comment appréhender la tarification des produits

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comment appréhender la tarification des produits
L'actuaire,
rôle et responsabilités,
quelques illustrations de ses
prérogatives...
Club Régional FFSA Est
22 mars 2013
Christophe Eberlé
Président d’Optimind Winter
Vice-président de l’Institut des Actuaires
SOMMAIRE
UNE RÉGLEMENTATION ET UN ENVIRONNEMENT EN PLEINE ÉVOLUTION
Que fait l’actuaire ?
Quelles évolutions pour ses fonctions ?
COMMENT APPRÉHENDER LA TARIFICATION DES PRODUITS ?
Principe de base
Une bonne connaissance du risque à tarifer
Un bon suivi des dispositions réglementaires
Focus sur l’impact de Solvabilité 2 sur la tarification en épargne
COMMENT L’ANALYSE COMPORTEMENTALE INFLUE SUR LA TARIFICATION ?
L’exemple des rachats en assurance-vie
L’exemple de l’assurance santé complémentaire
LE FONCTIONNEMENT ET LE RÔLE DES PROVISIONS TECHNIQUES
Introduction
Les provisions importantes en Epargne
Les provisions mathématiques, communes à l’Epargne et la Prévoyance
Les provisions importantes en Santé / Prévoyance
Focus sur les tables d’expérience
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Partie 1
Une réglementation et un environnement en pleine évolution
Que fait l’actuaire ? Quel est son écosystème ?
!   Sa formation initiale
!   Sa formation continue
!   Son marché d’exercice de ses compétences
!   Assurance, Banque, Corporate et Conseil
!   Son organisation professionnelle
!   Locale et internationale
!   Sa réglementation de référence
!   Locale et internationale
!   Son implantation géographique
!   Son organisation professionnelle
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Partie 1
Une réglementation et un environnement en pleine évolution
Quelles évolutions pour ses fonctions ?
!   Quelques axes qui vont impacter, ou impactent déjà, l’actuaire dans ses
fonctions
!   La réglementation prudentielle Solvabilité II
!   Passage d’une vision ponctuelle rétrospective à une prospective globale
!   Intégration d’une gestion qualitative des risques : le pilier II et l’ERM
!   Prise en compte d’un « tout » au service d’une gestion globalisée des risques :
l’ORSA
!   L’environnement financier inédit depuis quelques années
!   Taux durablement bas
!   Crise de la dette
!   Marchés actions : volatilité et perte de confiance
!   Les tensions sociales : de fortes attentes en terme de solutions de gestion/transfert
des risques
!   Dépendance
!   Santé
!   Retraite
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Partie 2
Comment appréhender la tarification des produits ?
Principe de base
!   Pour faire face à l’ensemble de ses frais, une entreprise d’assurance retient une structure
de chargement. Le schéma habituel de la structure de chargement est le suivant
!   des chargements de gestion (aussi appelés frais sur encours)
!   soustraits du montant de l’épargne constituée et qui financent le coût de la gestion et des
placements
!   des chargements d’acquisition
!   prélevés lors des versements, qui réduisent le capital investi par l’assuré dans le but de couvrir le
coût de commercialisation du contrat (y compris rémunération des réseaux de distribution)
!   des chargements d’arbitrage dans le cas des contrats multi-supports
!   prélevés sur l’épargne transférée
!   Une étude de la tarification doit prendre en compte tous ces facteurs
!   tarification du coût du risque, en étudiant le coût des garanties proposées : calcul de la prime pure du
contrat
!   tarification majorée des frais de souscription et de gestion, en déterminant le niveau de chargement qui
permet de couvrir les coûts attendus
!   tarification du coût d’immobilisation de fonds propres, en vérifiant la profitabilité du produit en intégrant le
coût du capital à immobiliser
!   intégration d’une marge additionnelle (positive ou négative) que l’assureur souhaite prendre en fonction de
ses objectifs commerciaux
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Partie 2
Comment appréhender la tarification des produits ?
