Mise en page 1 - AFAC : Association Française du Cheval Arabe de
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PUBLI-INFORMATION LA DOUCEUR ARABE SELON JEAN BIRABEN L’homme est discret en certains lieux et circonstances, ceux qui imposent de s’exposer en public. « Je n’aime pas apparaître sur les photos de remise de prix », avouet-il. Pourtant, en comité plus privé, il s’affirme et exprime haut et fort ses positions. Normal. Jean Biraben occupe, tant d’un point de vue professionnel –- il est à la tête de Biraben Foies Gras – que comme acteur des courses, un rôle de sentinelle de notre époque. Eleveur et propriétaire bien connu de pur-sang, il voue aussi une vraie passion aux pur-sang arabes. Vice-président de l’AFAC (Association française du cheval arabe de course), Jean Biraben nous a parlé de cette « race attachante » et de certains aspects méconnus des sportsmen traditionnels… Jour de Galop. – Comment peut-on présenter les pur-sang arabes à des néophytes ? Quels traits les différencient de leurs cousins, les pur-sang anglais ? Jean Biraben. – D’abord, il faut préciser que les pur-sang arabes de course descendent des mêmes fondateurs que les pur-sang anglais, avec en particulier Darley Arabian. A une nuance près : le pur-sang arabe est une véritable race pure sans apport de sang différent. Il a développé un comportement et un mental bien spécifiques et, pour moi, le pur-sang arabe est vraiment attachant. Il recherche naturellement la présence de l’homme et a, de ce point de vue, une dimension “d’animal domestique”. Il est fondamentalement gentil et incapable de réactions brutales. Sous l’angle sportif, il est dur mais susceptible. Ce sont des chevaux avec lesquels il faut faire preuve de psychologie. On n’obtient rien de leur part avec la cravache, rien avec la force. On peut d’ailleurs remarquer que les entraîneurs qui se sont spécialisés et ont des résultats avec les “Arabes” sont tous des passionnés qui ont su prendre en compte la dimension psychologique. Je pense ici à Bertrand de Watrigant, Jean-Pierre Totain, François Rohaut, Arnaud Chaillé-Chaillé, Sandrine Tarrou, Robert Litt, Jean-François Bernard… Parlez-nous de votre rencontre avec les pur-sang arabes… J’avais déjà des pur-sang anglais quand j’ai acheté par curiosité deux chevaux arabes en 1986 à la famille LafondPuyo. Il s’agissait de Djelfor (Manganate) et de Djelaba (Manganate), un frère et une sœur. Le premier a été un très grand cheval de course, invaincu jusqu’à 1.600m. Il a battu plusieurs fois Dormane (Manganate) qui lui était supérieur sur les distances de tenue. Il est aussi devenu un bon étalon, père par exemple du reproducteur prometteur Akbar, le père d’Akim de Ducor. Je m’y suis attaché et ai par exemple acheté l’ensemble du lot des six pouliches présentées par un Tunisien lors d’une vente à Toulouse en 1994. Aujourd’hui, j’ai une dizaine de poulinières arabes et une trentaine de pur-sang anglais. J’ai été tête de liste des propriétaires en 2000. Pour ma part, il y a eu un impact important de mon élevage d’Arabes sur mes pur-sang anglais. Le premier m’a permis de développer le second grâce à quelques belles ventes. Il y a eu un marché soutenu avec les pays du Golfe qui existe d’ailleurs toujours, même si les éleveurs du Sud-Ouest sont aujourd’hui dans un environnement concurrentiel beaucoup plus fort. En particulier avec les élevages lancés par les propriétaires des Emirats. Après avoir acheté chez nous, ils développent maintenant leurs propres élevages. Comment expliquer la réussite des pur-sang arabes français, pour ne pas écrire du Sud-Ouest ? Historiquement, deux familles ont joué un grand rôle [lire encadré “Aux origines”]. De fait, nous avons toujours eu de très bons reproducteurs. Notre race possédait et possède toujours des aptitudes à la tenue (2.000m, 2.400m). Lorsque des investisseurs du Golfe et d’ailleurs ont commencé à s’intéresser aux courses de pur-sang arabes, nos résultats ont été rapidement les meilleurs. Mais il faut aussi dire que des croisements avec des pur-sang d’autres bassins d’élevage ont boosté notre élevage. L’achat de mes six pouliches tunisiennes en 1994 m’a procuré de très bons chevaux. D’autres éleveurs ont suivi cette voie et nous avons ainsi produit les meilleurs pur-sang arabes du monde. On peut faire un parallèle avec les réalisations de François Dupré qui a été chercher du sang américain chez les pur-sang. Ou avec Jean-Pierre Dubois qui a fait la même chose plus récemment dans le trot. Si on tournait toujours avec Manganate – un chef de race – et Dormane – un fils de Manganate très influent –, on resterait les meilleurs sur 2.400m. Mais avec l’introduction de sangs différents, comme ceux véhiculés par Tidjani et ses fils, nous avons étoffé les qualités du pur-sang arabe français de course. >> AUX ORIGINES À DROITE, GÉRARD LARRIEU Mercredi 3 juin 2009 / 9 Deux familles ont joué un rôle important dans le développement