Le marché de la viande porcine

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Le marché de la viande porcine
N°2015-1 – Mars 2015
Le marché de la viande porcine
En synthèse
La production régionale poursuit sa baisse en 2014
o Une production régionale qui se réduit de 1,2 % en 2014 ; en baisse continue
depuis 2010 (-5,1 %),
o Une tendance baissière de la production française depuis 4 ans,
o Des abattages régionaux qui se maintiennent.
Une balance commerciale française qui se dégrade
o Une tendance à la hausse des importations, avec une forte provenance
espagnole,
o Mais une réduction marquée des exportations.
Un prix du porc en net repli en 2014 qui se redresse timidement depuis
février 2015
Une hausse des achats des ménages
o Une consommation de porcs frais en hausse de 1,3 % en 2014,
o Une consommation de produits de charcuterie qui se maintient.
Recul de la production porcine régionale
Alors que la production porcine de l’Union
Européenne s’annonçait en repli en 2014,
l’année se solde par une hausse de
production, les abattages s’étant redressés
sur le second semestre dans l’UE à 15. La
progression est de 1 % par rapport à 2013.
La production est nettement repartie à la
hausse dans les NEM, particulièrement en
Pologne. L’Espagne mais aussi les Pays Bas
ont connu de belles progressions. Alors que la
production s’est révélée stable en Allemagne,
au Danemark et en France, elle a reculé en
Italie.
Après 3 années de recul, la tendance
baissière de la production porcine française
se confirme en 2014 avec une diminution
faible en tonnage (-0,2 % / 2013) mais en
nombre d’animaux le repli est plus net
(-0,9 %).
Depuis 2010, une décroissance de la
production porcine ligérienne est observée.
L’année 2014 n’a
tendance : baisse de
régionale
en
particulièrement en
Mayenne. Ainsi, la
251 700 tonnes.
pas dérogé à cette
1,2 % de la production
volume,
constatée
Loire-Atlantique et en
production descend à
Evolution de la production porcine
en Pays de la Loire
(tonnages engraissés dans la région)
270 000
260 000
251 700 t
250 000
240 000
230 000
220 000
210 000
200 000
PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire
Pôle Economie et Prospective – C.GOSCIANSKI
Source : Uniporc et CRP
1
Stabilité des abattages régionaux
Après avoir fortement chuté en 2011 et 2012,
les abattages dans les outils régionaux se
sont stabilisés en 2013. Et c’est le maintien
des tonnages abattus qui se poursuit en
2014. Ils s’établissent à 195 000 tonnes.
7 établissements abattent des porcs en Pays
de la Loire localisés en Mayenne et en Sarthe,
à l’exception d’un outil basé en Maine-etLoire. Les porcs ligériens sont abattus dans
les outils régionaux mais aussi dans les
abattoirs des régions limitrophes.
Evolution des abattages régionaux
de porcs (en tonnes)
2014/2013 : 0,1 %
20 000
2012
18 000
2013
2014
16 000
14 000
12 000
10 000
8 000
6 000
4 000
2 000
0
Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc
PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire
Source : Agreste
Les outils d’abattage porcins dans la tourmente
Depuis 2010, la production porcine française s’est réduite de 5,1 % (même baisse en Pays
de la Loire) en volume. En 2013 et 2014, les poids d’abattage ont augmenté. Ainsi en
nombre d’animaux, la baisse est encore plus forte. Cette diminution de la production affecte
nos outils d’abattage français qui se trouvent en baisse d’activité (surcapacité). Les baisses
de production ont engendré des fermetures d’outils ou des réductions d’activité. Gad qui
employait 1 700 salariés en 2013 a connu de grosses difficultés. Le site à Lampaul dans le
Finistère a fermé fin 2013. Le site à Josselin a été repris par la filiale du groupement des
Mousquetaires, SVA Jean Rozé à l’automne 2014 avec une baisse du nombre d’emplois.
