Gunepin M. Impact du Xylitol sur le risque carieux - École du Val
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Gunepin M. Impact du Xylitol sur le risque carieux - École du Val
Mise au point Impact du xylitol sur le risque carieux - implications militaires. M. Gunepina, F. Deracheb. a Secteur dentaire interarmées de Draguignan, BP 400 – 83007 Draguignan Cedex. b Service de chirurgie maxillo-faciale et stomatologie de l’HIA Sainte-Anne, BP 20545 – 83041 Toulon Cedex 9. Article reçu le 9 avril 2009, accepté le 19 avril 2010. Résumé La carie dentaire est une maladie infectieuse d’étiologie multifactorielle. Aujourd’hui une nouvelle arme s’offre à nous pour lutter contre cette pathologie : le xylitol. Largement utilisée dans de nombreux pays notamment européens, cette molécule reste encore méconnue en France. Pourtant les études menées depuis près de 40 ans nous font percevoir la puissance de ce polyol qui permet, sous forme de gomme à mâcher (chewing-gum), de diminuer jusqu’à 85 % l’incidence des lésions carieuses en jugulant le risque carieux. La diffusion du xylitol au sein des armées (en complément de l’hygiène bucco-dentaire quotidienne impérative), où la pathologie carieuse est prégnante, aurait de ce fait un impact majeur sur la mise en condition opérationnelle des militaires et leur disponibilité au cours des projections. Mots-clés : Armée. Caries dentaires. Xylitol. Abstract IMPACT OF XYLITOL ON THE CARIES RISK – MILITARY INVOLVEMENTS. Dental caries are an infectious pathology. Its aetiology is multifactor. Today a new weapon exists to fight against decays: xylitol. Hugely used in foreign countries especially in Europe this polyol is still unknown in France. Nevertheless studies published for almost 40 years show the power of xylitol which allows an up to 85 % decreasing incidence of dental caries by diminishing the dental risk. Spreading xylitol in military population (in addition to obligatory daily oral hygiene) where dental decay is frequent, should have a major impact on the forces preparedness as well as their availability during overseas deployments. Keywords: Army. Dental caries. Xylitol. Introduction. Avant notre étude du xylitol et de ses effets sur la carie dentaire, il apparaît fondamental de souligner le fait qu’il ne s’agit en aucun cas de trouver une solution de substitution à l’hygiène bucco-dentaire quotidienne. Le brossage, l’utilisation du f il dentaire, etc. sont et demeurent la base d’une bonne santé bucco-dentaire. Notre objectif est de mettre en évidence un possible effet bénéfique du xylitol dans la lutte contre la carie dentaire. Afin de savoir s’il est pertinent d’utiliser à grande échelle du xylitol au sein des armées, nous procèderons par étapes. Nous commencerons par décrire la carie dentaire et surtout son étiologie multifactorielle qu’il est M. GUNEPIN, Chirurgien-dentiste. F. DERACHE, Chirurgien-dentiste. Correspondance : M. GUNEPIN, Secteur dentaire interarmées de Draguignan, BP 400 – 83007 Draguignan Cedex. E-mail : [email protected] médecine et armées, 2010, 38, 4, 369-380 indispensable de comprendre si l’on veut lutter efficacement contre cette pathologie si commune. Nous nous attacherons ensuite, plus spécifiquement, à l’incidence prégnante de cette pathologie au sein des armées puisque la carie est de très loin le premier motif dentaire d’inaptitude. L’analyse de 19 059 aptitudes dentaires réalisées au prof it d’unités des secteurs dentaires interarmées de Strasbourg et de Draguignan fait apparaître que plus du tiers du personnel militaire présente au moins une carie dentaire incompatible avec un départ en mission (1). De ce fait, il est indispensable de trouver des solutions pérennes dont l’une semble être le xylitol, molécule utilisée dans de nombreux pays dans le cadre de la maîtrise du risque carieux voire même du « traitement » de lésions initiales. Ces assertions seront étayées par une large revue de la littérature internationale qui balaiera plus de 40 ans de travaux de recherche. Nous finirons par des propositions d’utilisation du xylitol à grande échelle au sein des armées françaises en nous 369 basant sur l’expérience de deux armées alliées ayant déjà fait ce choix : l’armée finlandaise et l’armée américaine. La carie dentaire. La carie dentaire est une maladie infectieuse postéruptive pandémique des tissus durs de la dent. Elle peut affecter la qualité de vie et représente un coût économique considérable (2). La carie est caractérisée par des périodes de déminéralisation alternant avec des périodes de reminéralisation. Elle est localisée, se dirigeant de l’extérieur vers l’intérieur de la dent. Elle affecte les tissus durs de la dent à des degrés variables, allant de la simple perte de minéraux, non détectable à l’œil nu, à une destruction complète de la dent (3). Le processus carieux est généralement réversible aux stades initiaux et dans des conditions favorables, tandis qu’il est irréversible aux stades avancés. Keyes a mis en évidence trois facteurs étiologiques principaux : l’hôte, les facteurs microbiens et l’alimentation (4) auxquels Newbrun, en 1978, intègre le facteur temps (5). Ceci permet d’aboutir au schéma présenté sur la figure 1. L’analyse de la figure 1 permet de comprendre que l’apparition d’une lésion carieuse est intimement liée à des facteurs : – biochimiques et morphologiques au niveau de l’hôte ; – bactériologiques avec la quantité et la qualité de la flore peuplant la plaque bactérienne ; – alimentaires avec la fréquence de consommation de produits sucrés. D’un point de vue physiopathologique, nous aurons les étapes suivantes : tout d’abord, la mise en contact de glucides fermentescibles avec les bactéries cariogènes de la plaque dentaire va aboutir à la production d’acides organiques. Ces acides vont entraîner une diminution du pH buccal qui, s’il passe en dessous du seuil critique de 5,5 se traduit sur l’émail dentaire par une déminéralisation aboutissant secondairement à l’apparition d’une lésion carieuse. Il est à noter que l’acidité peut provenir directement des aliments qui constituent alors un risque cariogène majeur (sodas, citron, vinaigre, etc.). Comportement Plaque Hôte Lésion carieuse Sucre n É d u c a t i o temps F ac teurs s es i qu m o n ocio-éco Figure 1. Schéma de KEYES modifié par Newbrun revu par Reisne et Douglas (6). 