Camille Mottier, Emilie Moënne Loccoz, Bruno Mayor
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Camille Mottier, Emilie Moënne Loccoz, Bruno Mayor
Camille Mottier, Emilie Moënne Loccoz, Bruno Mayor Document écrit, exposé Todorov : Barbarie et civilisation Introduction du chapitre Todorov commence ce premier chapitre en nous expliquant ses objectifs pour ce dernier. Il va tenter de répondre à cette question : « peut-on employer les mêmes critères pour juger d’actes relevant de cultures différentes ? ». (p.31) Il explique que nous sommes sans cesse sollicités pour donner notre avis et commenter des faits et gestes qui relèvent de cultures différentes de la nôtre. C’est alors qu’il faut, selon Todorov, adopter une attitude évitant l’ethnocentrisme (p.31) sans pour autant retomber dans le nihilisme. (p.32) Dans ce chapitre, Todorov met en place des instruments nous permettant d’évaluer les différentes sociétés (p.27). Il nous donne plusieurs définitions qui sont importantes pour lui. Il essaie de démontrer que la barbarie est contraire à la civilisation. Ensuite il affirme que les performances techniques ou la qualité des œuvres d’art d’une société ne nous éloignent pas nécessairement de la barbarie. Résumé Être barbare / être civilisé La définition de « barbare » a évolué au cours du temps. Pour les Grecs, cela signifiait celui qui ne parle ou ne comprend pas le grec. On y a attaché un deuxième sens avec un jugement de valeur : Barbare/Grec = Sauvage/Civilisé. Des pages 34 à 37, Todorov liste les caractéristiques des Barbares, comme par exemple la violence et la sauvagerie avec laquelle il règle ses différends ou son goût prononcé pour la solitude plutôt que pour la vie en communauté, il rejette la pleine humanité des autres. Todorov explique que le mot « barbare » a deux sens : relatif (celui qui ne maîtrise pas la langue grecque) et absolu (l’opposition entre barbare et civilisé). « Civilisé » est l’antonyme de « barbare », c’est celui qui accepte l’humanité des autres, qui accepte de voir qu’ils ont des modes de vie différents. On ne peut être complètement civilisé ou barbare, mais seulement plus ou moins. Ce sont nos actes et nos attitudes qui le sont, pas les gens eux-mêmes (p.45). Todorov définit 3 grands axes (p.45.47) pour devenir/être civilisé : l’extension du « nous » en tendant à devenir de plus en plus nombreux / capacité d’autocritique / mêmes lois pour tous, égalité de traitement. Ce sont les artistes et les savants qui font reculer la barbarie car ils permettent d’élargir le cercle de l’humanité en partageant leur savoir. De la civilisation aux cultures Ici, Todorov définit les mots « civilisation » (contraire de barbarie), « civilisations » (cultures), « culture », « cultures » (civilisations). La culture, selon Todorov, est quelque chose que tout le monde possède, ce sont des pratiques sociales et l’image que celles-ci laissent. Elle est collective et amène donc à la communication (p.52). Elle repose sur la mémoire et les règles de vie communes (p.53) ainsi que sur le passé et sur le présent (p.53). Elle est une sorte de relais de la génétique, transmise de génération en génération, elle nous donne des règles et des codes grâce auxquels on peut communiquer nos émotions élémentaires. Héritage des Lumières C’est dans la seconde partie du XIIIe siècle que les notions de civilisation ainsi que celles de culture sont apparues. On commence à opposer « civilisation » avec « barbarie ». Des penseurs tels que D’Holbach ou le Marquis de Mirabeau conçoivent « l’histoire de l’humanité comme un processus à sens unique » (p.55) évoluant de barbarie à civilisation. Cependant, on s’accorde à penser que les sociétés passées sont tout a fait légitimes et dignes d’exister.