, la couverture du numéro de reparution d’Hara-Kiri (No.65 de janvier 1967) montre en
gros plan un Choron pleurant de rire. À l’intérieur, un roman-photo, « Hara-Kiri mort et ressuscité »,
détaille de manière bête, méchante et vengeresse les raisons salaces du revirement du « Grand
Inquisiteur ».
1970 : interdiction de L’Hebdo Hara-Kiri
Après ses neuf mois d’arrêt forcé, Hara-Kiri ne retrouve pas son succès d’antan. La société Hara-Kiri a
vécu, les éditions du Square prennent difficilement le relais. L’équipe se reconstitue, Topor et Fred en
moins, mais Willem, Delfeil de Ton, Fournier et Peellaert en plus.
Avec mai 1968, Hara-Kiri s’aperçoit qu’il « représentait quelque chose dans la tête des gens qui en
avaient marre de cette société gaullienne [38] ». Devenu un symbole, mais un symbole bien vivant,
Hara-Kiri se fait source féconde de dessins et de slogans. Cohn-Bendit, Geismar, Sauvageot et foule
d’étudiants ou d’activistes y passent. Avec le féroce Siné, des dessinateurs d’Hara-Kiri participent à
la presse du quartier latin : L’Enragé et Action, la « tribune du mouvement [39] ». L’idée d’un
hebdomadaire centré sur l’actualité fait son chemin et l’Hebdo Hara-Kiri ‒ devant initialement
s’intituler Vite fait, Vite lu ‒ est lancé en février 1969 [40].
Pendant ce temps, Hara-Kiri mensuel essuie toujours les critiques de la Commission mais la majorité
de ses membres estime que l’article 14 n’est pas applicable. En mars 1969, une telle proposition ne
remporte que quatre voix [41]. L’Hebdo Hara-Kiri est jugé plus acceptable. Il est même noté que cet
hebdomadaire « quelquefois drôle, est exempt de la vulgarité de Hara-Kiri [42] ». Dans la réunion
précédant la mort de De Gaulle, la Commission remarque qu’Hara-Kiri et l’Hebdo Hara-Kiri, « aux
allusions politiques évidentes, ne paraissent pas comporter d’éléments tombant sous le coup de
l’article 14 [43] ». Le « détournement de procédure » à des fins politiques de l’article 14 sur la
protection de la moralité juvénile indignera la Commission, furieuse de voir ses avis « servir d’alibi à
l’administration [44] ».
De Gaulle meurt le 9 novembre 1970. Malgré les mises en garde de ses compagnons, Choron
impose comme couverture du No.93 de l’Hebdo Hara-Kiri un faire-part de décès désormais
historique : « Bal tragique à Colombey : 1 mort » (en référence aux 146 victimes de l’incendie d’un
dancing à St-Laurent-du-Pont). Paru le vendredi 13 novembre ‒ cet hebdomadaire était postdaté
du lundi suivant ‒ alors que dans le Sud de la France des exemplaires du Canard enchaîné et de
Minute étaient retirés de la vente, volés ou brûlés par de « jeunes gaullistes [45] », l’Hebdo Hara-Kiri
est frappé de deux degrés d’interdiction (de vente aux mineurs de 18 ans, d’exposition et de
publicité par affiches) par un arrêté paru le lundi 16 novembre au Journal Officiel [46], non motivé,
visant un avis de la Commission [47], et daté du 4 novembre. Par le jeu de la loi du 4 avril 1947, à
nouveau modifiée en 1967, il est automatiquement exclu des circuits de distribution. Par un
communiqué, il annonce la suspension de sa parution.