Principe de base
!   Les mécanismes de tarification diffèrent selon les caractéristiques du produit
!   en épargne
!   la prime pure du contrat est nulle
!   pas de garantie d’assurance, mais plutôt des garanties financières (garantie en capital et taux
minimum garanti)
!   la tarification porte sur le calibrage du niveau de chargement sur encours : ce taux permet de
calculer le montant de frais que l’assureur prélève annuellement sur la Provision Mathématique du
contrat
!   les chargements sont adaptés dans le cas de services financiers complémentaires
–  Garantie Plancher : frais additifs ou inclus dans les frais sur encours
–  sécurisation des plus-values, Investissement progressif, etc : frais sur arbitrages
!   en prévoyance et en santé (individuelle ou collective)
!   la prime pure est calculée selon le principe : coût moyen du sinistre x fréquence du sinistre
–  étude des caractéristiques discriminantes du groupe pour l’évaluation du risque (âge, sexe, CSP…)
–  évaluation de la fréquence du sinistre (probabilité de décès, d’entrée en incapacité ou en invalidité, estimation
du nombre moyen d’actes consommés par personne couverte en santé)
–  évaluation du coût moyen du sinistre si l’événement survient. Pour les risques longs (incapacité, invalidité,
rentes vie…) elle intègre l’estimation de la durée probable du paiement de la prestation. En santé, on calcule
le coût moyen des actes consommés.
–  consolidation de tous ces éléments pour établir la prime pure associée à la garantie considérée
–  détermination de la prime commerciale incluant les chargements et taxes et permettant à l’assureur de
compenser les coûts de gestion de back-office
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Partie 2
Comment appréhender la tarification des produits ?
Principe de base
!   Le rôle de l’actuaire est d’estimer au mieux ces éléments en
!   proposant une définition des garanties propre au profil visé et fonction des besoins
du marché
!   choisissant une méthode de tarification adaptée
!   Le choix de la méthode dépendra d’un certain nombre de paramètres dont la
taille du portefeuille
!   trouvant un équilibre entre segmentation et mutualisation, sous contrainte
commerciale
!   veillant à maintenir un résultat technique positif au cours de la vie du produit
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Partie 2
Comment appréhender la tarification des produits ?
Une bonne connaissance du risque à tarifer
!   L’actuaire doit bien maitriser la nature des risques que couvrent les produits de l’assureur
ainsi que les garanties correspondantes afin d’évaluer le coût du sinistre
!   3 exemples pour illustrer la diversité des risques à couvrir
!   la garantie Optique en Santé : il s’agit d’un risque court : entre 85 et 90% des prestations sont connues et
liquidées 1 an après la date de soins
!   la garantie plancher en cas de décès : il s’agit d’un risque court également. La prestation est versée au
moment du décès
!   l’assurance invalidité : il s’agit d’un risque long, l’assureur s’engage à verser des prestations pendant un
nombre d’années qui peut être important
!   La garantie Optique
!   est devenue une garantie de consommation : on observe une perte d’aléa car les assurés cherchent à
profiter au maximum des garanties accordées
!   subit une dérive des coûts depuis quelques années
!   l’actuaire doit donc dans sa tarification anticiper cette dérive pour l’avenir
!   le prix des verres varie fortement selon le niveau de correction
!   pour garantir une équité selon les assurés, l’actuaire est amené à segmenter les garanties selon le
profil visé par la garantie (jeune ou senior par exemple) afin de maintenir un même niveau de reste à
charge selon le degré de complexité du verre
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Partie 2
Comment appréhender la tarification des produits ?
