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JDD Nouvelles technologies Pendant très longtemps, les entreprises technologiques ont abordé la question du lien social des seniors en commercialisant des téléphones à grosses touches ou avec des écrans plus larges. Désormais, c’est une nouvelle étape qui s’enclenche avec l’apparition des réseaux sociaux de proximité. Au cœur du modèle, un accès gratuit pour les utilisateurs finaux et une ouverture généralisée à tous les acteurs du maintien à domicile. Les seniors ont aussi leurs réseaux sociaux À quoi tient le bonheur de nos aînés ? Une partie de la réponse se trouve dans un sondage Viavoice-Harmonie Mutuelle-L’Express-France Inter publié en septembre 2015. Certes, on peut faire dire aux chiffres à peu près tout et son contraire, mais la méthodologie de l’institut de sondage a ceci d’intéressant qu’elle consiste à demander à un panel de seniors de citer des « recettes du bonheur » spontanées. Ils sont 17% à lier le bonheur à la faculté de profiter de l’instant présent et 16% à estimer qu’être heureux, c’est d’abord avoir un travail. En troisième position (13%) vient le fait d’être entouré de sa famille, aimer sa famille et avoir des enfants. Ne pas vieillir seul Dans un premier temps, la technologie a d’abord cherché à adapter le matériel. Des téléphones à grosses touches, des écrans plus larges et des téléviseurs connectés : tel a été le premier réflexe des industriels. Dans un second temps, les fabricants ont cherché à simplifier les interfaces, à créer des applications spécialement conçues pour les seniors. Autrement dit, ils ont cherché à adapter le contenu de ces mêmes appareils. Pendant très longtemps, donc, on s’est borné à adapter l’existant, sans vraiment chercher à créer de nouveaux comportements et de nouveaux réflexes chez les seniors. Il a donc fallu attendre la troisième étape, celle du Web 2.0, qui fait de l’utilisateur un acteur qui participe, donne son avis et communique avec son entourage, pour que des outils dédiés soient créés. Le Journal du Domicile No 78 - MARS 2016 Loin de nous l’idée de passer ici en revue des lieux communs, mais cette introduction était nécessaire pour planter le décor. Les personnes âgées ne veulent pas vieillir seules et on les comprend. Quelle est la réponse apportée par la technologie ? Grosso modo, on peut distinguer trois grandes étapes d’évolution de l’offre. 16 L’équipe Appliserv Le site Ammy.fr Des réseaux sociaux de proximité Cette transition s’est faite sur le tard en ce qui concerne les personnes âgées. Jusqu’ici, Facebook, Twitter ou LinkedIn n’avaient pas d’équivalent dans le secteur. D’ailleurs, pourquoi s’en plaindre ? Il faut être cohérent. On ne peut pas à la fois regretter la stigmatisation des personnes âgées à travers des appareils ou des applications spécifiques, et attendre des géants du Web qu’ils créent des réseaux sociaux dédiés aux seniors. C’est pourtant le pari qu’a fait AppliServ, une startup nîmoise spécialisée au départ dans les logiciels de planification de missions, de gestion des équipes et de suivi des interventions en temps réel par géolocalisation. L’entreprise a déjà l’habitude de travailler avec les acteurs du domicile, mais c’est par un autre bout de la lorgnette qu’elle a choisi de l’aborder avec sa communauté solidaire baptisée « Ammy ». Nouvelles technologies de capital de 300 000 euros auprès de l’Apard, le premier opérateur de santé à domicile en Languedoc-Roussillon. Travailler avec les organismes publics Ammy et Ma-residence.fr ne sont pas les seuls à surfer sur la vague des communautés de quartier. On aurait pu tout aussi bien citer Dans le même ordre d’idée, Ma-residence.fr Voisin-age.fr, Monptivoisinage.com, Peuplade.fr a développé une offre « Solidarité » destinée ou encore Voineo.com. Cette nouvelle généraprincipalement aux centres communaux d’action d’outils destinés à faciliter le lien social des tion sociale (CCAS) et aux Départements. Là personnes âgées traduit bien un renversement encore, la solution est gratuite pour l’utilisateur de logique. Il ne s’agit plus final, à savoir la personne âgée seulement de permettre aux ou son aidant. Au départ, ce personnes âgées de continuer réseau de voisinage était conçu à utiliser les outils de compour faciliter le lien social entre munication traditionnels mais copropriétaires ou locataires du bien de les aider à activer parc social. Petit à petit, son