de la race “Arabe de course” dans le SudOuest. Les dynasties Lafond-Puyo et Watrigant. C’est d’ailleurs chez les premiers que Jean Biraben a procédé à ses premiers achats avec Djelfor et Djelaba. PUBLI-INFORMATION >> LA DOUCEUR ARABE… Avez-vous noté des évolutions notables ces dernières années dans la production, les pratiques d’élevage, en particulier avec l’apparition d’une plus grande concurrence ? Effectivement, la race a beaucoup évolué ces quinze dernières années. Aujourd’hui, les chevaux vont plus vite et sont plus beaux. Je trouve que les gens sont plus appliqués. Ce qui nous permet d’être toujours aussi présents et au sommet des classements internationaux. Il faut savoir que les reproducteurs français sont – toujours – les meilleurs du monde. En 2008, sur les treize Groupe 1 PA [pur arabe, ndlr] disputés dans les Emirats Arabes Unis, douze ont été gagnés par des chevaux nés et élevés en France. Dans les Emirats toujours, Akbar (Djelfor) a été la tête de liste des pères de gagnants. D’ailleurs, sur les vingt-cinq premiers étalons de ce classement, vingt-trois sont des “FR”. Aux Etats-Unis, on le sait peut-être moins, mais les pur-sang arabes français de course sont aussi les leaders. Sur les quinze premiers étalons pères de gagnants en 2008, neuf sont nés et ont été élevés en France. Voilà des chiffres qui situent bien le niveau de notre élevage. À GAUCHE, JEAN-PIERRE DE GASTÉ Il a bien fallu communiquer et se faire connaître auprès des investisseurs, y compris du golfe Persique. Comment s’est propagée la race française à l’étranger ? Vous savez, les courses de pur-sang arabes restent ce qu’on pourrait appeler un “petit monde”. En France, il y a de 450 à 500 poulinières pour les courses. Mais c’est aussi et surtout le rôle des courtiers qui a été déterminant. Ce sont eux qui ont fait connaître le pur-sang arabe français. Ils ont eu un rôle prépondérant dans son exportation. Là, il faut citer les interventions de Jean-Pierre de Gasté, de Jean-Pierre Deroubaix (F.B.A.) et de Gérard Larrieu (Chantilly Bloodstock). Par leurs réseaux et connexions, ils ont été les trois locomotives du développement des pursang arabes et de nos courses. Aujourd’hui, le rôle que joue l’AFAC est très important. C’est une association reconnue que Jean-Pierre de Gasté, en tant que président, a contribué à développer. C’est au nom de l’AFAC et par son intermédiaire que l’accord de parrainage du Qatar pour le week-end de l’Arc de Triomphe a été signé. Mercredi 3 juin 2009 / 10 Êtes-vous en relation avec vos acheteurs ? Avezvous déjà été à l’étranger à la découverte des élevages et des courses ? En fait, je n’ai pas de relations directes avec les investisseurs étrangers. En revanche, j’ai déjà été me rendre compte de ce qui se passait à l’étranger. Je me suis rendu à Oman et dans les Emirats. Dans le paysage et l’industrie des courses de pursang anglais, il y a une montée en puissance des courses d’arabes purs. Le partenariat du Qatar Racing Equestrian Club avec France Galop pour le week-end de “l’Arc” en est le plus bel exemple. Comment analysez-vous ce dynamisme ? Il est évident qu’aujourd’hui, le monde du pur-sang arabe a pris une réelle importance. Le temps où on entendait des entraîneurs dire au sujet des courses d’Arabes « Ces chevaux viennent nous abîmer la piste » est révolu. Le soutien des investisseurs “pro pur-sang arabes” aux courses de pur-sang anglais n’est pas nouveau. Il s’explique aussi par le fait que certains grands propriétaires sont passionnés par les deux races. Le partenariat des Emirats Arabes Unis puis d’Emirates Airline de 1994 à 2000 avec le Prix du Jockey Club en est un exemple. Mais il y a eu un tournant dans l’histoire mondiale des courses arabes en 2008 avec le partenariat du Qatar en faveur de l’Arc. La place des courses de pur-sang arabes a alors été extrêmement valorisée en dotant l’Arc de 4 millions d’euros. C’est un partenariat sur cinq ans et cela témoigne aussi de la solidité de ces engagements. Il faut ajouter que cet accord a fait école avec le récent sponsoring des King George VI Stakes (Gr1) d’Ascot avec Emirates Equestrian Federation. Il y a là une autre révolution car les Anglais restaient très conservateurs en la matière. La déclaration de Charles Barnett, le responsable d’Ascot, est d’ailleurs très engagée. Je tiens à vous le citer : « Les King George sont notre course de pur-sang anglais la plus importante de l’année et cette journée est la plate-forme idéale pour le lancement d’une course de pur-sang arabes, avec le soutien d’Emirates Equestrian Federation. Ce sera la première épreuve de ce type à se tenir sur l’hippodrome royal d’Ascot. L’intégration d’une grande course d’Arabes le jour de “l’Arc” en France a été un succès. C’est pourquoi nous croyons que cette ajout sera très bénéfique pour les courses et l’ensemble de l’industrie hippique. » C’est suffisamment important pour être rapporté. JEAN-PIERRE DÉROUBAIX