Une bonne connaissance du risque à tarifer
!   La garantie plancher en cas de décès, dont l’objectif est de sécuriser les contrats en unités
de compte pour limiter les éventuelles pertes financières des assurés
!   2 types de tarifications sont possibles pour cette garantie
!   Tarification a priori : le tarif est fixé lors de la souscription et les chargements sont prélevés
périodiquement sur l’encours (souvent inclus dans les frais de gestion)
!   Tarification a posteriori
–  échelle de taux dépendant de l’âge de l’assuré, appliqué sur le niveau de capitaux sous risque
–  chargements prélevés uniquement si le contrat est en risque
–  montant de chargement fonction du niveau de risque
!   La garantie invalidité
!   une pension d’invalidité est versée aux assurés sociaux atteints d’une maladie qui réduit d’au moins 2/3
leur capacité de travail ou de gains
!   Tarif = Probabilité d’entrée en invalidité x Coût moyen d’un sinistre
!   la prestation servie est issue de la garantie complémentaire à la Sécurité Sociale prévue au contrat. La
prestation peut différer suivant la tranche de salaire considérée
!   exemple : « 70% du salaire TA + TB moins les indemnités SS »
!   Afin d’évaluer le coût du sinistre invalidité il faut donc
!   connaître le complément de salaire qui sera versé en cas d’invalidité, soit les tranches A et B du
salaire de l’assuré ainsi que le niveau de couverture prévu au contrat
!   estimer la durée probable de paiement de la prestation à l’aide de tables de maintien en invalidité
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Partie 2
Comment appréhender la tarification des produits ?
Un bon suivi des dispositions réglementaires
!   Les environnements réglementaire, législatif ou conventionnel (Accords Nationaux
Interprofessionnels) évoluent à un rythme soutenu
!   Ces évolutions peuvent parfois bouleverser l’offre produit et l’actuaire doit être en mesure
d’adapter ses produits en fonction de ces évolutions
!   Les évolutions réglementaires doivent être prises en compte dans la tarification, notamment
en santé et prévoyance collectives plus impactées par les évolutions réglementaires
fréquentes
!   L’actuaire doit également suivre de près les évolutions des taxes à appliquer aux contrats
car celles-ci sont répercutées dans le tarif
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Partie 2
Comment appréhender la tarification des produits ?
Un bon suivi des dispositions réglementaires
!   A titre d’exemple, quelques évolutions ces dernières années qui impactent surtout la
prévoyance et la santé
!   Loi Evin
!   règles particulières pour les droits au régime de frais de santé des retraités
!   Loi Fillon
!   modification des règles d’exonération sociale et de déductibilité fiscale des cotisations pour les
régimes de santé et de prévoyance => le marché du collectif a été boosté
!   La réforme du 13 août 2004 de l’assurance maladie
!   mise en place du parcours de soins coordonnés : les taux de remboursements de l’assurance
maladie varient si l’assuré respecte ou non le parcours
!   Les mesures de 2006
!   désengagement de la Sécurité Sociale pour un certain nombre de médicaments : charge
supplémentaire pour les complémentaires
!   ANI de 2013
!   une complémentaire santé collective obligatoire pour tous les salariés
!   La réforme des retraites
!   L’allongement de la durée de cotisation génère un surcoût de provisionnement des garanties
incapacité et invalidité qui sera répercuté sur les primes via des indexations de contrats par exemple
!   La loi de financement de la Sécurité Sociale
!   modifications des méthodes de calcul des indemnités journalières : report de charge sur les
organismes d’assurance complémentaires donc sur les primes
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Partie 2
Comment appréhender la tarification des produits ?
Focus sur l’impact de Solvabilité 2 sur la tarification en épargne
!   Sous Solvabilité I, l’Exigence de Marge de Solvabilité (EMS)
!   calculs simples, avec une approche forfaitaire
!   EMS est un pourcentage des provisions mathématiques et des capitaux sous risque
!   Sous Solvabilité II, le SCR (Solvency Capital Requirement)
!   le calcul du SCR est très largement complexifié, avec une approche par risque
!   évaluation quantitative des risques par une approche économique
!   un nouveau paramètre déterminant est à considérer : la volatilité du capital réglementaire
!   Solvabilité II va conduire à une revue des modèles d’évaluation du coût d’immobilisation
des fonds propres
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Partie 2
Comment appréhender la tarification des produits ?
