Analyse du début du film Du Silence et des ombres

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Analyse du début du film Du Silence et des ombres
Analyse du début du film Du Silence et des ombres
Le premier plan est un travelling sous les arbres. On a une légère sensation
d’étouffement : c’est travelling en contre-plongée sur un ciel menaçant ; on s’attend
presque à voir les chauve-souris. Les feuilles apparaissent en contre-jour. L’horizon est un
peu bouché, un peu menaçant. L’univers fantastique est annoncé dès le début.
Il y a une opposition entre le côté sombre de l’arbre et la luminosité de la ville.
On découvre de la ville avec les yeux de Scout adulte. C’est un plan large en contreplongée. Ce plan laisse le temps au souvenir de se mettre en place. C’est un début assez
classique pour présenter une ville au début d’un film. Même les séries s’emparent de ce
début classique (voir par exemple l’introduction de Desperate housewives qui le reprend
presque plan par plan)
On peut raconter cette anecdote aux élèves : le film devait être tourné dans la ville
d’origine d’Harper Lee, mais la ville avait trop changé. Gregory Peck explique : « Nous
sommes allés à Monroe ville pensant y tourner le film. C’est comme ça que j’ai pu rencontrer
son père [père d’Harper Lee], qui lui avait servi de modèle pour Atticus Finch » ; Mulligan
ajoiute : « Mais la ville avait changé après la guerre. Beaucoup de bâtiments avaient disparu
pour faire place à de la tôle ondulée, des façades modernes ou des magasins à baies vitrées.
On avait perdu l’ambiance de a petite ville […] Harper Lee est venue visiter le plateau et a été
stupéfaite par sa grande ressemblance à une ville du sud comme la sienne. Tout le mérite en
revient à Henry Bumstead, le chef décorateur ».
La luminosité est en contradiction avec le discours de Scout qui décrit négativement
cette ville : « vieille ville fatiguée ». Quelles images ressortent de cette ville ?
- Des temps reculés : c’est une ville sans voiture (même si on en voit après) : on se
déplace à cheval.
- Ville un peu vide.
- On filme une vie quotidienne : facteur, homme avec sa carriole… On porte une
attention aux petites gens.
- Ville difficile à vivre parce que trop chaude. Situe l’action dans le sud des EtatsUnis
- Ville où on ne fait que se croiser
- Les hommes ne sont pas mis en valeur : parfois paresseux, sales : « col qui se
fane », femmes qui prennent des bains parce qu’elles s’ennuient, font la sieste.
- Cadre tout de même assez idyllique : cabanes dans les arbres, balançoires, enfant
courant et jouant librement. On ne craint pas la délinquance.
Arrive un visiteur : il porte son sac comme s’il portait métaphoriquement quelque
chose de trop lourd, comme s’il était lourd d’une certaine culpabilité. On peut noter une
opposition entre le pas lourd de cet homme et le côté sautillant de Scout.
On peut voir avec les élèves comment Scout est présentée :
- elle surgit d’on ne sait où. Avec le plan sur la roue qui pend, on est tout de suite
du côté de l’enfant, du côté du jeu.
- elle n’est pas habillée comme une petite fille : insister avec les élèves sur l’époque
de tournage et sur l’époque du film (film de 1962 qui raconte les années 30)
- c’est un personnage toujours en mouvement. Elle a un côté Huckleberry fin, Tom
Sawyer.
- Elle appelle son père « Atticus ». Cela est révélateur d’une éducation moderne,
avec un père qui se met au même niveau que ses enfants
- Elle compte sur son père pour tout lui apprendre sur l’extérieur. Atticus, c’est
celui qui sait tout.
L’image d’Atticus : il y a une attente pour le voir.
