rampage - Devildead

Transcription

rampage - Devildead
http://www.devildead.com
RAMPAGE
Titre original : RAMPAGE
Année : 2009
Nationalité : Canada
Acteurs : Brendan Fletcher, Michael Paré, Katharine Isabelle, Shaun Sipos, Linda Boyd, Brent Hodge &
Katey Grace
Réalisateur : Uwe Boll
Scénario : Uwe Boll
Musique : Jessica de Rooij
Depuis quelques annees, il est devenu de bon ton de
s'intéresser au dernier Boll pour le defoncer allegrement.
Soyons clairs : le bonhomme nous tend parfois le baton pour se
faire battre, voir les catastrophes nucleaires que sont FAR CRY
ou encore IN THE NAME OF THE KING. Ceci dit, SEED
avait relevé le niveau - un peu. Comme nous l'indiquait
Kristanna Lokken dans son interview lors du Festival de
Gerardmer 2008, il manquait a Uwe Boll un certain sens de
l'écriture et du montage.
Mais... qu'avez-vous fait a Uwe ? Que lui est-il arrive avec
RAMPAGE ? Avec sa troupe habituelle (Matthias Neumann
comme directeur photo, musique de Jessica de Rooij, decors de
Tink, Dan Clarke comme producteur, Bryan C. Knight comme
premier assistant...) En se degageant des fioritures de style, de
l'auto-parodie génante de POSTAL et ses justifications
permanentes, du gore gratuit de FAR CRY, du ridicule achevé
de certaines scènes de HOUSE OF THE DEAD ou de la nondirection d'acteurs comme ALONE IN THE DARK (Tara Reid
représente un record en la matière)... mais surtout en faisant
preuve d'humilité face a son sujet, il nous offre carrement son
meilleur film ! Ici, Bill, un jeune homme vivant chez ses
parents (Brendan Fletcher) décide de passer a l'action. Petit
génie de l'electronique et de la mécanique, il se fabrique une
armure metallique résistant à tout et un véhicule télécommandé
puis va commettre un massacre dans sa ville. Sur l'échelle
qualitative du "Bollometre" entre 1 et 10, RAMPAGE atteint
aisément un 96.
Sur un scénario limpide dans son articulation, et moins
attaché a plus ou moins respecter un sujet de jeu vidéo, Boll va
développer une sorte de shoot'em up version cinéma. Mais
avec une force de mise en scène qu'il n'avait jamais atteinte
auparavant! Eu egard tout d'abord au héros principal, Brendan
Fletcher (également co-producteur). Habitué de chez Boll pour
avoir tourné dans ALONE IN THE DARK ou
BLOODRAYNE II, il est aussi connu pour ses interpretations
dans GINGER SNAPS II et GINGER SNAPS III ou encore
FREDDY VS JASON. Ici, il explose litteralement sur l'écran.
Son talent est indéniable et il porte tout le film sur ses épaules.
Un (anti-) héros impassible, insoupçonnable et pourtant d'une
violence insondable : Uwe Boll semble avoir été capable de
focaliser son attention sur la direction d'acteur en requérant de
son personnage principal une droiture d'interpretation sans
sombrer dans la caricature robotisée. Son glissement vers la
violence s'effectue de manière précise, étudiée et inéluctable.
Tout est preparé d'avance et sa froideur d'exécution est
exemplaire.
Le film demeure d'autant plus curieux qu'il reprend la forme
de LA FOLLE JOURNEE DE FERRIS BUELLER dans sa
structure scénaristique ! Ainsi un jeune homme, laissé chez lui
par des parents lui faisant entière confiance, va en profiter afin
de vaquer a ses occupations qui ne sont pas d'ordre scolaire,
éffectuer sa "mission" et rentrer chez lui, naturellement. Sauf
qu'ici, le ton devient nettement plus nihiliste. Que la société
n'offre aucune échappatoire. Et que l'avenir appartient a ceux
agissent et non pas a ceux qui se contentent de palabres. En ce
sens, il prend le contrepied de son camarade Evan (Shaun
Sipos présent aussi dans un autre Boll, STOIC en cours de
livraison) qui s'evertue a vouloir se révolter contre la société
actuelle et ses dérives sans pour autant passer a l'action. Et
justement, l'action, il va y en avoir.
Des son plan mis en execution, notre héros s'harnache de
son armure en kevlar et autre carapace métallique, met son
casque, brandit ses mitrailleuses et tire dans le tas. Combien de
victimes ? Difficile à dire. Peut être 100, voire 150. un festival
de tuerie sans limite, ponctué de quelques temps morts et d'un
humour noir pour une fois maitrisé. Bill entre dans un salon de
coiffure, rassemble les clientes et coiffeuses dans un coin,
enlêve son casque et... se desaltère avec un verre d'eau. Il
repart comme si de rien n'était, laissant le groupe terrorisé.
Puis revient et les massacre dans un bain de sang. Autre
passage mémorable : il se rend dans un bingo et observe
patiemment ce petit monde s'affairer. Grand moment
d'humour et de mépris generalisé avant de reprendre son
Les textes contenus dans ce document sont la propriété de DeVil Dead ( www.devildead.com - [email protected] )
Page 1 sur 2
eradication de la ville, de ses habitants, des valeurs protectrices
- adieu police -. La famille et les forces de l'ordre ne protègent
plus rien. Pire encore, la loi et la justice n'y peuvent rien non
plus. Le rêve américain a son pinacle : la possibilité de tout
réaliser, absolument tout. Y compris celui de narrer
tranquillemet un conte amoral.
Ceci dit, Uwe Boll a toujours gardé ses petites manies qui
trahissent ses tics de mise en scène. Par exemple, comme dans
BLOODRAYNE II, une caméra a l'épaule tremblote en quasi
permanence. Ad nauseam, cette utilisation ne simule plus
l'urgence de l'instant mais celle d'arreter cette tremblotte une
bonne fois pour toute ! Vision trop proche d'un ecran vivement
déconseillée. Hormis les deux principaux protagonistes, la
direction d'acteurs laisse malheureusement a désirer. Hormis
un Michael Paré impeccable (dans son neuvième Boll !), le
reste n'est guere brillant. Les deux parents frisent la parodie
d'interpretation des meilleurs parents de l'annee. Le trait est
trop forcé pour etre honnête, ce qui cadre mal avec le jeu de
Brendan Fletcher. D'une manière generale, c'est aussi ce que
l'on pourrait reprocher au film : son manque de finesse. On se
trouve dans une oeuvre hybride, a mi-chemin entre la serie B
d'action et des vélleites sociales, voire politiques et
sociologiques. Un peu ce que Roger Corman tentait dans ses
productions des annees 70.
En clair, même s'il manquera toujours à Uwe Boll la
respectabilité nécessaire a sa crédibilité dans le monde du
cinéma et de la critique, RAMPAGE n'aurait pas fait tâche
dans une sélection officielle du Festival de Cannes. Bon,
d'accord, on pousse un peu. Quoi que... Mais avec
RAMPAGE, Boll a produit son ELEPHANT. Croisé avec
FERRIS BUELLER et l'influence des jeux vidéo, ce mélange
violence sociopathe et vertige bisseux cormanien demeure plus
qu'honorable.
Francis Barbier
Les textes contenus dans ce document sont la propriété de DeVil Dead ( www.devildead.com - [email protected] )
Page 2 sur 2