370 Alimentation. Même si tous les sucres n’induisent pas le même risque carieux (6, 7) (le saccharose est considéré comme le plus cariogène des sucres assimilables (8)), il est à présent admis que n’importe quel glucide fermentescible est susceptible d’induire des caries. Pendant longtemps, les amidons étaient considérés comme non cariogènes. Si ceci est vrai lorsqu’ils sont crus (9), cela ne l’est pas lorsqu’ils sont cuits (10). Ainsi l’amidon cuit (biscottes, chips, etc.) est à l’origine de la formation de caries et en conséquence, les aliments composés d’amidon et de saccharose (céréales par exemple) sont plus cariogènes que ceux composés de saccharose seul (11). Temps. En ce qui concerne le facteur temps, plus l’aliment cariogène séjourne longtemps en bouche, plus les probabilités de développement rapide de la carie dentaire sont augmentées. Les aliments les plus cariogènes sont donc les aliments sucrés collants dont le temps en bouche et au contact des dents est allongé (12) (exemple des caramels). Le facteur temps est donc intimement lié à la texture des aliments. La fréquence de consommation est un facteur plus important que la quantité ingérée (13). La répétition des prises alimentaires entraîne une acidité continue en bouche avec le maintien d’un pH buccal au dessous du seuil critique. Ceci empêche l’action des systèmes tampons salivaires, s’oppose au potentiel de reminéralisation des ions salivaires et favorise le développement de bactéries cariogènes au sein de la plaque dentaire (14). Le grignotage ou vagabondage alimentaire est donc délétère pour la santé buccodentaire. Plaque dentaire. Certaines bactéries de la plaque comme les Streptococcus mutans et les Lactobacilles sont acidogènes (15). N’importe lequel des glucides fermentescibles, le glucose, le saccharose, le fructose ou l’amidon sous la forme raffinée, peut être métabolisé par ces bactéries. Les Streptococcus mutans ont été isolés en premier par Clark en 1924 et ont longtemps été considérés comme le facteur étiologique majeur de la carie dentaire (16). De nombreuses études ont vérifié la corrélation existant entre le taux de Streptococcus mutans en bouche et la prévalence carieuse (17, 18). Le saccharose facilite l’implantation des bactéries cariogènes dans la cavité buccale et engendre une augmentation du nombre de Streptococcus mutans au sein de l’écosystème buccal (19). Hôte. Au niveau de l’organe dentaire plusieurs facteurs peuvent favoriser l’apparition de caries. Certains sont exogènes comme de multiples obturations déjà présentes en bouche, les restaurations défectueuses, les bagues orthodontiques (3, 20), etc. ; d’autres sont endogènes comme la morphologie dentaire avec des sillons profonds, les malpositions dentaires, les rotations, etc. m. gunepin Il est important de retenir de ce survol de l’étiologie multifactorielle de la carie dentaire que cette pathologie ne se manifestera que lorsque tous les facteurs seront présents et que par contre, elle peut être inactivée par l’absence d’un seul de ces facteurs. À partir de là, il devient plus facile de trouver les armes permettant de lutter contre cette maladie dont la prévalence et l’incidence sont extrêmement importantes au sein de la population en générale et au sein des armées en particulier. Prévalence carieuse au sein de l’armée française. Le STANdardization AGreement (STANAG) 2466 est le texte de standardisation de l’OTAN visant à attribuer à chaque militaire un niveau de risque de survenue d’une pathologie dentaire durant une période donnée (21). Ce texte a été ratifié par la France (22) et mis partiellement en application en 2005 (23). Quatre classes d’aptitude dentaire sont proposées par le STANAG 2466 : – classe 1 : ce sont les patients qui ont subi un examen dentaire et qui ne nécessitent pas de traitement ou de réévaluation. Les personnes en classe 1 sont projetables en tout temps et en tout lieu ; – classe 2 : ces personnes ont subi un examen dentaire qui a révélé la présence de pathologies qui, si elles ne sont pas traitées dans les 12 mois, n’entraîneront pas la survenue d’une urgence dentaire. Ces personnes sont également projetables en tout temps et en tout lieu ; – classe 3 : l’état dentaire de ces patients nécessite des traitements qui, s’ils ne sont pas effectués, entraîneront une urgence dentaire dans les 12 mois. Ces personnes ne sont pas projetables ; – classe 4 : ces personnes nécessitent un examen dentaire. Ce sont tous les militaires dont le statut dentaire est inconnu faute d’examen ou de radiographie panoramique dentaire à jour. En ce qui concerne les caries dentaires : – seront classés 2, les individus présentant une ou plusieurs caries de l’émail ; – seront classés 3, les individus présentant une ou plusieurs caries dentaires au-delà de la jonction amélodentinaire. Ceci inclut également les restaurations dentaires défectueuses non étanches (reprises de carie). L’un des nombreux intérêts de la mise en application du STANAG 2466 est de connaître les motifs d’inaptitude du personnel militaire et la proportion d’inaptes globale et d’inaptes par motif. Nous nous intéresserons ici aux données obtenues à partir de l’analyse de 19 059 aptitudes dentaires réalisées sur 4 ans au profit de militaires des secteurs dentaires interarmées de Strasbourg et de Draguignan (1). Les militaires examinés l’ont été dans le cadre de mises en condition dentaire avant projection ou de leur visite systématique annuelle. Les unités d’appartenance des patients sont essentiellement de l’armée de Terre plus une école de la direction du renseignement militaire et une base aérienne. Au total, sur les 19 059 militaires examinés, 59 % se sont révélés aptes dentaires et 41 % inaptes. Impact du xylitol sur le risque carieux - implications militaires. Les données présentées dans le tableau I ont été recueillies réglementairement sur la fiche OTAN de recueil de l’activité dentaire selon les modalités définies par la note 818/DEF/DCSSA/AST/TEC/MDA du 18 mars 2005 (24). L’analyse des données présentées dans le tableau I permet tout d’abord de constater que la somme des pourcentages dépasse largement 100. Ceci traduit une évidence, à savoir qu’un individu peut avoir en même temps une péricoronarite au niveau de l’une de ses dents de sagesse, une obturation défectueuse accompagnée d’une carie. L’inaptitude de fait peut avoir une étiologie multifactorielle. Il ressort de ce tableau que plus de 82 % des inaptes dentaires présentent au moins une carie en bouche. Nous pouvons affiner ce résultat avec un autre pourcentage : chez 66 % des inaptes les caries dentaires sont le seul motif d’inaptitude, ce qui veut dire que, ramené à l’ensemble des militaires examinés, 33,82 % des militaires qui se sont présentés pour aptitude dentaire avaient au moins une carie en bouche incompatible avec un départ en mission. Il est également à noter que le deuxième motif d’inaptitude est l’obturation défectueuse qui dans la grande majorité des cas traduit une reprise de carie sous un amalgame ou une résine composite. Nous sommes alors encore dans le domaine carieux. Ces chiffres doivent nous faire prendre conscience de la prévalence extrêmement importante de la carie dentaire au sein de la population militaire dont le risque carieux déjà élevé en métropole augmente encore sur les théâtres d’opérations extérieures