Toute la Lyre COUSMER DU FGIU3

Transcription

Toute la Lyre COUSMER DU FGIU3
Numéro &3. —
Février 1918.
JOURNAL DES MOBILISÉS DE L'ÉQUIPE PL LYON RÉPUBLICAIN
neur sur nos vaillants moblots — nous continuerons, comme par le passé, à faire de notre
mieux pour satisfaire nos lecteurs.
Vos camarades d'atelier, unis dans une seule
pensée, vous adressent leurs amitiés et uno.
cordiale poignée de main.
. CHARBONIÉ.
E
Toute la Lyre
L
que s'étaient assigné les fondateur
tdu Journal des Moblots a été largement
dépassé. Les encouragements sont venus cPun
■peu partout. Nos chefs directs — Administration et Rédaction — ne nous ont pas ménagé
leurs sympathies. Nos camarades,typographes
— y . compris le dévoué secrétaire général de
la Fédération du Livre, Aug. KEUPER — nous
ont t onstamment soutenus dans cette œuvre de
solidarité. Il manquait à notre petit organe la
consécration officielle. Cest chose faite aujourd'hui. Le Poilu du Lyon a du » cœur au
ventre « et a franchi — sans être affranchi —
les portes de l'Elysée et de plusieurs ministères. MM. POINCAHÉ, président de la République ; CLEMENCEAU, président du conseil, ministre de la guerre ; COLLIARD, ministre du
travail; HERRIOT, sénateur, maire de Lyon, ont
bien voulu le recevoir et l'examiner. Ils nous
en ont accusé réception avec des remerciements. Sensibles à ces hautes marques éPapiprcbation — dont nous reportons tout Phon- I
E BUT
COUSMER DU FGIU3
G
ARDE (Antoine) dit à Messire : « ...Je vous .accuse réception de votre intéressant Poilu. Tous
les camarades du front vous sauront gré, ainsi
qu'aux autres collaborateurs et confectionneurs du
petit et vaillant canard de guerre, du dévouement
que vous apportez à cette œovre, toute de fraternelle solidarité. Mais, je vous pose une question :
Quand lui tondfons-nous le cou, 'à votre Canard ?
On commence à trouver qu'il a la vie diablement
dure... Ici, rien de Sien spécialement nouveau.
J'ai eu un corps à corps avec mon. ami le cafard,
qui s'était lâchement tapi dans l'ombre pour mieux
me saisir. Je commence d'y voir clair à présent.
En tous cas, par ce que vous avez de la neige à
Lyon, vous pouvez vous imaginer la couche que
nous avons par ici. Si ça continue, on ne la mesurera plus par centimètres, mais par mètres. Gomme
Je suis perché a la cime d'urne montagne, le coup
d'œil est certainement magnifique et digne d'un
pinceau de maître, mais quand il faut descendre,
c'est plus prosaïque et plus terre à terre. Je nourris un pensionnaire, un renard qui vient manger
mon rabiot .chaque nuit. Mais impossible naturellement de Taire plus ample connaissance avec lui.
Il se reruse énergiquement >à tout interview. Souvenir ému à ce vieux Baumann, que je connaissais
bien, ayant travaillé avec lui. Condoléances à MM.
r«ry et Chauvin. Vives aniitiés a toute la galerie. »
ARTH'ELDMiY (Paul), autâ2« territorial, 3« compagnie, secteur n<* 7, avant la mobilisation à
•Montpellier, à l'Imprimerie Ouvrière, écrit 4 Charbonié : « .. .iMon beau-frère iMarandon m'a irait
parvenir le dernier numéro du Poilu du Lyon. Je
vous en remercie tous le3 deux et je me permets,
moi qui suis un inconnu de la famille des typos
lyonnais, de joindre mes modestes félicitations a
toutes celles que .vous pouvez avoir .reçues de vos
camarades mobilises pour le travail kolossal que
demande la parution régulière de votre excellente
feuille. Ici, malgré la rigueur de .la température
— nous traversons le canal sur la glace — la santé
est satisfaisante. J'ai appris, en lisant le Canard,
le décès de cet excellent père Baumann, avec qui
j'ai travaillé autrefois à Montpellier. Un souvenir
ému à ce bon compagnon. Un amical bonjour à
l'équipe- du Lyon et à vos sympathiques lecteurs. »
B
X>ON r (Louis) — dont la poste avait égraré le
X numéro de Noël — écrit à Messire pour le remercier du deuxième envoi effectué, il adresse
des compliments aux camarades qui ont procédé à
la confection de ce luxueux Canard. Notre ami
forme des vœux pour 'la prochaine libération des
mobilisés, afin que 1918 ne s'écoule pas sans voir
la réunion générale «Te tous les membres de la
grande famille du Lyon Républicain. Il terminb
eu adressant ses vives amitiés auix poilus ou non.