Cette fois, les protestations vont s’accumuler dans la presse, la radio et la télévision (Michel Polac
dans Post-scriptum) pour dénoncer une « censure politique » et un système par lequel le ministre de
l’Intérieur a toute latitude pour interdire, sous couvert de protection de la jeunesse, la diffusion d’un
journal pour adultes. Les organismes professionnels (la Fédération nationale de la presse française
qui demande audience à Marcellin, les syndicats CGT des travailleurs du livre et des diffuseurs de
presse, l’Union des écrivains) et syndicats nationaux de journalistes (autonomes, FO, CGT, CFDT, un
Comité de défense de la presse groupant deux cents journalistes de vingt-six rédactions qui appelle,
dès le 16, tous les journalistes à protester auprès de l’Intérieur). Les quotidiens (Le Monde et Combat
en tête) et hebdomadaires nationaux, de L’Humanité au Figaro en passant par France-Soir, L’Express
et Le Nouvel Observateur relaient largement ces protestations. Néanmoins, à l’exception de
Combat et du Nouvel Observateur (qui offre sa couverture et deux pages à l’équipe alors sans
hebdomadaire fixe de l’Hebdo Hara-Kiri [48]), notons que les protestations de la presse sont
explicitement faites « pour le principe » de la liberté de la presse, contre la manière employée, et
non pour un journal de « mauvais goût ». À ce titre, les éditoriaux de J. Fauvet, du Monde, et de F.
Giroud, de L’Express, sont exemplaires [49]. M. Even, du Monde, va jusqu’à écrire que « pour les têtes
politiques bien faites, mieux valait une interdiction de l’Hebdo Hara-Kiri que, par exemple, celle d’un
Politique Hebdo », il est vrai que son irresponsable dérision porte sur « tout ce qui est pris au sérieux,
au tragique [50]. »
Il y eut peu de réactions politiques notables, à l’exception de F. Mitterrand qui dénonce l’institution
d’un « ordre moral » digne de Mac Mahon [51]. La Fédération anarchiste et Secours Rouge
réagissent, ainsi que la fédération des Jeunes Républicains Indépendants du Nord et l’UJP d’Aix-enProvence. La Nation, quotidien du gouvernement, soutient l’Intérieur.
Face à ce tollé, le ministre de l’Intérieur R. Marcellin réplique fermement, par une note du 20
novembre, que l’Hebdo Hara-Kiri a été interdit par un arrêté signé, précise-t-il opportunément, le 4
novembre pour « ses bandes dessinées pornographiques », ce dont personne n’est dupe. (L’intérieur
a fait circuler trois pages de Willem et une de Cabu [52] !) S’il promet que les futurs arrêtés seront
motivés (ce qui ne sera pas fait), il menace que, dans le cas où le nouveau-né Charlie Hebdo venait
à encourir le même grief, il serait sanctionné de la même manière, et son éditeur poursuivi pour
fraude par changement de titre [53].
Il est vrai que les éditions du Square ont pris le risque de lancer dès le vendredi 23 novembre (daté
du 26) un supplément à leur mensuel Charlie. Mais l’Hebdo Hara-Kiri n’est pas oublié car le lundi 26,
ses responsables organisent une conférence de presse. Au programme : la levée de l’arrêté,
l’abrogation de la loi « qui condamne la presse française à l’infantilisme » et le projet de loi visant à
majorer la TVA des publications interdites aux mineurs (adopté fin 1970 [54]). À l’issue de cette
réunion, au cours de laquelle Jérôme Lindon, président des éditions de Minuit et membre
contestataire de la Commission depuis 1967, élargit le problème au livre et propose de faire un
recueil compilant les dessins de Willem [55], les syndicats de journalistes envisagent le principe d’une
grève [56]. Choron se déclare frappé par tous ces jeunes journalistes répétant « qu’ils étaient muselés
par leur rédaction [57] ».
Le 24 novembre, un communiqué de l’Intérieur admet que ces mesures « aboutissent en fait à la
suppression » de la revue et qu’ainsi « l’objectif visé [...] par l’arrêté du directeur général de la police
nationale agissant par délégation du ministre de l’Intérieur a été dépassé [58] ». Mieux, cela n’aurait
été qu’une bévue administrative ; un mauvais formulaire d’arrêté ayant été donné à signer, ce
qu’avoue le soir même un R. Marcellin peu inspiré dans l’émission télévisée « 24 heures sur la 2 [59] ».
En conséquence de quoi, le premier arrêté est partiellement abrogé par un arrêté du 1er décembre,
applicable le 15, pour permettre la distribution, mais l’interdiction de vente aux mineurs demeure
[60].
L’Hebdo Hara-Kiri ne reparaît pas, son équipe refusant cette demi-mesure, tout en fustigeant la
censure par le « bon goût », marque de « bêtise », de « conformisme sclérosé » et de « manque
d’ouverture d’esprit [61] ». Cette dernière interdiction ne sera levée qu’en 1981, le nom de la revue
n’étant pas cité [62].
