PAROLE, PARENTALITE, ESPERANCE

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PAROLE, PARENTALITE, ESPERANCE
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PAROLE, PARENTALITE, ESPERANCE
ECHOS DES PAROISSES
(Synthèse présentée par Irène Carbonnier, rapporteur)
PROJET DE REPERES
(Rédigé par Nicole Deheuvels et Nadine Davous, rapporteurs)
VOTE
POUR
CONTRE
ABSTENTION
125
17
5
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ÉCHOS DES PAROISSES
Les conseils presbytéraux le plus souvent – parfois les Assemblées – ont répondu à la question
« Parole, parentalité, espérance : quels repères pour les familles ? » avec une réelle pertinence et
en manifestant beaucoup d’intérêt, voire de passion. Tous ont tenu pour acquis les postulats
suivants : la famille est aujourd’hui l’objet d’un investissement affectif d’autant plus fort qu’elle
est par ailleurs dévalorisée ; les relations familiales ne varient guère en dépit des “mutations
actuelles de la famille”.
Pour répondre à la question ainsi posée, 13 Églises (sur 68 Églises locales tout de même) et un
Consistoire, se sont essentiellement laissé guider par trois des six ateliers proposés par les
rapporteurs : les ateliers numéros 1 (La famille, lieu de parole), 2 (Que transmettre ?) et, dans une
moindre mesure, 5 (Eglise et famille). D’autres paroisses ont cependant préféré développer, de
façon très libre, leurs propres méthodes de travail, allant jusqu’à mettre en place, a-t-on crû
comprendre, des réflexions au long cours sans retour vers le synode.
On peut articuler les contributions reçues autour des quatre interrogations suivantes :
- Quelles valeurs transmettre ?
- Comment les transmettre : la famille, un lieu de parole ?
- Comment les transmettre : entre amour et autorité, comment faire grandir ?
- Quels rôles pour les Églises ?
I. QUELLES VALEURS TRANSMETTRE? YA-T-ILDES VALEURS PROTESTANTES ?
* La liberté, valeurs des valeurs pour les Protestants : une limite à la volonté de transmettre –
la liberté de conscience : liberté individuelle de réflexion, de prière – le doute inhérent à la foi – le
respect de la liberté, de la vie intérieure et de la personnalité de l’enfant ;
* La laïcité ;
* Le sens de la /et des responsabilités décliné notamment en goût de l’effort et courage, modestie
honnêteté, pardon, éthique de la fidélité du couple ;
* La gratuité, le temps donné sans contrepartie aux autres, ce qui se traduit par la disponibilité
à l’enfant et à tous les membres de la famille, l’élargissement de la notion d’alliance (une relation
où l’on reste en contact tout en étant différent), l’accueil de l’autre et des autres ;
* La solidarité intergénérationnelle : valeur de la famille comme lieu de prise en charge des
personnes âgées, valeur des personnes âgées qui assurent la mémoire de la famille et rappellent
la finitude de l’existence de l’homme ;
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* L’ouverture sur autrui et l’ouverture au monde : accueil de l’étranger, hospitalité, respect des
différences, partage avec l’autre, sens de la communauté et de l’attention à l’autre, confiance,
humanité, foi en l’homme ;
* Si la foi est le fondement de toutes nos valeurs, l’amour en est la source : la famille, matrice de
l’apprentissage de l’amour – la reconstruction après un vécu familial douloureux.
II. COMMENT TRANSMETTRELES VALEURS : LAFAMILLE, UN LIEUDEPAROLE?
* L’histoire de la famille : on est fils ou fille de, il existe des silences, des secrets de famille.
* L’enfant est précédé par une parole, son nom, primordial pour son identité.
* Le dialogue avec l’enfant : il permet de dire et de transmettre (lecture et prière, expression de
l’opposition, parole d’excuse et de pardon), mais aussi d’écouter, valoriser, faire confiance et
laisser grandir.