** Carte au camarade L. Féry. Salut à la galerie.
B
OUILHOL <Jacq.ues) nous écrit : « .. .Excusezmoi si je ne vous ai pas accusé réception du
dernier Poilu. Je l'ai reçu en cours de route et,
comme la neige et la pluie ne nous ont pas lâcSés,.
je n'avais pas encore eu le temps d'y jeter un
coup d'œlL iMercl à tous, ainsi qu'aux camarades
Féry et Messire pour leurs envois de cartes et
journaux. Nous sommes dans un nouveau secteur.
La santé est bonne. Condoléances à MM. Féry et
Chauvin. Vives .amitiés aux mobilisés ou non. »
Guerre 19I4-15.16-17-18.
— 5' Apnée.
TrEïCÊNT .(Pierre) écrit ta OharborUé
Reçu
V le numéro SI du Poilu du Lyon. Merci. C'est
avec une yive satisfaction ique J'apprends, par notre si apprécié Intermédiaire Qu'est le Moblol dit
Lyon, que tous nos camarades sont en- assez bonne
santé. Salut confraternel à tous, poilus ou- non. »
TJ1NTA.PAR1S «Pierre) écrit à !.. Messire : «
je
JL vous accuse réception du numéro M de notre
vieux Poilu. On peut lui donner cette Cpitihète*
car, avec ses trois ans et demi, il sera bientôt
temps de le sevrer. A travers toutes les bonnes
nouvelles de nos camarades mobilisés, il y a malheureusement plusieurs deuils qui touchent de
près des conifrères de Téquipe restés au travail.
Veuillez présenter a .MM. .Féry et Chauvin mes
sincères condoléances. Et notre vieux papa Bammann s'est éteint tout doucement. Encore une de*
vieilles ligures de la typographie lyonnaise qui
disparaît. iLes morts vont vite, aussi bien A 1 arrière
qu'a l'avant. Je lis avec intérêt les extraits de lettres de l'ami Marin, qui semblent laisser croira
que son sort s'est ura peu amélioré. J'en suis -heureux et souhaite que cette nouvelle année apporte,
avec la fin des misères de tous, un terme à sa
cruelle captivité. Ici, rien de bien .nouveau : U»
mauvais temps continue... Cordiale poignée de
main aux membres de l'équipe et aux moHots. »
AZET (Adrien), ancien zouave à Safhonay, du
M
temps où LMalleval et Pintaparis y cantonnaient, actuellement magasinier aux usines Se-
guin, rue Dunoir, a Lyon, est venu nous rendre
■visite. Notre confrère est en excellente santé et
nous a changé de le rappeler au bon souvenir des
mobilisés et de leur souhaiter un proohain retour.
/^MÛRIER «Marins), de l'Expédition, accuse réKJ ception du 81e Poilu. Il nous dit que son eczéma le fait toujours souffrir. Actuellement au rep«s. Vives amUlés ans camarades, poilus ou noity
Numéro 83. — Page 2.
"SYETLING (Paul) non-; écrit : « ...Il ne me semS / bip pas vous avoir remercié- du premier numéro de 10Ï8. Veuillez m'en excuser et ne voir la
qu'un des nombreux effets du cafard. Depuis près
rte ouinze jours que je suis rentré, cela commence seulement a se lasser, et malgré la pluie
dont nous sommes copieusement arrosés tous les
jours, ce qui nous laisse inactifs, je n'ai pas eu
le courage d'écrire. Vives amitiés à vos lecteurs. »
T^UROCHER (Auguste) écrit à Onsarbonié : « ...Je
XJ te remercie pour ton aimable Caneton. Rien
de bien nouveau -S te narrer. La santé est parfaite, à part les pieds, nez et oreilles rrigoriftés.
La fameuse division d'attaque dont fait partie ce
brave ami Révilion étant de notre côté, je lui ai
donné rendez-vous et espère avoir le plaisir de
le voir bientôt. <Un bonjour aux camarades de l'équipe et aux lecteurs ide notre agent de liaison. »
T AVIE (Jules) nous écrit : « .. .Si je ne vous ai
lu pas donné de mes nouvelles plus tôt, c'est
que je ne pensais pas rester longtemps ici. Voyant
mon séjour se prolonger, je me décide à vous
écrire. Je ne suis pas trop mal au O. ID. ; je ne
demande qu'une chose : y rester le plus • longtemps possible. Il ne fait pas beau ; nous avons
pas mal de neige, mais je vois qu'là iLyon,, c'est
le mênw tabac. Salut confraternel 'à la galerie. »
C
OTES" (Emile), cartes a Messire et ù Charbomé,
où nous lisons : « ...Bien reçu tous vos envois de journaux, ainsi que le dernier numéro du
Poilu. Merci. Je ne suis plus pour bien longtemps
a Bollène, car nous liquidons. Aujourd'hui, nous
avons commencé à emballer les médicaments. Ensuite j'irai à Vienne, proposé pour changement
d'armes devant la commission. Je vous tiendrai
au courant. L'équipe a perdu dernièrement le bon
papa Baumann. Je salue respectueusement la mémoire de ce vieux camarade. Amitiés à tous. »
sEsa
C
I
!