comme nous le verrons plus tard. Car le problème carieux se traduit également au cours des projections par un grand nombre d’urgences dentaires. Ainsi, au cours du 56e, 57e et 58e mandat du GMC à Plana, le taux de consultations dentaires s’est situé entre 450 et 490/1 000hommes/an soit plus de deux fois et demi le taux limite f ixé par l’OTAN (25). La codification de chaque diagnostic permet d’établir que le Tableau I. Répartition des motifs d’inaptitudes dentaires (n=19059). Motif d’inaptitude Pourcentage de militaires concernés Effectifs concernés Traumatisme 0,12 23 Péricoronarite 12,1 2306 Pathologie pulpaire et/ou péri-radiculaire 7,17 1366 Dysfonctionnement ATM et/ou Problèmes occlusaux 0,96 183 Caries 82,52 15727 Obturations défectueuses 30,95 5899 Prothèses défectueuses 0,91 173 Maladie parodontale 2,03 387 Autres 3,52 671 371 motif de consultation dentaire de militaires français le plus fréquent au cours de ces trois mandats était la pathologie carieuse. Xylitol et carie dentaire. Historique. En septembre 1890, le chimiste allemand Fischer sépare de copeaux de hêtre une nouvelle molécule, le xylit, nom allemand du xylitol (26). Presque simultanément, le français Bertrand isole du xylitol à partir de blé et d’avoine (27). La découverte du xylitol peut être co-attribuée à ces deux chercheurs. Les 50 à 60 ans qui suivent cette découverte ne feront l’objet d’aucune étude de la molécule ni de ses possibles utilisations, ce que font remarquer Carr et Krantz en 1945 : « ces composants (xylitol) n’ont jamais été étudiés physiologiquement (28) ». Ceci va changer dans les années 1950 et 1960 avec les travaux de Touster qui va découvrir que le corps humain produit du xylitol dans le cadre de son métabolisme normal (29). Le xylitol est alors évoqué comme possible substitut du sucre et est autorisé comme complément alimentaire par la Food and drug administration (FDA) américaine en 1963 (30). Il faudra attendre 1970 pour que le premier protocole d’étude de l’impact du xylitol sur la plaque dentaire soit mis en place par Mäkinen et al. Cette étude menée à Turku (Finlande) et surtout les Turku Sugar Studies quelques années plus tard forment la base de tous les travaux entrepris depuis lors à travers le monde sur les conséquences de la consommation de « koivusokerei », nom finlandais du xylitol signifiant sucre de bouleau, sur la carie dentaire. Le xylitol – Généralités. Le xylitol, connu sous la dénomination E967 au sein de l’Union européenne, est un sucre de substitution dont le pouvoir sucrant est égal à celui du saccharose mais avec 40 % de calories en moins (2,4 Cal/gr contre 4 pour le saccharose) (31). Il appartient à la famille des polyols ou sucres alcools qui inclut entre autre le sorbitol, le mannitol et le maltitol. Le xylitol est produit commercialement à partir de bois de bouleau et d’autres bois durs. Plus récemment, pour réduire les coûts de production, le xylitol est produit à partir d’épis de blé (32), de débris de canne à sucre et d’autres f ibres (33, 20) par l’utilisation de biotechnologies. Le xylitol est également retrouvé en petite quantité dans certains fruits (fraises, prunes, framboises, etc.) et légumes (choux-fleurs, carottes, etc.) (34) et il est produit par le métabolisme humain (jusqu’à 15 grammes par jour) (35). Impact du xylitol sur la carie dentaire – Revue de la littérature. Selon Imfeld (36), le xylitol présente des propriétés passive et actives face à la carie dentaire. Passive tout d’abord en n’étant pas fermentescible et donc en ne produisant pas d’acides organiques (37), 372 actives ensuite en perturbant le métabolisme bactérien, la croissance et l’adhésion des bactéries, ainsi qu’en facilitant la reminéralisation des lésions. Ce sont ces propriétés avérées ou supposées que nous nous proposons de décrire ici. Métabolisme du xylitol par les micro-organismes buccaux. En 1977, Edwardsson publie un article montrant que le xylitol n’est pas fermenté par la plupart des streptocoques buccaux et autres micro-organismes (38). Un grand nombre d’études corrobore cette assertion (39-41). Des recherches portant sur une espèce particulière de streptocoques montrent que le xylitol inhibe la croissance bactérienne à travers deux mécanismes : en établissant un « cycle futile du xylitol » (34) et en inhibant la consommation du glucose et son métabolisme (42). Des résultats similaires ont été obtenus à partir de l’étude d’autres espèces bactériennes (43, 44). Les travaux de Rogers et Bert indiquent un effet supplémentaire du fluor et du xylitol dans l’inhibition de la production d’acide par les cellules (45). Cet effet pourrait être dû à un mécanisme comprenant la combinaison d’une réduction de la consommation de glucose, d’une inhibition de la glycolyse et d’une accumulation de métabolites du xylitol (46). L’inhibition de la croissance bactérienne par le xylitol apparaît dose dépendante : l’augmentation de la concentration en xylitol cause une diminution plus importante de la croissance bactérienne (47). Au total, le xylitol, non fermenté par les microorganismes buccaux, pourrait avoir un effet cariostatique dû aux interférences qu’il produit au sein du métabolisme bactérien et de la consommation de glucose. Métabolisme du xylitol par les micro-organismes de la plaque dentaire. Muhlemann, dans son étude publiée en 1977, a établi que le xylitol n’entraîne pas de diminution du pH de la plaque dentaire (48). La non acidogénicité du xylitol au sein de la plaque dentaire est bien documentée, elle est l’un des facteurs les plus importants de la non cariogénicité du xylitol. Soderling et al. affirment dans une étude que la plaque dentaire de sujets ayant utilisé des chewing-gums au xylitol ou au xylitol-sorbitol pendant deux semaines a une résistance aux chutes de pH provoquées par un rinçage au saccharose significativement meilleure que le groupe de contrôle ayant mâché des chewing-gums au saccharose (49). D’autres cependant n’ont pas permis de mettre en évidence une réduction de la production d’acide (50, 51). D’autres études seront donc nécessaires avant qu’une conclusion définitive puisse être tirée sur la possible inhibition de la production d’acide par la plaque dentaire sous l’effet du xylitol. Influence sur la quantité de plaque et son adhésion. Une série d’études montre que les gommes au xylitol à la place de saccharose entraînent une diminution du taux de plaque dentaire (52, 53). Des travaux publiés en 1989 ont clairement démontré que non seulement le taux de plaque dentaire mais aussi son adhésivité m. gunepin à la dent diminuaient après la consommation régulière de xylitol (54). Dans une étude portant sur des consommateurs habituels de xylitol (4 à 6 ans de consommation quotidienne), Soderling et al. affirment que le xylitol a un impact signif icatif sur le nombre de Streptococcus mutans au sein