Mars 2007 - Dexia Crédit Local
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Mars 2007 - Dexia Crédit Local
Janvier 2009 1. Etats-Unis: l’industrie, le secteur le plus durement touché Production industrielle (indice) 115 La tempête, qui a frappé les banques américaines à miseptembre, a provoqué une chute brutale de l’activité. Cette chute touche principalement les entreprises industrielles. Ce repli est nettement plus rapide que lors des 2 précédentes récessions. Devant les craintes d’une grave crise économique, les entreprises ont décidé de réduire brutalement leurs stocks, ce qui s’est exercé au dépend de la production. La crise des crédits a pu aussi les inciter à liquider leurs stocks afin de libérer des liquidités. Autre domaine à être durement touché par la crise financière: le secteur de la construction résidentielle. La consommation s’est aussi repliée, mais de manière plus limitée. Il est possible que l’économie s’engage dans un cercle vicieux: forte contraction de la production > montée du chômage > chute de la consommation > nouvelle baisse de la production. 110 105 100 95 90 85 80 75 70 65 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 M OYENNE M OBILE 3 M OIS PRODUCTION INDUSTRIELLE 02 03 04 05 06 07 08 Taux d’inflation 7 6 Ce processus devrait cependant être enrayé par le plan de relance de grande ampleur qui est en cours d’élaboration. Il porterait sur environ 5,8% du PIB. Il n’empêche que la reprise sera laborieuse. La machine des crédits ne se rétablira que lentement. De plus aucun grand pays n’est en mesure de jouer le rôle de locomotive de l’économie mondiale. Par ailleurs après les dépréciations sévères encaissées, les ménages essaieront de reconstituer leur patrimoine (immobilier et financier) en augmentant leur taux d’épargne. Nous tablons sur une progression du PIB s’élevant à 1,2% en 2008 et à -1,7% en 2009. En 2010, compte-tenu du plan Obama de relance, la croissance dépassera 2%, ce qui sera loin d’être brillant selon les normes américaines. L’image, donnée par l’inflation, a radicalement changé au cours des derniers mois. La hausse des prix est retombée d’un maximum de 5,5% en juillet à 0,1% en décembre. L’effondrement du prix de l’essence n’y est pas étranger. Les craintes de déflation refont surface. Notons toutefois qu’une véritable déflation implique une chute des prix d’une large gamme de produits, ce qui n’est pas encore le cas actuellement. En définitive, le taux d’inflation passera de 2,9% en 2007, à 3,8% en 2008 et à -0,5% en 2009, en moyenne pour cette année. La récession et les diverses opérations de sauvetage des banques pèseront sur les finances publiques comme d’ailleurs le futur nouveau plan de relance de l’économie. Le déficit budgétaire grimpera ainsi de 1,4% en 2007 à 5,6% en 2008 et à 11,2% en 2009. Dexia 5 4 3 2 1 0 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 INFLATION INFLATION SOUS-JACENTE Etats-Unis: prévisions de croissance du PIB par composants (croissance à un an) PIB Consommation privée Investissements des entreprises Construction résidentielle Exportations Importations 2007 2,0 2,8 4,9 -17,9 8,4 2,2 2008 1,2 0,3 2,4 -20,7 7,3 -2,6 2009 -1,7 -1,2 -9,2 -14,0 -2,6 -2,9 Taux d’inflation Bal. opér. courantes (% PIB) Solde budgétaire (% PIB) Taux d’épargne des ménages 2,9 -5,3 -1,4 0,6 3,8 -4,7 -5,6 1,7 -0,5 -3,5 -11,2 4,5 Perspectives Economiques 26 Janvier 2009 1 2. Zone euro: l’inflation renoue avec la norme définie par la BCE Après un deuxième et un troisième trimestres décevants, l’économie européenne a sombré plus profondément au quatrième trimestre. L’indicateur du sentiment économique, qui donne une bonne idée de l’évolution future du PIB, a ainsi atteint en décembre son niveau le plus bas depuis janvier 1985. La consommation des ménages est en difficulté comme le montre la baisse du chiffre d’affaires des concessionnaires automobiles et des détaillants. La consommation des ménages est plombée par le pessimisme ambiant. L'augmentation rapide du chômage, les mauvaises perspectives économiques et la crise du crédit pèsent également sur la confiance des consommateurs. Par