- On le découvre par une contre-plongée qui le met en valeur et souligne son
importance (triple importance : aux yeux du visiteur, aux yeux de sa fille et aux
yeux du spectateur – Peck est une star)
- On peut commenter son vêtement, qui s’opposeà son visiteur. Il est bien mis,
même chez lui. Cela souligne aussi sa valeur, sa différence avec l’homme de la
rue. Il est en opposition totale avec la phrase d’introduction (« les cols se
fanaient »)
- Il descend pour se mettre au niveau d’un homme d’un rang social inférieur. On
note le côté immédiatement sympathique du personnage. Il est aimable, plein de
préventions. Mais même quand il est descendu, il est toujours plus haut que son
visiteur : Atticus sera toujours meilleur que tous les hommes.
- Il est montré en train de lire : c’est un homme cultivé, qui s’éloigne des
préoccupations des autres habitants de la ville.
On comprend dès le début que les scènes seront vues par des enfants. La plongée sur
Atticus est la vision de Jem dans l’arbre. On note aussi les nombreuses contre plongées, qui
soulignent encore l’importance du personnage.
Il y a une valse des personnages.
- On découvre aussi la domestique noire. Vision humaniste : elle fait office de
maman et n’est pas vue comme un être inférieur (à la différence des habitants,
comme on va le voir dans la suite du film).
- On découvre Jem dans un arbre. (On peut parler aux élèves du Baron perché, de
Calvino).
-
o Faire attention à la façon dont Jem appelle son père (et qui n’est pas
traduite) : « Sir ». Cela montre le respect du fils pour son père, son
admiration ; cela renforce encore l’importance d’Atticus. Cela montre
aussi que la relation avec les enfants est au-delà de la relation pèreenfants.
o Les enfants cherchent à s’élever (dans les arbres, sur une roue). Cela peut
être vu comme une métaphore.
o Côté moralisateur du père qui veut qu’on se comporte bien, y compris
dans le sport.
Apparition de Dill amusante : caché parmi les choux, comme une naissance qu’on
explique à des enfants.
o Dill est inspiré de Truman Capote (source Wikipedia : « Alors qu'il vit avec
ses parents, le petit Truman « assiste, à l'âge de 4 ans, à des scènes si
violentes qu'elles le font hurler. L'enfant est souvent seul le soir et la nuit,
abandonné dans des chambres d'hôtel, enfermé à clé, terrorisé. Il dira
avoir vécu sa petite enfance dans la crainte permanente de l'abandon ».
Alors qu'il a cinq ans, sa jeune mère le confie à ceux-là même qui l'avaient
recueillie orpheline : il est élevé à Monroeville, en Alabama par ses trois
cousines et leur frère, tous quatre célibataires. Son enfance est heureuse,
mais il a toujours ressenti douloureusement cet abandon par ses parents.
À Monroeville, il a pour amie d'enfance Harper Lee qui le décrira dans son
roman To Kill a Mockingbird (Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur) comme un
« Merlin l'enchanteur de poche », sous les traits du personnage de Dill.
Très vite, dans le voisinage, on s'aperçoit qu'il est différent : « petit,
efféminé, maniéré et doté d'une voix haut perchée » »)
Commenter son aspect : petit, malingre. On s’intéresse à ceux qui ne font
pas partie de la « bonne société » Horton Foote, scénariste : « J’ai
beaucoup travaillé le personnage du petit voisin. Dès qu’Harper m’a dit
que c’était Truman enfant, j’ai eu plein d’idées. Je ne sais pas comment
Truman était, et je suis sûr qu’il n’était pas comme ça, mais ça m’a donné
beaucoup d’impulsions imaginatives »
o Dill ouvre la porte de séparation, ce qui va être le cas tout au long du film :
on va à la connaissance de l’autre, ou pousse les barrières (métaphore)
o Le mensonge de Dill est amusant. En même temps, on apprend que la
mère des enfants est décédée, mais à aucun moment un ton
dramatique n’est adopté : le père supplée à l’absence maternelle.
La première fois que Boo est évoqué est aussi à commenter :
- son nom est comme un cri qui fait peur (voir aussi la manière dont il est
prononcé)
- description fantastique du personnage
-
Commenter le rôle de la musique.