de la plaque dentaire mais non dans la salive du fait de la diminution de l’accumulation de plaque dentaire mais aussi de la décroissance de l’adhésivité des Streptococcus mutans (55). La diminution moyenne de la plaque serait de 40 % pour les groupes consommant des gommes au xylitol par rapport au groupe contrôle (gommes au saccharose) (56). Impact sur la quantité de Streptococcus mutans de la plaque dentaire. L’une des propriétés les plus intéressantes du xylitol, en plus d’être non cariogénique, est sa capacité à réduire la population de Streptococcus mutans. Ceci a été démontré dans plusieurs études notamment l’une f inlandaise publiée en 1991 dans laquelle les auteurs indiquent que le nombre de Streptococcus mutans des zones proximales des molaires mandibulaires droites et maxillaires gauches était signif icativement moindre chez les utilisateurs habituels de xylitol que dans les groupes de contrôle (57). Mäkinen quant à lui affirme, suite à une étude de 40 mois, que la consommation de saccharose augmente la quantité de Streptococcus mutans avec le temps chez tous les individus concernés par l’étude sauf ceux ayant mâché une gomme composée de 100 % de xylitol où ce nombre est resté stable (58). Dans le cadre de ces travaux, il a été montré que le taux de Streptococcus mutans était d’autant plus faible que la dose de xylitol consommée était importante. Il est à noter que d’autres auteurs affirment que le taux de Streptococcus mutans augmente dans les groupes sorbitol mais diminue dans les groupes xylitol (49). Un impact intéressant du xylitol sur les Streptococcus mutans est que cette molécule va au f il du temps « sélectionner » de par sa présence une population de Streptococcus mutans xylito-résistants qui sont moins virulents et moins cariogéniques que les microorganismes originels. À terme ce processus de sélection aboutit à une espèce xylito-résistante prédominante (59) et à un effet rémanent du xylitol. Une diminution significative des lactobacilles est également constatée sous l’effet du xylitol (60). Rôle dans la reminéralisation. La stimulation salivaire liée au mâchage d’une gomme avec son effet concomitant sur la capacité tampon, le pH et les concentrations en calcium et en phosphate, entraîne un effet reminéralisant sur les lésions carieuses naissantes (61). Une étude menée sur des rats en 1995 a consisté à ajouter au régime alimentaire riche en hydrates de carbone des animaux un supplément de 5 % de xylitol avec comme conséquence la réduction de la sévérité et de la progression des lésions carieuses. Par contre aucun effet sur l’apposition de dentine n’a été constaté (62). Une autre étude menée la même année également sur des rats avait pour but d’analyser l’impact d’une supplémentation Impact du xylitol sur le risque carieux - implications militaires. de xylitol à un régime hautement riche en hydrates de carbone sur la dentinogénèse et les caries dentaires de ces animaux (63). Le groupe ayant reçu la dose la plus importante de xylitol avait à la fois un taux de caries significativement inférieur à celui constaté dans les autres groupes et une progression des caries plus lente. Les auteurs en ont conclu que le xylitol utilisé dans un régime riche en saccharose réduisait la progression dentinaire des caries et ce à dose-dépendante. De nombreuses autres études ont souligné ce potentiel de reminéralisation induit par le xylitol (64, 65). Le taux de lésions qui se reminéralisent se situerait selon les auteurs entre 9 % et 27 % dans les groupes consommant des gommes contenant du xylitol (2) avec une efficacité maximale dans le groupe 100 % xylitol (66). Burt parle même d’effet thérapeutique du xylitol (67). Une équipe japonaise aff irme en 2003 que la reminéralisation induite par le xylitol est due à son action sur les ions calcium dont il favorise l’accessibilité au niveau des lésions (68). Impact sur la salive. Mâcher un chewing-gum sans sucre fermentescible présente plusieurs effets bénéfiques potentiels sur la santé bucco-dentaire. Cela permet de neutraliser le pH faible de la plaque dentaire en augmentant la capacité tampon de la salive mais aussi d’augmenter la clairance des hydrates de carbone fermentescibles de la cavité buccale. Il n’y a donc pas ici un effet propre au xylitol mais à une grande partie des polyols. Rien que le fait de mâcher augmente 2,7 fois le flux salivaire (69). Il est à noter qu’il existe à ce niveau un effet rémanent du fait de mâcher des chewing-gums sans sucre puisque Jenkins et Edgar affirment que mâcher un chewing-gum sans sucre pendant deux semaines augmente le flux salivaire, le pH et les capacités tampon d’une salive non stimulée (70). L’action sur le pH du xylitol n’est pas spécifique non plus puisque cette caractéristique de ne pas entraîner de baisse de pH in vivo sous la barre des 5,7 est partagée par la majorité des polyols (71). Effets sur le développement carieux. Il est impossible d’aborder ce chapitre de manière exhaustive tellement le nombre d’études portant sur le sujet est important. Depuis les travaux de Mäkinen dans les années 1970, des recherches ont été menées à travers le monde, d’Amérique jusqu’en Polynésie Française (étude réalisée de 1981 à 1984 sous l’égide de l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) (72)). Toutes les études montrent une diminution systématique de l’incidence carieuse suite à la consommation de xylitol (73). Hayes a ainsi repris quatorze études cliniques de 1966 à 2001 qui montraient une diminution du taux de caries dentaires de 30 % à 60 % pour les individus consommant du xylitol par rapport au groupe contrôle (74). Mäkinen a fait de même pour des études menées de 1975 à 2000 et a constaté une diminution du taux de caries de 30 % à 85 % (75). Le tableau II permet d’appréhender les résultats de quelques une de ces études exprimés sous forme de modif ication du DMF (Decayed, Missing, Filed) qui correspond au CAO français (cariée, absente, obturée). Le DMF est la somme du nombre de 373 Tableau II. Résultats d’études portant sur l’impact du xylitol sur les caries dentaires. Étude Population Fréquence de consommation Dose de xylitol gr/jour Conclusion 24 mois, 3 groupes : xylitol, fructose et saccharose Adultes (n=125) Age = 27 ans (moy) 1 pièce 4,5 fois par jour moy 6-7 Réduction de la prévalence carieuse (76) 24 mois, 3 groupes : Xylitol 15%, xylitol 65%, pas de gomme Enfants (n=143) 1 pièce 3 fois par jour (jours de classe seulement) 15% = 0,8 65%= 3,4 Diminution de l’incidence du DMF dans les groupes xylitol (72) 24 mois, étude rétrospective – 3 fréquences de mâchage Enfants (n=212) Age 11-12 ans 1 pièce 3 fois par jour 10,5 (3,5 gr par pièce) Diminution de l’incidence du DMF Diminution ++ avec augmentation de la fréquence de mâchage (77) 32 mois, 2 groupes : Xylitol, pas de xylitol Enfants (n=468) Age 6-12 ans