Rhododendron argenteum

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Rhododendron argenteum
Article paru dans la Revue Horticole de 1888 pages 197 et 198.
Rhododendron argenteum.
P
ort élégant, longues et superbes feuilles à dos argenté, fleurs très nombreuses, grandes, d'un blanc pur, surmonté
de curieuses bractées lavées de rose, le Rhododendron argenteum a tout pour plaire.
Découvert, en 1847, par sir Joseph Hooker, près de Darjeeling, dans les montagnes de l'Himalaya, à l'altitude de
2600 mètres, il fut salué avec enthousiasme à son arrivée en Europe, dès l'année suivante.
Malgré les espérances qu'elle fit concevoir dés sa mise an commerce, en 1859, cette espèce ne s'est jamais beaucoup répandue jusqu'ici. C'est que, comme presque toutes ses congénères des montagnes du nord de l'Inde, elle
est assez délicate, avare de ses fleurs, et semble avoir conservé sous notre climat la nostalgie des brumes de son
pays natal. En 1862, elle fleurit pour la première fois en France, en serre, chez MM. Thibault et Keteleer, à Paris.
Dans l'Ouest, à Cherbourg, par exemple, où elle a fleuri pour la première fois en 1867, chez M. Le Vionnois,
l'exemplaire portait des inflorescences de 50 centimètres de circonférence.
De belles floraisons, obtenues dans ces derniers temps, nous font espérer que cette espèce de premier ordre obtiendra bientôt la place qu'elle mérite dans nos cultures. Laissée en plein air, elle supporte mal nos hivers et fleurit peu ; mais si on a le soin de la rentrer à l'automne, en mottes, dans une serre froide ou en orangerie, elle
donne, dès le premier printemps, des fleurs abondantes. A l'une des séances de mars de la Société d'horticulture,
nous avons pu en admirer de magnifiques exemplaires venus de Cherbourg, et nous-même en avons reçu de superbes exemplaires envoyés par M. Foucaud, jardinier à Frileuse.
M.. Foucaud nous informe qu'il possède une certaine quantité de jeunes semis de cette plante, actuellement âgés
de quatre ans.
Pour ceux de nos lecteurs qui ne connaîtraient pas le Rhododendron argenteum, en voici une courte description :
arbre pouvant atteindre 10 à 13 mètres dans son pays natal, à feuilles très grandes (30 à 40 centimètres de long),
coriaces, obovales-oblongues, atténuées en pétiole épais, glabres sur les deux faces, argentées en dessous, à côte
et nervures proéminentes ; bractées caduques, épaissement soyeuses, pédoncules courts, épais, pubescents ; inflorescence en gros capitules ; calice très court, obscurément lobé ; corolle blanche, campanulée, teintée de vert
jaunâtre et de rose extérieurement; segments du limbe courts, bilobés ; 10 étamines à filets glabres; ovaire à 16
loges pubescentes ; style flexueux, épais ; stigmate dilaté.
On connaît plusieurs formes du R. argenteum : l'une nommée R. a. verum, qui a des feuilles longues d'environ
30 centimètres, et qui parait être le type décrit par sir J. Hooker ; l'autre, R. a. vulgare, est plus répandue et se
distingue par des feuilles plus petites, plus rudes et plus ridées, à surface inférieure plus sombre. Cette plante parait un peu plus rustique que la précédente; elle a supporté des minima de - 11° soit en Écosse, soit en France,
sans que son feuillage en souffrit ; ses jeunes bourgeons seuls sont touchés par les gelées d'avril quand ils se développent hâtivement. Mais il ne faut pas demander au R. argenteum et à ses grands congénères de l'Himalaya :
R. falconeri, dalhousiae, hodgsoni, auklandii, etc., de devenir un ornement rustique de nos jardins de la France
moyenne ; ils ne viennent décidément bien que dans les presqu'îles normande et bretonne, région soumise au climat doux et humide que nous devons à l'influence bienfaisante du Gulf Stream.
Le procédé indiqué plus haut devra être mis en pratique, partout où l'on ne peut, comme à Kew, dans le vaste «
Temperate House », par exemple, cultiver cette belle espèce en pleine terre dans la serre froide. Il suffira donc de
la planter dehors pendant la saison chaude, et de la relever en motte ou en bac plat à l'approche des grands froids,
pour l'hiverner en orangerie. On obtiendra ainsi des floraisons printanières de toute beauté, qui récompenseront
dignement l'amateur des soins qu'il aura pris pour les obtenir.
N.B. R. argenteum est un nom obsolète pour désigner le R. grande.
Article paru dans la Flore des serres et des jardins de l'Europe de 1849 pages 473 à 476.
Gravure publiée en 1858 dans le Curtis's Botanical Magazine sous le nom de R. argenteum
Jeune pousse de R. grande photographiée au jardin botanique d'Edimbourg.

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