les réseaux de solidarité qui usage s’est étendu à la vie les entourent. Encore faut-il de quartier, des commerçants que les seniors soient équiet des associations participant pés. Dans le projet qui l’assoégalement à la vie de la placie à AppliServ et sept autres teforme. C’est en 2014 que entreprises régionales pour la l’offre Solidarité a réellement création d’une plateforme web décollé, avec la réalisation d’un de services numériques dans projet pilote pour le compte du Charles Berdugo, le P-DG de le secteur de la prévention de CCAS de Coulommiers (77). Ma-residence.fr la perte d’autonomie, la Carsat Languedoc-Roussillon prévoit ainsi d’équiper Aujourd’hui, Ma-residence.fr revendique douze quelque 600 personnes âgées de tablettes collaborations avec des CCAS et est en discusou de téléviseurs connectés. L’appui des orgasion avec deux Départements. Parallèlement, nismes publics est donc fondamental pour la plateforme renforce son alliance avec les amorcer le développement de ces réseaux opérateurs de téléassistance. « Nous sommes sociaux de proximité. aujourd’hui devenus une brique incontournable de leur offre, assure Charles Berdugo, le P-DG de Ma-residence.fr. Lorsqu’ils reçoivent un http://appliserv.fr/ appel, ils ont la possibilité de contacter les proches aidants. Lorsque ceux-ci ne répondent Aurélien Bordet Family Connect, une application pour toute la famille Aux côtés de ces réseaux sociaux d’un genre nouveau, on trouve d’autres idées, plus simples à mettre en œuvre. Family Connect est une application pour smartphones pensée pour les familles. Ici, ce sont les aidants qui sont à la manœuvre et peuvent utiliser deux fonctionnalités différentes pour se coordonner. D’un côté, un calendrier permet d’organiser les appels de la semaine et de voir qui téléphone et à quel moment. De l’autre, un système de notifications permet de rappeler au proche le moment où il doit téléphoner, de demander à quelqu’un d’autre de téléphoner quand il ne lui est pas possible d’appeler ou de recevoir de l’information sur l’état de forme de la personne aidée suite à un coup de fil passé par un autre membre de la famille. Une solution qui pourrait intéresser notamment les familles installées dans une autre région ou à l’étranger, et qui communiquent essentiellement par téléphone avec leurs parents ou grands-parents. www.familyconnect.fr No 78 - MARS 2016 L’inscription à Ammy est gratuite pour les particuliers. Peuvent y accéder les personnes âgées, bien sûr, mais aussi les aidants, les bénévoles, les professionnels de santé, les auxiliaires de vie… remplit les fonctions essentielles d’un réseau social : communiquer, prendre des nouvelles simplement et suivre l’actualité d’un proche. Mais cette plateforme comporte bien d’autres fonctionnalités, suivant le profil de la personne qui l’utilise. Une collectivité locale peut, par exemple, l’utiliser pour simplifier le repérage des personnes fragilisées. Une structure d’aide à domicile ou une association peut s’en servir pour faciliter la communication et le passage de relais entre les équipes, les bénéficiaires et les familles. Des familles, enfin, peuvent s’y connecter pour suivre à distance l’état de forme de leurs proches ainsi que les prestations effectuées chez eux. Le développement de ces réseaux sociaux à visée solidaire a un intérêt direct pour les structures d’aide à domicile. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si AppliServ vient de finaliser une augmentation pas ou ne sont pas disponibles, ils peuvent utiliser l’interface pour entrer en contact avec le voisinage et ainsi aider à la personne âgée à aller chercher son pain, prendre un café avec elle ou organiser une partie d’échecs. » Le Journal du Domicile Fabien Ramperez, le dirigeant d’AppliServ, se souvient des débuts d’Ammy : « A l’origine, nous sommes une société éditrice de logiciels. Nous avions créé une sorte de carnet de liaison. Face au succès de celui-ci, l’idée s’est vite imposée de le transformer en communauté solidaire sur internet. » Depuis, AppliServ a remporté un appel à projets auprès de la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) Languedoc-Roussillon et développé un partenariat avec le CHU de Nîmes. L’objectif de cette collaboration ? Mettre en place une « plateforme de fragilité » capable d’accueillir 600 personnes âgées par an et organiser le repérage des situations d’isolement et/ou de fragilité. JDD 17