Combinaison d’aliments contenant du xylitol tous les jours 20 (au maximum) Diminution de l’incidence du DMF dans le groupe xylitol (78) 24 mois, 2 groupes : gommes au xylitol, pas de gomme Enfants (n=212) Age 11-12 ans 1 pièce 3 fois par jour 10,5 (3,5 gr par pièce) Diminution de l’incidence du DMF dans le groupe xylitol par rapport au groupe de contrôle (79) 12 mois, étude rétrospective – plusieurs fréquences de mâchage Adultes jeunes (n=100) Age 25,5 ans (moy) 1 pièce 4,5 fois par jour en moyenne (3 à 7) 6-7 Plus grande réduction du nombre de caries avec l’augmentation de la fréquence de mâchage (80) 24 mois, 5 groupes : 2 xylitol, 2 xylitol + sorbitol (x/s), 1 pas de gomme Enfants (n=510) Age 6 ans 2 pièces 5 fois par jour de classe – rien les autres jours 10,42 10,67 x/s : 7,11 x/s : 9,68 Réduction de la prévalence carieuse augmentant avec la quantité de xylitol (81) Réduction des caries pour tous les groupes sauf le saccharose. La plus efficace est la gomme la plus dosée en xylitol (82) 40 mois, 9 groupes : 6 xylitol, 1 sorbitol, 1 saccharose, 1 pas de gomme Enfants (n=1127) Age 10 ans 3 à 5 fois par jour (école ou non) 6,25 6,40 7,11 9,68 10,42 10,67 16 mois, traitement intensif, 1 groupe Enfants (n=109) Age 13,5 ans (moy) 7 fois par jour 14 (max) Diminution de l’incidence du DMF (83) 60 mois, 3 groupes : 2 ans et 3 ans avec xylitol, sealant 14 classes d’école 2 pièces 3 fois par jour d’école 5 Pas de différence de DMF entre xylitol et scellement des sillons (84) dents cariées, absentes et restaurées en bouche. Cet indice est celui utilisé par l’OMS pour évaluer l’état dentaire des populations. Relation dose – efficacité. La dose et la fréquence optimales de consommation du xylitol n’avaient jusqu’à récemment jamais été évaluées du fait qu’aucune étude n’avait été réalisée avec pour objectif de déterminer la réponse-dose et la réponsefréquence du xylitol vis-à-vis de la carie dentaire. Cependant tous les travaux s’accordaient déjà sur le fait que l’efficacité du xylitol augmentait avec sa dose (85). Ce manque a été pallié en 2006 par une équipe américaine de l’université de Washington. Les auteurs ont pu conclure que l’efficacité augmentait avec la dose avec une fenêtre efficace de 6,88 à 10,32 grammes par jour (86) ce qui a été confirmé par d’autres auteurs (60). À titre d’exemple, une dose de 3,44 grammes ne montrait pas de diminution significative du taux de Streptococcus 374 mutans (86). S’il existe une dose « plancher » avec ces 3,44 grammes, il existe également une dose « plafond » puisqu’il apparaît qu’au-delà de 10,32 grammes l’efficacité du xylitol n’augmente plus avec la dose (35). Dans une seconde étude, les participants ont consommé 10,32 grammes de xylitol en 2, 3 ou 4 prises quotidiennes. Les résultats montrent une réponse linéaire de la décroissance du niveau de Streptococcus mutans dans la plaque et la salive en fonction de l’accroissement de la fréquence de prise de xylitol. À deux prises par jour, la diminution du taux de bactéries n’est pas significative, de ce fait le xylitol consommé en deux prises par jour n’est pas efficace. La fréquence de consommation optimale serait de 3 prises par jour (77, 80) avec un temps de mâchage de 5 minutes à chaque fois afin d’augmenter la salivation et l’efficacité du xylitol (67, 87). L’utilisation de xylitol comme sucre de substitution trouve son meilleur vecteur dans le chewing-gum (87-91) avec une consommation juste après les repas (92) et entre m. gunepin les repas (93). Aucun effet probant du xylitol administré sous forme de bain de bouche n’a pu être significativement mis en évidence (94, 95). L’efficacité d’autres produits contenant du xylitol qui n’ont pas encore été étudiés est incertaine, ils ne peuvent donc pas être recommandés pour le moment (96). Au total, il existe un vrai consensus sur l’impact positif du xylitol dans la maîtrise du risque carieux. Par contre des publications font état de l’absence de résultat de la consommation de xylitol à des doses et fréquences de consommation non suffisantes, à travers des supports non satisfaisants, etc. L’EFSA a ainsi réalisé une méta-analyse quant à la consommation de pastilles au xylitol contenant moins de 56 % de xylitol et conclut que la relation entre la consommation de ces pastilles et la diminution du risque carieux n’est pas établie (97). Limites de l’utilisation du xylitol. La large diffusion du xylitol est limitée par son coût (65) qui, s’il n’est pas excessivement important, l’est plus que celui d’autres polyols (exemple du sorbitol) qui lui seront préférés comme sucres de substitution. Cependant les économies engendrées par le xylitol en terme de dépenses de santé compensent cette différence de coût initial (98). En ce qui concerne le sorbitol, plutôt que de le classer parmi les polyols non-cariogéniques, il devrait être décrit comme faiblement cariogénique puisque sa consommation à hautes doses (plus de deux chewinggums par jour) augmente la production d’acide au niveau de la plaque dentaire et le nombre de micro-organismes fermentant le sorbitol (99). Notons également des effets gastro-intestinaux secondaires à la consommation de quantités importantes de xylitol (100) avec gaz, ballonnements, flatulences et éventuellement diarrhées. Ceci est dû à la digestion très incomplète du xylitol qui fermente dans le colon (101). Ces effets gastro-intestinaux ne sont pas propres au xylitol puisque l’ensemble des paquets de chewing-gums contenant des polyols porte la mention d’ « effets gastrointestinaux en cas de consommation excessive » (sans précision de quantité). Précisons tout de même qu’en 1978 le Life Sciences Research Office de la Federation of American Societies for Experimental Biology (FASEB) affirmait dans son rapport que le xylitol n’avait pas d’effet secondaire lorsque consommé à un niveau moyen de 53 grammes par jour pendant 2 ans (75). Notons que s’il n’existe pas de consensus quant à la dose de xylitol pouvant engendrer des troubles digestifs, l’ensemble des limites quantitatives annoncées est largement au dessus de la dose efficace se situant entre 6 et 10 grammes par jour (102-103). Si nous avons vu précédemment que la FDA américaine avait validé dès 1963 la consommation de xylitol, il faudra attendre 1996 pour que le Joint Expert committee on food additives (JECFA), le corps scientifique de l’OMS et du Food and Agricultural Organization (FAO appartenant à l’ONU) confirme que les effets secondaires du xylitol constatés sur les animaux lors de recherches menées dans les années 1970 n’étaient en aucun cas transposables à l’homme. Le JECFA a d’ailleurs déterminé que la dose quotidienne acceptable (Acceptable daily intake – ADI) Impact du xylitol sur le risque carieux - implications militaires. du xylitol était « not specified ». Cette expression « non spécifiée » est le meilleur niveau