(Extrait du Diable au Cor)
Am : Musique de Chambre.
■Parler de guerre est fatigant :
C'est une triste ritournelle
Oui dure depuis trop longtemps
Et nous détraque la ceirveUflie.
« Ça nous fait perdre la raison !
Dirait le docteur Laininelongue ;
Et, comme vous, cette oraison,
Ma femme ta trouve trop longue !
TROP LONGUE
SYS
Pour s'habiller coquettement
Toujours à la dernière mode,
Ma femme s'offre évidemment
Un costume très peu commode
La robe s'arrête au genou,
Cela fait rire tout le monde...
Si je m'en indigne, du coup,
Ma femme la trouve trop longue !
En temps ide paix, dans le civil,
Je vis d'un bonheur sans nuage ;
Si, miililaDre, je suis vil,
Chez moi, je porte beau plumage.
La redingote me comivianit,
De forme étroite ou uiême...oblongue.
Quand je dis qu'elle me va bien,
Ma femme la trouve trop longue !
Lorsque je veux parlai* d'amour,
B airniive qu'elle me igronde...
Alors, Je prends plus d'un détour
Pour gagner le cœur de ma blonde.
Je lui déclame, plein de feux,
Une tirade... sans diphtongue,
Ah ! même lia tangue des dieux,
Ma femme la trouve trop longue !
Au théâtre, je vais sauvent,
C'est un moyen die me distraire ;
Je pose dieux heures devant
La porte avec le prolétaire...
Faire la queue à Ttrianon
Devient, un plaisir A la longue :
La queue, autWéatre... au charbon...
Ma femme la trouve trop longue !
Je voudrais bien pailler ici
D'une chose très délteate ...
Hélas ! pour en causer aussi,
Serai-je assez bon diplomate !
Enfin, voila... c'est... oui, c'est ça,
Vous comprenez tous à te ronde,
La gaudriole que voila,
Ma femme la trouwe trop longue !
I
HARPENTIER (André), '1S8 bu, boulevard Téreire, Paris (17«>, directeur Ou Bochofage, écrit
a Charbonié : « .. .Tout d'abord mes voeux bien
sincères de bonheur et de prospérité pour cette
année 1018 qui sera l'année de la Victoire.' iMes
souhaits sont un peu tardifs. 11 y a une cause. Je
viens d'être réformé temporairement, des suites
de mes blessures de tguerre. Je serais heureux de
continuer <& recevoir votre si intéressant Poilu.
(C'est entendu, cher confrère). ...Mes camarades
m'ayant demandé de continuer, malgré tout, ma
collaboration au Bochofage, j'ai déféré de grand
cœur à leur désir. Je vous adresse notre numéro
de Noël. Sentiments confraternellement dévoués. »
R
ICHARD (Léon) écrit à Ferrand : « ...Je val»
bien, maîigré un temps maussade et capricieux : ulule, neige, vent, froid (les quatre temps).
Malgré cela, on peut tenir. Je forme des vœux
pour que l'année nouvelle nous ramène dans nos
foyers. Ayons confiance et supportons nos misères
en pensant à l'avenir. Bonjour à tous les amis. »
C
(André) est maintenant dans la cité
rendue célèbre par sa belle défense en 1870-7vl.
Le fils de notre ami est en excellente santé et
poursuit son Instruction militaire avant d'être
acheminé dans un dépôt divisionnaire. Par J'organe du Poilu du Lyon, André se rappelle au bon
souvenir tics amis du journal, mobilisés ou non*
HARLOT
M
ARTIN (Josepiti) dit a Ctarbonlé : « ,, .J'y mets
. le temps, mais J'arrive quand même ; 11 est
vrai que Je viens de loin. Bien reçu tous tes numéros du Poilu. Pour celui de Nofel. 11 (était épatant et d'autant plus merveilleux que les confrères qui connaissent, le matériel dont vous disposez savent que vous n'êtes pas du tout outillés
pour accomplir ce tour de force. Félicitations h
ton équipe. Touchante l'attention de la publication
des portraits des disparus et des prisonniers. Je
pars pour un noweau convoi. Un bonjour & K>ug, v
Numéro 83. — Page 3.