* La nécessaire cohérence de la parole avec les attitudes ; l’exemple vivant, le témoignage, la
transmission inconsciente.
* Lieu où l’on dit l’amour, même si aucune famille n’est idéale : mais le « dire » varie en
fonction des cultures familiales, de la forme de la famille : cas de l’adoption qui est, au delà d’une
histoire d’« abandon », de blessure et de renoncement, une expression de l’amour ; cas des
familles recomposées où la fragilité et la richesse de la parole permettent l’apprentissage de la
différence et du respect de l’autre.
* Lieu d’affrontement du réel et de l’éveil à la responsabilité, lieu d’expression des difficultés
(franchissement des obstacles, dépassement des échecs) comme du partage de la joie.
* Lieu de refuge et de protection d’une réalité trop agressive.
III. ENTRE AMOUR ET AUTORITE : COMMENT FAIRE GRANDIR ?
* Équilibre entre éducation et sanction, pédagogie et discipline, d’une part, autorité et manque
d’autorité, d’autre part : ces couples de contraires apparaissent dans toutes les réponses au grand
jour ou plus discrètement, avec une distance parfois critique à l’égard d’une institution comme
l’école : trop de liberté tue la liberté ; points de vue des héritiers de l’école républicaine sur la
place de l’éducation (nationale) dans la société d’aujourd’hui et sur les relations parfois
paradoxales entre école et familles ;
* La question de l’autorité du père/de la mère, notamment s’il/elle est absent, s’il/elle travaille
trop, s’il/elle est au chômage, celle de la perfection, comme celle de la culpabilité des parents en
difficulté, de leur manque de formation sont posées ; des associations parentales ou des réunions
de “formation parentale” sont parfois préconisées sur le modèle des “petits-déjeuners” du samedi
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matin mis en place, en particulier à l’intention des parents, dans certaines paroisses sur un thème
éducatif (cf. L’expression parfois utilisée par les pouvoirs publics de « soutien à la parentalité »).
* La distance parents-enfants : de la question de la confiance/confidence ; de la difficulté d’avoir
confiance dans les choix opérés par les enfants.
* L’amour sans l’autorité : le rôle particulier des grands-parents dans la transmission des valeurs
et de l’Histoire.
IV. QUELS ROLES POUR LES EGLISES ?
* Si l’accent a été mis sur l’importance des rituels familiaux (le repas lui-même comme lieu de
rencontre), des fêtes et autres temps forts (lecture – de la bible en particulier – , prière): ceux-ci
donnent des repères aux familles et font d’elles des Églises, il ressort du plus grand nombre des
contributions que le rôle des familles est essentiellement du ressort de l’attitude, de la façon
d’être et de vivre, quand celui de l’Église pourrait rester celui de l’enseignement, du rite et de la
prière.
* Le rôle de l’Eglise porteuse d’une parole d’espérance auprès des familles, l’importance des
ministères et des amis de la paroisse : la question de l’évolution du rôle du pasteur dans la vie
des familles et des adolescents, de la place du presbytère, de la place et du rôle des parents dans
l’Église locale ou aux portes de l’Église (scoutisme).
* L’Église s’interdit de juger : il lui appartient d’encourager les familles dans leur rôle éducatif,
de s’organiser pour « redonner courage aux familles » lorsqu’elles sont la proie des difficultés
notamment conjugales (conflits, séparation), du chômage ... rendant difficile la transmission des
valeurs ; il lui appartient de réhabiliter la fonction parentale, lorsque celle-ci est fragilisée, en
favorisant une éthique de la responsabilité.
* Parmi les propositions faites par les Églises locales, on retiendra en particulier, en raison de leur
présentation concrète, celle de la mise en place d’un catéchisme parallèle parents-enfants
susceptible de favoriser échanges et dialogues entre eux et celle des “parrains ou marraines de
cœurs” choisis par les enfants eux-mêmes au sein de la paroisse.