contre, la diminution spectaculaire des prix de l’énergie en entrainant un recul rapide de l’inflation a eu un effet positif sur le pouvoir d’achat des ménages. Cela ne suffit cependant pas pour redresser la confiance des consommateurs et les inciter à dépenser davantage. Tout comme la confiance des consommateurs, celle des chefs d’entreprise a également lourdement trébuché en décembre. Les perspectives se sont à nouveau détériorées en raison de la diminution des commandes. Les entreprises ont été forcées de réduire fortement leur production en raison de la chute des commandes et d’une montée de leurs stocks. Cette baisse de la production entraîne une augmentation de la capacité de production excédentaire, qui, combinée au manque de nouvelles commandes, à la crise du crédit et à la perte de confiance des chefs d’entreprise, plombe les investissements des entreprises. Les indices des directeurs des achats confirment par ailleurs une aggravation de la crise économique. Ce déclin rapide de la conjoncture oblige les pouvoirs publics de la zone euro à prendre des mesures énergiques de relance. Ainsi, le gouvernement allemand a fait savoir qu’une deuxième série de mesures s’étalant sur deux ans et représentant 49,2 milliards d’euros allaient être prises. L’inflation dans la zone euro a par contre fléchi, passant de 2,14% en novembre à 1,60% en décembre. C’était la première fois depuis août 2007 que l'inflation passait sous la barre des 2% fixée par la BCE. Cette année, l’inflation moyenne devrait pour la première fois depuis 1999, rester inférieure à la norme de 2% fixée par la BCE. La récession mondiale maintiendra en effet les prix des matières premières à un niveau relativement bas. Les mauvaises perspectives économiques et l’augmentation rapide du chômage tempèreront l’évolution salariale et, via un affaiblissement de la consommation des ménages, accroîtront la pression sur le commerce de détail en vue de limiter leurs hausses de prix. L’augmentation de la surcapacité des entreprises freinera également l’évolution des prix à la consommation. Dexia Indicateur du sentiment économique et croissance PIB (à un an) 5.00 120 4.50 110 4.00 3.50 100 3.00 2.50 90 2.00 80 1.50 1.00 70 0.50 0 60 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 PIB (CROISSANCE A UN AN) INDICATEUR DU SENTIMENT ECONOMIQUE(R.H.SCALE) Taux d’inflation 4.50 4.00 3.50 3.00 2.50 2.00 1.50 1.00 0.50 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 TAUX D'INFLATION TAUX D'INFLATION SOUS-JACENTE 2005 2006 2007 2008 Zone euro: prévisions de croissance du PIB par composants (croissance à un an) PIB Consommation privée Investissements Exportations Importations Taux d’inflation Bal. opér. courantes (% PIB) Perspectives Economiques 26 Janvier 2009 2007 2,7 1,7 4,2 6,0 5,4 2008 0,9 0,3 1,2 2,5 2,5 2009 -1,3 -1,0 -4,5 -3,0 -2,0 2,1 0,1 3,3 -0,4 1,3 -0,2 2 3. Matières premières: les prix jouent au yoyo durant les premières semaines de 2009 Les prix des matières premières ont connu une évolution très capricieuse ces dernières semaines. Ce fut également le cas pour le prix du baril. La guerre dans la bande de Gaza, les tensions entre la Russie et l’Ukraine suite au conflit gazier et l’abaissement de la production par l’OPEP ont entraîné jusqu’au 6 janvier une hausse des prix pétroliers. Ce mouvement haussier s’est par ailleurs accentué suite à l’annonce par les Etats-Unis d’un relèvement des stocks pétroliers stratégiques entre février et avril 2009. Cependant, les stocks massifs de pétrole aux USA et la récession mondiale ont ravivié les attentes d’une diminution de la demande d’énergie, ce qui a entraîné une diminution du prix de l’or noir par la suite. L’Agence Internationale de l’Energie prévoit d’ailleurs que la demande mondiale du pétrole devrait se réduire de 0,6% cette année, après un recul de 0,3% en 2008. Ces éléments conjugués à une appréciation du dollar ont poussé le prix du baril (surtout le WTI américain) vers le bas à partir de la deuxième semaine de janvier. Le point le plus bas de la crise économique sera peut-être atteint en été. Dans ce cas, les premiers