J
ACQUES (Jules) dit à son gros frangin : « Nous
sommes dans une sape, serrés comme des Harengs et où l'on n'y voit goutte ; on se couche ladedans comme l'on peut. Je t'assure que ce n'est
pas drOle. ;L'on nous fait .faire différents travaux,
a quatre kilomètres des lignes. 11 faut ouvrir
l'œil, à cause des gaz et des oiseaux de mauvais
augure. J'ai grand espoir quand anê-me que nous
verrons bientôt la iln de nos misères, aeçu le
dernier Poilu, merci. Cordiale poignée de main à
l'équipe et à tous les camarades sous les armes. »
\% Zibidore écrit à son grand-pvpa Messire : « J'ai
reçu tous vos envois de journaux,, cartes et chansons. Merci pour le dérangement que cela vous
donne. Reçu également le dernier Poiltt, ainsi que
le journal'expédié par le camarade Féry. La santé
est assez bonne, mais comme boue, on est bien
servi. L'on prend, malgré tout, son mal en patience, on attendant l'ultime permission qui nous
ramènera au bercail. Salut cordial a la galerie. »
D
UROZAT (Jean) nous écrit: « ...Je vous accuse réception du numéro 80 du Poilu. Depuis
que J'ai quitté la France, c'est le premier que je
reçois. 11 me manque les deux numéros précédents, qui doivent toujours me courir après. Je
les prendrai au journal dans le courant du mois
de février, époque à laquelle je compte aller vous
rendre visite. La santé est satisfaisante. Suis heureux des bonnes nouvelles des camarades mobilisés. Un cordial bonjour a toute la maisonnée. »
Duroz.it remercie pour le 81e Poilu et présente
ses condoléances a-us familles Féry, Chauvin et
Baumaon. LS'O-US annonce comme ci-dessus une
perfne imminente et adresse vives amitiés -à tous.
LT-ARIW (Claudius) a fait parvenir une carte au
acses
bons soins. -Notre ami est en parfaite santé et préSjSnto ses vives amitiés aux mobilisés ou non.
ÎML camarade Grégoire, chef de l'Expédition,
cusant réception du dernier colis envoyé par
■ imimi ii
f^UINON (Louis) nous écrit : « ...Le dernier nu\c£ méro du Poilu vient de me parvenir dans mon
ermitage. Il m'a apporté un peu de l'air de Lyon,
qu'il me tarde tant de revoir d'une façon définitive. En attendant, Je com(p|ie y aller ipour dix jours
dans trois semaines et, a cette -occasion, j'espère
que vous me permettrez d'aller vous serrer la
main, iMes amitiés aux camarades du quotidien,
de l'Assoc, et aux lecteurs du Poilu du Lyon. »
B
LONDEL (Louis), carte au camarade .Féry, remerciant [pour cartes et journaux. .Remerciements également a .l'ami Messire, qui, lui aussi,
pense 'à ses copains poilus. iLe Mulot procède toujours au même boulot et par un bien vilain temps.
Quant à la santé, il dit qu'elle est parfaite. Il termine en adressant un salut cordial a la galerie"
H/fULNEr (Henri), prisonnier en Allemagne, a
1.ÏA fait parvenir une carte au camarade Grégoire,
datée du 5 décembre, arrivée le 20 janvier, accusant réception d'un colis. Mulnet est en bonne
santé et profite de l'approche du jour de l'an
pour présenter ses meilleurs vœux aux collègues.
(Cette lettre n'a mis que 45 jours pour venir).
L
ACROIX (iPierre) écrit à. Charbonié : « ...En te
mereiant, je m'empresse de t'accuser réception du numéro 8fi du Poilu. Pour l'Instant,, ce
sont les préparatifs d'un déplacement ; aussi, le
travail ne manque pas. A bienttô une prochaine
visite. Rappelle-moi au bon souvenir des amis. »
UTIClIALOl/D (E.) écrit à Messire : « ...Je viens
iU de recevoir le numéro 8-2 de votre estimable
petit caneton, toujours agréable à consulter. Le
verglas et la neige ont fait place à l'eau et a la
boue, mais il fait bien moins froid. Puisse, comme
le dit Charbonié, le printemps être précoce et
chasser la guerre en même temps que l'hiver.
Cordiale poignée de niain aux mobilisés ou non. »
'ii
M
mu
Monsieur le Commissaire
CROQUIS
DE
GUERRE
Œil sévère et pensif, geste rude e;. voix grave)
Képi boidé de blanc, l'allure d'un vieux brave,
Arpentant d'un pas sec le quai de la station.
