Youssoupha : "Pour être différent, il faut être soi-même"

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Youssoupha : "Pour être différent, il faut être soi-même"
Youssoupha : "Pour être différent, il faut être soi-même"
Vendredi, 13 Avril 2012 16:32
Derrière lui, les polémiques et les amalgames. Youssoupha, demain sur la scène de la
Rock School Barbey, parle d’amour, de société et d’identité. Fidèle à lui-même.
Contrairement à d’autres qui ont surfé sur les remous de paroles provocatrices, Youssoupha,
lui, a bien grandi dans la cité, mais ne s’identifie pas au «rap gangsta». Alors il a préféré joué la
carte profil bas et humilité lorsque l’épisode Éric Zemmour est survenu. Piqué au vif par les
propos du journaliste polémiste qui voyait dans le rap une «sous-culture d’analphabètes», le
rappeur avait riposté dans le titre «À force de le dire» par un «J’mets un billet sur la tête de celui
qui fera taire ce con d’Éric Zemmour!». Celui-ci s’est empressé de faire un procès pour
«menace de crime et injure publique». Procès gagné récemment : Youssoupha y a été de sa
poche de 800€ d’amende et de 1000€ de dommages et intérêts. Une condamnation qu’il
regrette, et qui ne lui a pas ôté sa liberté d’expression, comme en atteste «Menace de mort»,
l’un des titres phares de son troisième album, «Noir D****». «Cette chanson, pour moi, c’est le
point final à toute cette affaire. Tout a été dit et redit. Maintenant, ça me révolte encore que le
rap soit le seul genre musical à être traité ainsi, par la voie judiciaire.»
Amoureux des mots
Pourquoi alors est-ce tombé sur lui, qui a toujours pris ses distances avec la “culture gangster”
des quartiers («le thème m’a jamais inspiré») ? Peut-être parce que son parcours fait justement
mentir Zemmour : né à Kinshasa, fils du roi de la rumba congolaise Tabu Ley Rochereau –
présent sur le titre «Les Disques de mon père» –, grandi à Cergy dans le 95, Youssoupha
aurait plutôt tout du modèle de l’intégration à la française, et rien de l’analphabète. «L’écriture
m’exalte et me passionne depuis que j’ai 12-13 ans. J’ai trouvé dans le rap le socle parfait pour
supporter mes textes, y exprimer mon style, ma personnalité avec une couleur musicale.»
L’homme est féru de littérature, et de chanson française, des classiques Barbara-Brassens-Brel
jusqu’à Renaud, avec «un faible pour Alain Souchon, une vraie influence». Et ça s’en ressent
dans son disque aux textes ciselés par un orfèvre, un amoureux des mots, glissé dans un écrin
musical brillant et chaleureux. Une patte à part dans le paysage hip hop hexagonal. «Je suis
heureux de tous ces bons retours, de la presse, des radios, et surtout du public (l’album est
déjà disque d’or, ndlr). Je crois que les gens se rendent compte que, dès le début, j’ai adopté
un ton qui était le mien. Pour être différent, il faut être soi-même, et c’est en étant franc, direct,
que je peux assumer ma liberté.» Une liberté qui l’a conduit à cet opus «Noir D****» pour Noir
Désir, «une belle expression, sans vrai rapport avec le groupe – d’où les étoiles, pour ne pas
qu’il y ait d’ambiguité. À ma façon, ça traduit bien comment je veux à la fois parler d’amour et
de cultures africaines». Et c’est pour cela qu’il a choisi cette production très analogique, pleine
de samples d’inspiration ethno. «C’est comme ça que je la sens, cette musique. Le rap est un
genre musical sublime, il faut qu’on arrête d’être complexé par rapport à ça.» Avec son
lumineux «Noir D****», Youssoupha, lui, n’a pas à rougir. • Sébastien Le Jeune
Première partie : Tony Kila & Ladea
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Youssoupha : "Pour être différent, il faut être soi-même"
Vendredi, 13 Avril 2012 16:32
Demain, à 21h, à la Rock School Barbey, 20€.
Photo : Fifou
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