Vers une écriture littéraire
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Vers une écriture littéraire
LES FIGURES DE STYLE A quoi servent les « figures de style » ? • à attirer l’attention du lecteur en ménageant un écart stylistique avec le langage courant : au lieu de dire quelque chose de manière plate et attendue, l’auteur donne du relief à son propos, le met en valeur. D’où le synonyme « trope » qui signifie « détour » • à véhiculer des images poétiques ou concrètes et « colorer » la pensée de l’auteur. (dimension poétique) • à convaincre et persuader le lecteur (dimension argumentative), d’où l’expression synonymique « figures de rhétorique » pour les désigner puisque la rhétorique est l’art de bien parler (science cultivée par les orateurs depuis l’antiquité). LES FIGURES D’ANALOGIE elles servent à comparer deux choses en soulignant une ressemblance La comparaison : Jacques est agile comme un singe La comparaison fournit un comparé (Jacques), un comparant (un singe), un point commun (agile) et surtout un outil comparatif (comme). 2. La métaphore Jacques est un vrai singe ! Il s’agit d’une comparaison SANS outil comparatif, voire sans point commun explicite (il est sousentendu). On parle de « métaphore filée » lorsque la métaphore est développée de manière significative dans un texte. « Adolphe essaie de cacher l'ennui que lui donne ce torrent de paroles, qui commence à moitié chemin de son domicile et qui ne trouve pas de mer où se jeter » — Honoré de Balzac, Petites misères de la vie conjugale LES FIGURES D’INSISTANCE L’hyperbole La gradation est une exagération : fait se succéder des d’intensité croissante décroissante Il va mettre un siècle à venir Je l’ai au moins appelé une centaine de fois (même si, en vérité, on a passé quelques coups de fils…) Cet homme est un nain (pour dire qu’il est petit) L’accumulation juxtapose des termes de nature semblable « Cela tintait, grinçait, cognait, cela grondait, haletait, soufflait et stridait et hoquetait, et trépidait, à croire que les murs de la grange allaient se fendre et s’écrouler » (Maurice Genevoix) mots ou « Je me meurs, je suis mort je suis enterré ! » (Molière, L’Avare) L’anaphore répète un même mot ou groupe de mots en tête de phrase ou de vers. « Rome, l’unique objet de mon ressentiment ! Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant ! Rome qui t’a vu naître, et que ton cœur adore ! Rome enfin que je hais parce qu’elle t’honore ! » (Corneille, Horace) LES FIGURES D’OPPOSITION L’oxymore relie deux termes à la signification contraire : «Cette obscure clarté qui tombe des étoiles » (Corneille, Le Cid) Le parallélisme souligne une similitude ou une opposition par la reprise identique d’une même construction : « Rodrigue, qui l’eût cru ? Chimène, qui l’eût dit ? (Corneille, Le Cid) Le chiasme est un parallélisme inversé. Ma commère la Carpe y faisait mille tours Avec le Brochet son compère. (La Fontaine, Le Héron) LES FIGURES DE SUBSTITUTION La métonymie remplace un mot par un autre qui entretient avec ce dernier un lien logique : a. Le contenu pour le contenant : on dit « boire un verre » alors que l’on ne boit pas le verre mais … son contenu ! b. L’instrument pour le musicien : « le premier violon » c. Un symbole : « une victoire des verts » (= les joueurs de Saint-Etienne) d. La partie pour le tout : « les voiles » (pour le bateau) L’antiphrase est une figure ironique qui permet de dire le contraire de ce que l’on pense. « C’est malin ça ! » (bête) « Dis-donc, t’es une lumière, toi… » (idiot) L’euphémisme consiste à atténuer une réalité brutale « Marcel Proust nous a quitté/ s’en est allé/ s’est endormi pour toujours en 1922 » pour « il est mort ». La périphrase évoque un mot par un groupe de mots ou une phrase « Le roi de la pop » = Mickael Jackson « L’astre du jour » = le soleil « La Ville lumière » = Paris « Le Toit du monde » = l’Everest Cycle 1 P.S. M.S. G.S Se familiariser avec l’écrit Contribuer à l’écriture d’un texte - Produire un énoncé oral dans une forme adaptée pour qu’il puisse être écrit (dictée à l’adulte). Contribuer à l’écriture d’un texte - Produire un énoncé oral pour qu’il puisse être écrit par l’enseignant (vocabulaire précis, syntaxe adaptée, enchaînements clairs, cohérence d’ensemble). Cycle 2 C.P. C.E.1 Écriture - Concevoir et écrire collectivement avec l’aide du maître une phrase simple cohérente, puis plusieurs. - Comparer sa production écrite à un modèle et rectifier ses erreurs. - Concevoir et écrire de manière autonome une phrase simple cohérente, puis plusieurs, puis un texte narratif ou explicatif de 5 à 10 lignes. - Relire sa production et la corriger ; corriger