Ici, Monsieur le Commissaire est en fonction.
Monsieur le Commissaire a une lâche ingrate :
II doit veiller à tout, chacun vers lui se hâte,
Il sait tout, il voit tout ; dans sa gare soudain.
Pour tous rensaignements, c'est un Bottin mondain.
Monsieur le Commissaire était avant la guerre
Avocat, commerçant ou bien au (Ministère ;
C'était parfois aussi l'officier retraité,
Prenant tranquillement un repos mérité.
Monsieur le Commissaire a iang de capitaine ;
Il arbore parfois une mine hautaine.
A son air bougonnant ne vous arrêtez pas,
Monsieur le Commlsaire est un brave papa.
« Madame, s'il vous plaît, vos papiers sont en ordre ?
Non,vous ne pouvez passer ; regrets... c'est l'ordre! »
Une larme surgit. « C'est pour voir votre enfant ?
Blessé '... Passez... » Le Commissaire est bon enfant.
Monsieur le Commissaire est ildèle à son poste.-,
Il chérit tant sa gare et, pour toute riposte,
A l'avion allemand qui vient le bombarder,
Dans sa jumeHe iil aime bien le regarder.
O combien de vagens ont roulé par centaines,
Emportant entassées leurs -cargaisons humaines
De gas, qui vont là-bas mourir pour le -Pays !
Monsieur le Commissaire en silence a frémi.
Il frémit, car 11 songe à cette classe seize,
A ces gosses qui vont entrer dans la fournaise
-Pour chasser l'Allemand des pavs envahis,
Car dans la dlasse seize il y aura son Ills.
0..., septembie 1915,
LXEUTEK\KI
X...
TljflAZ
G. Q. A. A., direction du servie»; sSIé»tjl g- ii.'iïique, secteur 502, nous envoie de Satonlque, & la date du s janvier, carte parverjie le
23 ûu mime mois, ses meilleurs souhaits et vœux
lé-rue année pour tous les lecteurs «ta Pvibt.
(Merci, j>jur nos poilus, à notre ami du Prf§réx\.
TVKEA-N {Jacques) nous écrit d'Orient : « ...Bien
XJ reçu avec plaisir votre numéro de NoèJ. Heure-iis des bonnes nouvelles qu'il m'apporte, Mes
félicitations pour ce numéro spécial, qui est fort
bien réussi. La. santé est passable, mais, ccnÉM
tous, il me tarde que cet état de choses prenne
lin. J'alte-ads impatiemment la permission qui me
per-metna de revoir la France, ma famille et les
amis, que j'ai quittés depuis si longtemps. Un siècle ! me semble-t-il. Des Boucles de la -Cerna, j'adresse aux mobilisés ou non, 'mes vives amitiés. »
I
>BVILUJ.N (Francis), par l'intermédiaire du neii ïtu du camarade L'EBRETON, Chef du service
de la? Clicherie, nous a fait parvenir de ses ROUvellcÊ, qui sont bonnes. Nous remercions le poilu
VAMÏUJR Je sa visite. Bonjour de Chocolat ù tous.
A LA PETITE CAISSE DE SECOURS
a
est le mardi -2-2 janvier qu'a eu. lieu Vassemblée générale de la Petite Caisse, de iSecours
du « Lyon -Républicain ». Le sympathique président, M. Louis IMESSIRE, a adressé le salut des sociétaires aux camarades sous les drapeaux, exprimant Vespoir de les voir revenir bientôt. Comme
les années précédentes, l'assemblée a volé une
somme de cmq francs à faire parvenir à chacun
des membres de la Société, mobilisés ou. prisonniers. Pur acclamation, le bureau a été réélu pouf
tannée lùl-8. Il est ainsi tomposé -. MM. MESSIRE,
président ; FtM, trésorier ; 3. BARMN, secrétaire.:
Numéro 83. — Page 4.
(ptHORlER (Mari-us), sergent au 888e d'infanterie,
\j 24e compagnie, accuse réception du S*1 />cmu.
Il fait des vœux pour que la santé des eamaralïes
mobilisés se maintienne jusquià la libération, qu 11
souhaite -prochaine. (Par l'intermédiaire du Canard,
Chorier adresse une cordiale poignée de main aux
amis des divers services du Lyon et aux poilus. »
Voulez-vous bien ne plus dormir I I
AIR
: Quand l'oiseau chante.