* La paroisse comme une grande famille : la question de ce qui constitue la famille a été posée
(l’enfant désiré et choisi fonde la famille) pour évoquer, avec insistance et émotion, celle de
l’accueil des personnes seules, des couples sans enfant, des parents séparés des leurs.
En guise de conclusion (provisoire, mais tout de même...), les Églises locales observent que si la
famille exerce dans le domaine spirituel, de façon assez diverse selon les cultures et les traditions,
une influence réelle qui est du ressort de l’attitude, l’Église, où l’on reçoit la parole de Dieu
vivante, assumant la charge de l’enseignementet du rituel, la part du choix personnel reste décisive.
(Synthèse présentée par Irène Carbonnier)
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REPÈRES DU SYNODE
« PAROLE, PARENTALITE, ESPERANCE :
QUELS REPERES POUR LES FAMILLES ? »
1 / PARENTALITE – PRELIMINAIRES :
1.1. Le titre choisi par le Conseil national contient des mots clés qui ont donné la direction à notre
travail. « Parole, parentalité, espérance ». Ceci implique que nos réflexions soient davantage
portées sur la parentalité que sur la conjugalité.
Précisons : il est clair que ce faisant, nous n’abordons qu’un des axes qui constituent la
famille. Nous le soulignons pour nous distinguer de la tentation actuelle de réduire la
réflexion familiale à la parentalité. Ce n’est pas ici le lieu de débattre sur l’articulation entre
conjugalité et parentalité, mais nous tenons à mentionner notre certitude que ces deux axes
constituent bien la famille et que si nous concentrons notre réflexion sur la parentalité,
c’est : 1/ par ce que le titre nous y invite et 2/ parce que nous ne pouvions pas traiter de
façon exhaustive tous les sujets concernant la famille en un seul Synode (et non parce qu’il
n’y aurait pas de paroles d’espérance à poser sur la conjugalité !)
1.2. Le terme de « Parentalité » mérite d’être explicité, tant il apparaît peu consensuel de prime
abord : c’est en effet un amalgame assez récent entre la notion de parenté (qui renvoie à la
notion de filiation), et d’autorité parentale : ce néologisme pourrait être compris comme «
la compétence dans la fonction de parent ».
1.3. Aujourd’hui, coexistent des compositions familiales multiples : « traditionnelles »,
monoparentales, recomposées, adoptives : la question de la parentalité est posée à toutes.
Nous nous sommes penchés sur les relations parents/enfants plus que sur le cadre
juridique de la famille. Les évolutions de société ont modifié les relations au sein de la famille
: on ne vit pas ensemble comme autrefois ; la parole ne circule pas de la même manière. Il est
donc bon de se poser des questions sur nos paroles, sur nos responsabilités dans la
circulation de la parole familiale, sur notre capacité à transmettre l’espérance.
1.4. Il s’agit pour nous de réfléchir sur ce thème « Parole, parentalité, espérance » en tant que
croyants protestants, de repérer les implications de notre foi dans la vie quotidienne
parentale ; et en tant qu’Église, de s’interroger sur notre mission auprès des familles et de
cerner leurs attentes. Ce faisant nous nous inscrivons dans la suite du précédent thème
synodal sur l’autorité de Jésus-Christ dans nos vies. Jésus qui justement est : La Parole !
« La Parole est devenue un homme et il a habité parmi nous » (Jean 1.14).
1.5. Dans un contexte de familles en mouvement, parfois déchirées, à la fois exigeantes et
tolérantes, inventives et souvent désorientées, nous voulons poser une parole de
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bénédiction sur la famille. Bénir c’est « dire du bien » ; et nous croyons que nous
pouvons dire du bien du rôle et des compétences des parents.