en fonction des indications données un texte copié ou rédigé de manière autonome. Cycle 3 C.E.2 C.M.1 C.M.2 Rédaction - Dans les diverses activités scolaires, proposer une réponse écrite, explicite et énoncée dans une forme correcte. - Rédiger un court texte narratif en veillant à sa cohérence temporelle (temps des verbes) et à sa précision (dans la nomination des personnages et par l’usage d’adjectifs qualificatifs), en évitant les répétitions par l’usage de synonymes, et en respectant les contraintes syntaxiques et orthographiques ainsi que la ponctuation. - Rédiger un court dialogue (formulation des questions et des ordres). - Savoir amplifier une phrase en ajoutant des mots : en coordonnant par et un nom à un autre, un adjectif à un autre, un verbe à un autre. - Améliorer (corriger et enrichir) un texte en fonction des remarques et aides du maître. - Dans les diverses activités scolaires, noter des idées, des hypothèses, des informations utiles au travail scolaire. - Rédiger un court dialogue (formulation des questions et des ordres). - Rédiger des textes courts de différents types (récits, descriptions, portraits) en veillant à leur cohérence, à leur précision (pronoms, mots de liaison, relations temporelles en particulier) et en évitant les répétitions. - Savoir amplifier une phrase simple par l’ajout d’éléments coordonnés (et, ni, ou, mais entre des mots ou des phrases simples ; car, donc entre des phrases simples), d’adverbes, de compléments circonstanciels et par l’enrichissement des groupes nominaux. - Dans les diverses activités scolaires, prendre des notes utiles au travail scolaire. - Maîtriser la cohérence des temps dans un récit d’une dizaine de lignes. - Rédiger différents types de textes d’au moins deux paragraphes en veillant à leur cohérence, en évitant les répétitions, et en respectant les contraintes syntaxiques et orthographiques ainsi que la ponctuation. - Écrire un texte de type poétique en obéissant à une ou plusieurs consignes précises. Un voleur dans la nuit « Pendant la dernière grève des transports en commun, un jeune homme rentrait chez lui en passant par le jardin public. Il était tard et il était seul. À mi-chemin, il vit quelqu’un venir dans sa direction. Il y eut un moment de panique: il changea de côté et, comme ils le firent en même temps et dans le même sens, ils se heurtèrent en se croisant. Quelques instants plus tard, le jeune homme pensa que cet incident pouvait difficilement être fortuit. Il mit la main à la poche où était son portefeuille. Celui-ci avait disparu. La colère l’emporta: il fit demi-tour, rattrapa le pickpocket et lui demanda son portefeuille. L’homme le lui tendit Le cheminement interprétatif Retours au texte TEXTE Réflexion personnelle Transformation (ou non) des représentations initiales Échanges entre élèves Temps de réflexion en petit groupe Présentation de son opinion au grand groupe Nouveaux axes interprétatifs Un petit historique de l’enseignement de l’écriture Avant les années 80, l’écriture est conçue soit - comme un don - comme le fruit d’un contact réitéré avec les textes d’auteurs Le transfert lecture-écriture est pensé sur le mode de l’imprégnation. À partir des années 80/90, on incite à construire des critères de réussite explicites tirés de l’observation méthodique des textes ● Des généralisations abusives, critères trop généraux ● Valable uniquement pour des écrits peu soumis à la variation (recettes,…) ● Complexité et intrication des problèmes : impossible de résoudre des problèmes à un niveau sans affecter les paramètres d’un autre niveau. ● Risque lire pour écrire et non lire pour lire. Construire une posture d’auteur à l’école La démarche de Catherine Tauveron 1. Conférer à l’élève qui écrit le statut d’auteur Un auteur est celui qui est investi d’une intention artistique, d’un projet esthétique En situation de lecture lecteur scripteur En situation d’écriture auteur producteur de texte Construire une posture d’auteur à l’école La démarche de Catherine Tauveron 1. Conférer à l’élève qui écrit le statut d’auteur Élève / Auteur : Une frontière infranchissable Consigne d’écriture: - insécurité - écrire en fonction de ce qu’il pense être les attentes de l’enseignants - un texte qui sera soumis à un regard orthopédique, remis aux normes, recadré, bousculé Construire une posture d’auteur à l’école La démarche de Catherine Tauveron 1. Conférer à l’élève qui écrit le statut d’auteur Légitimation d’une posture d’auteur : Être investi d’un projet d’effet sur le lecteur donc d’une intention artistique Être libre de ses choix énonciatifs, narratifs et linguistiques Être singulier dans son écriture et dans sa