PREMIER COUPLET
I^IJRILNAL (François) dit a Messire: « ...Merci
VT pour le dernier Canard. Pour le moment, nous
sommes bien occupés et les communiqués de ces
derniers jours ont dû vous Taire voir que ça ne
chômait pas de notre côté. A part ça, la santé est
bonne et je suis heureux qu'il en soit ainsi des
aimables correspondants du Poilu du Lyon. .Cordiale poignée de main aux amis, moblots ou non. »
Songez un peu, si, ne se grattant plus,
Tout joyeux.ignorant nos si douces morsures,
Dans sa cagna, l'héroïque poilu,
En se frottant les mains, se riait des piqûres !
Si, prenant un air réjoui,
Il disait : Enfin, quelle veine t
Je m'en vais pouvoir cette nuit
Dormir pour toute une semaine.
I
»EV!LLON i(Francis) écrit à .Charbonié : « ...Je
W viens de recevoir le «8« Poilu ; merci. Hier,
j'ai eu la visite de Du-rocher, de l'Express. Il est
dans un régiment de territoriaux aux environs
de mon secteur, iNous avons passé quelques heures ensemble et avons vidé une torpille en portant des toasts a la typographie en général et aux
camarades en particulier. J'aurais voulu lui faire
partager mon menu 'frugal, mais, esclave du devoir militaire, il a fui, raide comme balle, dans la
direction où 11 « moissonne la gloire ». J'ai remarqué quelques fils blancs dans son barbichon,
mais pour le consoler de ce petit avatar, je lui ai
fait admirer mon vélodrome à puces, en soulevant
élégamment mon calot. Nous avons vissé un ours
formidable et passé en revue toutes les gloires rte
la typographie lyonnaise, depuis les orateurs jusqu'aux barbiers. J'ci été très content de retrouver
ici un rie mes anciens camarades ; ce fait ne m'est
pas arrivé depuis le début de la guerre. Je termine en te chargeant de mes amitiés & la galerie. »
Çe Journal ne doit pas être décrié
REFRAIN
Voulez-vous bien ne plus dormir,
Disait le « loto », plutôt rosse,
Pendant que la puce, à plaisir
Harcelait le poilu, féroce.
Nous avions le commun désir
De troubler vos rêves si roses ;
Ça tf-ait ifuir le « cafard » morose !
Voulez-vous bien ne plus dormir !
YY
U»LI (L.) nous écrit : « .. .Reçu le Poilu et e'qst
J 'A avec plaisir que n'ai lu les" bonnes nouvelles
concernant les amis. Quant à moi, la santé est
parfaite. J'ai quitté le centre d'instruction et, avec
regret, il m'a fallu dire adieu aux sports, car la
batterie est mobilisée pour faire des positions
qui, heureusement, se trouvent encore assez loin
des moches. A tout prendre, nous aimerions encore mieux en être plus rapprochés et en finir une
fois pour toutes, car nous commençons a en avoir
une indigestion... Bonjour aux moblots ou non. »
DEUXIEME
COUPLET
Mais à quoi bon le sommeil, si, bientôt,
Il vous faut repartir, vaillantes sentinelles-;
Jusqu'au matin, ah ! -livrez-vous plutôt
Les coins de votre peau,les plis de vos llamelEt quand vous partirez ailleurs, [les !
Pour ceux qui prendront votre place,
Nous aurons les soins les meilleurs,
Nous envahirons leurs paillasses.
TROISIEME COUPLET
S-i, par hasard, vous fuyez un beau jour,
Pour aller retrouver le cœur de -votre belle,
Emmenez-nous au céleste séjour.
Ail ! n'essayez jamais de nous être infidèles !
Car nous voulons porter aussi
Avec vous l'ivresse aux pciluses,
Laissant notre trace, Dieu merci !
Jusque dans leur chemise iffl'.luse.
(Petit Echo en Campagne).
A.
GARDE.