Les abattoirs AIM connaissent à leur tour des tracas. Ils ont déposé le bilan en janvier 2015
et attendent toujours un repreneur.
Poursuite de la dégradation des échanges français
900
800
Evolution des échanges porcins français
en tonnages (1000 tec)
Exportations
Importations
700
600
500
400
300
200
100
0
PEP Chambre d'agriculture des Pays de la Loire
Source : FranceAgriMer
L’année 2014 a été marquée par deux
évènements majeurs : l’embargo russe et la
DEP (diarrhée épidermique porcine) aux
Etats-Unis.
Suite à la découverte de cas de peste porcine
africaine en Europe de l’Est, la Russie a
décrété un embargo sanitaire le 29 janvier
2014, interdisant l’accès de viande porcine de
l’UE en Russie. L’UE bénéficiant d’un certificat
unique d’exportation sur la Russie, ce sont
l’ensemble des pays de l’UE qui se voient
interdire l’accès à la Russie. Aucun certificat
régionalisé n’a pu être négocié. A cet
embargo sanitaire s’est ajouté en août un
embargo politique bloquant tout espoir de
reprise rapide des exportations vers la
Russie. Rappelons qu’en 2013, la Russie était
la première destination des exportations
porcines
européennes
(un
quart
des
exportations de l’UE). La destination russe
n’étant plus accessible, l’UE a dû trouver
d’autres marchés à l’export. Les débouchés
vers l’Asie se sont largement développés. Ce
développement a été permis par la hausse du
prix du porc aux Etats Unis où les élevages
ont été touchés par la DEP. Les prix plus
faibles dans l’UE ont été bénéfiques aux
exportations. Puis la chute de l’euro a
conforté la position exportatrice de l’UE.
Toutefois, la perte du marché russe n’a pu
être que partiellement comblée. Au final, l’UE
a réduit des exportations de 5,1 % comparé
Pôle Economie et Prospective
2
à 2013 du fait notamment de l’absence de
débouchés
pour
les
pièces
grasses
habituellement exportées vers la Russie. Ces
pièces se sont retrouvées sur le marché
communautaire à des prix dévalorisés.
En France, les importations empruntent une
tendance haussière (+0,3 % en volume selon
FAM), l’Espagne étant le principal fournisseur,
mais les exportations se sont réduites de 6 %
en volume. Là encore, la difficulté à exporter
les graisses a pesé sur les exportations. Le
solde des échanges s’est ainsi fortement
dégradé. Même si il reste encore positif en
volume (+65 000 tec), il a été divisé par 2.
Et en valeur, le déficit se creuse. Il devrait
aller au-delà de 300 millions d’euros.
Décrochage du prix du porc
Cotations du porc cadran breton (en €/kg)
En 2014, le prix du porc cadran breton a
chuté de 9 %. Il était de 1,12 €/kg sur le
mois de décembre. Sur l’année, le prix
moyen s’est établi à 1,34 €/kg. Le recul
des exportations et la reprise de la
production
européenne
au
second
semestre a impacté à la baisse le prix du
porc partout dans l’UE. Depuis février
2015, le prix repart timidement à la
hausse.
1,80
Prix moyen
2012 : 1,46
1,70
1,60
1,50
1,40
Prix moyen
2014 : 1,34
1,30
Prix moyen
2013 : 1,47
1,20
Prix moyen 2015 : 1,12
1,10
1,00
1
4
7
10 13 16 19 22 25 28 31 34 37 40 43 46 49 52
2012
2013
PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire
2014
2015
Source : IFIP d'après MPB
Baisse du prix de l’aliment
Le prix de l’aliment porcin sur l’année 2014 a
diminué de 14 %. Toutefois, il reste encore à
un niveau aussi élevé qu’en 2008, lors de
l’envolée des prix des matières premières
agricoles végétales : en moyenne à 250 €/t
sur l’année. Depuis l’été, les disponibilités
suffisantes en céréales et tourteaux ont fait
baisser les cours entraînant la décroissance
du prix de l’aliment. Cette tendance baissière
s’est
inversée
début
2015
avec
le
renchérissement des cours céréaliers.
