Yves Prete

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Yves Prete
PEOPLE MANAGER DE L’ANNÉE
Y VES PRETE , ADMINISTR ATEUR
DÉLÉGUÉ DE T ECHSPACE AERO
«Etre leader mondial dans
les moyen et long-courriers»
3 QUESTIONS
À YVES PRETE
Techspace Aero a signé de gros contrats ces derniers temps pour
embarquer ses compresseurs basse pression dans plusieurs moteurs
clés, comme celui du prochain Boeing 737. On n’a jamais vu Techspace
aussi dynamique pour intégrer les nouveaux programmes de
moteurs...
Nous avons en effet rejoint quatre nouveaux programmes depuis 2011
pour équiper des moteurs d’avions comme les nouveaux Boeing 737 MAX
et 777X, l’A320neo ou celui du Falcon 5X. Cela répond à la volonté de
Techspace Aero de conforter sa position. Nous sommes déjà leader dans
le domaine des compresseurs basse pression pour les avions moyencourriers avec quelque 75% de parts du marché mondial. Nous ne le
sommes pas encore au niveau des long-courriers, mais en intégrant le
moteur du 777X, nous devrions acquérir 50% de ce marché également
dès 2020. Si nous voulons être n°1 mondial, c’est pour disposer de moyens
à consacrer à l’innovation pour garder notre avance technologique, bien
qu’aujourd’hui nous y investissons déjà 20% de notre chiffre d’affaires.
La Wallonie, et la Belgique dans son ensemble, n’est plus réputée
pour être compétitive dans l’industrie. Comment parvenez-vous
à maintenir votre présence à Liège?
C’est le résultat d’une volonté sociétale et d’une vision stratégique. D’une
part, nous voulons maintenir de l’emploi industriel dans une région qui
compte pas loin de 20% de chômage. D’autre part, nous sommes convaincus
que la qualité de nos produits sera meilleure si nous concevons et
produisons sur le même site. Le problème de compétitivité se ressent plus
dans le domaine de la production que dans la conception. Nos ingénieurs
ne coûtent pas plus chers que chez nos voisins allemands et français et
sont hyper compétents. De plus, notre capacité d’innovation nous permet
de nous placer comme des partenaires des motoristes et pas de simples
sous-traitants. Nous apportons ainsi une plus grande valeur ajoutée,
risquons moins d’être sous pression. Et nous en tirons davantage de fruits.
Les questions environnementales sont un point central dans la
conception des nouvelles générations de moteurs. N’est-ce pas une
contrainte trop gênante pour vos activités?
Au contraire: c’est une opportunité. Entre deux générations de moteurs,
on gagne entre 10 et 15% en matière de consommation et on réduit en
même temps les émissions de CO2 et d’oxydes d’azote. Du coup, les
compagnies aériennes sont plus rapidement enclines à remplacer leurs
appareils. Ce qui participe à la croissance du marché et nous est forcément
profitable.
90 20 NOVEMBRE 2014 | WWW.TRENDS.BE
PROFIL
Né en 1954
•
Diplôme d’ingénieur civil électromécanicien
à l’Université libre de Bruxelles
•
1979 : débute sa carrière chez FN Moteurs,
devenu Techspace Aero, comme ingénieur
au service montage et essais. Il deviendra
directeur de production et directeur
de l’organisation
•
2000 : devient administrateur délégué
de Snecma Services Brussels
•
2005: est nommé directeur général
de SSAMC, une joint-venture de Snecma
en Chine
•
2009 : devient directeur général
de la division maintenance et réparation
de Snecma
•
1er janvier 2011: devient administrateur
délégué de Techspace Aero et est
également membre du comité exécutif
du Groupe Safran, actionnaire majoritaire
de Techspace Aero
CHIFFRES
Chiffre d’affaires 2013:
507 millions d’euros,
contre 318 millions en 2010
•
Bénéfice net après impôts 2013:
65 millions d’euros
•
Effectifs:
1.350 personnes,
et 100 embauches prévues en 2015
BELGAIMAGE / CHRISTOPHE KETELS
CHRISTOPHE CHARLOT
Pourquoi le Jury l’a choisi
Même si Techspace Aero réalise 100% de son chiffre
d’affaires à l’étranger, voilà bien une firme qui compte
en Belgique et qui a le vent en poupe. C’est que ce leader
mondial dans la conception et la fabrication de compresseurs basse pression est une société en forte
croissance. Les chiffres sont là: en 2010, Techspace Aero
enregistrait un chiffre d’affaires de 318 millions d’euros.
L’an passé, la firme, filiale du groupe français Safran,
était à 508 millions d’euros. Ce qui s’accompagne, fort
heureusement, d’une croissance du personnel également,
lequel compte aujourd’hui 1.350 personnes et prévoit
de s’étoffer encore de 100 personnes en 2015. Cette
croissance, Yves Prete la dirige avec détermination.
«Depuis que je suis arrivé, j’insiste pour qu’on ne passe
à côté d’aucun nouveau programme. Nous nous en
donnons les moyens et, pour l’instant, c’est un carton
plein.»
Le fait marquant de l’année écoulée
La signature, cet été, d’un énorme contrat de partenariat avec General Electric sur le moteur du Boeing
777X. C’est un programme majeur pour l’entreprise
qui a d’ores et déjà commencé les études relatives
au compresseur basse pression. Ce programme
mènera Techspace Aero jusqu’en 2040 et devrait bien
représenter, à lui seul, pas moins de 15% de son chiffre
d’affaires.
La réalisation dont il est le plus fier
«Avoir réussi, ces quatre dernières années, à positionner Techspace Aero sur des programmes qui vont
permettre de renouveler totalement la gamme de
produits aux alentours de 2020. Ce sera une période
charnière. Si nous avions raté des programmes, nous
aurions pu, à cet horizon 2020, perdre en chiffre
d’affaires. Je suis donc fier de pouvoir assurer une
certaine pérennité à l’entreprise pendant encore un
certain nombre d’années, et donc de l’emploi pour de
nombreuses familles.»
Le défi principal qui l’attend
«Le défi sera de suivre la montée en cadence. Il faut
se rendre compte que certains produits verront leur
production multipliée par cinq. Il convient donc d’investir
dans des ateliers, ce que nous faisons avec un plan
industriel de 113 millions d’euros. Il faudra veiller à
automatiser certaines lignes et penser intelligemment
une usine du futur en continuant à maintenir la
motivation. Il faudra environ trois ans pour arriver aux
cadences que l’on se fixe.»
Un bon Manager de l’Annéeselon lui
«Il faut évidemment être un bon gestionnaire, mais ce
n’est pas suffisant. Il faut aussi avoir une vision d’avenir
pour son entreprise et mesurer son impact sur la société.
Il faut partager la stratégie avec le personnel et convaincre
que la création du bien-être est le véritable objectif final
d’une entreprise. Pour cela, la confiance dans les hommes
et femmes de la société est fondamentale.»
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