Focus sur l’impact de Solvabilité 2 sur la tarification en épargne
!   Exemple comparatif sur 3 produits d’épargne
!   un produit d’épargne 100% Euros
!   contient une garantie en capital à tout moment, qui se révèle coûteuse sous Solvabilité II
!   peu de leviers existent pour optimiser les fonds propres sans dénaturer l’intérêt du produit pour les
assurés (la réduction de l’allocation actions limite en contrepartie l’espérance de rendement)
!   un produit d’épargne 100% UC
!   risque d’investissement supporté par l’assuré, l’assureur supporte principalement un risque lié aux
frais (par ex. en cas de diminution des chargements perçus suite à une baisse des marchés actions)
!   un produit Euro-Diversifié
!   une garantie au terme peu coûteuse en capital réglementaire contrairement au produit Euro
classique
!   un transfert de la volatilité des marchés financiers aux assurés et une amélioration des rendements
espérés du produit pour les assurés
!   Etude comparative entre les niveaux de tarification d’équilibre obtenus sur les trois produits
dans nos cas pratiques
!   résultats obtenus en cherchant à conserver un même niveau de rentabilité sous les deux référentiels
Taux de chargement selon le référentiel
Euro
UC
Euro-Diversifié
Taux de chargement à l’équilibre sous Solvabilité I
0,88 %
0,45 %
0,80 %
Taux de chargement à l’équilibre sous Solvabilité II
1,43 %
0,80 %
0,65 %
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Partie 3
Comment l’analyse comportementale influe sur la tarification ?
L’exemple des rachats en assurance-vie
!   En assurance-vie, la tarification se base généralement sur une projection du compte de
résultat. Une mauvaise estimation des rachats peut entrainer une surestimation des
produits et une sous-estimation de la sinistralité.
!   Des facteurs exogènes influencent les rachats
!   la fiscalité
!   on constate un pic de rachat après chaque palier de fiscalité (8 ans en assurance vie) atteint par les
contrats. De manière générale, les lois de rachats sont donc construites par ancienneté.
!   la zone géographique peut induire une fiscalité particulière, et donc des comportements différents
(exemple : fiscalité des non résidents)
!   évolutions politiques : attentisme lié à une année électorale, les épargnants s'inquiétant de l'évolution
possible du régime fiscal
!   évolution de la situation économique
!   augmentation générale des taux d'intérêt : dans ce cas, les assurés sont incités à racheter leur
contrat afin de profiter de taux plus avantageux offerts sur d'autres types d'investissement (livret A
par exemple)
!   baisse du pouvoir d'achat (notamment en situation de crise, d'inflation élevée, d’augmentation du
chômage, etc.)
–  un besoin potentiellement élevé en liquidité des assurés
–  préférence pour les investissements de court terme
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Partie 3
Comment l’analyse comportementale influe sur la tarification ?
L’exemple des rachats en assurance-vie
!   Les rachats sont aussi soumis à des facteurs endogènes
!   la cible client : constatation de comportements différents selon le type de client
!   personne morale / personne physique : les personnes morales investissent en général sur un
horizon court terme (1 à 2 ans)
!   le comportement est également différent entre les petits épargnants et les grands comptes
–  Une modélisation par apporteur d'affaires est en général appropriée
!   le positionnement de la compagnie sur le marché : plus particulièrement la politique de taux servis adoptée
par rapport aux concurrents
!   un assuré est d’autant plus incité à racheter son contrat que le rendement offert par une compagnie
concurrente est plus attractif que celui appliqué à son contrat
!   la réputation de la compagnie
!   la dégradation de la réputation de la compagnie peut engendrer des rachats en masse. Par exemple,
la réputation d’une compagnie peut être entachée suite à un litige médiatisé
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Partie 3
Comment l’analyse comportementale influe sur la tarification ?
L’exemple des rachats en assurance-vie
!   Le risque de rachat se situe au cœur de la gestion des risques de la compagnie dans le
cadre de Solvabilité II
!   les rachats structurels
!   taux de rachat en "rythme de croisière", que l'assureur peut observer dans un contexte économique
"standard" sur les contrats d'épargne en euro
!   modélisés par des lois de rachats d’expérience
!   les rachats conjoncturels
!   liés à un évènement déformant le comportement dit "habituel" des assurés. Ils interviennent
notamment dans un contexte fortement concurrentiel lorsque l'assuré arbitre son contrat d'assurance
au profit d'autres supports financiers.