Peu évoquèrent, si ce n’est à mots couverts, la possibilité que ces prohibitions aient été prises pour sa
dernière couverture sacrilège. Mais tous y pensèrent. Les dénégations de Marcellin sont peu
convaincantes. L’arrêté fut-il antidaté ? Jean Ferniot, rédacteur en chef de RTL, affirme que le matin
du 13 novembre des députés UDR, « profondément indignés » par cette couverture, demandèrent
au Premier Ministre Chaban-Delmas d’interdire la revue ‒ ce qu’il refusa, n’en ayant pas les moyens.
C’est alors qu’ils se rendirent à l’Intérieur [63]. C’est ainsi que, tout comme Charlie Hebdo, Le Canard
enchaîné affirme explicitement : « Tout le monde sait que le seul crime de Hara-Kiri, c’est d’avoir
glissé des boules puantes dans les encensoirs de rigueur [64] ». En effet, la postérité a retenu que
l’Hebdo Hara-Kiri fut interdit pour cette couverture parricide, ce que l’historien du droit prudent ne
peut affirmer avec certitude [65].
Christophe Chavdia
Mes remerciements vont à A. Baron-Carvais, J.-P. Baud (pour ses conseils juridiques et ses souvenirs
estudiantins de lecteur d’Hara-Kiri depuis juin 1962), C. Bourgois, R. Chavdia, T. Crépin, S. Laurent, B.
Leclercq (fidèle ouvrier), C. Limberger, P. Mougin (concepteur du site Internet Choron) et F. Rohmer.
(Cet article a été publié dans « On tue à chaque page ! », éd. du Temps/musée de la Bande
dessinée, 1999, pp. 137-148.)
Notes
[1] CAC 900208/4, PV 51e séance du 15 décembre 1960.
[2] Que cette petite réserve vendue par colportage soit examinée prouve la défiance immédiate
de l’Intérieur envers Hara-Kiri. Elle eut douze numéros entre janvier 1961 et octobre 1963.
[3] CAC 900208/4, PV 52e séance du 2 mars 1961.
[4] CAC 900208/4, PV 53e séance du 15 juin 1961. Si le caractère licencieux d’une publication est
un critère beaucoup plus large que celui de la pornographie, ce dernier critère ‒ plus évocateur
‒ est plus aisément invoqué.
[5] Cons. d’État 3 janvier 1958, D. 1958, 570 et JCP 1959, II, 10913. Un arrêté du ministre de
l’Intérieur est annulé car, pour justifier un danger pour la jeunesse, il ne visa pas le caractère
licencieux, pornographique ou la place faite au crime prévus par l’article 14, mais l’atmosphère
générale, l’absence de moralité et la vulgarité de style d’un livre. Cette erreur purement formelle
n’incita plus l’Intérieur à motiver les arrêtés d’interdiction.
[6] Des affichettes choc couvraient les marchands de journaux. Alors, ces emplacements
n’étaient pas payants. Choron raconte qu’en hiver des bouteilles de rhum étaient données aux
intéressés pour les inciter à cet affichage et qu’Hara-Kiri devint vite le journal le plus affiché de
Paris (Vous me croirez si vous voudrez, Flammarion, 1993, p. 114 et 132). Notons que dès 1961 de la
publicité est faite dans des journaux et bulletins touchant le milieu étudiant, notamment ceux de
l’UNEF (d’après le témoignage précis de J.-P. Baud).
[7] Journal Officiel, 27 juillet 1961, p. 6913.
[8] F. Cavanna, Bête et méchant, Belfond, 1981, et Professeur Choron, op. cit. Voir également le
livre de souvenirs de la compagne de Choron : Odile Vaudelle, Moi, Odile, la femme à Choron,
Mengès, 1983.
[9] Arcane cachée : article 6 de la loi du 6 avril 1947 sur le statut des entreprises de groupage et
de distribution des journaux et publications périodiques modifiée par l’ordonnance du 23
décembre 1958.
[10] F. Cavanna, op. cit., p. 266.
[11] Professeur Choron, op. cit., p. 123. Wolinski fait écho à cette recherche frénétique d’un titre
évoquant phonétiquement Hara-Kiri dans la page 15 du numéro 100 de ce mensuel (janvier
1970).
