Colloque franco-américain 6-7 octobre 2008, S
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Colloque franco-américain 6-7 octobre 2008, S
Appel à communications Nouveaux paradigmes dans les études révolutionnaires : Colloque franco-américain 6-7 octobre 2008, South Bend, Indiana, organisé par : Julia Douthwaite (Univ. de Notre Dame) et Lesley Walker (Indiana Univ. South Bend) Au cours des années 1970, les historiens de la Révolution française nous ont offert une nouvelle perspective, qui s’appuyait sur les méthodes plutôt littéraires, sur cette époque si difficile à cerner. Elaborés par François Furet et Mona Ozouf en France, et par Keith Baker et Lynn Hunt aux Etats-Unis, cette historiographie dite « culturelle » a créé un modèle d’interprétation historique qui prétend saisir les changements historiques, en interrogeant le langage, la rhétorique et les symboles. En lieu et place des méthodes « marxistes » qui insistaient sur l’importance d’une analyse économique et sociale, cette nouvelle approche, nommée « the linguistic turn » prend pour objet d’analyse la « culture ». Selon ces historiens, c’était à travers une culture faite d’images, de symboles, de chansons, de costumes, de théâtre, et de lecture que les révolutionnaires ont pu forger une nouvelle identité nationale. Cette méthode a donné un nouvel essor aux études révolutionnaires, en libérant les travaux historiques de l’histoire des grands hommes et des analyses socio-économiques, qui ont trop longtemps caractérisé la discipline. Mais comme toute « nouvelle » méthode, cette dernière a été récemment remise en question. Rebecca Spang aux Etats-Unis et David Andress en Grande-Bretagne ont notamment critiqué « la Nouvelle histoire culturelle » pour avoir négligé la question du sujet humain – soit individuel, soit collectif – et pour avoir surestimé la transformation sociale déclenchée par la Révolution. Comme l’ont montré Rebecca Spang et David Andress, en se focalisant sur les discours, l’imagerie, les symboles, et les métaphores, l’histoire culturelle a eu tendance à interpréter la Révolution comme un vaste réseau de pensées ou d’images collectives sans expliquer comment ces systèmes linguistiques et visuels sont devenus significatifs pour un groupe identifiable de gens. La causalité reste ainsi une présomption qui n’est jamais explicitement démontrée. De plus, alors que des historiens culturels ont peut-être supplanté des méthodes précédentes telles que la biographie et l’analyse économique, ils ont néanmoins gardé intacte la nette démarcation entre l’Ancien Régime et la modernité, que Marx nous a rendue si familière. Spang et Andress nous encouragent à trouver une manière d’écrire l’histoire qui s’adresserait à la production culturelle et à sa consommation tout en réintroduisant le sujet dans les travaux historiques. (En effet, Spang joue de façon séductrice avec l’idée d’un retour à l’histoire sociale). Pourtant cet appel à un retour aux personnes « réelles » et aux choses « réelles » ne se tente pas sans courir le risque de se trouver en pleine nostalgie : celle de l’époque « before theory. » La création de nouveaux paradigmes pour les études révolutionnaires devient ainsi de rigueur si nous voulons sortir de cette impasse. En prenant en compte des réflexions récentes, nous aimerions ouvrir un dialogue qui soit à la fois attentif au discours comme acteur social et soucieux de démontrer comment les individus, les groupes et les institutions ont façonné leur culture. Nous faisons ainsi appel à un réexamen de la causalité, du sujet comme agent et de la périodisation. Contrairement aux prétentions utopiques des Républicains, l’Ancien Régime ne s’est pas achevé en 1792. Les travaux récents de Darrin McMahon, de Gérard Gengembre, et de Dale Van Kley nous aident à comprendre les conflits sociaux et intellectuels qui existaient de longue date sous l’Ancien Régime et qui n’ont fait qu’éclater brutalement lors des attaques contre l’Eglise au cours des années 1790. Il