(p 56-57) L’idée de diversité culturelle soutenue par un même but apparait en France avec Montesquieu. Herder ajoute que ces buts sont, le bonheur, l’amour humain ainsi que l’épanouissement de l’esprit. Les cultures sont unies par leur but et leur origine communes. Les Lumières introduisent donc les notions de pluralité culturelle et d’unité humaine. Juger les cultures / techniques et œuvres Dans le chapitre « Juger les cultures », Todorov affirme que le mot «culture» est moralement neutre ; de nombreuses coutumes sont spécifiques à chaque culture, toutefois elles ne nous permettent pas de déduire de la barbarie d'un peuple (p.60). On ne peut donc pas déclarer une culture supérieure à une autre (p.61) Les cultures sont nécessaires au processus de civilisation, comme le dit l'auteur à la page 63, car sans elles, nous sommes condamnés à la rupture avec le reste de l'humanité. Autrement dit, pour être plus civilisé, il faut d'abord reconnaître la pluralité des cultures. Si l'on refuse cette prise de conscience, nous nous rapprochons de la barbarie. Selon l'auteur ce sont des moyens utilisés dans divers activités tel que la sédentarisation, le début de l'agriculture ou encore les progrès médicaux, soit les différents progrès vers la voie de la civilisation. (p.66). Elles concernent donc le monde matériel. L'évolution de ces techniques peut connaître des progressions mais aussi des retours en arrière comme par exemple lorsqu'on constate des effets imprévus à certaines nouvelles techniques comme la pollution engendrée par les moteurs. Les œuvres ne dépendent pas forcément de leur culture. On ne peut pas dire que l'une est meilleure que l'autre, car elles sont toutes deux différentes. Nous n'apprécions pas une œuvre parce qu'elle appartient à telle ou telle culture, mais parce que nous l'estimons riche et intéressante. (pp.70-72). Comme le dit Todorov à la page 72 : « A partir d'une certaine profondeur d'exploration, l'art comme la pensée deviennent universels». Dans ces deux chapitres la conclusion est la même, on ne peut pas juger des cultures ou des œuvres de manière objective, toutefois Todorov nuance en disant que l’on ne peut pas s’avancer à comparer une œuvre majeure d’une certaine culture avec une œuvre mineure d’une culture différente. Il ne faut donc pas être nihiliste. Un rêve des Lumières / civilisation et colonisation Le rêve des Lumières était que la diffusion des connaissances rende l'espèce humaine meilleure (p.72). Mais nous pouvons tout de suite constater à la page 73, que les dictateurs (Mao, Hitler,…) ayant commis des actes de barbarie étaient cultivés mais pas civilisés. Il y aurait donc un paradoxe entre la pensée des Lumières et les faits réels. Todorov défend pourtant leur idée en disant (p.74) que "pour tourner le dos à la barbarie l'humanité a besoin d'une vie spirituelle et d'une ouverture au reste de l'humanité." A la page 76, Todorov dit qu’ " à l'échelle biologique, le progrès est incontestable". Mais cette grande avancée ne garantit pas que nous soyons plus civilisés que nos ancêtres, au contraire, lorsqu'on regarde notre manière de traiter les personnes âgées ou de faire la guerre par exemple, nous ne sommes pas plus civilisés que nos prédécesseurs. (p.76-78). Par exemple, Hiroshima est un grand progrès scientifique, mais il démontre la régression de la civilisation. Dans le chapitre « civilisation et colonisation », on apprend que les colonisateurs pensent qu'en conquérant les pays d'Afrique par exemple, ils leur amènent la civilisation, c'est-à-dire entre autre, la construction d'écoles ou l'introduction de la mécanique, ils imposent donc leur culture en dénigrant celle des autres. (p.78-79). Ils ne se rendent peut-être pas compte que ce qu'ils appellent civilisation cache en réalité une certaine barbarie, car ils dénigrent la culture des autres et considèrent donc la leur comme étant supérieure. Ces deux chapitres sont liés car Todorov montre que malgré l’envie des Lumières de partager nos connaissances dans d’autres cultures, nous sommes parfois barbare en le faisant. De quelques malentendus Pour le philosophe Walter Benjamin, les documents de civilisations sont aussi