[12] Encourt des peines de prison, d’amende, d’interdiction du périodique et de fermeture de
l’entreprise, « quiconque aura, par des changements de titres, des artifices de présentation ou de
publicité, ou par toute autre manœuvre, éludé ou fait éludé, tenté d’éluder ou de faire éluder
l’application des interdictions » de l’article 14.
[13] Des stocks d’Hara-Kiri furent vendus pour deux sous une autre couverture et d’autres le furent
en province. Chance extraordinaire : lorsqu’une équipe de colporteurs fut arrêtée, ce fut le jour
même de la parution au Journal Officiel de l’arrêté levant les interdictions de juillet 1961.
[14] CAC 900208/4, PV 54e séance du 12 octobre 1961.
[15] CAC 900208/4, PV 55e séance du 18 décembre 1951
[16] JO 7 février 1962, p. 10425.
[17] Professeur Choron, op. cit., p. 126.
[18] CAC 900208/4, PV 56e séance du 15 mars 1962.
[19] Sous-titrée « Nous sommes comme ça... na », cette corrosive parodie d’enquêtes ‒ dirigées
voire dirigistes ‒ sur cette jeunesse inquiétante des sixties se permet d’aborder certaines réalités
immuables : les émois physiques et les confortables révoltes de la jeunesse.
[20] CAC 900208/3, note de Mlle Richard-Knosch à l’attention de M. le directeur du cabinet, objet
: Hara-Kiri No.14 février 1962.
[21] CAC 900208/4, PV 57e séance du 7 juin 1962.
[22] CAC 900208/4, PV 62e séance du 10 octobre 1963.
[23] Dans un faux reportage, fort respectueux, de Jean-Pierre Choron (alias Gébé) consacré au
procès de vingt-deux bourreaux d’Auschwitz à Francfort (Hara-Kiri No.36, février 1964, p. 15- 17).
[24] F. Cavanna, « Dallas : toute la vérité. Les Texans s’en balancent », dans Hara-Kiri No.38, avril
1964, p. 2-9. Cavanna, parodiant les enquêtes de Lemmy Caution, donne voix aux doutes
entourant cet assassinat et aux atermoiements de l’enquête officielle.
[25] CAC 900208/4, PV 65e séance du 18 juin 1964.
[26] Compte rendu des travaux de la Commission de surveillance et de contrôle des publications
destinées à l’enfance et à l’adolescence, 1965, Melun, Imprimerie administrative, 1965, p. 32-33.
[27] CAC 900208/4, PV 70e séance du 14 octobre 1965.
[28] CAC 900208/4, PV 71e séance du 16 décembre 1965.
[29] CAC 900208/4, PV 72e séance du 24 mars 1966.
[30] JO 29 mai 1966, p. 4317.
[31] Qui était alors député UNR-UDT et questeur de l’Assemblée nationale.
[32] Professeur Choron, op. cit., p. 146.
[33] Entretien C. Bourgois du 19 février 1999.
[34] Odile Vaudelle, op. cit., p. 134.
[35] Le Monde en signale l’existence dans son édition du 15 juillet 1966. Cette lettre est publiée
dans Hara-Kiri No.65 de janvier 1967. Figurent parmi les signataires Achard, Aragon, Averty, de
Beauvoir, F. Blanche, Brassens, Breton, Char, P. Dac, Etiemble, Janson, Vercors, E. Morin, Pauvert,
Queneau, Resnais, D. Rolin, Salacrou, Sartre, Sempé, Siné, Steinberg et E. Triolet.
[36] Professeur Choron, op. cit., p. 146-147.
[37] JO 29 novembre 1966, p. 10425.
[38] Professeur Choron, op. cit., p. 155.
[39] A. Schnapp et P. Vidal-Naquet, Journal de la Commune étudiante, Seuil, 1988, p. 488.
[40] En octobre 1970, un journaliste du Monde assista en plein cinquième arrondissement de Paris,
à la soigneuse destruction d’un exemplaire de l’Hebdo Hara-Kiri par des membres des brigades
spéciales lors du contrôle d’identité de deux jeunes gens. L’exemplaire du Monde de ce
journaliste trop curieux subit le même sort ; Le Monde, 23 octobre 1970, p. 12.