sensibilité Être reconnu et lu comme tel Certaines conditions didactiques doivent être remplies. Construire une posture d’auteur à l’école La démarche de Catherine Tauveron 1. Conférer à l’élève qui écrit le statut d’auteur Les conditions didactiques: Encourager l’élève à construire mentalement une figure de son « lecteur-modèle » S’assurer qu’à l’intention artistique de l’élève auteur va répondre une attention esthétique de la part des lecteurs réels Inciter les élèves à verbaliser leur projet d’auteur (former une « communauté d’auteurs ») Exploiter les ratés de la relation artistique Construire une posture d’auteur à l’école La démarche de Catherine Tauveron 2. Donner les moyens d’assumer cette posture, apprendre à reproduire des comportements d’auteurs Modifier le rapport à l’écriture Roland Barthes : « L’écriture est moins une entreprise d’expression de soi qu’une entreprise de séduction de l’autre. L’écriture n’est pas une création entièrement originale, mais le creuset d’expériences de lecture L’écriture n’est pas la transcription d’une pensée préalable mais un travail qui permettra de trouver sa pensée. « J’écris pour pouvoir lire ce que je ne sais pas que j’allais écrire. » Claude Roy Réalité et fiction ne sont pas séparées par une frontière étanche: fictionnalisation du réel, la réalité comme ferment d’une œuvre de fiction Construire une posture d’auteur à l’école La démarche de Catherine Tauveron 2. Donner les moyens d’assumer cette posture, apprendre à reproduire des comportements d’auteurs Laisser mûrir le projet d’écriture Encourager à penser la narration en « je » ou en « il » comme un choix délibéré Encourager à intégrer sa propre expérience, ses propres lectures, ses connaissances scolaires (sciences, histoire,…) à la trame du récit de fiction Construire une posture d’auteur à l’école La démarche de Catherine Tauveron 2. Donner les moyens d’assumer cette posture, apprendre à reproduire des comportements d’auteurs Instituer un carnet d’écrivain: Auto-prescription de consignes d’écriture Essais d’écriture Rassembler la documentation Copie des passages aimés des ouvrages lus Dessiner les personnages Transcription des bribes de dialogues entendus Propositions de titres pour des écrits Construire une posture d’auteur à l’école La démarche de Catherine Tauveron 2. Donner les moyens d’assumer cette posture, apprendre à reproduire des comportements d’auteurs Enseigner des choix d’écriture o Enseignement incontournable des normes o Nom des personnages o Narrateur o Développer ou non les actions o Commencer ou non par le début de l’histoire o Retarder la description du personnage o Distiller les détails au fur et à mesure des nécessités de l’action Travailler autour de « Yacouba » Partout aux alentours, on entend le tam-tam. Au cœur de l’Afrique, dans un village, on prépare un grand festin. Aujourd’hui, c’est un jour sacré. Pour Yacouba, c’est le grand jour, il doit montrer qu’il est le plus courageux. Sous un soleil de plomb, il doit franchir les ravins et contourner les collines. Il scrute l’horizon quand soudain il voit le lion. Il s’arme, prend sa lance et voit le lion qui semble lui dire: « Tue-moi si tu veux ou laisse-moi la vie sauve, si tu me laisses en vie tu seras banni, tu as toute la nuit pour réfléchir. » Au petit matin, Yacouba prend sa lance et part. Ses frères devinrent guerriers et Yacouba, lui, devint berger à l’écart du village. On entend le tam-tam. En afrique, dans un petit village, c’est un jour sacré. On choisi les enfants qui peuvent devenir guerriers. Pour cela, une épreuve: affronter le lion. Sous un soleil de plomb, se sentir nature. Attendre des heures. Se parer pour combattre. C’est l’heure pour Yacouba, mais dans les yeux du lion, on lit: « Soit tu me tues et tu repars les épaules hautes. Soit tu me laisses en vie et tu repars les yeux grands ouverts mais banni. » Yacouba tue le lion et repart. Au village où on l’attendait, il est accueilli en héros. Depuis ce jour, il garde le bétail et les lions ne viennent plus le batailler. Au cœur de l’Afrique, dans un petit village, c’est un jour sacré, un jour de fête. Les adultes désignent les jeunes qui pourraient devenir chasseurs. Yacouba doit affronter tout seul un lion. Il cherche toute la nuit, le jour… quand soudain il le voit et il lit dans ses yeux: « J’ai été blessé par un homme, alors soit tu me tues sans effort et tu seras récompensé pour un travail que tu auras fait sans danger, soit tu me laisses vivre et tu as un grand cœur mais tu seras banni par tes frères. » Alors Yacouba repart: il n’a pas tué le lion. Tous les autres sont devenus guerriers. Lui, on l’a fait gardien du bétail. »