COMMUNIQUE N° 2 DU CONSEIL NATIONAL DE L`ALLIANCE

Transcription

COMMUNIQUE N° 2 DU CONSEIL NATIONAL DE L`ALLIANCE
COMMUNIQUE N° 2 DU CONSEIL NATIONAL DE L’ALLIANCE POUR
LA CITOYENNETE ET LE TRAVAIL
Le Conseil National de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT) s’est réuni le 24 Août
2016 sous la présidence de Monsieur Abdoul Mbaye.
Examinant la situation nationale et internationale, le Conseil National de l’Alliance pour la
Citoyenneté et le travail (ACT) constate que l’actualité politique de ces dernières semaines a été
marquée par trois sujets majeurs :
• Les tentatives d’intimidation par le pouvoir exécutif de tous ceux dénonçant la mauvaise
gouvernance du pouvoir du Président Macky SALL ;
• La revendication par les Magistrats d’une plus grande indépendance.
• L’apparition au Sénégal d’un débat inédit sur la binationalité ou plus exactement sur la
« sénégalité »
Le Conseil National a considéré que ces trois sujets doivent être sources d’engagements de
programme de l’ACT à l’égard des citoyens sénégalais.
Le Conseil National accorde en effet une attention particulière au débat né des circonstances dans
lesquelles a pris fin le mandat de Mme Nafi NGOM KEITA, Présidente de l'Office National de
Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC). Tout en rappelant son respect de la loi et, par
conséquent, de l’actuel pouvoir du Président de la République de nommer aux emplois civils et
militaires, il s’inquiète des allégations selon lesquelles le non-renouvellement de la mission de
Mme Nafi NGOM KEITA à tête de l’OFNAC, et la décision de l’écourter, seraient dus à la volonté
d’arrêter des enquêtes grosses de risques pour le Pouvoir, qu’elle était en train de mener. Ces
allégations semblent être corroborées par les nombreuses hautes fonctions qui lui auraient
promises, en échange de son départ sans bruit de la tête de l’OFNAC (Ministère, Ambassade,
Organisation internationale).
Il s’inquiète également de la campagne de diffamation orchestrée contre Mme Nafi NGOM KEITA
par des partisans de l’Exécutif, les mêmes qui, hier ne tarissaient pas d’éloges à son endroit. De
tels procédés, inélégants et inintelligents, à l’encontre d’un des plus hauts fonctionnaires du pays,
blessent plus l’Etat et la République, que la personne visée.
L’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail entend mettre fin aux nominations aux plus hautes
fonctions de l’administration sénégalaise sur la seule base du bon plaisir d’un seul être, fût-il
Président de la République. La Côte d’Ivoire vient de nous administrer une véritable leçon en
désignant le 29 juin 2016 son Directeur Général du Trésor et de la Comptabilité Publique, après un
appel public à candidatures confié à un cabinet international de recrutement. Au Mali également,
le Vérificateur Général est depuis 2003 nommé pour un mandat de sept ans non renouvelable par
décret du Président de la République sur la base d'une procédure d'appel à candidatures.
Le Conseil National réitère l’appréciation hautement positive de l’Alliance pour la Citoyenneté et
le Travail sur l’action opiniâtre et patriotique du PASTEF et de son dirigeant, Ousmane SONKO,
visant à réclamer des explications, précisions et détails sur des opérations ayant pour conséquence
des pertes considérables d’argent aux dépens des finances publiques et du peuple sénégalais. Il est
préoccupé par les tentatives de faire taire une des voix les plus fortes dans la défense du bien public.