!   impossibilité de construire une loi d’expérience pour ces rachats de par leur nature
!   L’ACP et les Orientations Nationales Complémentaires préconisent une fonction linéaire par
morceaux qui dépend de l’écart entre un taux benchmark reflétant le marché et le taux servi par le
contrat d’assurance vie
Taux de rachats conjoncturels Si la différence de taux reste dans des bornes acceptables, il n’y a
pas de rachats conjoncturels
Si la différence de taux devient trop importante, les rachats sont
dynamisés linéairement, jusqu’à atteindre un maximum ou un
minimum
40% 30% 20% 10% 0% -­‐10% -­‐8% -­‐6% -­‐4% Présentation Club Régional FFSA Est – Le rôle de l’actuaire
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Partie 3
Comment l’analyse comportementale influe sur la tarification ?
L’exemple de l’assurance santé complémentaire
!   Les comportements à analyser en assurance santé complémentaire sont très différents des
comportements à analyser en Epargne
!   A priori, 2 paramètres comportementaux importants sont à prendre en compte
!   Aléa moral : « J’ai une bonne couverture donc je vais beaucoup consommer »
!   Anti-sélection : «Je sais que je vais beaucoup consommer cette garantie donc je vais la souscrire »
!   les produits modulaires très répandus aujourd’hui permettent d’apporter une bonne information à
l’assuré : il va choisir une formule de garanties qui correspond au mieux à son profil de risque.
!   ce choix a la souscription est d’autant plus important que la sélection médicale pour les contrats
solidaires et responsables n’est plus autorisée
!   Ces 2 paramètres doivent être intégrés dans la tarification mais aussi dans la définition des garanties
!   Majoration du tarif
!   Franchise / Délai de stage / Délai de carence
!   Fidélisation : augmentation du forfait garanti selon l’ancienneté d’assurance / report l’année suivante
d’une partie du forfait non consommée
!   Si, a posteriori, l’actuaire constate que le tarif n’est pas adapté suite à une dérive du
comportement des assurés, il procède à des ajustements
Présentation Club Régional FFSA Est – Le rôle de l’actuaire
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Partie 3
Comment l’analyse comportementale influe sur la tarification ?
L’exemple de l’assurance santé complémentaire
!   L’optique est un poste à forte anti-sélection et présente un risque d’aléa moral élevé. Les
garanties sont souvent exprimées en forfait donc facilement compréhensibles pour les
assurés.
!   L ’assuré va arbitrer entre son reste à charge et la qualité de ses lunettes et leur esthétique.
Ainsi, tant qu’il juge acceptable son reste à charge, il consomme de l’optique même s’il n’a
pas vraiment besoin de changer de lunettes au sens médical.
!   Pour faire face à ce comportement, l’actuaire doit être force de proposition. Il peut
!   majorer les primes
!   réduire les garanties
!   ces deux premières mesures risquent d’augmenter les résiliations ou la non souscription du produit
!   réduire la fréquence de remboursement des lunettes : au lieu d’une monture par an, une monture tous les
deux ans par exemple
!   proposer des solutions pour responsabiliser les assurés comme
!   l’adhésion de l’organisme assureur à un réseau de soins pour réduire les coûts : par ces accords
passés avec les opticiens, le réseau permet d’encadrer les prix des montures et des verres. Les
assurés utilisant le réseau bénéficieront d’un reste à charge réduit
!   le report du forfait Optique d’une année à l’autre s’il n’a pas été consommé : ceci incitera les assurés
à ne pas changer de lunettes chaque année
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Partie 4
Le fonctionnement et le rôle des provisions techniques
Introduction
!   Selon le domaine d’activité, les provisions calculées ne sont pas les mêmes, n’ont pas la
même importance et ne sont pas calculées de la même façon. L’actuaire doit donc être en
mesure d’adapter ses calculs à son portefeuille.