1.6. La famille est un lieu privilégié où peuvent s’apprendre:
- l’amour
- la parole
- le respect
- la liberté de grandir…
Et il nous apparaît que ce sont là justement des notions centrales pour les chrétiens
protestants que nous sommes. L’Évangile dit que Dieu est Amour et Parole. Il appelle
chacun dans le respect et la liberté à grandir vers le meilleur de lui-même. Cette foi pourrait
être source d’encouragement pour les parents et leur permettre un retour à cet essentiel pour
renouveler leur discernement et leurs convictions éducatives.
2 / ATELIER 1 : TRANSMETTRE
2.1. Transmettre demande de l’énergie.Tout instant peut être temps de transmission. La parole n’a
de poids qu’en cohérence sincère avec le vécu. Le témoignage se fait d’abord par la manière
de vivre notre foi. Les parents sont ainsi confrontés à la question de donner l’exemple au
quotidien.
2.2. Dans une société devenue très normative et formatée, les difficultés notamment scolaires, les
handicaps, peuvent être vécus comme des échecs. Le rôle des parents est de montrer à
l’enfant/au jeune les voies permettant de franchir les obstacles. Notre espérance chrétienne
permet aux parents de s’appuyer sur Dieu dans les moments de crises, de doutes, pour
s’adapter et aller de l’avant.
2.3. Les valeurs que nous souhaitons transmettre sont la liberté… y compris la liberté de penser,
croire et agir différemment ; la laïcité ; la responsabilité et l’apprentissage de l’effort ; le
respect de l’autre, la modestie, la gratuité, le service et l’hospitalité … La notion de confiance
et d’alliance : c'est-à-dire une relation qui s’inscrit dans la durée parce que les différences
sont respectées. Certains se défient d’une promotion systématique trop facilement
consensuelle des « valeurs » qui ferait l’impasse sur la transmission de la foi. Plus que des
valeurs, nous avons à transmettre en famille, dans le respect de la liberté, un désir de lire la
Bible et par elle de rencontrer le Christ.
2.4. La famille est à la fois, le lieu de l’espoir, mais en même temps le lieu où l’on affronte la
réalité. Elle est le lieu de l’éveil à la responsabilité. En même temps, elle devrait être un lieu
de refuge, de réconfort quand la réalité est trop agressive.
La famille peut aussi être un lieu d’enfermement. Il faut parfois s’affranchir de
parents étouffants pour exister : « Qui est ma mère, qui sont mes frères? Si quelqu’un fait
la volonté de Dieu, cette personne est mon frère, ma sœur, ma mère. » a dit Jésus. (Marc
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Pour autant, elle demeure un lieu de construction de la société qu’il faudrait plutôt
renforcer que contester.
2.5. La famille est le lieu de la gratuité. Gratuité veut dire que chacun est considéré non en
fonction de son utilité, mais en fonction de sa simple existence... chaque enfant a sa place.
C’est réaffirmer l’amour inconditionnel, la grâce de Dieu.
2.6. Les personnes âgées ont un rôle spécifique : elles assurent la mémoire de la famille, dont
chaque membre des deux branches est inscrit dans l’histoire. Les grands parents peuvent être
pris en confidents. Ils sont souvent des témoins privilégiés de la foi. Pourtant l’éloignement
géographique, les conflits et les divergences de vue rendent fragiles ces liens
intergénérationnels.Trop de personnes âgées souffrent de solitude dans une société qui peine
à reconnaître et respecter leur sagesse. Le Décalogue recommande : «Honore ton père et ta
mère, …, afin que tes jours soient prolongés et que tu sois heureux sur la terre que l’Éternel
ton Dieu, te donne.» (Deut.5/16). Et pourtant, il peut être lourd de porter au quotidien des
parents très âgés devenus dépendants.
3 / ATELIER 2 : LA FAMILLE, LIEU DE PAROLE
3.1. La parole est créatrice, elle fait advenir du réel. Elle est l’outil indispensable de la relation. La
parole ne peut pas tout, mais la parole fait beaucoup ! En tant que chrétiens, nous osons
croire à l’énergie de la parole.