Evolution du prix de l'aliment porcin
(en €/tonne)
350
300
250
233
200
150
100
PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire
Source : IFIP
Hausse des achats des ménages en 2014
La consommation de porc en France est en
tendance baissière depuis une dizaine
d’année (achats des ménages et RHD). 2014
s’inscrit en rupture de cette tendance avec un
accroissement de la consommation de porc.
Les achats des ménages en viande de porc
ont augmenté de 1,3 % et les achats de
charcuterie sont restés stables. Le prix de la
viande de porc a légèrement régressé quand
les prix des autres viandes ont connu des
progressions significatives.
Pôle Economie et Prospective
3
Consommation de viande annuelle
(en kg/habitant)
Les achats des ménages en 2014
40
35
32
30
26
25
Evolution
2014 / 2013
Total viande de boucherie
Volume
Prix
-1,1 %
+0,4 %
Ovin
-5,9 %
+5,2 %
15
Bœuf
-3,0 %
+1,1 %
10
Veau
-5,3 %
+1,1 %
Porc viande
+1,3 %
-0,2 %
Charcuterie
+0,1 %
+1,1 %
Volaille
-1,2 %
+1,7 %
24,1
20
5
0
Porcs
Gros bovins + veaux
PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire
PEP CAs PdL
Volailles
Source : Kantar
Source: FranceAgriMer
Pôle Economie et Prospective des Chambres d’agriculture des Pays de la Loire
http://www.paysdelaloire.chambagri.fr/menu/economie/sommaire-economie.html
Pierre-Yves AMPROU
Tél. 02
Christine GOSCIANSKI Tél. 02
Michel BLOURDE
Tél. 02
Gilles LE MAIGNAN
Tél. 02
Pôle
Economie
Eliane MORET
Tél. 02
Pascale LABZAE
Tél. 02
41 18 60 60
Mail
41 18 60 57
Mail
41 96 75 05
Mail
53 46 61 70
Mail
et
Prospective
43 67 37 09
Mail
43 29 24 28
Mail
:
:
:
:
:
:
[email protected] (Angers – La R/Y)
[email protected] (Angers)
[email protected] (Angers)
[email protected] (Nantes)
4
[email protected] (Laval)
[email protected] (Le Mans)
C. LIBEER
Echanges commerciaux
Après l’annonce en janvier 2015 par le ministre de l’agriculture d’un accord de
principe franco-russe sur les abats et graisses de porc, une reprise des échanges
commerciaux avec la Russie semblait se profiler à court terme. Mais, la commission
européenne ayant désapprouvé cet accord bilatéral, le redémarrage des échanges
semble caduc. On peut s’interroger en 2015 sur le retour de la compétitivité des
Etats Unis dans les échanges, la flambée du prix du porc américain en 2014 ayant
été une aubaine pour l’UE. Enfin, l’annonce d’une aide au stockage privé pour le porc
afin de redresser les cours et la faiblesse de l’euro favorable aux exportations
européennes apportent un peu d’espoir à la filière.
Réalisation : Chambres d’agriculture des Pays de la Loire
Production
La production européenne s’est redressée depuis le second semestre 2014
(amélioration de la productivité des truies). Au regard de l’évolution du cheptel de
truies en 2014, on peut s’attendre à une poursuite de cette hausse en 2015.
FranceAgriMer tablerait sur une croissance de plus de 2 %. Cette hausse de
production n’est pas de bon augure pour une amélioration du prix du porc en 2015.
En France, la production porcine ne devrait pas connaître la reprise escomptée dans
l’UE, le nombre de truies continuant à décroitre. La baisse de production devrait par
conséquent perdurer en 2015.
Edition : Mars 2015
A suivre dans les prochains mois