Synode sur la famille: « On doit sortir d`ici en ayant

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Synode sur la famille: « On doit sortir d`ici en ayant
Synode sur la famille: « On doit sortir d’ici en ayant
des réponses »
Quarante-trois interventions se sont déjà succédé depuis samedi 10 octobre sur la troisième
partie – la plus sensible – de l’Instrumentum laboris.
Un petit nombre de participants s’opposent fermement à l’accès à la communion pour les
divorcés remariés.
La plupart des francophones plaident pour plus de miséricorde et d’accompagnement.
Le synode sur la famille n’est pas « un synode sur les divorcés remariés », rappellent à l’envi les participants. Néanmoins,
le sujet est l’un de ceux qui préoccupent les pères synodaux, comme en témoignent leurs 43 premières interventions,
samedi 10 octobre.
Au-delà de la communion, c’est l’accès aux sacrements des divorcés remariés – y compris le baptême et le sacrement de
réconciliation – qui pose question, en particulier aux francophones. En effet, si le sujet a été fréquemment abordé dans les
interventions en français, il a « à peine été traité dans d’autres langues », rapporte un témoin.
Une occasion qui ne se reproduira pas
Parmi les francophones, la plupart souhaitent aller plus loin dans l’accompagnement de ces situations difficiles. « Si ce
synode n’est pas l’occasion d’adresser une parole renouvelée aux personnes de bonne volonté qui ont connu un échec
de leur mariage (dont elles ne portent pas forcément la responsabilité) et qui sont engagées dans une seconde union
fidèle et stable, ce synode sera une occasion manquée qui ne se reproduira pas », a lancé Mgr Jean-Paul Vesco, évêque
d’Oran, qualifiant l’expression« vivre en frère et sœur » – solution préconisée par l’Église aux divorcés remariés – de
« contestable théologiquement » mais aussi « humainement ».
Plusieurs ont rappelé les attentes des fidèles « à l’extérieur » et ont redit qu’il n’était pas possible pour le synode de « se
contenter de répéter la doctrine ». « On doit sortir d’ici en ayant des réponses », a lancé l’un, soulignant l’énergie
dépensée déjà depuis le démarrage de ce processus synodal.
Parmi les germanophones aussi, certains ont proposé des chemins pastoraux pour rendre possible cet accès aux
sacrements, assurant que « la vérité se trouve dans ces chemins ». « La vérité, c’est d’être miséricordieux! », a lancé l’un
d’eux.
Accueillir avec tendresse
Rappelant que le pape François a demandé « d’accueillir avec tendresse les situations difficiles et les problèmes de celui
qui est à côté de nous », Mgr Eamon Martin, archevêque d’Armagh et primat d’Irlande, s’est interrogé sur la manière de
mieux « refléter dans notre catéchèse ces réalités terribles qui affligent de trop nombreuses familles aujourd’hui – les
familles qui demandent: Où est Dieu dans tout cela? Qu’est-ce que la justice? Où trouvons-nous le pardon? »
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À l’inverse, « un petit groupe » – dont certains germanophones – a tenu à rappeler sa ferme opposition à toute évolution
de la doctrine à ce sujet, citant volontiers le pape Jean-Paul II, non sans « une certaine nostalgie » parfois. « La fumée de
Satan est entrée au synode l’année dernière », a même prévenu l’un d’eux. Ce à quoi, dans les interventions libres, un
participant a rétorqué: « C’est vrai si cela veut dire que Satan ne veut pas que ce synode soit un bien pour l’Église. Le
danger n’est pas celui de la discussion ouverte mais de créer des partis et des clans ».
Brut de décoffrage
Paradoxalement, certains pères synodaux s’étonnent des comptes rendus publiés par les médias et disent ne pas
ressentir cet « affrontement ». « Dans les groupes linguistiques (NDLR: qui ont repris lundi), nous faisons un travail en
commun. Mais dans les congrégations générales, chacun a trois minutes pour affirmer une conviction et c’est plus ‘brut de
décoffrage’».
Tentant de dépasser une opposition qu’ils jugent stérile entre « miséricorde et vérité », plusieurs ont appelé à ne pas « se
focaliser sur le ‘tout ou rien’car toutes sortes de solutions pastorales permettent d’allier les deux ». De fait, de nombreux
autres thèmes ont également été abordés, comme la préparation, la formation et l’accompagnement des couples. L’idée
d’une « sorte de noviciat pour les époux » a été lancée.
Travail le dimanche
La pastorale des jeunes, les mariages interreligieux, les couples de même sexe, les familles séparées par la migration, la
nécessité pour les chrétiens de « s’engager en politique pour défendre la famille » ou encore les violences sexuelles ont
aussi été abordés. Deux interventions ont porté sur la contraception, rappelant fermement l’enseignement d’Humane
Vitae. Un appel a été lancé aux « entrepreneurs chrétiens » pour qu’ils ne fassent pas travailler leurs salariés le
dimanche!
Enfin, toujours dans la perspective d’un juste rapport à la loi, le thème de la « conscience » a également attiré l’attention
des pères synodaux. L’un d’eux a dit son souhait que l’Église fasse davantage « confiance aux personnes, à condition de
former et d’informer leur conscience ». Un autre a dit sa crainte que l’Église ne s’en tienne au « permis et défendu ». « Il
ne faudrait pas qu’en appeler à la conscience n’aboutisse à une pastorale permissive », a rappelé à l’inverse un
intervenant hispanophone, appelant lui aussi à ouvrir celle-ci « aux valeurs morales pour que son jugement soit
approprié ».
Anne-Bénédicte Hoffner
http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Actualite/Rome/Synode-sur-la-famille-On-doit-sortir-d-ici-en-ayant-des-reponses-2015-10-12-1367657
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