obligatoirement des documents de barbarie. Les biens culturels tels que des sculptures ou des monuments sont des preuves de civilisations, création d’œuvre par de grands artistes, mais aussi de la barbarie, le travail d’esclaves à la construction d’édifices. C’est donc quelque chose de paradoxal qui, pour Benjamin, ne peut pas manquer de nous faire réfléchir. Pourtant cette affirmation n’est pas totalement vraie; elle s’applique à des monuments tels que les pyramides d’Egypte ou les cathédrales de France, mais pas vraiment à des œuvres telles que la Vénus de Milo ou les écrits de Shakespeare qui n’ont pas nécessité de l’esclavage. (P.81-83). Oriana Fallaci affirme de son côté qu’elle est dérangée par le fait de parler de deux cultures, européenne et musulmane. Elle compare entre autre les œuvres de Da Vinci (européennes) avec les poèmes de Omar Khayyam (musulmanes). Pourtant, cette comparaison n’a pas lieu d’être car elle est faite entre deux cultures différentes qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre. De plus, ces deux artistes ne créent pas le même type de travaux, la comparaison est donc encore moins crédible. (P.84-85). Todorov présente ensuite son troisième type de malentendu. La relation entre civilisation et cultures est une contradiction, si l’on préfère la civilisation, on renonce aux cultures, et inversement. (P.88). Lévi-Strauss insiste ensuite sur le fait que chaque culture a sa part de légitimité car elle s’est penchée sur la résolution d’un problème particulier. Lévi-Strauss refuse de porter un jugement sur toutes ces cultures car elles sont toutes bonnes ou mauvaises, tout dépend du point de vue duquel on se place. (P.89-90). Todorov finit en disant que la civilisation ne s’oppose pas à la culture mais que la première se nourrit de la deuxième, qu’un pas important est fait lorsque l’on admet que les autres n’ont pas les mêmes cultures que nous et qu’elles n’ont pas la même organisation de leurs sociétés et des coutumes différentes. Il termine avec une phrase qui pourrait résumer le tout : aucune culture n’est en elle-même barbare, aucun peuple n’est définitivement civilisé; tous peuvent devenir l’un comme l’autre. Tel est le propre de l’espèce humaine. Conclusion : Todorov réussit dans ce chapitre à éclaircir le lecteur sur différentes notions liées à la civilisation et à la barbarie. Dans ce chapitre il répond à la question qu’il pose au début de celui-ci : « peut-on employer les mêmes critères pour juger d’actes relevant de cultures différentes ? » (P.31). Il nous apprend que les cultures ne peuvent pas réellement être jugées, car ce jugement dépend forcément de la culture environnante de celui qui juge. On ne peut pas définir une culture comme étant bonne ou mauvaise, barbare ou civilisée, car ce jugement n’est pas objectif, chacun est barbare et civilisé à la fois. En définitive il nous dit que, non, on ne peut pas utiliser les mêmes critères pour juger d’actes relevant de culture différentes. En revanche Todorov met à disposition au lecteur les différents outils qu’il utilisera dans le reste de l’ouvrage. Il nuance la réflexion tout en nous permettant d’éviter les extrêmes (dogmatisme ou nihilisme), ce qui était aussi un de ses buts premiers. Le rêve des Lumières était que la diffusion des connaissances rende l'espèce humaine meilleure. (p.72) Or, on observe que ce rêve s’avère ne pas être tout a fait réalisable. Aujourd’hui, notre savoir est certainement plus grand qu’auparavant, il est bien plus rependu. Mais notre civilisation n’est pas meilleure, nous avons développé des technologies capable de détruire l’humanité. Notre soif de progrès nous a poussé à détruire notre environnement amorçant ainsi une bombe à retardement pour l’espèce humaine. Le progrès technologique n’est pas toujours source de progrès humain. Si, comme les Lumières nous voulons améliorer notre monde, quels sont les outils en notre possession nous permettant de devenir « plus » civilisés ?