!   L’assureur doit se prémunir contre le risque de survenance d’un sinistre et ainsi être en
mesure d’honorer ses engagements par la constitution de provisions techniques
!   Cet exercice propre au secteur de l’assurance s’explique par le cycle inversé de production
qui régit intrinsèquement toute opération d’assurance : les primes sont encaissées dans un
premier temps, alors que les prestations surviennent dans un second temps
Encaissement des
primes
Règlement des
sinistres
Constatation de
l’équilibre de
l’activité
!   Les provisions sont réglementées et contrôlées par l’Autorité de Contrôle Prudentiel (ACP)
Présentation Club Régional FFSA Est – Le rôle de l’actuaire
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Partie 4
Le fonctionnement et le rôle des provisions techniques
Les provisions importantes en Epargne
!   La provision pour participation aux bénéfices (PPB)
!   obligation de distribuer au minimum 90% des résultats financiers et 85% des résultats techniques
!   les assureurs disposent d’un délai maximum de 8 ans pour distribuer la PB sur leurs fonds en euros
!   la PPB permet ainsi de lisser la participation aux bénéfices dans le temps : dotation les années de forte
hausse des marchés financiers ou reprise les années de baisse des marchés
!   La provision globale de gestion (PGG)
!   elle est destinée à couvrir les charges de gestion futures des contrats non couvertes par ailleurs
!   cela signifie que les pertes futures doivent être prises en compte dès lors qu’elles sont connues et peuvent
être estimées
!   les charges futures à considérer sont les frais d’administration, les frais de gestion des sinistres et
les frais de placement
!   les produits futurs à prendre en compte sont les produits financiers futurs et les chargements sur
encours
!   Exemple de provisions d’Actif
!   réserve de capitalisation : destinée à parer à la dépréciation des valeurs obligataires comprises dans l'actif
et à la diminution de leur revenu
!   Provision pour Dépréciation Durable : lorsqu’une action affiche pendant plus de 6 mois une valeur
inférieure à 80 % de sa valeur comptable, l’assureur doit examiner le passage éventuel d’une PDD
!   autres : Provision pour Risque d’Exigibilité, Provision pour Aléas Financiers
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Partie 4
Le fonctionnement et le rôle des provisions techniques
Les provisions mathématiques, communes à l’Epargne et la Prévoyance
!   Les provisions mathématiques
!   les provisions mathématiques correspondent à la différence entre les valeurs actualisées probables des
engagements respectivement pris par l’assureur et par les assurés
!   elles représentent concrètement l’engagement de l’assureur vis-à-vis de l’assuré
!   en Epargne, la répartition entre les PM Euros et UC est par ailleurs un bon indicateur du business
réalisé par la compagnie et elles permettent également à l’assureur de contrôler son résultat
!   en Prévoyance, les PM sont importantes sur les contrats d’invalidité et d’incapacité par exemple
!   L’actuaire garantit le caractère approprié des hypothèses et méthodologies utilisées pour le
calcul des provisions mathématiques
!   Il s’agit
!   d’adopter une vision prospective en analysant les flux futurs générés
!   d‘actualiser les engagements futurs à la date considérée
!   de probabiliser le paiement des engagements
Présentation Club Régional FFSA Est – Le rôle de l’actuaire
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Partie 4
Le fonctionnement et le rôle des provisions techniques
Les provisions importantes en Santé / Prévoyance
!   Provisions pour Sinistres à Payer (PSAP) : coût total estimé du reliquat à régler au titre de
tous les sinistres survenus, déclarés ou non, jusqu'à la fin de l'exercice. Les PSAP
comportent deux composantes
!   provision au titre des sinistres connus en attente de règlement
!   provision au titre des sinistres survenus mais dont l’organisme assureur n’a pas encore connaissance
!   Principales causes d’existence des sinistres tardifs
!   les délais de déclaration des sinistres par l’assuré
!   les délais de traitement par les gestionnaires
!   l’éventuelle existence d’une franchise
!   Selon le portefeuille et les données disponibles, l’actuaire joue un rôle important dans le
