Sylvain Macé, actionnaire salarié à Carrefour Chartres et

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Sylvain Macé, actionnaire salarié à Carrefour Chartres et
 Sylvain Macé, actionnaire salarié à Carrefour Chartres et représentant des salariés du groupe. Mesdames et Messieurs les actionnaires, mesdames et messieurs les membres du conseil d’administration. Monsieur le Président. A l’initiative de la CFDT, nous voici à nouveau présents à cette AG année après année afin que la voix des salariés du groupe soit entendue par les décideurs. M. Plassat, nous avons lu dans la presse de ces derniers jours que vous estimiez que le low‐cost et la guerre des prix détruisaient de la valeur et de l’emploi dans le secteur de la grande distribution. Manifestement vous pensez que les atouts de Carrefour ne se situent pas uniquement dans une baisse continue des prix. Nous partageons ce point de vue mais nous pensons qu’il ne va pas assez loin. C’est en effet dans la qualité du travail des collaborateurs et particulièrement dans la qualité de l’accueil et du service clients que résident aujourd’hui notre force. L’entreprise a décidé de valoriser cette qualité de service, de l’accentuer, mais pour cela il faudra faire plus qu’adopter la méthode Coué ! Il faudra obtenir l’adhésion de vos salariés ! Vous êtes critique sur le low‐cost commercial, nous nous critiquons la tentation du low‐cost social qui sévit depuis quelques années dans le groupe. Et pour donner corps à ces critiques… qui de mieux placés que les salariés du groupe pour vous en parler. Ainsi : ‐ Véronique, employée du rayon traiteur, 18 ans d’ancienneté dans un magasin de la région Bordelaise nous dit : «En 1999 j’ai perçu 1.10 mois de salaire grâce à ma prime de participation. Ces dernières années, suite à la renégociation de l’accord c’est au mieux 0,6 mois ! Pour moi qui suis au niveau II (1280 €), cette participation aux bénéfices constitue la seule épargne que je peux réaliser… Malheureusement elle se réduit comme peau de chagrin. ‐ Patricia, caissière, 25 ans d’ancienneté dans un hypermarché de la région Parisienne nous dit : «Je lutte contre le froid, la chaleur, le bruit, l’agressivité des gens, les incivilités et en plus de subir le mauvais état de mon poste de travail et la dégradation de mes horaires à cause du manque d’effectifs. Caissière c’est un métier difficile physiquement et dévalorisé socialement qui concentre 30% des maladies professionnelles de l’entreprise. J’avoue que quand je revendique pour améliorer mes conditions de travail, j’ai l’impression que l’on ne m’écoute pas ! ». ‐ Ahmed, cadre, 10 ans d’ancienneté au siège de la logistique : «Cette année j’ai atteint mes objectifs individuels. Pourtant on me dit que je ne toucherai que 40% de ma prime de résultats car de nouveaux éléments ont été pris en compte, les règles du jeu ont été changées en cours de route. C’est déloyal et démotivant !». ‐ Thomas 19 ans, embauché au rayon bazar dans un hyper : «Je viens d’arriver et j’ai appris que suite à une révision des accords, il me faudra attendre 9 mois de plus que mes collègues embauchés l’année dernière pour toucher mes primes. Et on me fait comprendre que je ne dois pas me plaindre, que j’ai un boulot et que c’est déjà pas mal !». Etc. Alors bien sûr, nous ne voulons pas tomber dans le misérabilisme ni dans la caricature. Nous n’avons pas le pire statut social du secteur (même si nos collègues de DIA sont quand même en bas de l’échelle). Mais la tendance que nous constatons est celle d’une détérioration de nos accords et des conditions de travail et nous nous devons de vous mettre en garde. Nous ne sommes pas dupes, les dernières négociations sont loin de compenser ce que nous perdons. Dans un contexte économique concurrentiel, l’entreprise va devoir compter sur les compétences de ses salariés afin de se démarquer, mais pour cela encore faut‐il reconnaître et récompenser le travail accomplit. Mais nous terminerons sur une note positive ! Nous vous avons déjà dit que vous avez su redonner à l’entreprise une dynamique commerciale en revenant aux fondamentaux. Il vous reste à faire de même en ce qui concerne le social. Sans social pas de commercial. PS : pour des raisons évidentes, le prénom des salariés mentionnés ont été changés.