de sécurité qui puisse exister pour un additif alimentaire, cela signifie qu’il n’existe pas de dose dangereuse pour la santé. De plus, en 2008, l’autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) a considéré le xylitol comme sans risque pour la santé (97). Seule la diarrhée osmotique est décrite comme effet négatif du xylitol par l’EFSA. Aucun effet cancérigène n’a jamais été mis en évidence concernant ce produit. Il faut tout de même rappeler que de hautes doses de fluor, moyen de prévention carieux le plus largement diffusé, peuvent avoir des conséquences délétères pour le patient allant jusqu’à son décès, ce qui n’est pas le cas du xylitol (104). Quant aux effets néfastes liés au mâchage de chewing-gums (retentissement sur les articulations temporo-mandibulaires, usure prématurée des faces occlusales, détérioration de matériaux de restauration, etc.), il n’en est à aucun moment question dans les articles que nous avons pu lire dans le cadre de ce travail. Ceci ne veut bien sûr pas dire que ces effets n’existent pas. Dans le cadre d’un projet de recherche clinique propre au Service de santé des armées, cette question devra être prise en compte. Le rapport bénéfice/risque pour la santé du xylitol semble donc pencher selon toutes les instances et organisations internationales en faveur du bénéfice. Au total, l’efficacité du xylitol est supérieure à celle de tous les autres polyols dans tous les domaines de la lutte contre la carie dentaire. Ses effets spécifiques sur la flore buccale et plus particulièrement sur les Streptococcus mutans lui donnent un rôle unique dans la stratégie préventive en santé bucco-dentaire (105). Dès 2001 Hayes affirmait que « depuis que des preuves montrent fortement l’effet protecteur considérable du xylitol vis-àvis des caries, il ne serait pas éthique de priver les patients de ce bénéfice éventuel (39) » et ce au profit de toutes les tranches d’âges (106). Car s’il est vrai qu’une majorité d’études a été réalisée avec une population cible composée d’enfants, les travaux concernant des adultes sont nombreux et concernent des individus appartenant à toutes les tranches d’âge. Ceci est d’autant plus vrai qu’il est diff icile voire « totalement irréaliste » selon Ertugrul et al. de diminuer la consommation de sucre dans la population générale sans alternative ; cette alternative peut être le xylitol (107). Un proverbe chinois dit qu’il est plus facile de changer le cours d’un fleuve que de changer le comportement des gens. Xylitol et armée. Deux pays ont déjà intégré le xylitol au sein de leurs forces armées : la Finlande et les États-Unis. Armée finlandaise. La Finlande a été précurseur dans le domaine. Il faut dire que les travaux de Mäkinen dans les années 1970 à l’école dentaire de l’université de Turku en Finlande font encore référence aujourd’hui et ont largement impacté la 375 société finlandaise : utilisation du xylitol au sein de l’armée dans les rations de combat, au profit des étudiants dans les repas pris dans les réfectoires, dans des milliers d’écoles publiques avec des campagnes intitulées « Smart Habit » qui traduisent la volonté des autorités finlandaises de déf initivement changer le comportement des finlandais par le truchement de l’éducation des enfants. Les messages sur les effets du xylitol sont ainsi martelés avec des personnages animés comme Yxi-the-Rabbit ou l’intervention de vedettes du monde sportif comme le hockeyeur Saku Koivu (87). En ce qui concerne l’armée, les autorités finlandaises indiquaient dès 1992 que dans des conditions extrêmes comme les manœuvres militaires, les projections, mais aussi les vols de longue durée des pilotes de chasse, etc., un contrôle chimique de la plaque dentaire est souhaitable (108). Ceci va dans le même sens que les travaux de Kovari et al. qui indiquent que le xylitol est particulièrement adapté pour les personnes ne pouvant pas se brosser les dents (ou dont on ne peut pas vérifier qu’elles se brossent les dents) (109). Armée américaine. Même si le xylitol est prescrit par les dentistes militaires américains depuis le milieu des années 1980 dans la Navy et 1990 dans le reste de l’armée, son utilisation réglementaire à grande échelle est beaucoup plus récente. Des travaux de recherche ont été entrepris début 2000 afin de vérifier l’intérêt du xylitol pour l’armée américaine. Devant l’efficacité prouvée du xylitol, le Service de santé de l’armée américaine a rapidement émis des recommandations qui se sont traduites par la décision en 2004 d’intégrer du xylitol dans toutes les rations de combat et par la mise en place du programme « look for xylitol first » (110). La prise de conscience de l’impact des opérations extérieures sur le risque carieux découle d’une étude menée en janvier 2004 suite à la projection de la 3e Division d’infanterie américaine en Irak pour 6 mois en 2003. Au retour, les militaires présentaient 2,5 fois plus de cavités dentaires (traitées ou non) suite à des lésions carieuses qu’avant leur mission (111). Les projections sont désormais considérées comme des facteurs de risque carieux pour les militaires du fait de l’augmentation de la consommation d’aliments et de boissons sucrés durant les missions, de la diminution de la fréquence de brossage et du phénomène de grignotage (prise alimentaire fractionnée tout au long de la journée). Intégration aux rations de combat. Les Meals Ready-to Eat (MRE) sont le nom des rations de combat américaines. Elles procurent 1 250 Kcal (13 % de protéines, 36 % de lipides et 51 % de glucides). La nourriture riche en hydrates de carbone permet de fournir l’énergie indispensable aux miliaires sur les théâtres d’opération. La consommation de trois MRE par jour, ajoutée à celle des encas et des boissons sucrées, engendre un environnement idéal pour l’apparition et le développement de lésions carieuses (112). Jusqu’en 2004 les MRE contenaient des gommes à mâcher sucrées. L’initiative de remplacer les chewing-gums sucrés par 376 d’autres au xylitol est décrite comme l’une des solutions majeures pour endiguer les problèmes de santé buccodentaire des militaires américains (69). C’est un moyen sûr et efficace de maintenir les soldats en bonne santé bucco-dentaire durant les projections. Cette décision devrait potentiellement impacter 2,68 millions de militaires américains (active, réserve et garde nationale). Sa mise en application, du fait de la quantité importante de MRE en stock, s’est étalée sur plus de 18 mois pour être complétée au cours du deuxième semestre 2006. Éducation – information : « look for xylitol first ». Jusqu’à présent l’armée américaine pourvoit aux besoins en xylitol de son personnel uniquement au cours des opérations extérieures et durant les manœuvres et exercices. Cependant la solution idéale dans le cadre de la lutte contre les caries dentaires est