signaux d’une timide reprise économique devraient se manifester à l’automne aux Etats-Unis et dans la zone euro. Les investisseurs en matières premières se saisiront de l’occasion et profiteront d’une demande croissante de ces produits à partir de l’automne 2009 et en 2010. Nous nous attendons dès lors à ce que les prix des matières premières, et donc celui de l’or noir, commencent à augmenter à partir de l’automne. La saison des ouragans dans le Golfe du Mexique dont le point culminant se situe en général en septembre pourrait également entraîner une hausse des prix pétroliers dans la seconde moitié de cette année. Des dégâts importants aux infrastructures pétrolières dans le Golfe du Mexique pourraient ainsi donner lieu à des surprises désagréables. 4. Taux à court terme La phase la plus aiguë de la crise financière semble derrière nous avec une nette amélioration des spread de taux à court terme, des cotations de toute une série d’obligations privées et du risque de faillite de banques (CDS). Toutefois à mi-janvier, la tension semble remonter dans une certaine mesure. Il subsiste d’ailleurs de nombreux problèmes, tels la situation des fonds spéculatifs, les conséquences de la récession mondiale, les risques de faillites d’entreprises non financières, … . La vogue des méga-OPA et des opérations de private equities au cours des dernières années a affaibli la structure financière des entreprises, ce qui amplifiera le nombre de faillites provoquées par la récession. La crise n’est donc pas terminée, de nouveaux soubresauts sont possibles. Son coût enfle de plus en plus fort. Après avoir abaissé son taux directeur à 0% / 0,25% à midécembre, la Fed a déclaré qu’elle gardera ce taux à un niveau exceptionnellement bas pour un certain temps. Elle essaie d’éviter coûte que coûte que l’économie plonge dans une longue crise de type japonais. Le taux des Fed funds, étant à son plancher, on peut craindre que la Fed devienne impuissante. Elle ne restera cependant pas inactive. Comme l’avait fait la banque du Japon, elle achètera massivement des obligations gouvernementales et privées. Cela devrait pousser les taux de ces obligations vers le bas. Le coût des crédits pour les ménages et pour les entreprises diminuera ainsi. Taux repo de la BCE et taux des Fed funds 7 6 5 4 3 Nous ne prévoyons cependant pas une hausse des prix semblable à celles que nous avons connues durant la première moitié de l'année 2008. L’économie mondiale ne devrait en effet se redresser que lentement de la forte récession que nous connaissons actuellement, de sorte que 2010 sera également une année de faible expansion économique. Par conséquent, la demande de matières premières et en particulier de pétrole, n'augmentera que modérément. Les producteurs de pétrole, l’OPEP en tête, ont réduit leur production au cours des derniers mois. Cette décision, combinée à l’augmentation de leur capacité de production (des projets qui avaient été lancés ces dernières années arrivent maintenant dans leur phase de production), a donné lieu à une hausse de leur capacité de réserve, ce qui permettra de faire plus facilement face à une croissance inattendue de la demande ou à un choc de production. 2 1 0 1999 BCE FED 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 La BCE a ramené son taux Repo de 4,25% fin septembre à 2% actuellement. Dans le communiqué publié à l’issue de la réunion de janvier, elle a nettement adouci le ton, actant la détérioration rapide de la conjoncture et la chute impressionnante de l’inflation (à 1,6%). Elle a cependant suggéré qu’elle n’abaissera pas son taux Repo en février mais en mars. La baisse des taux directeurs n’est probablement pas terminée. Elle ne sera probablement pas de la même ampleur qu’aux USA. La diminution spectaculaire des prix pétroliers depuis la deuxième moitié de 2008 et la crise des crédits décourageront de nouveaux investissements dans les infrastructures pétrolières, dont l’effet ne se fera vraisemblablement sentir qu’à partir de 2011 (ou plus tard encore). Dexia Perspectives Economiques 26 Janvier 2009 3 5. Taux à long terme Aux Etats-Unis, le