ril
X>OTTiN-BLiL-I (Joanny) dit à Charbonié : « ...Je
i> m'empresse de t'accuser réception du dernier
Bulletin ; faut-il te redire, mon cher Charbonié, avec quel plaisir il est lu tpar le poilu, toujours a-vide de nouvelles ; mais, malgré tout, je
m'asso"ij 'volontiers et de tout cœur aux désirs
de tous ceux qui en demandent la lapide disparition ! : ! Toujours en excellente santé. Depuis
quelques jours, no-us avons une température meilleure, ce n'est pas de s-uxe. Mes vives amitiés aux
camarades de l'équipe et aux lecteurs du Poilu. »
T>ERNVRD (Camille), dont nous étions sans nouJL> velles depuis quelque temps déjà, nous a fait
parvenir une carte où nous lisons : « ....Bien reoa
le dernier Poilu ; merci beaucoup. Suis toujours
en bonne santé et espère que cette carte trouvera
les camarades de l'équipe et les mobUteês en pareilles dispositions. J'ai eu un tantinet le cafard
ces derniers temps et cela m'a emoéeiné de vous
écrire plus tôt. Reçu la Type- et le Bulletin ; merci
a l'envoyeur. Chariot m'a également écrit ; je vais
lu: répandre incessamment. Amitiés à la galerie. »
T AUft&NT <«amili') dit à Charbonié : « ...Bien
i-f reçu le Poilu du L. fi. du 20 courant, ne ni'apportant que de bonnes -nouvelles de tous les mobilisés ou non. Et c'est toujours dans le même
lieu que j'ai eu le plaisir de le parcourir. Le dégel s'est mis -de la partie, transformant lé' secteur
en lac -te boue. Ce n'est plus le Cornet d'Oie, mais
le Cornet Boueux: ou méUtsseux, comme tu -voudras. Rien de sensationnel à signaler, a part une
tentative de rouspétance de nos vis-à-vis. Tentative vite réfrénée, qui a dû leur causer -pas mal
de pertes. Maintenant, nous attendons une prochaine relève par nos amis d'ià-côté. iPour la quatrième rois, je vais faire connaissance avec les
Anglais. C'est sans regret que nous quitterons ce
pays, qui est par trop plat. Où irons-nous ensuite ?
Différents perçois circulent. L'avenir nous l'apprendra. Ce dont on pan'.e peu, c'est d'une paix
future. A passer les nuits a louvoyer clans les
boyaux, avec de -la orotte jusque dans le dos, on
se prend à aspirer à une autre dxistêrice et à se
rappeler que, tout de. mtême, quarante-deux -mois
de guerre, commence a faire loug. Je vais entamer d'ici quelques jours mon neuvième mois
.sans perme. Je crois que, maigre tout, je ne l'aurai pas volé. Ça compte, hein ? Baste ! parlons
d'autre chose. La santé n'est pas brillante, résultat d'une grande fatigue. Future évacuation en
perspective. Longue, marche impossible. Reconnu
par le toubib. Salut fraternel aux poilus ou non. »
Numéro 83. — Page 4.
S0BB3B
HOMER (Marine), songent au 308" a'inranterle,
«i« compagnie, accuse réception du 82e Poilu.
Il fait des vœu* pour que la santé des camaïâOt»
mobilisés se maintienne jusqu'à la libération, qu ia
souhaite procliaine. iPar l'intermédiaire du Canard,
•Chorier adresse une cordiale poignée de main aux
amis des divers services du Lyon et aux poilus. »
C
Am : Quand VoiseaU chante.
jfSlMîîAL «François) dit à Messire: « ...Merci
\JT pour le dernier Canard. Pour le moment, nous
sommes bien occupés et les communiqués de ces
derniers jours ont dû vous faire voir que ça ne
chômait pas de notre côté. A part ça, la santé est
bonne et Je suis heureux qu'il en soit ainsi nies
aimables correspondants du Poilu du Lyon. Cordiale poignée de main aux amis, moblots ou non. »
DEUXIEME
-,.
Songez un peu, si, ne se grattant plus,
Tout joyeuMgnorant nos si douces morsures.
Dans sa cagna, l'héroïque poilu.
En se frottant les mains, se riait des piqûres !
Si, prenant un air réjoui,
Il disait : Enfin, quelle veine !
Je m'en vais pouvoir cette nuit
Dormir pour toute une seunaine.
REFRAIN
K
Ce Journal ne doit pas être décrié
ERNVRD (Camille), dont nous étions sans nouvelles depuis quelque temps déjà, nous a fait
parvenir une carte où nous lisons : « ...Bien reçtif
le dernier Poilu ; merci beaucoup. Suis toujours
en bonne santé et espère que cette carte trouvera
les camarades de l'équipe et les mobilisés en pa-'
reilles dispositions. J'ai eu un tantinet le cafard 2
ce3 derniers temps et cela m'a empêché de vous
écrire plus tôt. Reçu la Typo et le Bulletin ; merei
* l'envoyeur. Chariot m'a également écrit ; je vais''
lui répondre incessamment. Amitiés à la galerie. »
Voulez-vous bien ne plus dormir !