« Une langue qui apaise est un arbre de vie ; mais une langue perverse brise l’esprit » (Pv
15,4)
3.2. Quand l’enfant découvre l’usage de la parole, il fait un apprentissage déterminant. Il
appartient en premier aux parents de mettre des mots sur les expériences de la vie, de donner
une parole qui donne du sens à l’existence ; à l’adolescence quand les parents ne se sentent
plus dans la capacité de transmettre un savoir, il leur reste la tâche de dire l’espérance, le
goût de la vie, l’enthousiasme, la persévérance…
3.3. Aujourd’hui, la parole est beaucoup plus libre qu’il y a 2 ou 3 générations. Mais,
paradoxalement, le temps manque pour une véritable écoute. Nous avons la chance de vivre
dans une société de communication : d’Internet au portable, les moyens se multiplient !
Mais, concrètement, au foyer, les écrans captivent individuellement les membres de la
famille. Si les parents ne réagissent pas, télévision, ordinateur et jeux vidéo enferment les
enfants dans des mondes passionnants, mais virtuels… À l’adulte de créer le dialogue en
s’intéressant aux nouvelles techniques, en cadrant l’utilisation, en invitant à la prise de
distance émotionnelle. Pour que la parole ait le dernier mot sur la machine !
3.4. Un climat de confiance, de respect, d’écoute est la base du dialogue entre adultes ou au sein
de la fratrie. Cela implique du temps et de la disponibilité. Mais il faut parfois savoir
respecter la pudeur et l’intimité d’un enfant : la parole ne saurait être ni extorquée, ni
imposée. Si nécessaire, on peut lui proposer de dialoguer avec un adulte extérieur à la famille
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(pasteur, catéchètes, parrain, marraine notamment).
3.5. La parole permet de reconnaître ses faiblesses, ses erreurs, de se savoir vulnérable et pourtant
accepté. La famille est un lieu de promiscuité et de demandes affectives croisées qui
engendrent tensions, jalousies, conflits et non-dits. Elle est ainsi un bon lieu d’apprentissage
du travail de réconciliation. Avec l’appui de la foi, la parole peut permettre de renouer des
liens parfois coupés : demande de pardon, et parole de pardon.
« Va d’abord te réconcilier avec ton frère… » (Matthieu 5,24).
3.6. Stress de la vie quotidienne, manque de temps, laissent peu de place à la convivialité.
Pourtant, la tradition biblique nous rappelle que le repas est un lieu fort de partage et du
vivre ensemble.
4/ ATELIER 3 : AMOUR ET AUTORITE : COMMENT FAIRE GRANDIR ?
4.1. Il y a plusieurs manières de dire « je t’aime » à son enfant ; être parent est un apprentissage.
4.2. Il semblerait que les parents aient aujourd’hui un problème avec l’autorité. Certains parlent
de la démission de parents qui se déchargent sur l'école. D’autres affirment sans complexe
la nécessité d’une autorité qui sait à la fois expliquer et imposer. Oser dire «non » protège
et délimite un espace de liberté… Il s’agit d’accompagner l’enfant vers l’autonomie. Dans
la tradition biblique, la règle a d’abord un statut positif, permettant la structuration
individuelle et le «vivre ensemble ».
Deutéronome 5, Mat 22.36-40.
4.3. À la recherche d’une perfection perçue comme écrasante, beaucoup de parents expriment
une culpabilité, en lien parfois avec le manque de stabilité du couple parental ou le manque
de disponibilité… Mais aussi, résultat de l’écartèlement intérieur entre la volonté de laisser
le jeune faire ses choix de vie librement (conjugaux, professionnels, spirituels…) et la
déception de le voir s’éloigner des projets élaborés pour lui (vrai travail de deuil pour les
parents).