L’ACT s’engage à prendre dans le futur toutes les dispositions légales, en vue de la protection des
lanceurs d’alertes sénégalais, ces citoyens qui portent à la connaissance de tous, de manière
désintéressée, des informations vérifiées et vérifiables, sur des faits de corruption ou de spoliation
des deniers publics.. Elle invite les ONG compétentes en la matière et les partis alliés à la rejoindre,
dès à présent, dans la rédaction des textes juridiques nécessaires. Elle demande l’application sans
délai des dispositions des textes suivants adoptés par le Sénégal :
• Le Protocole sur la lutte contre la corruption de la CEDEAO (notamment en son article 5);
• La Convention des Nations Unies contre la corruption ;
• La Convention de l’Union Africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption ;
• La loi n°2012-22 portant code de transparence dans la gestion des finances publiques ; loi qui
légitime les initiatives des lanceurs d’alerte et sanctionne aussi bien les violateurs des règles
régissant les deniers que ceux qui les auront couverts par leur silence. Cette loi stipule en
son article 7.3. : « Des sanctions, prononcées dans le respect des règles de l’Etat de droit,
sont prévues à l’encontre de tous ceux qui, élus ou agents publics, ont violé les règles
régissant les deniers publics. La non dénonciation à la justice de toute infraction à ces règles
par un agent public qui en aurait eu connaissance est sanctionnée pénalement. »
Le Conseil National a examiné avec intérêt le récent communiqué de l’Union des Magistrats du
Sénégal, dans lequel elle demande que le pouvoir Exécutif ne soit plus membre du Conseil
Supérieur de la Magistrature. Le bon sens le plus élémentaire ne peut qu’être heurté par le fait que
le Président de la République, Chef de l’Exécutif et Chef de parti politique, préside le Conseil
Supérieur de la Magistrature et nomme tous les membres du Conseil Constitutionnel. Dans ces
conditions, la soumission du pouvoir judiciaire au pouvoir exécutif est difficilement évitable,
malgré toute la bonne volonté des acteurs du pouvoir judiciaire.
Aussi l’ACT s’engage à mettre fin dans le futur à cette mainmise de l’Exécutif sur le Judiciaire,
indigne d’une démocratie moderne : le Président de la République et le Ministre de la Justice ne
siègeront plus au Conseil Supérieur de la Magistrature ; la nomination des membres du Conseil
Constitutionnel ne sera plus du seul fait du Président de la République.
Le Conseil National note, avec tristesse pour le Sénégal et les Sénégalais, la proposition saugrenue
et lourde de risques de la majorité et de ses alliés consistant à modifier la loi électorale dans le but
de faire renoncer à tout candidat à l’élection présidentielle sénégalaise à sa ou ses autres
nationalités, cinq ans avant le jour du scrutin, alors que nous sommes à trois ans de l’élection
présidentielle. Au Sénégal, rien ne justifie ce débat sur « la sénégalité », étant donné que les lois
sénégalaises acceptées de manière consensuelle par les partis politiques et les populations disposent
que tout candidat à la présidence de la république doit être exclusivement de nationalité
sénégalaise.
Pourquoi ce débat sur la « sénégalité », sachant que « l’ivoirité » a ensanglanté la Côte d’ivoire
pendant 10 ans ?
Pourquoi introduire au Sénégal les germes de la division ?
Pourquoi opposer les Sénégalais ?
Pourquoi stigmatiser, ne serait-ce que symboliquement, tous ces binationaux, notamment cette
diaspora qui apporte aux familles sénégalaises soutien financier et au Sénégal gloire sportive ?
Un binational payant ses impôts au Sénégal, ne possédant pas un centime aux USA ou en Europe,
ni un cm2 de patrimoine immobilier, est-il moins patriote qu’un « auto-déclaré » mono-national
vivant au Sénégal, mais payant des impôts aux USA ou en Europe et y possédant patrimoine
financier et immobilier ?
Le Conseil National regrette que tous ces facteurs de division émanent malheureusement du parti
dont le Président de la République est le Chef alors que la fonction de ce dernier devrait le placer
dans un rôle de rassembleur de la Nation. Il appelle les Sénégalais, quelles que soient leurs opinions
politiques, à rester unis et à rejeter avec énergie tout ce qui peut être source de fractures dans le
pays et au sein de la nation sénégalaise riche de son ouverture et de sa diversité.
Dakar le 26 Août 2016
Pour le Conseil National de l’ACT
Xavier DIATTA
Directeur exécutif