est ainsi éclairant de relire, à côté d’écrits peu connus des sympathisants républicains, des œuvres —roman, poésie, théâtre—écrites par des émigrés et des légitimistes. Si leur éducation leur a permis d’écrire des réflexions limpides sur les événements révolutionnaires, leur position politique les a fait rejeter par l’approche marxiste. Nous voudrions donc résister à l’idée longtemps soutenue que l’Ancien Régime s’est simplement effondré (et de plus que cette chute était inévitable) sous le poids de sa décadence légendaire. A travers une exploration de ces « vaincus de l’histoire, » nous voudrions rétablir un sens de la contestation et de la contingence qui caractérisait certainement cette époque. Il est non moins important pour l’historiographie révolutionnaire de faire sa place à la production littéraire. A la différence de la littérature du pamphlet ou des discours publiés, la fiction et la poésie nous donnent une vision complexe et étendue d’un monde imaginé qui réfléchit, réfracte et qui tente d’influencer le courant des événements contemporains. Des préfaces, des avertissements, des épilogues, des pièces justificatives qui accompagnent les romans montrent d’une façon très concrète que leurs auteurs ont voulu jouer un rôle actif dans la culture politique de la Révolution. Henri Coulet a démontré, il y a vingt ans, que beaucoup d’auteurs révolutionnaires dialoguaient avec des orateurs et des journalistes au cours des années 1790. Des monographies sur des auteurs, tels que Sade, Charrière, Mercier, Restif, Chateaubriand et Staël, aident à tracer les contours de l’activité littéraire de ce temps. Des recherches plus récentes, menées par Huguette Krief, Alan Pasco, Kathryn Norberg, Béatrice Didier, Malcolm Cook, et Michel Delon, ont mis en relief l’importance des écrivains moins connus, tels que Genlis, Fiévée, Révéroni Saint-Cyr, Louvet de Couvrai et Pigault-Lebrun. Le théâtre révolutionnaire fait aussi désormais l’objet d’excellents travaux : Paul Friedland, Jeffrey Ravel, et Greg Brown ont consacré beaucoup d’énergie à ce domaine et ont inspiré une nouvelle vague d’études interdisciplinaires entre la littérature et la politique. Nous visons donc à déclencher une réflexion plus étendue qui s’adressera à toute la gamme de la production culturelle – la fiction, la poésie, le théâtre, et la peinture—pendant la période révolutionnaire. Soutenu par une équipe de spécialistes de l’Université de Provence et de l’Université de Toulouse, ainsi que par l’Université de Notre-Dame et par Indiana University South Bend, ce colloque de l’automne 2008 (deuxième étape d’une collaboration en cours) sera l’occasion pour des spécialistes francophones et anglophones (en littérature, en histoire, et en histoire de l’art) de travailler ensemble à la production de nouveaux paradigmes susceptibles de susciter de nouvelles recherches dans le domaine des études sur la Révolution. Un volume bilingue reprendra une sélection des contributions. Les contributions pourraient envisager les thèmes suivants : • L’analyse biographique des écrivains et des artistes moins connus. • Les réseaux sociaux des écrivains, des artistes, des éditeurs, des lecteurs et des critiques. • L’histoire de la lecture et de la réception littéraire. • La représentation de la vie intérieure et de la subjectivité. • L’histoire du livre et de la librairie. • • • L’analyse des événements politiques influencés par l’art et par la littérature. La production culturelle des femmes. L’avènement de nouveaux genres, comme le mélodrame ou la fiction gothique. Le colloque se tiendra du lundi 6 au mardi 7 octobre 2008. Lynn Hunt présentera le discours d’ouverture. Le colloque prendra place sur les campus de l’Université de Notre Dame et de l’Université d’Indiana à South Bend. Les participants seront logés sur le campus de Notre Dame au « The Morris Inn ». Les repas de midi seront pris en commun. Envoyez un résumé de 500 mots et un CV de deux pages avant le 15 novembre, 2007 à [email protected].