«Tu quitteras ton père et ta mère…» (Gen. 2,24)
4.4 Même s’il n’y a pas de famille idéale ni de parents parfaits, la famille est le premier lieu où
l’amour est attendu. Mais certains enfants vivent des situations cruelles de non-amour. À
ceux qui portent en eux cette blessure, la parole d’espérance : « malgré tout, Dieu t’aime ! »
peut être force de reconstruction (résurrection).
5/ ATELIER 4 : QUELS RÔLES POUR L’ÉGLISE ?
5.1. Un soutien à la parentalité peut être donné, par des associations et des professionnels, aux
parents qui se sentent en difficulté. Mais pour tous les parents, l’Eglise, dans la richesse de
sa diversité (consciente qu’il existe d’autres modèles familiaux différents des traditions et des
cultures européennes), a un rôle d’encouragement à jouer : approfondir la perception des
valeurs bibliques de base, sans chercher à recadrer ou formater ; aider à mûrir une réflexion,
à prendre du recul, oser des convictions…
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5.2. Transmettre l’Évangile aux enfants est une responsabilité que l’Eglise et les parents se
partagent. Mais, si les jeunes sentent une distance entre les parents et l’Église, comment
feront-ils leur choix ? La transmission est difficile mais elle fait partie de la responsabilité du
croyant :
« Tu diras à tes fils… » (Deut. 6,7).
Pour transmettre sur le plan spirituel, chaque parent peut inventer son langage et ses
moyens. Reste à surmonter l’indéracinable pudeur spirituelle assez caractéristique de nous
autres réformés !
Il est observé que dans de nombreux cas, la transmission et le lien avec l’église sont assurés
par un seul des parents.
5.3. Dans ces conditions, comment répartir la transmission entre la famille et l’Eglise locale
? L’influence familiale serait du ressort de l’attitude, de la façon d’être et de vivre, l’exemple,
l’amour donné. La part de l’Eglise pourrait rester celle du rituel, de la prière communautaire,
et de l’enseignement biblique…
Quelqu’un rappelle que dans les temps difficiles du protestantisme, la vie cultuelle était
principalement familiale. Comment encourager les familles à vivre une spiritualité à la
maison, à redécouvrir l’Église domestique ? Certaines familles ont leurs rituels (chants de
table, lectures bibliques, culte familial, installation de la crèche…). Un site comme
http://20mn.avecdieu.com peut être un nouvel outil.
La Bible est traditionnellement au cœur des foyers protestants, racontée, citée, lue, avec la
liberté d’interprétation en lien avec le sacerdoce universel…
L’enfant, dans l’Église, n’est pas seulement « destinataire d’un enseignement » mais
considéré comme véritable sujet de la communauté paroissiale. L’Église peut développer les
relations intergénérationnelles par le biais des activités d’entraide, catéchèse, culte avec
enfants, accueil des nouveaux paroissiens… notamment. Il lui appartient aussi de favoriser
de nouvelles formes de témoignage, davantage adaptées à l’attente des jeunes.
5.4. Pour tous ceux qui sont seuls dans la vie, pour ceux qui ont leur famille au loin, ceux qui vivent
un deuil, l’Église représente une famille dont ils attendent écoute, chaleur, fraternité : une
vraie solidarité familiale. Il appartient à chaque communauté de ne pas décevoir cette attente.
5.5. Par peur de raviver des blessures personnelles, l’Église renonce trop souvent à aborder les
questions concrètes de la vie familiale. Pourtant, les diverses familles présentées dans la
Bible n’ont rien de classique ou rangé ; c’est une formidable espérance que Dieu se soit
(quand même ou justement ?) servi d’elles pour se révéler !
En tout état de cause, l’unité de base de l’Église est la personne. Dans la communauté,
chacun doit se sentir accueilli et avoir sa place, quelle que soit sa situation familiale.
Quelles que soient nos expériences familiales diverses, nos relations à nos parents et à nos enfants,
notre Église a une parole d’espérance forte à donner : « Nous sommes tous enfants du Père !
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