PREMIER COUPLET
EV1ILL0N i(Francis) écrit à Charbonié : « .. .Je
viens de recevoir le '82* Poilu ; merci. Hier,
j'ai eu la visite de Durocher, de î'Express. Il est
dans un régiment de territoriaux aux environs
de mon secteur. Nous avons passé quelques (heures ensemble et avons vidé une torpille en portant des toasts a la typographie en général et aux
camarades en particulier. J'aurais voulu lui faire
partager mon menu 'frugal, mais, esclave du devoir militaire, il a fui, raide comme balle, dans la
direction où il « moissonne la gloire ». J'ai remarqué quelques fils blancs clans son barbichon,
mais pour le consoler de ce petit avatar! je lui ai
fait admirer mon vélodrome à puces, en soulevant
élégamment mon calot. Nous avons vissé un ours
formidable et passé en revue toutes les glaires de
la typographie lyonnaise, depuis les orateurs jusqu'aux barbiers. J'ai été très content de retrouver
ici un de mes anciens camarades ; ce fait ne m'est
pas arrivé depuis le début de la guerre. Je termine en te chargeant de mes amitiés a la galerie. »
B
o
o
II
Voulez-vous bien ne plus dormir,
Disait le « toto », plutôt rosse,
Pendant que la puce, ta plaisir
Harcelait le poilu, féroce.
Nous avons le commun désir
De troubler vos rêves si roses ;
ça fait lîuir le « cafard » morose !
Voulez-vous bien ne plus dormir !
pil (L:) nous écrit : « ...Reçu le Poilu et c'qst
JLJ avec plaisir que j'ai lu les bonnes nouvelles
concernant les amis. Quant a moi, la santé est
parfaite. J'ai quitté le centre d'instruction et, avec
regret, il m'a fallu dire adieu aux sports, car la
batterie est mobilisée pour faire des positions
qui, heureusement, se trouvent encore assez loin
des mâches. A tout prendre, nous aimerions encore mieux en être plus rapprochés et en finir une
fois pour toutes, car nous commençons ta en avoir
une indigestion... Bonjour aux moblots ou non. »
COUPLET
Mais à quoi bon te Sommeil, si, bientôt,
Il vous faut repartir, vaillantes sentinelles ;
Jusqu'au matin, ah ! livrez-vous plutôt
Les coins de vxitre peau,les plis de vos flanelEt quand'vous partirez ailleurs, fies !
Pour ceux qu4 prendront votre place,
Nous aurons les soins les meiîleurs,
Nous envahirons leurs paillasses.
TROISIEME COUPLET
Si, par hasard, vous fuyez un beau jour,
Pour aller retrouver le cœur de votre belle,
Emmenez-nous au céleste séjour.
Ah : n'essayez jamais de nous être infidèles '.
Car nous voulons porter aussi
Avec vous l'ivresse aux poiluses,
Laissant notre trace, Dieu merci !
Jusque dans leur chemise innlusc.
{Petit Echo en Campagne
A. GARDE.
t3
TJOTrîNEHXi (Joanny) dit à Charbonié : « .. .Je
J_> m'empresse de t'accuser réception du dernier
Bulletin ; faut-il te redire, mon cher Charbonié, avec quel plaisir il est lu ipar le poilu, toujours avide de nouvelles ; mais, malgré tout, Je
m'associe volontiers et de tout cœur aux désirs
de tous ceux qui en demandent la lapide disparition ! ! ! Toujours en excellente santé. Depuis
quelques jours, nous avons une température meilleure, ce n'est pas de luxe. -Mes vives amitiés aux
camarades de l'équipe et aux lecteurs du PoVu. ••
T AURENT <Kamill') dit a Charbonié : « ...Bien
t Jt reçu le Poilu du L. R. du 20 courant, ne m'apportant que de bonnes nouvelles de tous les mobilisés ou non. Et c'est toujours dans le même
lieu que j'ai eu le plaisir de le parcourir. Le dégel s'est mis de la partie, transformant le secteur
eu lac île (boue. Ce n'est plus le Cor-net d'Or, mais
le Cornet Boueux ou mélasseux, comme tù voudias. Rien de sensationnel à signaler, à part une
tentative de rouspétance de nos vis-à-vis. Tentative vite réfrénée, qui a dû leur causer pas mal
de pertes. Maintenant, nous attendons une prochaine relève par nos amis d'ù-côté. Pour la quatrième rois, je vais faire connaissance avec les
Anglais. C'est sans regret que nous quitterons C9
pays, qui est par trop plat, Oii irons-nous ensuite '?
Différents perçois circulent. L'avenir nous l'apprendra. Ce dont on parle peu, c'est d'une paix
future, A passer les nuits à louvoyer dans les
boyaux, avec de la crotte Jusque dans le dos, on
se prend à aspirer à une autre existence et à se
rappeler que, tout de niiéme, quarante-deux mois
de guerre, commence à faire lomg. Je vais entamer d'ici quelques Jours mon neuvième mois
sans perme. Je crois que, malgré tout, Je ne l'aurai pas volé, ça compte, hein ?
Baste ! parlons
d'autre chose. La santé n'est pas brillante, résultat d'une grande fatigue. Future évacuation en
perspective. Longue marche impossible. Reconnu
par le toubib, salut fraternel aux poilus ou non. »