taux des IRS à 10 ans avait glissé de 4,44% le 3 novembre à 2,21% le 17 décembre, enfonçant son minimum historique (de 3,4% atteint en juin 2003). Depuis lors, il est remonté à 2,81% le 5 janvier pour redescendre à 2,34% le 19 janvier et remonter à 2,70%actuellement. Les taux obligataires resteront très bas pendant un certain temps. En effet la Fed semble s’aligner sur la stratégie, menée il y a quelques années par la banque du Japon: taux directeur à 0% et achat massif d’obligations publiques. A court terme, le taux des IRS pourrait fluctuer autour de 2,6%. A moyen terme, il pourrait se tendre modérément. Zone euro: spread par rapport au «Bunds allemands» (obligation d’état à 10 ans) en points de base 160 140 120 100 80 60 40 20 0 6. Marchés des changes: simple sursaut ou retour en force du dollar? Après avoir fortement chuté (-10%) durant la seconde moitié du mois de décembre, le dollar a retrouvé au cours de la première quinzaine du mois de janvier une certaine fermeté face à l’euro. Entre le 30 décembre et le 13 janvier, le dollar s’est apprécié de plus de 5,9% face à la devise européenne. Par la suite, la diminution sensible du différentiel d’intérêt à court terme entre la zone euro et les Etats-Unis provoquée par l’assouplissement de la politique monétaire de la BCE (le 15 janvier) et les spéculations sur un éventuel éclatement de la zone euro, ont permis à la devise américaine de conserver ses gains face à l’euro. Le 23 janvier, le taux de change EUR/USD ne valait plus que 1,29 dollars pour un euro contre encore 1,36 le 6 janvier et pas moins de 1,43 dollars fin décembre. A court terme, l’évolution de la bourse américaine (et donc de l’aversion au risque des investisseurs) et des attentes des marchés financiers concernant l’orientation des taux de la Fed et de la BCE devraient continuer à jouer sur la volatilité de la monnaie américaine face à l’euro. A moyen terme, la stabilisation du différentiel de taux d’intérêt entre l’Europe et les Etats-Unis à partir de la seconde moitié d’année et le creusement du déficit public américain en 2009 (estimé à plus de 11% du PIB pour 2009) constitueront des facteurs structurels susceptibles de déterminer l’évolution tendancielle du dollar au cours de cette année. Compte tenu de l’ensemble de ces éléments, selon nos prévisions, le taux de change EUR/USD devrait atteindre 1,38 dollars pour un euro en fin d’année 2009. -20 1999 2000 2001 2002 FRANCE/ALLEMAGNE ITALIE/ALLEMAGNE ESPAGNE/ALLEMAGNE 2003 2004 2005 2006 2007 2008 Cours du dollar vis-à-vis de l’euro 1.60 1.50 Dans la zone euro, le taux des IRS à 10 ans est passé de 4,41% le 3 novembre à 3,60% actuellement, suivant en partie la chute de son correspondant américain. Depuis cette date, ce taux s’est réduit de 81 pb sur le continent contre 175 pb aux USA. Les taux européens sont aussi moins volatils. La baisse des taux obligataires est moins ample dans la zone euro. C’est logique, car la BCE ne semble pas vouloir s'engager sur la voie de la Fed (taux directeur à quasi 0% et achats massifs d’obligations). De plus la récession sera moins marquée en Europe. 1.40 1.30 1.20 1.10 1.00 0.90 0.80 1999 2000 EUR/USD 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 Durant les prochains mois, le mouvement de baisse des taux obligataires se poursuivra. La BCE réduira en effet encore ses taux et la conjoncture sera sombre durant les prochains mois. A moyen terme, nous tablons sur un léger raidissement des taux, quand la crise financière s’éloignera. Dexia Perspectives Economiques 26 Janvier 2009 4 Achevé de rédiger le 23 janvier 2009. Rédaction: Jacques De Pover, Stefan Farkas. Editeur responsable: Frank Lierman – Spaanse Kroonlaan, 27 – 3000 Leuven. Directeur de la Publication: Pascal Poupelle – Directeur de la publication – 1 passerelle des Reflets – La Défense 2 – TSA 92002 – 92919 LA DEFENSE Cedex La reproduction d’éléments de cette publication est autorisée avec mention de la source. Les informations qui y figurent sont données à titre purement documentaire et ne peuvent engager notre responsabilité. Dexia Perspectives Economiques 26 Janvier 2009 5