choix de la méthode statistique de calcul
!   déterministe
!   Cadence des règlements
!   Chain Ladder
!   S/P cible
!   Méthode des coûts moyens
!   méthode stochastique
!   Bootstrap par exemple
Présentation Club Régional FFSA Est – Le rôle de l’actuaire
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Partie 4
Le fonctionnement et le rôle des provisions techniques
Les provisions importantes en Santé / Prévoyance
!   Provisions pour Primes Non Acquises (PPNA)
!   provision destinée à constater, pour l’ensemble des contrats en cours, la part des primes
émises et des primes restant à émettre se rapportant à la période comprise entre la date
d’inventaire et la date de la prochaine échéance de prime ou, à défaut, du terme du
contrat
!   l’idée est de reporter la part des primes émises lors de l’exercice comptable destinée à
couvrir les risques de la période suivante
!   le choix de la méthode de calcul dépend de la structure du risque
!   prorata temporis si le risque est uniforme
!   contrat par contrat
!   méthodes plus complexes pour des risques non uniforme : c’est là qu’intervient l’actuaire
Prenons l’exemple de ce produit à prime
unique. Dans le cas où, à la fin de la
première année, le capital n’a pas été
versé, l’actuaire devra déterminer le
montant à passer en PPNA pour transférer
la part de la prime correspondant aux
risques propres à la 2ème et la 3ème année.
Présentation Club Régional FFSA Est – Le rôle de l’actuaire
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Partie 4
Le fonctionnement et le rôle des provisions techniques
Les provisions importantes en Santé / Prévoyance
!   Provision pour Risque Croissant (PRC)
!   provision pouvant être exigée pour les opérations d’assurance contre les risques de
maladie, d’invalidité et de dépendance. Elle est égale à la différence des valeurs
actuelles des engagements respectivement pris par l’assureur et les assurés
!   elle a pour objectif de financer les charges des prestations futures (sous l’effet du
vieillissement de la population assurée) non couvertes par les cotisations futures
(cotisations plafonnées à partir d’un certain âge).
!   cette provision risque de devenir importante dans les prochaines années suites aux
dispositions de la loi Evin et à la généralisation des contrats collectifs.
Evolution des sinistres par rapport aux primes en fonction de l'âge
1 600
Montants en euros
1 400
Primes annuelles
PRC
1 200
1 000
Sinistres utilisés pour déterminer les primes
800
600
Hypothèses de sinistralité actualisée
400
200
0
1
11
21
31
41
51
Age
61
71
81
91
101
Présentation Club Régional FFSA Est – Le rôle de l’actuaire
Par exemple, pour la tranche
d’âge 70 ans et plus, on
constate que la sinistralité a
fortement augmenté (courbe
bleue) par rapport à la
sinistralité observée (courbe
verte) au moment du calcul de la
prime (courbe rouge). Une PRC
devra être enregistrée pour
couvrir la différence.
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Partie 4
Le fonctionnement et le rôle des provisions techniques
Focus sur les tables d’expérience
!   Les tables d’expérience consistent à exploiter au mieux les données disponibles pour
élaborer une loi la plus fidèle possible à la réalité du comportement de la population
assurée vis-à-vis du risque étudié. Elles permettent
!   une meilleure évaluation des engagements contractés
!   de justifier les particularités du (des) groupe(s) concerné(s) en termes de provisionnement
!   Elles sont utilisées pour le décès, l’incapacité, l’invalidité et la dépendance
!   Le rôle de l’actuaire est triple
!   fabriquer les tables d’expérience à partir de données pertinentes et non biaisées
!   utiliser ces tables pour le calcul des provisions mathématiques afin d’évaluer les engagements de
l’assureur au plus juste
!   certifier les tables d’expérience en comparant le comportement réel de la population sous risque avec le
comportement prévu par la table proposée
!   Pour être utilisées pour le provisionnement, les tables d’expérience doivent être certifiées
par un actuaire indépendant agréé. Il s’agit de l’un des rares rôles réglementaires de
l’actuaire en France
Présentation Club Régional FFSA Est – Le rôle de l’actuaire
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