[41] CAC 900208/6, PV 79e séance du 12 mars 1969. Une convocation du 31 janvier 1969 de
Cavanna et Choron y est relatée.
[42] CAC 900208/6, PV 82e séance du 17 décembre 1969.
[43] CAC 900208/6, PV 84e séance du 14 octobre 1970.
[44] CAC 900208/6, PV 85e séance du 16 décembre 1970.
[45] Voir Combat, 16 novembre 1970, et Le Monde, 15-16 et 17 novembre 1970.
[46] JO, 15 novembre 1970, p. 10524.
[47] La pratique a établi que dans la rédaction de l’arrêté du ministre de l’Intérieur publié au
Journal officiel soit indiqué si la Commission a donné ou non un avis sur la publication concernée.
Cela ne signifie pas que cette consultation ait nécessairement conclu à une proposition d’article
14.
[48] Le Nouvel Observateur, 23-29 novembre 1970, p. 36-37 et éditorial de J. Daniel p. 22-23.
[49] Le Monde, 20 novembre 1970, p. 1 et 11, L’Express, 23-29 novembre 1970, p. 105.
[50] Le Monde, 22-23 novembre 1970, p. 9. Ce même quotidien annonça dès le 18 novembre
1970 (p. 11) l’interdiction, et ce entre des publicités pour un lave-vaisselle et pour la 3e semaine
de la pensée libérale (« 2 Français ont choisi le libéralisme : Pourquoi ? 3e débat public « Les
cadres et le pouvoir économique »). Bon goût ?
[51] Le Monde, 26 novembre 1970, p. 15.
[52] Charlie Hebdo, No.2, 30 novembre 1970. J’ai lu ces 94 numéros. Même si l’on peut objecter
que la notion de pornographie est fluctuante, cette accusation est ici ridicule. Je n’ai retrouvé
qu’une de ce qui devait être ces quatre pages ; une chronique politique peu émoustillante de
Willem du No.52 du 26 janvier 1970. Le Conseil d’État ayant été saisi hors des délais contentieux, la
requête d’annulation pour excès de pouvoir de l’arrêté ne put être examinée sur le fond : CE, 12
janvier 1972, Société éditions du Square : Rec. CE, p. 34.
[53] Combat, 23 novembre 1970, p. 5, et Le Monde, 22-23 novembre 1970, p. 9.
[54] Ibid.
[55] L’Écho de la presse et de la publicité, 30 novembre 1970, p. 3. La conférence de presse y est
décrite en détail.
[56] Le Figaro, 24 novembre 1970, p. 6.
[57] L’Idiot International, No.12, décembre 1970-janvier 1971, p. 13.
[58] Le Monde, 25 novembre 1970, p. 11.
[59] Je n’ai pu voir cette partie de l’émission, non conservée ; voir Charlie Hebdo, No.2, 30
novembre 1970, et Le Nouvel Observateur, 23-29 novembre 1970, p. 22.
[60] JO, 14-15 décembre 1970, p. 11496.
[61] Communiqué de l’équipe Hara-Kiri dans Charlie Hebdo No.2, 30 novembre 1970. Cette partie
du communiqué n’est pas cité par Le Monde du 26 novembre 1970, p. 15.
[62] JO, 2 août 1981, arrêté du 23 juillet 1981, p. 6950.
[63] Charlie Hebdo, No.2, 30 novembre 1970. D’après mes recherches, l’enregistrement de cette
radiodiffusion du 24 novembre n’a pas été conservé.
[64] J. Gautier, « Faits divers. Au dos du faire part "national", il griffonne une lettre de cachet »,
dans Le Canard enchaîné, 25 novembre 1970, p. 4.
[65] Remarquons qu’outre l’Hebdo Hara-Kiri, cinq autres arrêtés sont en date du 4 novembre 1970
(portant interdictions pour quatorze publications et abrogation pour deux). Or si ces cinq arrêtés
furent publiés dans le Journal Officiel du 11 novembre, celui de l’Hebdo Hara-Kiri, rappelons-le, le
fut le 16. Cela suffit-il à prouver que l’Intérieur profita de l’occasion pour opportunément antidater
cet arrêté afin de ne pas lui donner l’apparence d’une lettre de cachet ?

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