la consommation quotidienne à l’année de xylitol. L’armée américaine a donc mis en place des campagnes d’information, d’éducation et de promotion du xylitol. À travers des affiches par exemple, l’armée informe les militaires sur le fonctionnement du xylitol (113) : – il bloque les bactéries qui produisent les acides à l’origine des caries dentaires ; – il diminue le niveau de bactéries à l’origine des caries ; – il diminue la quantité de plaque dentaire ; – il favorise la reminéralisation des dents fragilisées. Puis des arguments moins techniques sont abordés afin d’inciter les militaires à consommer du xylitol (40 % de calories en moins par rapport au sucre traditionnel, sensation de fraîcheur en bouche, sûr pour toute la famille même pour les enfants, etc.). L’objectif clairement affiché est bien de faire consommer du xylitol par les militaires eux-mêmes. Les endroits où ils peuvent s’en procurer sont même indiqués (notamment au niveau des PX). Les modalités de consommation sont également décrites : – mâcher 1,5 à 2 grammes de xylitol pendant 5 minutes 3 à 5 fois par jour ; – mâcher après les repas et les encas. L’objectif du nom du programme « look for xylitol first » est de rappeler aux personnels militaires que lorsqu’ils achètent des chewing-gums, il ne suffit pas que la mention xylitol soit inscrite sur l’emballage, il faut vérifier que le xylitol est indiqué en premier ingrédient (first) pour que la quantité du polyol par pièce soit suffisante pour procurer les bénéfices attendus en termes de santé bucco-dentaire. L’armée américaine fait également la promotion du « smart snacking » (114) ou collation intelligente qui insiste sur les aliments « tooth friendly » c'est-à-dire bons pour les dents (fromages à pâte dure comme le cheddar, thé noir, etc.). L’affiche support de cette campagne fait également la promotion de la consommation de xylitol. Le programme d’information et d’éducation alimentaire ainsi que l’introduction du xylitol dans les rations de combat permettent aux militaires américains de bénéficier des effets du xylitol : – immédiatement et à court terme : non cariogénique, augmentation du flux salivaire, clairance buccale des hydrates de carbone, augmentation du pH buccal, etc. ; – à court et moyen terme : diminution de la plaque dentaire, diminution du taux de Streptococcus mutans et m. gunepin de Lactobacillus donc diminution de l’acidité, reminéralisation de lésions initiales, etc. – à long terme : effet rémanent (mâcher des chewinggums au xylitol pendant 30 jours augmenterait la protection contre les caries pendant 6 mois (115)), sélection d’une population bactérienne moins virulente. Discussion. À la lecture de ce travail il est naturel de se poser la question : pourquoi n’utilise-t-on pas le xylitol en France, alors que ses bénéfices pour la santé bucco-dentaire semblent exceptionnels (certains auteurs évoquent même un début d’éradication de la carie dentaire par l’utilisation du fluor et du xylitol) ? Ceci paraît d’autant plus surprenant que, comme nous l’avons vu, un chercheur français est co-découvreur de la molécule et que l’une des premières études officielles (OMS) a été menée avec succès en Polynésie française dès 1981. De plus l’une des plus importantes usines de fabrication du xylitol est implantée en France à Lestrem (Pas de Calais). Il existe plusieurs éléments de réponse. Tout d’abord les recherches menées l’ont été dans de nombreux pays au monde notamment européens mais pas en France métropolitaine. Le xylitol est ensuite arrivé sur un marché saturé en sucres de substitution moins chers même s’ils n’ont pas la même efficacité contre les caries dentaires. Ensuite des recommandations existent sur la consommation de xylitol au niveau de la dentisterie pédiatrique mais ni la population générale ni même la profession de chirurgiens dentistes ne semble au courant. Le Scottish Intercollegiate Guidelines Network (SIGN) indique, dans son guide sur la prévention des caries dentaires chez les enfants à haut risque, qu’il existe souvent un fossé entre la recherche identif iant une pratique clinique efficace et sa large adoption (116). De plus, comme le volume de nouvelles connaissances et de publications augmente d’année en année, ce fossé devient de plus en plus important. Il apparaît également que la prévention n’est peut être pas ancrée dans le mode de fonctionnement de nos compatriotes ce qui probablement n’incite pas des sociétés fabriquant des produits à base de xylitol à les diffuser largement en France. Notons tout de même l’arrivée récente dans la grande distribution des chewinggums Mentos® cube contenant jusqu’à 50 % de xylitol, ce polyol étant utilisé pour la première fois comme argument de vente. Les chewing-gums à base de xylitol se trouvent plus généralement dans des catalogues dentaires professionnels (peu) et surtout sur internet. Au niveau de l’armée française, le xylitol semble parfaitement adapté et indiqué. Tout d’abord, la prévalence carieuse au sein des forces est extrêmement importante, cette pathologie constituant la première cause d’inaptitude dentaire (un militaire sur trois présente une carie en bouche incompatible avec un départ en mission). Nous sommes confrontés à une population jeune, directement concernée par le vagabondage alimentaire, par la consommation à outrance de boissons sucrées, avec un niveau d’hygiène bucco-dentaire compatible avec une incidence carieuse forte. Dans le cadre de l’utilisation du xylitol, une population jeune est Impact du xylitol sur le risque carieux - implications militaires. un avantage pour la consommation de chewing-gums. Il est évident que la compliance dans ce genre de campagne sanitaire est excessivement importante (117). Nous tirons de notre expérience de séances de prévention sur la « santé bucco-dentaire et alimentation » (118) au sein des unités que l’aspect ludique est primordial vis-à-vis du personnel jeune notamment. Il est par exemple plus facile de faire en sorte que les militaires boivent leurs boissons sucrées à la paille (ce qui est moins délétère en terme de caries dentaires) plutôt que de leur faire stopper la consommation de sodas. Nous avons donc de réelles raisons de mettre en place la diffusion à grande échelle du xylitol au sein des armées avec toutes les chances que la population concernée adhère au programme. Mais ceci n’est qu’une hypothèse, il est évident qu’une étude préalable doit être menée. C’est pourquoi nous avons d’ores et déjà proposé au Service de santé un projet de recherche clinique dont les objectifs sont multiples : – vérifier les assertions trouvées dans la littérature internationale à savoir la diminution de la prévalence carieuse chez les sujets consommant du xylitol (l’évaluation de cet impact se fera par le dosage des Streptocoques mutans) ; – vérifier l’innocuité de la consommation de chewinggums au xylitol (troubles digestifs, troubles liés à la mastication, etc.) ; – vérifier la faisabilité de la distribution de xylitol à grande échelle (stockage, transport, distribution, etc.) ; – vérifier l’acceptation de l’introduction du xylitol par la totalité de la chaîne de commandement et l’investissement des cadres de contact ; – évaluer le coût de l’éventuelle généralisation de l’utilisation du xylitol au sein des armées ; – vérifier l’effet rémanent du xylitol à six mois. Cette étude sera à notre connaissance la première concernant l’impact sur la carie dentaire de la consommation de xylitol chez l’adulte jeune militaire. Nous adhérons totalement à la démarche américaine consistant à ne distribuer du xylitol que durant les opérations extérieures, car si le xylitol a un effet sur la carie dentaire débutante (reminéralisation), son effet principal est de diminuer le risque carieux. Or comme nous l’avons vu, l’augmentation du risque carieux sur les théâtres d’opération extérieure est considérable. Le stress, l’ennui et la fatigue favorisent le grignotage qui joue un rôle primordial dans la formation des caries dentaires. Un autre avantage de la distribution de xylitol en opération est que nous avons à faire dans ce contexte à une population « captive » qui prend la totalité ou la quasi-totalité de ses repas au niveau des chaînes de restauration militaires. Il apparaît beaucoup plus facile dans ces conditions de contrôler le comportement des militaires. De plus, les consultations médicales et dentaires se faisant exclusivement durant les missions auprès des praticiens militaires, toute survenue hypothétique de troubles digestifs ou de l’articulation temporo-mandibulaire par exemple pourra être immédiatement dépistée et l’arrêt de la consommation de xylitol indiqué. À la f in de la mission, un bilan global de ces consultations devra être réalisé afin de 377 fournir des indications supplémentaires quant à l’impact de la consommation de xylitol. Il est tout de même légitime de se poser la question : pourquoi ne pas donner du xylitol également en métropole ? Tout d’abord, rien n’empêche un militaire de son propre chef de consommer du xylitol en France, ce dernier se trouvant en vente libre. Si l’armée prenait cette consommation à sa charge, le coût en serait considérable. De plus, l’effet rémanent du xylitol décrit dans la littérature internationale nous permet de croire (ce que nous vérif ierons) que les effets du xylitol chez les militaires se feront sentir jusqu’à leur participation à l’opération extérieure suivante. Ceci correspond à notre population cible : les jeunes militaires appartenant notamment aux compagnies de combat à fort taux de projection. Mais il ne nous semble pas opportun de se limiter comme les américains à un investissement uniquement au niveau des rations de combat, nous pensons qu’une extension à l’ensemble de l’alimentation durant les projections est réalisable. Les chewing-gums au xylitol pourraient par exemple bénéf icier du traitement réservé aux médicaments anti-paludéens, c'est-à-dire une disponibilité permanente sur certains sites dont bien évidemment les chaînes de restauration qui sont en totale adéquation avec la nécessité de consommer un chewing-gum dans la foulée des repas. Un tel dispositif permettrait une consommation de trois pièces par jour. Ceci serait rendu possible par la consommation de chewing-gums suffisamment dosés en xylitol comme ceux que nous proposons dans notre projet de recherche clinique. La mise à disposition de ces chewing-gums également au sein des compagnies ou unités élémentaires devrait permettre d’obtenir une dose idoine pour la prévention carieuse. Au total, une réalité scientifique existe : le xylitol est une arme majeure dans le cadre de la lutte contre la carie dentaire. Mais souhaiter sa diffusion au sein de la population générale pour le bien de la santé publique et au sein des armées est une chose ; sa mise en application pratique en est une autre. Les possibilités offertes par le xylitol d’optimiser le soutien des forces et d’améliorer la disponibilité opérationnelle des unités doivent nous pousser à trouver les moyens idoines qui permettront à notre personnel d’effectuer un geste simple, mâcher un chewing-gum au xylitol après les repas, ceci sans impact négatif sur le bon fonctionnement de l’unité et sur la santé du patient. Conclusion. Le xylitol, encore méconnu en France, se présente d’ores et déjà comme un outil majeur dans le cadre de la prévention carieuse. La pathologie carieuse semble en effet pouvoir être grandement contrecarrée par cette molécule qui va agir sur toutes les étiologies de la carie dentaire : sur la plaque bactérienne (diminution de la quantité de plaque et de Streptococcus mutans, etc.), sur l’hôte (reminéralisation des lésions initiales), sur l’alimentation (non-cariogénique) et sur le temps (clairance des hydrates de carbone). Il est important de bien insister sur le fait que sa consommation ne peut se concevoir qu’en complément de l’hygiène bucco-dentaire courante. Il ne s’agit en aucun cas d’exonérer le militaire du brossage, de l’utilisation du fil dentaire, etc. L’intérêt pour les armées est que nous avons à faire à une population directement concernée par la maladie carieuse (un militaire sur trois présente une carie en bouche incompatible avec un départ en mission). C’est pourquoi nous proposons, dans un premier temps et à titre expérimental, des solutions de mise à disposition de chewing-gums au xylitol au profit des militaires français sur les théâtres d’opération extérieure notamment dans les rations de combat et au niveau des chaînes de restauration. Ceci fait actuellement partie d’un projet de recherche clinique transmis au Service de santé des armées. Ce dispositif devra impérativement s’accompagner d’une campagne d’information au profit des militaires projetés mais aussi de la totalité de la chaîne de commandement sur les modalités de consommation : 1 chewing-gum au xylitol mâché après chaque repas et encas pendant 5 minutes soit 3 à 5 fois par jour. Au terme de ce projet, l’impact du xylitol sur le risque carieux mais aussi et surtout la faisabilité de la distribution de xylitol à grande échelle dans le cadre militaire seront évalués, permettant par la suite de systématiser dans les meilleures conditions possibles la consommation de xylitol par les militaires au cours des opérations extérieures. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. Gunepin M, Derache F. Impact opérationnel et prise en charge des pathologies bucco-dentaires dans le cadre des opérations extérieures. Médecine et Armées 2009;37(4) :313-8. 2. Makinen KK, Bennett CA, Hujoel PP, Isokangas PJ, Isotupa KP. Xylitol and chewing gums and caries rates: A 40-month cohort study. 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